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france - Page 11

  • Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?

    « [Le Conseil Constitutionnel] est le garant des droits et libertés que la Constitution garantit, et c'est donc un rôle fondamental qu'il a reçu, pas à l'origine. » (Alain Juppé, le 11 février 2025 sur RTL).




     

     
     


    Dans la soirée du lundi 10 février 2025 ont été rendues publiques les propositions de nominations pour le Conseil Constitutionnel. Trois membres sont à renouveler pour dans quelques jours (8 mars 2025), pour un mandat de neuf ans. Signe important cette année, le Président du Conseil Constitutionnel est renouvelable, c'est-à-dire que le Président de la République doit nommer le successeur pour neuf ans, soit jusqu'en mars 2034, c'est-à-dire au-delà de la fin de prochain mandat présidentiel. Le prochain Président de la République n'aura donc pas à nommer de Président du Conseil Constitutionnel... sauf s'il fait deux mandats (c'était la position d'ailleurs du Président Emmanuel Macron).

    Depuis 2008, les nominations doivent être "vaguement ratifiées" par le Parlement. J'écris "vaguement ratifiées" car il faut qu'il n'y ait pas trois cinquièmes des commissions des lois de chaque assemblée qui s'y opposent. Gérard Larcher a choisi Philippe Bas, influent sénateur LR. Yaël Braun-Pivet a choisi Laurence Vichnievsky, ancienne députée MoDem (et surtout ancienne magistrate). Pour ces deux personnalités, aucune opposition ne semble s'exprimer au Parlement.

    En revanche, la choix d'Emmanuel Macron de nommer Richard Ferrand pour succéder à Laurent Fabius a créé la polémique. Plusieurs critiques sont formulées à cette occasion : grande proximité avec le Président de la République (copinage), absence de compétence juridique et (on n'en parle pas ouvertement), casserole judiciaire (en fait, ancienne casserole judiciaire puisque l'affaire a été classée) (coquinage).

    L'ancien Premier Ministre Alain Juppé n'a pas tenu à soutenir ouvertement Richard Ferrand, qui, lui-même, l'avait nommé au Conseil Constitutionnel en février 2019, en particulier parce qu'il a un devoir de réserve, mais il a voulu rappeler quelques points importants sur ces nominations hautement sensibles.


    Pour cela, il était l'invité de Thomas Sotto à la matinale de RTL le mardi 11 février 2025.

    Déjà, Alain Juppé a balayé le procès en incompétence juridique : « Je sais que les nominations au Conseil Constitutionnel sont toujours critiquées. Toujours, j'ai fait moi-même l'objet de critiques. Pourquoi ? D'abord, on dit : il ne faudrait que des juristes au Conseil Constitutionnel. Qu'est-ce que c'est un juriste ? Est-ce seulement un professeur de droit constitutionnel ? Je ne le pense pas. Dans sa composition actuelle, aujourd'hui, avant le renouvellement, sur les neufs membres du Conseil Constitutionnel, trois viennent du Conseil d'État, deux ont été avocats pendant de très longues années, et une est magistrate. Cela fait six sur neuf. (…) J'ai fait l'ENA, donc j'ai fait un peu de droit public. J'ai été inspecteur des finances, j'ai fait un peu de droit fiscal. Voilà. ».

    Les critiques de nominations au Conseil Constitutionnel ont toujours été présentes depuis toujours. Alain Juppé a rappelé que sa propre nomination a été critiquée. Mais on peut aussi rappeler que la nomination du très chiraquien Jean-Louis Debré a été très critiquée ...par son prédécesseur direct, également gaulliste, Pierre Mazeaud.

    Plus généralement, le Conseil Constitutionnel a été principalement composé de personnalités pleinement politiques, souvent en fin de carrière et très peu de juristes ou constitutionnalistes. On peut ainsi citer (sans être exhaustif) la nomination, depuis février 1959, de ces personnalités politiques suivantes : Léon Noël, Victoir Chatenay, Georges Pompidou (qui n'avait pas encore entamé de carrière politique), Bernard Chenot, Edmond Michelet, Gaston Palewski, Jean Sainteny, Pierre Chatenet, Paul Coste-Floret, Henri Rey, Louis Joxe, Robert Lecourt, Gaston Monnerville, Roger Frey, Léon Jozeau-Marigné, Maurice-René Simonnet, Louis Gros, Pierre Marcilhacy, Robert Fabre, Daniel Mayer, Robert Badinter, Maurice Faure, Étienne Dailly, Noëlle Lenoir, Marcel Rudloff, Roland Dumas, Monique Pelletier, Pierre Mazeaud, Yves Guéna, Simone Veil, Pierre Joxe, Jean-Louis Debré, Hubert Haenel, Jean-Jacques Hyest, Jacques Barrot, Lionel Jospin, Nicole Belloubet, Michel Charasse, Laurent Fabius, Jacques Mézard, Jacqueline Gourault, François Pillet et Alain Juppé.
     

     
     


    On y compte trois anciens Premiers Ministres (Édouard Balladur avait refusé d'y être nommé) et un futur Premier Ministre, quatre anciens Présidents d'une assemblée, beaucoup d'anciens ministres et de parlementaires, dont au moins vingt personnalités politiques de premier plan à une certaine époque. Les grands constitutionnalistes y sont rares (et l'absence de Maurice Duverger symptomatique) : Georges Vedel, Alain Lancelot, Dominique Schnapper. Il y a eu aussi, pas en même temps, un père et son fils dans cette instance (les Joxe). On regrettera cependant le très faible nombre de femmes dans cette instance suprême (actuellement ne siègent que trois femmes sur neuf, dont une qui partira en mars 2025, et une autre femme rentrera également ; le déséquilibre restera donc le même).

    Ensuite, Alain Juppé a insisté sur le principe d'indépendance que chaque membre du Conseil Constitutionnel applique : « Nous prêtons serment d'impartialité et de neutralité. Il faut un peu faire confiance à la déontologie des personnes. Et il y a un principe que nous respectons, qui est le devoir d'ingratitude. Donc, nous ne devons rien à la personne qui nous a nommés. (…) Si nous sommes nommés neuf ans, c'est que nous n'attendons plus rien à la sortie. C'est la garantie de notre indépendance. ».

    Il a aussi tenu à préciser que cette instance ne fait et ne ferait jamais de politique, elle fait seulement du droit, c'est une sorte de bride pour garantir les droits des citoyens, en particulier des minorités : « Le Conseil Constitutionnel fait du droit. Cela dit, le droit n'est pas hors sol. ».

    Inversement, l'ancien Premier Ministre a souligné que les cours suprêmes ne faisaient jamais bon ménage avec les autocrates : « Vous observerez que tous les régimes autoritaires qui veulent asseoir leur autoritarisme commencent par s'attaquer à la cour suprême. Cela a été le cas en Pologne. C'est le cas en Hongrie. Et ainsi de suite. ».

    Pour Alain Juppé, avoir une carrière politique est un plus et pas un moins pour siéger au Conseil Constitutionnel : « [Le Conseil Constitutionnel] doit s'assurer du bon fonctionnement des pouvoirs publics, du bon équilibre entre le pouvoir législatif, le Parlement, et le pouvoir exécutif, le gouvernement et le Président. Et de ce point de vue, avoir à l'intérieur du Conseil Constitutionnel des hommes et des femmes qui ont une expérience du gouvernement ou une expérience du Parlement, c'est un gage de compétence et d'expérience. ».
     

     
     


    À la question d'une possible troisième candidature d'Emmanuel Macron dans le cas où il démissionnerait et se représenterait immédiatement, Alain Juppé a refusé de donner son sentiment ni même son raisonnement, mais le Conseil Constitutionnel serait amené évidemment, dans ce cas, à statuer sur cette possibilité puisque c'est lui qui proclame les candidatures officielles à la Présidence de la République (vérifiant notamment que la condition des cinq cents parrainages soit bien respectée).

    La date du mercredi 19 février 2025 sera cruciale puisque les auditions des candidats seront faites dans les deux commissions des lois, puis leurs votes. Ce sera peut-être l'occasion historique du premier rejet d'une nomination. C'est possible en effet que la candidature de Richard Ferrand soit rejetée en raison d'une conjonction de toute la gauche, de LR et du RN. Pour ces trois courants politiques, ce serait le moyen de signifier leur opposition frontale à Emmanuel Macron, y compris Les Républicains qui se trouvent au gouvernement et qui sont plongés dans une nouvelle guerre des chefs qui pourrait avoir une incidence sur ces votes.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?
    Richard Ferrand bientôt proposé rue de Montpensier ?
    Laurent Fabius.
    Nominations au Conseil Constitutionnel en février 2010.
    Les nominations présidentielle.
    Jean-Louis Debré.
    Pierre Mazeaud.
    Yves Guéna.
    Roland Dumas.
    Robert Badinter.
    Daniel Mayer.
     

     

     

     


    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250211-juppe.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/alain-juppe-a-la-rescousse-de-259267

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/14/article-sr-20250211-juppe.html



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  • François-Xavier Ortoli, le Plan Calcul et l'Europe

    « François-Xavier Ortoli (1925–2007) représente une personnalité profondément originale au sein des élites politiques françaises de la deuxième moitié du XXe siècle. » (Éric Bussière et Pauline Massis Desmarest, 2016).




     

     
     


    Il y a 100 ans est né François-Xavier Ortoli à Ajaccio. Qui était-il ? Il était l'un des nombreux "barons" du gaullisme, très proche du Président Georges Pompidou. Haut fonctionnaire, député, ministre, chef d'entreprise, il a eu également une action très influente, pendant treize ans, en Europe.

    En raison de la profession de son père, François-Xavier Ortoli a passé toute son enfance en Indochine. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944-1945, il s'est engagé dans la résistance contre les Japonais en Indochine, ce qui lui valu, entre autre, la croix de guerre et la médaille de la Résistance. Il a fait partie de la génération des derniers qui ont combattu pendant la guerre, Valéry Giscard d'Estaing s'est également engagé in extremis, bien qu'encore plus jeune d'un an (né le 2 février 1926).

    À la sortie de la guerre, François-Xavier Ortoli a suivi l'ENA (il a fait partie de la première promotion de l'ENA, aux côtés de Jacques Duhamel, Simon Nora, Yves Guéna et Alain Peyrefitte). Il en est sorti inspecteur des finances en avril 1948 et s'est destiné à la modernisation économique de la France d'après-guerre et à son insertion internationale (après l'ENA, il est entré à la DREE, Direction des relations économiques extérieures).

    Ce fut donc une carrière toute tracée de haut fonctionnaire qui l'attendait. Il a fait partie de ces jeunes résistants et technocrates qui ont accompagné le retour au pouvoir de De Gaulle dans les années 1960, sur lesquels le pouvoir gaulliste savait compter pour redresser la France dans son économie et son influence internationale. Comme beaucoup d'entre eux, François-Xavier Ortoli a franchi le pas du haut fonctionnaire à l'homme politique.

    Sous la Quatrième République, François-Xavier Ortoli a intégré plusieurs cabinets ministériels. En 1957, il a participé aux négociations qui aboutirent au Traité de Rome. Très brièvement, en janvier 1958, il a été chef de cabinet du commissaire européen Robert Lemaignen. Puis, de 1958 à 1961, il a été nommé par Robert Marjolin, Vice-Président de la Commission Européenne chargé de l'Économie et des Finances de 1958 à 1967, au sein de la technocratie européenne pour le début de l'application du Traité de Rome, en tant qu'influent directeur général du marché intérieur de la CEE. Il est devenu « l'un des chefs de file des hauts fonctionnaires européens de la Commission ».

    Au printemps 1961, il est retourné dans la haute administration française pour coordonner à l'échelon interministériel l'élaboration et le suivi de la politique européenne de la France, en tant que secrétaire général du comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne (le même sujet mais vu du côté français) dépendant directement du Premier Ministre (à l'époque Michel Debré).

    Le point culminant de sa carrière administrative a été sans aucun doute les longues années où il travailla pour Georges Pompidou en étant son directeur de cabinet à Matignon de 1962 à 1966 (tout en cumulant son ancienne responsabilité, ce qui montrait l'importance qu'accordait Georges Pompidou aux questions européennes). Un poste stratégique, au cœur du pouvoir, et étonnamment stable pour une fonction hyperinstable. Cela a été à l'origine de sa transformation de technocrate (collaborateur, conseiller) en politique (acteur, décideur).


    À l'époque, se réunissaient tous les matins à Matignon, autour de Georges Pompidou : François-Xavier Ortoli (dircab), Olivier Guichard (chargé de mission), Simone Servais (attaché de presse), Pierre Juillet (conseiller technique), Alain Peyrefitte (Ministre de l'Information), puis, un peu plus tard, ont rejoint Michel Jobert (directeur adjoint de cabinet, dircab après François-Xavier Ortoli), Jean Donnedieu de Vabres (secrétaire général du gouvernement, le prédécesseur de François-Xavier Ortoli).

    Après l'élection présidentielle de décembre 1965, François-Xavier Ortoli a été nommé Commissaire général au Plan de janvier 1966 à avril 1967. Au conseil des ministres du 2 mars 1966, le Premier Ministre Georges Pompidou a présenté les trois comités chargés d'éclairer l'exécution du Plan : un premier comité dirigé par François-Xavier Ortoli chargé du développement industriel, un deuxième dirigé par Simon Nora (inspecteur des finances) chargé des entreprises publiques et un troisième dirigé par Claude Lasry (du Conseil d'État) chargé des coûts et du rendement des services publics (on se préoccupait déjà de l'efficacité de la dépense publique, des missions, programmes et actions de l'État, LOLF et RGPP avant l'heure !).

    Après notamment celui de Marcel Boiteux (futur patron d'EDF), François-Xavier Ortoli a été l'auteur de l'un des nombreux rapports d'industriels et de hauts fonctionnaires qui demandaient de lancer le Plan Calcul (finalement lancé le 13 avril 1967), à savoir un investissement massif pour l'informatique, afin de préserver la souveraineté nationale dans ce domaine (ce qui est fait aussi, actuellement, pour l'intelligence artificielle et la physique quantique). Le constat était que la France disposait de trente fois moins de calculateurs que les États-Unis (et deux fois moins que l'Allemagne) et qu'elle avait besoin d'automatiser ses tâches industrielles, en particulier sur les risques technologiques et naturels liés à la production d'énergie (hydraulique, nucléaire, pétrole, etc.).

    Ce plan a été présenté par François-Xavier Ortoli au conseil des ministres du 19 juillet 1966. Après un « débat nourri », De Gaulle a conclu : « Le rapport présenter par le Commissaire général au Plan est approuvé. Les grandes lignes du Plan Calcul sont arrêtées. Il sera institué auprès du Premier Ministre une délégué interministériel. Il sera le seul habilité à traiter avec les industriels au nom du gouvernement. Il coordonnera les achats des administrations et du secteur parapublic. Il harmonisera les efforts de recherche. Il mettra au point un "recyclage" des ingénieurs. En fait, nous allons créer cette industrie de l'informatique, puisque l'initiative privée n'en a pas été capable. Le délégué, il faut qu'il ait un titre autre d'électronique. Il aura un rôle vis-à-vis des groupes industriels, un rôle dans la formation des hommes. Il devra veiller sur la commission des équipements administratifs. Il faudra que cet homme connaisse le commerce et l'industrie. Il aura aussi pour tâche de développer l'enseignement des disciplines scientifiques nécessaires à la fabrication et à l'utilisation des calculateurs. Un Institution d'informatique et d'automatique sera créé et placé sous sa présidence. ».


