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référendum

  • Les victoires européennes de la Moldavie

    « Aujourd'hui, chers Moldaves, vous avez donné une leçon de démocratie digne de figurer dans les livres d'histoire ! » (Maia Sandu, le 3 novembre 2024 à Chisinau).




     

     
     


    On ne peut pas perdre à tous les coups ! La réélection de Donald Trump n'est pas une bonne nouvelle pour la sécurité de l'Europe. Mais le vieux continent européen avait enregistré deux jours auparavant une belle victoire électorale avec la réélection de Maia Sandu (52 ans) à la Présidence de la République de Moldavie. Maia Sandu a en effet obtenu 42,5% des voix au premier tour du 20 octobre 2024 et 55,4% des voix au second tour du 3 novembre 2024. C'était même une double victoire européenne.

    La Moldavie est un petit pays agricole de 2,7 millions d'habitants situé à l'est de l'Europe, coincée entre la Roumanie et l'Ukraine. La population est principalement roumaine (à très forte majorité, 82,1%) mais il y a aussi de fortes minorités ukrainienne (6,6%) et russe (4,1%), et également gagaouze, c'est-à-dire turque orthodoxe, (4,6%) et bulgare (1,9%).

    La Moldavie a acquis son indépendance le 27 août 1991. Comme l'Ukraine, la Moldavie a fait partie de
    l'URSS et à ce titre, la Russie a un œil vigilant voire influent sur son évolution politique, d'autant plus qu'une région pro-russe a fait sécession. Cette région séparatiste s'appelle la Transnistrie, au-delà du fleuve Dniestr, qui a proclamé son indépendance unilatéralement le 2 septembre 1990 (avant l'indépendance de la Moldavie). Ce petit bout de terre, coincé entre la Moldavie et l'Ukraine, représente 4 000 kilomètres carrés et environ 500 000 habitants. La Transnistrie n'est reconnue que par d'autres États sécessionnistes, l'Abkhasie et l'Ossétie du Sud (régions pro-russes de Géorgie). Jusqu'au 22 février 2023, elle n'était même pas reconnue par la Russie, mais depuis lors, Vladimir Poutine a reconnu à la fois la Transnistrie et les deux États géorgiens cités.

    La Moldavie vit donc avec des élans paradoxaux, certains voudraient l'unification avec la Roumanie, d'autres avec l'Ukraine, d'autres encore avec la Russie, mais pas plus que la Wallonie voudrait le rattachement à la France. Depuis plus de trente ans, comme les autres pays d'Europe centrale et orientale sous le joug soviétique, elle aspire à se moderniser en paix et en indépendance, à prospérer, à bénéficier des apports de l'Europe en général. La question de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne n'est pas nouvelle mais souvent remise à plus tard. Elle a obtenu le statut d'association avec l'Union Européen le 1er juillet 2016.

    La déclaration de guerre de Vladimir Poutine à l'Ukraine le 24 février 2022 a remis en cause l'ordre européen, car en cas de réussite de la tentative d'invasion de l'Ukraine (les régions séparatistes pro-russes du Donbass ont été unilatéralement annexées par la Russie comme la Crimée en mars 2014), les prochaines étapes nationales de Vladimir Poutine seront à l'évidence la Moldavie, la Géorgie et les Pays baltes. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie faisant partie de l'Union Européenne et de
    l'OTAN craignent par conséquent moins pour leur intégrité territoriale que la Moldavie et la Géorgie qui, désormais, cherchent à adhérer le plus rapidement possible à l'Union Européenne et surtout à l'OTAN afin de bénéficier de la garantie de défense réciproque (le fameux article 5 du Traité atlantique nord).

    La présence russe en Moldavie est cruciale pour la Russie puisqu'elle permet de prendre en tenaille l'Ukraine par son flanc ouest, notamment du côté d'Odessa. C'est pour cela que l'élection présidentielle moldave dont le premier tour a eu lieu le 20 octobre 2024 et le second tour le 3 novembre 2024 a subi des influences très fortes de la Russie.


    La Présidente de la République sortante était Maia Sandu, économiste et ancienne haut fonctionnaire, qui a été Ministre de l'Éducation du 24 juillet 2012 au 30 juillet 2015 (elle a réduit de 50% la corruption pour acheter des diplômes en mettant des caméras dans les salles d'examen) et Première Ministre du 8 juin 2019 au 14 novembre 2019. Elle s'est présentée à l'élection présidentielle une première fois il y a huit ans après avoir fondé et présidé le Parti action et solidarité (PAS) le 15 mai 2016, un parti de centre droit, pro-européen, indépendantiste (c'est-à-dire contre l'union avec la Roumanie et pour sortir de la tutelle de la Russie).
     

