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pape

  • Saint Esprit et conclave

    « Notre foi est une chose vivante parce qu’elle marche main dans la main avec le doute. S’il n’y avait que la certitude, et que le doute n’existait pas, il n’y aurait pas de mystère, et donc la foi ne serait pas nécessaire. » (Robert Harris, le 1er juin 2017).


     

     
     


    À la suite de la mort du pape François le 21 avril 2025, les cardinaux sont appelés à élire leur nouveau pape. Cela va se passer au cours du conclave qui commencera ce mercredi 7 mai 2025 à 16 heures 30 dans la Chapelle Sixtine au Vatican.

    L'élection d'un pape est toujours un événement mondial et peut influer sur le cours des événements internationaux. Si le pape n'a plus aucun pouvoir temporel, et c'est heureux, il garde, même au-delà des croyants, une influence morale très forte. Les conclaves sont assez rares et souvent surprenants. Ainsi, l'élection de Jean XXIII, de Jean-Paul I
    er, de Jean-Paul II et celle du pape François ont été des surprises de taille. Celle de Benoît XVI l'était moins dans la mesure où succéder à Jean-Paul II nécessitait beaucoup d'assurance et d'expérience et peu de cardinaux s'en sont sentis capables.

    Je reviens très rapidement sur la désinformation totalement irréelle d'une supposée volonté du Président de la République française Emmanuel Macron d'influer sur l'issue du conclave, ce qui est assez stupide quand on connaît l'organisation du conclave. Et cela uniquement en surinterprétant deux repas diplomatiques complètement ordinaires pris à Rome lors des funérailles du pape François. L'Élysée a d'ailleurs démenti fermement en parlant de fausse information et en rappelant simplement le 2 mai 2025 sur Twitter :
    « En déjeunant avec les cardinaux français, le Président de la République s’est conformé aux usages républicains en vigueur et respectés par ses prédécesseurs après les funérailles d’un pape. Ces manipulations de l’information ne sont pas dignes. ».

    D'ailleurs, l'un des convives du déjeuner, le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d'Ajaccio, a pris la défense du chef de l'État le 2 mai 2025 sur la chaîne catholique KTO :
    « Nous sommes dans une démarche d'amitié et de respect, nous sommes dans le pays de la fraternité ; il n'y a donc aucun conditionnement. Je ne comprends donc pas pourquoi il y a des polémiques. Le Président de la République n'a pas dit aux cardinaux français ce qu'ils doivent faire, et comment et qui doivent-ils voter. Nous sommes libres et responsables, du côté du Président et du côté des cardinaux. ». Un autre cardinal convive a confirmé : « La France est un État laïc. Nous avons été invités. C’est tout à fait normal. Les manœuvres en vue du conclave n’ont pas été abordées. ». Et même Guillaume Tabard, éditorialiste au journal "Le Figaro" et peu suspect de macronisme, a pu témoigner sur place : « Emmanuel Macron n’a tenu aucun propos visant à exprimer sa volonté de voir triompher une ligne plutôt qu’une autre. ». Mais ce qu'on reproche à Emmanuel Macron de manière fausse et mensongère, on ne le reprocherait pas au roi du populisme outre-Atlantique...
     

     
     


    En effet, depuis le 21 avril 2025, ce qu'on a appelé en France l'Internationale des réactionnaires cherche à militer pour l'élection d'un pape dit conservateur. Donald Trump lui-même, le Président des États-Unis, n'a pas hésité à donner son grain de sel auprès de journalistes qui lui posaient la question, et il leur a répondu le 29 avril 2025 : « J'aimerais être pape. Ce serait mon premier choix ! ». Puis, plus sérieusement : « Je ne sais pas. Je n’ai pas de préférence. Je dois dire que nous avons un cardinal qui se trouve être à un endroit appelé New York, qui est très bon. Nous verrons ce qui se passera. ». Mgr Timothy M. Dolan (75 ans), ami de Donald Trump, est l'archevêque de New York depuis le 23 février 2009.
     

     
     


    Audace, humour, provocation ...ou vulgarité, Donald Trump s'est même mis à la place du souverain pontife en diffusant le 2 mai 2025 sur son compte officiel des réseaux sociaux l'image que j'ai mise en début d'article, générée par intelligence artificielle. Beaucoup de catholiques ont été choqués par ce narcissisme irrespectueux du pape disparu, notamment en Italie (et le cardinal Dolan n'a pas apprécié l'image), mais le plus choquant est que Donald Trump souhaiterait vraiment influer sur le conclave, il ne s'en est pas caché, mais n'en a pas vraiment les moyens. S'il avait été catholique, il aurait pu imaginer se faire élire pape puisqu'en principe, n'importe quel catholique, y compris un non-religieux, peut se faire élire, même si depuis 1389, les papes élus le sont parmi les cardinaux électeurs. J. D. Vance a donc ses chances.

    Revenons aux cardinaux. Chaque jour depuis la mort du pape, les cardinaux présents à Rome se sont réunis en congrégations générales, de plus en plus remplies au fur et à mesure que les cardinaux sont arrivés au Vatican. Tous les cardinaux, y compris les cardinaux non électeurs, ont pu participer à ces temps de prières et de réflexions.
     

     
     


    Qui va voter au conclave ? Depuis la décision de Paul VI du 1er octobre 1975, seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans peuvent être électeurs du pape et en principe, il ne peut y avoir plus de 120 cardinaux électeurs. Le Collège des cardinaux, qui s'appelait le Sacré Collège avant le 27 novembre 1983, regroupe l'ensemble des cardinaux. Ils sont au total 252, mais seulement 135 cardinaux ont moins de 80 ans au 21 avril 2025. Malgré la règle édictée en 1975, chaque nouveau consistoire (création de nouveaux cardinaux) engendre un nombre supérieur à 120 de cardinaux électeurs. Ainsi, au dernier consistoire le 7 décembre 2024, il y a eu 140 cardinaux électeurs et il aurait fallu attendre le 21 avril 2026, sans nouveau consistoire, pour que le nombre retombât à 120. Toutefois, malgré le surnombre, l'ensemble des cardinaux électeurs voteront. C'est nouveau car à l'élection des deux précédents papes, la limite avait été respectée.

    Le plus jeune est le cardinal australien Mykola Bytchok, qui a 45 ans. Les deux plus âgés ont donc un peu moins de 80 ans : le cardinal guinéen Robert Sarah est né le 15 juin 1945 et va avoir 80 ans dans un mois ; le cardinal Carlos Osoro Sierra, archevêque de Madrid, va avoir 80 ans le 15 mai 2025, soit 80 ans dans quelques jours (mais il restera électeur jusqu'à la fin du conclave, d'une part parce qu'il n'a pas le droit d'en sortir avant l'élection du pape, d'autre part c'est l'âge à la mort du précédent pape qui est pris en compte).
     

     
     


    Des 135 cardinaux électeurs, selon 133 cardinaux vont voter au conclave (les deux autres seront absents). Sur ces 133 cardinaux, une très grande majorité (les quatre cinquièmes), à savoir 108, ont été créés par le pape François ; 5 par Jean-Paul II et 20 par Benoît XVI. À noter que le cardinal lyonnais Philippe Barbarin est donc l'un des rares à avoir été créés par Jean-Paul II (le 21 octobre 2003).

    C'est donc un électorat de cardinaux principalement façonné par le pape François. Mais cela ne veut pas dire qu'ils aient la même option... "politique" (?), à savoir, progressiste ou conservatrice (voir plus loin). Le pape François ne cherchait pas forcément à nommer des cardinaux qui pensaient comme lui (humilité, simplicité, douceur) mais a surtout voulu représenter l'ensemble du monde en rééquilibrant l'origine géographique des cardinaux électeurs. Ainsi, sur les 133 électeurs, il y a 52 cardinaux en Europe dont 17 en Italie et 5 en France ; 23 en Asie dont 4 en Inde, 3 aux Philippines, 2 au Japon et 1 en Chine ; 16 en Amérique du Nord dont 10 aux États-Unis ; 4 en Amérique centrale ; 17 en Amérique du Sud dont 7 au Brésil et 4 en Argentine ; 17 en Afrique et 4 en Océanie.

