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politique

  • Guerre en Iran : pensons au peuple iranien !

    « Alors, à ceux qui exigent un soulèvement immédiat, des remerciements ou des applaudissements : prenez du recul. À ceux qui, sous couvert de bienveillance, tentent de nous imposer leur vision de notre avenir : abstenez-vous. » (Mona Jafarian, le 18 juin 2025).


     

     
     


    Le conflit entre Israël et l'Iran est désormais à son paroxysme et personne ne peut dire comment cela va se terminer. L'inquiétude est grande d'un embrasement généralisé de la région (du Proche-Orient) voire d'une extension vers les pays qui pourraient s'impliquer dans ce conflit, comme les États-Unis dont la position hésitante montre à l'évidence que Donald Trump navigue à vue sans plan d'origine.

    En Europe, on observe aussi avec inquiétude ce conflit mais on attend depuis quarante-six ans la fin de la dictature de mollahs qui a tant réprimé l'humanité en général, que ce soit sur le sol iranien lui-même avec les nombreuses exécutions qu'à l'extérieur au moyen d'attentats terroristes nombreux dont, entre autres, la France a été victime avec l'assassinat de soldats français et, encore aujourd'hui, l'emprisonnement de deux otages français.
     

     
     


    Je propose ici de retranscrire le message de Mona Jafarian, fondatrice de l'Association Femme Azadi, qui est une « association de femmes franco-iraniennes menant des actions politiques, médiatiques et événementielles pour porter la voix du peuple iranien dans sa révolution ». Dans ce message publié le 18 juin 2025 sur son compte Twitter, elle a mis en garde contre la facilité de croire que la guerre résoudrait tout, et a demandé de penser avant tout à l'intérêt du peuple iranien qui n'est pas complice mais victime des mollahs.

    « Je ne sais pas si certains réalisent ce que vivent les Iraniens en ce moment. Quarante-six ans d’une des dictatures les plus barbares au monde ont brisé plusieurs générations, chacune portant les traumatismes de la précédente. Pour beaucoup, cela signifie n’avoir jamais connu leur pays libre. Ils ont traversé une guerre meurtrière contre l’Irak, grandi sous la menace des pendaisons, des massacres, des tortures. Ils ont vu leur peuple se soulever à de nombreuses reprises, être réprimé dans des bains de sang, dans l’indifférence glaçante de la communauté internationale.

    Et aujourd’hui, ce même régime, qui a ruiné une grande nation autrefois prospère et respectée, provoque désormais la guerre sur son propre sol. Le peuple se retrouve pris dans une déchirure insoutenable : la douleur de chaque frappe sur sa terre mêlée au soulagement de voir ses bourreaux être enfin visés et éliminés les uns après les autres.

     

     
     


    Dans les commentaires, certains exigent de ce peuple meurtri et terrorisé, qu’il se soulève en cinq jours, alors même qu’on lui demande dans le même souffle de fuir, d’évacuer, de se cacher. Beaucoup oublient que la guerre n’a rien d’un jeu vidéo, surtout lorsqu’elle est vécue sous un régime criminel qui continue de réprimer, de surveiller, de terroriser de l’intérieur, aujourd’hui plus encore, par peur de s’effondrer.

    Qu’on soit en Iran ou en exil, nous savons que cette guerre, que nous redoutions depuis des années, est peut-être aussi celle qui ouvrira la voie à notre liberté. Mais cela ne la rend pas beaucoup plus facile à supporter.

     

     
     


    Alors, à ceux qui exigent un soulèvement immédiat, des remerciements ou des applaudissements : prenez du recul. À ceux qui, sous couvert de bienveillance, tentent de nous imposer leur vision de notre avenir : abstenez-vous.

    Nous avons alerté le monde avant tout le monde. Nous avons combattu ce régime avant tout le monde. Nous avons versé plus de sang que quiconque pour tenter de libérer le monde de cette pieuvre terroriste.

    À ceux qui nous soutiennent vraiment,qui ressentent ce que nous portons dans nos cœurs : merci.

    Et à nos rares alliés : nous n’oublierons jamais ceux qui furent à nos côtés dans cette longue lutte pour la liberté. »

     

     
     


    J'ajoute ceci : merci à ces femmes résistantes d'avoir été là depuis si longtemps pour nous alerter, nous, Français, de l'impasse de cette théocratie iranienne. Mais comme l'a exprimé le Président Emmanuel Macron, une solution politique durable sur la gouvernance en Iran ne pourra jamais venir de la conquête d'une armée étrangère. L'exemple de l'Irak l'a hélas trop bien démontré en 2004.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (19 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Guerre en Iran : pensons au peuple iranien !
    Israël vs Iran : Emmanuel Macron l'équilibriste.
    Beyrouth, il y a trente-cinq ans.
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    Aïnaz Karimi.
    Arezou Khavari.
    Ahou Daryaei.
    Ebrahim Raïssi.
    Khosro Besharat.
    Mobilisons-nous pour Toomaj Salehi !
    Fatwa de mort contre Salman Rushdie.
    Alireza Akbari.
    Mehran Karimi Nasseri.
    Claude Malhuret contre la mollarchie.
    Mahsa Amini, les femmes iraniennes, leur liberté et Claude Malhuret.
    Révolution : du rêve républicain à l’enfer théocratique de Bani Sadr.
    L'Iran de Bani Sadr.
    De quoi fouetter un Shah (18 février 2009).
    N’oubliez pas le Guide (20 février 2009).
    Incompréhensions américaines (1) et (2).
    Émission de France 3 "L’Iran et l’Occident" (17-18 février 2009).
    Session de septembre 2006 à l’ONU : Bush, Ahmadinejad, Chirac.
    Dennis Ross et les Iraniens.
    Un émissaire français à Téhéran.
    Gérard Araud.
    Stanislas de Laboulaye.
    Des opposants exécutés par pendaison en Iran.
    Expulsion de Vakili Rad, assassin de Chapour Bakhtiar, dernier Premier Ministre du Shah d'Iran, par Brice Hortefeux à la suite du retour de l'étudiante Clotilde Reiss.
    Mort de l'ancien Premier Ministre iranien Mohammad Reza Mahdavi-Kani à 83 ans le 21 octobre 2014.


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250618-iran.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/guerre-en-iran-pensons-au-peuple-261626

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/19/article-sr-20250618-iran.html




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  • Aung San Suu Kyi : Libérez-nous de la peur !

    « Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime… » (Aung San Suu Kyi, 1991).


     

     
     



    Il y a eu un pape qui, une fois élu, a proclamé aux habitants de la Terre : « N'ayez pas peur ! ». C'était Jean-Paul II. Elle, inspirée par Gandhi, elle a proclamé à ses compatriotes birmans : « Libérez-nous de la peur ! ». Elle, c'est Aung San Suu Kyi, "dissidente" birmane qui a atteint, ce jeudi 19 juin 2025, son 80e anniversaire. Elle fait partie des femmes remarquables du monde contemporain, admirable par son courage, sa persévérance, sa cohérence. Elle est en quelque sorte la Nelson Mandela de l'Asie. Elle fait partie de mon Panthéon des femmes politiques.

    Un combat audacieux contre la peur : « Dans sa forme la plus insidieuse, la peur prend le masque du bon sens, voire de la sagesse, en condamnant comme insensés, imprudents, inefficaces ou inutiles les petits gestes quotidiens de courage qui aident à préserver respect de soi et dignité humaine. (…) Dans un système qui dénie l’existence des droits humains fondamentaux, la peur tend à faire partie de l’ordre des choses. Mais aucune machinerie d’État, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de ressurgir encore et toujours, car la peur n’est pas l’élément naturel de l’homme civilisé. ».

    À la tête, depuis le 27 septembre 1988, de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), un parti d'opposition, Aung San Suu Kyi a toujours combattu la dictature militaire établie dans son pays depuis des décennies. Son combat politique non-violent a été reconnu par le prestigieux Prix Nobel de la Paix en octobre 1991, mais aussi par une quinzaine d'autres distinctions internationales, comme le Prix Sakharov en 1990 (attribué par le Parlement Européen), la Médaille présidentielle de la Liberté en 2000, le prix le plus important des États-Unis, etc.

    Elle savait de qui tenir. Son père était le général Bogyoke Aung San qui a été un acteur majeur de l'indépendance de la Birmanie, nommé Premier Ministre de la Birmanie britannique le 28 septembre 1946 et assassiné le 19 juillet 1947 à Rangoon, à l'âge de 32 ans, quand sa fille a eu 2 ans. Sa mère était Khin Kyi qui s'est engagée dans la vie politique birmane après la mort de son mari, elle fut députée, la première femme ministre en Birmanie en 1953 et sa première ambassadrice. Celle-ci est morte d'un AVC le 28 décembre 1988 et son enterrement cinq jours plus tard fut une manifestation de l'opposition, 200 000 personnes, contre la junte militaire au pouvoir.
     

     
     


    C'est peu avant la mort de sa mère, alors qu'elle est revenue en Birmanie pour s'occuper d'elle (elle habitait au Royaume-Uni auparavant avec sa famille), qu'Aung San Suu Kyi a cofondé la LND pour s'opposer pacifiquement à la dictature militaire installée depuis le 2 mars 1962. Une nouvelle junte militaire a pris le pouvoir en 18 septembre 1988 pour réprimer très violemment les manifestations des militants démocrates dans le pays. Lors des élections législatives du 27 mai 1990, les premières élections depuis 1960 qui furent pluralistes, organisées sous la pression populaire, la LND les a très largement gagné avec 52,5% des voix pour 72,6% de participation, lui assurant l'élection de 392 sièges sur les 492 au total. Mais la junte militaire a annulé ces élections et imposé la dictature d'un Conseil d'État pour la restauration de la Loi et de l'Ordre de 1990 à 2011.

    De juillet 1989 à juillet 1995, de septembre 2000 à mai 2002 et de mai 2003 à novembre 2010, Aung San Suu Kyi a été arrêtée, enfermée ou placée en résidence surveillée. Elle a été empêchée de voir ses enfants résidant en Grande-Bretagne ainsi que son mari ethnologue qui est mort d'un cancer en mars 1999. Elle n'a pas assisté à l'enterrement de son mari de peur de ne plus pouvoir rentrer en Birmanie. Le 30 mai 2003, elle a failli être assassinée par la junte dans un attentat qui a tué plusieurs de ses compagnons politiques. Pendant cette vingtaine d'années d'opposition, elle a eu le soutien très fort de ce qu'on appelle la communauté internationale.

    Une nouvelle Constitution adoptée le 29 mai 2008 après le référendum du 10 mai 2008 (malgré le rejet de l'opposition) est entrée en vigueur le 31 janvier 2011 et consacre une transition démocratique. Libérée le 13 novembre 2010, Aung San Suu Kyi a été élue députée lors d'élections partielles le 1er avril 2012 et les élections législatives générales du 8 novembre 2015 lui ont apporté une large victoire de 255 sièges sur 440, avec 57,1% des voix. Elle pouvait enfin gouverner.

    Aung San Suu Kyi a voulu se présenter à l'élection présidentielle du 15 mars 2016 (la junte militaire laissait le pouvoir sous quelques conditions, en particulier de garder trois ministères régaliens, la défense, l'intérieur et les frontières). Mais la Constitution du 29 mai 2008 a prévu une clause spéciale contre la Prix Nobel de la Paix en écartant des fonctions politiques les personnes mariées à des étrangers ou qui sont parents d'enfants étrangers, ce qui est le cas d'Aung San Suu Kyi. Elle n'a pas réussi, malgré une confortable majorité, à réviser la Constitution. Ainsi, ce fut son proche Htin Kyaw qui a été élu par 360 voix sur 652 parlementaires et est devenu Président de la République du 30 mars 2016 au 21 mars 2018.
     

     
     


    Ne pouvant être nommée Première Ministre en raison de la clause constitutionnelle déjà évoquée, Aung San Suu Kyi a obtenu un titre spécial, "Conseillère spéciale de l'État" qui correspond en fait au poste de chef du gouvernement, du 6 avril 2016 au 1er février 2021. Elle a cumulé cette responsabilité avec le poste de Ministre des Affaires étrangères et de Ministre de la Présidence.

    Pendant ces près de cinq années, Aung San Suu Kyi a ouvert son pays à l'économie de marché, mais elle a dû faire des compromis en raison de l'armée encore très puissante constitutionnellement. Elle a fait redémarrer économiquement la Birmanie avec une croissance annuelle de 7% de 2016 à 2020, bénéficiant de la levée des sanctions financières internationales.

    C'est sur le génocide des Rohingya, minorité musulmane du pays comptant 1 million de personnes, que la gestion d'Aung San Suu Kyi a été contestée sur le plan international. En effet, la Prix Nobel de la Paix est restée très passive devant la persécution et les massacres commis à partir d'octobre 2016 par l'armée et la police birmanes. En janvier 2018, une étude a évalué le massacre à au moins 25 000 Rohingya tués et 18 000 filles Rohingya violées. L'exil et le déplacement de centaines de milliers de personnes ont provoqué une véritable crise humanitaire. Par son silence et sa passivité, Aung San Suu Kyi s'est vue retirer un certain nombre de distinctions internationales qu'elle avait reçues lorsqu'elle était dans l'opposition. Elle a été "blâmée" le 29 décembre 2016 par onze autres Prix Nobel de la Paix dont Desmond Tutu.

    Toutefois, selon Alexandra de Mersan, une anthropologue qui connaît bien la Birmanie , pour "Paris Match" le 8 juin 2017, Aung San Suu Kyi « a tenté de mener une première conférence de réconciliation nationale, invitant les ethnies, les groupes, les organisations pour discuter. Ce que n'ont jamais fait les militaires. Mais pendant ces discussions, les conflits continuaient à faire rage dans ces États. ». Pour l'armée birmane, auteure des exactions, c'était le moyen de démontrer que l'ancienne opposante était incapable de gouverner son pays.