    François-Xavier Ortoli, dont le rapport a été approuvé par l'Assemblée le 16 juillet 1966, a réclamé le développement d'une réelle industrie informatique française et européenne, ce qui a abouti, parallèlement au constructeur Bull (deuxième mondial dont les actions se sont écroulées au début des années 1960), à la création de la CII (Compagnie internationale pour l'informatique) au sein d'Unidata, un consortium européen pour bâtir les innovations informatiques à l'échelle européenne (on parlait déjà de créer "l'Airbus de l'informatique"). Le plan a aussi créé des filières informatiques dans l'informatique, notamment des diplômes délivrés par les IUT qui venaient d'être créés le 7 janvier 1966, ainsi que l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA), créé le 30 novembre 1966 (initialement IRIA).

    Ce volontarisme politique est venu de De Gaulle lui-même, très conscient des enjeux pour l'avenir, capable d'anticiper une situation ultérieure et prêt à ce que l'État prît toutes ses responsabilités : « À ce jour, l'industrie étrangère du calcul, favorisée à la fois par la dimension de ses entreprises et par d'énormes programmes publics, a pris une position dominante sur le marché mondial. Disposant d'un triple atout : avance technique considérable, réseau commercial présent partout, et moyens financiers très puissants, elle paraît en mesure d'empêcher toute création d'une industrie concurrente par des entreprises livrées à leurs seules forces (…). Il est donc nécessaire que l'État apporte son aide. ».

    Le 8 octobre 1966, l'ancien résistant et centralien Robert Galley, patron de l'usine de Pierrelatte, a été nommé délégué à l'informatique auprès du Premier Ministre et président du conseil d'administration de l'INRIA (Robert Galley allait aussi avoir un brillante carrière politique, ministre et député-maire de Troyes à partir de 1968, à l'instar de François-Xavier Ortoli ou Albin Chalandon ; Robert Galley était même parmi les candidats potentiels à Matignon en 1968, ce qui donnait l'importance de l'informatique dans l'esprit du Général).

     

     
     


    Le 28 avril 1967, ce fut la consécration politique quand François-Xavier Ortoli a été nommé Ministre de l'Équipement et du Logement dans le gouvernement de Georges Pompidou. Il a succédé à Edgard Pisani et s'est choisi Georges Pébereau (frère du futur patron de BNP Paribas) comme directeur de cabinet. Il y est resté jusqu'au 31 mai 1968 (son successeur fut Robert Galley) et, à cause de la révolte étudiante de mai 68, a été bombardé Ministre de l'Éducation nationale (succédant à Alain Peyrefitte) du 31 mai 1968 au 10 juillet 1968 (ce qui donnait un aperçu de la confiance qu'il inspirait).

    En tant que ministre, François-Xavier Ortoli a participé à tous les débats de politique nationale. Ainsi, selon les notes d'Alain Peyrefitte, il a pris part à la discussion engagée par De Gaulle sur la pilule contraceptive au conseil des ministres du 7 juin 1967. L'avis de François-Xavier Ortoli, comme beaucoup d'autres ministres, a été en faveur du principe de réalité : « La décision est inévitable, mais je la regrette. N'oublions pas que le redémarrage de l'économie après la guerre a été liée au redressement de notre démographie. ». Cela a donné la loi Neuwirth promulguée le 29 décembre 1967. Au conseil des ministres du 23 mai 1968, en pleine "chienlit" de mai 68, François-Xavier Ortoli était favorable au référendum que De Gaulle s'apprêtait à annoncer pour rebondir face aux événements : « Nous ne devons pas demander les pleins pouvoirs, mais la confiance. Il faut engager ce référendum dans un esprit de dialogue. ».

    Dans sa lancée, François-Xavier Ortoli a été élu député de Lille en juin 1968 dans la grande vague gaulliste puis conseiller général de Lille-Ouest de 1969 à 1975. Il ne resta pas longtemps député car sa présence au gouvernement a été confirmée par le nouveau Premier Ministre Maurice Couve de Murville, à un poste stratégique puisqu'il a été nommé Ministre de l'Économie et des Finances du 12 juillet 1968 au 16 juin 1969 (succédant à Maurice Couve de Murville lui-même). Après l'élection du Président Georges Pompidou, après avoir transmis l'Économie et les Finances à Valéry Giscard d'Estaing, de retour rue de Rivoli, François-Xavier Ortoli a poursuivi sa tâche ministérielle comme Ministre du Développement industriel et de la Recherche scientifique du 22 juin 1969 au 5 juillet 1972 dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas (il a succédé à André Bettencourt et a repassé son ministère à Jean Charbonnel).

    Ensuite, François-Xavier Ortoli allait être à Georges Pompidou ce qu'allait être Jacques Delors à François Mitterrand, l'économiste et l'Européen de service. En effet, il a été désigné, au Sommet européen de Paris du 21 octobre 1972, le premier Président français de la Commission Européenne du 6 janvier 1973 au 5 janvier 1977, juste après l'intégration du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark. Pendant ces quatre années, il a dû faire face au premier choc pétrolier consécutif à la guerre du Kippour et à l'invasion turque de Chypre. Dans la Commission Ortoli ont siégé deux Français, Jean-François Deniau (RI) et Claude Cheysson (PS), chargés de la politique de développement et de coopération, du Budget et du Contrôle financier. Par ailleurs, siégeait aussi, entre autres, chargé de la politique industrielle et technologique, l'Italien Altiero Spinelli, fédéraliste européen important dans la construction européenne, futur auteur du rapport qui allait proposer ce qui deviendrait le Traité de Maastricht, rapport approuvé par le Parlement Européenne le 14 février 1984. Ainsi que les premiers commissaires britanniques, en l'occurrence le conservateur Christopher Soames (Vice-Président chargé des relations extérieures) et le travailliste George Thomson (chargé de la politique régionale).

    Après le premier élargissement, la situation européenne en 1973 demandait une redynamisation du processus d'intégration (encouragée encore plus avec l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la Présidence de la République française en 1974), autour de plusieurs priorités : union économique et monétaire, politique régionale, industrielle et sociale, coopération. Mais la conjoncture économique était difficile en raison du premier choc pétrolier, ce qui rendait l'action de François-Xavier Ortoli difficile. De plus, la création du Conseil Européen le 10 décembre 1974 (voulue par VGE afin, déjà, de débureaucratiser la vie européenne) a réduit mécaniquement le rôle de la Commission Européenne.


    François-Xavier Ortoli a fait son premier discours de Président de la Commission Européenne le 16 janvier 1973 et a présenté ses objectifs le 13 février 1973 « avec le souci particulier des respecter, de renforcer la collégialité ». Au Conseil Européen des 1er et 2 avril 1976, la Commission Ortoli a proposé de réduire les conditions d'entrée ou de maintien au sein du serpent monétaire européen, considérant qu'il valait mieux être moins ambitieux sur les contraintes mais qu'il y en eût, ce qu'avait proposé dès 1974 le Ministre français de l'Économie et des Finances Jean-Pierre Fourcade.

    À la fin de l'année 1976, François-Xavier Ortoli a fait un bilan de l'action de sa Commission pendant ses quatre années d'exercice, dans un contexte difficile d'augmentation de l'inflation et d'effondrement du système monétaire international. Cela a provoqué l'abandon ou le retard de politiques d'intégration plus forte (en particulier l'union économique et monétaire). Voici les principales avancées de la Commission Ortoli : élargissement au Royaume-Uni, Irlande et Danemark ; début des négociations avec la Grèce ; poursuite de la politique agricole commune (PAC) ; développement du Fonds social et création du Fonds régional ; mise en œuvre d'une politique de coopération avec le Tiers-monde ; capacité de la Communauté à s'exprimer d'une seule voix dans les instances internationales ; accord sur l'élection du Parlement Européen au suffrage universel direct ; accroissement du rôle politique de la Commission pour remplir son rôle d'inspirateur de la construction européenne, etc.


    Sur les institutions européennes, la Commission Ortoli a prôné plus de démocratie : « Des progrès fondamentaux ont (…) été réalisés en matière institutionnelle. Les chefs de gouvernement, réunis dans le Conseil Européen, participent désormais directement à la marche des affaires communautaires. La Communauté a dès lors gagné en autorité et en efficacité. Cette présence active des chefs de gouvernement au sein de l'exécutif communautaire constitue aussi une des raisons pour lesquelles nous devons également traduire plus réellement dans nos institutions la démocratie qui constitue le fondement même de l'union entre nos pays et nos peuples. Sur bien des points, les propositions de la Commission ont été suivies par le Conseil et les actions indispensables ont été lancées. ». Et François-Xavier Ortoli de conclure : « J'avais dit, en au début de 1974, que le destin de l'Europe balançait et que c'était à nous de faire en sorte qu'il penche, une fois de plus, du bon côté. Aujourd'hui, rien n'est sans doute gagné, car, dans la Communauté, aucun progrès ne peut être considérer comme définitivement acquis. En revanche, des chemins ont été tracés, et la Communauté s'y est résolument engagée. Ils mènent déjà vers une solidarité plus forte, vers une résolution en commun de nos problèmes internes et vers l'affirmation de notre rôle dans le monde. ».

    À la fin de son mandat à la tête de la Commission Européenne, François-Xavier Ortoli est resté encore plusieurs années membre de cette Commission, représentant de la France, comme Vice-Président de la Commission Européenne chargé des Affaires économiques et financières, du Crédit et des Investissements, du 6 janvier 1977 au 5 janvier 1985, servant deux Commissions, celle présidée par le Britannique travailliste Roy Jenkins puis celle présidée par le Luxembourgeois centriste Gaston Thorn (à partir du 6 janvier 1981). Son rôle a été déterminant dans la mise en œuvre du Système monétaire européen (SME). Par ailleurs, François-Xavier Ortoli a contribué de manière essentielle à l'inflexion de la politique économique de la France en 1982-1983 (le fameux tournant de la rigueur).

    Le mandat de la Commission Européenne était à l'époque d'une durée de quatre ans et pas cinq, sans rapport avec les échéances de renouvellement du Parlement Européen. En janvier 1985 a succédé la Commission Européenne présidée par Jacques Delors pendant dix ans, le Traité de Maastricht, à la fin de cette période, ayant fait coïncidé les mandats de la Commission avec les mandats du Parlement Européen (de cinq ans) et l'instance est devenue plus politique que technocratique.

    À l'occasion de la sortie d'un livre publié par Éric Bussière et Pauline Massis Desmarest qui a rassemblé un ensemble de discours et textes de François-Xavier Ortoli sur son action comme Président de la Commission Européenne (éd. Peter Lang), l'Institut Georges-Pompidou a organisé un colloque le 22 mars 2007 à Paris pour exposer le témoignage de Bernard Ésambert, ancien conseiller industriel de Georges Pompidou. Un autre colloque organisé toujours par l'Institut Georges-Pompidou, sous le haut patronage du Président Emmanuel Macron, a été organisé les 9 et 10 octobre 2024 à l'occasion du centenaire de François-Xavier Ortoli où sont intervenus, entre autres, Bernard Ésambert, Éric Bussière, Emmanuelle Ortoli, Yves Thibault de Silguy (futur commissaire européen, qui fut membre du cabinet de François-Xavier Ortoli entre 1981 et 1984 lorsqu'il était Vice-Président de la Commission), et José Manuel Barroso, qui fut Président de la Commission Européenne de 2004 à 2014 après avoir dirigé le gouvernement portugais.

    Les propos introductifs de ce second colloque étaient ainsi : « François-Xavier Ortoli est l’une des personnalités qui illustre le mieux les mutations du cadre politique dans lequel la France s’est insérée depuis les années 1950 et le rôle que quelques grands acteurs ont joué dans ce processus. Le processus d’intégration européenne a en effet déterminé la quasi-totalité de sa carrière depuis les années 1950, une carrière partagée entre les responsabilités exercées dans le cadre national et dans le cadre européen. Celles d’un des principaux collaborateurs de Georges Pompidou, Premier Ministre puis Président de la République d’un côté, celles de Président puis de Vice-Président de la Commission Européenne de l’autre. ».


    Après cinq ans dans les gouvernements français (dont le Ministère de l'Économie et les Finances) et dix ans à la Commission Européenne (dont la Présidence), François-Xavier Ortoli aurait pu prétendre à un leadership politique chez les gaullistes. Mais en 1985, en France, gouvernait un gouvernement socialo-communiste, et l'homme politique s'est effacé derrière le haut fonctionnaire. À l'instar d'Albin Chalandon, la carrière de François-Xavier Ortoli a pris un tournant industriel en étant nommé patron de la Compagnie françaises des pétrole, futur Total, de 1985 à 1990 (nommé par le Président François Mitterrand en octobre1984). Il a pris part à la création d'organisations patronales internationales qu'il a dirigées, comme l'ERT (European roundtable of industrialists), l'AUME (Association pour l'union monétaire de l'Europe), et, en tant que président du CNPF International (Medef International), il a cofondé l'ASEM (Asia-Europe meeting) en 1996.

    Attaché au développement économie et international de la France et de l'Europe depuis la fin de la guerre, François-Xavier Ortoli a donc été essentiel dans la politique européenne de la France dans les années 1960, 1970 et même 1980, et il a participé, avec Jacques Delors, à la puissante influence de la France dans la construction européenne de 1973 à 1995, sous les Présidences de Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand. Il a été, comme beaucoup d'autres de sa génération, un responsable politique qui, à l'époque, attachait bien plus d'importance à l'intérêt national qu'aux simples intérêts partisans. Qu'il puisse être encore un modèle au service des citoyens.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (15 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    François-Xavier Ortoli.
    Bruno Retailleau.
    Jean Tiberi.
    Édouard Philippe.
    Nicolas Sarkozy.
    Laurent Wauquiez.
    Aurore Bergé.
    Alain Peyrefitte.
    La sagesse inattendue de Jean-François Copé.
    Yvon Bourges.
    Christian Poncelet.
    René Capitant.
    Patrick Devedjian.

     
     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250216-francois-xavier-ortoli.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-xavier-ortoli-le-plan-258861

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/15/article-sr-20250216-francois-xavier-ortoli.html



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  • Pierre Bachelet, grand poète devant l'Éternel

    « Chacun va son chemin
    Jusqu'à l'endroit du destin
    Où se retrouvent les mains
    Qui se quittaient déjà »
    (
    "Flo", 1989).



     


    Souvenir souvenir. L'auteur compositeur interprète français Pierre Bachelet est mort il y a vingt ans, le 15 février 2005 à son domicile de Suresnes. Émotion très forte à l'époque d'autant plus que le chanteur n'était pas encore très âgé, il avait seulement 60 ans (né le 25 mai 1944). L'une des nombreuses victimes d'une maladie qu'on a assimilé à un crabe sournois et sans pitié qui continue hélas à faire des ravages encore aujourd'hui.

    On parle souvent de lui en citant prioritairement sa (certes belle) chanson "Les Corons" qui a donné beaucoup de reconnaissance aux travailleurs du Nord dont il était originaire. Mais Pierre Bachelet n'était pas seulement cette chanson. Il était d'abord un poète, d'une grande tendresse et d'une voix très posée. Même s'ils ne se ressemblent pas (ni physiquement ni pour l'œuvre), il y a quelques similitudes entre Pierre Bachelet et Jacques Brel, digne représentant de la chanson française (du moins francophone). Des éclairs dans le siècle, mais touchant les cœurs très fort.

