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  • Israël vs Iran : Emmanuel Macron l'équilibriste

    « C'est une étape nouvelle dans la guerre qui se joue dans la région. Je sais l'inquiétude légitime de nos compatriotes face à ces événements. » (Emmanuel Macron, le 13 juin 2025 à l'Élysée).



     

     
     


    Ça y est, souvent redouté et maintenant réalisé. Israël a attaqué l'Iran ce vendredi 13 juin 2025. Cette date, comme d'autres dates récentes, marquera sans doute l'histoire du Proche-Orient. Après les massacres du 7 octobre 2023, l'État d'Israël a fait des offensives à Gaza, au Liban, et maintenant en Iran pour assurer sa défense et son existence, souvent au prix de nombreuses victimes civiles innocentes. À ce moment crucial, le Président de la République française Emmanuel Macron a tenu à s'exprimer sur ce sujet grave au cours d'une conférence de presse organisée le soir même à l'Élysée (on pourra la lire ou la regarder dans son intégralité ici).

    Les premières paroles furent pour justifier l'attaque d'Israël par la condamnation du programme nucléaire iranien : « La France a condamné depuis longtemps et à de multiples reprises l'accélération du programme nucléaire et balistique iranien. L'Iran a continué d'enrichir de l'uranium sans aucune justification civile et à des niveaux désormais très proches de ce qui est nécessaire pour un engin nucléaire, accumulant près de 40 fois plus d'uranium enrichi que ce qui lui était autorisé. Elle s'est ainsi affranchie de toutes ses obligations vis-à-vis de la Communauté internationale, rompant ses propres promesses. ».

    Le chef de l'État a aussi condamné le développement du programme de missiles : « Parallèlement, l'Iran développe à marche forcée un programme de missiles. Certains sont en théorie capables d'emporter un engin nucléaire et d'autres ont la portée permettant d'atteindre certaines parties de notre territoire national. ».
     

     
     


    Enfin, il a considéré l'Iran comme complice des organisateurs du pogrom du 7 octobre 2023 mais aussi comme un État hostile à la France et aux Français : « L'Iran porte une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la région, a soutenu le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, s'est félicité de l'attentat terroriste du 7 octobre, à la suite duquel 50 compatriotes ont perdu la vie, et détient toujours deux otages français, Cécile Kohler et Jacques Paris. (…) L'Iran fournit aussi des missiles à la Russie pour l'aider dans son agression contre l'Ukraine. ».

    Tout cela pour réaffirmer haut et fort le problème actuel de l'Iran : « Et donc, je le dis avec la plus grande clarté, le risque de cette marche vers l'arme nucléaire par l'Iran menace la région, l'Europe et, plus généralement, la stabilité collective. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où l'Iran posséderait la bombe atomique, car c'est une menace existentielle et une menace pour notre sécurité à tous. ».


    Et pour réaffirmer haut et fort le soutien à Israël : « Mais nul n'est plus directement visé qu'Israël, dont l'Iran appelle sans relâche à la destruction. Je l'ai souvent répété, Israël a le droit, comme chaque peuple, de vivre délivré de l'angoisse de l'anéantissement, du risque de l'attaque et de la menace du terrorisme. Nous restons attachés à cette exigence pour la sécurité d'Israël. Je l'ai réaffirmé ce matin au Premier Ministre Benyamin Netanyahou. ». Mais la France n'a pas soutenu l'attaque d'Israël contre l'Iran : « Est-ce que, pour autant, nous la soutenons, nous avons voulu l'accompagner, nous l'avons planifiée avec eux ? La réponse est non. ».
     

     
     


    Donc, la situation du nucléaire iranien est extrêmement grave : « Pour autant, la voie que la France continue avec constance de poursuivre est une voie diplomatique, c'est-à-dire celle qui consiste à redonner la légitimité à l'AIEA de poursuivre son programme, à demander de suivre l'ensemble des sites d'enrichissement et de revenir à des seuils qui correspondaient aux engagements internationaux. Nous avons été parmi les pays les plus exigeants et les plus constants sur la question du nucléaire iranien comme du balistique iranien, mais nous avons toujours privilégié la voie de la discussion diplomatique et des exigences techniques de l’AIEA plutôt que l'intervention militaire. C'est pourquoi la France n'était pas engagée dans une discussion avec Israël sur ce sujet, et c'est pourquoi la France ne recommandait pas des attaques de la part d'Israël. ».

    En même temps, la France veut contribuer au retour à la paix par une action diplomatique intense : « Face au risque majeur de déstabilisation pour toute la région, la France appelle désormais toutes les parties à la plus grande retenue pour éviter l'escalade. La question du nucléaire iranien est une question grave, une question existentielle. C'est par la négociation qu'elle doit désormais être réglée. C'est pourquoi je regrette que l'Iran n'ait pas pris au sérieux les propositions avancées par les États-Unis et a refusé jusqu'alors toutes les concessions comme les gestes nécessaires. Nous appelons à la reprise du dialogue, à la conclusion d'un accord, seul chemin pour désamorcer la situation, et nous sommes prêts à mettre tous nos efforts pour atteindre cet objectif. Depuis ce matin, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le Président Trump, nos alliés européens, en particulier britanniques et allemands, ainsi que nos partenaires dans la région, jusqu'à l'instant même, les dirigeants d'Arabie saoudite, du Bahreïn, de la Jordanie, du Qatar, des Émirats arabes unis, de l'Égypte ou du Liban. Nous serons aux côtés de nos partenaires dans la région, auxquels j'ai rappelé notre solidarité et notre engagement, y compris celui de nos forces pour les protéger. Ce matin, j'ai tenu un Conseil de sécurité et de défense nationale sur la situation au Proche et Moyen-Orient et ses conséquences pour notre pays. (…) Plusieurs mesures ont aussi été actées pour garantir la sécurité de nos ressortissants, de nos troupes et de nos ambassades dans la région. Je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre sur place, quel que soit le prétexte. Notre dispositif militaire dans la région est quant à lui en alerte. (…) Chaque jour, chaque heure, la France agit pour la paix et la sécurité pour tous au Moyen-Orient. ».

    Pour Emmanuel Macron, l'attaque de l'Iran ne doit cependant pas faire oublier la situation très grave de Gaza : « Les efforts pour rétablir le cessez-le-feu, rompus depuis le 1er mars, n'ont à ce stade pas abouti. Pourquoi ? Parce que cette logique militaire, celle de l'occupation, des déplacements, du siège, ne mènent nulle part, si ce n'est à un conflit permanent. Pour arrêter la guerre, il faut redonner une perspective de paix afin de bâtir les deux États et assurer la paix et la sécurité pour tous. C'est ce que porte la France depuis le 7 octobre, fidèle en cela à son engagement historique. Et c'est aussi le rappel qu'une vie vaut une vie et que pour la France, il n'y a pas de double standard. C'est par cette exigence que seront restaurées la paix et la sécurité régionales. ».

     

     
     


    Ainsi, la France rappelle très clairement son objectif de la création d'un État palestinien au côté de l'État d'Israël dans le cadre d'une conférence de paix : « Les objectifs que nous poursuivons à travers cette conférence internationale coorganisée avec l'Arabie Saoudite sont les suivants. En premier lieu, sécuriser la libération des otages et permettre l'arrivée dans la bande de Gaza d'une aide humanitaire massive. Ensuite, consolider le cessez-le-feu le plus durable possible. Troisièmement, enclencher un processus politique qui se substitue aux armes et qui permette d'obtenir une réforme de l'autorité palestinienne et la mise en place d'une administration sous l'autorité palestinienne dans la bande de Gaza, excluant le Hamas, qui doit être désarmé. L'objectif, c'est donc un État palestinien démilitarisé, reconnaissant l'existence et la sécurité d'Israël, qui doit recevoir le soutien d'une mission internationale de stabilisation. C'est le préalable indispensable à l'intégration régionale d'Israël et à l'établissement de sa reconnaissance mutuelle. Si nous devons décaler la tenue de cette conférence pour des raisons logistiques et sécuritaires, dans la mesure où les dirigeants de l'autorité palestinienne ne peuvent rejoindre les Nations unies, elle aura lieu au plus vite. Et dès les prochains jours, en lien évidemment avec les dirigeants de la région et plus particulièrement avec l'Arabie Saoudite, une date sera refixée. Ce report ne saurait remettre en cause notre détermination à avancer vers la mise en œuvre de la solution des deux États, quelles que soient les circonstances. ».

    D'où la détermination intacte d'Emmanuel Macron qui ne plaira pas à Israël : « J'ai dit ma détermination à reconnaître l'État de Palestine. Elle est entière et c'est une décision souveraine. En ces heures, l'urgence d'un Moyen-Orient en paix est d'autant plus grande. Je mettrai à profit les grandes échéances des prochains jours et notamment le sommet du G7 dès la semaine prochaine pour rapprocher les points de vue de nos partenaires, nous concerter plus avant avec les États-Unis d'Amérique et avancer dans ce sens. ».
     

     
     


    Le Président français a bien mesuré le caractère explosif de la situation d'une possible guerre entre l'Iran et Israël : « Je ne vais pas ici documenter le pire, mais nous nous préparons à tout. Il est évident que selon les ripostes qui seront décidées par l'Iran, mais aussi si Israël devait continuer des opérations en Iran, sur le sol iranien qui aille au-delà des cibles jusqu'alors indiquées, nous rentrerions dans des situations dont aujourd'hui, nul ne peut totalement se figurer les conséquences. ».

    Pour résumer, Emmanuel Macron souhaite que la France se trouve au barycentre de la recherche de la paix, surtout en réaffirmant le soutien à Israël mais aussi en rappelant ses désaccords fermes sur la politique israélienne à Gaza : « Nous sommes attachés à la paix et la sécurité pour tous. Eh oui, parfois, nous avons des désaccords avec Israël, et nous les assumons. Ou plutôt, nous avons des désaccords avec le Premier Ministre Netanyahou et son gouvernement, et nous les assumons. Parce que parfois, nous considérons que les décisions qu'il prend sont mauvaises pour la sécurité d'Israël elle-même. Et lorsqu'il mène une opération massive, terrestre, qui fait tant de victimes civiles à Gaza, nous considérons que c'est à la fois une trahison de ce qu'est l'histoire même et l'identité d'Israël et dangereux pour la sécurité d'Israël aujourd'hui et demain. Voilà. Et donc si je devais vous résumer les choses et la position française, elle est assez simple. Nous sommes pour la paix, la sécurité et la stabilité pour tous dans la région. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient avec un Iran qui soit doté de l'arme nucléaire. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient où Gaza soit durablement occupée, des civils maltraités. Et nous croyons que la solution est la stabilité, c'est un Israël vivant en paix à côté d'un État palestinien, vivant en paix et en sécurité, et ayant reconnu l'existence et les droits d’Israël à se défendre dans la région. C’est ça ce que nous poursuivons. Et je crois que c’est honnêtement une perspective honnête, cohérente, et j’espère, réaliste. ».

    Par cette intervention du Président français, la France se retrouve partie prenante d'une solution de paix au Proche-Orient... comme depuis une cinquantaine d'années.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (13 juin 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Israël vs Iran : Emmanuel Macron l'équilibriste.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 13 juin 2025 à l'Élysée (vidéo et texte intégral).
    Emmanuel Macron à la télévision : Mélanie avant l'Urgence Océan.
    Mélanie, la douceur incarnée.
    Il y a un an, la dissolution !
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur les taxes douanières américaines le 3 avril 2025 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et les joyeux JO.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Sidération institutionnelle.
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250613-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/israel-vs-iran-emmanuel-macron-l-261515

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/06/13/article-sr-20250613-macron.html


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  • Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?

    « Rester libres : une armée plus forte, une économie plus indépendante, une jeunesse protégée et éduquée, nous y arriverons. » (L'engagement d'Emmanuel Macron le 13 mai 2025 sur TF1).



     

     
     


    Le Président de la République Emmanuel Macron a participé à une émission spéciale ce mardi 13 mai 2025 à 20 heures sur TF1 intitulée "Les défis de la France" (qu'on pourra revoir à ce lien). Cette intervention, interminable (elle a duré près de trois heures et quart) avec seulement 5 à 6,5 millions de téléspectateurs, a probablement plus desservi que servi le chef de l'État.

    On comprend bien qu'Emmanuel Macron était à la diète médiatique depuis la dissolution et qu'il mourait d'envie de reprendre pied dans la vie politique française. Pourtant, on sait que la rareté médiatique est souvent appréciée pour le chef de l'État. Alors qu'il venait de prendre le leadership de l'Europe et même, du monde dit libre, face aux bombes de Vladimir Poutine, et qu'il a montré une réelle utilité politique et internationale, Emmanuel Macron n'a pas pu s'empêcher de vouloir revenir dans le jeu politique intérieur, et, à mon avis, il s'y est mal pris. Je pense qu'il a vraiment, et depuis le début, de très mauvais conseillers en communication au château.

    L'émission était beaucoup trop longue, s'arrêtait sur beaucoup de détails techniques (un Président de la République n'a pas à aller jusqu'à proposer de louer des places de prison !) et a évoqué tellement de sujets qu'à la fin, il n'en est rien ressorti. S'il y avait un message à faire passer, il fallait rester sur le sujet de ce message. Mais justement, je crains qu'il n'y eût pas d'autre message que l'idée qu'il était de retour sur la scène intérieure. Et le dire pendant plus de trois heures, cela pouvait devenir pénible pour les téléspectateurs même s'il faut saluer sa maîtrise de tous les sujets, c'est toujours un petit exploit intellectuel, mais rappelons-nous que pendant les grands débats, Emmanuel Macron était capable de se prêter à cet exercice pendant six heures, sept heures... devant des élus locaux médusés.

     

     
     


    J'ai trouvé en plus qu'Emmanuel Macron était un peu malmené sur le plan relationnel. Le journaliste Gilles Bouleau, grand ordonnateur de ce spectacle politico-médiatique, a été parfois un peu cavalier, lui disant par exemple : « Non ! Monsieur le Président, un peu de discipline ! » ou encore, à la fin, sans mot de politesse, comme un gradé à un bidasse (alors qu'il est le chef des armées) : « Suivez-moi ! ». Réciproquement, Emmanuel Macron s'est permis des expressions très familières, jusqu'à jurer : « Bon Dieu ! », ce qui a écorché mes pieuses oreilles, ou encore : « On plie les gaules ! ».