     

     
     


    Ce scandaleux nettoyage ethnique par l'armée n'a pas empêché le parti d'Aung San Suu Kyi de remporter une large victoire aux élections législatives du 8 novembre 2020 avec l'obtention de 258 sièges sur 440 et 68,0% des voix pour 72,0% de participation. Cette victoire était de trop pour l'armée birmane qui a repris l'initiative en faisant un coup d'État le 1er février 2021. Le Président Win Myint, de la LND aussi, a été démis de ses fonctions au profit d'un militaire et Aung San Suu Kyi a été de nouveau arrêtée et elle est encore en prison à l'heure actuelle. Elle a été jugée pour des motifs fallacieux (comme la gestion de la crise du covid-19), avec un premier procès qui l'a condamnée le 6 décembre 2021 à quatre ans de prison (réduits à deux ans), et un second procès le 30 décembre 2022 à trente-trois ans de prison (réduits à vingt-sept ans).

    L'une des raisons de cette reprise en main est que la forte victoire électorale d'Aung San Suu Kyi devait lui permettre de réviser la Constitution et réduire l'influence politique de l'armée, ce qui était inacceptable pour la junte. Citée par Wikipédia, la politologue Sophie Boisseau du Rocher, spécialiste de géopolitique dans l'Asie du Sud-Est, estimait le 18 février 2021 sur France Culture : « L’armée n’a jamais envisagé une vraie transition politique. Elle voulait encadrer le processus pour en tirer parti. Aung San Suu Kyi a réussi à contourner ces contraintes car à l’origine elle n’avait pas de liberté de pouvoir. Elle représente désormais un vrai risque car avec 82% des sièges à l’Assemblée, le nouveau gouvernement pourra faire avancer la réforme constitutionnelle. ». Dans la même émission radiophonique, l'anthropologue François Robinne résumait ainsi : « Il y a eu deux élections récemment en 2015 et 2020. En 2015 le peuple a porté Aung San Suu Kyi au pouvoir. En 2020 c’est un peu différent, le peuple a voté contre le pouvoir militaire. ».

    Un coup d'État de trop ? Toutes les forces vives de Birmanie, en particulier la jeunesse et les professions intellectuelles, se sont opposées à ce retour de la dictature militaire... mais elle subsiste toujours en 2025 et Aung San Suu Kyi est encore en prison.


    En 1991, elle écrivait : « A l'heure où des personnages tout-puissants et sans scrupules peuvent disposer et disposent de fait, grâce aux immenses progrès techniques, d'armes meurtrières contre les faibles et les déshérités, il est urgent de lier plus étroitement la politique à la morale, dans les nations comme à l'échelle internationale. ». Avec ce qui se passe en Ukraine ou en Iran, on peut affirmer que cette réflexion est plus que jamais d'actualité.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Aung San Suu Kyi.
    Le tsunami de l'océan Indien, 20 ans plus tard.

    Gandhi.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250619-aung-san-suu-kyi.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/aung-san-suu-kyi-liberez-nous-de-261247

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/18/article-sr-20250619-aung-san-suu-kyi.html

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  • La Légion d'honneur perdue de Nicolas Sarkozy

    « Par arrêté du grand chancelier de la Légion d’honneur en date du 5 juin 2025 est constatée, avec effet au 17 mai 2023, l’exclusion de droit de l’ordre national de la Légion d’honneur de M. Nicolas SARKÖZY de NAGY BOCSA, né le 28 janvier 1955 à Paris. Cette exclusion entraîne la privation définitive de l’exercice des droits et prérogatives attachés à la qualité de membre de la Légion d’honneur ainsi que l’interdiction de porter les insignes de toute décoration française ou étrangère ressortissant à la grande chancellerie de la Légion d’honneur. » (Arrêté du 5 juin 2025 publié dans le Journal officiel du 15 juin 2025).



     

     
     


    L'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy était grand-croix de la Légion d'honneur et grand maître de l'Ordre national du Mérite. C'est le grade le plus haut pour les deux ordres les plus importants de France. Normal : Nicolas Sarkozy l'était par sa qualité de Président de la République française.

    Nicolas Sarkozy était d'abord chevalier de la Légion d'honneur sur décision du Président Jacques Chirac le 31 décembre 2004 comme « ancien ministre d'État, ancien député des Hauts-de-Seine, ancien maire de Neuilly-sur-Seine ; 24 ans d'activités professionnelles, de fonctions électives et de services militaires ».

    Mais tous les verbes sont à l'imparfait. Très imparfait ! Car Nicolas Sarkozy n'est plus ainsi décoré. Deux arrêtés signés le 5 juin 2025 par le général François Lecointre, grand chancelier de la Légion d'honneur et chancelier de l'Ordre national du Mérite, ont exclu d'office de ces deux ordres Nicolas Sarkozy (et également Gilbert Azibert et Thierry Herzog). Ces arrêtés sont applicables rétroactivement dès le 17 mai 2023, date de sa condamnation en appel.

     

     
     


    La raison, c'est sa condamnation définitive à un an de prison ferme après le rejet du pourvoi en cassation le 18 décembre 2024, dans l'affaire Bismuth (suspicion d'un pacte de corruption). En effet, les deux ordres ont pour règlement l'exclusion d'office de toutes les personnes membres de ces ordres qui auraient été condamnées à au moins un an de prison ferme, ce qui est donc le cas de l'ancien Président de la République. Très précisément, le code de la Légion d'honneur proclame : « Est exclue toute personne condamnée pour un crime ou condamnée à une peine définitive de prison ferme d’un an minimum. ».
     

     
     


    Toutefois, des logiques contradictoires s'affrontent. La première est donc l'exclusion, comme simple citoyen jugé et condamné. La seconde, c'est de rappeler que le Président de la République est de droit grand-croix de la Légion d'honneur. Or, on ne peut pas lui retirer le fait d'avoir exercé les fonctions de Président de la République du 16 mai 2007 au 15 mai 2012 (élu par une majorité confortable des électeurs).

    Le seul précédent cité par les médias ne l'est pas vraiment. En considérant le maréchal Philippe Pétain comme un prédécesseur de Nicolas Sarkozy, certains journalistes considèrent de fait légal le régime de Vichy (mal nommé, je pense aux malheureux habitants de Vichy qui liraient cela, celui de la Révolution nationale).

    En effet, le 15 août 1945, Pétain a été condamné à mort, à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison. On voit à quel point la comparaison est historiquement stupide.

     

     
     


    Le journaliste Renaud Dély en a profité pour évoquer les peines planchers dans son éditorial politique du 16 juin 2025 sur France Info : « En renvoyant l’ancien Président de la République au précédent du maréchal Pétain, cette décision abîme, de fait, la fonction présidentielle. Au lieu d’indexer la déchéance uniquement sur la durée d’une peine, sans doute l’Ordre devrait-il modifier sa règle pour tenir compte de la nature des faits ayant entraîné une condamnation. À écarter les circonstances et les faits incriminés, ce genre de décisions couperets illustre l’absurdité de ces fameuses peines planchers automatiques que la droite, et Nicolas Sarkozy, aiment d’ordinaire à prôner en matière pénale. ».

    L'opposition des deux logiques se faisait par deux représentants respectifs.

    D'une part, le grand chancelier de la Légion d'honneur, le général François Lecointre, ancien chef d'état-major des armées, qui, le 4 mars 2025, avait rappelé que la dégradation des deux ordres nationaux était "de droit" et ne correspondait donc pas à une décision : « C'est un sujet majeur. Le sujet de la discipline est d'autant plus important que l'exemplarité de l'ordre tient aussi au fait que les gens qui sont décorés puissent être sanctionnés. ». Lorsque les deux arrêtés ont été publié, il a été ainsi communiqué : « Le Grand chancelier de la Légion d'honneur s'est assuré auprès d'éminents juristes de la bonne application des textes en vigueur à ce cas spécifique. ».

    Plusieurs enfants et petits-enfants de titulaires de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite avaient déposé un recours le 6 mai 205 auprès du tribunal administratif de Paris pour obtenir la déchéance de l'ancien chef de l'État de ces deux ordres.

    D'autre part, l'actuel Président de la République Emmanuel Macron avait clairement déclaré le 24 avril 2025 son opposition à la dégradation de Nicolas Sarkozy : « De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision. (…) Je pense que c'est très important que (…) les anciens Présidents soient respectés et donc le Président de la République que je suis, en tant que grand maître, ne prendra aucune décision de ce type. ». Mais en l'occurrence, ce n'est pas au Président de la République de prendre une telle décision, mais au grand chancelier (le Président de la République la prend quand c'est une dégradation qui n'est pas "de droit" et qui demande donc une décision spécifique, dans le cadre d'une procédure disciplinaire ordinaire).
     

     
     


    Par ailleurs, la condamnation définitive correspond à l'épuisement de toutes les voies de recours judiciaire en France. C'est du reste pour cette raison que Nicolas Sarkozy a dû effectuer sa peine de prison ferme sous la forme de la pose d'un bracelet électronique à sa cheville le 7 février 2025. Celui-là a été retiré le 14 mai 2025 en raison de sa libération conditionnelle rendue possible par son grand âge (âgé de plus de 70 ans qu'il a atteints le 28 janvier 2025) et décidée le 12 mai 2025 par le juge d'application des peines sur une requête du 16 avril 2025, selon le parquet de Paris. L'avocate de Nicolas Sarkozy Jacqueline Laffont-Haïk avait alors précisé : « Cette mesure, qui au regard de la loi aurait pu intervenir dès le premier jour, est strictement conforme à la loi et à la jurisprudence. ».
     

     
     


    Or, le caractère définitif de la condamnation peut être discuté. Effectivement, Nicolas Sarkozy a fait un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) contre la France pour ce jugement définitif, obligé de s'opposer à la France pour clamer son innocence. Il a donc également déposé un second recours auprès la CEDH contre la France pour sa dégradation des deux ordres nationaux.
     

     
     


    Ainsi, le 15 juin 2025, son avocat Patrice Spinosi a affirmé : « Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le Grand Chancelier. Il n'a jamais fait de cette question une affaire personnelle. (…) [Il] a fait valoir des arguments juridiques, c'était au nom de la fonction même de Président de la République. (…) La condamnation de la France [par la CEDH] impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre [de Nicolas Sarkozy] en même temps que l'exclusion de l'ordre de la Légion d'Honneur, l'une n'étant que la conséquence de l'autre. ». Il a martelé : « Aujourd’hui, il faut bien comprendre que désormais tout Président de la République qui sera condamné à une peine d’emprisonnement d’un an se verra nécessairement retirer l’ordre de la Légion d’honneur. (…) Ce combat, Nicolas Sarkozy ne l’a pas mené pour lui-même, il l’a mené au nom de la fonction qu’il a occupée de Président de la République. ».
     

     
     


    Ce dimanche, l'ancien Président de la République a reçu le soutien de son fils le plus jeune, Louis Sarkozy, qui, dans un message envoyé sur Instagram le 15 juin 2025, a rendu éloge à son père en rappelant son courage le 13 mai 1993 lors de la prise d'otages d'enfants dans une école maternelle de Neuilly-sur-Seine alors qu'il était maire de Neuilly-sur-Seine et ministre  : « Il est des Légions d’honneur que l’on ne perd pas. Celles que l’on reçoit en sauvant des enfants des griffes d’un kamikaze. Celles que l’on mérite en arrachant des infirmières, des médecins, ou une Française, à un emprisonnement étranger. Ces Légions-là ne dépendent d’aucun décret. Elles vivent dans la mémoire des vies sauvées, dans les sourires des enfants libérés. Elles valent plus que n’importe quelle médaille, plus que n’importe quelle reconnaissance officielle. Ce sont elles, les vraies Légions d’honneur. Le reste n’est que littérature. ». Son épouse Carla Bruni a retransféré ce message sur son compte le lendemain.
     

     
     


    La prochaine échéance judiciaire de Nicolas Sarkozy aura lieu le 25 septembre 2025 avec le délibéré de l'affaire libyenne dans laquelle l'ancien Président de la République risque jusqu'à sept ans de prison, selon le réquisitoire du procureur général. La question de la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2027 ne peut plus se poser en raison de son inéligibilité pendant trois ans. Marine Le Pen n'est pas la seule personnalité dans ce cas.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (16 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    La Légion d'honneur perdue de Nicolas Sarkozy.
    Un nouveau bijou pour Nicolas Sarkozy ?
    Le doyen Nicolas Sarkozy.
    L'honneur perdu de Nicolas Sarkozy.
    Nicolas Sarkozy réagit à la dissolution dans le JDD (15 juin 2024).
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    Discours du Président Nicolas Sarkozy le 16 décembre 2008 au Parlement Européen de Strasbourg (texte intégral).
    Discours du Président Nicolas Sarkozy le 10 juillet 2008 au Parlement Européen de Strasbourg (texte intégral).

    Sale temps pour Nicolas Sarkozy !
    La justice harcèle-t-elle la classe politique ?
    Carla Bruni.
    La sagesse de Nicolas Sarkozy.
    Pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
    Bygmalion : Éric Zemmour soutient Nicolas Sarkozy.
    Injustice pour Nicolas Sarkozy ?
    Sarko et ses frères...


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250615-sarkozy.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-legion-d-honneur-perdue-de-261567

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/14/article-sr-20250615-sarkozy.html


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  • Israël vs Iran : Emmanuel Macron l'équilibriste

    « C'est une étape nouvelle dans la guerre qui se joue dans la région. Je sais l'inquiétude légitime de nos compatriotes face à ces événements. » (Emmanuel Macron, le 13 juin 2025 à l'Élysée).