    À l'origine, Pierre Bachelet s'était destiné à confectionner des documentaires et aussi des illustrations sonores pour des publicités. Par son introduction dans le milieu de la télévision et du cinéma, il a composé quelques musiques de film dont l'une des premières pour le (célèbre) film "Emmanuelle" de Just Jaeckin (sorti le 26 juin 1974) fut un énorme succès commercial (Pierre Bachelet a vendu plus de 5 millions de disques pour cette musique, qui était aussi sa première chanson). En tout, il a composé plus d'une quarantaine de bandes originales de films ou téléfilms, en particulier "Histoire d'O", "Coup de tête", "Les Bronzés font du ski", "Les Enfants du marais", etc.


    Après un premier album en 1975 sans retentissement, il a sorti un deuxième album qui a eu un grand succès avec sa très belle chanson "Elle est d'ailleurs" avec des paroles très fortes : « Elle a de ces lumières au fond des yeux/ Qui rendent aveugle ou amoureux » ; « Elle a de ces manières de ne rien dire/ Qui parlent au bout des souvenirs » ; « Et moi je suis tombé en esclavage/ De ce sourire, de ce visage/ Et je lui dis emmène-moi/ Et moi je suis prêt à tous les sillages/ Vers d'autres lieux, d'autres rivages/ Mais elle passe et ne répond pas ». La collaboration avec le parolier Jean-Pierre Lang donnait un cocktail éclatant. La carrière de Pierre Bachelet était lancée.

    Dès lors, Pierre Bachelet est devenu un chanteur à succès, et son troisième album, deux ans plus tard, l'a très largement confirmé, avec sa fameuse chanson "Les Corons" : « Ils parlaient de 36 et des coups de grisou/ Des accidents du fond du trou/ Ils aimaient leur métier comme on aime un pays » ; « Au Nord, c'étaient les corons/ La terre, c'était le charbon/ Le ciel, c'était l'horizon/ Les hommes, des mineurs de fond ».

    Il a sorti beaucoup d'albums dans les années 1980, avec en particulier un très grand succès, pour moi la chanson la plus émouvante de ses créations, "En l'an 2001" : « Moi j'aurai les cheveux blancs, je serai vieux demain/ Quand t'auras tes vingt ans en l'an 2001/ Petit bonhomme/ Tu viens d'éclore comme un ange humain/ Tout petit bout d'homme/ Qui tend la main pour faire ses premiers pas ».
     


    Un très grand succès aussi pour "Vingt ans" retraçant mai 68 : « En ce temps-là j'avais vingt ans/ J'avais vingt ans pour très longtemps/ L'amour chantait sa carmagnole/ En descendant Rue des Écoles/ Affiche d'une main, de l'autre le pot d'colle ».

    Et puis, il y a eu aussi son amour de la mer, et un album chanté en duo avec la navigatrice Florence Arthaud, notamment "Flo" : « Chacun est fait comme il est/ Chacun prend feu comme il peut/ Mais sous le ciel immense/ Tous les rochers du silence/ Tous les oiseaux en partance/ Se retrouvent parfois ». Une des chansons était un hommage à Éric Tabarly.

    D'autres chansons moins connues sont aussi très belles. Citons-en deux autres.


    "Vivre" : « Se dépêcher de vivre avant le point final/ Et brûler tous ses livres comme du linge sale/ S'entourer chaque nuit de cris et de rencontres/ Pour arrêter le bruit du tic tac de la montre » ; « Enfin savoir attendre/ Et vivre chaque jour/ Comme un état de grâce/ Et nous aimer toujours/ Malgré le temps qui passe ».

    "Partis avant d'avoir tout dit" : « Partis avant d'avoir aimé/ Avant même d'avoir fini/ De commencer » ; « Dans sa chambre où tout l'attend/ Il a laissé là ses cours d'étudiant/ Une photo quelque part, dernières vacances/ Qui vous dit dans le silence ».

    Je n'ai pas daté les chansons citées plus haut car cette indication est donnée ci-dessous, avec les vidéos sur Internet qui permettent de réécouter miraculeusement ce poète des temps déjà anciens, ceux principalement des années 1980, mais toujours très vivant dans les mémoires.



    1. "Emmanuelle" (1974)






    2. "Elle est d'ailleurs" (1980)






    3. "Les Corons" (1982)






    4. "Vivre" (1985)






    5. "Marionnettiste" (1985)






    6. "En l'an 2001" (1985)









    7. "La chanson du bon Dieu" (1985)






    8. "Vingt ans" (1987)






    9. "Partis avant d'avoir tout dit" (1987)






    10. "C'est pour elle" (1987)






    11. "Quelque part... c'est toujours ailleurs" (1989)






    12. "Flo" (1989)






    13. "Pleure pas Boulou" (1989)






    14. "Yé yé les tambours" (1989)






    15. "La ville ainsi soit-il" (1995)






    16. Journal du 15 février 2005 sur TF1






    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (15 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pierre Bachelet.
    Gérard Lenorman.
    Pierre Dac.
    Marianne Faithfull.
    Marcel Zanini.
    Patricia Kaas.
    Kim Wilde.


     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250215-pierre-bachelet.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/pierre-bachelet-grand-poete-devant-258860

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/14/article-sr-20250215-pierre-bachelet.html



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  • Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !)

    « Si ce texte est, comme je le crois, considéré comme adopté ce soir, il faudra dès la semaine prochaine se tourner vers l’avenir pour trouver les clés, réfléchir, inventer un projet pour une sécurité sociale qui protège chaque Français et soit soutenable dans le temps long. C’est une immense refondation que nous avons à conduire. Nous devrons pour cela mobiliser notre capacité d’analyse, notre connaissance du monde de la santé, des besoins en santé, et aussi notre imagination : il en faudra beaucoup pour trouver ce nouvel équilibre. J’ai la certitude que nous y parviendrons, grâce au dialogue. » (François Bayrou, le 12 février 2025 dans l'hémicycle).




     

     
     


    Il était 19 heures 45 ce mercredi 12 février 2025. La Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet s'est installée à son perchoir et a annoncé la couleur : la motion de censure déposée le 10 février 2025 par le groupe insoumis a été une nouvelle fois rejetée. Seulement 121 députés ont voté pour elle, alors qu'il en fallait au moins 289 pour être adoptée. Et elle a conclu : « La troisième partie et l’ensemble du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 sont considérés comme adoptés. ». En clair, après un très long marathon parlementaire, c'est tout le processus budgétaire, à savoir le projet de loi de finances pour 2025 et le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, qui s'est achevé ce soir-là.

    Le Premier Ministre François Bayrou a donc pu souffler... juste quelques minutes, car il entendait bien relancer immédiatement le processus budgétaire pour 2026, en recommençant cette fois-ci avec une page blanche, comme l'ont demandé de nombreux députés (PS et LR notamment), ce qui est beaucoup plus ambitieux que de repartir du budget de l'année précédente. François Bayrou a accompli sa première mission, celle de faire adopter les deux budgets publics. Il reste encore l'adoption par le Sénat (ce qui ne fait pas de doute) et l'éventuelle voie du Conseil Constitutionnel, déjà saisi pour le PLF qui a conclu le lendemain par sa décision n°2025-874 DC du 13 février 2025. Le Conseil Constitutionnel a en effet invalidé dix dispositions du projet de loi de finances pour 2025.


     

     
     


    Revenons à la discussion de cette cinquième motion de censure contre le gouvernement Bayrou, à la suite de l'engagement de responsabilité pour la dernière partie (Dépenses) du PLFSS et l'ensemble du texte. François Bayrou est parvenu à faire du vote d'une motion de censure un non-événement, ce qui, depuis le 7 juillet 2024, est un réel exploit politique et institutionnel !

    C'est la députée insoumise Marianne Maximi qui a ouvert le débat en présentant la motion de censure. Avec ces motions de censure à répétition, cela permet aux insoumis de faire parler leurs membres. Et surtout, de parler d'autre chose que du seul budget de la Sécurité sociale.


    Et elle a répété la fable de la nouvelle farce populaire (NFP), que la gauche extrême aurait plus de légitimité à gouverner que le bloc central et LR qui comptent pourtant plus de députés : « Vous êtes toujours aussi minoritaires, toujours aussi illégitimes à imposer la politique économique austéritaire, votre obsession. Face à cette impasse, vous confirmez votre choix : l’autoritarisme et le déni de démocratie. Nous ne laisserons pas cette pratique devenir la règle ; voilà pourquoi, une fois encore, nous nous retrouvons face à vous. ».

    Tout au long de son intervention, ce n'a été que caricatures excessives et insignifiantes : « Votre projet de loi est d’une violence sociale sans précédent ! Le mois dernier, une patiente de 20 ans est morte aux urgences, sur un brancard, après des heures d’attente. (…) À la souffrance des hôpitaux français, en grande difficulté, vous répondez par un budget austéritaire ! Fédérations hospitalières et organisations syndicales avaient pourtant fait le travail pour vous : elles estiment que la hausse des moyens doit être au moins de 6% pour répondre aux besoins et compenser l’inflation. Vous proposez moitié moins, ce qui revient à soumettre à une pression intenable notre système de santé. Ne nous objectez pas que les caisses sont vides. Nous vous avons alertés sur votre politique qui consiste à supprimer de façon aveugle des cotisations sociales au profit des grandes entreprises. Vous n’avez rien voulu entendre. Vous creusez le déficit du système et, pour combler les trous qui se forment, vous faites payer les malades. Demain, se soigner coûtera davantage en raison, entre autres, de votre taxe sur les complémentaires santé, sans encadrement des tarifs pour les assurés. ».
     

     
     


    L'avenir pour 2026 : « Je profite de cette tribune pour alerter : le budget pour 2026, déjà en préparation, sera pire encore. Le ministre de l’économie a annoncé la couleur : le texte sera travaillé "avec les entreprises" et "il n’y aura pas de surtaxes sur les grandes entreprises". Le coup de pression de Bernard Amault semble avoir porté ses fruits. Autant nommer le Medef à Matignon ! ».

    Hors-sujet en abordant le thème de l'immigration : « Depuis des mois, vous adhérez progressivement, mais sûrement, aux conceptions de l’extrême droite. Vous avez voté pour le dernier texte portant sur l’immigration, qui reprenait les idées des Le Pen ; vous avez approuvé la proposition de loi de vos alliés de la droite, qui attaque le droit du sol à Mayotte ; vous voterez demain pour le texte du député Attal, dont le populisme pénal prévoit de casser la justice des mineurs. Depuis quelques jours, le gouvernement instaure dans le pays un débat nauséabond sur ce que signifie le fait d’être Français. Tout cela pour contenter l’extrême droite et échapper à la censure : quelle déchéance, sachant que la plupart des députés macronistes ont été élus avec les voix du peuple de gauche, afin de faire barrage à cette même extrême droite ! ».

    S'adressant à ses collègues socialistes, Marianne Maximi s'est désolée de leur non-censure : « Être responsable, c’est leur barrer la route et non maintenir le gouvernement le plus réactionnaire de la Ve République ! (…) Ne pas voter la censure, c’est accepter un budget austéritaire, amputé de 6 milliards. Ne pas voter la censure, c’est laisser la démocratie se faire piétiner et valider un gouvernement illégitime. Ne pas voter la censure, c’est laisser ce gouvernement reprendre une à une les idées et le programme du Front national. ». Jean-Luc Mélenchon avait d'ailleurs fait de cette ultime motion de censure la dernière possibilité pour rester encore dans le NFP, comme si le gourou vieillissant était le seul dépositaire des tables de cette alliance électorale de circonstance.


    La réponse a été faite par l'orateur suivant qui était encore Jérôme Guedj pour le groupe socialiste, mis en accusation de non-censure. Le député de l'Essonne s'est amusé sur ce long cycle qui allait enfin s'achever : « C’est un peu "Un jour sans fin", le jour de la marmotte, au cours duquel nous répétons sans cesse ce que nous pensons du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Mais la pédagogie, me direz-vous, est faite de répétitions. Je le redis donc avec sérénité et tranquillité : ce n’est pas un bon budget, mais nous en avons besoin (…). C’est aussi un budget dans lequel nous avons pu, autant que possible, corriger, atténuer, voire supprimer certaines mesures néfastes. ».

    Et un peu plus loin dans le discours : « J’ai dit, au début de mon propos, que nous étions parvenus à limiter les effets les plus délétères. C’est pourquoi, je m’attends à une réaction immédiate, mais je suis désormais mithridatisé, nous n’avons pas la négociation honteuse. Nous n’aurons donc pas la non-censure honteuse. ». Ainsi que ceci (qui est tout le contraire des propos des insoumis) : « Ce sont autant de raisons qui me conduisent à considérer que, même si ce budget n’est pas un bon budget, il est moins mauvais que celui proposé par Michel Barnier. Je terminerai en évoquant un point, psalmodié de manière récurrente : l’idée selon laquelle la censure du gouvernement, donc l’absence de budget, ne serait pas si grave. Je connais trop le PLFSS et je respecte trop les acteurs qui le portent et ceux qui le font vivre, notamment dans les hôpitaux, pour ne pas reconnaître que ce serait un problème. (…) Je souhaite donc tordre le cou à cet argument un peu facile qui consiste à faire croire que le rejet du PLFSS n’aurait pas de conséquences. Je préfère ce PLFSS, aussi insuffisant soit-il. C’est pourquoi nous ne le censurerons pas, de façon à disposer d’un budget de la sécurité sociale. Cependant, nous devons dès à présent préparer les suivants ; sinon, nous nous exposerions à des difficultés plus sévères. ».

     

     
     


    Jérôme Guedj a une nouvelle fois regretté l'absence d'une grande loi sur le grand âge : « Vous semblez avoir été frappés par une forme de procrastination gouvernementale, certes, vous n’êtes pas les seuls ; tous vos prédécesseurs, de droite comme de gauche, l’ont été avant vous, qui vous empêche d’appréhender l’ampleur de la transition démographique. Il nous a fallu beaucoup de temps pour prendre la mesure de la transition écologique. Nous sommes également confrontés à la transition numérique et à la digitalisation de la société. Mais nous sommes incapables de percevoir cette révolution anthropologique que constitue le vieillissement de la population, ou nous agissons de manière homéopathique, donc insuffisante, à coups de fonds d’urgence et de colmatages, comme c’est le cas dans ce PLFSS. Nous devons aussi définir une méthode de travail. En effet, il y a un hiatus entre la volonté des parlementaires qui ont demandé, à l’unanimité, l’année dernière, une loi de programmation sur le grand âge et les réponses très parcellaires qu’ils ont obtenues. Cela pourrait prendre la forme d’un plan ou, pourquoi pas, d’une stratégie nationale, en tout cas, nous avons besoin d’outils juridiques pour le faire. Laissez-moi vous donner un exemple : l’isolement des personnes âgées, qui constitue l’un des fléaux de notre société, ce que les Petits Frères des pauvres appellent la "mort sociale". À l’heure actuelle, aucun acteur public, hormis les centres communaux d’action sociale (CCAS) et leur volontarisme, n’est chargé de ce mal du siècle. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a commencé, de manière balbutiante là encore, à investir le sujet. À défaut d’en faire une grande cause nationale, faisons-en au moins un objet de politique publique, qui nécessite des supports législatifs. ».

    Le député LR Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales, a voulu remettre quelques cadrans des insoumis à l'heure : « Les jours se suivent et se ressemblent étrangement. Alors que nous examinons la quatrième motion de censure déposée par la France insoumise en huit jours, nous commençons tous à ressentir une certaine lassitude. Comme à son habitude, LFI persiste à rechercher le chaos institutionnel, au moment où l’adoption d’une motion de censure aurait un effet cataclysmique sur nos finances publiques. Je le répète depuis des semaines, non seulement en tant que rapporteur général de la commission des affaires sociales, mais aussi en tant que citoyen. (…) Depuis la censure du gouvernement de Michel Barnier, la France est privée de budgets et cela inquiète légitimement les Français. Il faut y remédier de toute urgence ; sinon, la facture de la censure s’aggravera encore. Cette facture ne sera pas que budgétaire mais également, et c’est peut-être le plus grave, sociale, là, vous pourrez parler de violence. ».