     
     


    Arrivée à la deuxième place au premier tour du 30 octobre 2016 avec 38,7% des voix, elle a été battue avec 47,9% par le candidat socialiste pro-russe Igor Dodon au second tour le 13 novembre 2016. Maia Sandu a fait néanmoins alliance avec les socialistes contre les démocrates au sein d'un Parlement ingouvernable depuis les élections législatives du 24 février 2019 qui avait abouti à une assemblée tripartite : 35 sièges sur 101 au total pour les socialistes (31,2% des voix), 30 sièges pour les démocrates (23,6% des voix) et 26 sièges pour le Bloc électoral ACUM pro-européen et anti-oligarchie (dont faisait partie le PAS) mené par Maia Sandu (26,8% des voix). À ceux-ci s'ajoutaient 7 députés issus du parti conservateur pro-russe Égalité d'Ilan Sor, oligarque israélo-moldave, maire d'Orhei (une ville moldave de 21 000 habitants) entre 2015 et 2019, qui avait obtenu 8,3% des voix. Maia Sandu a été désignée Première Ministre avec l'appui des députés socialistes et des députés ACUM qui se sont accordé le 8 juin 2019, mais son gouvernement a été renversé le 12 novembre 2019 par le vote d'une motion de censure en raison d'un désaccord sur le mode de scrutin des prochaines élections législatives.

    La formation du gouvernement de Maia Sandu a été l'occasion d'une crise constitutionnelle provoquée par la Cour constitutionnelle (qui a même retiré provisoirement les pouvoirs du Président de la République) qui a finalement reculé et est revenue en arrière, justifiant sa position par de fortes pressions (le dénouement de la crise s'est soldée par la fuite à l'étranger de Vladimir Plahotniuc, le leader du parti démocrate, et du milliardaire Ilan Sor dont les biens personnels ont été saisis en raison de fraude d'un montant de 1 milliard de dollars).

    La situation politique s'est clarifiée démocratiquement un an et demi plus tard. Au premier tour de l'élection présidentielle du 1er novembre 2020, Maia Sandu, de nouveau candidate, a surpris les observateurs en obtenant la première place avec 36,2% des voix, devançant le Président sortant Igor Dodon qui sollicitait un second mandat (32,6%). Au second tour du 15 novembre 2020, Maia Sandu l'a emporté très largement avec 57,7% des voix contre Igor Dodon, en confortant nettement la participation électorale de 45,7% des inscrits au premier tour à 55,8% au second tour. Maia Sandu a commencé son premier mandat présidentiel le 24 décembre 2020. Son élection, basée sur sa réputation d'incorruptible, a marqué historiquement la perte d'influence de la Russie en Moldavie.

    Pour éviter la poursuite d'un Parlement ingouvernable, elle a nommé une ancienne collaboratrice Natalia Gavrilita le 27 janvier 2021 à la tête du gouvernement en demandant aux députés de sa coalition de ne pas voter pour elle afin de pouvoir dissoudre le Parlement (il faut un constat d'impossibilité de gouverner), tandis que les socialistes et les députés du parti Sor, qui ne souhaitaient pas d'élections anticipées, étaient prêts à soutenir ce gouvernement. La nomination de Natalia Gavrilita a été invalidée le 23 février 2021 par la Cour constitutionnelle, et après quelques autres péripéties politiciennes, Maia Sandu a prononcé la dissolution du Parlement le 28 avril 2021, en organisant de nouvelles élections législatives le 11 juillet 2021 qui lui ont apporté une large majorité absolue : son parti PAS a obtenu en effet 63 sièges sur 101 avec 52,8% des voix, ce qui lui a permis de ne plus avoir besoin de nouer de coalition pour gouverner pendant quatre ans. Les démocrates ont été laminés (aucun siège), et les socialistes et communistes ont obtenu 32 sièges. Natalia Gavrilita a alors été nommée officiellement Première Ministre le 6 août 2021 (jusqu'au 16 février 2023).

     

     
     


    Deux axes pour la politique de Maia Sandu, au-delà de la crise du covid-19 : la lutte anti-corruption et le rapprochement avec l'Union Européenne, renforcée par la tentative d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. La Moldavie a subi une crise énergétique majeure en raison de la baisse de 30% de la fourniture de Gazprom. Parmi ses premiers déplacements, a eu lieu la visite le 12 janvier 2021 à Kiev pour rencontrer son homologue Volodymyr Zelensky (alors encore en costume cravate très chic).