     

     
     


    Comme indiqué précédemment, deux cardinaux électeurs ne seront pas présents au conclave : Mgr Antonio Canizares Llovera, ancien archevêque de Valence (en Espagne), qui est malade et Mgr John Njue, ancien archevêque de Nairobi, dont j'ignore encore la raison. En effet, au-delà d'un changement de date de naissance officielle (l'état-civil des pays africains est parfois peu rigoureux), ce cardinal a été déclaré absent car malade, mais dans une interview datée du 6 mai 2025, Mgr John Njue a déclaré dans un journal kényan "Daily Nation" : « Honnêtement, je ne sais pas pourquoi j'ai été exclu du conclave, je ne comprends pas la raison. (…) Ceux qui se rendent là pour l'élection reçoivent généralement des invitations officielles et cela n'a pas été le cas pour moi. (…) Ce n'est pas pour des raisons de santé, vraiment, c'est difficile à commenter. ». Il lui a été répondu qu'il n'avait pas besoin d'invitation pour se rendre au conclave dont il est membre de droit, mais qu'il ne s'y rendrait pas pour raison de santé (ce que le cardinal a pourtant démenti).

    Un 136e cardinal aurait pu être électeur en raison de son âge (76 ans), Mgr Giovanni Angelo Becciu, mais à cause d'un scandale financier qui l'a condamné à cinq ans et demi de prison pour détournement et mauvaise gestion de fonds (il a fait perdre au Vatican autour de 150 millions d'euros en tant que substitut pour les affaires générales), Mgr Giovanni Angelo Becciu a été déchu de son droit d'électeur par le pape François, et après une velléité de participer quand même au conclave, le cardinal y a renoncé le 28 avril 2025 après la publication de lettres du pape François l'excluant.
     

     
     


    A priori, un cardinal n'a pas le droit de voter pour lui-même. Un premier vote aura lieu le 7 mai 2025, puis, chaque jour, il peut y avoir jusqu'à quatre votes. Pour que l'élection soit acquise, il faut une majorité des deux tiers, ce qui est beaucoup. Au bout du treizième tour, si aucun pape n'a été encore élu, la majorité absolue suffit. Les bulletins d'un scrutin sont brûlés, la fumée qui s'échappe est noire jusqu'à l'élection d'un pape, avec la fumée blanche. C'est le protodiacre, à savoir le cardinal français Dominique Mamberti qui annoncera l'élection du pape par le célèbre Habemus Papam ! Notons qu'à l'élection du pape François, ce fut aussi un cardinal français, Mgr Jean-Louis Tauran (1943-2018) qui a proclamé les résultats.

    Dès l'annonce de la mort du pape François, les spéculations ont prospéré sur l'identité du futur pape et la principale réflexion s'est portée sur : le futur pape sera-t-il un continuateur du pape François comme pape d'ouverture, ou sera-t-il, au contraire, replié sur l'Église, un pape dit conservateur, gardien du temple dogmatique ?

    Mais on voit bien que cette question, qui est importante pour l'avenir de l'Église catholique, n'est cependant pas la plus cruciale. En élisant un pape, les cardinaux élisent d'abord un homme, une personne, avec ses qualités, et ses défauts. Ainsi, il faut d'abord comprendre que tous ces cardinaux se connaissent très peu, à part les Italiens ou, plus généralement, les Européens qui sont nombreux et proches géographiquement.
     

     
     


    Ensuite, il faut imaginer qu'au fil de leurs réunions à huis clos, les cardinaux vont définir, esquisser la figure du futur pape. Quels devront être ses caractéristiques ? Par exemple, au lieu d'être un "conservateur" (évalué à 30% du collège électeur) ou un "progressiste" (évalué à 25%), le futur pape devra surtout être un rassembleur capable de maintenir dans une Église unifiée l'ensemble des progressistes et des conservateurs, ce qui demande un certain don pour la diplomatie.
     

     
     


    Les cardinaux peuvent aussi souhaiter que le futur pape soit élu pour des missions particulières : par exemple, si l'objectif est de renouer avec l'Église orthodoxe (et laquelle ? celle de Moscou ?), ce n'est pas la même chose que de raffermir les liens avec l'islam. Ainsi, l'un des cardinaux les plus aptes à entretenir des relations avec les musulmans serait un cardinal à la fois algérien et français, Mgr Jean-Paul Vesco (63 ans), archevêque d'Alger, qui ne fait pourtant pas partie de la (longue) liste des papabili (papes possibles). Remarquons que ce cardinal ne fait pas partie des cinq cardinaux français.

    L'ouverture sur le monde moderne est aussi un enjeu majeur du prochain pontificat, même si le pape François avait déjà commencé. Cela peut aussi signifier la poursuite d'une opération vérité sur les abus sexuels trop longtemps soumis au silence dans les Églises nationales (le travail a été entrepris en France, aussi dans quelques autres pays, mais dans pas assez de pays).
     

     
     


    Le choix de l'origine géographique peut aussi être un élément majeur de l'élection. Ainsi, on peut imaginer le premier pape d'Afrique subsaharienne, ou le premier pape asiatique (chinois, pourquoi pas ?), etc. Ou au contraire, un retour à un pape italien pour s'occuper des affaires romaines et réformer la Curie, comme Mgr Mateo Maria Zuppi, l'archevêque de Bologne et président de la Conférence des évêques d'Italie.

    Cette liste des papabili est officieuse et ne repose que sur des ressentis de journalistes, un peu comme la liste des futurs ministres lors d'un changement de gouvernement ! Elle donne néanmoins une petit indication sur les enjeux. Celui qui a le plus de probabilité d'être élu serait Mgr Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Vatican (l'équivalent de Premier Ministre), un très proche du pape François, le numéro un des cardinaux dans l'ordre protocolaire ; il jouerait le rôle d'une continuité rassurante comme l'a fait Benoît XVI pour succéder à Jean-Paul II.

    Il y a aussi des papabili considérés comme "conservateurs", tels que Mgr Robert Sarah (de Guinée), Mgr Peter Turkson (du Ghana) et Mgr Peter Erdo (de Hongrie). Ou encore des papabili d'Asie : Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines), très proche aussi du pape François, ou Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun (Birmanie).

    Enfin, terminons sur un papabile français, Mgr Jean-Marc Aveline, l'archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêque des France. Sa montée dans l'Église a été très rapide, aidée du pape François. Marseillais, d'un naturel très chaleureux, Mgr Jean-Marc Aveline avait eu l'honneur d'accueillir le pape François il y a un an et demi (en septembre 2023).
     

     
     


    Mais la plus grande surprise serait surtout qu'il n'y ait pas de surprise et que le pape soit choisi parmi ceux dont la liste de papabili vient d'être proposée. Les débats au sein du conclave sont secrets et le mystère devra rester ce qu'il est. De l'extérieur, on ne pourra pas donc suivre le cheminement qui aura abouti au choix d'un candidat précis, sur lequel une majorité de cardinaux se sera mis d'accord. L'élection improbable de René Coty à la Présidence de la République française, élu au treizième tour le 23 décembre 1953, montre à quel point chaque tour de scrutin peut complètement changer la situation.

    La tâche de choisir le nouveau pape est ardue, compliquée, angoissante. C'est pourquoi on dit généralement que les cardinaux électeurs vont s'imprégner, se laisser guider par le Saint Esprit. Pour le meilleur ...et le meilleur.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (06 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
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    Mgr Jean-Marc Aveline.
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    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
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    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
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    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250504-conclave.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/saint-esprit-et-conclave-260828

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/04/article-sr-20250504-conclave.html


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  • Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?

    « Durant tout son pontificat, [le pape François] a été aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles, avec beaucoup d'humilité. Et un sens tout particulier de l'autre, en ces temps de guerres et de brutalités. » (Emmanuel Macron, le 21 avril 2025).





     

     
     


    Décidément, on ne prête qu'aux riches ! On prête de l'influence aux gens qui sont réellement influents dans la scène internationale. Pas étonnant alors que des rumeurs provenant de l'extrême droite italienne font état de la volonté du Président Emmanuel Macron d'avoir une part d'influence sur le déroulement du conclave qui va commencer le 7 mai 2025 pour désigner le successeur du pape François.

    Il faut dire que le contexte était favorable aux rumeurs. Le conclave lui-même, assemblée opaque dont il ne doit rien sortir, aucune indiscrétion, aucune fuite, les cardinaux sont mis d'ailleurs à rude épreuve de nos jours, isolés de leur smartphone et du monde extérieur. Le Vatican aussi, cité secrète, mystérieuse, où se noueraient et dénoueraient pas mal de choses en sous-main.