    Et de replacer l'église au centre du village : « La France insoumise parle d’un budget austéritaire. Qu’en est-il vraiment ? J’ai regardé de plus près : toutes branches confondues, y compris le fonds de solidarité vieillesse (FSV), les dépenses pour 2025 s’élèveront à 666,4 milliards d’euros, soit une hausse de 23,5 milliards par rapport à 2024. C’est une hausse de 3,7%, bien supérieure à l’inflation attendue. L’année précédente, les dépenses avaient déjà progressé de 32,2 milliards. La hausse s’élève donc à 9,1% en deux ans. On est loin de l’austérité ! Ne mentons pas aux Français. Avec votre motion de censure, vous prenez le risque d’empêcher le déploiement de mesures attendues et utiles pour nos concitoyens, puisque le texte serait rejeté si votre motion était adoptée. Je pense à la réforme du calcul du montant de la pension des retraités agricoles, visant à l’aligner sur les vingt-cinq meilleures années de revenus, prévue à l’article 22. (…) Vous prenez le risque d’empêcher le triplement du fonds de soutien exceptionnel aux EHPAD, avec la dotation de 300 millions d’euros, obtenue en nouvelle lecture et prévue à l’article 21 quater. Vous prenez le risque d’abandonner la reconnaissance du statut d’infirmier coordonnateur dans les EHPAD, à l’article 21 ter. (…) Avec votre motion de censure, vous prenez le risque d’empêcher l’expérimentation, prévue à l’article 17 octies, relative à la prise en charge par l’assurance maladie de tests pour détecter une soumission chimique, y compris sans dépôt de plainte. Vous prenez le risque que ces mesures, attendues, partent à la poubelle avec l’adoption de la motion de censure. En réalité, vous fragilisez davantage ceux que vous prétendez défendre ! Il est encore temps de vous ressaisir. Dans l’intérêt général, pour la France, je vous invite à retirer votre motion de censure. (…) Si cette nouvelle motion de censure venait à être adoptée, il est évident que la France serait affaiblie, et le déficit encore plus catastrophique, à plus de 28 milliards. ».

    Mais tout cela ne servait à rien, car tous les députés insoumis avaient déjà déserté l'hémicycle, se moquant totalement de l'avis de leurs collègues, signe habituel de leur irrespect des institutions.
     

     
     


    Le député de Meurthe-et-Moselle a toutefois poursuivi en espérant améliorer les prochains PLFSS à l'avenir, pour en finir avec leur déficit : « Il faut s’assurer que chaque euro dépensé est justifié. C’est une question de justice, mais également un impératif pour la cohésion sociale et la pérennité de notre modèle. Dans l’intérêt du pays, il n’est pas, plus, possible de naviguer au gré des gouvernements, et de préparer un budget en quelques semaines à partir de mesures purement paramétriques. Plutôt que des rabots budgétaires imposés à l’aveugle, injustement préjudiciables au système, il faut de toute urgence œuvrer résolument, mais avec discernement, au redressement de nos comptes sociaux. Ainsi, nous pourrons relever les défis, en particulier ceux du vieillissement de la population et de la dénatalité. ».

    Quelques pistes : « Nous devons nous attaquer au déficit abyssal de notre système de retraite, pas celui qui est apparent, celui qui inclut aussi les dépenses financées par l’État. (…) Certaines dépenses ne sont pas justifiées. Elles scandalisent nos concitoyens, qui participent au financement de notre modèle de protection sociale. Ceux-ci s’inquiètent des dérapages budgétaires, des déficits qui s’accumulent et se traduisent par une dette qui pèsera sur les générations futures, nous sommes aussi là pour elles. En avons-nous suffisamment conscience ? (…) Dit autrement : il faut conserver ce qui vaut, et modifier ce qu’il faut. Nous sommes vigilants : préservons l’accès aux soins dans nos territoires. (…) Le redressement de nos comptes sociaux passe par des réformes structurelles. Il ne faut plus les reporter. Les efforts doivent s’accompagner d’une réflexion plus générale sur notre taux d’emploi, ou sur notre natalité qu’il faut relancer, le désir d’enfants est plus de 40% supérieur au taux de fécondité constaté. À court terme, le plus crucial ne figure pas dans ce budget : c’est notre taux d’emploi, qu’il faut améliorer. Si nous avions un taux d’emploi similaire à celui de l’Allemagne, cela représenterait 15 milliards de recettes sociales en plus, et 5 milliards de prestations à verser en moins. Cette différence de 20 milliards comblerait l’essentiel du déficit de la sécurité sociale ! C’est le principal levier à utiliser. Nous ne pouvons en faire l’économie si nous tenons à la pérennité de notre modèle de protection sociale. Notre système est fondé sur le travail et la solidarité intergénérationnelle, deux principes fondamentaux de plus en plus dévoyés. (…) Il faut aboutir à l’allocation sociale unique. Cela simplifiera la vie des bénéficiaires, permettra de lutter contre le non-recours et de réduire les frais de gestion. Cela doit aller de pair avec un rétablissement des allocations familiales pour les familles qui travaillent, et qui ont été pénalisées par la mise sous condition de ressources de ces allocations, coup de rabot que l’on doit à la Présidence de François Hollande. Telle est notre priorité pour la France : mieux valoriser ceux qui travaillent afin d’assurer la pérennité de notre protection sociale. Il y va de notre cohésion et de l’avenir de notre nation. Notre boussole a toujours été et restera la France. ».

    Pour les écologistes, Benjamin Lucas a fustigé ce PLFSS supposé austéritaire : « Mes chers collègues, nous vivons ici, et, à travers nous, tous les citoyens de ce pays, une expérience de Milgram à grande échelle. C’est notre soumission à la stabilité que vous éprouvez. J’interroge ceux de mes amis et camarades qui sont sincèrement tiraillés entre le rejet de votre politique et la peur de l’instabilité : jusqu’où irons-nous ? Pouvons-nous tout accepter au nom de la stabilité ? Pouvons-nous accepter en son nom une cure d’austérité qui affaiblira les services publics et les mécanismes de solidarité ? Vous prétendez réduire les déficits publics que vous avez creusés en baissant la dépense publique, ce qui affaiblira la puissance publique. (…) Les membres du gouvernement présents au banc cet après-midi en sont une illustration. Pouvons-nous accepter, au nom de la stabilité, que ce gouvernement compte en son sein deux anciens premiers ministres qui font partie des personnalités politiques les plus détestées du pays ? Pouvons-nous accepter, au nom de la stabilité, les provocations récurrentes d’un ministre de l’intérieur en roue libre, qui va jusqu’à remettre en cause les programmes d’histoire à l’école pour servir son discours aux relents colonialistes et ses obsessions néoconservatrices ? ».

    Comme Marianne Maximi, l'orateur écologiste a fait du hors-piste en évoquant le thème de l'immigration (alors que la motion de censure est pour le PLFSS) : « Jusqu’à quel point vous compromettrez-vous moralement avec le lepénisme ? Ouvrir comme vous le faites un débat sur l’identité nationale est dangereux, non seulement parce qu’il pourrait faire se déchaîner les passions tristes et rances, mais aussi parce qu’il replierait notre pays sur lui-même, le rendant frileux, fébrile, lui faisant perdre la confiance qu’il place en son modèle républicain et l’amour qu’il se porte à lui-même, indispensable pour s’accepter tel qu’il est et grandir. Regarderons-nous notre nombril, obsédés par des querelles identitaires, pendant que nous attendent des défis mondiaux, géopolitiques, existentiels qui nous obligent à voir large, à penser haut ? ».


    Pour s'amuser de la lassitude d'une quatrième mention de censure déposée par les insoumis en huit jours, le député ciottiste Olivier Fayssat a tenté un peu d'humour : « Nous avons désormais nos petites habitudes dans ce rendez-vous devenu récurrent et, pour vous épargner toute lassitude, le groupe UDR [ciottiste] prend soin d’alterner les orateurs, tantôt notre excellent collègue Maxime Michelet, tantôt moi-même. Si vous avez une préférence, je vous remercie par avance de ne pas en faire état, surtout si ce n’est pas à mon avantage. Si le groupe la France insoumise maintient ce rythme effréné des dépôts de motions de censure, la fréquence de nos rencontres pourrait nous conduire naturellement à nous appeler par nos prénoms. Cela étant, l’orateur change, mais le message reste similaire. La troisième partie du PLFSS ne nous convient pas plus que les deux premières, toutefois, nous poursuivrons en direction de la stabilité et nous ne censurerons pas. Annoncer un plan en trois parties en brisant si tôt le suspense est un exercice périlleux. Il m’oblige à une certaine concision car il serait redondant de s’étendre une fois de plus sur certaines de nos lignes rouges qui n’ont pas été franchies. (…) Notre intérêt à tous est que la sécurité sociale protège tous les Français et qu’elle ne fasse pas peser un poids insupportable sur la croissance et l’emploi, seules manières de garantir aux générations futures la même protection contre les risques de la vie. Certains de nos adversaires ne vous ont pas ménagé et je ne m’associe en aucun cas aux incorrections et autres inélégances dont ils se sont rendus coupables. J’espère que vous aurez apprécié cette parenthèse de douceur, sans brutalité ni agressivité. Je suis certain néanmoins que votre sagesse n’y verra pas des acquis que nous n’entendons pas vous concéder. ».

    À la fin du débat parlementaire sur cette énième motion de censure des insoumis, le Premier Ministre François Bayrou a pris la parole avant la mise au vote : « Nous voilà, peut-être, au terme de ce marathon budgétaire. Si le Sénat approuve le projet de loi de financement de la sécurité sociale une fois que cette motion aura été repoussée, la France aura alors ses budgets, celui de l’action publique et celui de la sécurité sociale. Ce dernier est lourd de conséquences pour le pays. Il est bon de rappeler que la partie dépenses du PLFSS s’élève à 666,4 milliards d’euros ! Un tel budget garantit à l’ensemble de nos concitoyens la protection sociale à laquelle ils ont droit et qui est, beaucoup l’ont dit, le pilier central du pacte républicain, hérité du Conseil national de la Résistance. ».

    Et il a décrit sa méthode : « Ce texte a été évidemment difficile à mettre au monde. Il est le fruit d’un dialogue, d’un compromis, le mot a été employé plusieurs fois à cette tribune. J’atteste que ce dialogue a été mené de bonne foi. Bonne foi de la part du gouvernement, de la part des groupes qui y participent ou le soutiennent, mais également de la part de plusieurs sensibilités qui, ne participant pas au gouvernement et ne s’y sentant pas représentées, ont accepté de dialoguer pour pour qu’un texte amélioré permette à l’Assemblée de se prononcer sans arrière-pensées à son sujet. ».

     

     
     


    Le résultat de cette motion de censure a été proclamé en fin d'après-midi (scrutin n°791). 121 députés seulement ont voté pour elle, soit moins de 21% des députés, répartis ainsi : 71 insoumis (sur 71), 34 écologistes (sur 38), 15 communistes (sur 17) et 1 socialiste (sur 66), le même que pour la précédente motion de censure. C'est un peu plus que la précédente motion de censure qui avait reçu seulement 115 votants.

    Si la page budgétaire de 2025 se tourne pour François Bayrou, il lui reste encore tous les autres sommets de l'Himalaya à gravir...



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (13 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
    4 motions de censure et pas d'enterrement !
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
    François Bayrou, le début du commencement.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.

     
     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250212-budget.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/mission-accomplie-les-budgets-2025-259277

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/12/article-sr-20250212-budget.html



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  • Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !

    « La haine ? Encore une idée. Ce qui n'est pas une idée, c'est le meurtre. » (Albert Camus, 1949).





     

     
     


    Tristesse infinie depuis la découverte du corps de Louise, une collégienne de 11 ans, qui sortait de sa classe de sixième à 14 heures le vendredi 7 février 2025. Depuis, les bouquets de fleurs et les peluches s'amoncellent près du mur du Collège André-Maurois à Épinay-sur-Orge, dans l'Essonne, avec ce petit mot : « Repose en paix Louise, on ne t'oublieras pas ! ». Louise a été retrouvée dans la nuit du vendredi au samedi, hélas sans vie, plusieurs fois poignardée sauvagement, avec beaucoup de violence. C'est ce qui peut arriver de pire pour des parents.

    L'émotion évidemment a fait que ce meurtre a fait la une des journaux depuis ce week-end. Sur certaines chaînes de télévision, comme CNews, il y avait de quoi avoir la nausée en entendant ces soi-disant experts en tout généraliser à outrance, évoquer de manière très générale (et cela à chaque nouveau drame) à quelle point la société a dégénéré, à quel point la société s'est ensauvagée (ensauvagement, c'est même le mot employé par Bruno Retailleau). Et pourtant, faut-il rappeler qu'assassiner sciemment des petits enfants, ce n'est hélas, trois fois hélas, pas une innovation ? Le Petit Grégory s'en retournerait dans sa tombe en entendant autant d'inepties.

    Et puis la recherche du meurtrier a pris le dessus. Le côté feuilleton policier donne également la nausée. Après la garde-à-vue de plusieurs personnes mises ensuite hors de cause, le meurtrier présumé a été arrêté et interrogé. Il a avoué le meurtre ce vendredi 12 février 2025 après des preuves impossibles à rejeter (et après un long silence). La veille, on pouvait prouver que son ADN a été retrouvé sur les mains de Louise.

     

     
     


    Il y a une sorte de clivage démentiel entre le meurtrier et sa victime. Sur les quelques photographies publiées, la fillette paraît très mûre, à l'aise dans la vie, souriante, intelligente, pleine d'avenir. Ce que dit l'enquête, c'est qu'elle aurait résisté avec acharnement, ce que prouvent des marques sur son corps mais aussi celui de son meurtrier. Elle a fait preuve de courage.

    Quant au meurtrier, son nom a été révélé, que je ne souhaite pas écrire ici pour ne pas lui faire de la publicité, mais, comme pour l'assassinat de Lina, l'auteur présumé a un nom bien français, pas du tout étranger. En ce qui me concerne, je me moque du nom, ce que je préfère savoir, c'est pourquoi, mais pour beaucoup de monde ici, en France, l'origine des meurtriers est importante pour démontrer que l'immigration provoque des crimes. Pour Louise, comme pour Lina, ce n'est pas le cas. Pas de possibilité de récupération politicienne, l'air sera plus respirable sur certains plateaux de télévision.

    Lors de sa première conférence de presse le 12 février 2025, le procureur d'Évry Grégoire Dulin a exposé précisément tout ce qui s'est passé du vendredi au mercredi. Il l'a raconté, en lisant, comme on lit la Passion pendant une messe des Rameaux. Ainsi, l'alerte pour la disparition de Louise a été donnée par ses parents dès 15 heures, parce que le smartphone de l'enfant restait éteint. Très vite, le reste de la fratrie a mis des annonces dans les réseaux sociaux, et la police a commencé aussi à s'activer. Tout est allé très vite... mais cela n'a pas suffi à empêcher l'irréparable.