    Après le début de la guerre en Ukraine, Maia Sandu a annoncé ouvrir les frontières de la Moldavie pour permettre aux réfugiés ukrainiens de passer vers l'Ouest, et le 3 mars 2022, elle a signé officiellement la demande d'adhésion de son pays à l'Union Européenne. Le Conseil Européen du 23 juin 2022 a entériné le statut de candidate de la Moldavie à l'unanimité des Vingt-sept chefs d'État et de gouvernement. Les négociations d'adhésion ont été amorcées le 25 juin 2024 à Bruxelles.

    La consécration internationale de Maia Sandu et de la Moldavie a eu lieu le 1er juin 2023 où Chisinau a accueilli le 2e Sommet de la Communauté politique européenne réunissant 47 chefs d'État et de gouvernement européens (la Communauté politique européenne a été lancée le 6 octobre 2022 à Prague à l'initiative du Président français
    Emmanuel Macron ; son 5e Sommet a eu lieu ce jeudi 7 novembre 2024 à Budapest).
     

     
     


    Maia Sandu était la favorite de l'élection présidentielle de 2024 dans les sondages. Elle a gagné encore largement (55,4% des voix avec 54,3% de participation) face au candidat socialiste pro-russe Alexandr Stoianoglo (25,9% au premier tour et 44,6% au second tour), ancien procureur général de Moldavie démis de ses fonctions en septembre 2023 à cause des accusations de corruption portées contre lui.

    Cette belle réélection de Maia Sandu est le symbole de l'ancrage européen de la Moldavie, ratifié doublement par le peuple moldave, et cela malgré les nombreuses pressions, « tentatives de déstabilisation », propagandes et fraudes opérées par le camp pro-russe, notamment par Ilan Sor qui aurait acheté de nombreuses voix en faveur du candidat pro-russe (environ 150 000 voix auraient ainsi été achetées au profit du candidat pro-russe, qui a obtenu en tout 401 215 voix au premier tour et 750 370 voix au second tour).

    J'ai indiqué dès le début de l'article qu'il s'agissait d'une double victoire car Maia Sandu a réussi à mettre à l'ordre du jour des électeurs, en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle, le 20 octobre 2024, un référendum inscrivant dans la Constitution moldave l'objectif de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne. Cette inscription a été acceptée par 50,4% des voix pour une participation de 50,7%. La victoire est donc très serrée, avec seulement près de 10 600 voix d'avance du oui sur le non, dans le même contexte de propagande et d'achats de voix (Ilan Sor, réfugié à Moscou, était un ferme partisan du non, mais le Kremlin a démenti toute tentative d'ingérence de la Russie). Alors qu'en raison du scrutin serré, les pro-russes ont parlé d'un échec, la Cour constitutionnelle a au contraire validé l'approbation populaire de la réforme le 31 octobre 2024 (dans un référendum où la réponse est oui ou non, même à une voix près, la victoire est à ceux qui ont eu le plus de voix).

     

     
     


    Pour "Courrier international", le 21 octobre 2024 : « Concrètement, les Moldaves devaient décider s'ils souhaitaient ou non inscrire l'objectif européen dans la Constitution du pays, protégeant ainsi le processus d'adhésion, entamé en 2022, des aléas du pouvoir politique. ». Objectif donc atteint !
     

     
     


    La réélection de Maia Sandu a été accueillie avec satisfaction et joie par les pays de l'Union Européenne. Emmanuel Macron a salué la « démocratie [qui a] triomphé de toutes les interférences et de toutes les manœuvres » tandis que la Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie de pouvoir « continuer à travailler » avec la Présidente moldave pour un « avenir européen ».

    Le politologue moldave Andrei Curararu, cofondateur du think tank WatchDog basé en Moldavie, a déclaré pour TV5 Monde : « Malgré tout, la Moldavie a démontré à deux reprises que sa volonté d'intégrer l'Union Européenne était plus forte que la pression de Moscou. ». Il n'en demeure pas moins que le pays reste très divisé entre les tenants de l'ouverture à l'Ouest et la proximité du grand frère de l'Est, notamment en Transnistrie dont Maia Sandu voudrait régler le problème avec Moscou. Le prochain rendez-vous électoral sera également crucial puisqu'il s'agira des élections législatives qui auront lieu au plus tard en juillet 2025.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Maia Sandu.
    Les victoires européennes de la Moldavie.
    Ukraine.
    Russie.
    Roumanie.
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241103-moldavie.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/les-victoires-europeennes-de-la-257510

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/04/article-sr-20241103-moldavie.html



     

  • Maia Sandu réélue Présidente de la République de Moldavie avec 55,4% des voix

    « Aujourd'hui, chers Moldaves, vous avez donné une leçon de démocratie digne de figurer dans les livres d'histoire ! » (Maia Sandu, le 3 novembre 2024 à Chisinau).