    Ensuite, la politique. Jamais sans doute l'élection d'un pape n'a eu une connotation aussi politique que cette fois-ci. On a reproché au pape François d'avoir simplement prêché l'Évangile en exhortant les gouvernements d'accueillir les réfugiés étrangers qui ont quitté, parfois au risque de leur propre vie, leur pays en proie à la guerre, à la répression ou à la misère économique.

    C'était pourtant son rôle, le rôle d'un chrétien de rappeler où est l'important, où est l'essentiel. Il faut dire que le pape n'est pas dépendant d'une stratégie électoraliste, il n'a pas à se faire élire, à séduire ceux qui seraient angoissés, inquiets de toute immigration par manque de confiance en eux, par difficulté de connaître leur propre identité. Là où certains, parmi les politiques, s'adressent aux sentiments de peur et de haine, le pape, simplement, s'adresse au cœur.

     

     
     


    Un article d'Allan Kaval, le correspondant du journal "Le Monde" à Rome, publié ce jeudi 1er mai 2025, résume ainsi la rumeur venant d'une « partie de la presse italienne », devenue ensuite plus clairement « la presse italienne de droite » : « De labyrinthiques intrigues françaises seraient en train de parasiter le processus de désignation du futur pape. Depuis la mort de François, le 21 avril, des titres proches du gouvernement de Giorgia Meloni spéculent ainsi sur les desseins d’Emmanuel Macron, accusé de mettre en œuvre une stratégie visant à pousser ses candidats sur le trône de saint Pierre. ».

    Ainsi, le journaliste a cité quelques titres ou expressions de cette presse proche de la Présidente du Conseil italienne Giorgia Meloni : « Macron veut même choisir le pape » ("La Verità") ; « Macron s'incruste même dans le conclave » ("Libero") ; « l'interventionnisme digne d'un roi Soleil » ("Il Tempo"), etc.

    La chef du gouvernement italien, qui a mis beaucoup d'eau (bénite ?) dans son vin (de messe ?), était en différend idéologique avec le pape sur la manière d'appréhender le problème des réfugiés arrivant en Europe (et principalement en Italie) par la Méditerranée. On se souvient d'ailleurs que c'était le premier voyage extérieur du pape François après son élection, Lampedusa, et il a n'a jamais cessé de rappeler la nécessité d'accueillir les réfugiés, encore notamment à Marseille et même à Ajaccio, lors de ses deux (derniers) voyages en France.

    Comme il faut quand même quelques arguments pour étayer ces affirmations péremptoires, quels sont-ils ? Seulement deux faits qui sont particulièrement faibles et sans vraiment de conséquence, pour expliquer des telles rumeurs sinon par haine politique du Président français. Ainsi, il s'agit simplement de deux repas auquel Emmanuel Macron a participé lors de sa venue à Rome pour l'enterrement du pape François. Des repas qui sont d'ailleurs très ordinaires dans un agenda présidentiel qui s'attache, à l'étranger, à rencontrer à la fois ses hôtes mais aussi ses compatriotes.

     

     
     


    Un premier déjeuner a eu lieu à l'ambassade de France au Vatican le 26 avril 2025, juste après les obsèques papales, au cours duquel le chef de l'État français a réuni quatre des cinq cardinaux français en capacité de voter au conclave, à savoir Mgr Jean-Marc Aveline (l'archevêque de Marseille et nouveau président de la Conférence des évêques de France), Mgr Philippe Barbarin (ancien archevêque de Lyon), Mgr Christophe Pierre (nonce apostolique aux États-Unis ; un nonce, c'est un ambassadeur du Vatican), et Mgr François Bustillo (évêque d'Ajaccio).

    Le second repas, c'est le dîner qui a eu lieu le 25 avril 2025 avant l'enterrement du pape, au restaurant très réputé Dal Bolognese de la piazza del Popolo, qui a réuni Emmanuel Macron et l'historien italien Andrea Riccardi, dont il est proche. Ancien ministre de la Coopération internationale et de l'Intégration de novembre 2011 à mars 2013 (et lauréat du Prix Charlemagne en 2009), Andrea Riccardi a fait partie des candidats possibles à la Présidence de la République italienne en janvier 2022, mais il a été surtout le cofondateur (très jeune) de la Communauté de Sant'Egidio, un mouvement catholique très proche du pape François, regroupant 70 000 membres laïques dans 74 pays. Ce mouvement a été créé le 7 février 1968 dans la suite du concile Vatican II pour lutter contre la pauvreté et promouvoir la paix dans le monde, et a deux branches, une activité caritative (aide aux plus démunis), et une activité diplomatique (médiation dans des conflits internationaux, particulièrement présent en Afrique).

    L'un des membres de ce mouvement n'est autre que le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la Conférence des évêques d'Italie (en quelque sorte, l'alter ego de Mgr Jean-Marc Aveline), qui est aujourd'hui parmi les prélats susceptibles d'être élus pape, proche du pape François. Il a pris des positions publiques en faveur des réfugiés mais aussi contre les projets de révision de la Constitution du gouvernement Meloni, ce qui a bien sûr agacé les dirigeants italiens actuels.


    Du reste, le mouvement de Sant'Egidio a réagi à ces rumeurs italiennes en expliquant qu'elles étaient infondées et que le Président français cherchait juste à « comprendre le processus, pas à l'influencer ».

    Ce qui est d'ailleurs révélateur, c'est que les journalistes italiens médisants ne sont pas parvenus à apporter une certaine cohérence à leurs rumeurs, puisque pour les uns, Emmanuel Macron comploterait en faveur de Mgr Jean-Marc Aveline, cardinal français plein d'avenir, et pour les autres, en faveur de Mgr Matteo Zuppi. Il faudrait d'abord se mettre d'accord avant d'attaquer stupidement le Président de la République française.
     

     
     


    Ce dont je suis sûr, en revanche, c'est que tous les cardinaux électeurs qui participeront au conclave, et qui, pour la plupart, vont découvrir autant que les non cardinaux ce processus particulièrement intense de désignation du nouveau pape, sont tous porteurs à la fois d'une certaine gravité (angoisse de choisir le bon cardinal) et d'une certaine détermination qui suppose qu'ils ne se laisseront évidemment pas influencer par des personnalités extérieures, quelles qu'elles soient.

    Quant aux risques de divisions des cardinaux durant le conclave, entre supposés conservateurs et supposés progressistes, je pense que c'est imaginer et projeter un filtre politique qui n'existe pas forcément au sein de l'Église catholique qui a elle-même d'autres enjeux. Mais j'en reparlerai certainement.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (01er mai 2025)
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    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
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    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.


     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250501-macron-vatican.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/emmanuel-macron-veut-il-influencer-260781

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  • Le pape François, centre du monde !

    « En se tournant vers le sud, vers les plus pauvres, en tournant le dos à l’Europe, pas seulement à la France à qui il reprochait son modèle laïque, et en décembre dernier encore à Ajaccio, en Corse, François a désoccidentalisé l’Église, pendant que l’Occident continuait de se déchristianiser. » (Patrick Cohen, le 22 avril 2025 sur France Inter).




     

     
     


    Il n'a pas fallu attendre longtemps pour entendre dans certains médias français des critiques virulentes contre le pape François qui vient de mourir ce lendemain de Pâques 2025 à l'âge de 88 ans des suites d'un AVC. Certains parlent d'un pape autoritaire, qui n'écoutait personne, pas du tout diplomate.

    La journaliste Catherine Nay l'a rappelé brutalement sur CNews lorsque, dans un avion, le pape disait aux Ukrainiens que ce serait courageux d'arrêter la guerre et de venir avec un drapeau blanc devant l'ennemi. Ce n'était pas très malin car c'est aujourd'hui le discours de Donald Trump qui oublie qu'il y a dans cette histoire un agresseur affamé et que si on lui donne ce qu'il veut aujourd'hui, il en voudra encore plus demain. Malheureusement, les leçons de l'histoire ne sont jamais comprises à temps.

    Mais pour le coup, effectivement, le pape François n'était pas diplomate, ce n'était pas son job. Il devait au contraire être franc face aux puissants, leur rappeler ce que le monde a de misères et qu'il faut le transformer, l'améliorer, ne pas rester insensible à la misère humaine, bannir la froide logique comptable.

     

     
     


    Sur l'accueil des réfugiés, le pape était non seulement dans la tradition de l'Église catholique mais dans les valeurs fondamentales de la foi chrétienne : on doit accueillir toutes les personnes qui sont dans le besoin. François n'était pas un dirigeant politique, il n'était pas un capitaine d'industrie, il était d'abord un humble qui se préoccupait d'autres humains.
     