    On a du mal à imaginer De Gaulle dire ainsi ou être traité ainsi, mais De Gaulle est révolu depuis longtemps pour la communication politique. Je verrais plutôt une comparaison avec cette émission terrible d'Yves Mourousi diffusée en direct le 28 avril 1985 sur TF1,
    "Ça m'intéresse Monsieur le Président", où il se permettait d'interroger le Président François Mitterrand avec le derrière à moitié assis sur son bureau, une familiarité qui avait aussi beaucoup choqué (c'était l'émission qui François Mitterrand disait qu'il était « bléca » pour montrer qu'il était très « branché » !).
     

     
     


    Mais contrairement à l'émission de 1985 où l'on servait la soupe au Président de la République, cette émission de 2025, quarante années plus tard, était plutôt une sorte de guet-apens médiatique et politique tant le Président s'est trouvé systématiquement en position de défensive, ne pouvant que rappeler et expliquer en long et en large son bilan de huit années de Présidence et, malgré le titre de l'émission, il a évoqué très peu de perspectives d'avenir, de vision, avec des éléments concrets et mesurables. Le flou, comme on lui a souvent reproché, l'a emporté sur un message clair.

    Il a oublié de rappeler le principal : le contexte politique et institutionnel actuel qui veut que, depuis l'été 2024, il n'existe aucune majorité et que la difficulté de faire des réformes est aussi dans la difficulté de réunir deux Français sur trois (selon le rêve de Valéry Giscard d'Estaing en 1983), ou, du moins, deux députés sur trois. C'est d'autant plus important qu'Emmanuel Macron a répété son intention de ne plus dissoudre l'Assemblée et d'aller ainsi jusqu'en 2027.
     

     
     


    En face d'Emmanuel Macron, il y a eu des interlocuteurs qui s'étaient excellemment bien préparés à la confrontation, qui ont été percutants et qui n'ont pas ménagé le Président, en particulier les trois principaux (politiquement) : la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, bien organisée, tenace et avenante (ce qui ne l'empêche pas d'être dans ancien monde ; pourquoi les Français devraient-ils payer des milliards de leur poche pour la nationalisation d'un grand groupe industriel qui n'aurait plus de clients ?), la diamétralement opposée à la précédente Agnès Verdier-Moliné, essayiste et directrice de la Fondation iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), un think tank libéral, et le maire de Bézieux Robert Ménard qui se permettait quelques familiarités de langage avec le Président.

    La première interlocutrice reprochait à Emmanuel Macron de ne pas dépenser assez pendant que la deuxième lui reprochait exactement l'inverse, de ne pas avoir réduit la dépense publique. Emmanuel Macron a rappelé tout l'historique de l'augmentation de la dette, avec des crises majeures comme le covid, l'inflation et l'énergie, la France s'en était bien tirée : «  Si on regarde nos déficits, entre 2017 et 2019, lorsque j’arrive aux responsabilités, on baisse les impôts de manière massive. (…) On a eu une politique vertueuse. (…) [J']assume totalement [la politique du] quoi qu’il en coûte (…). On a protégé notre appareil productif. On a dépensé beaucoup d’argent, mais on a prévenu un chômage qui serait tombé. ».

     

     
     


    Fustigeant la bureaucratisation et l'augmentation infernale des normes et de la réglementation, Agnès Verdier-Moliné lui a cependant rappelé que des 1 100 milliards d'euros d'augmentation de la dette publique sous ses mandats, il y en a 500 milliards qui ne proviennent pas des crises. Mais on a oublié de dire que justement, ces 500 milliards d'euros de déficit sur ces années-là proviennent du déficit structurel des retraites !

    Emmanuel Macron a donc montré un petit graphique pour montrer qu'aujourd'hui, le gouvernement recherche 70 euros d'économies pour 1 000 euros de dépenses publiques, d'ici à 2029. La plus grande partie des dépenses publiques reste les dépenses sociales (retraites, sécurité sociale et autres).

     

     
     


    Il voudrait bien réduire le nombre de fonctionnaires (« mais ce n’est pas [la piste] qui crée le plus d’économies »), et pas les militaires, pas les enseignants, pas les soignants... Plutôt : « faire des efforts sur ce qu'on suradministre. On a un taux de suradministration dans la santé. Là, on a des pistes. ».

    Emmanuel Macron a proposé d'ouvrir deux grands chantiers : une conférence sociale sur le financement de notre modèle social, qui repose trop sur le travail, et un autre sur le travail des seniors, qu'il puisse y avoir plus de souplesse, etc.
     

     
     


    Par ailleurs, le Président de la République a exclu tout référendum sur les retraites mais aussi sur l'immigration, ce dernier serait même anticonstitutionnel selon lui. Défendant « le droit à vivre une vie de famille normale », le chef de l'État s'est prononcé pour maintenir le regroupement familial : « Je ne suis pas pour remettre en cause le regroupement familial. (…) Le regroupement familial qui l’utilise ? L’essentiel du regroupement familial ce sont des Français ou des Françaises qui épousent des étrangers et veulent les faire venir. ».

    En revanche, Emmanuel Macron a donné raison à Robert Ménard dans son refus, en tant que maire, de marier quelqu'un qui était sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) : « Il a raison, c’est le bon sens. Je suis pour qu’on exécute les OQTF et donc la proposition de loi du sénateur Demilly, sénateur de la Somme. Je souhaite qu’elle soit inscrite rapidement à l’Assemblée Nationale. Je pense que c’est un bon débat, car c’est un débat de bon sens. ».


    Le Président s'est également opposé au port de signes religieux dans le sport : « Je suis pour la charte olympique qui interdit le port de tous signes religieux dans les compétitions. La pratique du sport, je pense que c’est aux fédérations de décider. Mais je pense que quand on est dans une compétition, ce n’est pas la place d’un signe religieux. ».

    Répondant à l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot, Emmanuel Macron a refusé de trouver dans une nouvelle taxe sur les successions la solution miracle de tout : « Mon programme est plutôt de baisser la taxe d’héritage (…). La clef, c’est qu’on aide davantage nos compatriotes à constituer un patrimoine. (…) Je pense que la réponse n’est pas dans les taxes, la réponse est dans notre capacité à avoir plus de mobilité sociale. ».
     

     
     


    L'émission a commencé sur la guerre en Ukraine et le harcèlement de questions du journaliste maison Darius Rochebin. Emmanuel Macron a été assez convaincant dans ce domaine qu'il connaît par cœur pour être l'un des acteurs majeurs de la vie internationale. Le chef de l'État a souhaité négocier directement avec Vladimir Poutine : « Je le ferai en coordination avec Volodymyr Zelensky et avec les partenaires européens. On doit négocier avec lui pour la suite. ».

    Emmanuel Macron en a profité pour balayer toutes les fake news sur son compte : « Nous n’avons jamais proposé d’être sur la ligne de front. Il y aura forcément une ligne entre des territoires occupés et des territoires libres. Faut-il un mandat des Nations-Unies, une force de maintien de la paix ? Cela fait partie de la question. (…) Les forces de réassurance, ce n’est pas des forces sur la ligne de front. (…) C’est mettre des forces prépositionnées, loin de la ligne de front, dans des endroits qui sont clefs, dans des opérations conjointes, (…) avec une capacité de dissuasion. (…) Si la Russie violait la paix, elle attaquerait de facto les forces alliées. ».

    Enfin, pour être tout à fait clair : « Ce qui se joue en Ukraine, c'est notre sécurité. (…) On doit aider l'Ukraine à se défendre, mais on ne veut pas déclencher un troisième conflit mondial. (…) Nous avons décidé de ne pas engager nos troupes en confrontation directe avec une puissance dotée de l’arme nucléaire (…), pour qu’il n’y ait pas d’escalade, car on ne veut pas faire la troisième guerre mondiale [avec la Russie]. ».

    Il a par ailleurs rappelé la doctrine française de la dissuasion nucléaire : « Depuis qu’une doctrine nucléaire existe, il y a toujours eu une dimension européenne dans la prise en compte de ce que l’on appelle les intérêts vitaux. On ne le détaille pas car l’ambiguïté va avec la dissuasion. (…) Si les Européens veulent rester libres, ils doivent être en situation de s'armer, d'être solidaires et de dissuader. (…) La France est prête à une discussion sur le déploiement d'avions armés de bombes nucléaires dans d'autres pays européens. (…) La France ne paiera pas pour la sécurité des autres, ça ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous et la décision finale reviendra toujours au Président de la République. ».

    Emmanuel Macron a été aussi interrogé sur la situation dramatique à Gaza : « C’est un drame et c’est horrible. Moi, mon boulot, c’est de tout faire pour que cela s’arrête. (…) Ce que fait le gouvernement de Benjamin Netanyahou est inacceptable et aujourd’hui, la crise humanitaire est la plus grave depuis octobre dernier. (…) On ne peut pas faire comme si de rien n’était, donc on va devoir monter la pression. ».
     

     
     


    À la fin de l'émission, il a évoqué les référendums possibles. C'est sans doute sa partie la plus mauvaise de l'émission, car il est resté dans le flou complet. L'Élysée avait pourtant fait monter la sauce en annonçant des initiatives dans ce domaine, mais il n'en a rien été. Certes, le Président de la République a confirmé ses vœux du 31 décembre 2024 : « Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation multiple, c’est-à-dire plusieurs référendums en même temps, dans les mois qui viennent. ». Mais : « Cela suppose un travail qui chemine pour le gouvernement » et « on a des réformes institutionnelles qui sont à prévoir, des réformes économiques qui sont à porter ». Il a avoué ne pas vouloir « donner ici trop précisément les thèmes. C’est au gouvernement de finir ce travail et à moi de prendre les décisions. ». Tout en excluant un référendum sur les finances publiques qui est de la compétence du Parlement.
     

     
     


    Ainsi, Emmanuel Macron a évoqué des thèmes qui sont très anecdotiques selon les Français, tels que l'interdiction des réseaux sociaux en dessous d'un certain âge pour préserver les jeunes, l'exposition aux écrans, etc. Et aussi, l'euthanasie. Ce qui me navre vraiment (j'y reviendrai). Certes, il veut un travail au Parlement, mais pour faire pression sur les députés et les sénateurs, il n'exclut pas de soumettre la loi sur l'euthanasie au référendum, ce qui serait une grave faute morale et politique : « Si à l’issue de cette première lecture, on voyait un enlisement, une espèce d’impossibilité d’aller au bout, à ce moment-là, le référendum peut être une voie pour débloquer et permettre aux Françaises et aux Français de s’exprimer. ». C'est un sujet très sensible et le débat doit être apaisé, voire consensuel. Le mettre dans un référendum polariserait stupidement et inutilement "l'opinion publique" (pour être clair, je conçois que je dois être à l'envers des tendances majoritaires actuelles puisque je soutiens Emmanuel Macron mais, en même temps !, je suis absolument contre cette loi sur l'euthanasie).
     

     
     


    Je termine par trois éléments de politique politicienne.

    Le premier concerne la confiance qu'Emmanuel Macron porte envers le Premier Ministre François Bayrou à la veille de son audition devant la commission d'enquête sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram : « Demain, je sais qu’il répondra à toutes les questions qui lui seront posées. Je sais qui il est. Le Premier Ministre est un homme que je connais depuis de nombreuses années, je sais qui il est et j’ai confiance en lui. ».

    Le deuxième élément est une confidence volée, repérée par certains éditorialistes. Lorsque Sophie Binet a dit à Emmanuel Macron que, selon les sondages, 65% des Français seraient favorables à un référendum sur les retraites, le Président a tout de suite rejeté l'intérêt des sondages en disant qu'ils pouvaient se tromper, et surtout, laissant croire qu'il avait prononcé la dissolution de l'Assemblée à partir de sondages (douteux). Si c'était vrai, ce serait malheureux que d'autres critères n'aient pas été pris en compte dans la réflexion du chef de l'État.


    Enfin, le troisième élément est la dernière question de Gilles Bouleau, décidément une de trop, qui était, non pas de se retrouver à l'élection présidentielle de 2027, mais déjà à celle de 2032 ! En gros, est-ce qu'Emmanuel Macron solliciterait un nouveau mandat en 2032 (en fait, la question était plus rusée, c'était : est-ce qu'il excluait complètement de se représenter en 2032 ?). La réponse d'Emmanuel Macron était intéressante, pour le coup : « Je suis le premier Président qui n’a constitutionnellement pas le droit de se représenter. Ce n’est jamais arrivé. (…) Je pense chaque jour à une seule chose, c’est notre pays, c’est aller au terme de ce mandat en ayant fait tout ce que je pouvais faire. (…) Quand j’aurais fini, je réfléchirai à la suite, et à ce moment-là je pourrais vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi. ».
     

     
     


    Que retiendrons les Français de cette très très longue émission de télévision ? Sans doute rien ! Car il n'y a eu aucune annonce claire, concrète et mesurable. C'est donc surtout un sentiment d'impuissance qui transparaît implicitement du flou élyséen. Et c'est normal, car la réalité, mais il n'osera jamais se l'avouer, le pouvoir politique s'est déplacé à Matignon et au Palais-Bourbon. L'Élysée reste essentiel pour la diplomatie et la défense, mais certainement pas pour la politique économique et sociale de la France. Pour preuve, cette petite remarque sur le travail du gouvernement : « Le Premier Ministre travaille avec son gouvernement sur un budget. Le budget, c’est la compétence du Parlement. (…) Il travaille aussi sur des réformes ambitieuses sur le plan économique et social. Je n’ai pas le plan. Donc, quand il me présentera ses réformes, si on considère que certaines peuvent aller au référendum, je vous dis pourquoi pas. ». "Je n'ai pas le plan" : voilà sans doute l'explication de l'impuissance présidentielle ! Il ne lui reste plus que le verbe.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur les taxes douanières américaines le 3 avril 2025 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et les joyeux JO.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Sidération institutionnelle.
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250513-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-qu-allait-il-faire-260950

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/13/article-sr-20250513-macron.html


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  • Ukraine : le retour de la diplomatie européenne

    « Le samedi 10 mai 2025, les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de la Pologne, du Royaume-Uni et de l’Ukraine se sont rencontrés à Kyiv. Ils sont convenus qu'à partir du lundi 12 mai, il devrait y avoir un cessez-le-feu complet et inconditionnel pendant au moins 30 jours. Ils sont convenus qu'un cessez-le-feu inconditionnel, par définition, ne peut être soumis à aucune condition. Si la Russie demande de telles conditions, cela ne peut être considéré que comme une tentative de prolonger la guerre et de saper la diplomatie. Ils ont exigé que le cessez-le-feu soit global, dans les airs, en mer et sur terre. Ils ont souligné que ce cessez-le-feu nécessitait un monitoring efficace, qui pourrait être mis en œuvre avec succès en étroite coordination avec les États-Unis. (…) Ils sont convenus que si la Russie refusait un cessez-le-feu total et inconditionnel, des sanctions plus sévères devraient être adoptées contre les secteurs bancaire et énergétique, ciblant les combustibles fossiles, le pétrole et la flotte fantôme. Ils sont convenus d'adopter un 17e paquet de sanctions fortes de l'UE et de le coordonner avec les sanctions imposées par le Royaume-Uni et la Norvège, ainsi que par les États-Unis. » (Communiqué commun du 10 mai 2025 à Kiev).