     

     
     


    On ne peut pas perdre à tous les coups ! La réélection de Donald Trump n'est pas une bonne nouvelle pour la sécurité de l'Europe. Mais le vieux continent européen avait enregistré deux jours auparavant une belle victoire électorale avec la réélection de Maia Sandu (52 ans) à la Présidence de la République de Moldavie. Maia Sandu a en effet obtenu 42,5% des voix au premier tour du 20 octobre 2024 et 55,4% des voix au second tour du 3 novembre 2024. C'était même une double victoire européenne.

    La Moldavie est un petit pays agricole de 2,7 millions d'habitants situé à l'est de l'Europe, coincée entre la Roumanie et l'Ukraine. La population est principalement roumaine (à très forte majorité, 82,1%) mais il y a aussi de fortes minorités ukrainienne (6,6%) et russe (4,1%), et également gagaouze, c'est-à-dire turque orthodoxe, (4,6%) et bulgare (1,9%).

    La Moldavie a acquis son indépendance le 27 août 1991. Comme l'Ukraine, la Moldavie a fait partie de
    l'URSS et à ce titre, la Russie a un œil vigilant voire influent sur son évolution politique, d'autant plus qu'une région pro-russe a fait sécession. Cette région séparatiste s'appelle la Transnistrie, au-delà du fleuve Dniestr, qui a proclamé son indépendance unilatéralement le 2 septembre 1990 (avant l'indépendance de la Moldavie). Ce petit bout de terre, coincé entre la Moldavie et l'Ukraine, représente 4 000 kilomètres carrés et environ 500 000 habitants. La Transnistrie n'est reconnue que par d'autres États sécessionnistes, l'Abkhasie et l'Ossétie du Sud (régions pro-russes de Géorgie). Jusqu'au 22 février 2023, elle n'était même pas reconnue par la Russie, mais depuis lors, Vladimir Poutine a reconnu à la fois la Transnistrie et les deux États géorgiens cités.

    La Moldavie vit donc avec des élans paradoxaux, certains voudraient l'unification avec la Roumanie, d'autres avec l'Ukraine, d'autres encore avec la Russie, mais pas plus que la Wallonie voudrait le rattachement à la France. Depuis plus de trente ans, comme les autres pays d'Europe centrale et orientale sous le joug soviétique, elle aspire à se moderniser en paix et en indépendance, à prospérer, à bénéficier des apports de l'Europe en général. La question de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne n'est pas nouvelle mais souvent remise à plus tard. Elle a obtenu le statut d'association avec l'Union Européen le 1er juillet 2016.

    La déclaration de guerre de Vladimir Poutine à l'Ukraine le 24 février 2022 a remis en cause l'ordre européen, car en cas de réussite de la tentative d'invasion de l'Ukraine (les régions séparatistes pro-russes du Donbass ont été unilatéralement annexées par la Russie comme la Crimée en mars 2014), les prochaines étapes nationales de Vladimir Poutine seront à l'évidence la Moldavie, la Géorgie et les Pays baltes. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie faisant partie de l'Union Européenne et de
    l'OTAN craignent par conséquent moins pour leur intégrité territoriale que la Moldavie et la Géorgie qui, désormais, cherchent à adhérer le plus rapidement possible à l'Union Européenne et surtout à l'OTAN afin de bénéficier de la garantie de défense réciproque (le fameux article 5 du Traité atlantique nord).

    La présence russe en Moldavie est cruciale pour la Russie puisqu'elle permet de prendre en tenaille l'Ukraine par son flanc ouest, notamment du côté d'Odessa. C'est pour cela que l'élection présidentielle moldave dont le premier tour a eu lieu le 20 octobre 2024 et le second tour le 3 novembre 2024 a subi des influences très fortes de la Russie.