     

     
     


    La motivation de l'auteur présumé n'est pas encore très clairement comprise. D'un naturel violent et agressif (sa propre sœur refusait de le revoir depuis une agression en 2023 suivie d'une main courante), le jeune homme (étudiant en informatique) serait en pleine addiction aux jeux vidéo et il serait sorti dehors le vendredi après-midi après une dispute avec un autre joueur en ligne. Pour "se détendre", il aurait choisi de voler dans son quartier. Il ne connaîtrait pas sa future victime et l'aurait entraînée dans le bois voisin sous prétexte qu'il avait perdu quelque chose. Et il l'aurait menacée d'un Opinel pour lui dérober ses affaires. La fille aurait crié, il l'aurait frappée violemment à plusieurs reprises et aurait ensuite fui.

    Si ces informations étaient confirmées, cela signifierait que Louise s'est seulement trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Le 4 février, l'auteur présumé aurait déjà tenté la même chose mais la potentielle victime avait refusé de le suivre dans le bois.

     

     
     


    Pourquoi les détails d'un tel drame sont-ils importants ? Tous les détails d'un crime, par définition, sont sordides. Mais ils sont importants pour une raison simple : était-il possible de l'éviter ? La puissance publique aurait-elle pu l'éviter ? Et que faire, quelles mesures prendre pour réduire le risque d'un nouveau drame comme celui-ci ?

    C'est bien trop tôt pour répondre, d'autant plus que c'est d'abord le temps de l'émotion, celle de la famille, des amis, des camarade de classe, de tout un collège, une ville, voire un pays. Là, il semble que réduire l'immigration n'aurait pas empêché le crime. Le problème semblerait, à mon sens, triple : d'abord, une addiction aux jeux vidéo qui peut devenir problématique ; ensuite, un problème de santé mentale pour le meurtrier présumé qui n'a jamais été traité, et il ne doit pas être seul dans ce cas, il faudrait savoir si l'obsession des jeux vidéo peut entraîner une telle éruption de haine et de violence ; enfin, l'encadrement des enfants qui rentrent de l'école doit sans doute être plus rigoureux, d'autant plus qu'en sixième, les élèves sont plus autonomes, leurs horaires plus variables qu'au primaire.

    On l'a répété au début de la semaine, dans la crainte d'une récidive tant que l'auteur présumé n'était pas sous les verrous : ne jamais rentrer de l'école seul, se méfier de toute personne suspecte, etc. Les caméras de vidéoprotection n'auraient pas suffi à empêcher ce meurtre, mais elles peuvent apporter beaucoup d'indices pour remonter au criminel. C'était le cas ici où l'on voyait un jeune homme qui suivait Louise jusqu'au bois. L'enquête de voisinage a permis d'identifier le suspect. L'analyse ADN, rapide, a permis aussi de conforter les soupçons. Enfin, le smartphone de Louise, retrouvé près d'elle, a donné d'autres éléments précieux dans l'enquête.

    Certains demandent déjà qu'il y ait plus de policiers (en civil) aux abords des écoles pendant l'heure des sorties des classes. Mais c'est comme les caméras. D'une part, il faut pouvoir encore se permettre d'embaucher massivement ces policiers (et donc, il faut bien trouver une solution pour les financer, les payer, soit par les impôts, soit par autre chose). D'autre part, on ne peut pas "fliquer" toute la société partout, mettre des caméras partout, des policiers tous les vingt mètres, car il y aura toujours des "trous dans la raquette" comme on dit, et le potentiel meurtrier saura toujours trouver une faille. On le voit pour les attentats terroristes : la police a pu déjouer des dizaines de tentatives d'attentat depuis quelques années, mais malheureusement, pas toutes les tentatives.

    Il y a bien sûr l'éducation, celle des potentielles victimes de ne pas se laisser faire, ce qui semblerait être le cas de Louise dont les parents, comme d'autres, avaient mis en garde contre le risque avec des inconnus, mais aussi celle des potentiels criminels pour qui la vie semble avoir de moins en moins de valeur. Est-ce un mouvement général de la société provoqué par l'abêtissement généralisé par les smartphones, réseaux sociaux sots, jeux vidéo violents, etc. qui entraînent certains individus à déborder de haine et de violence, n'ayant plus de relations sociales, de contacts humains, et même d'exercice physique ? Ou faut-il ne considérer là, hélas, que comme un cas exceptionnel, une singularité, comme souvent dans chaque meurtre, une concordance de causes, comme dans beaucoup d'accidents, au risque insensé de tomber dans un fatalisme qui serait insupportable pour les proches de Louise ?

     

     
     


    S'il y a des exploiteurs professionnels de crimes, des récupérateurs politiques professionnels de crimes, c'est aussi parce que les gouvernements ont sans doute joué à la fois sur une certaine forme de fatalisme (comment empêcher, dans un État libre, un tel crime ?) et sur une certaine forme de lâcheté, celle d'afficher quelques mesures peut-être visibles mais creuses, sans efficacité, pour faire semblant d'avoir pris les choses en main.

    Personnellement, je n'ai pas de solution immédiate à l'esprit. Plus généralement, l'existence du mal pour le mal me met mal à l'aise car ce meurtre est finalement très stupide, sans intérêt, ni d'amour ni d'argent (même si c'était l'objectif premier). L'auteur présumé paraît aussi déséquilibré que violent, aussi bête qu'agressif. Malheureusement, il doit y en avoir d'autres qui errent dans la société et qui peuvent aussi passer à l'acte. N'oublions jamais : la traduction directe de la haine, c'est le meurtre.

    Les acteurs politiques, qu'ils soient au gouvernement ou au Parlement, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, doivent réfléchir, hors posture d'affichage, sur les moyens de réduire la probabilité de connaître de nouveaux crimes comme celui-ci. C'est difficile, mais ce serait le meilleur moyen de ne pas oublier Louise. Son sourire figé désormais dans l'intemporalité définitive reste comme une promesse d'un avenir meilleur. À la puissance publique de se mettre au niveau d'une telle ambition.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
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    Pour aller plus loin :
    Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !
    Gisèle Pélicot, femme de l'année 2024 ?
    5 ans de prison dont 2 ferme pour Pierre Palmade.
    40 ans de confusions dans l'Affaire Grégory.
    Philippine : émotion nationale, récupérations politiques, dysfonctionnements de l'État ?
    Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
    Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
    Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
    La France criminelle ?
    La nuit bleue de Lina.
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
    Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
    Meurtre de Lola.
    Nos enseignants sont des héros.
    La sécurité des personnes face aux dangers.



     

     
     




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    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/12/article-sr-20250212-louise.html



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  • La nouvelle peine de Serge Atlaoui

    « L’incrimination attendue trouve son équivalent en droit français dans la production et la fabrication de stupéfiants en bande organisée en faisant encourir à son encontre trente ans de réclusion. » (Tribunal de Pontoise, le 12 février 2025).




     

     
     


    On l'attendait ce mercredi 12 février 2025, dans l'après-midi, mais l'exercice était très compliqué, très délicat. Pour ainsi dire, il était inédit. Le retour de Serge Atlaoui en France la semaine dernière, le 5 février 2025, s'il était réjouissant pour lui et ses proches, a posé un problème insoluble pour la justice française : que va-t-elle faire de lui ?!

    Serge Atlaoui a été arrêté à Jakarta le 11 novembre 2005 et il a été condamné à mort pour trafic de drogue en 2007, sans plus aucun recours à partir d'avril 2015. C'est dire si sa vie ne pesait plus grand-chose face au volontarisme populiste du Président indonésien de l'époque qui avait arrêté le moratoire sur les exécutions. Il a passé 19 années et demi en prison en Indonésie et grâce à un accord diplomatique, il a pu rentrer en France.

    Pour autant, la chose jugée reste la chose jugée et la France doit la respecter. C'est pour cela que dans la logique pure, la France aurait dû mettre à exécution la peine de mort qu'a eue Serge Atlaoui. Bien entendu, non, pas seulement parce que la peine de mort est abolie depuis le 9 octobre 1981, mais aussi parce que la France souhaitait son rapatriement justement pour éviter qu'il ne risque l'exécution.


    La difficulté est que la justice française ne peut pas revenir sur le fond. Or, sur le fond, on sait que la justice indonésienne a fait n'importe quoi : Serge Atlaoui était un ouvrier soudeur, il ne connaissait rien à la chimie, il a réparé ou entretenu des machines industrielles, mais il n'avait pas compris qu'elles servaient à transformer des substances illicites. On pourra toujours disserter sur sa stupidité, sa naïveté, mais certainement pas sur sa sincérité. Il aurait mérité au moins la révision de son procès et qu'il soit condamné pour travail dissimulé.

    Pourquoi la justice française ne peut pas revenir sur le procès indonésien ? Tout simplement parce qu'elle compte pouvoir encore se servir d'autres accords diplomatiques de ce type, et pas seulement avec l'Indonésie, pour rapatrier tous les Français condamnés à mort (il y en aurait encore au moins quatre dans le monde). Donc, il faut que la France et la justice française respectent scrupuleusement l'Indonésie et la justice indonésienne.

    C'est le tribunal correctionnel de Pontoise, celui qui a compétence sur la prison d'Osny où séjourne actuellement Serge Atlaoui, qui a dû prendre cette décision une semaine après son arrivée : que faire de ce prisonnier encombrant que tout le monde, ou quasiment, en France, souhaite voir enfin libre ? Il ne peut pas refaire le procès indonésien, il ne peut que se prononcer sur la peine qu'il doit faire en France. Et comme il n'y a plus de peine de mort, il faut requalifier la peine.
     

     
     


    La procureure de Pontoise a rappelé toute la difficulté de la chose : « Il a été condamné dans un autre pays à la peine capitale, qui n’existe plus chez nous. Nous n’avons eu jusqu’ici aucun transfèrement de condamné à mort en France. ».

    Au cours de cette audience, elle n'y est pas allée de main morte. Elle a requis la transformation de la peine en réclusion criminelle à perpétuité : « Le parquet considère que la seule possibilité de peine la plus proche de la peine de mort est celle de la réclusion criminelle à perpétuité. ». Dans son raisonnement, conforme au code pénal et à la jurisprudence de la Cour de Cassation, la procureure a considéré en effet que la peine de mort devait se transformer en la peine la plus lourde du code pénal, soit la perpétuité.

    Mais pour l'avocat de Serge Atlaoui, cela ne correspondait pas du tout aux faits sanctionnés, cette peine serait disproportionnée dans le droit français. Ainsi, le juge a donné raison à la défense en commuant la peine de Serge Atlaoui à trente ans de réclusion, peine passible en France pour le trafic de drogue.

    Je trouve néanmoins que c'est encore très sévère. Certes, cela peut lui ouvrir les portes de la prison puisqu'il a déjà effectué 19 ans, soit les deux tiers de la peine. Mais il reste cette injustice de fond qui paraît encore ubuesque au regard de son histoire personnelle.

    Néanmoins, l'épouse de prévenu, Sabine Atlaoui, a clamé, soulagé : « C'est le début de la fin ! ». Et son avocat Richard Sédillot : « C’est un premier succès, un premier pas vers la liberté. ». Il comptait en effet sur les remises de liberté. Ce qu'il ne faudrait pas, c'est une grâce présidentielle. Sur le résultat, beaucoup seraient satisfaits d'un retour rapide à la vie ordinaire de Serge Atlaoui, mais une grâce présidentielle signifierait que le Président Emmanuel Macron court-circuiterait la justice indonésienne, ce qui serait peu respectueux.

    Le parquet avait rappelé l'importance de garder les formes institutionnelles : « Pour ne pas obérer la capacité diplomatique de l'État français à obtenir le transfèrement de ses nationaux, il faut que l’autorité judiciaire se cantonne à ce rôle. ».


    Serge Atlaoui n'a pas voulu retrouver sa famille et ses amis dans l'aéroport ni dans la prison, il veut les revoir libre. Peut-être les retrouvailles ont-elles toutefois déjà eu lieu dans l'intimité des parloirs, mais l'important est que le formalisme soit rigoureusement respecté... en espérant qu'il puisse être bien soigné pendant tout ce temps.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La nouvelle peine de Serge Atlaoui.
    Serge Atlaoui en France !
    Jour J de joie pour Serge Atlaoui !
    Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025.
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?



     

     
     



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  • LR : Bruno Retailleau lance l'offensive !

    « La politique de la majorité nationale, avec trois priorités, vous les retiendrez facilement. La première, rétablir l'ordre. La deuxième, rétablir l'ordre. La troisième, rétablir l'ordre. Parce que je crois à l'ordre, l'ordre comme condition de la liberté. Quand il n'y a pas d'ordre, c'est la liberté d'abord qui est menacée. Je crois à l'ordre comme la condition de l'égalité. La loi du plus fort s'exerce contre le plus faible. Je crois à l'ordre comme la condition de la fraternité, comme une possibilité de la concorde civile. » (Bruno Retailleau, le 23 septembre 2024, Place Beauvau).




     

     
     


    S'il y a bien eu une révélation politique depuis le début de la XVIIe législature, celle qui a suivi la dissolution de l'Assemblée, c'est bien Bruno Retailleau, nommé Ministre de l'Intérieur le 23 septembre 2024 dans le gouvernement Barnier et confirmé le 23 décembre 2024 par François Bayrou comme Ministre d'État, Ministre de l'Intérieur.

    Considéré comme un représentant de l'aile droite de son parti Les Républicains, avec son petit air anachronique de vieux conservateur, l'ancien président du puissant groupe LR au Sénat s'est distingué des autres nouveaux ministres par sa personnalité et son dynamisme. Sans doute le seul nom connu des Français parmi les ministres qui ont siégé aux côtés de Michel Barnier, il a rejoint les poids lourds de la politique dans le gouvernement Bayrou aux côtés d'anciens Premiers Ministres.

    La classe politico-médiatique a certainement sous-estimé les possibilités de Bruno Retailleau, qui a fait ses débuts auprès du seigneur de la Vendée, Philippe de Villiers. Pourtant, François Fillon, devenu le candidat incontournable de LR à l'élection présidentielle de 2017, donné même le favori des sondages avant "son affaire", avait largement laissé entendre qu'il nommerait à Matignon ce sénateur, clair dans des positions clivantes mais courtois dans ses relations.

    Il avait surpris certains Français lorsqu'il s'était présenté contre Éric Ciotti à la présidence de LR en décembre 2022 (et contre Aurélien Pradié). À l'époque, personne n'imaginait qu'Éric Ciotti allait trahir son parti pour se vendre au RN, mais les grands élus avaient soutenu Bruno Retailleau qui rassurait et était capable d'unité. Éric Ciotti, très apprécié des militants LR, a finalement été élu, ce qui a mis LR dans la mouise après la dissolution.

    Au contraire de Laurent Wauquiez, pourtant revenu à l'Assemblée en prenant même la présidence du groupe LR, Bruno Retailleau a accepté de prendre ses responsabilités et de devenir ministre même si c'était dans un contexte politique très difficile (sans majorité absolue). Il a fait preuve de courage pendant que l'ancien président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a préféré se planquer dans le confortable rôle d'observateur.





    Les premières déclarations de Bruno Retailleau lors de son installation au Ministère de l'Intérieur, en répétant trois fois "ordre", semblaient des incantations au dieu sécuritaire et m'ont fait évidemment penser à Louis de Funès, dans l'excellent film "La Zizanie" de Claude Zidi (sorti le 16 mars 1978), maire et patron en confrontation avec Annie Girardot, sa femme maltraitée, lorsqu'il évoque son programme : « Mon programme, trois points : premièrement, le plein emploi ; deuxièmement, le plein emploi ; et troisièmement, le plein emploi ! ».