     

     
     


    On se demande pourquoi Emmanuel Macron irait chercher dans un référendum aux résultats très aléatoires (on verra son intervention télévisée de ce mardi 13 mai 2025) ce qu'il a trouvé déjà en politique étrangère, à savoir le crédit qu'on peut porter à un homme d'État exceptionnel. Car avec la guerre en Ukraine, il s'agit bien de cela. Dès 2017, le Président Emmanuel Macron avait prôné une véritable souveraineté européenne et une défense européenne, faisant le constat que l'OTAN était en mort cérébrale. Et c'est Vladimir Poutine, en tentant d'envahir l'Ukraine, qui a réveillé et l'OTAN et l'Europe ! L'objectif d'Emmanuel Macron et de tous ses homologues européens, c'est d'éviter de nouveaux Accords de Munich avec l'Ukraine. Et donc, d'éviter une nouvelle guerre générale.

    L'Europe et la France peuvent être fières d'Emmanuel Macron. Heureusement qu'il est là, car il manquait un leader à l'Europe pour réaffirmer tout simplement nos valeurs, et la première de celles-ci, c'est la paix, mais la paix durable, la paix juste, pas la paix du plus fort contre le plus faible, pas la paix de Vladimir Poutine qui ne s'apaiserait qu'en écrasant l'Ukraine, qu'en écrasant la Pologne, les Pays baltes, la Moldavie, la Géorgie, qu'en faisant renaître une Grande Russie (idéalisée) comme Hitler voulait une Grande Allemagne.

    Le vent tourne pour Vladimir Poutine. À force d'envoyer ses missiles tuer des civils, le Président de la Fédération de Russie a déçu, pire, a lassé Donald Trump prêt à abandonner tous ses efforts sur ce conflit. Le Président russe a raté une opportunité historique. Le résultat, c'est un revirement total (dont le Président américain est coutumier). Volodymyr Zelensky a accepté le principe d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours proposé par les États-Unis, les Européens aussi et ils l'ont dit avec une grande force. La diplomatie européenne revient sur le devant de la scène ukrainienne, et avec elle, la diplomatie française.

    Deux images fortes pour le pont du 8 mai 2025. Parallèlement aux défilés caricaturaux à Moscou devant les hôtes de Vladimir Poutine, notamment Xi Jinping, Sissi, Maduro, etc. où les canons faisaient figures de valeurs, le Président Emmanuel Macron et le Premier Ministre polonais Donald Tusk ont signé le vendredi 9 mai 2025 dans la belle ville de Nancy, sur la Place Stanislas (à l'Hôtel de Ville), le Traité pour une coopération et une amitié renforcées entre la République de Pologne et la République française.

     

     
     


    Ce n'est pas nouveau que Nancy, la capitale des ducs de Lorraine, s'est retrouvée au centre d'une diplomatie intense. Il y a vingt ans, le 19 mai 2005, la Place Stanislas a accueilli également un mini-sommet entre le Président français Jacques Chirac, le Chancelier allemand Gerhard Schröder et le Président polonais Aleksander Kwasnieski. Dans sa conférence de presse à cette occasion, Jacques Chirac a déclaré : « Je voudrais remercier la ville de Nancy, ses habitants, son maire pour l'accueil qu'ils nous ont réservé et aussi les féliciter, féliciter tous les Nancéiens très chaleureusement pour la superbe restauration de la place Stanislas réalisée à l'occasion de son 250e anniversaire. C'est une belle image donnée par Nancy au monde de la France, de son art et de son histoire. Cette rencontre à trois se tient à un moment particulièrement important puisque nous sommes tous les trois, parmi les vingt-cinq, engagés dans un processus de ratification du Traité constitutionnel. ». C'était dix jours avant le référendum sur le TCE.

    Et Jacques Chirac d'expliquer : « Depuis cinquante ans, l'Europe s'est considérablement développée. Elle a d'abord apporté l'essentiel, c'est-à-dire la paix, la démocratie, la liberté, un certain modèle social et le développement économique aux six pays fondateurs. Puis, petit à petit, elle s'est élargie comme il était à la fois nécessaire et utile pour tous. Nous avons aujourd'hui un ensemble qui est déterminé à enraciner définitivement, sur l'ensemble de notre continent, la paix, la démocratie, la liberté, déterminé à conforter le modèle de développement économique et de progrès social, le modèle social européen, particulièrement incarné par la position notamment allemande et française et à renforcer le poids de l'Europe dans le monde. C'est le sens de l'ambition du traité constitutionnel qui est en voie de ratification chez les vingt-cinq Européens. ».


    Mais revenons au Nancy de 2025, vingt ans plus tard. Le traité signé entre la France et la Pologne fait partie des traités bilatéraux que la France a voulu conclure avec chacun des pays européens depuis quelques années. Elle l'avait déjà fait avec l'Ukraine le 16 février 2024.
     

     
     


    Les deux nations (française et polonaise) sont « convaincues que le moment est venu de porter leurs relations bilatérales à un niveau plus élevé et de se préparer conjointement à faire face aux défis auxquels les deux États et les deux peuples ainsi que l’Europe dans son ensemble sont confrontés au XXIe siècle ». Elles « œuvrent activement à une UE plus forte, sûre, souveraine, démocratique, prospère, compétitive et unie. Elles entendent protéger leurs citoyens, défendre leurs valeurs et leurs intérêts et renforcer la sécurité européenne, notamment celle de la frontière extérieure de l’UE, et la sécurité économique. ».

    L'alinéa 2 de l'article 4 de ce traité proclame très clairement la mutuelle assistance en matière de défense : « Conformément aux dispositions de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, en cas d’agression armée sur leurs territoires, les Parties s’assistent mutuellement, y compris par des moyens militaires. Cette aide et cette assistance seront mises en œuvre conformément aux engagements découlant de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord et du paragraphe 7 de l’article 42 du Traité sur l’Union Européenne. ».

    En tout, le Traité de Nancy compte 19 articles qui précisent les coopérations dans de nombreux domaines, en particulier dans l'industrie, la recherche scientifique, les transports, l'immigration, le numérique, la protection de l'environnement, l'énergie, l'agriculture, la culture, le sport, etc. Il remplace le Traité de Paris signé le 9 avril 1991.






    L'autre initiative est également très importante puisque, venus par un train de nuit qui est parti la veille, le Président français Emmanuel Macron, le nouveau Chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier Ministre britannique Keir Starmer et le Premier Ministre polonais Donald Tusk ont rejoint le Président ukrainien Volodymye Zelensky à Kiev, la capitale de l'Ukraine assiégée par Vladimir Poutine. Leur présence a une signification à la fois forte et courageuse. Courageuse car c'est toujours risqué de se rendre à Kiev sous d'éventuels bombardements russes. D'où d'ailleurs le train car l'avion serait beaucoup trop dangereux.
     

     
     


    À ce titre, le Président Macron a diffusé une petite vidéo dans le train qui l'a conduit à Kiev, se mettant en scène en train d'appeler Donald Trump. C'est important car il a montré qu'il était à l'initiative pour construire la paix en Ukraine. Certains lui reprocheront de trop faire dans les réseaux sociaux, mais il faut vivre avec son temps et Donald Trump a gagné sa dernière élection en s'adaptant à ces nouvelles mœurs technologiques.





    Reprenons le contenu du voyage à Kiev et ses conséquences diplomatiques. Le samedi 10 mai 2025 à 14 heures 30, les "alliés" de l'Ukraine (Europe mais aussi Canada, Nouvelle-Zélande, etc.) ont mis Vladimir Poutine dos au mur : ils ont fermement demandé un cessez-le-feu de 30 jours, inconditionnel, à partir du lundi 12 mai 2025, sous forme d'un ultimatum, avec l'accord des États-Unis. C'est ce dernier point qui est nouveau. J'ai placé les extraits les plus importants du communiqué commun en tête de cet article.








    Vladimir Poutine a répondu aux Européens à minuit 40, c'est-à-dire, heure de Moscou, à 2 heures 40 du matin ! Il a proposé des négociations directes à Istanbul entre la Russie et l'Ukraine, sans cessez-le-feu préalable.
     

     
     


    Le dimanche 11 mai 2025 à 18 heures 15 (heure de Paris), Donald Trump a vivement encouragé l'Ukraine à accepter la rencontre proposée par Vladimir Poutine à Istanbul.

    Le dimanche, à 19 heures, Volodymyr Zelensky a déclaré sur Twitter : « J'attendrai Poutine en Turquie, jeudi. Personnellement. J'espère que cette fois, les Russes ne chercheront pas d'excuses. ».





    Dans le même temps, Donald Trump a semblé désabusé de la mauvaise foi de Vladimir Poutine en confiant ce même dimanche : « Je commence à douter que l'Ukraine parvienne à un accord avec Poutine, trop occupé à célébrer la victoire de la Seconde Guerre mondiale, qui n'aurait pas pu être gagnée (même de justesse !) sans les États-Unis. ORGANISEZ UNE RENCONTRE MAINTENANT ! ». Ce point historique est réel (quoi qu'en pensent les trolls poutinolâtres qui pullulent sur le Web) : si les États-Unis n'avaient pas massivement aidé l'URSS pour son armement, cette dernière n'aurait pas pu prendre en tenaille l'Allemagne nazie sur son front est.

    Lundi 12 mai 2025, le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, qui a rencontré son homologue américain, a confirmé la nécessité d'un cessez-le-feu préalables aux négociations avec cette phrase souvent répétée dans les conflits : « On ne va pas négocier sous les bombes ! ». Il a notamment déclaré la nature de l'ultimatum que les Européens et surtout les Américains ont lancé à Vladimir Poutine.

     

     
     


    En cas de refus du cessez-le-feu, les États-Unis fixeraient les droits de douane sur l'importation du pétrole russe à 500%... mais ce n'est pas cette mesure qui aurait le plus de conséquence, c'est la suivante : ils mettraient aussi les droits de douane à 500% sur tous les produits importés de pays qui achèteraient encore du pétrole russe. Là, ce serait probablement la sanction commerciale la plus efficace. En outre, les Européens aideraient les Ukrainiens à contrôler à nouveau leur espace aérien.

    Le lundi 12 mai 2025 à 16 heures 30, Donald Trump, qui allait partir au Proche-Orient à partir du lendemain (le 13 mai 2025, il sera en Arabie Saoudite), a lâché : « Je pensais y aller. Il y a une possibilité. ». Aller à Istanbul jeudi 15 mai 2025 pour une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine sous le patronage de Recep Tayyip Erdogan.
     

     
     


    Comme on le voit, cette semaine est cruciale pour l'avenir de l'Ukraine. Vladimir Poutine a baladé Donald Trump pendant trois mois et, chose nouvelle, ce dernier commence enfin à s'en apercevoir ! Ce qui l'a rendu furieux, c'est la présence de Xi Jinping le 9 mai 2025 à Moscou. Car Donald Trump acceptait d'abandonner l'Ukraine à la Russie à la seule condition que la Russie s'éloignât de la Chine. Pourtant, Vladimir Poutine a toujours été prévisible : seul le rapport de force est efficace avec lui. La diplomatie européenne, et plus précisément la diplomatie française ont fait beaucoup avancer les choses en Ukraine. Mais, même si c'est en bonne voie, rien n'assure que cela sera efficace à court terme. Le peuple ukrainien, pendant ce temps, continue à souffrir.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Ukraine : le retour de la diplomatie européenne.
    Soumy : grâce musicale versus vulgarité brutale.
    Moonraker.
    Olena Kohut.
    François Bayrou et l'heure de vérité de l'Europe.
    Gabriel Attal attaque Marine Le Pen sur l'Ukraine.

    Manuel Valls pour la paix, mais pas au prix de la fin de l'Ukraine !
    Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    François Bayrou : la France avait raison !
    Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250510-ukraine.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/ukraine-le-retour-de-la-diplomatie-260907

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/10/article-sr-20250510-ukraine.html



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  • Le 8 mai ou le 9 mai ?

    « La première victoire qui soit commune, c’est la victoire de l’Europe sur elle-même. (…) L’Europe, nous la faisons, nous aimons nos patries. Restons fidèles à nous-mêmes. Relions le passé et le futur et nous pourrons passer, l’esprit en paix, le témoin à ceux qui vont nous suivre. » (François Mitterrand, le 8 mai 1995 à Berlin).




     

     
     


    Ce jeudi 8 mai 2025, des milliers de communes, grandes mais aussi petites, des villages, des hameaux, vont organiser des rassemblements pour commémorer la victoire du 8 mai 1945. Se recueillir devant nos morts pour la France. Cette année est un peu particulière puisque c'est le 80e anniversaire de la Victoire, et c'est aussi l'une des dernières années où l'on pourra encore écouter des témoins directs de la Seconde Guerre mondiale, des anciens combattants, des anciens résistants, des anciens déportés, des survivants de ce passé si trouble, aux destinées très différentes selon la vie de chacun.

    C'est François Mitterrand qui a rétabli le jour férié au 8 mai. Auparavant, on avait estimé que le 11 novembre pouvait rassembler les deux fins de guerre, 1918 et 1945, afin de réduire les journées chômées. Mais les deux guerres étaient très différentes et ce n'est pas inutile que chaque année, les citoyens se penchent de façon distincte sur ces deux guerres.

    Cette année, le 8 mai, comme le 1er mai, tombe un jeudi, ce qui pourrait faire deux ponts prolongés avec seulement deux jours de congé (huit jours au total, deux fois jeudi à dimanche). Après tout, c'est mieux en mai ensoleillé qu'en novembre embrumé. Mais l'idée n'était pas de faire un pont ni de se prélasser au soleil. L'idée était de commémorer ces fins de guerre.