    La Présidente de la République sortante était Maia Sandu, économiste et ancienne haut fonctionnaire, qui a été Ministre de l'Éducation du 24 juillet 2012 au 30 juillet 2015 (elle a réduit de 50% la corruption pour acheter des diplômes en mettant des caméras dans les salles d'examen) et Première Ministre du 8 juin 2019 au 14 novembre 2019. Elle s'est présentée à l'élection présidentielle une première fois il y a huit ans après avoir fondé et présidé le Parti action et solidarité (PAS) le 15 mai 2016, un parti de centre droit, pro-européen, indépendantiste (c'est-à-dire contre l'union avec la Roumanie et pour sortir de la tutelle de la Russie).

     
     


    Arrivée à la deuxième place au premier tour du 30 octobre 2016 avec 38,7% des voix, elle a été battue avec 47,9% par le candidat socialiste pro-russe Igor Dodon au second tour le 13 novembre 2016. Maia Sandu a fait néanmoins alliance avec les socialistes contre les démocrates au sein d'un Parlement ingouvernable depuis les élections législatives du 24 février 2019 qui avait abouti à une assemblée tripartite : 35 sièges sur 101 au total pour les socialistes (31,2% des voix), 30 sièges pour les démocrates (23,6% des voix) et 26 sièges pour le Bloc électoral ACUM pro-européen et anti-oligarchie (dont faisait partie le PAS) mené par Maia Sandu (26,8% des voix). À ceux-ci s'ajoutaient 7 députés issus du parti conservateur pro-russe Égalité d'Ilan Sor, oligarque israélo-moldave, maire d'Orhei (une ville moldave de 21 000 habitants) entre 2015 et 2019, qui avait obtenu 8,3% des voix. Maia Sandu a été désignée Première Ministre avec l'appui des députés socialistes et des députés ACUM qui se sont accordé le 8 juin 2019, mais son gouvernement a été renversé le 12 novembre 2019 par le vote d'une motion de censure en raison d'un désaccord sur le mode de scrutin des prochaines élections législatives.

    La formation du gouvernement de Maia Sandu a été l'occasion d'une crise constitutionnelle provoquée par la Cour constitutionnelle (qui a même retiré provisoirement les pouvoirs du Président de la République) qui a finalement reculé et est revenue en arrière, justifiant sa position par de fortes pressions (le dénouement de la crise s'est soldée par la fuite à l'étranger de Vladimir Plahotniuc, le leader du parti démocrate, et du milliardaire Ilan Sor dont les biens personnels ont été saisis en raison de fraude d'un montant de 1 milliard de dollars).

    La situation politique s'est clarifiée démocratiquement un an et demi plus tard. Au premier tour de l'élection présidentielle du 1er novembre 2020, Maia Sandu, de nouveau candidate, a surpris les observateurs en obtenant la première place avec 36,2% des voix, devançant le Président sortant Igor Dodon qui sollicitait un second mandat (32,6%). Au second tour du 15 novembre 2020, Maia Sandu l'a emporté très largement avec 57,7% des voix contre Igor Dodon, en confortant nettement la participation électorale de 45,7% des inscrits au premier tour à 55,8% au second tour. Maia Sandu a commencé son premier mandat présidentiel le 24 décembre 2020. Son élection, basée sur sa réputation d'incorruptible, a marqué historiquement la perte d'influence de la Russie en Moldavie.

    Pour éviter la poursuite d'un Parlement ingouvernable, elle a nommé une ancienne collaboratrice Natalia Gavrilita le 27 janvier 2021 à la tête du gouvernement en demandant aux députés de sa coalition de ne pas voter pour elle afin de pouvoir dissoudre le Parlement (il faut un constat d'impossibilité de gouverner), tandis que les socialistes et les députés du parti Sor, qui ne souhaitaient pas d'élections anticipées, étaient prêts à soutenir ce gouvernement. La nomination de Natalia Gavrilita a été invalidée le 23 février 2021 par la Cour constitutionnelle, et après quelques autres péripéties politiciennes, Maia Sandu a prononcé la dissolution du Parlement le 28 avril 2021, en organisant de nouvelles élections législatives le 11 juillet 2021 qui lui ont apporté une large majorité absolue : son parti PAS a obtenu en effet 63 sièges sur 101 avec 52,8% des voix, ce qui lui a permis de ne plus avoir besoin de nouer de coalition pour gouverner pendant quatre ans. Les démocrates ont été laminés (aucun siège), et les socialistes et communistes ont obtenu 32 sièges. Natalia Gavrilita a alors été nommée officiellement Première Ministre le 6 août 2021 (jusqu'au 16 février 2023).