    Ses débuts Place Beauvau ont été chaotiques, avec des déclarations intempestives (comme vouloir renoncer à l'État de droit, le dire est une profonde erreur quand on est membre d'un gouvernement), mais à la longue, il était à peu près le seul ministre du gouvernement Barnier à être visible, lisible, audible, à remuer ciel et terre pour renforcer la sécurité des citoyens. Le contraste avec son collègue de la Justice, Didier Migaud, était frappant, moins depuis que Gérald Darmanin s'est installé Place Vendôme. Les deux hommes semblent désormais entrer dans une saine émulation, dans une saine concurrence à celui qui en fera le plus.
     

     
     


    Pour François Bayrou, très occupé jusqu'à maintenant sur les questions budgétaires, il laisse ses deux ministres s'occuper du régalien. Parfois, François Bayrou remet le débat en route, comme le vendredi 7 février 2025 sur RMC en proposant imprudemment d'ouvrir un large débat public sur ce que signifie être Français, qui n'est d'ailleurs pas sans faire penser à un autre débat ouvert tout aussi imprudemment en 2009 par un ancien grand rival, Nicolas Sarkozy, sur l'identité nationale.

    Depuis près de cinq mois, son activisme lui a plutôt réussi : il semble de plus en plus apprécié par les sondés dans les enquêtes d'opinion, et on pense désormais à lui comme possible candidat LR à l'élection présidentielle.
     

     
     


    Présent sur de nombreux fronts, dans les médias et sur le terrain, à l'Assemblée et au Sénat également, Bruno Retailleau était l'invité ce mercredi 12 février 2025 dans la matinale de France Inter où il a refusé d'exprimer ses intentions pour le prochain congrès de LR, un congrès de la refondation. Laurent Wauquiez, inquiet de la tournure des événements, avait envoyé il y a quelques jours une première salve d'avertissements contre son ancien ami pour rappeler un deal qui n'a pourtant jamais eu lieu : à moi le parti, à toi le gouvernement !

    C'est à peine une ou deux heures après son interview sur France Inter qu'a été rendue publique la lettre que Bruno Retailleau a envoyée à tous les adhérents de LR : « J'ai décidé de me porter candidat à la présidence des Républicains. (…) Je veux faire pour mon parti ce que je fais à la tête de mon ministère : parler vrai et agir vite. ». Au moins, cela a le mérite d'être clair.

    "L'entourage" de Laurent Wauquiez, également candidat à la présidence de LR (qu'il avait quittée en 2019), a répliqué immédiatement à l'AFP en affirmant que le Ministre de l'Intérieur « prend la lourde responsabilité d'ouvrir une guerre des chefs ». Comme si la présidence de LR était une chasse gardée !
     

     
     


    Ce qui est surprenant, c'est que Laurent Wauquiez croit qu'il se place au même niveau que Bruno Retailleau dans une éventuelle course présidentielle. Et pourtant, il n'y a pas photo ! Laurent Wauquiez n'est pas apprécié des Français, et aucun frémissement n'a jamais eu lieu depuis toujours à son avantage, même il y a quinze ans. Parmi les handicaps qu'on lui colle à la peau, il y a celui de l'insincérité qui contraste réellement avec la sincérité de Bruno Retailleau qui n'a jamais eu d'arrière-pensée car il a toujours dit ce qu'il pensait et depuis cinq mois, il tente de faire ce qu'il disait (ce qui est beaucoup moins facile). Bruno Retailleau, au pire, on critiquera son impuissance, mais certainement pas son insincérité.

    On ne s'étonnera pas que beaucoup d'anciens dirigeants de LR vont soutenir Bruno Retailleau, et parmi les premiers, un ancien président de l'UMP, Jean-François Copé, replié dans "sa" ville de Meaux, qui voit en Bruno Retailleau le candidat idéal non seulement à la présidence de LR mais aussi à la Présidence de la République. Son avantage, c'est qu'il capte un électorat tenté par le RN. Remettre Laurent Wauquiez à la tête de LR serait d'ailleurs le meilleur moyen de transformer ce grand parti d'élus (encore) en une secte crépusculaire. Si ce dernier ne veut pas de guerre des chefs, il y a une solution très simple, il lui suffit de s'effacer derrière Bruno Retailleau.
     

     
     


    De toute façon, il y a des trains à ne pas rater. Aujourd'hui, il y a un moment Retailleau, et le principal concerné en est bien conscient. Pour François Bayrou, cela lui permet de renforcer la solidarité gouvernementale. L'objectif du Premier Ministre, lorsqu'il a constitué son gouvernement, c'était d'impliquer tous les chefs de parti pour éviter le désordre entre les partis gouvernementaux qui avait pourri l'action du gouvernement Barnier. Et puis, il faut bien le dire, Bruno Retailleau, c'est le seul dirigeant de LR qui reste encore audible par les Français. Les autres ont fait leur temps.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'analyse de Bruno Retailleau après les élections de 2024.
    Le candidat de l'unité ?
    Bruno Retailleau.
    Jean Tiberi.
    Édouard Philippe.
    Nicolas Sarkozy.
    Laurent Wauquiez.
    Aurore Bergé.
    Alain Peyrefitte.
    La sagesse inattendue de Jean-François Copé.
    Yvon Bourges.
    Christian Poncelet.
    René Capitant.
    Patrick Devedjian.

     


     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250212-retailleau.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/lr-bruno-retailleau-lance-l-259265

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/12/article-sr-20250212-retailleau.html



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  • Les 20 ans de la loi handicap du 11 février 2005

    « Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l'ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l'accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. L'État est garant de l'égalité de traitement des personnes handicapées sur l'ensemble du territoire et définit des objectifs pluriannuels d'actions. » (Article 2 de la loi handicap).





     

     
     


    La première véritable loi de solidarité avec les personnes en situation de handicap a été promulguée il y a vingt ans. Il s'agit de la loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, appelée également "loi handicap".

    Elle a été signée par Jacques Chirac (Président de la République), Jean-Pierre Raffarin (Premier Ministre), et vingt-deux ministres dont Dominique de Villepin (Intérieur), François Fillon (Éducation nationale), Jean-Louis Borloo (Travail et Emploi), Philippe Douste-Blazy (Santé), Dominique Perben (Justice), Hervé Gaymard (Économie et Finances), Gilles de Robien (Équipement et Aménagement du Territoire), Renaud Dutreil (Fonction publique), Dominique Bussereau (Agriculture), Renaud Donnedieu de Vabres (Culture), Christian Jacob (Commerce), Jean-François Copé (Budget), François d'Aubert (Recherche), Gérard Larcher (Travail), Marc-Philippe Daubresse (Logement), Marie-Anne Montchamp (Personnes handicapées), Catherine Vautrin (Personnes âgées), Éric Woerth (Réforme de l'État) et François Goulard (Transports).

    Comme on le voit, cette loi handicap était l'affaire de tout le gouvernement, et c'est normal car il y a des implications dans tous les domaines. Bien que tardive en France, elle est le résultat de la forte volonté politique du Président de la République. En effet, au début de son second mandat, le 14 juillet 2002 à la télévision, Jacques Chirac avait défini quatre priorités consensuelles pour la société française : la sécurité routière, la lutte contre le cancer, la lutte contre les maladies neurodégénératives et la solidarité et l'insertion des personnes en situation de handicap. Ce dernier sujet a préoccupé Jacques Chirac toute sa vie, et notamment au début de sa carrière politique.

    L'article 2 définit d'abord ce qu'est une situation de handicap : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. » (Article L. 114 du code de l'action sociale et des familles). Il faut noter une grande évolution qui peut avoir des conséquences sur la prise en charge médicale, à savoir la différenciation entre handicap psychique (provenant d'une maladie psychique) et handicap mental (provenant d'une altération des capacités intellectuelles).

     

     
     


    Ce même article proclame ensuite un droit général de solidarité : « Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l'ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l'accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. L'État est garant de l'égalité de traitement des personnes handicapées sur l'ensemble du territoire et définit des objectifs pluriannuels d'actions. » (Premier alinéa de l'article L. 114-1).

    Enfin, l'article 2 proclame aussi que les personnes en situation de handicap doivent pouvoir vivre de manière la plus proche d'une personnes qui ne l'est pas : « À cette fin, l’action poursuivie vise à assurer l’accès de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte handicapé aux institutions ouvertes à l’ensemble de la population et son maintien dans un cadre ordinaire de scolarité, de travail et de vie. Elle garantit l’accompagnement et le soutien des familles et des proches des personnes handicapées. » (Second alinéa de l'article L. 114-1).

    En d'autres termes, la loi définit l'idéal, à savoir que les enfants en situation de handicap, par exemple, soient scolarisés dans les mêmes établissements scolaires que les autres. C'est à l'école qu'on se forge le regard sur l'Autre, et si un enfant qui est en fauteuil roulant aide un camarade en mathématiques parce qu'il est plus fort que lui, alors, les inégalités ne seront pas vécues seulement dans un seul sens, un enfant en situation de handicap peut apporter autant voire plus aux autres qu'un enfant dit "normal" (mot très mauvais car il faudrait définir ce qu'est la "normalité" chez un être humain). Je préfère donc le mot "ordinaire" plus consensuel.
     

     
     


    Bien sûr, la différence entre l'idéal et la réalité, c'est souvent des enjeux de moyens, c'est-à-dire, de budget : en l'occurrence, pour permettre d'intégrer beaucoup d'enfants de situation de handicap (pas tous, certaines pathologies sont incompatibles) dans les salles de classe ordinaires, il faut recruter beaucoup d'assistants (et assistantes ici), et que ce soit une filière professionnelle à part entière, avec une carrière et une rémunération en conséquence.

    En clair, la loi handicap a d'abord un double objectif de sensibilisation : le regard de tous les Français sur les personnes handicapées (et l'idée que tout le monde peut être ou devenir, temporairement ou définitivement, une personne en situation de handicap) et le regard des employeurs avec une obligation de recruter des personnes en situation de handicap. Insérer les personnes handicapées dans la société signifie d'abord les insérer dans les structures de formation (école, université, formation continue) et les insérer dans le marché du travail. Comme toujours, il y a le souhaitable, l'idéal, et il y a le possible, la réalité. En fonction du type de handicap, l'insertion se fera plus ou moins facilement. La loi n°85-517 du 10 juillet 1987 imposait déjà aux employeurs une obligation d'emploi de 6% de l'effectif salarié au bénéfice des travailleurs handicapés (remarquons que cette loi a été adoptée alors que Jacques Chirac était Premier Ministre).

    La loi suppose entre autres une accessibilité généralisée dans la société (habitations, bâtiments publics, entreprises, établissements culturels et de loisirs, etc., mais aussi un accès pour utiliser Internet) et un droit à compensation des conséquences du handicap, traduit principalement à l'allocation aux adultes handicapés (AAH).

     

     
     


    En 2022, la DREES a publié un document qui indiquait qu'il y avait en France, en 2019, selon les modes de calcul, entre 2,8 et 9,0 millions de personnes de 15 ans et plus vivant hors institution, en situation de handicap, plus 140 000 personnes, enfants et adultes, vivant dans un établissement spécialisé. Cela correspond à une part non négligeable de la population française (environ 17% de la population de 15 ans et plus, et 30% pour les 60 ans et plus, ce qui rappelle la nécessité d'une branche Autonomie de la Sécurité sociale).

    C'est dans l'esprit de la loi handicap que le Président Emmanuel Macron a présenté de nouvelles mesures en faveur de l'insertion et de la solidarité à l'occasion de son quinzième anniversaire le 11 février 2020. C'était juste avant la crise pandémique du covid-19. Et maintenant, où en sommes-nous ?


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Les 20 ans de la loi handicap du 11 février 2005.
    Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (version consolidée au 11 février 2025).
    Fac-similé du Journal officiel de la République française du 12 février 2005.
    Un débat électoral où le handicap était prétexte à une colère politicienne.
    Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap.
    L’allocation aux adultes handicapés (AAH) et maladresse politique.
    Éric Zemmour et les enfants en situation de handicap.
    Le handicap ? Parlons-en !


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250211-loi-handicap.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/les-20-ans-de-la-loi-handicap-du-259171

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/11/article-sr-20250211-loi-handicap.html






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  • 4 motions de censure et pas d'enterrement !

    « Nous venons donc de franchir le troisième obstacle de ce parcours qui, non sans raison, paraîtra interminable à certains. » (François Bayrou, le 10 février 2025 dans l'hémicycle).





     

     
     


    Dans l'indifférence médiatique générale, la quatrième motion de censure déposée par le groupe insoumis à l'encontre du gouvernement Bayrou a été rejetée ce lundi 10 février 2025 vers 16 heures 15. Elle était consécutive à l'engagement de la responsabilité, selon l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, du Premier Ministre François Bayrou déclaré le 6 février 2025 sur la deuxième partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS), la partie Recettes.

    Au fil des motions de censure, le nombre de votes se réduit de plus en plus. Ainsi, seulement 115 députés (sur 576 au total) ont voté cette motion de censure, alors qu'il fallait au moins 289 votes. L'analyse du scrutin (n°739) montre que ces 115 députés se sont répartis ainsi : 71 insoumis (sur 71), 31 écologistes (sur 38), 12 communistes (sur 17) et 1 socialiste (sur 66). Il y a un visible relâchement dans la gauche non socialiste, par lassitude sans doute.


    De toute façon, le résultat ne laissait planer aucune incertitude dans la mesure où les groupes PS et RN avaient annoncé qu'ils ne voteraient pas la censure. François Bayrou peut être satisfait de cette avant-dernière étape de ce long marathon budgétaire.
     

     
     


    C'est Nadège Abomangoli, députée insoumise et par ailleurs vice-présidente de l'Assemblée, qui a présenté cette nouvelle motion de censure, et elle a commencé par dire n'importe quoi : « Nous sommes ici pour censurer le gouvernement le plus antisocial et le plus réactionnaire de la Cinquième République. ». Ce qui est excessif est toujours insignifiant, et il ne faut pas oublier que François Bayrou est un centriste démocrate chrétien et n'a rien d'antisocial ni de réactionnaire. Pour les insoumis, le niveau de "sociabilité" d'un budget se mesure au nombre de prélèvements obligatoires ; plus les impôts, les taxes, les cotisations sont élevés, plus le gouvernement est social !

    Au contraire, tout l'enjeu du gouvernement Bayrou, c'est de réduire les dépenses publiques, sans pour autant supprimer le modèle social, pour lui permettre de poursuivre le modèle social, qui ne peut être durable que s'il est financé complètement, hors de l'endettement et hors de prélèvements obligatoires supplémentaires dont la France est déjà championne du monde.

    L'oratrice de FI en a profité pour critiquer la neutralité des socialistes : « Certains, au parti socialiste, expliqueront que des compromis ont été trouvés et que le texte est plus acceptable que celui présenté par Michel Barnier. Balivernes ! Ce budget multiplie les trompe-l’œil. Ainsi, on nous indique que l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) augmentera de 3,3% ; néanmoins, c’est moins que l’évolution tendancielle ! En définitive, cette prétendue augmentation revient à opérer une coupe budgétaire de 4 milliards. On nous explique aussi que le reste à charge pour les soins ne sera pas revu à la hausse, mais les cotisations des complémentaires santé, elles, augmenteront, puisque 1,1 milliard d’euros seront prélevés sur les mutuelles. Vous donnez d’une main et reprenez de l’autre. Bref, vous ne changez rien ! Nous savons que nous pouvons faire autrement et qu’un autre budget de la sécurité sociale est possible. (…) Il faut gouverner en partant des besoins. Pour vivre mieux. ».