    Une polémique s'est instaurée à l'aide des désinformateurs professionnels soumis à Vladimir Poutine, selon laquelle il faudrait choisir entre le 8 mai et le 9 mai. Factuellement, c'est la capitulation allemande a eu lieu le 8 mai 1945 à 23 heures 01, et la reddition de l'armée du Reich fut signée le 7 mai 1945 à Reims. Mais Staline, en apprenant cela, a été rage de colère car il voulait une signature à Berlin que l'Armée rouge avait conquis. Une nouvelle signature a donc eu lieu à Berlin le 8 mai 1945 à 23 heures 16, heure de Berlin, un peu en différé puisque l'arrêt des combats avait eu lieu le 8 mai 1945 à 23 heures 01, heure de Berlin. Or, à cette heure-là, il était 1 heure 01 du matin du 9 mai 1945 à Moscou, d'où la date du 9 mai retenue par la Russie. Toutefois, Staline n'en a pas fait une journée nationale particulièrement festive, car la date rappelait trop les lourdes pertes humaines soviétiques dans cette guerre.

     

     
     


    Cette année, Vladimir Poutine a voulu en faire un enjeu d'influence internationale, notamment en invitant Lula, Xi Jinping, Sissi, et quelques autres. Il voudrait jouer à celui qui urine le plus loin, dans une sorte de surenchère de roi Ubu. Volodymyr Zelensky a prévenu qu'il ne garantissait pas la sécurité de Moscou pendant le 9 mai parce qu'il craignait une manipulation de Vladimir Poutine (en d'autres termes, un faux attentat à Moscou). Depuis plus de trois ans, l'Ukraine est agressée par la Russie de Vladimir Poutine et donc, par la faute de ce dernier, les deux pays sont en guerre.

    La fête organisée par Vladimir Poutine est un non sens historique. On devrait commémorer la fin de la guerre pour promouvoir la paix dans le monde. Mais dans ce cas-là, le Président de la Fédération de Russie voudrait montrer sa force militaire pour impressionner ses supposés ennemis dans un but guerrier et pas pacifique.


    Toutefois, je n'ai jamais été contre l'idée de faire une commémoration le 9 mai. Pour moi, c'est même une date plus importante que le 8 mai. Le 8 mai, c'est la sortie d'un enfer. Je conçois le 9 mai comme plutôt l'entrée dans un paradis. Paradis est un bien trop grand mot et il est un horizon inatteignable ; pour y aller, il y a d'abord un labyrinthe qui, parfois, nous faire revenir au point de départ, mais le chemin est là, le port est là, celui de la paix.

    Car le 9 mai, c'est avant tout le 9 mai 1950, les soixante-quinze ans maintenant de la célèbre déclaration de Robert Schuman qui a mis en place toutes les conditions pour la fondation de l'Europe dans le but, pas unique mais principal, d'être en paix. Et il faut dire qu'il a eu raison : les pays de l'Europe organisée, comme je l'appellerais, qui sont maintenant vingt-sept, six au départ (France, Allemagne, Italie et Bénélux), on peut rajouter le Royaume-Uni au fil des années, ont vécu en paix entre eux depuis quatre-vingt ans, et cela est inédit dans l'histoire des deux millénaires de notre vieux continent !

    En 2025, la situation est complètement différente de 1950 : aujourd'hui, on semble retourner dans une période d'avant-guerre, dans les années 1930, avec Vladimir Poutine dans le rôle de Hitler, Xi Jinping dans celui de Mussolini, Donald Trump dans celui de Chamberlain (lors des Accords de Munich). L'Ukraine devenant la nouvelle Tchécoslovaquie (le Donbass et la Crimée dans le rôle des Sudètes). En France, on n'est pas loin de 1936, les manifestations contre la réforme des retraites en 2023 faisant penser aux revendications du Front populaire. Ces Français qui ont manifesté sont, en grand partie, complètement déconnectés de la situation internationale actuelle très tendue (en Ukraine, à Gaza, en Syrie, au Cachemire, entre autres).

     

     
     


    Dans sa déclaration, Robert Schuman a énoncé le principe porteur d'une union de nations démocratiques et libres dans un cadre novateur institutionnellement très novateur et original : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. ». Et le meilleur concret, à l'époque, c'était l'énergie et l'industrie, c'est-à-dire, le charbon et l'acier : « La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. ». Ces prémices d'Europe allaient devenir la CECA, puis la CEE, enfin l'Union Européenne.

    Ce premier coup de génie était en fait inspiré de la réflexion de Jean Monnet. Le second coup de génie, c'était que l'union de l'Europe passait nécessairement par l'union entre la France et l'Allemagne : « Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne. ».
     

     
     


    Justement, ce mercredi 7 mai 2025, Friedrich Merz, qui a été élu, la veille, Chancelier de l'Allemagne fédérale (seulement au second tour), a été reçu par le Président de la République française Emmanuel Macron à l'Élysée pour une première prise de contact officielle. Les deux hommes ont confirmé leur attention de relancer l'Europe par le renforcement politique du couple franco-allemand : « Nous voulons rendre notre partenariat plus stratégique, plus opérationnel, afin d’obtenir des résultats concrets pour nos concitoyens et pour l’Union. Nous exploiterons au maximum la coordination et le réflexe franco-allemands pour rendre l’Europe plus souveraine, en mettant l’accent sur la sécurité, la compétitivité et la convergence. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a fait voler en éclats l’illusion selon laquelle la paix et la sécurité étaient garanties en Europe. Nous avons d’ores et déjà commencé à assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité, et nous allons en faire encore davantage. (…) Nous avons besoin de réformes pour garantir la stabilité de l’Europe. Au niveau interne, pour promouvoir la démocratie, l’état de droit et la capacité d’action de l’Union Européenne. Au niveau externe, pour nous préparer à l’élargissement et pour relever les défis géopolitiques, en nous appuyant également sur la Communauté Politique Européenne. 75 ans après la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, nous sommes fiers de ce que les Européens ont accompli. Nous servirons, chaque jour, l’objectif de ces "réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait", et nous le ferons ensemble, la France et l’Allemagne, pour une Union Européenne plus souveraine et promouvant ses intérêts. ».

    Cette relance de la relation franco-allemand est donc une excellente nouvelle pour la défense de nos valeurs, notre sécurité et la paix en Europe. Cela annonce un véritable renouveau européen. À nous d'y prendre part.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le 8 mai ou le 9 mai ?
    La Victoire sur le nazisme.
    La Fête de l'Europe.
    Philippe De Gaulle.
    Auschwitz : soyons la mémoire de leur mémoire !
    Auschwitz aujourd'hui.
    La Nuit de la Shoah.
    Mauschwitz.
    Esther Senot.
    Pogrom à Amsterdam : toujours la même musique...
    Laura Blajman-Kadar.
    Le rappel très ferme d'Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Elie Wiesel.
    Robert Merle.
    Le calvaire de Simone Veil.
    Anne Frank.
    Le nazisme.
    Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon : pluie et émotion !
    Hommage du Président Emmanuel Macron à Missak Manouchian au Panthéon le 21 février 2024 (texte intégral et vidéo).
    Les Manouchian mercredi au Panthéon.
    Loi sur les génocides invalidée : faut-il s'en réjouir ?
    Michel Cherrier.
    Léon Gautier.
    Claude Bloch, passeur de mémoire.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250508-huit-mai.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/le-8-mai-ou-le-9-mai-260493

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/07/article-sr-20250508-huit-mai.html

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  • L'avenir de l'Europe s'ouvre avec Friedrich Merz

    « Tous les signaux que nous recevons en provenance des États-Unis indiquent que l'intérêt pour l'Europe y faiblit de manière significative. » (Friedrich Merz, le 24 février 2025).



     

     
     


    Je comprends que l'élection du nouveau pape et les moindres gestes de Donald Trump, qui peuvent faire basculer la planète, sont des sujets très importants de la politique internationale, mais je m'étonne que la presse française évoquent assez peu la situation politique de l'Allemagne et la future investiture du nouveau Chancelier d'Allemagne fédérale, le chrétien-démocrate Friedrich Merz (69 ans) qui prendra ses fonctions le mardi 6 mai 2025 après son élection attendue au Bundestag. Car tout ce qui concerne notre voisin et partenaire allemand nous concerne, nous la France, et concerne l'Europe.

    Friedrich Merz a franchi le dernier obstacle à sa conquête du pouvoir, l'approbation par 84,6% des adhérents (avec une participation de 56%) du SPD, le parti social-démocrate (celui de son futur prédécesseur Olaf Scholz), le 30 avril 2025 en faveur du contrat de la grande coalition SPD-CDU/CSU construite à l'issue des élections fédérales du 23 février 2025. Deux jours après l'approbation des adhérents de la CDU (le 28 avril 2025 à une « majorité écrasante ») et vingt jours après celle de la CSU bavaroise (le 10 avril 2025 à l'unanimité).

    La configuration parlementaire au Bundestag est telle qu'aucun gouvernement n'aurait pu être nommé sans cette alliance des deux grands partis gouvernementaux, après la bonne performance de l'extrême droite (AfD) qui a dépassé le SPD.


    Les négociations ont donc duré un peu plus de deux mois (à peu près le temps qu'a mis le gouvernement de Michel Barnier pour se mettre en place en automne 2024). Le 8 mars 2025, le principe de la grande coalition avait été acquis et pendant un mois, un texte long de 146 pages, le contrat de coalition, a été négocié durement, à huis clos, par 192 émissaires des deux partis politiques pour aboutir à un véritable contrat de gouvernement le 9 avril 2025, ce qui a conduit Friedrich Merz à dire, à l'instar de Ronald Reagan en 1980 : « L'Allemagne est de retour ! ».

    Et finalement, la France l'attendait depuis vingt ans. La France attendait que l'Allemagne redevienne une puissance politique qui, avec la elle, réussirait à relancer l'Union Européenne. Or, Angela Merkel, malgré ses bonnes paroles, n'a jamais voulu vraiment rendre l'Europe indépendante, autonome, au contraire de la France dont c'est l'ADN depuis la fin de la guerre (et même avant). J'attends toujours l'initiative d'une initiative européenne commune de François Hollande et Angela Merkel annoncée dans les années 2010 ! Quant à Olaf Scholz, son faible leadership et la fragilité confirmée de sa coalition tricolore n'ont jamais permis aucune avancée européenne.

    La prise de contrôle du parti d'opposition, la CDU, ainsi que la victoire électorale de Friedrich Merz auraient pu inquiéter la France. Politique mais aussi homme d'affaires, Friedrich Merz a toujours été considéré comme un très grand atlantiste. Mais la réalité, c'est que les amis des États-Unis ne peuvent plus se fier à leur grand ami et doivent faire avec... ou plutôt, sans. Ce qui a fait dire par le journaliste Emmanuel Grasland le 25 février 2025 dans "Les Échos" : « Atlantiste convaincu, Friedrich Merz juge désormais nécessaire pour l'Europe de développer des capacités de défense propres. ».


    Il faut dire que pendant les négociations du contrat de gouvernement, l'Allemagne, l'Europe et le monde ont été secoué par les stupides décisions de Donald Trump sur les taxes douanières, ses allers et retours, qui ont fait chuter l'économie américaine (et mondiale).

    Il y a donc un énorme changement, un double changement : celui de l'option européenne et celui de leadership. Friedrich Merz entend bien rendre présente l'Allemagne sur le plan politique, et ce leadership ne peut se concevoir qu'avec un couple franco-allemand enfin efficace après le couple Jacques Chirac/Gerhard Schröder de la fin des années 1990 et début des années 2000.

    Ce nouveau couple Emmanuel Macron/Friedrich Merz aura certainement quelques difficulté car les deux personnalités sont fortes et si c'est un besoin pour l'Europe, cela peut aussi être une concurrence entre les deux hommes d'État sur certains sujets. L'important, c'est que le nouveau chef du gouvernement allemand a considéré le 9 avril 2025 que « l'amitié franco-allemande reste d'une importance capitale pour toute l'Europe ». D'ailleurs, le premier voyage extérieur de Friedrich Merz fut pour rencontrer Emmanuel Macron le mercredi 26 février 2025 à l'Élysée : « Ensemble, nos pays peuvent accomplir de grandes choses pour l'Europe. Merci beaucoup, cher Emmanuel Macron pour ton amitié et la confiance que tu accordes aux relations franco-allemandes. » (sans surprise : il est de tradition que le nouvel élu de l'un des deux pays fasse son premier voyage extérieur chez l'autre).

     

     
     


    L'essentiel, c'est que le principal sujet sera un sujet de concorde encore la France et l'Allemagne, la défense européenne. Emmanuel Macron prône depuis qu'il est Président de la République française la construction d'une véritable défense européenne, solide et sérieuse, qui puisse être une véritable protection autonome de l'Europe. Jusqu'à l'arrivée de Donald Trump II, beaucoup de pays européens, dont l'Allemagne, avaient approuvé poliment cette idée... mais sans rien faire de réellement concret. Désormais, Emmanuel Macron est pris au sérieux dès lors que Donald Trump a fait comprendre que la protection américaine n'était pas certaine en cas d'attaque agressive contre l'Europe. La guerre en Ukraine montre à l'évidence que le besoin d'une défense européenne autonome est d'autant plus indispensable que les États-Unis se désengagent du continent.

    Ainsi, c'est une véritable révolution du paradigme allemand à laquelle on assiste : les Allemands préféraient la garantie américaine qu'ils estimaient solide et sûre (et pas chère !), à une hypothétique défense européenne qui restait encore tout à construire. Friedrich Merz, dans son programme de gouvernement, prévoit ainsi d'investir 500 milliards d'euros dans la défense, ce n'est pas rien. Dès février 2025, le futur Chancelier constatait : « Nous devons nous préparer au fait que Donald Trump ne respectera plus inconditionnellement l’engagement de défense mutuelle de l’OTAN. ».