     

     
     


    Ça y est, souvent redouté et maintenant réalisé. Israël a attaqué l'Iran ce vendredi 13 juin 2025. Cette date, comme d'autres dates récentes, marquera sans doute l'histoire du Proche-Orient. Après les massacres du 7 octobre 2023, l'État d'Israël a fait des offensives à Gaza, au Liban, et maintenant en Iran pour assurer sa défense et son existence, souvent au prix de nombreuses victimes civiles innocentes. À ce moment crucial, le Président de la République française Emmanuel Macron a tenu à s'exprimer sur ce sujet grave au cours d'une conférence de presse organisée le soir même à l'Élysée (on pourra la lire ou la regarder dans son intégralité ici).

    Les premières paroles furent pour justifier l'attaque d'Israël par la condamnation du programme nucléaire iranien : « La France a condamné depuis longtemps et à de multiples reprises l'accélération du programme nucléaire et balistique iranien. L'Iran a continué d'enrichir de l'uranium sans aucune justification civile et à des niveaux désormais très proches de ce qui est nécessaire pour un engin nucléaire, accumulant près de 40 fois plus d'uranium enrichi que ce qui lui était autorisé. Elle s'est ainsi affranchie de toutes ses obligations vis-à-vis de la Communauté internationale, rompant ses propres promesses. ».

    Le chef de l'État a aussi condamné le développement du programme de missiles : « Parallèlement, l'Iran développe à marche forcée un programme de missiles. Certains sont en théorie capables d'emporter un engin nucléaire et d'autres ont la portée permettant d'atteindre certaines parties de notre territoire national. ».
     

     
     


    Enfin, il a considéré l'Iran comme complice des organisateurs du pogrom du 7 octobre 2023 mais aussi comme un État hostile à la France et aux Français : « L'Iran porte une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la région, a soutenu le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, s'est félicité de l'attentat terroriste du 7 octobre, à la suite duquel 50 compatriotes ont perdu la vie, et détient toujours deux otages français, Cécile Kohler et Jacques Paris. (…) L'Iran fournit aussi des missiles à la Russie pour l'aider dans son agression contre l'Ukraine. ».

    Tout cela pour réaffirmer haut et fort le problème actuel de l'Iran : « Et donc, je le dis avec la plus grande clarté, le risque de cette marche vers l'arme nucléaire par l'Iran menace la région, l'Europe et, plus généralement, la stabilité collective. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où l'Iran posséderait la bombe atomique, car c'est une menace existentielle et une menace pour notre sécurité à tous. ».


    Et pour réaffirmer haut et fort le soutien à Israël : « Mais nul n'est plus directement visé qu'Israël, dont l'Iran appelle sans relâche à la destruction. Je l'ai souvent répété, Israël a le droit, comme chaque peuple, de vivre délivré de l'angoisse de l'anéantissement, du risque de l'attaque et de la menace du terrorisme. Nous restons attachés à cette exigence pour la sécurité d'Israël. Je l'ai réaffirmé ce matin au Premier Ministre Benyamin Netanyahou. ». Mais la France n'a pas soutenu l'attaque d'Israël contre l'Iran : « Est-ce que, pour autant, nous la soutenons, nous avons voulu l'accompagner, nous l'avons planifiée avec eux ? La réponse est non. ».
     

     
     


    Donc, la situation du nucléaire iranien est extrêmement grave : « Pour autant, la voie que la France continue avec constance de poursuivre est une voie diplomatique, c'est-à-dire celle qui consiste à redonner la légitimité à l'AIEA de poursuivre son programme, à demander de suivre l'ensemble des sites d'enrichissement et de revenir à des seuils qui correspondaient aux engagements internationaux. Nous avons été parmi les pays les plus exigeants et les plus constants sur la question du nucléaire iranien comme du balistique iranien, mais nous avons toujours privilégié la voie de la discussion diplomatique et des exigences techniques de l’AIEA plutôt que l'intervention militaire. C'est pourquoi la France n'était pas engagée dans une discussion avec Israël sur ce sujet, et c'est pourquoi la France ne recommandait pas des attaques de la part d'Israël. ».

    En même temps, la France veut contribuer au retour à la paix par une action diplomatique intense : « Face au risque majeur de déstabilisation pour toute la région, la France appelle désormais toutes les parties à la plus grande retenue pour éviter l'escalade. La question du nucléaire iranien est une question grave, une question existentielle. C'est par la négociation qu'elle doit désormais être réglée. C'est pourquoi je regrette que l'Iran n'ait pas pris au sérieux les propositions avancées par les États-Unis et a refusé jusqu'alors toutes les concessions comme les gestes nécessaires. Nous appelons à la reprise du dialogue, à la conclusion d'un accord, seul chemin pour désamorcer la situation, et nous sommes prêts à mettre tous nos efforts pour atteindre cet objectif. Depuis ce matin, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le Président Trump, nos alliés européens, en particulier britanniques et allemands, ainsi que nos partenaires dans la région, jusqu'à l'instant même, les dirigeants d'Arabie saoudite, du Bahreïn, de la Jordanie, du Qatar, des Émirats arabes unis, de l'Égypte ou du Liban. Nous serons aux côtés de nos partenaires dans la région, auxquels j'ai rappelé notre solidarité et notre engagement, y compris celui de nos forces pour les protéger. Ce matin, j'ai tenu un Conseil de sécurité et de défense nationale sur la situation au Proche et Moyen-Orient et ses conséquences pour notre pays. (…) Plusieurs mesures ont aussi été actées pour garantir la sécurité de nos ressortissants, de nos troupes et de nos ambassades dans la région. Je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre sur place, quel que soit le prétexte. Notre dispositif militaire dans la région est quant à lui en alerte. (…) Chaque jour, chaque heure, la France agit pour la paix et la sécurité pour tous au Moyen-Orient. ».

    Pour Emmanuel Macron, l'attaque de l'Iran ne doit cependant pas faire oublier la situation très grave de Gaza : « Les efforts pour rétablir le cessez-le-feu, rompus depuis le 1er mars, n'ont à ce stade pas abouti. Pourquoi ? Parce que cette logique militaire, celle de l'occupation, des déplacements, du siège, ne mènent nulle part, si ce n'est à un conflit permanent. Pour arrêter la guerre, il faut redonner une perspective de paix afin de bâtir les deux États et assurer la paix et la sécurité pour tous. C'est ce que porte la France depuis le 7 octobre, fidèle en cela à son engagement historique. Et c'est aussi le rappel qu'une vie vaut une vie et que pour la France, il n'y a pas de double standard. C'est par cette exigence que seront restaurées la paix et la sécurité régionales. ».

     

     
     


    Ainsi, la France rappelle très clairement son objectif de la création d'un État palestinien au côté de l'État d'Israël dans le cadre d'une conférence de paix : « Les objectifs que nous poursuivons à travers cette conférence internationale coorganisée avec l'Arabie Saoudite sont les suivants. En premier lieu, sécuriser la libération des otages et permettre l'arrivée dans la bande de Gaza d'une aide humanitaire massive. Ensuite, consolider le cessez-le-feu le plus durable possible. Troisièmement, enclencher un processus politique qui se substitue aux armes et qui permette d'obtenir une réforme de l'autorité palestinienne et la mise en place d'une administration sous l'autorité palestinienne dans la bande de Gaza, excluant le Hamas, qui doit être désarmé. L'objectif, c'est donc un État palestinien démilitarisé, reconnaissant l'existence et la sécurité d'Israël, qui doit recevoir le soutien d'une mission internationale de stabilisation. C'est le préalable indispensable à l'intégration régionale d'Israël et à l'établissement de sa reconnaissance mutuelle. Si nous devons décaler la tenue de cette conférence pour des raisons logistiques et sécuritaires, dans la mesure où les dirigeants de l'autorité palestinienne ne peuvent rejoindre les Nations unies, elle aura lieu au plus vite. Et dès les prochains jours, en lien évidemment avec les dirigeants de la région et plus particulièrement avec l'Arabie Saoudite, une date sera refixée. Ce report ne saurait remettre en cause notre détermination à avancer vers la mise en œuvre de la solution des deux États, quelles que soient les circonstances. ».

    D'où la détermination intacte d'Emmanuel Macron qui ne plaira pas à Israël : « J'ai dit ma détermination à reconnaître l'État de Palestine. Elle est entière et c'est une décision souveraine. En ces heures, l'urgence d'un Moyen-Orient en paix est d'autant plus grande. Je mettrai à profit les grandes échéances des prochains jours et notamment le sommet du G7 dès la semaine prochaine pour rapprocher les points de vue de nos partenaires, nous concerter plus avant avec les États-Unis d'Amérique et avancer dans ce sens. ».
     

     
     


    Le Président français a bien mesuré le caractère explosif de la situation d'une possible guerre entre l'Iran et Israël : « Je ne vais pas ici documenter le pire, mais nous nous préparons à tout. Il est évident que selon les ripostes qui seront décidées par l'Iran, mais aussi si Israël devait continuer des opérations en Iran, sur le sol iranien qui aille au-delà des cibles jusqu'alors indiquées, nous rentrerions dans des situations dont aujourd'hui, nul ne peut totalement se figurer les conséquences. ».

    Pour résumer, Emmanuel Macron souhaite que la France se trouve au barycentre de la recherche de la paix, surtout en réaffirmant le soutien à Israël mais aussi en rappelant ses désaccords fermes sur la politique israélienne à Gaza : « Nous sommes attachés à la paix et la sécurité pour tous. Eh oui, parfois, nous avons des désaccords avec Israël, et nous les assumons. Ou plutôt, nous avons des désaccords avec le Premier Ministre Netanyahou et son gouvernement, et nous les assumons. Parce que parfois, nous considérons que les décisions qu'il prend sont mauvaises pour la sécurité d'Israël elle-même. Et lorsqu'il mène une opération massive, terrestre, qui fait tant de victimes civiles à Gaza, nous considérons que c'est à la fois une trahison de ce qu'est l'histoire même et l'identité d'Israël et dangereux pour la sécurité d'Israël aujourd'hui et demain. Voilà. Et donc si je devais vous résumer les choses et la position française, elle est assez simple. Nous sommes pour la paix, la sécurité et la stabilité pour tous dans la région. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient avec un Iran qui soit doté de l'arme nucléaire. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient où Gaza soit durablement occupée, des civils maltraités. Et nous croyons que la solution est la stabilité, c'est un Israël vivant en paix à côté d'un État palestinien, vivant en paix et en sécurité, et ayant reconnu l'existence et les droits d’Israël à se défendre dans la région. C’est ça ce que nous poursuivons. Et je crois que c’est honnêtement une perspective honnête, cohérente, et j’espère, réaliste. ».

    Par cette intervention du Président français, la France se retrouve partie prenante d'une solution de paix au Proche-Orient... comme depuis une cinquantaine d'années.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (13 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Israël vs Iran : Emmanuel Macron l'équilibriste.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 13 juin 2025 à l'Élysée (vidéo et texte intégral).
    Emmanuel Macron à la télévision : Mélanie avant l'Urgence Océan.
    Mélanie, la douceur incarnée.
    Il y a un an, la dissolution !
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur les taxes douanières américaines le 3 avril 2025 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et les joyeux JO.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Sidération institutionnelle.
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !
     

     
     




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    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/13/article-sr-20250613-macron.html


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  • Emmanuel Macron à la télévision : Mélanie avant l'Urgence Océan

    « Question redoutable pour une mort insupportable. Les politiques sont légitimement sommés de trouver des remèdes à une situation révoltante : aucun éducateur ne devrait risquer sa vie en encadrant des adolescents. Et le service public encore une fois, n’a pas su protéger l’un de ses serviteurs. Indignation maximale, parfois surjouée, souvent récupérée, mais pour réclamer quoi ? C’est là que les solutions faciles, que les "y'a qu'à, faut qu'on" viennent soudain buter contre le réel. » (Patrick Cohen, le 11 juin 2025 sur France Inter).



     

     
     


    Le Président de la République Emmanuel Macron était l'invité d'une très longue émission de télévision sur France 2 ce mardi 10 juin 2025. L'émission, intitulée "Urgence Océan" a duré près de deux heures trente et été diffusée en direct dans la soirée depuis la ville de Nice où se tenait la Conférence des Nations Unies sur l'Océan.

    Au contraire de l'émission du 13 mai 2025 sur TF1 où Emmanuel Macron avait maladroitement tenté de revenir dans le jeu de la politique intérieure sans avoir été capable d'annoncer une seule mesure concrète, le chef de l'État n'était pas dans ce cadre, ce mardi, à contre-emploi, au contraire, en plein de son rôle de Président de la République censé prendre de la hauteur et anticiper des enjeux à long terme, dans ce qu'on pourrait appeler une diplomatie du climat.

    Certes, seulement 1,5 million de téléspectateurs étaient à l'appel ce mardi soir, mais pour une émission de cette qualité, c'était en fait déjà beaucoup. La longue durée était nécessaire pour présenter les sujets techniques et scientifiques (Thomas Pesquet, entre autres, était parmi les invités), et je recommande vivement de visionner cette émission (vidéo en fin d'article).

     

     
     


    Toutefois, l'actualité très chaude de la journée, un pays sous le coup de l'émotion du meurtre de Mélanie, assistante d'éducation à Nogent, en Haute-Marne, par un collégien de 14 ans, a provoqué un nécessaire changement dans l'émission en permettant au Président de la République de consacrer son premier quart d'heure à ce drame terrible.

    Au-delà de l'expression de son émotion, Emmanuel Macron est revenu en effet sur les mesures pouvant empêcher de nouveaux drames de ce type : un adolescent utilisant une arme blanche, un couteau, pour tuer une personne. Il a ainsi insisté sur l'importance d'interdire la vente de couteau aux adolescents de moins de 15 ans.