     
     


    Une petite citation papale permettra de remettre un peu à l'endroit quelques personnalités particulièrement hypocrites qui pleurent officiellement François tout en faisant ou en prônant exactement le contraire : « C'est de l'hypocrisie de se dire chrétien et de chasser un réfugié ou quelqu'un qui cherche de l'aide, quelqu'un qui a faim ou soif, de rejeter quelqu'un qui a besoin de mon aide… Si je dis que je suis chrétien, mais que je fais ces choses, je suis un hypocrite. ». C'est sûr, ce n'était pas diplomate, il n'avait pas des électeurs un peu obtus à convaincre, mais ceux à qui ces paroles s'adressaient l'avaient bien cherché.
     

     
     


    Et puis, il y a les critiques CNews, à l'instar d'un Philippe de Villiers qui considérait le pape comme un défenseur du wokisme. C'est totalement injustifié puisqu'à gauche, au contraire, on a critiqué François d'avoir boudé la France de François Hollande à cause du mariage pour tous (adopté quelques semaines après le début de son pontificat), d'avoir reproché à Emmanuel Macron d'avoir introduit l'IVG dans la Constitution et, plus généralement, comme l'a constaté l'éditorialiste Patrick Cohen le 22 avril 2025 sur France Inter, le pape regrettait le modèle laïque de la France qui, pourtant, me paraît en totale conformité avec la parole du Christ : « Rends donc à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu ! », phrase retranscrite par les trois évangélistes Marc, Matthieu et Luc.

    En s'adressant d'abord à l'humanité qui est en nous, le pape François a forcé les doctrines, a forcé les réflexes identitaires, a forcé les vieilles réactions automatiques. Il ne partait ni de la politique comme Jean-Paul II, ni de la théorie, des principes comme Benoît XVI, mais simplement de la réalité humaine tout aussi imparfaite que Dieu est en principe parfait.

     

     
     


    C'était par exemple très clair pour la bénédiction des couples homosexuels. En quoi cela gêne-t-il quelqu'un dès lors que deux êtres s'aiment par consentement mutuel ? François n'y voit qu'amour quand d'autres y voient l'angoisse de leur manque de confiance en eux. Comme pour les personnes divorcées ou même non mariés, j'ai connu des prêtres qui savaient bénir un couple de personnes qui vivaient, ...dirons-nous, "dans le péché", parce qu'elles s'aimaient, mais pas comme le voudrait l'Église, et cela bien avant l'arrivée de François.
     

     
     


    Le Vatican a publié le testament du pape François, ou plutôt, ses dernières volontés faites d'humilité et de piété. Daté du 29 juin 2022, le texte explique ainsi la préférence du pape : « Le tombeau doit être en terre, simple, sans décoration particulière et avec la seule inscription : Franciscus. ». Ainsi, il ne sera pas mentionné pour la postérité qu'il fût pape ni les dates. Contrairement aux autres papes traditionnellement enterrés à la Basilique Saint-Pierre depuis trois cents ans, François a choisi une église (à peine) plus modeste, la Basilique Sainte-Marie-Majeure.
     

     
     


    Avant le début du conclave qui commencera le 6 mai 2025 et qui sera très important puisque chargé d'élire le nouveau pape, il y a une date très importante, le samedi 26 avril 2025 à Saint-Pierre de Rome. Ce sera en effet le jour des obsèques du pape François.

    Enterrer un pape est relativement peu fréquent. La dernière fois remonte à plus de vingt ans, avec le pape Jean-Paul II dont les funérailles ont eu lieu le 8 avril 2005. Celles-ci ont réuni dans un large hommage de nombreux chefs d'État et de gouvernement du monde entier, en particulier Jacques Chirac (France), Carlo Ciampi (Italie), George W. Bush (États-Unis), Juan Carlos (Espagne), Albert II (Belgique), etc. En tout, 110 avions d'État et 60 avions civils furent accueillis dans trois aéroports romains pour faire venir toutes les délégations du monde entier.
     

     
     


    Pour le pape François, cela promet aussi d'être un grand rassemblement. Sont déjà annoncés Donald Trump, Emmanuel Macron (rentré de La Réunion), Giorgia Meloni, Volodymyr Zelensky, etc. En revanche, Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat international, ne fera pas le déplacement car il a piscine.

    Certes, François n'était pas diplomate, mais peut-être parviendrait-il à aider à la concorde mondiale en réunissant autour de sa dépouille autant de dirigeants politiques. Il pourrait ainsi, après sa mort, contribuer à retrouver la paix dans certaines régions du monde particulièrement touchées par la guerre et la lâcheté.

     

     
     


    Après tout, si Jorge Mario Bergoglio a choisi son nom de pape François, en référence à saint François d'Assise, c'était parce qu'il voulait la paix mondiale : « François est le nom de la paix, et c'est ainsi que ce nom est venu dans mon cœur. ». Ajoutant au moment de son élection : « Je voudrais une Église pauvre, pour les pauvres. ». Espérons que son successeur soit sur la même longueur d'onde. Et tant pis pour Wall Street !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (22 avril 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le pape François, centre du monde !
    Émotion mondiale pour la mort du pape François.
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    Mgr Jean-Marc Aveline.
    Inquiétudes sur la santé du pape François.
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
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    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
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    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250422-pape-francois.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-pape-francois-centre-du-monde-260611

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/04/22/article-sr-20250422-pape-francois.html



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  • Émotion mondiale pour la mort du pape François

    « Chers frères et sœurs, c'est avec une profonde tristesse que je dois vous annoncer la mort de notre Saint Père François. » (Mgr Kevin Farrell, le 21 avril 2025 au Vatican).



     

     
     


    C'est avec ces quelques mots que le cardinal Kevin Farrell, le camerlingue du Vatican, a annoncé ce lundi 21 avril 2025 dans la matinée, à 9 heures 45, la mort du pape François, à l'âge de 88 ans, à 7 heures 35. Il venait de fêter sa douzième année de pontificat il y a quelques semaines.

    Cette nouvelle m'a ému comme beaucoup de chrétiens (et aussi non chrétiens) dans le monde tant la figure du pape François avait une importance qui s'étendait bien au-delà de l'Église catholique. Ému par la nouvelle, aussi surpris et presque interrogatif car j'avais cru, dans ma naïveté, que le pape avait récupéré de sa longue hospitalisation pour bronchite. Il ne lui a pas survécu car l'effort pour la surmonter était sans doute trop épuisant. Mourir à Pâques, son prédécesseur Jean-Paul II aussi l'avait fait.

    C'est comme si François avait absolument voulu aller au bout de la Semaine Sainte, passer les fêtes de Pâques et qu'il pouvait enfin se reposer. Ce dimanche 20 avril 2025, pour Pâques, le peuple de Rome a pu le voir au balcon du Vatican pour la traditionnelle bénédiction urbi et orbi, et aussi, plus tard, dans un bain de foule dans sa papamobile. On n'imaginait pas à quel point cet effort devait être terrible.

     

     
     


    Malgré son épuisement, depuis la loggia de la Basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François ne pensait pas à lui mais au monde.

    Ainsi, il a pensé à la guerre civile en Libye, où les combats font rage à Tripoli : « Que les armes cessent d’ensanglanter la Libye où, de nouveau, des personnes sans défense meurent ces dernières semaines et où de nombreuses familles sont contraintes à quitter leur propre maison ! J’exhorte les parties concernées à choisir le dialogue plutôt que l’oppression, en évitant que s’ouvrent à nouveau les blessures d’une décennie de conflits et d’instabilité politique. ».

    Aussi au retour des réfugiés en Syrie : « C’est plutôt le moment de renouveler l’engagement pour une solution politique qui réponde aux justes aspirations de liberté, de paix et de justice, qui affronte la crise humanitaire et favorise le retour en sécurité des personnes déplacées et de celles qui se sont réfugiées dans les pays limitrophes, surtout au Liban et en Jordanie. ».

    À la réconciliation au Soudan du Sud : « Puisse s’ouvrir une nouvelle page de l’histoire du pays, dans laquelle toutes les composantes politiques, sociales et religieuses s’engagent activement pour le bien-être commun et la réconciliation de la nation. ».