    Le professeur Sylvain Kahn, agrégé en histoire et docteur en géographie, chercheur au Centre d'histoire de Science Po, a expliqué le 2 mars 2025 sur France Culture que ce changement n'était pas facile et allait provoquer de nombreuses discussions dans la société allemande : « Traditionnellement, depuis 1949, la CDU est très atlantiste. Mais elle est également très européiste. Pendant 80 ans, c'était finalement les deux jambes d'une même politique étrangère allemande. Aujourd'hui, cette alliance atlantique est en train de voler en éclats. Il y a une période de 80 années qui se clôt. Et c'était un peu miraculeux que la plus grande puissance mondiale accepte de garantir la défense du territoire européen. Et ça ne coûtait pas grand-chose aux Européens, finalement. Mais cela s’arrête. Et donc, il faut que les Allemands choisissent entre leur atlantisme, qui de toute façon n'existe plus, ou bien leur politique pro-européenne. Mais, il faut aussi prendre en compte la société allemande. Parce qu'il ne faut pas imaginer qu'au sein de la société allemande, tout le monde va dire "Ah ben oui, c'est formidable, Friedrich Merz a raison, on le suit". Il y a 20% des électeurs qui ont voté pour l'AfD et 9% qui ont voté pour Die Linke, la gauche radicale allemande, qui est traditionnellement pacifiste et qui, je pense, ne va pas du tout être favorable à l'idée d'une Allemagne sous parapluie nucléaire britannico-français. Et il y a une réticence de la société allemande au nucléaire, qui est très très profonde et très ancrée, et pas seulement au nucléaire civil, mais au nucléaire militaire. Donc là aussi, ça va poser des énormes débats. ».

     

     
     


    Par ailleurs, Friedrich Merz a assuré le peuple ukrainien que l'Allemagne poursuivra et renforcera son aide militaire à l'Ukraine contre l'agression de Vladimir Poutine, alors que son prédécesseur réagissait assez mollement dans ce dossier. Il l'a rappelé lors du congrès extraordinaire de la CDU le 28 avril 2025 à Berlin : « Le combat de l'Ukraine contre l'agression de la Russie est aussi un combat pour le maintien de la paix et la liberté dans notre pays. ».

    Autre verrou levé, celui de l'endettement public. L'Europe a décidé que les dépenses de défense ne seront pas comptabilisées dans le taux d'endettement public (Pacte de stabilité). Ce verrou était aussi constitutionnel en Allemagne et il a été déjà levé dès le 25 mars 2025, avant même le changement de gouvernement.


    Car l'autre priorité de Friedrich Merz (il en a trois), c'est le redressement économique de l'Allemagne. Le Ministre de l'Économie et du Climat sortant, l'écologiste Robert Habeck, a revu le 24 avril 2025 les perspectives économiques à la baisse : 0% de croissance pour 2025, et cela après deux années de récession (-0,3% en 2023 et -0,2% en 2024). Une telle dégringolade de l'économie allemande est inédite depuis 1949. Selon une étude de l'agence Creditreform publiée le 24 avril 2025, 20% des PME seraient engagées dans la réduction de leurs effectifs, ce qui n'est jamais arrivé depuis quinze ans.

    Pour la redresser, le nouveau Chancelier entend encourager massivement les investissements pour faire redémarrer le secteur industriel. Cette revue à la baisse provient directement des décisions douanières de Donald Trump et de l'effondrement de l'économie américaine.

    Ainsi, l'impôt sur les sociétés sera réduit par un amortissement annuel de 30% sur les investissements en équipement au cours des trois prochaines années, 2025, 2026 et 2027. Par ailleurs, 1 000 milliards d'euros d'argent public seront injectés par l'Allemagne, 500 milliards pour les infrastructures à moderniser et 500 milliards pour l'effort de défense (ce "paquet" de 1 000 milliards d'euros a déjà été adopté le 18 mars 2025 par le Bundestag). Ces investissements massifs devraient accélérer le redressement du PIB allemand (+1% est prévu pour 2026).

    Enfin, la troisième priorité de Friedrich Merz, qui est important dans le climat politique allemand actuel, où l'AfD capitalise beaucoup sur les peurs, c'est la lutte contre l'immigration illégale. Le SPD a accepté un renforcement de la sévérité avec le refoulement des demandeurs d'asile à la frontière, en concertation avec les voisins européens de l'Allemagne. "Der Spiegel" s'attendait d'ailleurs, le 9 avril 2025, à plus de fermeté : « On s'attendait à ce que la politique migratoire soit plus sévère, mais elle ne le sera pas autant que la CDU/CSU l'a annoncé durant la campagne électorale. ». Quant à l'intégration des étrangers sur le marché du travail, il est prévu la création d'une agence Travail et Séjour pour simplifier les procédures administratives des employeurs et des employés.

    Le 28 avril 2025, Friedrich Merz a dévoilé les noms des ministres CDU/CSU. Il n'a pas participé à l'enterrement du pape pour finaliser la composition de son gouvernement. Les deux poids lourds Jens Spahn et Carsten Linnemann n'en feront pas partie. Parmi les ministres chrétiens-démocrates (CDU/CSU), il y aura Katherina Reiche à l'Économie et à l'Énergie, Alexander Dobrindt (CSU) à l'Intérieur, Johann Wadephul (62 ans), un proche de Friedrich Merz, aux Affaires étrangères, Alois Rainer (CSU) à l'Alimentation, Agriculture et Patrie, Karin Prien à l'Éducation, Famille, Personnes âgées, Femmes et Jeunesse, Nina Warken à la Santé, Patrick Schnieder aux Transports, Dorotee Bär (CSU) à la Recherche, Technologie et Espace et Thorsten Frei directeur de la Chancellerie fédérale. Au final, beaucoup de femmes alors que le futur Chancelier avait exclu la parité à l'origine (probablement que Casten Linnemann, proche de Friedrich Merz et promis à l'Économie, a fait les frais d'une pression médiatique pour plus de représentativité, tant féminine que géographique).

    Toutefois, Friedrich Merz a préféré l'efficacité à la représentativité politique en nommant aux Affaires étrangères un proche et pas ses anciens rivaux Armin Laschet ou Norbert Röttgen (ancien président de la commission des affaires étrangères au Bundestag). C'est la première fois depuis 1966 qu'une personnalité issue du CDU occupe de nouveau ce poste important pour la diplomatie européenne. Alexander Dobrindt, seul ancien ministre fédéral, a été, selon Elsa Conesa, la correspondante du journal "Le Monde" à Berlin le 29 avril 2025, un « facilitateur » dans les négociations avec le SPD et les Verts pour réviser la Loi fondamentale (sur le seuil de l'endettement public possible). Friedrich Merz a concédé à Jens Spahn (44 ans), ancien ministre de la santé d'Angela Merkel, la stratégique présidence du groupe CDU au Bundestag alors qu'il avait provoqué une vive polémique en proposant des relations rapprochées avec l'AfD.

    Quant aux ministres SPD, ils ne sont pas encore connus et devraient être annoncés par le SPD très prochainement. Son coprésident Lars Kingbeil sera Vice-Chancelier et Ministre des Finances et il devra notamment nommer six de ses membres à la Justice, au Travail, à la Défense, à l'Environnement, à la Coopération et au Logement. Boris Pistorius, ardent soutien à l'Ukraine, devrait rester à la Défense.


    Ce qui est clair, c'est que l'exercice du pouvoir ne sera pas de tout repos pour Friedrich Merz : alors que son parti CDU/CSU avait devancé de 8 points l'extrême droite, deux mois plus tard, l'AfD se retrouve avec 26% d'intentions de vote et la CDU/CSU seulement 25%. Donc pas d'état de grâce pour le nouveau gouvernement allemand. Il devra donc aller vite dans ses réformes pour redresser l'économie allemande et convaincre son peuple qu'il va dans la bonne voie. C'est le gouvernement de la dernière chance.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'avenir de l'Europe s'ouvre avec Friedrich Merz.
    Maréchal Paul von Hindenburg.
    Allemagne 2025 : Feu vert pour la grande coalition CDU-SPD.
    Allemagne 2025 : victoire de Friedrich Merz (CDU).
    Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste.
    L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
    Friedrich Merz, futur Chancelier.
    Olaf Scholz.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Konrad Adenauer.
    Daniel Cohn-Bendit.
    Volkswagen.
    Hans Modrow.
    Dmitri Vrubel.

    Le mur de Berlin.
    La chute du mur de Berlin.
    La Réunification allemande.
    Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
    Maus.
    Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    Le testament de Benoît XVI.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
    Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
    Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
    Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
    Bonne retraite, Frau Merkel !
    Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
    L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250430-merz.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-avenir-de-l-europe-s-ouvre-avec-260804

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/03/article-sr-20250430-merz.html


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  • L'élection du vieux maréchal von Hindenburg

    « Il ne faut pas imaginer qu'un parti me donnera d'une quelconque manière des instructions, même pas ceux qui m'ont aidé dans la compétition électorale. Cependant, je tends la main à l'ancien adversaire qui veut se mettre avec moi au travail. » (Paul von Hindenburg, le 10 mai 1925).





     

     
     


    Il y a 100 ans, le 26 avril 1925, le vieux maréchal Paul von Hindenburg a été élu Président du Reich au second tour par 14,7 millions de citoyens allemands. Il avait alors déjà 77 ans (né le 2 octobre 1847), et toute une réputation prestigieuse de militaire héroïque, ayant servi pour l'Empire allemand de 1866 à 1919. À ce titre, il est l'une des personnalités marquantes de l'histoire (assez courte, depuis 1871) de l'Allemagne.

    Contrairement à la tentation qu'on pourrait avoir, le maréchal von Hindenburg n'était pas à l'Allemagne ce qu'a été le maréchal Pétain à la France. Certes, les deux étaient plutôt conservateurs (quoique Pétain fut beaucoup plus "libéral" dans les mœurs sociales qu'on pourrait l'imaginer), et les deux ont eu des "relations" avec Hitler, mais cela s'arrête là. L'appel d'un homme providentiel, souvent vieux en raison du temps qu'il faut pour être présenté comme providentiel, est une constante dans les sociétés humaines. En France, on en a usé et abusé depuis plus de cent cinquante ans : Thiers en 1871, Clemenceau en 1917, Pétain en 1940 et De Gaulle en 1958. Personnalités très différentes mais qui ont eu cette particularité d'un retour au pouvoir, ou d'une prise de pouvoir (pour la première fois) aidée par une réputation historique exceptionnelle.

    Si toutefois on voulait vraiment faire une analogie avec une personnalité politique française, il faudrait plutôt chercher du côté d'un autre maréchal, Patrice de Mac Mahon, militaire de bonne réputation sous l'Empire malgré la défaite de Sedan en 1870 (battu par les forces prussiennes), qui, bien que monarchiste, fut appelé par la République, alors dominée à la Chambre par des députés monarchistes, pour devenir Président de la République du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879, en attendant la fin annoncée des légitimistes et la victoire improbable des orléanistes.


    Hindenburg (je parle ainsi de la personne et pas du dirigeable baptisé de son nom) a été un militaire de toutes les grandes batailles prussiennes et allemandes : guerre austro-prussienne, guerre franco-prussienne qui a abouti à l'Unification de l'Allemagne (sous l'égide de la Prusse, associée à de nombreuses principautés allemandes), et aussi la Première Guerre mondiale, où il fut, de novembre 1916 au 25 juin 1919, le chef du grand état-major allemand de l'Empire allemand, secondé par le général Erich Ludendorff. Comme Pétain, il était à la retraite avant le début de la Première Guerre mondiale mais remobilisé pour l'occasion.

    Le 18 novembre 1919, devant la commission d'enquête parlementaire visant à comprendre la défaite allemande, Hindenburg et Ludendorff, salués avec beaucoup d'honneurs par les parlementaires, ont répandu la (fausse) rumeur du "coup de poignard dans le dos", à savoir qu'à l'arrière garde, des forces anti-allemandes s'étaient activées contre l'armée allemande en Allemagne, mêlant socialistes, communistes et Juifs comme boucs émissaires. Cette thèse fut reprise plus tard par les nazis pour justifier et renforcer le sentiment de vengeance. C'était d'autant plus commode que cela dédouanait l'armée allemande de sa responsabilité dans la défaite.


    L'Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale était dans un piteux état : dans le camp des vaincus, l'empereur Guillaume II s'est exilé, laissant l'empire sans empereur, des mouvements révolutionnaires étaient très actifs aussi en Allemagne (Rosa Luxembourg, etc.), et finalement, le régime a accouché d'une frêle République de Weimar, dominée par les sociaux-démocrates et le Zentrum (centre droit catholique), qui était une sorte d'empire sans empereur, à tel point que le gouvernement était celui du Reich, le Chancelier celui du Reich et le chef de l'État appelé Président du Reich. Ce nouveau régime était pourtant loin d'être fort, englué dans une instabilité politique typique des régimes parlementaires comme la Quatrième République en France. Mais à la différence de cette dernière, le Président avait un certain nombre de pouvoirs pour faire contre-poids, en particulier le droit de dissolution.

    Le premier Président du Reich a été élu par les parlementaires le 11 février 1919 pour un mandat de sept ans, Friedrich Ebert, Chancelier social-démocrate depuis le 9 novembre 1918, mais ce dernier est mort le 28 février 1925 à 54 ans des suites d'une appendicite soignée trop tardivement. Le mode d'élection du Président était différent pour la suite puisqu'il devait être élu au suffrage universel direct pour faire participer l'ensemble du peuple allemand, seul moyen de retrouver une légitimité impériale.


    Le premier tour de l'élection présidentielle a eu lieu le 29 mars 1925. Parmi les sept candidats, deux personnalités se détachaient, susceptibles d'être élues (à l'époque, il n'y avait pas de sondages) : Otto Braun, du SPD (social-démocrate) et Wilhelm Marx, du DZP, le Zentrum (centriste catholique ; rappelons que l'Allemagne est majoritairement protestante). Tous les deux étaient les représentants du nouveau régime politique, parlementaire, assez impuissant, Wilhelm Marx était alors un ancien Chancelier du Reich du 30 novembre 1923 au 15 janvier 1925.

    Face à ces deux représentants du régime, le bloc national avait bien du mal à proposer une candidature de rassemblement. Personnalité très populaire à droite, l'ancien Vice-Chancelier et Ministre de l'Intérieur Karl Jarres, du DVP (parti populaire allemand, national-libéral), avait pris le leadership de la campagne électorale. D'autres petits candidats étaient présents, dont le communiste Ernst Thälmann, et aussi l'ancien général en chef limogé par l'empereur le 26 octobre 1918, Erich Ludendorff, ce qui avait mis en colère Hindenburg qui lui avait demandé dans un courrier de se retirer pour ne pas diviser le camp de la droite : « Retirez votre candidature immédiatement. Au lieu de vous unir (…), vous vous dispersez avec les cercles nationaux en cette heure décisive. Dans ce camp, votre élection est désespérée. Vous vous compromettez ainsi… de votre faute, la patrie est en danger. Acceptez donc cette demande qui pourrait être la dernière de ma vie. ». Il avait raison.