     

     
     


    Et Nadège Abomangoli vit toujours sur son petit nuage du rêve de la nouvelle farce populaire (NFP) : « Au fond, la question qui se pose n’est pas tant celle du budget de la sécurité sociale que celle du respect de la volonté du peuple. Car ce budget est le fruit d’un péché originel : le vol des élections législatives des 30 juin et 7 juillet derniers. Des élections au cours desquelles le nouveau front populaire l’a emporté et au cours desquelles le peuple a balayé le macronisme ainsi que l’extrême droite. Et voilà qu’après un tour de passe-passe, nous nous retrouvons avec un gouvernement macroniste, soutenu par l’extrême droite, et qui a obtenu le soutien sans participation du Parti socialiste. Jamais nous n’accepterons un tel déni de démocratie ! La question qui est posée, c’est celle de la défense de la République contre un pouvoir qui la piétine ; un pouvoir qui parle et qui agit comme le Rassemblement national. (…) Ne pas censurer, c’est laisser un gouvernement illégitime agir. C’est accepter le hold-up antidémocratique contre le résultat des élections législatives, renier l’engagement pris devant les électeurs en juillet dernier, choisir une nouvelle forfaiture après le référendum de 2005 et après le quinquennat de M. Hollande, discréditer de nouveau la gauche et cracher au visage du peuple. Ne pas censurer, c’est laisser faire ceux qui détruisent la République, divisent le peuple et rabougrissent la France. ».

    Réalité alternative ! Ce n'est pas parce que Jean-Luc Mélenchon l'a proclamé le dimanche 7 juillet 2024 à 20 heures 01 que c'est vrai. Rappelons inlassablement que l'ensemble des formations macronistes et de LR représente plus de députés que l'ensemble NFP, d'une part, et que le NFP n'existe plus puisque les socialistes se sont désolidarisés de leurs partenaires insoumis dans leurs votes, d'autre part. La preuve, c'est que si le NFP avait gagné comme la députée FI l'a prétendu, son candidat commun au perchoir André Chassaigne aurait été élu le 18 juillet 2024, ce qui n'a pas été le cas. Il existe donc une majorité relative EPR, HOR, MoDem et LR, certes très faible, mais suffisante pour sauvegarder, temporairement, ce gouvernement, et pour voter, bientôt, l'ensemble des budgets pour 2025.

    L'orateur suivant était Jérôme Guedj, député socialiste, qui a expliqué les raisons de sa non-censure, en donnant un exemple, entre autres, de convergence avec la politique de l'actuel gouvernement : « Année après année, nous expliquons à cette tribune que le projet de loi de financement de la sécurité sociale n’est plus le bon outil pour réfléchir aux besoins de solidarité et d’intervention publique en matière de politique familiale, de vieillesse, d’assurance maladie ou encore d’accidents du travail. Cette logique exagérément comptable fait peser une chape de plomb sur les besoins de la population. (…) Le PLFSS n’est donc plus le bon outil. Dans votre discours de politique générale, monsieur le Premier Ministre, vous avez indiqué qu’il fallait le dépasser et vous avez ouvert la piste d’une loi de programmation pluriannuelle en matière de santé. C’est heureux, car elle est demandée sur tous ces bancs. Nous devons désormais savoir comment nous nous y prendrons pour élaborer ce qui sera non pas une loi calicot, j’ai lu dans la presse que vous n’aimiez pas les grandes lois, les lois "banderoles" ou "calicots". Pourtant, nous avons besoin d’un cadre, en particulier en santé, afin de partir des besoins de la population, de disposer d’indicateurs de santé publique ou de réduction de la prévalence pour, en face, dégager les moyens correspondants. (…) Monsieur le Premier Ministre, nous avons négocié ce projet de loi de financement de la sécurité sociale. Nous n’avons pas la négociation honteuse, nous n’aurons donc pas la non-censure honteuse. Ce texte est moins mauvais que celui de votre prédécesseur, mais il n’est pas bon pour autant. La censure et la négociation ont abouti à des évolutions à hauteur de 6 milliards d’euros. ».


     

     
     


    Mais cela n'a pas empêché que le PS soit resté dans l'opposition : « Votre projet de loi ne part pas suffisamment des besoins et se focalise exagérément sur les moyens. Lorsque vous appréhendez la sécurité sociale sous le seul prisme des moyens, vous n’avez comme seules solutions que de dégager des ressources ou de faire des économies. Vous avez opté de manière brutale et indifférenciée pour la logique des économies sans que celles-ci soient ciblées ou intelligentes, oserais-je dire. Nous ne sommes pas hostiles à questionner l’efficience de la dépense publique, comme il se doit pour toute dépense publique. Assurément, des économies sont possibles. Il y a des rentes de situation et une financiarisation du monde de la santé et du secteur médico-social. Il n’est pas acceptable que l’argent public permette à certains opérateurs de dégager des marges de profit. Certaines prescriptions sont redondantes et la pertinence de certains soins n’est pas questionnée. Nous sommes prêts à travailler sur tous ces sujets, mais le chantier n’est pas ouvert comme il devrait l’être. (…) Nous avons besoin, même si je n’aime pas les termes grandiloquents, d’un Grenelle du financement de la sécurité sociale pour poser tous les sujets sur la table. ».

    Et de lâcher un petit mot pour faire plaisir à ses camarades insoumis, une menace même : « Le compte n’y est toujours pas, cependant. Ce budget n’est pas juste, c’est juste un budget. C’est la raison pour laquelle nous ne le censurerons pas. Mais nous vous le disons les yeux dans les yeux, monsieur le Premier Ministre : à tout moment, nous pouvons censurer votre gouvernement s’il s’éloigne de votre promesse originelle de construire un compromis avec celle des forces qui le veulent bien, mais sans céder une seule parcelle de terrain à l’extrême droite qui veut prendre le point dans la période. Nous ne censurons pas mais nous demeurons vigilants et exigeants. ».

    Pour les écologistes, Sandrine Rousseau est restée sur le registre de politique politicienne qui n'intéresse pas les Français : « Monsieur le Premier Ministre, vous jouez avec la démocratie comme un chat joue avec une souris. Je vous en veux d’agir ainsi. Je vous en veux d’avoir comme seul et premier objectif de fracturer la gauche, comme si c’était le seul horizon de vos ambitions politiques : fracturer la gauche pour gagner de l’espace. Quel est votre projet politique, mis à part celui de durer ? Quelle est votre ambition politique, si ce n’est votre ambition personnelle ? Qui représentez-vous, si ce n’est l’ersatz d’un Président en perte de vitesse ? (…) Mais qu’en est-il de votre cap ? Qu’en est-il de votre camp ? Qu’en est-il des glissades, plus rapides que celles des pingouins sur la banquise, vers l’extrême droite ? Vous jouez. Depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, c’est votre marque principale : vous jouez. Vous jouez avec les articles de la Constitution qui vous permettent de contourner le Parlement ; vous jouez avec le Parlement et la démocratie ; vous jouez avec la gauche ; vous jouez avec l’extrême droite. Au fond, vous jouez avec le peuple et à la fin, vous vous jouez de lui. ».

    Quant à Laurent Jacobelli, pour le groupe RN, il a rappelé que non-censure pouvait rimer avec opposition : « Les jours se suivent et se ressemblent : une fois de plus, nous sommes réunis pour statuer sur une nouvelle prolongation de votre période d’essai, monsieur le Premier Ministre, la période d’essai d’un gouvernement sans cap ni vision, construit de bric et de broc, dépourvu d’assise démocratique et donc réduit à l’impuissance politique. (…) La situation est tellement critique, monsieur le Premier Ministre, que vous avez vous-même parlé d’Himalaya budgétaire pour faire adopter vos textes. Pour arriver au sommet de cet Himalaya, en plein cœur de l’hiver technocratique dans lequel Emmanuel Macron nous a plongés, vous avez fait de bien curieux choix en prenant François Hollande comme sherpa et le parti socialiste comme boussole. L’histoire a prouvé que le socialisme ne pouvait mener qu’à une montagne de dettes, à un gel des investissements et à une fonte accélérée du pouvoir d’achat des Français. ».

     

     
     


    L'orateur du RN s'est permis le luxe de citer les fondateurs de la Cinquième République : « Maintenant que ce constat est fait, maintenant que nous savons que votre budget est un mauvais budget, vous le dites vous-mêmes, la vraie question n’est pas de savoir si l’on doit censurer ce budget, nous aurions mille raisons de le faire et, pour ne rien vous cacher, nous en aurions très envie... Non, la vraie question est la suivante : pouvons-nous espérer un meilleur budget dans les semaines à venir, si jamais nous décidions de censurer ? Chers collègues, soyons lucides : la réponse est non. Nous savons que censurer ce gouvernement et ce budget désastreux ne ferait que plonger à nouveau le pays dans un interminable vaudeville, avec son lot de courtisans prêts à tous les compromis, son lot de partis moribonds prêts à vendre leurs électeurs, je pense à M. Wauquiez et à M. Faure, son lot de vieilles gloires déchues, avides de retrouver la lumière. Un spectacle ridicule, dont on connaît déjà la chute : la constitution d’un gouvernement sans queue ni tête, le bricolage d’une majorité introuvable, la négociation d’un budget sans cap ni cohérence. Soyons francs : aucun Français ne veut revivre cette mascarade. À quoi bon voter une censure qui changerait le casting de ce mauvais mélo, mais pas son scénario, un scénario macroniste, dont les Français ne veulent plus. Je sais, chers collègues d’extrême gauche, que notre décision de ne pas censurer vous irrite, mais laissez-moi vous rappeler une vérité que vous semblez oublier. La différence fondamentale entre le Rassemblement national et le nouveau front populaire, ou ce qu’il en reste, c’est que, contrairement à vous, nous n’avons pas la censure expiatoire ! Nous n’avons pas à nous racheter du péché originel qui vous hante : celui d’avoir fait élire Emmanuel Macron en 2017, puis en 2022, puis de l’avoir sauvé, lors des législatives, en vous désistant pour M. Gérald Darmanin et Mme Élisabeth Borne. Honte à vous ! Oui, c’est la vérité ! D’ailleurs, une censure aujourd’hui serait impossible à cause de vos alliés socialistes, ceux-là mêmes que vous avez fait élire dans des dizaines de circonscriptions, avant qu’ils ne se précipitent pour vendre leur âme contre un plat de lentilles à Emmanuel Macron. Aviez-vous oublié qu’avec les socialistes, c’est la grande braderie permanente ? Convictions en solde, principes au rabais ! L’histoire du PS n’est qu’un éternel recommencement : toujours socialiste trahit, bien fol est qui s’y fie ! Prenons soin de notre Cinquième République, celle du général De Gaulle et de Michel Debré. La censure n’est pas un jouet politique que l’on agite comme un enfant capricieux. On ne la manie pas à la légère ; on ne la brandit pas pour le spectacle, aussi piteux soit-il ! On ne s’en saisit qu’avec la main tremblante, conscient de la gravité de l’acte et du poids qu’il fait peser sur la stabilité du pays. Nous, nous sommes une opposition déterminée et responsable, et les Français savent pouvoir compter sur le Rassemblement national pour les défendre. ».

    Mais Laurent Jacobelli s'est permis aussi de fustiger ses adversaires insoumis : « Contrairement aux cheguevaristes d’opérette,aux révolutionnaires subventionnés, aux porte-voix du Hamas, des Comores ou de l’Algérie, nous nous sommes battus pour sortir les Français des griffes fiscales qui rongent leur pouvoir d’achat et sclérosent leurs initiatives. Vous, collègues d’extrême gauche, si vous votez cette censure, c’est parce que vous voulez toujours plus noyer les Français sous les taxes, les tondre jusqu’à la dernière mèche. Pour vous, la prospérité est suspecte, le mérite est un sacrilège, la réussite est un délit. Vous ne voyez dans le peuple qu’une masse à cornaquer, un contribuable à ponctionner. (…) Votre modèle à tous ne semble pas être l’enrichissement collectif, mais la misère partagée. ».


    La réponse de François Bayrou a été assez simple : « À entendre les orateurs qui ont présenté cette motion avec modération et nuance, on n’avait guère le sentiment d’un enjeu immédiat touchant la totalité de nos concitoyens, en particulier les plus fragiles, en difficulté ou frappés par la maladie. Eux ont un besoin urgent, immédiat que les dépenses sociales soient financées. Tel est exactement le but du travail conduit par le gouvernement, par les parlementaires de la majorité et par ceux qui, sans faire partie de la majorité, ont accepté de dialoguer, de sorte que nous obtenions enfin le texte et les décisions dont nous avons besoin. ».
     

     
     


    Les nouvelles mesures du PLFSS sont notamment : « une nouvelle étape des allégements généraux concernant les bas salaires, pour 1,6 milliard ; une hausse des taxes sur les boissons sucrées, qui, si la part du sucre dans certaines boissons ne diminue pas, rapportera 200 millions ; une hausse également, pour le même produit, des taxes sur les jeux ; enfin une imposition portant sur les attributions d’actions gratuites, pour environ 500 millions. Ces montants nous permettent d’envisager un effort important en matière de prévention, une politique déterminée de lutte contre la fraude, une meilleure mutualisation des informations entre organismes de sécurité sociale, un élargissement du droit de communication aux organismes de recouvrement, notamment afin de lutter contre le travail dissimulé. Comme cela a été dit plusieurs fois, le gouvernement n’a pas souhaité reprendre la proposition, émise au Sénat, d’une nouvelle journée de solidarité, en dépit du fait que celle-ci aurait rapporté 1,8 milliard : nous n’aimons pas l’idée d’un travail non rémunéré. Il nous faudra toutefois poser un jour réellement la question, non résolue, du financement de l’autonomie et de la dépendance. Enfin, en raison de ce que l’on appelle en termes parlementaires la règle de l’entonnoir, nous n’avons pu intégrer au texte le prélèvement sur les complémentaires santé qui visait à compenser la hausse des tarifs de ces dernières, conséquence du projet d’augmentation du ticket modérateur. Cette question, elle aussi, sera de nouveau posée lorsque nous considérerons l’avenir de notre système de santé. ».

    Le Premier Ministre a rappelé que dans le texte présenté, le montant des recettes s'élève à 644,5 milliards d'euros et le montants des dépenses à 666 milliards d'euros, soit un déficit de 22,2 milliards d'euros. Ce qui lui a fait dire : « Ce constat me permet de donner raison à tous ceux qui, à la tribune, ont plaidé pour que notre vision soit différente à l’avenir, que nous envisagions autant que possible des trajectoires de retour à l’équilibre, du moins de quête d’un équilibre d’année en année amélioré et non détérioré. Je l’affirme avec certitude, nous devrons entamer ce travail dès le lendemain de l’adoption du texte. Nous avons devant nous une tâche immense : penser pour l’avenir, je le répète, des trajectoires budgétaires différentes de celles que nous avons connues jusqu’à présent. ».
     

     
     


    Après le vote et le rejet de cette motion de censure, François Bayrou a engagé une quatrième fois la responsabilité de son gouvernement selon l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter la troisième et dernière partie du PLFSS, celle des Dépenses : « Ce cycle s’est avéré aussi difficile que long, mais les efforts de dialogue qui ont été consentis ont porté leurs fruits et abouti à un meilleur équilibre. On peut en retenir trois points saillants. D’abord, en matière de dépenses, il n’y a pas eu de désindexation des pensions de retraite sur l’inflation. Ensuite, il n’y a eu déremboursement ni des consultations médicales ni des médicaments. Enfin, madame la ministre Catherine Vautrin, le soutien aux hôpitaux publics et aux EHPAD a été acquis par une augmentation de l’Ondam, l’objectif national de dépenses d’assurance maladie, de 3,4% et même, pour les hôpitaux, de 3,6%. La discussion parlementaire a permis à d’autres avancées, par exemple un effort en faveur des personnes victimes de violences sexuelles, un accès facilité à la kinésithérapie et une amélioration de la pertinence des soins ou encore de la lutte contre les pénuries de médicaments. Cette ultime étape est très importante. Si elle n’était pas franchie, tous les efforts consacrés à l’élaboration du budget de la sécurité sociale seraient vidés de leur sens. ».