    Le souverain pontife a eu aussi une pensée aux victimes des attentats contre des églises et des hôtels de luxe au Sri Lanka qui avaient eu lieu quelques heures auparavant : « J’ai appris avec tristesse la nouvelle des graves attentats, qui précisément aujourd’hui, jour de Pâques, ont porté deuil et douleur dans plusieurs églises et autres lieux de réunion au Sri Lanka. Je désire exprimer ma proximité affectueuse à la communauté chrétienne, touchée pendant qu’elle était recueillie et en prière, et à toutes les victimes d’une si cruelle violence. Je confie au Seigneur ceux qui ont tragiquement disparu et je prie pour les blessés et tous ceux qui souffrent à cause de cet événement dramatique. ».
     

     
     


    Les trois derniers papes, très différents les uns des autres, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, ont été exceptionnels dans l'histoire de l'Église catholique, par leur grand engagement dans la société humaine. Le pape François a marqué par sa volonté d'humilité et d'attention aux plus pauvres, aux plus démunis. Il a aussi insisté auprès de toute l'institution catholique pour délaisser les honneurs, les protocoles et ne garder que l'attention aux plus humbles.

    Invitée par une télévision ce matin, la directrice de KTo, la chaîne de l'Église de France, expliquait que s'il fallait garder une image de François, c'était celle du jésuite, pas l'idée d'un manipulateur (fausse image des jésuites), ni forcément l'idée d'un moderniste (vraie image des jésuites), mais surtout celui de conseiller spirituel, celui qui ne lâche pas les puissants et qui leur rappelle toute la misère du monde pour transformer le monde, pour ne pas se satisfaire du monde actuel. Pape révolutionnaire ? Certainement, même s'il était aussi l'homme de sa génération.


    L'émotion se couple à l'inquiétude pour l'avenir. Qui dirigera l'Église catholique dans quelques semaines ? Personne n'a vraiment d'idée précise, mais il devra être le successeur de ces trois grands papes, le premier politique, le deuxième intellectuel et le troisième social. François a été un grand pape et son pontificat marquera durablement la communauté chrétienne par son humanisme.


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    Sylvain Rakotoarison (21 avril 2025)
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    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
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    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
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    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
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    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
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    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.










    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250421-pape-francois.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/emotion-mondiale-pour-la-mort-du-260586

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  • Pâques : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?

    « Personne ne se sauve tout seul, (…) il n'est possible de se sauver qu'ensemble. » (Pape François, le 3 octobre 2020 à Assise, encyclique "Fratelli Tutti").



     

     
     


    Selon la liturgie catholique, c'est l'Évangile selon saint Luc qui est lu à la messe de Pâques de ce dimanche 20 avril 2025. Le Christ est mort le vendredi à 15 heures, et le dimanche, trois femmes sont allées le visiter à son tombeau. Stupeur, le tombeau est vide. Vide. Deux hommes éblouissants leur demandent donc mon titre, plus haut : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité. ».

    Pour notre vie quotidienne, la fête de Pâques, c'est d'abord la fête du chocolat dans les supermarchés, les embouteillages (parisiens) pour le week-end pascal (merci, j'ai été déjà bien servi cette année), c'est d'ailleurs un week-end prolongé avec un jour férié, le lundi de Pâques (depuis la loi du 8 mars 1886), et ce sont évidemment les vacances dites de printemps. Certes, certes.

    Mais à l'origine, c'est d'abord une fête chrétienne. Chrétienne qui a eu lieu à peu près au même moment que la fête juive (on parle de Pâque au singulier pour les Juifs). C'est même la plus importante fête chrétienne, encore plus importante que l'autre fête socialement essentielle, Noël (malgré le caractère laïque de notre société et même sa déchristianisation, ces deux fêtes restent l'ossature du calendrier actuel en ce sens qu'elles entourent l'hiver.

    Noël est la fête de la naissance du Messie. Cela pourrait être facile à croire (une naissance comme une autre), mais la foi propose que Jésus-Christ provienne du ventre de Marie ...encore vierge, la Vierge-Marie ou Notre-Dame, très saluée dans la foi chrétienne. La PMA est-elle possible fortuitement ? Rien d'impossible avec la foi, mais de toute façon, quelle réelle importance dès lors qu'un père l'a élevé, Joseph ?

    L'autre fête, ce n'est justement pas la mort du Christ, qui, chronologiquement, a lieu le Vendredi Saint à 15 heures (la Semaine Sainte court du dimanche des Rameaux au dimanche Pâques, avec le Jeudi Saint le dernier repas avec les douze apôtres, la Cène, et le Vendredi Saint, sa mort, après Sa Passion, sorte de lynchage par le peuple après avoir été lâché par les dirigeants politiques finalement indifférents au sort de celui qu'ils considéraient comme un innocent).

    Il ne s'agit pas d'une commodité intellectuelle ou spirituelle, mais les religions proviennent naturellement d'éléments transcendantaux que l'être humain a du mal à appréhender. J'ai longtemps cru que l'élément fondamental le plus dur à appréhender était la mort. Certains athées, voire agnostiques, pensent que les croyants croient par facilité parce qu'ils ont peur de la mort. Mais la naissance est tout aussi incompréhensible, tout aussi difficile à appréhender : avant, rien, aucun être, après (pas forcément la naissance, après la conception), un être, un bébé d'abord, puis une personne à part entière, un adulte comme les autres. Où était-il "avant" ? Où étais-je avant ma naissance ?!


    Au moins, je n'ai pas peur de la naissance, je la trouve très enthousiasmante (dans ce mot contient le mot Dieu en grec). En revanche, j'avoue bien humblement que j'ai peur de la mort, et cela en tant que simple humain sur Terre, pas en tant que croyant, ni en tant qu'incroyant d'ailleurs, la mort des autres, de mes proches évidemment, car le manque sera immédiat, émouvant, effondrant, mais aussi ma propre mort. Comment appréhender ma propre mort ? Où serai-je après mon trépas ? Ma seule intuition est que tout ce qui a été fait ne sera jamais inutile (concept de néguentropie), et donc, il faudra bien que toutes ces vies, ces dizaines de milliards de vies humaines depuis que l'humain est apparu sur Terre, si riches, si précieuses, si diversifiées, si originales, si uniques, si contributives de ce qu'on pourrait appeler l'humanité, aient servi à quelque chose, ici-bas ou plus haut.

    Être chrétien n'est certainement pas une facilité avec la mort : j'ai connu un prêtre qui avait été impressionné par un autre collègue prêtre, très âgé, sur son lit de mort, qui était terrorisé à l'idée de mourir. Je le serai certainement si j'ai le temps d'en avoir conscience. Tout le monde est homme et se retrouve à la même enseigne.

    Alors, l'histoire de la Passion du Christ est, c'est vrai, très novatrice et très originale. Le jeune homme de 33 ans, prêcheur pendant trois ans, après une traversée du désert (le Carême, quarante jours), l'arrivée triomphale à Jérusalem (accueilli avec des rameaux d'olivier), et détrôné, car il était bien le roi des Juifs (mais son royaume n'était pas de ce monde), comme un vulgaire voyou qu'on a molesté puis crucifié.

    Il faut se rappeler que la nuit du Jeudi Saint, sur le Mont des Oliviers, comme tous ses semblables humains, Jésus a la trouille, une forte trouille, tout son corps traumatisé, terrorisé, et il implore même son père, Dieu, de l'épargner, d'arrêter ce processus terrible qui le conduira quelques heures plus tard sur la Croix. Car Jésus est homme.

    Alors, bien sûr, il y a plusieurs miracles, plusieurs faits que seule la foi permet de croire. Le premier, c'est que Jésus soit à la fois fils de Dieu et fils de l'homme. Il est Dieu et il est homme. Il est aussi le Saint Esprit. Trinité. En d'autres termes, cela signifie beaucoup de choses : chaque personne est en elle-même dépositaire de Dieu, est Dieu lui-même. L'amour conjugal est en quelque sort l'amour de Dieu dans l'autre, l'être aimé est le Dieu de celui qui aime.

    L'autre chose difficile à croire, c'est une sorte de masochisme : Jésus doit mourir crucifié pour racheter les péchés du monde. En gros, un blanchissement du Mal humain. L'un se sacrifie pour tout le monde. Un pour tous, tous pour un.

    Enfin, le mystère chrétien au plus haut degré, c'est bien sûr la Résurrection de Jésus, sorti d'entre-les-morts et seule la foi peut le faire croire. Encore une fois, il ne s'agit pas seulement de l'individu Jésus mais bien de chaque homme qui est destiné à ressusciter. La vie gagnant sur la mort.