    Les résultats du premier tour furent assez attendus, avec une participation de 68,9% : Karl Jarres a obtenu la première place avec 38,8% des suffrages exprimés, suivi d'Otto Braun 29,0% et Wilhelm Marx 14,5%... et Erich Ludendorff est arrivé septième avec seulement 1,1%, une gifle électorale (un militaire n'est pas forcément un bon politique). La nécessité d'un second tour rendait très incertaine son issue.
     

     
     


    D'un côté, le SPD et le Zentrum se sont mis d'accord avec une seule candidature, celle de Wilhelm Marx, qui devenait donc le favori de l'élection, avec, en contrepartie, Otto Braun (que le Zentrum ne voulait pas soutenir) était destiné à devenir le ministre-président de la Prusse. De l'autre côté, le score de Karl Jarres avait peu de chance de s'améliorer, faute de voix de réserve, et fut remplacé, à la demande d'un certain nombre de dirigeants du DVP, en particulier Gustav Stresemann, ancien Chancelier, mais aussi du camp nationaliste (en particulier le NSDAP, le parti nazi), par le maréchal von Hindenburg (retiré à Hanovre) qui, malgré des réticences initiales, a bien accepté d'être présent au second tour (il n'était pas nécessaire d'être candidat au premier tour, et au second tour, l'élection était acquise à la majorité relative, ce qui nécessitait des alliances entre les forces politiques).

    Finalement, Hindenburg a gagné, mais avec un score serré, avec 900 000 voix d'avance sur son concurrent Wilhelm Marx qui a eu deux handicaps, un religieux (il était catholique et la majorité était protestante) et un politique en raison du maintien du candidat communiste qui lui a privé de 1,9 million de suffrages. Hindenburg a donc été élu Président du Reich avec 48,3% des voix pour une participation encore plus élevée de 77,6%. L'historien britannique Ian Kershaw commentait ainsi ce résultat en 2001 : « La démocratie de Weimar était désormais entre les mains de l'un des piliers de l'ordre ancien. La droite nationale et conservatrice n'était pas la seule à avoir voté pour lui. (…) En 1933, le prix à payer sera lourd. ». Pour les conservateurs, l'élection d'un maréchal voulant un pouvoir fort permettait de contrebalancer le régime d'assemblée instable et de retrouver avec lui l'aura perdue de l'empereur.
     

     
     


    Wikipédia a fait un résumé de la description de l'historien français Johann Chapoutot, spécialiste du nazisme, publiée dans un livre en 2025 chez Gallimard : « [Il] décrit Hindenburg, lors de son élection à la Présidence en 1925, comme une figure profondément conservatrice, attachée aux vertus prussiennes telles que l'honneur, le devoir et le sacrifice. Il souligne son hostilité aux sociaux-démocrates, aux communistes et aux syndicats, ainsi que sa méfiance envers les catholiques du Zentrum, à l'exception de ceux qu'il jugeait suffisamment conservateurs ou ayant un passé militaire. Chapoutot note également l’aversion de Hindenburg pour les évolutions sociales de la République de Weimar et son indifférence aux questions sociales, ou un possible État-providence allemand. ».

    En fait de pouvoir fort, le premier mandat de Hindenburg était caractérisé par la poursuite de l'instabilité gouvernementale, avec cinq gouvernements centristes ou de gauche. Hindenburg a dissous quatre fois l'assemblée. La crise de 1929 a fait monter le nazisme électoralement : le NSDAP est passé de 2,6% en 1928 à 18,3% en 1931. Les nazis n'avaient donc plus besoin de l'aide de Hindenburg pour conquérir le pouvoir, d'autant plus qu'ils avaient une très mauvaise opinion du vieux maréchal. Ainsi, le 19 octobre 1929, Joseph Goebbels le qualifiait dans son Journal de « vieille ruine », ce qui fait penser à ce que disaient les trumpistes de Joe Biden, et en octobre 1931, Hitler le qualifiait de « vieux fou ». C'était d'ailleurs réciproque, car Hindenburg prenait les nazis pour ce qu'ils étaient d'abord, à savoir de dangereux socialistes (nationaux-socialistes) et considérait Hitler comme un « caporal bohémien » qui n'avait pas l'étoffe pour diriger le gouvernement. Le 10 août 1932, Hindenburg se refusait à toute nomination de nazis au gouvernement : « Faire d'un caporal bohémien le Chancelier du Reich, ce serait du propre ! ».

    À l'élection présidentielle de 1932, la situation économique et sociale de l'Allemagne était catastrophique : chômage de masse, inflation en flèche, pouvoir d'achat en berne, hausse des impôts... Le gouvernement centriste de Heinrich Brüning était très impopulaire. Son parti, le DZP, ainsi que l'ensemble du bloc populaire (coalition de Weimar : Zentrum, SPD, etc.) ont voulu que Hindenburg se représentât pour sa succession malgré ses 84 ans ! L'un des dirigeants du DZP, Franz von Papen (qui allait devenir le successeur de Heinrich Brüning le 1er juin 1932) a même souhaité réviser la Constitution pour rendre l'élection présidentielle aux parlementaires sans passer par le peuple, mais, en raison du refus des députés nazis, il ne pouvait pas convaincre une majorité qualifiée.


    Autrement dit, les rivaux de 1925 (gauche et centre droit catholique), qui craignaient une dérive autoritaire du maréchal, sont devenus les principaux soutiens de Hindenburg en 1932, toujours candidat indépendant, face à un autre candidat, celui des nazis, Adolf Hitler, qui avait hésité à s'opposer frontalement au prestigieux maréchal. Ian Kershaw analysait effectivement cette drôle de situation (cité par Wikipédia) : « [Hindenburg] était tributaire du soutien des socialistes et des catholiques, qui avaient été ses principaux opposants au cours des sept années passées et formaient de bien étranges et fâcheux compagnons de route pour le doyen loyalement protestant et ultra-conservateur. ».

    Au premier tour du 13 mars 1932, avec 86,2% de très forte participation, Hindenburg a raté sa réélection dès le premier tour en recueillant plus de 18,6 millions de suffrages, soit 49,5%, face à Hitler 30,1%. Au second tour du 10 avril 1932, avec une participation de 83,5%, Hindenburg a été réélu avec 53,1% des voix, ayant pris une large avance de 7,3 millions de voix sur Hitler, grâce aux milieux économiques qui étaient plutôt rassurés par Franz von Papen (futur Chancelier du 1er juin 1932 au 17 novembre 1932).

    Franz von Papen était préféré par Hindenburg à Kurt von Scleicher (futur Chancelier du 4 décembre 1932 au 28 janvier 1933). André François-Poncet, l'ambassadeur de France à Berlin et père du ministre Jean François-Poncet, expliquait ainsi : « C'est [Papen] le préféré, le favori du maréchal ; il détourne le vieil homme par sa vivacité, son espièglerie ; il le flatte en lui montrant du respect et de la dévotion. Il le séduit par son audace ; il est [aux] yeux [de Hindenburg] l'homme parfait. ».

    Toutefois, Hitler a finalement gagné la partie : le 30 janvier 1933, Hindenburg l'a nommé Chancelier du Reich (et Papen Vice-Chancelier) et dès les premiers mois, le chef des nazis a consolidé, par la force et la propagande, son pouvoir, devenant même le Führer, c'est-à-dire le Guide en allemand. Hindenburg est mort le 2 août 1934 d'un cancer du poumon à l'âge de 86 ans et demi. Par le plébiscite du 19 août 1934, Hitler a plus ou moins supprimé la fonction en devenant à la fois Chancelier, Président du Reich et Führer, bref, le maître absolu d'une Allemagne puissante.

    Plus précisément, Hindenburg est mort le lendemain de la promulgation, le 1er août 1934, de la loi qui précisait deux articles. Article 1er : « La fonction de Président du Reich est réunie à celle du chancelier du Reich. Par conséquent, les pouvoirs exercés jusqu'ici par le Président du Reich passent au Führer et Chancelier du Reich Adolf Hitler. Il désigne son suppléant. ». Article 2 : « Cette loi entrera en vigueur à partir du décès du Président du Reich von Hindenburg. ». C'était très cavalier de la part de Hitler qui considérait que Hindenburg n'allait pas finir son second mandat (en raison de sa grave maladie) et cela montrait aussi que le maréchal n'avait plus aucune influence sur le cours des événements (retiré en Prusse-Orientale depuis avril 1934).


    Pour légitimer cette loi, Hitler l'a fait plébisciter : avec une participation officielle de 95,7%, le oui l'a largement emporté avec, officiellement, 89,9% des votants. Rappelons que les Allemands vivaient alors sous la terreur des nazis, que la Nuit des longs couteaux venait de survenir, du 29 juin 1934 au 2 juillet 1934 (crimes que Hindenburg aurait approuvés voire suggérés à Hitler ; à ce sujet, il faudrait des études complémentaires d'historiens pour avoir une idée précise de la position du maréchal).

    On aurait donc tort de comparer Hindenburg à Pétain. Au contraire, il était dès le début un opposant au nazisme qu'il considérait comme dangereux. Il a présidé la République de Weimar fidèlement avec le sens de l'État et surtout de l'intérêt général. Et dès lors que Hitler bénéficiait d'une majorité à l'assemblée, il ne pouvait que l'appeler à la Chancellerie. Du moins, c'est ce qu'on pourrait penser, mais ce n'est pas l'avis de l'historien Ian Kershaw en 1999 : « Hindenburg lui-même et ceux qui étaient en position de l'influencer étaient si occupés à chercher une solution à droite qu'ils ne prirent pas la peine d'envisager une issue parlementaire. (…) L’accession d’Hitler au pouvoir n’était aucunement inéluctable. Hindenburg eût-il concédé à Schleicher la dissolution qu’il avait si volontiers accordée à Papen et décidé une prorogation au-delà des soixante jours prévus par la Constitution, que la nomination de Hitler à la Chancellerie aurait sans doute pu être évitée. (…) Hindenburg se laissa persuader d'accorder à Hitler ce qu'il avait refusé à Schleicher à peine quatre jours plus tôt : la dissolution du Reichstag. ». L'historien français Gilbert Badia, en 1975, n'était pas plus tendre : « Il a suffi d'un exposé dramatique de Hitler (…) pour que le vieillard réactionnaire confie les pleins pouvoirs au "caporal autrichien" naguère méprisé. ».

    Trop âgé, trop malade, le maréchal n'a pas pu vraiment s'opposer avec toutes les armes que la Constitution lui donnait contre un Hitler qui le trouvait encombrant mais également nécessaire, profitant de son prestige militaire pour sa propre entreprise. Quant à Erich Ludendorff, qui allait mourir le 20 décembre 1937, il a refusé de participer aux grandes funérailles de son vieux chef de Hindenburg le 7 août 1934 pour ne pas s'afficher à côté de Hitler. Certains glorieux militaires avaient tout de même conservé le sens de la dignité, même dans ces temps troublés.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (26 avril 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Maréchal Paul von Hindenburg.
    Allemagne 2025 : Feu vert pour la grande coalition CDU-SPD.
    Allemagne 2025 : victoire de Friedrich Merz (CDU).
    Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste.
    L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
    Friedrich Merz.
    Olaf Scholz.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Konrad Adenauer.
    Daniel Cohn-Bendit.
    Volkswagen.
    Hans Modrow.
    Dmitri Vrubel.

    Le mur de Berlin.
    La chute du mur de Berlin.
    La Réunification allemande.
    Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
    Maus.
    Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    Le testament de Benoît XVI.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
    Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
    Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
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    Bonne retraite, Frau Merkel !
    Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
    L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?


     

     
     





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  • Pâques : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?

    « Personne ne se sauve tout seul, (…) il n'est possible de se sauver qu'ensemble. » (Pape François, le 3 octobre 2020 à Assise, encyclique "Fratelli Tutti").



     

     
     


    Selon la liturgie catholique, c'est l'Évangile selon saint Luc qui est lu à la messe de Pâques de ce dimanche 20 avril 2025. Le Christ est mort le vendredi à 15 heures, et le dimanche, trois femmes sont allées le visiter à son tombeau. Stupeur, le tombeau est vide. Vide. Deux hommes éblouissants leur demandent donc mon titre, plus haut : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité. ».

    Pour notre vie quotidienne, la fête de Pâques, c'est d'abord la fête du chocolat dans les supermarchés, les embouteillages (parisiens) pour le week-end pascal (merci, j'ai été déjà bien servi cette année), c'est d'ailleurs un week-end prolongé avec un jour férié, le lundi de Pâques (depuis la loi du 8 mars 1886), et ce sont évidemment les vacances dites de printemps. Certes, certes.

    Mais à l'origine, c'est d'abord une fête chrétienne. Chrétienne qui a eu lieu à peu près au même moment que la fête juive (on parle de Pâque au singulier pour les Juifs). C'est même la plus importante fête chrétienne, encore plus importante que l'autre fête socialement essentielle, Noël (malgré le caractère laïque de notre société et même sa déchristianisation, ces deux fêtes restent l'ossature du calendrier actuel en ce sens qu'elles entourent l'hiver.

    Noël est la fête de la naissance du Messie. Cela pourrait être facile à croire (une naissance comme une autre), mais la foi propose que Jésus-Christ provienne du ventre de Marie ...encore vierge, la Vierge-Marie ou Notre-Dame, très saluée dans la foi chrétienne. La PMA est-elle possible fortuitement ? Rien d'impossible avec la foi, mais de toute façon, quelle réelle importance dès lors qu'un père l'a élevé, Joseph ?

    L'autre fête, ce n'est justement pas la mort du Christ, qui, chronologiquement, a lieu le Vendredi Saint à 15 heures (la Semaine Sainte court du dimanche des Rameaux au dimanche Pâques, avec le Jeudi Saint le dernier repas avec les douze apôtres, la Cène, et le Vendredi Saint, sa mort, après Sa Passion, sorte de lynchage par le peuple après avoir été lâché par les dirigeants politiques finalement indifférents au sort de celui qu'ils considéraient comme un innocent).

    Il ne s'agit pas d'une commodité intellectuelle ou spirituelle, mais les religions proviennent naturellement d'éléments transcendantaux que l'être humain a du mal à appréhender. J'ai longtemps cru que l'élément fondamental le plus dur à appréhender était la mort. Certains athées, voire agnostiques, pensent que les croyants croient par facilité parce qu'ils ont peur de la mort. Mais la naissance est tout aussi incompréhensible, tout aussi difficile à appréhender : avant, rien, aucun être, après (pas forcément la naissance, après la conception), un être, un bébé d'abord, puis une personne à part entière, un adulte comme les autres. Où était-il "avant" ? Où étais-je avant ma naissance ?!