    Dans l'après-midi du 11 juin 2025, le Premier Ministre François Bayrou a confirmé au Sénat cette mesure : « Il n'est pas normal que la détention d'armes par des adolescents se développe ainsi. Nous allons interdire la vente de ces armes aux mineurs et multiplier les contrôles de port d'armes. (…) En particulier, on ne pourra plus livrer par internet ce type d'armes sans la signature d'un adulte. ».
     

     
     


    Mais tout le développement d'Emmanuel Macron sur la vente des couteaux m'a paru un peu vain. En effet, dans le cas du meurtre à Nogent, l'adolescent avait pris un couteau de 34 centimètres dans la cuisine de ses parents. Rien ne pourra empêcher un adolescent de dérober ou d'acquérir une arme blanche. On peut bien sûr lui mettre plus d'obstacles, mais ce n'est pas une mesure vraiment efficace.

    Du reste, je dois donner ma propre expérience. À l'Assemblée Nationale le 10 juin 2025, François Bayrou avait confié cette anecdote qui n'a pas été diffusée avec beaucoup d'écho et pourtant, très significative : « C’est une décomposition de la société dans laquelle nous vivons et c’est le surgissement de pratiques de vie communes. L’un de mes collègues disait à l’instant tout bas que son petit garçon de 10 ans lui a demandé quand il pourrait avoir un couteau à l’école. Cela concerne tous les milieux. ».

    J'ai réfléchi à cette anecdote et je me suis rappelé qu'au même âge, autour de 10 ans, et même 9 ans, lorsque j'étais en colonie de vacances, j'étais dans le même état d'esprit, nous voulions, nous, moi et mes compagnons de vacances, avoir des couteaux, des canifs, c'étaient soit des canifs multifonctions (des couteaux suisses), soit des opinels. En montagne, en randonnée, nous étions contents de disposer d'un tel couteau, pour faire des arcs ou encore pour jouer entre nous (nous nous lancions le couteau dans le sol). Précisons, pour rassurer, qu'il n'était pas question d'utiliser ces couteaux comme des armes, mais plutôt comme des accessoires de jeu que nous savions dangereux et auxquels nous faisions attention. Pendant longtemps, j'ai gardé un canif dans ma poche comme pas mal d'hommes (il me semble), jusqu'aux premières vagues d'attentats et à l'instauration des plans Vigipirate ou de ses premiers équivalents, qui interdisait le passage dans certains lieux avec de tels objets considérés comme des armes blanches.

    Dans son analyse, Emmanuel Macron a voulu donner une explication de cette supposée recrudescence des violences d'adolescents : d'une part, l'explosion des familles, la cellule familiale permettait d'instaurer un certain nombre de valeurs et aussi un dialogue au sein de la famille ; d'autre part, les réseaux sociaux, où l'enfant s'isole dans une bulle totalement irréelle l'incitant parfois de passer à l'acte.

    Il est ressorti de cette analyse que le Président de la République militait très fermement pour l'interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans et donc, pour obliger les plate-formes des réseaux sociaux à vérifier que leurs utilisateurs aient plus de 15 ans, comme cela était le cas à 18 ans pour les sites à contenu pornographique.

    Au Sénat le mercredi, François Bayrou a reparlé de cette mesure : « Le Président de la République s'est exprimé plusieurs fois sur l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, qui relève de la compétence de l'Union Européenne. Il l'a dit hier : si l'Union Européenne ne nous suit pas, nous prendrons nos responsabilités en ouvrant ce chemin pour la France. ».


    Là encore, si dans le cas général, il peut y avoir un effet, dans le cas du meurtre de Mélanie, le mis en cause était peu présent dans les réseaux sociaux et ces derniers ne sont donc pas en cause dans cette contribution au passage à l'acte.

    Deux choses graves ont notamment motivé le meurtre de Mélanie : l'adolescent n'a eu aucune empathie pour sa victime ni ses proches, il se moque qu'elle soit tuée ; la présence de cinq gendarmes à l'entrée de l'établissement ne l'a pas empêché de passer à l'acte. La peur du gendarme n'a pas fonctionné ou a pesé peu face à l'extrême violence qu'il avait en lui.

    La troisième vague de mesures, confirmée par François Bayrou au Sénat, concerne la santé mentale : « Nous devons traiter la question des auteurs, la main qui tient l'arme. Un travail considérable est à mener pour protéger la santé mentale des jeunes. À l'adolescence, certains basculent en quelques jours (…) : ce garçon était référent harcèlement et n'était pas considéré comme ayant des problèmes. Tous les signes d'un risque de basculement doivent être identifiés ; nous devons former à cet égard les enseignants et les élèves eux-mêmes. ».

    Mais sans doute que le plus important reste la carence éducative des parents que nul ne peut remplacer, et surtout pas l'État. Comme l'a expliqué Emmanuel Macron, l'explosion des familles a fait perdre beaucoup de repères aux enfants, la notion de bien et de mal, aussi la notion de réalité et de virtualité. L'existence de l'autre, le respect qui est dû à l'autre, son intégrité physique.

    C'est ce que proposait aussi le journaliste Patrick Cohen dans sa chronique sur France Inter le 11 juin 2025 : « Prendre enfin à bras le corps le sujet de la santé mentale des jeunes, pour laquelle les alertes se multiplient depuis la fin de la crise du covid. Miser sur la prévention. Arrêter de faire croire qu’il est possible de tout contrôler et de tout empêcher. ».

    D'ailleurs, l'éditorialiste a voulu pondérer les impressions sur la violence des adolescents : « D’abord l’usage des couteaux n’a rien de français, le fléau est européen. Pour la seule ville de Londres, 10 adolescents sont morts poignardés l’an dernier, 18 en 2023. Ensuite, les chiffres globaux de la délinquance des mineurs en France vont à rebours de ceux qui vous parlent d’ensauvagement généralisé ou d’un pays à feu et à sang. En sept ans, cette délinquance a baissé de 25% ! 65 000 mineurs poursuivis par la justice en 2016. 48 000 en 2023. Avec un recul presque similaire des condamnés, ainsi que des mis en cause par la police et la gendarmerie. En revanche, les actes les plus violents ont bondi. Le nombre d’adolescents poursuivis pour meurtre ou tentative d’homicide, a plus que doublé : 108 en 2016. 255 en 2023. Narcotrafic et règlements de comptes. Cela reste à la fois très minoritaire et très médiatisé. ».


    Sur France 5, ce mercredi 11 juin 2025, le docteur Jean-David Zeitoun, spécialiste en épidémiologie clinique et auteur d'un essai sur les causes de la violence, expliquait que la violence n'a cessé de se réduire depuis sept cents ans ! D'un rapport cinquante. On était beaucoup plus violent dans le passé, mais cela reste encore à un niveau aujourd'hui inacceptable.

    Le Président du Sénat Gérard Larcher a ouvert la séance du 11 juin 2025 par une minute de silence, comme ses collègues députés la veille : « Aucune forme de violence n'a sa place au sein de l'école de la République. Face à la multiplication de ces événements tragiques, nous devons agir collectivement pour renforcer la sécurité des élèves et du personnel qui les encadre, afin que de tels drames ne puissent se reproduire. ». Dans ce domaine, la démagogie et la récupération politique ne sont d'aucune utilité.
     

     
     


    Je voulais évoquer la prestation télévisée d'Emmanuel Macron, mais c'est le drame de Nogent qui est revenu, pressant, imposant, dans les esprits. Oui, c'est important, essentiel même, de se préoccuper du combat pour le climat, du combat pour préserver l'océan. Mais à l'évidence, cette émission pédagogique est arrivée au plus mauvais moment. Elle a au moins le mérite d'avoir été faite et de pouvoir être regardée de nouveau pour bien comprendre les phénomènes en jeu.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (11 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron à la télévision : Mélanie avant l'Urgence Océan.
    Mélanie, la douceur incarnée.
    Sidération institutionnelle.
    Il y a un an, la dissolution !
    La proposition de loi Duplomb pour les agriculteurs.
    Le rejet de la 7e motion de censure contre le gouvernement Bayrou.
    Interview de François Bayrou le 27 mai 2025 sur BFMTV (vidéo intégrale).

    La longévité du Professeur Bayrou.
    Les Républicains.
    Le PS.
    EELV.
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Bétharram : François Bayrou a apporté les preuves de sa bonne foi.
    Bétharram : François Bayrou bouleversé par le témoignage de sa fille.
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    François Bayrou et l'heure de vérité de l'Europe.
    Gabriel Attal attaque Marine Le Pen sur l'Ukraine.
    Manuel Valls pour la paix, mais pas au prix de la fin de l'Ukraine !
    Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    François Bayrou : la France avait raison !
    Le Pen : inéligibilité, exécution provisoire, récidive et ordre public.
    Marine Le Pen, est-elle si clean que cela ? (22 février 2017).
    Condamnation Le Pen : la justice vole-t-elle l'élection présidentielle de 2027 ?
    Le fond accablant de l'affaire Le Pen.
    Texte intégral du jugement délibéré du 31 mars 2025 sur l'affaire Le Pen (à télécharger).
    Affaire Le Pen : ne confondons pas victime et coupable !
    Marine Le Pen : voler l'argent des Français !
    Marine Le Pen et la sérénité d'une future condamnée ?
    L'avenir judiciaire de Marine Le Pen dans une décision du Conseil Constitutionnel ?
    L'installation du nouveau Conseil Constitutionnel présidé par Richard Ferrand.
    Richard Ferrand validé de justesse par le Parlement.
    François Bayrou et la motion de censure de congrès du PS.
    François Bayrou surmonte une 6e motion de censure en cinq semaines !
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?
    Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
    4 motions de censure et pas d'enterrement !
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
    François Bayrou, le début du commencement.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250610-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-a-la-television-261459

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/11/article-sr-20250610-macron.html


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  • Il y a un an, la dissolution !

    « [Le Président de la République] ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit ces élections. » (Article 12 de la Constitution).




     

     
     


    La dissolution prononcée par le Président de la République Emmanuel Macron le 9 juin 2024, une heure après la fermeture des bureaux de vote pour les élections européennes, a désormais un an. C'est encore insuffisant pour qu'il retrouve son droit de dissolution. Il faudra attendre le 7 juillet 2025. Ne tournons pas autour du pot : c'était une erreur politique, une énorme erreur politique.

    Une erreur comme il en existe peu dans l'histoire des Présidents de la Cinquième République. Une erreur comme le 21 avril 1997.

     

     
     


    Certes, recourir au peuple ne devrait jamais être une erreur, mais pas comme ça, pas à chaud, sous le coup de l'émotion, pas juste après un scrutin déjà très polarisé, pas au début des vacances estivales, pas avec cette impression de se faire "violer" l'urne (car il y a eu cette impression pour de nombreux électeurs français).

    Ce n'est pas tant l'échec du camp présidentiel qui est une erreur (c'est un échec électoral, mais ces élections pouvaient avoir leur justification) que le fait d'avoir sidéré une majorité des Français, dans une sorte d'électrochoc qui a, finalement, été salutaire à bien des égards.

    Que croyait le Président de la Président ? Gagner ces élections anticipées par l'effet de surprise ? Quelques jours seulement après un scrutin très clair sur le plan politique ? Croire au Père Noël serait à peu près de la même veine. Ou alors essayer une cohabitation douteuse avec le Rassemblement national pour faire comme en 1988 ? Mais Emmanuel Macron ne peut plus se représenter.

    Pourtant, il ne faut pas négliger que les résultats n'ont pas été ce qu'on croyait. Les sondages donnaient gagnant le RN et ce n'est pas le RN qui a gagné. En ce sens, lorsqu'il disait qu'il fallait espérer, ne pas croire à la fatalité politique, ne pas succomber aux sondages, il avait raison.

     

     
     


    La situation politique a-t-elle été pour autant retournée ? Pas du tout. Elle est politiquement pire qu'avant la dissolution.

    Avant la dissolution, le bloc présidentiel (Renaissance, MoDem, Horizons) n'avait certes pas la majorité absolue, mais avec LR, cette majorité absolue existait. En d'autres termes, aucune motion de censure ne pouvait être adoptée sans l'aval de LR. Après la dissolution, le socle commun (bloc présidentiel et LR) n'a plus de majorité absolue et ne peut plus empêcher l'adoption d'une motion de censure résultant d'une collusion entre l'extrême droite, l'extrême gauche... et le parti socialiste. Cela s'est passé avec la censure contre le gouvernement de Michel Barnier le 4 décembre 2024.
     

     
     


    Mais il n'y a pas que le camp présidentiel qui a perdu avec la dissolution. Le RN a aussi beaucoup perdu en crédibilité et il a semblé avoir perdu une occasion unique d'arriver au pouvoir. Certes, les sondages le donnent encore gagnant à de prochaines éventuelles élections législatives, mais comme en été 2024 : cela signifie qu'une nouvelle dissolution n'aurait aucune utilité car les rapports de force resteront sensiblement les mêmes.

    De même, la gauche, la dissolution n'a pas réussi à lui redonner une dynamique de pouvoir. D'une part, encore une fois, c'est faux de dire que la nouvelle farce populaire ait gagné les élections de 2024, car le socle commun a plus de voix que l'ensemble de la gauche, en sachant d'ailleurs que cette gauche-là n'est d'accord sur rien. D'autre part, elle a mis en évidence l'extrême nocivité de la gauche populiste et islamo-gauchiste et l'extrême faiblesse de la gauche de gouvernement que le congrès du PS vient même de confirmer récemment.
     

