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fillette

  • Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !

    « La haine ? Encore une idée. Ce qui n'est pas une idée, c'est le meurtre. » (Albert Camus, 1949).





     

     
     


    Tristesse infinie depuis la découverte du corps de Louise, une collégienne de 11 ans, qui sortait de sa classe de sixième à 14 heures le vendredi 7 février 2025. Depuis, les bouquets de fleurs et les peluches s'amoncellent près du mur du Collège André-Maurois à Épinay-sur-Orge, dans l'Essonne, avec ce petit mot : « Repose en paix Louise, on ne t'oublieras pas ! ». Louise a été retrouvée dans la nuit du vendredi au samedi, hélas sans vie, plusieurs fois poignardée sauvagement, avec beaucoup de violence. C'est ce qui peut arriver de pire pour des parents.

    L'émotion évidemment a fait que ce meurtre a fait la une des journaux depuis ce week-end. Sur certaines chaînes de télévision, comme CNews, il y avait de quoi avoir la nausée en entendant ces soi-disant experts en tout généraliser à outrance, évoquer de manière très générale (et cela à chaque nouveau drame) à quelle point la société a dégénéré, à quel point la société s'est ensauvagée (ensauvagement, c'est même le mot employé par Bruno Retailleau). Et pourtant, faut-il rappeler qu'assassiner sciemment des petits enfants, ce n'est hélas, trois fois hélas, pas une innovation ? Le Petit Grégory s'en retournerait dans sa tombe en entendant autant d'inepties.

    Et puis la recherche du meurtrier a pris le dessus. Le côté feuilleton policier donne également la nausée. Après la garde-à-vue de plusieurs personnes mises ensuite hors de cause, le meurtrier présumé a été arrêté et interrogé. Il a avoué le meurtre ce vendredi 12 février 2025 après des preuves impossibles à rejeter (et après un long silence). La veille, on pouvait prouver que son ADN a été retrouvé sur les mains de Louise.

     

     
     


    Il y a une sorte de clivage démentiel entre le meurtrier et sa victime. Sur les quelques photographies publiées, la fillette paraît très mûre, à l'aise dans la vie, souriante, intelligente, pleine d'avenir. Ce que dit l'enquête, c'est qu'elle aurait résisté avec acharnement, ce que prouvent des marques sur son corps mais aussi celui de son meurtrier. Elle a fait preuve de courage.

    Quant au meurtrier, son nom a été révélé, que je ne souhaite pas écrire ici pour ne pas lui faire de la publicité, mais, comme pour l'assassinat de Lina, l'auteur présumé a un nom bien français, pas du tout étranger. En ce qui me concerne, je me moque du nom, ce que je préfère savoir, c'est pourquoi, mais pour beaucoup de monde ici, en France, l'origine des meurtriers est importante pour démontrer que l'immigration provoque des crimes. Pour Louise, comme pour Lina, ce n'est pas le cas. Pas de possibilité de récupération politicienne, l'air sera plus respirable sur certains plateaux de télévision.

    Lors de sa première conférence de presse le 12 février 2025, le procureur d'Évry Grégoire Dulin a exposé précisément tout ce qui s'est passé du vendredi au mercredi. Il l'a raconté, en lisant, comme on lit la Passion pendant une messe des Rameaux. Ainsi, l'alerte pour la disparition de Louise a été donnée par ses parents dès 15 heures, parce que le smartphone de l'enfant restait éteint. Très vite, le reste de la fratrie a mis des annonces dans les réseaux sociaux, et la police a commencé aussi à s'activer. Tout est allé très vite... mais cela n'a pas suffi à empêcher l'irréparable.


     

     
     


    La motivation de l'auteur présumé n'est pas encore très clairement comprise. D'un naturel violent et agressif (sa propre sœur refusait de le revoir depuis une agression en 2023 suivie d'une main courante), le jeune homme (étudiant en informatique) serait en pleine addiction aux jeux vidéo et il serait sorti dehors le vendredi après-midi après une dispute avec un autre joueur en ligne. Pour "se détendre", il aurait choisi de voler dans son quartier. Il ne connaîtrait pas sa future victime et l'aurait entraînée dans le bois voisin sous prétexte qu'il avait perdu quelque chose. Et il l'aurait menacée d'un Opinel pour lui dérober ses affaires. La fille aurait crié, il l'aurait frappée violemment à plusieurs reprises et aurait ensuite fui.

    Si ces informations étaient confirmées, cela signifierait que Louise s'est seulement trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Le 4 février, l'auteur présumé aurait déjà tenté la même chose mais la potentielle victime avait refusé de le suivre dans le bois.

     

     
     


    Pourquoi les détails d'un tel drame sont-ils importants ? Tous les détails d'un crime, par définition, sont sordides. Mais ils sont importants pour une raison simple : était-il possible de l'éviter ? La puissance publique aurait-elle pu l'éviter ? Et que faire, quelles mesures prendre pour réduire le risque d'un nouveau drame comme celui-ci ?