    Au moins, je n'ai pas peur de la naissance, je la trouve très enthousiasmante (dans ce mot contient le mot Dieu en grec). En revanche, j'avoue bien humblement que j'ai peur de la mort, et cela en tant que simple humain sur Terre, pas en tant que croyant, ni en tant qu'incroyant d'ailleurs, la mort des autres, de mes proches évidemment, car le manque sera immédiat, émouvant, effondrant, mais aussi ma propre mort. Comment appréhender ma propre mort ? Où serai-je après mon trépas ? Ma seule intuition est que tout ce qui a été fait ne sera jamais inutile (concept de néguentropie), et donc, il faudra bien que toutes ces vies, ces dizaines de milliards de vies humaines depuis que l'humain est apparu sur Terre, si riches, si précieuses, si diversifiées, si originales, si uniques, si contributives de ce qu'on pourrait appeler l'humanité, aient servi à quelque chose, ici-bas ou plus haut.

    Être chrétien n'est certainement pas une facilité avec la mort : j'ai connu un prêtre qui avait été impressionné par un autre collègue prêtre, très âgé, sur son lit de mort, qui était terrorisé à l'idée de mourir. Je le serai certainement si j'ai le temps d'en avoir conscience. Tout le monde est homme et se retrouve à la même enseigne.

    Alors, l'histoire de la Passion du Christ est, c'est vrai, très novatrice et très originale. Le jeune homme de 33 ans, prêcheur pendant trois ans, après une traversée du désert (le Carême, quarante jours), l'arrivée triomphale à Jérusalem (accueilli avec des rameaux d'olivier), et détrôné, car il était bien le roi des Juifs (mais son royaume n'était pas de ce monde), comme un vulgaire voyou qu'on a molesté puis crucifié.

    Il faut se rappeler que la nuit du Jeudi Saint, sur le Mont des Oliviers, comme tous ses semblables humains, Jésus a la trouille, une forte trouille, tout son corps traumatisé, terrorisé, et il implore même son père, Dieu, de l'épargner, d'arrêter ce processus terrible qui le conduira quelques heures plus tard sur la Croix. Car Jésus est homme.

    Alors, bien sûr, il y a plusieurs miracles, plusieurs faits que seule la foi permet de croire. Le premier, c'est que Jésus soit à la fois fils de Dieu et fils de l'homme. Il est Dieu et il est homme. Il est aussi le Saint Esprit. Trinité. En d'autres termes, cela signifie beaucoup de choses : chaque personne est en elle-même dépositaire de Dieu, est Dieu lui-même. L'amour conjugal est en quelque sort l'amour de Dieu dans l'autre, l'être aimé est le Dieu de celui qui aime.

    L'autre chose difficile à croire, c'est une sorte de masochisme : Jésus doit mourir crucifié pour racheter les péchés du monde. En gros, un blanchissement du Mal humain. L'un se sacrifie pour tout le monde. Un pour tous, tous pour un.

    Enfin, le mystère chrétien au plus haut degré, c'est bien sûr la Résurrection de Jésus, sorti d'entre-les-morts et seule la foi peut le faire croire. Encore une fois, il ne s'agit pas seulement de l'individu Jésus mais bien de chaque homme qui est destiné à ressusciter. La vie gagnant sur la mort.

    Ces réflexions ne sont pas du tout théologiques, elles sont très maladroites, ce sont quelques remarques sans prétention d'un contemporain qui tente de comprimer ce Mystère énorme, celui de la mort, celui de la Résurrection, dans une vie de tous les jours de plus en plus achrétienne, de plus en plus déchristianisée. D'ailleurs, cette déchristianisation, commencée en France avec la Troisième République (la République et la foi étaient contradictoire jusqu'au pape Léon XIII) rendait inopportune la peine de mort : s'il existe la vie après la mort, la peine de mort dans un cadre de rédemption pouvait se concevoir, pour une vie ultérieure meilleure, mais si on n'a qu'une seule vie, qu'une seule chance, la supprimer ne l'améliore pas, surtout, ne la corrige pas.

    Chaque Homme est Dieu, et Dieu, finalement, c'est peut-être l'ensemble des liens, des relations entre les humains, amour, amitié, affection.

     

     
     


    C'est pourquoi j'avais envie de citer le pape François à l'occasion de cette fête de Pâques. Sa troisième encyclique, intitulée "Fratelli Tutti", autrement dit, Tous Frères en italien, a été signée le 3 octobre 2020, sur le tombeau de saint François d'Assise, personnalité qui l'a éblouie au point de prendre son nom en tant que pape (étrangement, aucun pape François n'a existé avant lui). La veille de la fête du saint.

    Cette encyclique a recentré le message du pape autour des personnes précaires, des pauvres, au point qu'elle a été saluée par l'extrême gauche. Dans son paragraphe 32, le pape explique ainsi : « Certes, une tragédie mondiale comme la pandémie de covid-19 a réveillé un moment la conscience que nous constituons une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde. Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble. C’est pourquoi j’ai affirmé que "la tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. (…) À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos ego toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette [heureuse] appartenance commune (…), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères". ».


    Le mot principal dans ce paragraphe, c'est "ensemble" : on ne peut se sauver qu'ensemble. Il n'y a pas de salut si on laisse de côté des... laissés-pour-compte. On l'a vu effectivement pour la pandémie du covid-19 (la signature de l'encyclique a été le premier déplacement du pape François depuis le début de cette pandémie). Mais on le verra sans doute, hélas, plus tard, avec les bouleversements climatiques de la planète : on ne sauvera la planète qu'ensemble ("sauver la planète" est très réducteur, évidemment, la planète n'a pas besoin d'être sauvée et se moque de sauver l'homme ; sauver la planète, ici, doit se comprendre comme sauver les conditions qui permettent aux hommes de vivre encore sur la planète... en sachant qu'il y aura un point final facilement prévisible pour les astronomes).

    Je viens d'écrire que cette encyclique a été saluée par l'extrême gauche en France mais l'a-t-elle vraiment bien lue ? Je propose pour terminer deux autres paragraphes de cette même encyclique qui souhaitent évoquer des « compréhensions inadéquates d'un amour universel » :


    « 99. L’amour qui s’étend au-delà des frontières a pour fondement ce que nous appelons ‘‘l’amitié sociale’’ dans chaque ville ou dans chaque pays. Lorsqu’elle est authentique, cette amitié sociale au sein d’une communauté est la condition de la possibilité d’une ouverture universelle vraie. Il ne s’agit pas du faux universalisme de celui qui a constamment besoin de voyager parce qu’il ne supporte ni n’aime son propre peuple. Celui qui a du mépris pour son propre peuple établit dans la société des catégories, de première ou de deuxième classe, de personnes ayant plus ou moins de dignité et de droits. De cette façon, il nie qu’il y a de la place pour tout le monde. ».

    « 100. Je ne propose pas non plus un universalisme autoritaire et abstrait, conçu ou planifié par certains et présenté comme une aspiration prétendue pour homogénéiser, dominer et piller. Il existe un modèle de globalisation qui "soigneusement vise une uniformité unidimensionnelle et tente d’éliminer toutes les différences et toutes les traditions dans une recherche superficielle d’unité. (…) Si une globalisation prétend [tout] aplanir (…), comme s’il s’agissait d’une sphère, cette globalisation détruit la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple". Ce faux rêve universaliste finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. En effet, "l’avenir n’est pas monochromatique, mais (…) est possible si nous avons le courage de le regarder dans la variété et dans la diversité de ce que chacun peut apporter. Comme notre famille humaine a besoin d’apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils !" ».

    Ensemble, mais sans être pareils.
    En somme, la belle devise de l'Union Européenne : "Unie dans la diversité" !

    Joyeuses Pâques 2025 !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 avril 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pâques : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?
    Mgr Jean-Marc Aveline.
    Inquiétudes sur la santé du pape François.
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
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    Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?
    Les 98 ans de Sœur Marguerite.
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    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
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    Le pape François à Marseille (1) : ne pas légiférer sur l'euthanasie.
    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250419-paques.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/paques-pourquoi-cherchez-vous-le-259593

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/04/18/article-sr-20250419-paques.html


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  • Soumy : grâce musicale versus vulgarité brutale

    « La version russe du cessez-le-feu se résume à un dimanche sanglant. Il faut aider l’armée ukrainienne. » (Donald Tusk, Premier Ministre polonais, le 13 avril 2025).




     

     
     


    Quel scandale ! On mesure, à quel point, en France et ailleurs, certaines officines ont été complètement dévoyées sur le sens des mots (ce n'est pas nouveau et il y a eu d'admirables auteurs pour décrire ce phénomène particulièrement éloquent).

    Les deux bombardements meurtriers qui ont été décidés par l'armée russe de Vladimir Poutine a touché la population civile ukrainienne dans la matinée du dimanche 13 avril 2025, en pleine cérémonie des Rameaux, fête chrétienne, à Soumy (Sumy).

    Ces deux missiles balistiques visaient la population civile et a atteint son objectif puisque 35 personnes ont été massacrées, dont deux enfants, et 117 personnes blessées. Selon la CNN, c'est l'attaque la plus meurtrière d'une zone civile depuis le début de l'année.


    La ville de Soumy est une ville d'environ 260 000 habitants située au nord-est de l'Ukraine, à 30 kilomètres de la frontière russe, à 140 kilomètres de Kharkiv et à 130 kilomètres de Koursk (du côté russe).

    Des images d'apocalypse ont marqué la population, comme ce bus rouge en plein centre-ville, frappé par un missile et complètement calciné (aucun passager n'a survécu), ou ces habitants qui circulaient nombreux dans les rues du centre-ville.
     

     
     


    À écouter ces poutinolâtres adorateurs du massacre des peuples, ce nouveau massacre serait la faute de Volodymyr Zelensky, le Président ukrainien. On marche véritablement sur la tête, dans des inversions accusatoires complètement absurdes, surtout depuis que Donald Trump a retrouvé la Maison-Blanche. Rappelons que d'un côté, il y a un peuple, ukrainien, qui n'aspire qu'à la paix, qui n'a jamais eu de velléités agressives vis-à-vis de son voisin russe, dont on dit que les habitants sont leurs frères, et de l'autre, un autocrate (je ne confond bien sûr pas le peuple russe des oligarques russes), assoiffé de sang, et affamé de nouvelles conquêtes territoriales pour faire sa Grande Russie et surtout, maintenir le pouvoir de sa clique de voyous.
     

     
     


    L'explication foireuse de Moscou, officiellement, c'était qu'une réunion de militaires aurait été visée, mais ces deux missiles balistiques, peut-être équipés de sous-munitions (destinées à faire le plus de morts possible) comme c'était le cas dans d'autres bombardements, visaient pourtant bien des civils et à ce jour, aucune des victimes ne semblait porter l'uniforme militaire. Et si c'était vrai, l'armée russe aurait pu avoir la décence de présenter ses excuses pour tant de civils massacrés. Bien sûr, les deux gamins qui sont morts étaient des militaires dangereux pour l'armée russe...
     

     
     


    Trois jours de deuil ont été décrétés en Ukraine pour rendre hommage aux victimes. Elles méritent toutes notre compassion pour cette guerre folle issue d'une folie guerrière propre au siècle dernier (on connaît tellement bien la leçon). Plus les États-Unis se montrent mous voire lèche-derrière (je réemploie le vocabulaire de leur Président) vis-à-vis de Vladimir Poutine, plus l'autocrate du Kremlin se montre cruel et gourmand au dépens des Ukrainiens.

    Le procureur général de Soumy a annoncé que parmi les victimes se trouvaient un garçon de 11 ans et un jeune homme de 17 ans qui ne demandaient qu'à vivre. Maryna Choudessa aussi est morte, avec sa mère : elle était institutrice et ses petits écoliers sont aujourd'hui traumatisés par sa disparition. Lioudmyla a, de son côté, déploré la mort de sa mère, Tetiana Kvacha, qui avait décidé de prendre le bus qui a été touché, ce qu'elle faisait pourtant rarement. Mauvais destin. Voulu par Vladimir Poutine et ses sbires (y compris ceux de la désinformation).
     

     
     


    Parmi les victimes, il y avait aussi la musicienne Olena Kohut, organiste soliste à l'Orchestre philharmonique de Soumy et membre de l'Orchestre du Théâtre national de Soumy, également universitaire, enseignant dans une école d'art. Elle était reconnue pour sa maîtrise musicale (piano et orgue) et son dévouement au développement des jeunes talents.

    En tant qu'organiste soliste, elle interprétait des mélodies qui captivaient le public et ses prestations avaient une immense portée culturelle. Olena Kohut a aussi interprété l'hymne ukrainien dans plusieurs églises à travers l'Europe pour promouvoir la culture ukrainienne.


    Ses collègues du Théâtre national de Soumy ont exprimé sur Facebook leur grande affliction : « Le 13 avril 2025, à la suite d’une frappe de missile russe, notre famille du théâtre a subi une douleur indescriptible. Les blessures infligées ont tué notre collègue, artiste du théâtre orchestral, Olena Kohut. Olena était une personne extrêmement brillante, une véritable professionnelle, une collègue sympathique et une amie fiable. Sa musique, son sourire, sa gentillesse resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses amis. Nous partageons votre douleur et votre chagrin. Souvenirs joyeux et respect éternel. ».

    « Une perte irréparable pour notre collectif, pour toute la communauté musicale, pour tous ceux qui ont connu et apprécié Olena en tant qu’artiste et personne », pour ses amis de l'Orchestre philharmonique de Soumy.

    Les auteurs d'autres condoléances ont rappelé : « Camarades et élèves se souviennent d'Olena comme d'une personne qui transmettait non seulement ses connaissances, mais aussi son humanité, sa gentillesse et son optimisme. Elle savait libérer le potentiel de chaque élève et apportait un soutien sincère à ses élèves. ».
     

     
     


    Il ne faut pas l'oublier, il ne faut pas les oublier, toutes ces victimes ukrainiennes meurtries dans leur chair et leur territoire. Le criminel de guerre sera jugé. Il payera. Rien ne sera oublié. C'est le destin de tous les auteurs du terrorisme, fût-il terrorisme d'État. Et honte à tous ceux qui justifient ces morts !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 avril 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Soumy : grâce musicale versus vulgarité brutale.
    Moonraker.
    Olena Kohut.
    Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !








    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250413-soumy.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/soumy-grace-musicale-versus-260468

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/04/14/article-sr-20250413-soumy.html


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  • La musicienne Olena Kohut, l'une des 35 victimes massacrées à Soumy par Poutine

    « La version russe du cessez-le-feu se résume à un dimanche sanglant. Il faut aider l’armée ukrainienne. » (Donald Tusk, Premier Ministre polonais, le 13 avril 2025).