     
     


    Toutefois, une formation politique tire son épingle du jeu, Les Républicains. En revenant au pouvoir, LR a gagné en crédibilité alors qu'il devenait urgent pour ce parti de faire preuve de responsabilité après douze années d'opposition (la plus longue période d'opposition pour ce courant politique était auparavant de seulement cinq années !). De plus, le dernier congrès de LR en mai 2025 a permis de lever l'hypothèque de Laurent Wauquiez dont l'impopularité aurait fait couler LR avec lui, comme en 2019. Des ministres LR, un congrès réussi (réussissant à mobiliser de nombreux adhérents, au contraire du PS), la clef de voûte, c'est Bruno Retailleau dont l'avenir dépendra surtout de son action, et de la perception de son action, au Ministère de l'Intérieur.

    Pour autant, est-ce un échec politique complet pour Emmanuel Macron ? Eh non ! Sur le plan politique, la configuration extrêmement serrée de l'Assemblée lui a permis d'obtenir ce qu'il n'avait pas obtenu entre juin 2022 et juillet 2024, à savoir, d'une part, la participation de LR au gouvernement, et d'autre part, la bienveillante neutralité du PS. Il ne doit cette dernière, du reste, que par la grande habileté du Premier Ministre François Bayrou (qui a encore échappé à une motion de censure) et nul autre ne saurait s'en prévaloir.

     

     
     


    Bien sûr, l'enjeu des prochains mois sera le budget de 2026 et surtout, la réduction du déficit abyssal. Pour François Bayrou, cela paraît mission impossible, mais il faut noter que le mode de gouvernance est assez nouveau : il n'a déposé aucun projet de loi en dehors des lois de finances. Ainsi, il laisse les parlementaires légiférer, soutenant à l'occasion une proposition ou une autre. François Bayrou essaie de prouver que son amour du régime parlementaire n'est pas vain et nul doute que les socialistes sont très sensibles à ce sujet.

    Cette guerre de position peut-elle durer à l'Assemblée ? Peut-être. Dans un mois, Emmanuel Macron retrouve son pouvoir de dissolution. C'est plus facile d'éviter une censure avec un tel pouvoir, car la censure impliquerait pour les députés leur propre censure.

     

     
     


    Le RN serait prêt à une nouvelle dissolution, enfin, c'est ce qu'il prétend, car en 2024, au contraire, il n'était pas prêt du tout, et si dissolution signifie anticipation de l'élection présidentielle, alors il n'est pas du tout prêt à cause de l'inéligibilité actuelle de Marine Le Pen qui a tout intérêt à préserver le calendrier originel de l'élection présidentielle.

    La gauche n'a pas non plus intérêt à une nouvelle dissolution car elle ne sait pas du tout si elle retrouverait ses sièges actuels. Les outrances de Jean-Luc Mélenchon et la mollesse d'Olivier Faure pourraient sérieusement encourager dans leur électorat l'abstention voire la reconnaissance des réussites d'Emmanuel Macron sur de nombreux sujets (en particulier, économiques ; je répète, la France toujours première puissance européenne pour l'attractivité des investisseurs).

    Paradoxalement, si la situation est beaucoup plus fragile qu'avant la dissolution, elle peut aussi être plus performante en ce sens que le gouvernement aurait plus les moyens de réformer le pays par cet équilibre précaire. Ce sera alors le grand exploit de François Bayrou.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Sidération institutionnelle.
    Il y a un an, la dissolution !
    La proposition de loi Duplomb pour les agriculteurs.
    Le rejet de la 7e motion de censure contre le gouvernement Bayrou.
    Interview de François Bayrou le 27 mai 2025 sur BFMTV (vidéo intégrale).

    La longévité du Professeur Bayrou.
    Les Républicains.
    Le PS.
    EELV.
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Bétharram : François Bayrou a apporté les preuves de sa bonne foi.
    Bétharram : François Bayrou bouleversé par le témoignage de sa fille.
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    François Bayrou et l'heure de vérité de l'Europe.
    Gabriel Attal attaque Marine Le Pen sur l'Ukraine.
    Manuel Valls pour la paix, mais pas au prix de la fin de l'Ukraine !
    Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    François Bayrou : la France avait raison !
    Le Pen : inéligibilité, exécution provisoire, récidive et ordre public.
    Marine Le Pen, est-elle si clean que cela ? (22 février 2017).
    Condamnation Le Pen : la justice vole-t-elle l'élection présidentielle de 2027 ?
    Le fond accablant de l'affaire Le Pen.
    Texte intégral du jugement délibéré du 31 mars 2025 sur l'affaire Le Pen (à télécharger).
    Affaire Le Pen : ne confondons pas victime et coupable !
    Marine Le Pen : voler l'argent des Français !
    Marine Le Pen et la sérénité d'une future condamnée ?
    L'avenir judiciaire de Marine Le Pen dans une décision du Conseil Constitutionnel ?
    L'installation du nouveau Conseil Constitutionnel présidé par Richard Ferrand.
    Richard Ferrand validé de justesse par le Parlement.
    François Bayrou et la motion de censure de congrès du PS.
    François Bayrou surmonte une 6e motion de censure en cinq semaines !
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?
    Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
    4 motions de censure et pas d'enterrement !
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
    François Bayrou, le début du commencement.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250609-dissolution.html

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  • Congrès du PS : "l'homme le plus riche du cimetière"

    « La réponse est donc non. Le PS ne fera pas renaître la social-démocratie. À la place, à sa place, Olivier Faure pourra-t-il insuffler une dynamique, d’impulser un projet autonome ? Redonner ses chances à la gauche ? Il peut aussi se contenter d’être l’homme le plus riche du cimetière… » (Patrick Cohen, le 6 juin 2025 sur France Inter).



     

     
     


    Le chroniqueur de France Inter a trouvé la bonne formule : Patrick Cohen parlait en effet ce vendredi 6 juin 2025 dans la matinale de « l'homme le plus riche du cimetière ». En d'autres termes, Olivier Faure, premier secrétaire du PS sortant, a été reconduit à ce poste lors du vote des adhérents du PS le jeudi 5 juin 2025.

    Selon les résultats "officiels", je mets les guillemets car ne sont pas indiqués, à ma connaissance, les nombres de voix exacts, Olivier Faure a gagné le duel avec 50,9% face à son rival Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, qui n'a eu que 49,1%. Un score très serré mais pourtant, sans surprise sur son issue dans la mesure où Olivier Faure était le grand favori depuis l'annonce du soutien qu'il a reçu de Boris Vallaud, le troisième larron qui n'a pas été qualifié pour la finale.
     

     
     


    Le vrai résultat de cette élection bidonnée, c'est le nombre de votants au premier tour (je n'ai pas celui du second tour), qui est de l'ordre de 24 000 personnes, soit très loin des près de 100 000 pour LR. S'il fallait un mot pour qualifier ce parti, c'est le mot "moribond" qui viendrait immédiatement à l'esprit. Ce parti est moribond et la poursuite dans la continuité avec Olivier Faure, qui a été le fauteur de la catastrophe industrielle de la dernière élection présidentielle (1,7% !), et aussi de la désertification des fédérations (40 fédérations ont moins de 100 adhérents !), en gros, une perte de 50 000 adhérents depuis 2018, ne peut que lui être fatal. Un article du journal "Le Monde", pourtant assez complaisant avec le PS, propose une description apocalyptique de ce parti.
     

     
     


    Ce qui est donc clair, c'est que, d'une part, il reste très peu d'adhérents du PS actifs (c'est-à-dire qui votent), et d'autre part, ce parti moribond est complètement divisé en deux. Si le camp du maire de Rouen a finalement reconnu sa défaite, au contraire d'il y a deux ans en janvier 2023, il avait toutefois publié un communiqué très polémique dans la nuit du 5 au 6 juin 2025 : « Les résultats provisoires du 2e tour du congrès du PS donnent 50/50. Le parti est divisé, la direction sortante est désavouée, nous appelons à la responsabilité et à l'unité. (…) L'écart à ce stade est plus faible encore qu'au précédent congrès (Marseille), où le résultat n'avait finalement pas été validé. (…) On nous disait loin derrière, distancé. Finalement, alors que Boris Vallaud avait indiqué son choix pour Olivier Faure, nous remontons et faisons jeu égal. C'est un vrai désaveu pour la direction sortante, incapable d'avoir une majorité au premier tour le 27 mai dernier, et qui n'obtient pas de majorité claire au second tour. ».

     

     
     


    Si les mayer-rossignolistes (j'ose le terme) ont raison de parler d'un désaveu de la direction sortante par la faible mobilisation des adhérents, ils oublient aussi qu'eux-mêmes participent à ce désastre politique en renforçant les divisions et petitesses politiciennes qui restent illisibles au commun des électeurs. Du reste, en réaction à la publication du communiqué de ce camp sur Twitter, les internautes étaient sans complaisance et mettaient tout le monde dans le même paquet : « Un parti qui fait 2% aux présidentielles et scindé en 2, 2026 est déjà perdu grâce à des "stratèges" sans idées dans votre genre Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol, Boris Vallaud ».
     

     
     


    Du côté des fauristes (j'ose encore), l'audace était de mise. Je sais que la politique, c'est l'art de raconter des choses qui n'existent pas, mais là, ils y vont assez faure, comme j'oserais encore l'écrire !
     

     
     


    Pour faire voter Olivier Faure, les caciques et apparatchiks ont apporté quelques arguments sur un plateau (qui n'est plus d'argent). D'une part, en votant Olivier Faure, on voterait : « pour une gauche unie de Ruffin à Glucksmann », « pour vaincre la haine » (le beau programme politique concret et solide mis en priorité !), « pour poursuivre ensemble le redressement du PS » (encore fallait-il qu'il commençât !), « pour taxer les riches » (ça marche toujours à gauche, un argument qui a mené à la faillite des finances publiques), etc. (je n'insiste pas car le flot est illisible et insipide).
     

     
     


    Mais à côté de cette affiche passe-partout, il y a un argument massue donné par les fauristes : « De plus en plus de Françaises et de Français misent sur lui pour l'avenir ! ». Mais qui sont donc ces mystérieux Françaises et Français ? On pourrait croire qu'Olivier Faure égalerait Marine Le Pen et Édouard Philippe dans les sondages et que la présidentielle de 2027 va se jouer dans un mouchoir de poche. Pas du tout, ils nous montrent le Baromètre du Figaro de juin 2025 sur la cote d'avenir des personnalités politiques et confortent l'idée première par le fait « qu'Olivier Faure signe la plus forte progression à gauche ». En lisant la liste, on s'aperçoit que la cote d'Olivier Faure est derrière Raphaël Glucksmann, Robert Ménard, François Ruffin, Éric Ciotti, Fabien Roussel et est équivalente à celle de Laurent Wauquiez ou de Nicolas Dupont-Aignan. Pas de quoi en tirer gloriole !
     

     
     


    Cela dénote au moins l'idée très nette qu'Olivier Faure a l'intention de se présenter à l'élection présidentielle (le ridicule ne tue pas, sinon, ça se saurait), ce qui entre en contradiction avec sa volonté de rassembler (dans un très petit éventail) de François Ruffin à Raphaël Glucksmann, alors que tous les deux sont aussi de potentiels candidats à l'élection présidentielle.
     

     
     


    Politiquement et stratégiquement, la victoire de la ligne Olivier Faure est clairement celle de l'alliance avec Jean-Luc Mélenchon. D'ailleurs, dès ce vendredi matin, la numéro deux du PS et maire de Nantes, Johanna Rolland expliquait doctement sur Public Sénat que le PS ferait des alliances ponctuelles avec les insoumis.

    C'est donc clair que la direction sortante et reconduite n'a rien compris à la signification d'une alliance avec le parti mélenchoniste qui se veut consciemment islamo-gauchiste, mettant en péril les valeurs de la République et la cohésion d'une société déjà très fragilisée par les divisions idéologiques. Cela montre aussi que cette direction n'a pas compris non plus pourquoi elle a été autant désavouée depuis si longtemps (et qu'elle n'a bénéficié que du vide de leadership).

    Les résultats serrés du choix de la tête du PS sont tels qu'ils sont insignifiants. Patrick Cohen l'a noté avec raison le 6 juin 2025 : « Impossible de parler d’une victoire nette, d’un vote qui indique un cap, une perspective, une clarification dans la remise en mouvement de la gauche non-mélenchoniste. Ou même une aspiration au changement plutôt qu’une volonté de continuité. Si le métier du commentateur est bien de donner du sens aux événements, encore faut-il que les événements aient un minimum de talent… On notera aussi que c’est la troisième fois que le parti socialiste se joue à 50-50. La dernière fois, c'était à Marseille il y a deux ans, avec les deux mêmes duellistes, le même vainqueur Olivier Faure, quasiment le même score, mais davantage de contestation. ».
     

     
     


    Ce n'est évidemment pas l'analyse d'Olivier Faure lui-même quand il a appris sa réélection à 3 heures 35 du matin (nuit du 5 au 6 juin 2025). Très content, voire triomphaliste, il a fait croire qu'il était un nouveau François Mitterrand qui, lui, avait bâti réellement un mouvement entre 1971 et 1981 : « Dès demain, nous poursuivrons le travail commencé en 2018 pour amplifier la dynamique, avec un parti socialiste ancré au cœur de la gauche. Il nous reste tant à construire ensemble pour ouvrir le chemin vers de nouvelles victoires. ». L'expression "vers de nouvelles victoires" fleure bon Ségolène Royal qui, dans son enthousiasme de son échec électoral le 6 mai 2007, avait terminé son discours en criant « En avant vers de nouvelles victoires ! ».

    Des internautes médisants ont cependant proposé un autre discours pour Olivier Faure, plus proche de la réalité...

     

     
     


    Certains ont même présenté un nouvel emblème pour le PS, au lieu de sa traditionnelle rose, une brosse des toilettes. Un autre a lâché désabusé : « Olivier Faure fanfaronne car il a été réélu à la tête du PS. Tout ce cinéma après avoir vendu son âme aux crapules de LFI. Tout le cinéma pour faire 2% à l'élection présidentielle. ». Précisons que le 2% est une surestimation de la réalité qui est à 1,7%. Celui qui a le mieux synthétisé la situation a écrit : « Au royaume des serpillières, les torchons sont rois. » !