    C'est bien trop tôt pour répondre, d'autant plus que c'est d'abord le temps de l'émotion, celle de la famille, des amis, des camarade de classe, de tout un collège, une ville, voire un pays. Là, il semble que réduire l'immigration n'aurait pas empêché le crime. Le problème semblerait, à mon sens, triple : d'abord, une addiction aux jeux vidéo qui peut devenir problématique ; ensuite, un problème de santé mentale pour le meurtrier présumé qui n'a jamais été traité, et il ne doit pas être seul dans ce cas, il faudrait savoir si l'obsession des jeux vidéo peut entraîner une telle éruption de haine et de violence ; enfin, l'encadrement des enfants qui rentrent de l'école doit sans doute être plus rigoureux, d'autant plus qu'en sixième, les élèves sont plus autonomes, leurs horaires plus variables qu'au primaire.

    On l'a répété au début de la semaine, dans la crainte d'une récidive tant que l'auteur présumé n'était pas sous les verrous : ne jamais rentrer de l'école seul, se méfier de toute personne suspecte, etc. Les caméras de vidéoprotection n'auraient pas suffi à empêcher ce meurtre, mais elles peuvent apporter beaucoup d'indices pour remonter au criminel. C'était le cas ici où l'on voyait un jeune homme qui suivait Louise jusqu'au bois. L'enquête de voisinage a permis d'identifier le suspect. L'analyse ADN, rapide, a permis aussi de conforter les soupçons. Enfin, le smartphone de Louise, retrouvé près d'elle, a donné d'autres éléments précieux dans l'enquête.

    Certains demandent déjà qu'il y ait plus de policiers (en civil) aux abords des écoles pendant l'heure des sorties des classes. Mais c'est comme les caméras. D'une part, il faut pouvoir encore se permettre d'embaucher massivement ces policiers (et donc, il faut bien trouver une solution pour les financer, les payer, soit par les impôts, soit par autre chose). D'autre part, on ne peut pas "fliquer" toute la société partout, mettre des caméras partout, des policiers tous les vingt mètres, car il y aura toujours des "trous dans la raquette" comme on dit, et le potentiel meurtrier saura toujours trouver une faille. On le voit pour les attentats terroristes : la police a pu déjouer des dizaines de tentatives d'attentat depuis quelques années, mais malheureusement, pas toutes les tentatives.

    Il y a bien sûr l'éducation, celle des potentielles victimes de ne pas se laisser faire, ce qui semblerait être le cas de Louise dont les parents, comme d'autres, avaient mis en garde contre le risque avec des inconnus, mais aussi celle des potentiels criminels pour qui la vie semble avoir de moins en moins de valeur. Est-ce un mouvement général de la société provoqué par l'abêtissement généralisé par les smartphones, réseaux sociaux sots, jeux vidéo violents, etc. qui entraînent certains individus à déborder de haine et de violence, n'ayant plus de relations sociales, de contacts humains, et même d'exercice physique ? Ou faut-il ne considérer là, hélas, que comme un cas exceptionnel, une singularité, comme souvent dans chaque meurtre, une concordance de causes, comme dans beaucoup d'accidents, au risque insensé de tomber dans un fatalisme qui serait insupportable pour les proches de Louise ?

     

     
     


    S'il y a des exploiteurs professionnels de crimes, des récupérateurs politiques professionnels de crimes, c'est aussi parce que les gouvernements ont sans doute joué à la fois sur une certaine forme de fatalisme (comment empêcher, dans un État libre, un tel crime ?) et sur une certaine forme de lâcheté, celle d'afficher quelques mesures peut-être visibles mais creuses, sans efficacité, pour faire semblant d'avoir pris les choses en main.

    Personnellement, je n'ai pas de solution immédiate à l'esprit. Plus généralement, l'existence du mal pour le mal me met mal à l'aise car ce meurtre est finalement très stupide, sans intérêt, ni d'amour ni d'argent (même si c'était l'objectif premier). L'auteur présumé paraît aussi déséquilibré que violent, aussi bête qu'agressif. Malheureusement, il doit y en avoir d'autres qui errent dans la société et qui peuvent aussi passer à l'acte. N'oublions jamais : la traduction directe de la haine, c'est le meurtre.

    Les acteurs politiques, qu'ils soient au gouvernement ou au Parlement, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, doivent réfléchir, hors posture d'affichage, sur les moyens de réduire la probabilité de connaître de nouveaux crimes comme celui-ci. C'est difficile, mais ce serait le meilleur moyen de ne pas oublier Louise. Son sourire figé désormais dans l'intemporalité définitive reste comme une promesse d'un avenir meilleur. À la puissance publique de se mettre au niveau d'une telle ambition.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !
    Gisèle Pélicot, femme de l'année 2024 ?
    5 ans de prison dont 2 ferme pour Pierre Palmade.
    40 ans de confusions dans l'Affaire Grégory.
    Philippine : émotion nationale, récupérations politiques, dysfonctionnements de l'État ?
    Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
    Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
    Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
    La France criminelle ?
    La nuit bleue de Lina.
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
    Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
    Meurtre de Lola.
    Nos enseignants sont des héros.
    La sécurité des personnes face aux dangers.



     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250212-louise.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/repose-en-paix-louise-on-ne-t-259273

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/12/article-sr-20250212-louise.html



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