     

     
     


    Quel scandale ! On mesure, à quel point, en France et ailleurs, certaines officines ont été complètement dévoyées sur le sens des mots (ce n'est pas nouveau et il y a eu d'admirables auteurs pour décrire ce phénomène particulièrement éloquent).

    Les deux bombardements meurtriers qui ont été décidés par l'armée russe de Vladimir Poutine a touché la population civile ukrainienne dans la matinée du dimanche 13 avril 2025, en pleine cérémonie des Rameaux, fête chrétienne, à Soumy (Sumy).

    Ces deux missiles balistiques visaient la population civile et a atteint son objectif puisque 35 personnes ont été massacrées, dont deux enfants, et 117 personnes blessées. Selon la CNN, c'est l'attaque la plus meurtrière d'une zone civile depuis le début de l'année.


    La ville de Soumy est une ville d'environ 260 000 habitants située au nord-est de l'Ukraine, à 30 kilomètres de la frontière russe, à 140 kilomètres de Kharkiv et à 130 kilomètres de Koursk (du côté russe).

    Des images d'apocalypse ont marqué la population, comme ce bus rouge en plein centre-ville, frappé par un missile et complètement calciné (aucun passager n'a survécu), ou ces habitants qui circulaient nombreux dans les rues du centre-ville.
     

     
     


    À écouter ces poutinolâtres adorateurs du massacre des peuples, ce nouveau massacre serait la faute de Volodymyr Zelensky, le Président ukrainien. On marche véritablement sur la tête, dans des inversions accusatoires complètement absurdes, surtout depuis que Donald Trump a retrouvé la Maison-Blanche. Rappelons que d'un côté, il y a un peuple, ukrainien, qui n'aspire qu'à la paix, qui n'a jamais eu de velléités agressives vis-à-vis de son voisin russe, dont on dit que les habitants sont leurs frères, et de l'autre, un autocrate (je ne confond bien sûr pas le peuple russe des oligarques russes), assoiffé de sang, et affamé de nouvelles conquêtes territoriales pour faire sa Grande Russie et surtout, maintenir le pouvoir de sa clique de voyous.

    L'explication foireuse de Moscou, officiellement, c'était qu'une réunion de militaires aurait été visée, mais ces deux missiles balistiques, peut-être équipés de sous-munitions (destinées à faire le plus de morts possible) comme c'était le cas dans d'autres bombardements, visaient pourtant bien des civils et à ce jour, aucune des victimes ne semblait porter l'uniforme militaire. Et si c'était vrai, l'armée russe aurait pu avoir la décence de présenter ses excuses pour tant de civils massacrés. Bien sûr, les deux gamins qui sont morts étaient des militaires dangereux pour l'armée russe...

     

     
     


    Trois jours de deuil ont été décrétés en Ukraine pour rendre hommage aux victimes. Elles méritent toutes notre compassion pour cette guerre folle issue d'une folie guerrière propre au siècle dernier (on connaît tellement bien la leçon). Plus les États-Unis se montrent mous voire lèche-derrière (je réemploie le vocabulaire de leur Président) vis-à-vis de Vladimir Poutine, plus l'autocrate du Kremlin se montre cruel et gourmand au dépens des Ukrainiens.

    Le procureur général de Soumy a annoncé que parmi les victimes se trouvaient un garçon de 11 ans et un jeune homme de 17 ans qui ne demandaient qu'à vivre. Maryna Choudessa aussi est morte, avec sa mère : elle était institutrice et ses petits écoliers sont aujourd'hui traumatisés par sa disparition. Lioudmyla a, de son côté, déploré la mort de sa mère, Tetiana Kvacha, qui avait décidé de prendre le bus qui a été touché, ce qu'elle faisait pourtant rarement. Mauvais destin. Voulu par Vladimir Poutine et ses sbires (y compris ceux de la désinformation).
     

     
     


    Parmi les victimes, il y avait aussi la musicienne Olena Kohut, organiste soliste à l'Orchestre philharmonique de Soumy et membre de l'Orchestre du Théâtre national de Soumy, également universitaire, enseignant dans une école d'art. Elle était reconnue pour sa maîtrise musicale (piano et orgue) et son dévouement au développement des jeunes talents.

    En tant qu'organiste soliste, elle interprétait des mélodies qui captivaient le public et ses prestations avaient une immense portée culturelle. Olena Kohut a aussi interprété l'hymne ukrainien dans plusieurs églises à travers l'Europe pour promouvoir la culture ukrainienne.


    Ses collègues du Théâtre national de Soumy ont exprimé sur Facebook leur grande affliction : « Le 13 avril 2025, à la suite d’une frappe de missile russe, notre famille du théâtre a subi une douleur indescriptible. Les blessures infligées ont tué notre collègue, artiste du théâtre orchestral, Olena Kohut. Olena était une personne extrêmement brillante, une véritable professionnelle, une collègue sympathique et une amie fiable. Sa musique, son sourire, sa gentillesse resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses amis. Nous partageons votre douleur et votre chagrin. Souvenirs joyeux et respect éternel. ».

    « Une perte irréparable pour notre collectif, pour toute la communauté musicale, pour tous ceux qui ont connu et apprécié Olena en tant qu’artiste et personne », pour ses amis de l'Orchestre philharmonique de Soumy.

    Les auteurs d'autres condoléances ont rappelé : « Camarades et élèves se souviennent d'Olena comme d'une personne qui transmettait non seulement ses connaissances, mais aussi son humanité, sa gentillesse et son optimisme. Elle savait libérer le potentiel de chaque élève et apportait un soutien sincère à ses élèves. ».
     

     
     


    Il ne faut pas l'oublier, il ne faut pas les oublier, toutes ces victimes ukrainiennes meurtries dans leur chair et leur territoire. Le criminel de guerre sera jugé. Il payera. Rien ne sera oublié. C'est le destin de tous les auteurs du terrorisme, fût-il terrorisme d'État. Et honte à tous ceux qui justifient ces morts !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 avril 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Soumy : grâce musicale versus vulgarité brutale.
    Moonraker.
    Olena Kohut.
    Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250413-olena-kohut.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/04/14/article-sr-20250413-olena-kohut.html


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  • Crash de l'A320 de Germanwings : suicide ou tuerie de masse ?

    « La collision avec le sol est due à l’action délibérée et planifiée du copilote qui a décidé de se suicider lorsqu’il était seul dans le poste de pilotage. Le processus de certification médicale des pilotes, en particulier l’auto-déclaration en cas de diminution de l’aptitude médicale entre deux évaluations médicales périodiques, n’a pas permis d’empêcher le copilote, qui connaissait des troubles mentaux avec des symptômes psychotiques, d’exercer les privilèges de sa licence. » (Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile, Rapport n°BEA2015-0125 du 13 mars 2016).


     

     
     


    Il y a dix ans, le mardi 24 mars 2015 à 10 heures 41, heure de Paris, l'Airbus A320-211 immatriculé D-AIPX du vol 4U 9525 de la compagnie allemande Germanwings, une filiale de la Lufthansa, reliant Barcelone à Düsseldorf, s'est écrasé contre une paroi rocheuse du Massif des Trois-Évêchés à 1 550 mètres d'altitude, dans la commune de Prads-Haute-Bléone, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

    Il n'y a eu aucun survivant à ce choc gigantesque (l'avion est arrivé contre la montagne à une vitesse d'environ 700 kilomètres par heure). La "chance" a été que les lieux de la collision étaient déserts car en pleine montagne. 150 personnes y trouvèrent la mort, dont 6 membres d'équipage. Aucun Français, mais 66 Allemands, 51 Espagnols, et des personnes de quinze autres nationalités (dont américaine, argentine, britannique, kazakhe, etc.). L'avion avec le même équipage avait déjà effectué le vol Düsseldorf vers Barcelone en début de matinée avant de revenir vers Düsseldorf.


    Même si deux années après l'accident, dans une conférence de presse, le père du copilote a émis l'hypothèse d'une perte de conscience du copilote et du blocage accidentel de la serrure de la porte du cockpit, la cause de l'accident aérien semble complètement établie. Le copilote aurait attendu d'être seul dans le cockpit, le pilote s'éclipsant pour aller aux toilettes (il n'avait pas eu le temps d'y aller avant le décollage), pour modifier les consignes du pilotage automatique et faire descendre l'appareil tout en augmentant sa vitesse. Quand le pilote a voulu regagner sa place, la porte du cockpit était verrouillée de l'intérieur par le copilote qui a refusé de répondre tant aux personnes dans l'appareil qu'aux contrôleurs aériens français qui ont tenté de le contacter. L'analyse des opérations du premier vol de la journée, Düsseldorf vers Barcelone, aurait même montré que le copilote avait fait une répétition de ses gestes pour ce second vol, en profitant, là aussi, de l'absence du pilote.

    La descente de l'avion a duré entre 8 et 11 minutes (son altitude de croisière était de 11 600 mètres). Le pilote aurait utilisé une hache pour tenter d'ouvrir la porte blindée qui était verrouillée. Des passagers ont crié. Dans les enregistrements sonores retrouvés, on peut aussi entendre la respiration du copilote jusqu'à l'impact, ce qui signifie qu'il n'était pas mort avant le choc.
     

     
     


    Le suicide d'un pilote ou copilote dans un avion transportant des passagers (ici de nombreux passagers) est extrêmement rare. Le site Aviation Safety Network a répertorié, dans sa base de données très fournie, en tout six cas de suicides, et encore, seulement trois sont officiellement avérés dont le vol de la Germanwings (les deux autres : le vol Japan Airlines 350 le 9 février 1982 (24 victimes) et le vol LAM Mozambique Airlines 470 le 29 novembre 2013 (33 victimes). La plupart des suicides de pilote sont à bord de petits avions sans passager.

    Ce crash a reposé deux questions importantes pour la sécurité aéronautique. La première concerne le verrouillage de l'intérieur de la porte du cockpit, mesure de sécurité adoptée après les attentats du 11 septembre 2001 permettant aux pilotes de s'opposer à d'éventuels terroristes à l'intérieur de l'appareil. À la suite de ce crash, la mesure a été assortie d'une obligation de la présence d'au moins deux personnes dans le cockpit en permanence, mesure déjà en vigueur aux États-Unis avant le crash de la Germanwings. Toutefois, cette mesure a été levée un peu plus tard en raison, également, de risque pour la sécurité en multipliant la circulation dans le cockpit.

     

     
     


    L'autre enjeu concerne la santé mentale des pilote et copilote. On s'est aperçu que le copilote était en burn-out avec des tendances suicidaires. Il craignait notamment qu'on lui retirât sa licence de vol en raison d'une déficience visuelle (non avérée). Dans le mois qui a précédé le crash, il a consulté sept fois un médecin (généraliste, psychiatre, ophtalmologiste) et son médecin lui avait fait un arrêt de travail et l'avait jugé inapte au travail. Mais le copilote n'a pas transmis ces informations à sa compagnie. Il y a une contradiction entre le principe du secret médical et la sécurité des passagers d'une compagnie aérienne. Quatre avis d'arrêt de travail avaient été faits les 17 février 2015, 9, 12 et 19 mars 2015. Un médecin lui a même conseillé une « orientation vers un traitement en hôpital psychiatrique en raison d’une possible psychose ».

    L'enquête a montré également que le copilote était traité pour des troubles bipolaires et qu'on lui avait prescrit des somnifères, des anxiolytiques et des antidépresseurs, des médicaments qui, selon le professeur Bernard Debré, pouvaient avoir pour effet le passage à l'acte. Le copilote avait eu des épisodes dépressifs avant même sa formation de pilote ; en 2008, il a même été hospitalisé en raison de ses idées suicidaires, mais de 2010 à 2014, il a toujours obtenu le certificat médical nécessaire aux pilotes d'avion. C'est apparemment à partir de décembre 2014 qu'il « commence à présenter des symptômes qui pourraient être associés à un épisode dépressif psychotique », selon le rapport final du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), l'organisme compétent en la matière dépendant du Ministère de l'Écologie (rapport n°BEA2015-0125 du 13 mars 2016). L'analyse toxicologique des tissus biologiques retrouvés du copilote a indiqué qu'il avait absorbé avant le vol des antidépresseurs et des somnifères.

     

     
     


    Là aussi, la rigueur devrait être de mise. Le contrôle des pilote et copilote en alcool, stupéfiants et psychotropes devrait être obligatoire et systématique à chaque embarquement. Pour certains psychiatres, le fait que le copilote ait entraîné 149 autres personnes dans sa mort et qu'il ait prémédité cet acte devrait qualifier ce crash aérien de tuerie de masse et pas de suicide. Ainsi, le psychiatre français Serge Hefez a estimé le 15 avril 2015 sur France Inter : « Tout un chacun n’assassine pas 149 personnes en se suicidant en dehors d’un contexte de guerre et tout en déclarant : "Je vais faire quelque chose qui va changer le système. Tout le monde connaîtra mon nom". Nous sommes dans le cadre d’un acte délirant, d’un sentiment de mégalomanie, d’une revendication paranoïaque à la reconnaissance, d’une tentation de toute-puissance décuplée par le côté "seul maître à bord après Dieu". ». Et le 30 mars 2015, le psychiatre allemand Andreas Reif, de l'Université de Francfort, y a vu un parallèle avec les tueries de masse dans les écoles (particulièrement aux États-Unis) : « Le fait que [le copilote] ait entraîné tant de personnes dans la mort et que ces personnes aient presque toutes été inconnues parle contre le suicide élargi. ».

    À l'époque de l'accident, il y a dix ans, ce fut un choc énorme en Europe : François Hollande (le Président français), Angela Merkel (la Chancelière allemande) et Mariano Rajoy (le Président du gouvernement espagnol) se sont rendus sur place le 25 mars 2015. Le roi d'Espagne Felipe VI était à Paris au moment de la tragédie, en visite d'État en France. Le 29 mars 2015 (dimanche des Rameaux) à Saint-Pierre de Rome, le pape François a rendu hommage aux victimes du crash aérien.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (22 mars 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Rapport final n°BEA2015-0125 du 13 mars 2016.
    Crash de l'A320 de Germanwings.
    L'accident aérien de Villa Castelli.
    L'accident de Millas.
    Le miraculé d'une collision ferroviaire.


     

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250324-crash-germanwings.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/crash-de-l-a320-de-germanwings-258648

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/24/article-sr-20250324-crash-germanwings.html


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