    Le quart d'heure de gloire était quand même pour Olivier Faure ce 6 juin 2025 : il a été l'invité du prestigieux journal télévisé de 20 heures sur TF1. Il a notamment déclaré : « Il faut que la victoire d'hier qui m'a reconduit à la tête du parti socialiste soit utile aux Française et aux Français. ». Cela va donc être difficile voire mission impossible pour le député de Seine-et-Marne qui n'aurait jamais été réélu dans sa circonscription sans l'aide des mélenchonistes.
     

     
     


    Ce qui frappe le plus lorsqu'on veut écouter la vidéo de cette interview (oui, je me risque à tout), c'est... la durée de celle-ci. En général, lorsqu'on est un personnage qui compte dans la vie politique, on a dix minutes ou un quart d'heure au moins pour s'expliquer. Mais dans le cas d'Olivier Faure, on note qu'il n'a eu droit qu'à 3 minutes 48. Ne croyez pas que c'est un scandale de la chaîne. C'est simplement la réalité électorale de ce micro-parti (je le répète, 1,7% à l'élection présidentielle). C'est même déjà beaucoup comme durée.

    De même, cette vidéo sur Youtube ne sera pas virale (quelques centaines de vues après plusieurs heures). Et quelques commentaires fort peu flatteurs, comme celui-ci : « Le PS coule ! ». Un autre : « Créer une dynamique ? (…) Et pourquoi pas un programme, pendant que vous y êtes ? ».

     
     


    En fait, la réélection d'Olivier Faure satisfait tous ses adversaires politiques. D'abord Jean-Luc Mélenchon qui est heureux de voir confirmer la ligne qui souhaite l'alliance avec ses insoumis. Ensuite, Marine Le Pen se frotte les mains car elle comprend que l'alternance ne se fera pas à gauche tant elle est divisée, et espère bien recueillir les souhaits de renouvellement. Enfin, le Président Emmanuel Macron peut, lui aussi, être satisfait car cela va obliger les sociaux-démocrates du PS à quitter ce parti et rejoindre le bloc central à l'instar de Manuel Valls, François Rebsamen, Juliette Méadel, François Patriat, Jean-Yves Le Drian, Florence Parly, etc. Son objectif de réunir des socialistes aux républicains n'a jamais été aussi près d'être atteint.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (06 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Congrès du PS : "l'homme le plus riche du cimetière".
    Congrès du PS : Olivier Faure est-il en difficulté ?
    Congrès du PS : le choc de complexité !
    Robert Badinter.
    Congrès du PS à Rennes : l'explosion de la Mitterrandie.
    La préparation du congrès de Rennes (27 janvier 1990).
    Histoire du PS.
    Manuel Valls.
    Martine Aubry.
    Hubert Védrine.
    Julien Dray.
    Comment peut-on encore être socialiste au XXIsiècle ?
    François Bayrou et la motion de censure de congrès du PS.
    Lionel Jospin.
    Claude Allègre.
    François Mitterrand.
    Jacques Delors.
    Mazarine Pingeot.
    Richard Ferrand.
    Didier Guillaume.

    Pierre Joxe.
    André Chandernagor.
    Didier Migaud.
    Pierre Moscovici.

    La bataille de l'école libre en 1984.
    Bernard Kouchner.
    Hubert Curien.
    Alain Bombard.
    Danielle Mitterrand.
    Olivier Faure.
    Lucie Castets.

    Bernard Cazeneuve
    Gabriel Attal.
    Élisabeth Borne.
    Agnès Pannier-Runacher.
    Sacha Houlié.
    Louis Mermaz.
    L'élection du croque-mort.
    La mort du parti socialiste ?
    Le fiasco de la candidate socialiste.
    Le socialisme à Dunkerque.
    Le PS à la Cour des Comptes.







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250605-parti-socialiste.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/congres-du-ps-l-homme-le-plus-261390

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/05/article-sr-20250605-parti-socialiste.html


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  • L'Essentiel chez Labro

    « C'est une des clefs de la vie : si on a une passion, la force et la construction familiales, ça compte. Pour mes parents, c’était un risque, une aventure, un danger, et peut-être un déchirement de me voir partir, mais en même temps c’était : "tu veux le faire, tu le fais". Alors je suis parti à 17 ans. J’en ai eu 18 sur les routes américaines. Et j’ai vécu une aventure qui a totalement changé ma vie, qui a déterminé ma carrière et peut-être même mon caractère. » (Philippe Labro, en février 2012 pour "Phosphore").




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    "L'Essentiel chez Labro", c'était l'une de ses dernières émissions culturelles à la télévision, sur la chaîne disparue C8, diffusée le dimanche soir de mai 2021 à février 2025. Philippe Labro est mort ce mercredi 4 juin 2025. Troublante et triple coïncidence : il est mort le même jour, au même âge (88 ans) et de la même saleté de maladie que la sublime chanteuse Nicole Croisille. Un homme avec toi.

    Difficile de caractériser celui qu'on pourrait appeler un dandy de la vie moderne : écrivain, journaliste, animateur de télévision, producteur, réalisateur de cinéma, parolier de Johnny Hallyday et Jane Birkin (une trentaine de chansons), patron de radio, commentateur sportif, etc., touchant aux images, à l'écrit, à l'oral, dans la presse écrite, à la radio et à la télévision. Il a failli recevoir deux fois le Goncourt, a eu le Prix Interallié (beau lot de consolation), a eu l'audace des folies, des défis, n'a pas hésité à partir à 17 ans en terre inconnue pour découvrir, se faire lui-même une idée du pays le plus influent du monde.

    J'avais évoqué quelques éléments de sa très longue trajectoire il y a quelques années. Pour lui, le mot "retraite" était un gros mot, même à 88 ans ! Même malade ! S'il a arrêté son émission de télévision le 25 février 2025, ce n'était pas parce qu'il voulait la quitter, mais c'est la chaîne qui l'a quitté, disparue au fond de l'abîme de l'Arcom pour non-respect des conventions contractuelles. Ce qu'on peut dire avec certitude, c'est qu'il avait accumulé au fil des années une très vaste culture, autant livresque que sur le tas, une passion de la curiosité...


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    Deux événements de sa vie l'ont particulièrement marqué, d'ordre médical. Deux pépins de santé majeurs.

    Le premier événement fut un œdème du larynx et une pneumopathie foudroyante en 1994 : six semaines à l'hôpital, dont dix jours en réanimation à la suite d'un coma. À cette occasion, il a vécu une expérience de mort imminente qu'il a racontée deux années plus tard dans son roman "La Traversée".


    « Les femmes sourient, comme les hommes. Je les aime tous, ces hommes et ces femmes. Ils ne sont pas plus d'une dizaine. Je les ai tous aimés, mais ils sont morts, et je les aime encore, puisqu'ils n'ont jamais quitté ma mémoire. Ce sont les morts de ma vie. Je me demande pourquoi je devrais les rejoindre. Ce n'est pas dans mes projets. Pourtant, ils insistent. On dirait qu'ils ont adopté la même rondeur dans le maintien, dans le sourire, la même gentillesse un peu lourde, un peu répétitive dans le ton. Il y a une douceur, une douceur ferme, lente, doucereuse :
    – Viens, mais viens donc ! Qu'est-ce que tu attends ?
    Une douceur au ralenti, comme leurs gestes, rares et ralentis. Ils savent ce qu'ils font et ce qu'ils veulent, et cela provoque chez moi un soupçon d'irritation. Car j'ai beau les aimer, je n'aime pas leur insistance, leur face de carême réjouie, cette espèce de componction qui les habite, leur certitude que ça va marcher et que je vais leur obéir et traverser la ligne ! Non : ce sont des morts. Je ne veux pas y aller.

    Ils sont morts, ai-je dit, mais ils ne sont pas morts puisque je suis vivant et puisqu'ils sont là, bien présents le long du mur blanc-jaune, et puisqu'ils me parlent. Ou alors, est-ce moi qui ne suis plus vivant ? ».

    De cette expérience personnelle très intime, Philippe Labro avait reçu plusieurs leçons.


    La première est une leçon d'humanité : « Le malade est un égoïste, un enfant gâté qui attend tout, un "assisté" à 100%. Or, la jeune femme qui, à 6 heures du matin, vient lui porter ses premières gélules ; la jeune femme qui, à 8 heures, vient lui servir son thé chaud et ses tartines ; la jeune femme qui, à 9 heures, vient balayer et nettoyer le sol de sa chambre, la cuvette de ses toilettes, les cloisons de ses placards ; le jeune homme qui, à 10 heures, vient lui poser son aérosol ou prendre sa température ou son sang ; les femmes qui, à 11 heures, viennent changer les draps de son lit et son alaise ; les ouvriers et les ouvrières de cette incessante manufacture de la vie qu’est un hôpital méritent toutes et tous votre considération et votre compassion. Cette considération et cette compassion vous viennent d’autant plus aisément que vous sortez de la réa. Il est important de conserver ce sentiment et de l’entretenir sans artifice. Infirmières et infirmiers, kinés, femmes de ménage, surveillantes et internes, assistantes : ils sont comme vous et moi. Ils se posent la même question : qu’est-ce qu’on fait là, dans cette vie, qu’est-ce que je fais avec ce corps-là ? Ils savent même un peu mieux que vous et moi qu’ils doivent mourir, et que ce savoir nous rend différents de toutes les espèces et créatures vivantes sur cette terre. ».

    Une autre leçon, fondamentale : « Il faut parler aux malades. N'écoutez pas les hommes de science et de technique, les hommes d'autorité et de compétence, les hommes de savoir dont la connaissance s'arrête aux portes des sentiments et dont la rationalité limite leur approche de la vie et des êtres. N'écoutez pas ceux qui vous disent que le malade, le comateux, voire le mourant, voire le mort !, ne vous entendent pas. Il faut parler à ceux dont on croit qu'ils ne sont plus en état de recevoir une parole, parce que, justement, la parole passe. Il suffit qu'elle soit parole d'amour. ».

    Une leçon sur la douleur : « Il existe quatre étapes pour aborder la douleur. Premièrement, il faut la reconnaître. Deuxième étape, si tu l'as reconnue, il faut l'accepter. Troisième étape, puisque tu l'as acceptée, tu peux essayer d'en sortir. Quatrième et dernière étape, tu es donc capable de la dépasser, puisque tu la connais. ».

    Une leçon sur les forces en présence : « Première force : la volonté et la résistance, transformées en un combat verbal entre les deux voix (la négative et la positive). Deuxième force : le rire. Troisième force : l'amour, les autres. ».

    Une leçon d'amour et de vie : « Lorsque vous êtes en face d'un malade en proie à l'incertitude sur sa propre vie, et à la solitude provoquée par cette incertitude, ne lui dites pas seulement que vous l'aimez. Dites-lui aussi que les autres l'aiment, parlez-lui de ces "autres". Parlez-lui de ce qui fait une des beautés de la vie : parlez-lui des vivants. Car s'il passe ce seuil mystérieux au-delà duquel il devient étranger à vous et aux autres, alors le monde des vivants lui paraîtra une pure absurdité. Empêchez-le de tomber dans cette absurdité et poussez-le doucement à recenser tout ce qu'il doit à ceux qui l'aiment et qu'il aime. Poussez-le à comprendre que votre amour, comme celui des autres, ou celui qu'il a pour les autres, vaut qu'il lutte pour vivre. ».

    Une leçon sur l'ordre des événements : « Tu pensais avoir encore beaucoup d'années, beaucoup de temps devant toi, mais que veux-tu, même si ce n'était pas programmé, c'est en train de se produire. Tu seras peut-être le premier à t'en aller des quatre frères qui formaient ta famille. Et pourtant, tu n'étais pas l'aîné, ni même le second, mais rien ni personne n'a jamais énoncé que l'on quitte la vie dans l'ordre dans lequel on l'a abordée. Rien ! Il n'y a pas de loi, c'est écrit nulle part. Il va falloir l'accepter. Tu seras le premier à rejoindre ton père. ».

    La leçon pour reconnaître un menteur : « On comprend vite le discours d'un menteur. C'est toujours attirant mais on comprend, parce que c'est toujours le même discours. Et l'on finit par comprendre que le menteur lui-même y croit. C'est ce que l'on appelle un menteur de bonne foi. Ce sont les plus dangereux. Eh bien vois-tu, cet homme n'est pas un type bien. Un type bien, c'est le contraire de ce que tu viens de voir et d'entendre. ».

    Une leçon sur la crétinisation ambiante : « Nous vivons une civilisation bombardée d'images et de sons crétinisants. Le monde se crétinise à vitesse accélérée, à la vitesse de l'image. C'est ce que je ressens en ce moment même, pendant que je vous parle. Je me dis que je devrai être plus attentif a préserver mes enfants de la communication de masse, de l'insuffisance de la Culture vers eux. Est-ce que nous les élevons correctement, est-ce que nous n'avons pas abandonné notre devoir d'explication, de nourriture esthétique à leur égard? Donnons-nous à l'éducation toute l'importance qu'elle devrait avoir ? ».

    Où habitait-il alors ? Dans la capitale de la douleur : « L'image me convient, elle est appropriée : tu habites dans la Capitale de la Douleur, boulevard des Allongés, rue des Tubulés, impasse des Quasi-comateux, carrefour du Larynx Bouché, à l'étage de la Bactérie Inconnue et Non Identifiée, dans l'appartement des Perfusés, dans la pièce des Réanimés. Dans le quartier des Angoissés. ».