     
     


    Deux axes pour la politique de Maia Sandu, au-delà de la crise du covid-19 : la lutte anti-corruption et le rapprochement avec l'Union Européenne, renforcée par la tentative d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. La Moldavie a subi une crise énergétique majeure en raison de la baisse de 30% de la fourniture de Gazprom. Parmi ses premiers déplacements, a eu lieu la visite le 12 janvier 2021 à Kiev pour rencontrer son homologue Volodymyr Zelensky (alors encore en costume cravate très chic).

    Après le début de la guerre en Ukraine, Maia Sandu a annoncé ouvrir les frontières de la Moldavie pour permettre aux réfugiés ukrainiens de passer vers l'Ouest, et le 3 mars 2022, elle a signé officiellement la demande d'adhésion de son pays à l'Union Européenne. Le Conseil Européen du 23 juin 2022 a entériné le statut de candidate de la Moldavie à l'unanimité des Vingt-sept chefs d'État et de gouvernement. Les négociations d'adhésion ont été amorcées le 25 juin 2024 à Bruxelles.

    La consécration internationale de Maia Sandu et de la Moldavie a eu lieu le 1er juin 2023 où Chisinau a accueilli le 2e Sommet de la Communauté politique européenne réunissant 47 chefs d'État et de gouvernement européens (la Communauté politique européenne a été lancée le 6 octobre 2022 à Prague à l'initiative du Président français
    Emmanuel Macron ; son 5e Sommet a eu lieu ce jeudi 7 novembre 2024 à Budapest).
     

     
     


    Maia Sandu était la favorite de l'élection présidentielle de 2024 dans les sondages. Elle a gagné encore largement (55,4% des voix avec 54,3% de participation) face au candidat socialiste pro-russe Alexandr Stoianoglo (25,9% au premier tour et 44,6% au second tour), ancien procureur général de Moldavie démis de ses fonctions en septembre 2023 à cause des accusations de corruption portées contre lui.

    Cette belle réélection de Maia Sandu est le symbole de l'ancrage européen de la Moldavie, ratifié doublement par le peuple moldave, et cela malgré les nombreuses pressions, « tentatives de déstabilisation », propagandes et fraudes opérées par le camp pro-russe, notamment par Ilan Sor qui aurait acheté de nombreuses voix en faveur du candidat pro-russe (environ 150 000 voix auraient ainsi été achetées au profit du candidat pro-russe, qui a obtenu en tout 401 215 voix au premier tour et 750 370 voix au second tour).

    J'ai indiqué dès le début de l'article qu'il s'agissait d'une double victoire car Maia Sandu a réussi à mettre à l'ordre du jour des électeurs, en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle, le 20 octobre 2024, un référendum inscrivant dans la Constitution moldave l'objectif de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne. Cette inscription a été acceptée par 50,4% des voix pour une participation de 50,7%. La victoire est donc très serrée, avec seulement près de 10 600 voix d'avance du oui sur le non, dans le même contexte de propagande et d'achats de voix (Ilan Sor, réfugié à Moscou, était un ferme partisan du non, mais le Kremlin a démenti toute tentative d'ingérence de la Russie). Alors qu'en raison du scrutin serré, les pro-russes ont parlé d'un échec, la Cour constitutionnelle a au contraire validé l'approbation populaire de la réforme le 31 octobre 2024 (dans un référendum où la réponse est oui ou non, même à une voix près, la victoire est à ceux qui ont eu le plus de voix).

     

     
     


    Pour "Courrier international", le 21 octobre 2024 : « Concrètement, les Moldaves devaient décider s'ils souhaitaient ou non inscrire l'objectif européen dans la Constitution du pays, protégeant ainsi le processus d'adhésion, entamé en 2022, des aléas du pouvoir politique. ». Objectif donc atteint !
     

     
     


    La réélection de Maia Sandu a été accueillie avec satisfaction et joie par les pays de l'Union Européenne. Emmanuel Macron a salué la « démocratie [qui a] triomphé de toutes les interférences et de toutes les manœuvres » tandis que la Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie de pouvoir « continuer à travailler » avec la Présidente moldave pour un « avenir européen ».