    Ces réflexions ne sont pas du tout théologiques, elles sont très maladroites, ce sont quelques remarques sans prétention d'un contemporain qui tente de comprimer ce Mystère énorme, celui de la mort, celui de la Résurrection, dans une vie de tous les jours de plus en plus achrétienne, de plus en plus déchristianisée. D'ailleurs, cette déchristianisation, commencée en France avec la Troisième République (la République et la foi étaient contradictoire jusqu'au pape Léon XIII) rendait inopportune la peine de mort : s'il existe la vie après la mort, la peine de mort dans un cadre de rédemption pouvait se concevoir, pour une vie ultérieure meilleure, mais si on n'a qu'une seule vie, qu'une seule chance, la supprimer ne l'améliore pas, surtout, ne la corrige pas.

    Chaque Homme est Dieu, et Dieu, finalement, c'est peut-être l'ensemble des liens, des relations entre les humains, amour, amitié, affection.

     

     
     


    C'est pourquoi j'avais envie de citer le pape François à l'occasion de cette fête de Pâques. Sa troisième encyclique, intitulée "Fratelli Tutti", autrement dit, Tous Frères en italien, a été signée le 3 octobre 2020, sur le tombeau de saint François d'Assise, personnalité qui l'a éblouie au point de prendre son nom en tant que pape (étrangement, aucun pape François n'a existé avant lui). La veille de la fête du saint.

    Cette encyclique a recentré le message du pape autour des personnes précaires, des pauvres, au point qu'elle a été saluée par l'extrême gauche. Dans son paragraphe 32, le pape explique ainsi : « Certes, une tragédie mondiale comme la pandémie de covid-19 a réveillé un moment la conscience que nous constituons une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde. Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble. C’est pourquoi j’ai affirmé que "la tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. (…) À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos ego toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette [heureuse] appartenance commune (…), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères". ».


    Le mot principal dans ce paragraphe, c'est "ensemble" : on ne peut se sauver qu'ensemble. Il n'y a pas de salut si on laisse de côté des... laissés-pour-compte. On l'a vu effectivement pour la pandémie du covid-19 (la signature de l'encyclique a été le premier déplacement du pape François depuis le début de cette pandémie). Mais on le verra sans doute, hélas, plus tard, avec les bouleversements climatiques de la planète : on ne sauvera la planète qu'ensemble ("sauver la planète" est très réducteur, évidemment, la planète n'a pas besoin d'être sauvée et se moque de sauver l'homme ; sauver la planète, ici, doit se comprendre comme sauver les conditions qui permettent aux hommes de vivre encore sur la planète... en sachant qu'il y aura un point final facilement prévisible pour les astronomes).

    Je viens d'écrire que cette encyclique a été saluée par l'extrême gauche en France mais l'a-t-elle vraiment bien lue ? Je propose pour terminer deux autres paragraphes de cette même encyclique qui souhaitent évoquer des « compréhensions inadéquates d'un amour universel » :


    « 99. L’amour qui s’étend au-delà des frontières a pour fondement ce que nous appelons ‘‘l’amitié sociale’’ dans chaque ville ou dans chaque pays. Lorsqu’elle est authentique, cette amitié sociale au sein d’une communauté est la condition de la possibilité d’une ouverture universelle vraie. Il ne s’agit pas du faux universalisme de celui qui a constamment besoin de voyager parce qu’il ne supporte ni n’aime son propre peuple. Celui qui a du mépris pour son propre peuple établit dans la société des catégories, de première ou de deuxième classe, de personnes ayant plus ou moins de dignité et de droits. De cette façon, il nie qu’il y a de la place pour tout le monde. ».

    « 100. Je ne propose pas non plus un universalisme autoritaire et abstrait, conçu ou planifié par certains et présenté comme une aspiration prétendue pour homogénéiser, dominer et piller. Il existe un modèle de globalisation qui "soigneusement vise une uniformité unidimensionnelle et tente d’éliminer toutes les différences et toutes les traditions dans une recherche superficielle d’unité. (…) Si une globalisation prétend [tout] aplanir (…), comme s’il s’agissait d’une sphère, cette globalisation détruit la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple". Ce faux rêve universaliste finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. En effet, "l’avenir n’est pas monochromatique, mais (…) est possible si nous avons le courage de le regarder dans la variété et dans la diversité de ce que chacun peut apporter. Comme notre famille humaine a besoin d’apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils !" ».

    Ensemble, mais sans être pareils.
    En somme, la belle devise de l'Union Européenne : "Unie dans la diversité" !

    Joyeuses Pâques 2025 !


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    Sylvain Rakotoarison (18 avril 2025)
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    Les 98 ans de Sœur Marguerite.
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    Assomption : pourquoi le 15 août est-il férié ?
    Le pape François à Marseille (1) : ne pas légiférer sur l'euthanasie.
    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250419-paques.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/paques-pourquoi-cherchez-vous-le-259593

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/04/18/article-sr-20250419-paques.html


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  • Inquiétudes sur la santé du pape François

    « Les conditions cliniques du Saint-Père sont restées stables. » (Communiqué du Vatican du 1er mars 2025).


     

     
     


    Depuis le 14 février 2025, tous les catholiques du monde entier retiennent leur souffle. Le pape François, qui a eu 88 ans à la fin de l'année dernière, ne se remet toujours pas de ce qu'on avait appelé une mauvaise bronchite. Il est hospitalisé depuis plus de seize jours pour une double pneumonie aux deux poumons. On avait parlé d'une situation « complexe » parce que les deux infections n'avaient pas la même origine microbienne, si bien que le Saint-Père devait recevoir deux traitements différents. On craint une insuffisance respiratoire, sans compter une insuffisance rénale légère.

    L'inquiétude a même grandi. Il y a quelques jours, les cardinaux ont reçu un message du Vatican leur demandant d'être prêts, éventuellement, à se rendre à Rome si nécessaire. L'éventualité n'est heureusement pas seulement celle d'un terrible décès, mais aussi, car il ne l'a jamais exclu depuis qu'il est pape, celle d'une renonciation, d'autant plus facile à assumer aujourd'hui que son prédécesseur avait ouvert la voie, ce qui pouvait s'apparenter à l'époque à une révolution institutionnelle au Vatican (le pape étant élu à vie).

    On pouvait imaginer, et je l'espère encore, que malgré son âge et la gravité de son état, le pape François allait, va surmonter ce passage délicat de son existence et reprendre des forces, comme cela a été le cas avec ses précédents pépins de santé. Il a une détermination très forte et il a encore beaucoup de choses à accomplir.

    Mais le vendredi 28 février 2025, la situation s'est aggravée avec une crise respiratoire : « Il a alterné la ventilation mécanique non invasive avec des longues périodes d'oxygénothérapie à haut débit. ». La ventilation mécanique non invasive, c'est l'utilisation d'un masque à oxygène.

    Si le Vatican a précisé le 1er mars 2025, dans la matinée, que « le pape a passé une nuit tranquille et se repose », il précise quand même, et c'est l'objet de notre inquiétude, que son "pronostic vital" reste « réservé ». D'habitude, on parle, lorsqu'il y a des blessés graves, que leur pronostic vital est "engagé". Il faut croire que "réservé", dans ce cas précis, cela signifie qu'on n'en sait rien, mais qu'il faut tout imaginer.

    Beaucoup de chrétiens prient donc pour lui pour qu'il se remette de sa maladie. Il faut se rappeler que lorsqu'il venait d'apprendre qu'il était élu pape, le 13 mars 2023, il y a presque douze ans, il avait déjà demandé aux fidèles massés sur la Place Saint-Pierre de Rome de prier pour lui. Il a la simplicité de demander qu'on prie pour lui.

    La santé du pape, c'était le sujet de la courte interview d'Isabelle de Gaulmyn, productrice déléguée des "Matins" de France Culture depuis le 1er août 2024, dans l'émission "C dans l'air" du 1er mars 2025 sur France 5. Elle est une grande connaisseuse du Vatican et des papes, ancienne rédactrice en chef de "La Croix", ancienne envoyée spéciale à Rome, présidente des Semaines Sociales en France depuis 2022. Elle a publié une biographie de Benoît XVI et du pape François, ainsi qu'une enquête sur les faits de pédocriminalité dans l'Église catholique à Lyon ("Histoire d'un silence", aux éditions du Seuil en 2016), où elle a raconté qu'elle avait prévenu le cardinal Philippe Barbarin de ces faits dès 2005.