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    Le second événement marquant fut une dépression nerveuse entre octobre 1999 et avril 2001. Il devait devenir président de RTL en 2000 après avoir été pendant une quinzaine d'années le directeur général des programmes de la station de radio, mais au lieu cela, il s'est retrouvé à l'hôpital. Descente aux enfers : « Acceptez la vérité, c'est déjà un remède. Consulter un médecin psychiatre ne constitue ni une faiblesse ni une tare. La dépression est une maladie. Ça ce soigne. On en guérit. ». Là encore, il a décrit cette étrange maladie dans un roman deux années plus tard, "Tomber sept fois, se relever huit".

    « Faire semblant tout de même ! Par je ne sais quel réflexe d'orgueil, la peur de ne pas être à la hauteur de ce que je crois qu'on attend de moi, je vais m'accrocher à mon travail, au bureau, aux horaires et aux réunions. Je vais faire semblant d'être "opérationnel". Peut-être ai-je commis une erreur. J'aurais peut-être du tout lâcher et dire : "Voilà, je suis malade, je prends un congé, débrouilliez-vous sans moi, je vais me faire soigner". Mais d'abord, je n'avais pas encore admis et accepté que j'étais malade. Je n'arrivais d'ailleurs pas à définir la maladie. Il faut sauver la face, sauver le job aussi, peut-être ? ».

    La description de son état de malade est précise, sincère, factuelle, glaçante.

    L'extinction générale : « Tout fait peine. La voix et le regard sont éteints ? Mais c'est tout votre corps qui l'est, éteint ! ».

    La course au sommeil : « Lassitude, épuisement, tout est lourd, difficile, insupportable. Seul projet, seul objectif : chercher le sommeil et s'y réfugier. Ah ! pouvoir dormir, pouvoir prolonger l'oubli de moi, mon corps, mes jours de la vie. Et espérer que le sommeil m'aidera et me réparera, que j'en ressortirai meilleur, plus en forme. Vite, vite : du sommeil, comme on réclame de l'eau, du pain, comme un clochard quémande de l'argent ! ».

    L'isolement progressif : « Leurs visages et leurs expressions m'échappent, m'indiffèrent. Rien ne m'intéresse que la douleur qui est en train de m'isoler et dresser un mur de verre entre les autres et moi. ».

    L'évolution narcissique : « Le déprimé est fondamentalement un égoïste, autocentré, il ne s'intéresse qu'à sa maladie, il est incapable de se mettre à la place des autres. Il ne connaît plus l'affection. Il est même d'une certaine façon amoureux de sa propre dépression. ».

    Le vide retentissant : « Il y avait ce vide total, cette perte de toute perspective, toute projection dans l’immédiat, il y avait une peur absolue de tout et l’aveuglante certitude d’une absence de solution. Aucune pensée construite, aucune capacité de réfléchir à ce qui était en train de m’arriver. ».

    L'inactivité : « L'épuisement de ne rien faire, ne plus exercer son corps ou son intelligence, ne plus toucher à un stylo, un crayon, du papier, ne voir venir aucune idée, aucun sujet, ne plus s'adonner à cette discipline salutaire et solitaire que j'avais observée depuis ma première jeunesse : prendre des notes ! ».

    Les leçons de la dépression : « Quel est l'héritage d'une dépression ? Qu'ai-je reçu que je n'avais pas ou que j'avais oublié ? Un peu plus de modestie, une forte dose du sens de la relativité des choses, la conscience que ta douleur ne pèse d'aucun poids par rapport à celle de tant d'autres. Le simple recul d'un demi-millimètre sur toi-même, et tu mesures à quel point tes plaintes et souffrances n'étaient que pleurnicheries, eu égard à la misère absolue des condamnés de cette terre. ».

    Ces deux événements de santé autour de 60 ans ont complètement retourné Philippe Labro. Son don de l'écriture et de la description lui a permis de mettre des mots à ses maux (formule qui est certes un poncif). Et surtout, de faire œuvre utile aux autres, à ceux qui souffrent de la dépression mais aussi à leur entourage pour qui c'est très difficile. Il s'est éteint d'un autre mal, lui aussi, hélas, très répandu, en forme de crabe...


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    Sylvain Rakotoarison (04 juin 2025)
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  • Le rejet de la 7e motion de censure contre le gouvernement Bayrou

    « La motion de censure que nous examinons cet après-midi est unique en son genre : c’est la première fois que l’Assemblée Nationale est invitée à voter contre l’Assemblée Nationale. » (François Bayrou, le 4 juin 2025 dans l'hémicycle).




     

     
     


    Placée au milieu de l'examen de la proposition de loi relative au droit de vote par correspondance des personnes détenues, l'examen de la septième motion de censure contre le gouvernent Bayrou a eu lieu ce mercredi 4 juin 2025 après-midi à l'Assemblée Nationale.

    Déposée par 58 députés insoumis, cette motion de censure, la 154e de la Cinquième République, comme l'a rappelé le Premier Ministre François Bayrou, faisait suite à l'adoption de la motion de rejet préalable de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur le lundi 26 mai 2025.

    Revenons rapidement sur cet épisode : cette proposition de loi, dite proposition de loi Duplomb du nom du sénateur Laurent Duplomb qui l'a initiée et déposée le 1er novembre 2024 (avec un autre collègue sénateur), a été adoptée par le Sénat le 27 janvier 2025 en première lecture. Elle vise à faciliter l'activité des agriculteurs et contient quelques mesures fortement contestées par les écologistes notamment sur l'utilisation des produits phytopharmaceutiques. Ce texte a été adopté (après des modifications) par la commission des affaires économiques le 16 mai 2025 et, porté par son rapporteur Julien Dive (LR), devait être débattu en séance publique le 26 mai 2025.

    Mais le trop grand nombre d'amendements déposés par la gauche, en particulier par les insoumis et les écologistes, à savoir 3 455, faisait craindre un enlisement des débats et même une obstruction du texte. Trois semaines auraient été nécessaires pour en venir à bout. C'est pourquoi le rapporteur ainsi que les présidents des groupes du socle commun, à savoir Julien Dive, Laurent Wauquiez (LR), Gabriel Attal (Renaissance), Marc Fesneau (MoDem) et Paul Christophe (Horizons) ont déposé une motion de rejet préalable qui a été adoptée par 274 voix pour (sur 402 votants), 121 voix contre, 7 abstentions (scrutin n°2105).

     

     
     


    Parmi les 274 pour, se trouvaient 105 députés RN, 56 députés Renaissance, 41 députés LR, 21 députés MoDem, 24 députés Horizons, 13 députés LIOT et 11 députés ciottistes. Parmi les 121 contre, se trouvaient 47 députés insoumis, 25 députés socialistes, 36 députés écologistes et 6 députés communistes. En outre, 5 députés de Renaissance et du MoDem (dont Éric Bothorel et Richard Ramos) ont voté contre cette motion de rejet. Comme on le voit, le RN a voté en masse pour cette motion avec la plupart des députés de la majorité du socle commun.
     

     
     


    La conséquence de ce rejet, c'est la formation le 28 mai 2025 d'une commission mixte paritaire(CMP) composée de 7 députés et 7 sénateurs chargés de proposer un texte identique aux deux assemblées... sur la base du texte adopté le 27 janvier 2025 par le Sénat.

    Pour les insoumis, le vote de la motion de rejet préalable par les promoteurs même du texte est la preuve d'une manœuvre de procédure pour éviter le débat et court-circuiter l'Assemblée Nationale, ce qui permet de revenir avec le texte adopté par le sénateur qui sera le document de travail de la commission mixte paritaire.

    C'est ce qu'a expliqué la députée insoumise Mathilde Hignet ce 4 juin 2025 pour défendre la motion de censure déposée par son groupe : « Pour se passer du vote de l’Assemblée, toutes les manœuvres sont bonnes. Après les 49.3 à répétition, l’examen de la proposition de loi dite Duplomb, future loi "pesticides", future loi "agrobusiness", vous conduit à aller encore plus loin en recourant à un 49.3 déguisé : pour la première fois depuis quarante ans, le rapporteur dépose une motion de rejet préalable de son propre texte, ou plutôt du texte dicté par les lobbys de l’agrobusiness et par M. Rousseau, le patron de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Nos concitoyens et concitoyennes doivent comprendre que cette manœuvre ne vise qu’à contourner le débat, le vote des députés : c’est ainsi uniquement la version du texte issue de son examen par le Sénat, et dérangeant même dans vos rangs, chers collègues macronistes, qui sera soumise à la commission mixte paritaire, sept députés, sept sénateurs, loin d’être choisis au hasard, chargés de déterminer à huis clos la mouture finale d’un texte dangereux pour la santé, pour la biodiversité. Privés de notre droit, en tant que parlementaires, de débattre de ce texte, de son impact sur la santé et la planète, face à un gouvernement qui nous mène à la catastrophe, nous déposons cette motion de censure. ».
     

     
     


    Cette députée dit un peu n'importe quoi sur le plan institutionnel car l'article 49 alinéa 3, qui fait partie de notre Constitution approuvée très largement par le peuple français, vise à approuver un texte dans sa globalité alors que la motion de rejet préalable, c'est exactement l'inverse.

    Mathilde Hignet a néanmoins évoqué le fond du débat : « En vérité, vous aviez peur que l’Assemblée, sous pression populaire, ne vote pas comme le souhaite ce gouvernement au service des puissants ; peur qu’un débat public n’expose à tous les yeux l’arnaque que constitue ce texte ; peur que le contenu des amendements retenus en commission, votés par certains dans vos rangs, se retrouve dans la loi. (…) Souvenez-vous ! Souvenez-vous de Christian Jouault, agriculteur, décédé en avril dernier après s’être battu contre une leucémie, un lymphome, un cancer de la prostate, maladies toutes reconnues comme liées aux pesticides. Sous couvert de sauver des filières, vous souhaitez réintroduire un néonicotinoïde, l’acétamipride, dangereux pour l’environnement et la santé. Quelles seront les conséquences d’une telle décision ? Souvenez-vous, collègues, d’Alain Chotard, agriculteur, décédé ce 31 mai après avoir lutté pendant trente ans contre la maladie de Parkinson, elle aussi causée par les pesticides ! Les ravages de ces derniers ne s’arrêtent pas à la lisière des champs : ouvriers de l’agro-industrie, fleuristes, paysagistes, voisins, nous sommes tous concernés. Souvenez-vous de Pascal, décédé d’un cancer lymphatique après avoir été exposé aux pesticides durant vingt-trois ans dans le cadre de son travail de jardinier municipal ! Sacrifier la santé des agriculteurs, des citoyens, aux profits de quelques-uns, voilà ce que vous vous apprêtez à faire. Même la santé des enfants est menacée ! Souvenez-vous d’Emmy, décédée à 11 ans après sept ans de souffrances : la cour d’appel de Rennes a confirmé que sa leucémie avait été causée par l’intoxication aux pesticides, pendant la grossesse, de sa maman, fleuriste. Lorsque vous visiterez, dans votre circonscription, un service d’oncologie pédiatrique, souvenez-vous du texte que vous aurez laissé passer, alors que les médecins alertent désormais au sujet de l’exposition des enfants au cadmium, notamment présent dans les céréales, les pommes de terre, et des risques de cancer du rein ou du foie qui en découlent ! Cette proposition de loi ne règle rien, elle acte les impasses économiques dans lesquelles s’est embourbé notre modèle agricole. Ainsi la prolifération des ravageurs des vergers de noisetiers a-t-elle été facilitée par le doublement, en France, de la surface de ces derniers depuis 2010, une monoculture et une concentration de la production encouragées par Ferrero, qui souhaite gonfler ses 751 millions de bénéfices. Non content de détruire les écosystèmes de l’Indonésie afin de produire de l’huile de palme, Ferrero contribue à la pollution de l’eau et des sols. (…) S’aligner sur le moins-disant ne nous rendra pas plus compétitifs : cela ne fera qu’appauvrir les travailleurs des industries agroalimentaires. Après les normes environnementales, alignerez-vous sur les autres pays la rémunération des agriculteurs ? Leur avenir, est-ce le salaire des pays de l’Est ? Pensez-vous vraiment que relever pour les élevages les seuils à partir desquels s’applique la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) permettra aux éleveurs porcins de contrer la Chine et ses 650 000 cochons élevés dans un immeuble en béton de vingt-six étages ? Lorsque vous évoquez la concurrence mondiale, faites donc preuve d’honnêteté : nos concurrents produisent davantage et moins cher, mais dans quelles conditions ? Enviez-vous à ce point les fermes géantes américaines, avec leurs champs d’OGM à perte de vue, leurs salariés bien souvent immigrés et sous-payés ? Assez de cette course au profit qui sert seulement les intérêts de quelques-uns, assez de cette concurrence déloyale, assez de laisser ceux d’en haut dicter la loi ! ».

     

     
     


    La réponse du Premier Ministre s'est d'abord faite sur sa surprise sur le plan institutionnel : « Nous vivons un moment intéressant (…). Les motions de censure étaient alors généralement déposées par les oppositions contre le gouvernement, par la droite contre la gauche, par la gauche contre la droite, par la gauche et la droite associées contre le centre, et avaient toutes un point commun : elles invitaient l’Assemblée Nationale à voter contre le gouvernement. La motion de censure que nous examinons cet après-midi est unique en son genre : c’est la première fois que l’Assemblée Nationale est invitée à voter contre l’Assemblée Nationale. En effet, la raison, ou plutôt le prétexte, de cette motion de censure est le vote d’une motion de rejet préalable sur un texte d’origine parlementaire, adopté en première lecture par le Sénat. Cette motion de rejet, demandée par quatre des groupes parlementaires de cette assemblée, a recueilli 274 voix contre 121, soit la majorité absolue des votants. Ainsi, l’Assemblée n’est pas contente de l’Assemblée et elle se propose, à la demande de cinquante-huit de ses membres, de manifester le mécontentement qu’elle éprouve à son propre égard en renversant le gouvernement ! Résumons : le gouvernement n’est pas à l’origine de ce texte, il n’est pas à l’origine de son adoption, il n’est pas à l’origine de la motion de rejet préalable, mais il est coupable, forcément coupable, comme le disait Marguerite Duras. ».