    Le politologue moldave Andrei Curararu, cofondateur du think tank WatchDog basé en Moldavie, a déclaré pour TV5 Monde : « Malgré tout, la Moldavie a démontré à deux reprises que sa volonté d'intégrer l'Union Européenne était plus forte que la pression de Moscou. ». Il n'en demeure pas moins que le pays reste très divisé entre les tenants de l'ouverture à l'Ouest et la proximité du grand frère de l'Est, notamment en Transnistrie dont Maia Sandu voudrait régler le problème avec Moscou. Le prochain rendez-vous électoral sera également crucial puisqu'il s'agira des élections législatives qui auront lieu au plus tard en juillet 2025.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Maia Sandu.
    Les victoires européennes de la Moldavie.
    Ukraine.
    Russie.
    Roumanie.

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241103-maia-sandu.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/08/article-sr-20241103-maia-sandu.html





     

  • Il y a 40 ans, l'énorme manifestation pour l'école libre

    « 90. Un grand service public, unifié et laïque de l’éducation nationale sera constitué. Sa mise en place sera négociée sans spoliation ni monopole. Les contrats d’association d’établissements privés, conclus par les municipalités, seront respectés. Des conseils de gestion démocratiques seront créés aux différents niveaux. » (Extrait des 110 propositions du candidat François Mitterrand, 1981).



     

     
     


    Il y a quarante ans, une énorme manifestation en faveur de l'enseignement libre a eu lieu à Paris, place de la République, qui a rassemblé 2 millions de personnes (800 000 selon la police), l'une des plus grandes manifestations dans l'histoire de la République. Il faut revoir le contexte à la fois politique et social.

    Depuis deux ans et demi, le Ministre de l'Éducation nationale, le socialiste Alain Savary, Compagnon de la Libération et ayant fait ses études au lycée Stanislas (catholique), travaillait dans la concertation pour appliquer la proposition numéro 90 des 110 propositions du candidat François Mitterrand à l'élection présidentielle (François Mitterrand est aussi passé par l'école catholique dans sa jeunesse). L'idée était d'en finir avec l'enseignement catholique en reprenant le combat anticlérical d'Émile Combes.

    Pour cela, l'interlocuteur du gouvernement fut d'abord le chanoine Paul Guiberteau, le secrétaire général de l'enseignement catholique français, puis Pierre Daniel, le président de la fédération des parents d'élèves de l'enseignement libre (UNAPEL). Des points d'accord ont été trouvés mais très rapidement, l'inquiétude s'est répandue au sein de l'enseignement catholique mais aussi des Français hors appartenance religieuse. En s'en prenant à l'école privée, le gouvernement empêchait toute possibilité, pour un parent d'élève, de changer l'école de leur enfant.

    La contestation a commencé le 22 janvier 1984 avec une manifestation de 60 000 personnes à Bordeaux, et elle a vite "contaminé" le pays : 150 000 manifestants le 29 janvier 1984 à Lyon, 250 000 manifestants le 18 février 1984 à Rennes, 300 000 manifestants le 25 février 1984 à Lille. La première manifestation nationale a eu lieu le 4 mars 1984 à Versailles avec 800 000 participants devant le château (avec Pierre Bellemare sur un podium).

     

     
     


    Il faut bien comprendre que ce mouvement n'avait rien de politique, ses organisateurs ont toujours voulu écarter les responsables politiques même si certains, dans l'opposition, n'ont pas hésité à exploiter cette aubaine. Il venait avant tout de la base, des parents, qui voulaient garder cette liberté de mettre leurs enfants dans l'école qu'ils voulaient.

    Le 18 avril 1984, la réforme Savary est passée au conseil des ministres. François Mitterrand avait de toute façon compris que le projet de loi était compromis, non seulement par cette contestation dans la rue, mais aussi par les ultras de son propre camp, car le groupe socialiste s'opposait aux concessions du gouvernement faites à l'enseignement catholique. La guerre scolaire était donc bien présente. François Mitterrand a fait un tour de table des différents ministres pour connaître leur réflexion sur ce sujet.

    Le 25 avril 1984, pour faire pression sur le gouvernement, le camp des laïcards a fait une grande contre-manifestation rassemblant des dizaines de milliers de personnes voulant la suppression de l'enseignement privé, sa fusion dans un grand service public. Lionel Jospin, premier secrétaire du PS, et Pierre Joxe, président du groupe PS à l'Assemblée Nationale, participaient à cette manifestation, aussi Georges Marchais, Pierre Juquin et André Laignel.