    La dernière étape de ce marathon budgétaire devrait donc avoir lieu mercredi 12 février 2025 avec l'examen d'une nouvelle motion de censure contre le PLFSS. En cas de rejet de celle-ci, le budget de la Sécurité sociale sera réputé avoir été adopté par l'Assemblée Nationale et François Bayrou aura rempli complètement sa première mission, doter d'un budget l'État et la Sécurité sociale avant la fin du mois de février 2025 (après l'adoption également par le Sénat).



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (10 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    4 motions de censure et pas d'enterrement !
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
    François Bayrou, le début du commencement.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.

     

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250210-motion-de-censure.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/4-motions-de-censure-et-pas-d-259238

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/10/article-sr-20250210-motion-de-censure.html



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  • Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !

    « Ce que je veux vous dire ce soir, c'est qu'on est dans une nouvelle ère de progrès. La France, l'Europe peuvent y être championnes ! » (Emmanuel Macron, le 9 février 2025 sur France 2).




     

     
     


    Quoi ?! Panique dans les salles de rédaction : Emmanuel Macron allait s'exprimer dimanche soir à la télévision, qu'allait-il annoncer ?! Tout de suite, la piste d'un référendum était suivie. Un référendum sur quoi ? L'immigration ? Cela ne signifierait rien, avec quelle question : êtes-vous pour ou contre l'immigration ? C'est comme poser la question : êtes-vous pour la pluie ou pour le soleil ? Alors, les services de l'Élysée ont mis les journalistes sur la voie : le référendum porterait sur l'intelligence artificielle. Silence dans les rangs.

    C'est vrai que le Président de la République semble s'ennuyer. Répondre à un internaute sur le paiement par smartphone dans les péages d'autoroute, évoquer la rénovation du Louvre, insister sur le financement du sport, et ce dimanche 9 février 2025 à 20 heures 30, sur France 2, présenter l'important Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle les 10 et 11 février 2025 au Grand Palais à Paris. Il a pourtant raison de se préoccuper, et avec lui la France, l'Union Européenne et la plupart des pays du monde, des avancées de l'intelligence artificielle et l'importance stratégique d'innover rapidement dans ce domaine. Aux États-Unis, Donald Trump a réuni les grandes entreprises de son pays pour des investissements massifs, de l'ordre de 500 milliards de dollars, c'est dire l'importance !

    C'était donc le thème de l'interview présidentielle diffusée après le journal du dimanche soir. Le Président de la République était interrogé par le journaliste Laurent Delahousse, et aussi par Palki Sharma Upadhyay, journaliste indienne vedette de First Post, qui a une très forte audience en Inde. L'interview de trente-sept minutes s'est déroulée dans le cadre splendide du Grand Palais où se tient le Sommet pour l'intelligence artificielle.

    Ce sommet a été un dada du Président français. En colère que le premier sommet n'ait pas été organisé par la France en 2023 (le Royaume-Uni l'a organisé en 2023 et la Corée du Sud en 2024), Emmanuel Macron voudrait capitaliser sur ce troisième sommet. C'est un moyen également de revenir dans le jeu diplomatique puisque ce sera l'occasion de retrouver ses homologues qui feront le déplacement, en particulier Narendra Modi (Premier Ministre de l'Inde), Olaf Scholz (Chancelier allemand), Justin Trudeau (Premier Ministre canadien), Zhang Guoqing (Vice-Premier Ministre chinois), J. D. Vance (Vice-Président des États-Unis), Ursula von der Leyen (Présidente de la Commission Européenne) et Antonio Guterres (Secrétaire Général de l'ONU).

     

     
     


    Au-delà de l'aspect pédagogique sur les enjeux de l'intelligence artificielle et les atouts de la France (que Sam Altman, le patron d'OpenIA, a reconnus dans une tribune au journal "Le Monde"), Emmanuel Macron voulait annoncer l'information capitale du jour : la France investira dans les années venir 109 milliards d'euros pour des projets d'innovation sur l'intelligence artificielle. Il ne faut pas se méprendre sur l'annonce, il s'agit généralement d'argent extérieur au budget de l'État, soit privé (grandes entreprises) soit de pays étrangers (comme le Qatar) finançant des projets français.

    Pour Emmanuel Macron, cette somme est à la hauteur des enjeux actuels : « Pour nous, la France, on a annonce demain, à ce Sommet, 109 milliards d'euros d'investissement dans l'intelligence artificielle sur les prochaines années. Qu'est-ce que c'est ? C'est exactement l'équivalent, pour la France, de ce que les États-Unis ont annoncé avec Stargate, c'est 500 milliards. C'est le même rapport. 109 milliards ! ». Le rapport par rapport à la population, à la différence près qu'il me semble qu'il y a erreur sur l'unité monétaire (non précisée par le Président), car les investissements américains, ce sont 500 milliards de dollars et pas d'euros.

     

     
     


    Mais revenons au début. Emmanuel Macron a tenu surtout à préciser que la France était capable de relever le défi mondial de l'intelligence artificielle : « D'abord, on doit être dans la course ! (…) Avant de savoir comme on régule, il faut savoir se dire : nous, on veut en être et on veut inventer des solutions, des technologies, sinon, on va dépendre des autres. ».

    C'est sans doute l'un des points les plus importants de chercheurs et des industriels, la régulation tue l'innovation : « Le défi des Européens, c'est quoi ? (…) Si on régule avant d'innover, on n'aura pas d'innovation. Et on dira : on a une super-régulation en Europe, mais on n'a pas un seul acteur. (…) Dans ce cas-là, on se coupera de l'innovation. C'est tout le dilemme qui est le nôtre. (…) Nous, notre première bataille en tant qu'Européen, c'est investir, investir, investir. ». D'où les 109 milliards d'euros.

    La petite blague aux États-Unis, c'est : l'innovation se fait aux États-Unis, les Chinois la copie, et les Européens la régulent (à la grande joie des Américains, bien sûr !).

    C'est vrai que pour toute innovation, il faut réguler car il faut protéger les personnes et les entreprises. Pour l''intelligence artificielle, il y a de nombreuses menaces, bien sûr, mais peut-être que les plus grandes menaces ne sont pas encore totalement connues. Les dangers sur les mensonges, la désinformation, la haine et, accessoirement, les droits d'auteur sont classiques et ne devraient pas différer de sanction avec d'autres supports, la loi reste la loi.

    D'ailleurs, Emmanuel Macron avait publié quelques heures avant la diffusion de son interview une petite vidéo humoristique où il a pris ce que les réseaux sociaux avaient fait de son image, acceptant simplement ce dénigrement gentillet, pour lancer le débat et donner la mesure des possibilités qu'offre l'intelligence artificielle générative et donc également ses risques. Un humour pas du tout du goût de Palki Sharma qui a lâché : « Ce n'est pas drôle, ce n'est pas drôle ! ».





    Le Président de la République a surtout voulu montrer tout l'intérêt de l'intelligence artificielle dans tous les domaines. Son credo, c'est que c'est un outil, et comme tous les outils, c'est la manière de s'en servir qui est importante.

    Il a ainsi désamorcé les mythes en réduisant son importance intrinsèque : « Il faut les penser comme des assistants. Et donc l'intelligence artificielle, ça ne va jamais remplacer l'homme, ce n'est pas vrai, je ne crois pas du tout à cela. (…) Il faut s'y préparer, donc, d'abord, il faut se former (…). En France, aujourd'hui, on forme 40 000 jeunes par an, on va monter à 100 000 jeunes par an. ».

    De même, Emmanuel Macron a affirmé que cela ne créerait pas de chômage, pas plus que toutes les innovations. Il en a même donné la preuve avec une précédente révolution, celle des robots dans l'industrie : « Je ne fais pas du tout partie de ceux qui pense que ça va tout remplacer. Je fais une parenthèse. On a déjà vécu ce débat. Quand les robots sont arrivés, on a eu ce débat dans les années 90 en France. On a dit : les robots vont remplacer les salariés. On a beaucoup plus bloqué les robots dans nos industries qu'ailleurs. Et bien, ce faisant, on a plus désindustrialisé. Là où on a mis le robot, et d'ailleurs, on est en train de corriger cet écart depuis quelques années en France, là où on met le robot, eh bien, nos ouvriers, nos salariés, qui sont formés, ils pilotent le robot, ils ont beaucoup moins de troubles squelettiques, ils ont un temps qui est dégagé, ils regardent la qualité, ils permettent d'avoir dans notre pays beaucoup plus de valeur qui est créée. ».

    Bien sûr, certains métiers vont disparaître, mais d'autres vont apparaître, comme dans toute évolution. Après tout, l'électricité a exclu les allumeurs de réverbères, et bien d'autres innovations, le tracteur, la calculatrice voire le logiciel Excel, etc. Pour autant, il y a toujours des agriculteurs, des comptables, etc.

    Le message du Président, c'était donc de dire qu'une fois le professionnel déchargé de tâches sans intérêt, il pourra se concentrer sur des fondamentaux. Ainsi, l'avocat ne fera plus de recherche de jurisprudence (lourdes et longues) dans une affaire qu'il a à traiter, il pourra se consacrer plus intensément à certains sujets difficiles, prendre plus de temps pour les explications, ou pour comprendre son client. Idem pour tous les professions médicales, le radiologue prendra moins de temps à lire un cliché IRM et il pourra passer plus de temps avec ses patients.

    En résumé, cela va transformer, mais pas supprimer de nombreux emplois : « Ça va transformer nos métiers. (…) Ça va donner plus de temps, aux personnes, pour encadrer le robot, mais pour aussi être plus présent humainement. (…) Ça va redonner de l'espace pour mieux faire. (…) L'intelligence artificielle, elle va permettre de déléguer certains de ces tâches, mais elle permettra de remettre de l'humain. Ce n'est pas un robot ou un assistant d'intelligence artificielle qui aura la bienveillance d'un appel téléphonique, d'un contact physique, du soin qu'on met avec une personne qui est âgée ou qui est en situation de handicap. ».
     

     
     


    Devenu ambassadeur de la technologie française (il a encouragé très vivement à utiliser le chat de Mistral au lieu de ChatGPT), le locataire de l'Élysée a analysé les besoins de la France en matière d'intelligence artifcielle : « Nous, c'est simple, c'est de dire : la France, l'Europe sont crédibles sur l'intelligence artificielle, nous y croyons, on veut aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort. On est la cinquième puissance sur l'intelligence artificielle, nous, Français. Donc, on a des atouts formidables. (…) La France a des talents, c'est une très grande chance. Derrière, on est en retard sur les data centers, c'est-à-dire, les capacités de calculs. Pour faire tout ça, il faut des supercalculateurs qui vont prendre plein de données et aller très vite. ».

    Et c'est pour cela qu'il faut investir massivement notamment dans les semi-conducteurs pour qu'ils soient les plus puissants et les plus réduits possible. Il y a deux éléments majeurs pour réussir à se doter de supercalculateurs : augmenter la puissance des composants (mais on arrive bientôt à un seuil), et avoir une alimentation en énergie fiable.

    Ce qui a donné l'occasion à Emmanuel Macron d'insister sur la chance du programme nucléaire français (en se trompant un peu sur les dates, puisque ce n'est pas dans les années 1960 que la France a lancé le programme des centrales nucléaires mais en 1974, à l'époque du Premier Ministre Pierre Messmer) : « Nous, en France, on a une avance extraordinaire, c'est qu'on produit l'électricité parmi les plus décarbonées au monde, les plus pilotables et les plus sûres, on a un réseau le plus sûr et le plus stable, et on est exportateur de cette électricité décarbonée. ». Et de rappeler que la France exporte 90 TWh (térawatt heure, 1 téra = 1 000 milliards).

    D'où un avantage compétitif de la France sur les États-Unis, par exemple : « Il n'y a aucun pays européen qui produit autant d'énergie décarbonée en surplus de sa consommation. Donc, nous, quand on fait des data centers en France. Ce n'est pas pareil aux États-Unis, aujourd'hui, ces data centers tournent beaucoup avec du pétrole et du gaz. Ce n'est pas pareil dans plein de pays d'Europe, qui sont encore au charbon et au gaz (…). Quand vous allez faire des data centers chez nous, eh bien, c'est simple, ce sont des data centers propres, parce que notre électricité, elle est propre. (…) Et on ne va pas le faire aux dépens de nos industriels, de nos ménages, de notre consommation, parce qu'on est exportateur. ».


    Il faut néanmoins mettre un bémol sur cet enthousiasme élyséen lorsque le Président a parlé de « data centers propres ». Je ne crois pas du tout qu'ils soient propres, c'est-à-dire écologiques, même alimentés par de l'électricité d'origine nucléaire. En effet, ces centres de calculs sont également très coûteux en eau de refroidissement et leur consommation d'eau est énorme, pouvant mettre à mal l'organisation de certaines villes. La logique serait d'ailleurs d'installer ces grands centres dans des zones d'Arctique ou d'Antarctique.

    En revanche, Emmanuel Macron avait raison lorsqu'il parlait de consommation d'énergie moindre avec les projets français : « Nous, on croit à l'intelligence artificielle plus frugale. C'est ce que les innovations récentes ont montré. Nos modèles consomment moins de données car ils se sont spécialisés. ».
     

     
     


    Aidé du journaliste de France 2, le Président de la République a quand même abordé en fin d'interview des sujets plus politiques et économiques. Il n'a pas hésité à s'inquiéter de certains débats budgétaires : « J'entends beaucoup de débats en France qui paraissent fous. Quand on dit : il faut taxer les entreprises... ».

    Mais la tirade de Bernard Arnault contre la France l'a visiblement agacé. Emmanuel Macron a voulu donc délivrer un message clair à ces grands patrons français : « Soyez patriotes vous-mêmes ! Menez le débat. Expliquez. Je ne vous ai pas assez entendus ces sept dernières années quand on menait des réformes des retraites. Expliquez plutôt tout ce qu'on a bien fait pendant sept ans. Parce que c'est trop facile d'être planqué dans son bureau et de dire : c'est bien, le travail, mais on ne le dit pas trop fort. (…) Et donc je dis : cela fait sept ans qu'on mène une politique de l'offre. Ça veut dire quoi ? On croit à la relance par l'innovation. On n'a jamais autant réindustrialisé le pays. On n'a jamais autant recréé autant d'emplois. On est le premier pays d'Europe sur les start up, l'innovation. On est le premier pays d'Europe sur l'intelligence artificielle. C'est tout notre boulot ! Ça, on va le mettre au service des services publics, de la redistribution, mais il faut surtout, pas seulement le préserver, l'accélérer. ».

    Si on comprend entre les lignes, Emmanuel Macron en a marre du France bashing et si on expliquait un peu mieux les réussites économiques de la France (comme les étrangers savent faire), on aurait peut-être un peu moins de populismes et d'extrémismes à l'Assemblée et on aurait peut-être moins l'obligation de freiner cette politique économique qui, depuis 2017, a rendu la France très attractive économiquement.

    En tout cas, le sujet de la semaine qui vient est bel et bien l'intelligence artificielle. C'était déjà le sujet des derniers Prix Nobels de Physique, de Chimie et de Médecine en octobre 2024. Autant en profiter, car c'est très rare que les médias français s'intéressent (vraiment) à de la science !



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
    François Bayrou, le début du commencement.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250209-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-a-la-television-le-259204

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/09/article-sr-20250209-macron.html



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