    Prônant la démocratie parlementaire, François Bayrou a voulu laisser une plus grande marge de manœuvre au Parlement : « Depuis que ce gouvernement est entré en fonction, il a veillé sans cesse à ce que les prérogatives du Parlement soient respectées, qu’elles s’expriment librement et qu’elles contribuent à résoudre les problèmes qui se posent à nous. Je l’ai affirmé dès notre déclaration de politique générale et je le réaffirme aujourd’hui : la capacité d’action de l’État dépend de la bonne coopération entre le Parlement et l’exécutif. Face aux défis sans précédent qui nous attendent, je crois plus que jamais à la coresponsabilité. Nos institutions invitent à avoir un Parlement fort, un gouvernement fort et un Président fort. Néanmoins, nous devons admettre que nous faisons face, collectivement, à une difficulté que nous ne parvenons pas à surmonter. Les parlementaires, les citoyens et, bien sûr, le gouvernement souhaitent ardemment des réformes. En France, ces réformes passent souvent par des lois. Pourtant, depuis presque six mois, le Parlement ne parvient pas à examiner les textes nécessaires. L’ordre du jour est devenu un casse-tête, les amendements se multiplient, leur nombre double de législature en législature, les débats s’éternisent. Chaque jour, les parlementaires, les commissions, les groupes, les ministres et les observateurs réclament l’inscription de textes nécessaires à l’ordre du jour de l’Assemblée. Pourtant, l’examen de ces textes est rendu impossible à cause de l’engorgement parlementaire délibérément créé au sein de cet hémicycle. (…) Cette situation crée une grande frustration pour les parlementaires sur tous les bancs de l’hémicycle, pour le gouvernement et surtout pour nos concitoyens. Cela n’est bon pour personne. Ce blocage se retourne contre le Parlement lui-même. Les seuls véritables adversaires au bon fonctionnement du Parlement sont ceux qui recourent constamment à l’obstruction et au blocage. Ils cherchent par tous les moyens à miner son travail, à remettre en question sa légitimité et, in fine, à le discréditer aux yeux de nos concitoyens. Nous le constatons chaque jour davantage. Par conséquent, ces adversaires ne sont pas le gouvernement ; ils siègent sur les bancs de cet hémicycle, et empêchent le Parlement de faire son travail. ».

     

     
     


    Justifiant le choix par l'Assemblée du vote de la motion de rejet, François Bayrou a rappelé que cette procédure est parfaitement démocratique : « Le choix qu’ont fait les députés en votant la motion de rejet que vous mettez en cause ne dissimule aucune volonté d’empêcher le débat. Il ne clôt en rien le travail parlementaire : la prochaine étape du texte, la commission mixte paritaire, est le lieu où se construit l’équilibre, le consensus ou le compromis entre les deux chambres du Parlement. C’est une procédure parfaitement régulière, prévue par la Constitution de 1958 et par les règlements des assemblées parlementaires. Elle est fréquemment utilisée sur une très large majorité de textes. La possibilité de voter une motion de rejet est tout aussi régulière, puisqu’elle est également instituée par les textes encadrant le travail parlementaire. Dois-je rappeler à votre groupe qu’il a déposé pas moins de quatorze motions de rejet depuis le début de cette législature, c’est-à-dire depuis septembre 2024 ? Dans cet hémicycle, votre groupe est le recordman de la motion de rejet. Parmi les dix-huit motions déposées par l’opposition, vous en avez déposé quatorze, et vous en avez même fait adopter deux. Vous avez employé la motion de rejet contre des textes portant sur des sujets importants, que nos concitoyens attendaient : la lutte contre le narcotrafic, la sécurité dans les transports, la simplification administrative… Vous utilisez la motion de rejet comme un instrument dans votre stratégie délibérée et continue d’obstruction, qui mène à l’immobilisme. C’est uniquement parce que la proposition de loi des sénateurs Duplomb et Menonville était victime de vos manœuvres d’obstruction qu’une motion de rejet a été déposée puis votée. ».

    En revanche, le Premier Ministre a dénoncé la volonté d'obstruction des promoteurs de cette motion de censure : « Sur ce texte, dont plusieurs mesures sont vitales pour notre agriculture, 3 500 amendements ont été déposés, dont plus de 1 500 par le groupe Écologiste et social et 850 par le groupe La France insoumise. Ces amendements ne contribuent pas à la qualité du débat, ils cherchent plutôt à l’enliser. Je donnerai deux exemples pour que les Français sachent dans quel degré d’enlisement vous essayez d’entraîner le débat. Un amendement propose de remplacer les mots "un mois" par les mots "trente jours". Un autre amendement propose de remplacer le mot "finalité" par le mot "but". Je doute que ces deux modifications répondent aux besoins les plus pressants de l’agriculture française. Avec un rythme d’examen correspondant à allouer trois minutes de débat à chaque amendement, ces 3 500 amendements auraient représenté trois semaines d’examen en séance. Ces trois semaines d’examen auraient empêché la discussion d’autres textes que nos concitoyens attendent pourtant, comme le projet de loi sur Mayotte ou le texte sur l’énergie. Le gouvernement a proposé de mettre en place la procédure du temps législatif programmé ; votre groupe s’y est opposé. Devant l’ampleur des difficultés que nous avons à surmonter, cette stratégie d’obstruction ne constitue pas une attitude responsable. Depuis son entrée en fonction, le gouvernement s’est employé à faire avancer vingt-huit textes adoptés par le Parlement, comme la loi d’urgence pour Mayotte en février, la loi d’orientation agricole en mars, les lois sur le narcotrafic et sur la sécurité dans les transports au mois d’avril. Sur ces bancs, nombreux sont ceux qui considèrent ces jeux d’obstruction comme particulièrement déplacés compte tenu de l’importance des sujets examinés. ».

    Sur le fond, François Bayrou a énoncé la conviction du gouvernement : « Il s’agit là de notre agriculture, de nos agriculteurs, et de la conciliation entre la reconquête de la production agricole et le respect de l’environnement et de la santé publique. Ces sujets sont d’une importance vitale pour notre pays et méritent un débat sur le fond. La conviction du gouvernement est que l’agriculture et le respect de l’environnement sont deux aspects du même combat. Notre ambition pour l’agriculture française est qu’elle garde et renforce son haut niveau d’exigence en matière environnementale, sanitaire et sociale. Nous savons qu’il n’y aura ni souveraineté agricole française ni sécurité alimentaire si notre agriculture n’atteint pas la triple performance économique, qualitative et environnementale. Cet objectif est très largement partagé sur ces bancs, comme cela a été montré par le vote à une large majorité de la motion de rejet pour que le texte puisse enfin être adopté. Il suffit de regarder la situation et les chiffres. ».

    Et de faire un constat alarmant sur la situation de l'agriculture française : « La France était habituée aux excédents agricoles. Pourtant, en 2025, le solde agroalimentaire est déficitaire pour le troisième trimestre consécutif. Il se situe à un niveau très dégradé. Derrière les atouts historiques de la France dans le domaine agroalimentaire, une myriade de déficits commerciaux se détache pour plusieurs catégories de produits : la catégorie des fruits et légumes enregistre 7 milliards d’euros de déficit en 2024 ; les produits d’épicerie, plus de 6 milliards ; les produits d’origine aquatique, 5 milliards ; les viandes et les produits carnés, plus de 3 milliards. Je prends quelques exemples plus spécifiques : pour les tomates, on note un déficit de 393 millions d’euros ; pour les poivrons, 232 millions ; pour les fraises, 143 millions ; pour les poires, 94 millions. Sans une action rapide et sans des moyens adaptés pour soutenir la capacité productive de l’agriculture française, tous nos discours en faveur de la souveraineté agricole et de la sécurité alimentaire se révéleront des vœux pieux. Le texte qui a provoqué cette nouvelle motion de censure a été travaillé avec soin par le Sénat et par les commissions. Il entend permettre à nos agriculteurs de vivre de leur travail tout en continuant à nourrir notre pays dans la durée. Nous ne fragiliserons pas nos producteurs en laissant perdurer des complexités et des distorsions déloyales de concurrence. L’immense majorité des néonicotinoïdes a été interdite ces dernières années. Une seule substance, l’acétamipride, interdite en France, reste autorisée dans les vingt-six autres pays de l’Union Européenne. Interdire à nos agriculteurs de recourir à un produit principalement utilisé pour la culture des noisettes revient à leur imposer une distorsion de concurrence. Les producteurs de noisettes sont un peu plus de 300 en France. Ces nuciculteurs sont à la tête d’exploitations qui ne mesurent pas plus d’une dizaine d’hectares, ce qui représente une part infime de l’espace agricole français, l’équivalent d’un timbre-poste sur un terrain de football. Toutes les noisettes que vous consommez viennent de Turquie ou d’autres pays européens et ont été traitées avec des substances de cet ordre. Vous faites en sorte... Cette vérité semble vous déranger. Vous voulez interdire aux producteurs français d’utiliser un produit considéré comme acceptable dans tous les autres pays européens. Cela revient à rayer de la carte les producteurs français ! Nos agriculteurs vivent un drame que vos actions nourrissent. ».

    Pas étonnant, donc, que l'ancien agriculteur soit resté l'un des plus grands défenseurs des agriculteurs : « Pendant très longtemps, des décennies, voire des siècles, ils ont été considérés comme les meilleurs connaisseurs et les meilleurs protecteurs de la nature. Les campagnes menées contre eux depuis plusieurs années leur ont donné le sentiment d’être pris pour cible et d’être abandonnés. On attaque le cœur de leur vocation, de leur métier, l’amour qu’ils portent à la nature et à leurs terres. Ce n’est pas la faute des lobbyistes, mais de ceux qui intentent un procès infondé à l’agriculture française. C’est vous qui êtes responsables ! La majorité de l’Assemblée s’est exprimée sur ce sujet. Nos agriculteurs savent qu’agriculture et écologie ne pourront être séparées. C’est ce qu’illustre la question de l’eau : sans eau, pas d’agriculture. L’accès à l’eau doit être facilité, mais il convient de réfléchir dans le même temps à un usage responsable de cette ressource, territoire par territoire. Pour trouver ces nouveaux équilibres, nous lançons dès ce mois-ci les conférences territoriales sur l’eau, qui auront lieu d’ici au mois d’octobre. La feuille de route est claire : définir un meilleur partage de la ressource tout en anticipant les risques. Les défenseurs du texte affirment simplement qu’un équilibre de long terme est à trouver entre l’allégement des contraintes qui pèsent sur le travail des agriculteurs et le respect des impératifs environnementaux et de santé publique. Au nom du gouvernement, j’assure de notre confiance les deux chambres du Parlement, qui, représentées au sein de la commission mixte paritaire, parviendront à trouver cet équilibre vital pour nos agriculteurs et notre société. ».

    Après l'intervention d'un orateur par groupe politique, les députés sont passés au vote. À 16 heures 30, la Présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a annoncé les résultats du vote. Sans surprise, la motion de censure a été rejetée. Seuls 116 députés ont voté en sa faveur alors qu'il en fallait 289. L'analyse du scrutin (n°2222) montre qu'ont voté la motion de censure 71 députés insoumis sur 71, 36 députés écologistes sur 38, 8 députés communistes sur 17 et 1 député socialiste sur 66.

     
     


    Encore une fois, cette motion de censure des insoumis est tombée dans l'eau. Incontestablement, à la veille de leur congrès crucial, les socialistes ont refusé la stratégie du chaos voulue par Jean-Luc Mélenchon. François Bayrou bénéficie ainsi d'une relative stabilité, celle d'empêcher une collusion entre les députés RN et les députés socialistes qui pourrait les conduire à voter ensemble une même motion de censure. Pour les insoumis, ce n'est que partie remise et ils restent convaincus que ...la huitième motion de censure sera la bonne. Quant au gouvernement, il va bosser sur le budget 2026 qui est la principale difficulté du semestre qui va venir.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (04 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La proposition de loi Duplomb pour les agriculteurs.
    Le rejet de la 7e motion de censure contre le gouvernement Bayrou.
    Interview de François Bayrou le 27 mai 2025 sur BFMTV (vidéo intégrale).

    La longévité du Professeur Bayrou.
    Les Républicains.
    Le PS.
    EELV.
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Bétharram : François Bayrou a apporté les preuves de sa bonne foi.
    Bétharram : François Bayrou bouleversé par le témoignage de sa fille.
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
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    François Bayrou : la France avait raison !
    Le Pen : inéligibilité, exécution provisoire, récidive et ordre public.
    Marine Le Pen, est-elle si clean que cela ? (22 février 2017).
    Condamnation Le Pen : la justice vole-t-elle l'élection présidentielle de 2027 ?
    Le fond accablant de l'affaire Le Pen.
    Texte intégral du jugement délibéré du 31 mars 2025 sur l'affaire Le Pen (à télécharger).
    Affaire Le Pen : ne confondons pas victime et coupable !
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    L'installation du nouveau Conseil Constitutionnel présidé par Richard Ferrand.
    Richard Ferrand validé de justesse par le Parlement.
    François Bayrou et la motion de censure de congrès du PS.
    François Bayrou surmonte une 6e motion de censure en cinq semaines !
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
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    Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?
    Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
    4 motions de censure et pas d'enterrement !
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
    François Bayrou, le début du commencement.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250604-motion-de-censure.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-rejet-de-la-7e-motion-de-261367

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/04/article-sr-20250604-motion-de-censure.html



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  • La proposition de loi Duplomb pour les agriculteurs