     

     
     


    Interrogée par la journaliste Maya Lauqué, Isabelle de Gaulmyn a décrit le pape François comme le pape de la simplicité. Beaucoup d'évêques proches des conservateurs se sont sentis un peu bousculés par ce pape jésuite qui veut renverser la pyramide de l'Église catholique : ce n'est pas au pape d'être au sommet, mais les fidèles, c'est la base qui doit être en haut !

    C'est ainsi que pour les grandes questions sur la foi et la société, il fait appel aux fidèles, multipliant les synodes pour rendre l'Église catholique plus vivante, plus représentative, plus proche des réalités sociales qui se vivent au quotidien, maintenant, dans notre temps, sans pour autant s'écarter des dogmes.

    Cette simplicité reprend le message classique de l'Évangile qui est de se consacrer aux autres et notamment aux plus pauvres d'entre nous. Ainsi, le pape François s'est toujours refusé à avoir un mode de vie qui sorte de l'ordinaire. Il a gardé son petit appartement, et, anecdote amusante, Isabelle de Gaulmyn a vu plusieurs fois le pape venir manger au restaurant du Vatican, un self service, portant son plateau à la main, comme "n'importe qui".

    Il a d'ailleurs souvent dit aux milliers d'évêques qui lui servent d'une sorte d'encadrement qu'ils ne devaient pas se reposer, qu'ils ne devaient pas jouir d'avantages particuliers, qu'ils devaient surtout aller auprès des fidèles de leur diocèse et être à leur service.

    Dans sa conception, le pape François a toujours refusé que l'Église catholique soit un "bureau des douanes", qui contrôlerait tout, qui serait pointilleux sur les dogmes, contraignant sur le mode de vie des fidèles. Il veut au contraire qu'elle soit un "hôpital de campagne", qu'elle aille auprès des gens, à leur service, pour les aider et les comprendre.

    Il faut craindre que le prochain pape ne soit pas obligatoirement plus ouvert que François. Ce dernier n'est cependant pas seul, puisqu'il a été élu, même si c'était dans des circonstances exceptionnelles puisque du vivant de son prédécesseur. Aujourd'hui, heureusement, la succession n'est pas ouverte, le pape se rétablira et l'engagement du soleil et du printemps l'y aideront ! En tout cas, j'y crois aussi fort que je l'espère.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (01er mars 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Inquiétudes sur la santé du pape François.
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
    Autonomie de la Corse : y a-t-il un risque de séparatisme ?
    Notre-Dame de Paris, capitale du monde !
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    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    Assomption : pourquoi le 15 août est-il férié ?
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    Mgr Jacques Gaillot.
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    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.

     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250301-pape-francois.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/inquietudes-sur-la-sante-du-pape-259627

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/02/article-sr-20250301-pape-francois.html


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  • Le pape François en Corse : la vie en rose !

    « En tout temps et dans toute tribulation, le Christ est présent, le Christ est la source de notre joie. Il est avec nous dans la tribulation pour nous faire avancer et nous donner la joie. Gardons toujours cette joie dans nos cœurs, cette assurance que le Christ est avec nous, qu’il marche avec nous. Ne l’oublions pas ! Ainsi, avec cette joie, avec cette sécurité que Jésus est avec nous, nous serons heureux et nous rendrons les autres heureux. Tel doit être notre témoignage. » (le pape François, le 15 décembre 2024 à Ajaccio).



     

     
     


    Le pape François a fait une visite éclair en Corse ce dimanche 15 décembre 2024, à Ajaccio où il a reçu de nombreux évêques de France. Petite compensation pour la France qui l'avait invité à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris la semaine dernière. Le pape avait alors décliné l'invitation, ne se voyant pas aux côtés des autres chefs d'État et de gouvernement, dans un luxe qui aurait affligé sa modestie (et par ailleurs, il n'était pas libre, il n'avait pas piscine, mais un consistoire le 7 décembre 2024, à savoir, la création de 21 nouveaux cardinaux dont 20 électeurs, aucun Français).

    Ce n'est plus beaucoup évident pour le pape de se déplacer. Il a effectué un voyage très épuisant en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Timor oriental en septembre, avant un voyage plus court en Belgique et Luxembourg. Il est désormais la plupart du temps en fauteuil roulant (il se réserve la position debout dans certaines occasions) et surtout, il est âgé, très âgé, il va d'ailleurs fêter son 88e anniversaire ce mardi 17 décembre 2024. Il est le pape en exercice le plus âgé que le monde a connu depuis plus de cent vingt ans, depuis Léon XIII, qui est mort à 93 ans le 20 juillet 1903. Benoît XVI, qui est mort à 95 ans le 31 décembre 2022, il y a deux ans, avait renoncé à ses fonctions pontificales peu avant ses 86 ans, le 28 février 2013.

    Le pape François, en un peu moins de douze ans de pontificat, est venu très peu souvent en France, et jamais à Paris. Ajaccio est sa troisième destination française, et encore, à condition que la première soit française alors qu'elle était plutôt européenne, au Parlement Européen de Strasbourg le 25 novembre 2014. La deuxième destination fut les 22 et 23 septembre 2023 à Marseille, l'an dernier. Il aime bien la Méditerranée et sans doute y a-t-il vu une allusion avec le drame des migrants. Mais la Corse est aussi assez proche de l'Italie, pas très loin de Rome. C'est donc évidemment une marque d'estime historique que le pape a eue envers les Corses.

    Dans son court déplacement à Ajaccio, le pape François a eu l'occasion de s'exprimer en public à trois reprises. La première fois dans la matinée à 10 heures 15 au Palais des Congrès et d'Exposition d'Ajaccio, pour la clôture du congrès "La religiosité populaire en Méditerranée". Un contexte intellectuel pour le Saint-Père de confirmer son grand intérêt pour la Méditerranée : « Les terres baignées par la mer Méditerranée sont entrées dans l’histoire et ont été le berceau de nombreuses civilisations ayant connu un développement exceptionnel. Rappelons notamment les civilisations gréco-romaine et judéo-chrétienne qui témoignent de l’importance culturelle, religieuse et historique de ce grand “lac” situé entre trois continents, cette mer unique au monde qu’est la Méditerranée. N’oublions pas que dans la littérature classique, tant grecque que latine, la Méditerranée a été souvent le cadre idéal de la naissance de mythes, de contes et de légendes. De même, la pensée philosophique et les arts, avec les techniques de navigation, ont permis aux civilisations de la Mare nostrum de développer une haute culture, d’ouvrir des voies de communication, de construire des infrastructures et des aqueducs, et plus encore des systèmes juridiques et des institutions d’une grande complexité dont les principes de base sont encore valables et pertinents aujourd’hui. ».

     

     
     


    Si, dans son discours, le pape François n'avait aucune intention politique en venant à Ajaccio (au contraire de Marseille), il n'a pas reparlé du drame des migrants à ma connaissance (je peux me tromper), il a quand même évoqué un sujet qui lui tenait très cœur, le risque de dérive identitaire de la foi : « Nous devons veiller à ce que la piété populaire ne soit pas utilisée, instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique, en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d’exclusion. Tout cela ne répond pas à l’esprit chrétien de la piété populaire et appelle chacun, en particulier les pasteurs, à la vigilance, au discernement et à la promotion d’une attention constante aux formes populaires de la vie religieuse. ». L'allusion était relativement transparente d'une certaine extrême droite qui utilise la foi chrétienne pour se replier dans un trip identitaire alors que la foi est avant tout une ouverture au monde et aux autres.

    Il a aussi évoqué la laïcité : « Sur le terrain commun de cette audace de faire le bien, de demander la bénédiction, les croyants peuvent se retrouver sur un chemin commun avec les institutions laïques, civiles et politiques, pour travailler ensemble à la croissance humaine intégrale et à la sauvegarde de cette “île de beauté”. D’où la nécessité de développer un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace. ».

    C'était l'occasion de citer le pape Benoît XVI sur une "saine laïcité" qui signifie, selon son prédécesseur : « libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux. (…) Une telle saine laïcité garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme, voire même contraire, à la croyance. C’est pourquoi la saine laïcité (unité-distinction) est nécessaire, et même indispensable aux deux. ». Et d'ajouter : « De cette manière, plus d’énergie et plus de synergies peuvent être libérées, sans préjugés et sans opposition de principe, dans le cadre d’un dialogue ouvert, franc et fructueux. ».





    Inutile de dire que ce concept de "saine laïcité" sera certainement fustigé par les uns et les autres, et pourtant, rappelons-nous que la "laïcité" signifie avant tout neutralité de l'État dans une société vivante qui rassemble des croyants de toutes religions, des athées, des agnostiques, etc. et l'idée du pape que chacun, là où il est, peut enrichir la société est une grand pas (ce n'est pas nouveau, cela fait très longtemps que les papes soutiennent la laïcité à la française, même si ce n'était pas le cas au moment du vote de la loi du 9 décembre 1905).

    Le deuxième rendez-vous corse du pape était avec les évêques et les prêtres français (ainsi que les diacres, les séminaristes, etc.) rassemblés dans la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption à Ajaccio à 11 heures 20. En plus de son 88e anniversaire, le pape a rappelé, à cette occasion, qu'il a fêté son 55e anniversaire de sacerdoce deux jours auparavant, le 13 décembre : « Et je vous fais une confidence : j'ai déjà cinquante-cinq ans de sacerdoce, oui, avant-hier j'ai fait cinquante-cinq ans, et je n'ai jamais refusé l'absolution. Et j’aime confesser, tellement. J’ai toujours cherché le moyen de pardonner. ».






    Car son message portait surtout sur le pardon, au moment de la confession : « S’il vous plaît, ne torturez pas les gens dans le confessionnal : où, comment, quand, avec qui... Toujours pardonner, toujours pardonner ! Il y a un bon frère capucin à Buenos Aires que j’ai fait cardinal à 96 ans. Il a toujours une longue file de gens, parce qu’il est un bon confesseur, j’allais aussi chez lui. Ce confesseur m’a dit un jour : "Écoute, j'ai parfois le scrupule de trop pardonner" "Et que fais-tu ?" "Je vais prier et je dis : Seigneur, excuse-moi, j’ai trop pardonné. Mais tout de suite, il me vient à l’esprit de lui dire : Mais c’est Toi qui m’as donné le mauvais exemple !". Pardonner toujours. Pardonner tout. Et je le dis aussi aux religieuses et religieux : pardonner, oublier, quand on nous fait quelque chose de mal, les luttes ambitieuses de la communauté... Pardonner. Le Seigneur nous a donné l’exemple : pardonner tout et toujours ! Tous, tous, tous. ». En gros, son message était : pardonnez-leur tous, Dieu reconnaîtra les siens !!
     

     
     


    Enfin, le grand moment populaire était à 15 heures 30 pour une grand-messe Place d'Austerlitz, à Ajaccio, au pied de la statue de Napoléon Ier, devant environ 9 000 pèlerins privilégiés (qui ont pu avoir une place). Beaucoup de ferveur, beaucoup de joie dans cette célébration aux prélats vêtus de chasubles blanches et roses.

    Le moment le plus important était évidemment son homélie, courte, avec deux tonnerres d'applaudissements de la foule.

     

     
     


    La première ovation a été pour approuver le pape lorsqu'il leur a demandé de s'occuper des personnes âgées, et pas seulement à Noël : « Puissent nos communautés grandir dans leur capacité d’accompagner tout le monde, en particulier les jeunes (…) ; et, d’une manière particulière, les personnes âgées, les anciens. Les personnes âgées sont la sagesse d’un peuple. Ne l’oublions pas ! Et chacun d’entre nous peut se demander : comment je me comporte face aux personnes âgées ? Est-ce que je vais les chercher ? Est-ce que je perds du temps avec elles ? Est-ce que je les écoute ? Oh non, ils sont ennuyeux, avec leurs histoires ! Est-ce que je les abandonne ? Combien d’enfants abandonnent leurs parents dans les maisons de retraite. Je me souviens qu’une fois, dans un autre diocèse, je me suis rendu dans une maison de retraite pour visiter les gens. Il y avait là une dame qui avait trois ou quatre enfants. Je lui ai demandé : "Comment vont vos enfants ?" – "Ils vont très bien ! J’ai beaucoup de petits-enfants" – "Et ils viennent vous rendre visite ?" – "Oui, ils viennent toujours". Quand je suis sorti, l’infirmière a dit : "Ils viennent une fois par an". Mais la mère couvrait les défauts de ses enfants. Beaucoup laissent les personnes âgées seules. Ils leur souhaitent Noël ou Pâques au téléphone ! Prenez soin des personnes âgées, qui sont la sagesse d’un peuple ! ». Est-ce le sens de la famille en Corse qui a fait tant applaudir ?

    En tout cas, c'est certainement le sens de la famille qui a rendu fiers ces Corses remerciés, félicités d'avoir fait participer tant d'enfants à la messe. Certains ont même chanter ou lu un texte : « En Corse, Dieu merci, ils sont nombreux ! Et félicitations ! Je n’ai jamais vu autant d’enfants qu’ici ! C’est une grâce de Dieu ! Et je n’ai vu que deux petits chiens. Chers frères, ayez des enfants, ayez des enfants, qui seront votre joie, votre consolation dans l’avenir. C’est la vérité : je n’ai jamais vu autant d’enfants. Il n’y a qu’au Timor oriental qu’il y en avait autant, mais dans les autres villes, il n’y en avait pas autant. C’est votre joie et votre gloire. ». On pourrait croire à une sortie un peu populiste, mais le pape n'est pas de ce genre-là, il a simplement été étonné de cette jeunesse et de ces enfants si fervents et si vivants.
     

     
     


    S'il n'a fait aucun commentaire politique, le pape a néanmoins évoqué la souffrance d'enfants ukrainiens : « Nous savons malheureusement bien que de grands motifs de souffrance ne manquent pas parmi les nations : la misère, les guerres, la corruption, la violence. Je vais vous dire une chose : il arrive que des enfants ukrainiens, qui ont été amenés ici à cause de la guerre, viennent aux audiences. Vous savez quoi ? Ces enfants ne sourient pas ! Ils ont oublié le sourire. S’il vous plaît, pensons à ces enfants dans le pays en guerres, à la douleur de tant d’enfants. ».

    La citation que j'ai placée en tête de l'article sur la joie était la conclusion de l'homélie du François. Il ne faut pas croire que prêcher la joie est une béatitude un peu candide. C'est plutôt prêcher une puissante force. Le pape a ainsi affirmé très lucidement : « Il n’est pas facile d’avoir de la joie. La joie chrétienne n’est en aucun cas une joie insouciante, superficielle, une joie de carnaval. Non. Elle n’est pas ainsi. Il s’agit au contraire d’une joie du cœur reposant sur un fondement très solide que le prophète Sophonie, en s’adressant au peuple, exprime ainsi : réjouis-toi, car "le Seigneur ton Dieu est un puissant Sauveur au milieu de toi" (So 3, 17). Cette confiance dans le Seigneur qui est au milieu de nous. Bien souvent, nous ne nous en souvenons pas : il est au milieu de nous lorsque nous faisons une œuvre bonne, lorsque nous éduquons nos enfants, lorsque nous prenons soin des personnes âgées. Au contraire il n’est pas au milieu de nous quand nous faisons des bavardages, en parlant toujours mal des autres. Là, il n’y a pas de Seigneur, il n’y a que nous. La venue du Seigneur nous apporte le salut : elle est donc un motif de réjouissance. Dieu est "puissant", dit l’Écriture : Il peut racheter nos vies car Il est capable de réaliser ce qu’Il dit ! Notre joie n’est donc pas une consolation illusoire pour nous faire oublier les tristesses de la vie. Non, elle n’est pas une consolation illusoire. Notre joie est le fruit de l’Esprit Saint par la foi en Christ Sauveur qui frappe à notre cœur, le libérant de la tristesse et de l’ennui. ».





    La célébration eucharistique a duré plus de deux heures. Le soleil a laissé place à la nuit, sur une foule enchantée par un pape qui a montré, tout au long de son voyage apostolique, une grande simplicité et un contact facile.
     

     
     


    Le pape François a terminé sa journée corse en rencontrant le Président de la République Emmanuel Macron qui l'attendait à l'aéroport d'Ajaccio. Ce dernier a accompagné le souverain pontife jusqu'à son avion.

     

     
     


    Ceux qui ont pensé que le pape était en froid avec le Président français en seront pour leurs frais. Seuls les caricaturistes ont pu s'amuser à bon escient, car dans tous les cas, l'humour a toujours été libre pour les chrétiens, et aucun pape n'a jamais condamné à mort un seul dessinateur pour manque de respect ou impertinence. Le sens de l'humour, lui aussi, est ...d'origine divine !


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    Sylvain Rakotoarison (15 décembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
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    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
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