    André Laignel, à l'époque jeune député-maire d'Issoudun, et considéré comme un ultra de l'aile gauche du PS, présidait la commission spéciale à l'Assemblée Nationale sur cette réforme. Poussé par Pierre Joxe et Jean Poperen, il est allé voir le Premier Ministre Pierre Mauroy pour imposer ses amendements, sans la présence d'Alain Savary. Et effectivement, lors de l'examen du projet de loi en séance publique, le 22 mai 1984, André Laignel, soutenu par la grande majorité du pléthorique groupe socialiste, a pu faire adopter ses amendements, en particulier l'impossibilité de créer une école privée sans qu'une école publique n'existe au préalable et la condition que plus de la moitié des enseignants soient titularisés fonctionnaires pour permettre à leur école privée de recevoir des subventions publiques.

    Ces modifications ont mis le feu politique. Parallèlement se déroulait la deuxième campagne des élections européennes qui ont eu lieu le 17 juin 1984 avec un désastre (ce n'est pas nouveau !) pour le gouvernement : la liste UDF-RPR menée par Simone Veil a obtenu 43,0% des voix (du jamais vu !), suivie de la liste du PS menée par Lionel Jospin avec moins de la moitié, 20,7% des voix, et autre coup de tonnerre, la liste du FN menée par Jean-Marie Le Pen, avec 11,0%, a fait quasiment jeu égal avec la liste du PCF menée par Georges Marchais, 11,2% ! Les autres listes ont fait moins de 4% des voix. La liste de Simone Veil s'appelait d'ailleurs très officiellement : « Union de l'opposition pour l'Europe et la défense des libertés ». Cette "défense des libertés" reprenait évidemment le mouvement pour la liberté de l'enseignement.

     

     
     


    Dès le 22 mai 1984, ce mouvement a organisé une énorme manifestation nationale le dimanche après les élections, le dimanche 24 juin 1984 à Paris, veille des épreuves du baccalauréat de français. Là encore, c'était la base qui était à l'origine de la mobilisation, et 2 millions de personnes sont venues de toute la France, arborant leur origine géographique sur les pancartes. Il faut noter que le service d'ordre était très efficace et que, malgré le nombre, il n'y a eu aucun dérapage (ce n'était pas évident et les forces de l'ordre étaient sur le qui-vive). Trois évêques, entre autres, étaient présents, Mgr Jean Vilnet, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, et Mgr Jean Honoré, archevêque de Tours. En général, les évêques n'étaient pas très chauds pour défiler et prendre part au débat public, mais l'enjeu était très important dans ce cas-là.

    Il y a eu quatre cortèges et les responsables politiques ont évidemment participé à cette manifestation, en particulier les grands ténors de l'opposition : Jacques Chirac, Bernadette Chirac, Valéry Giscard d'Estaing, Jean Lecanuet, Simone Veil, Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré, Claude Labbé, Charles Pasqua, Bernard Pons, Jean-Claude Gaudin, etc. Parmi les personnalités, il y avait également, près de Simone Veil, une (jeune) avocate, Nicole Fontaine, secrétaire générale adjointe puis déléguée de l'enseignement catholique, nouvellement élue députée européenne en 1984 et qui allait devenir en 1999 Présidente du Parlement Européen avant d'être nommée Ministre de l'Industrie par Jean-Pierre Raffarin.

     

     
     


    Le Front national, qui venait de gagner dix sièges au Parlement Européen, a manifesté un peu à part, notamment Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Stirbois, et les autres manifestants ne voulaient surtout pas se mélanger à eux.

    Pour donner une idée de l'état d'esprit de François Mitterrand, cette petite histoire racontée par le (jeune) sénateur Josselin de Rohan (nouvellement élu en septembre 1983) : le jour même, François Mitterrand a demandé au sénateur RPR de la Sarthe Jacques Chaumont s'il comptait se rendre à la manifestation de l'après-midi, le sénateur lui a dit bien sûr et le Président lui a répondu qu'il allait certainement y croiser la moitié de sa famille !

    Même le pape Jean-Paul II y est allé de son grain de sel en déclarant le 29 juin 1984 : « Les catholiques ont le droit et le devoir de défendre leur école. ». Le texte de la réforme Savary est allée au Sénat et, après une vaine tentative de conciliation du Président (centriste) du Sénat Alain Poher auprès de François Mitterrand, Charles Pasqua, président du groupe RPR au Sénat, a convaincu l'ensemble de la majorité sénatoriale de voter le 5 juillet 1984 une motion de référendum, si bien que le texte n'a pas été discuté par la Haute Assemblée, simplement renvoyé pour un référendum improbable. C'était très habile politiquement : en réclamant un référendum sur la réforme Savary, l'opposition avait gagné la bataille de l'opinion puisque rien n'était plus démocratique que de demander au peuple son avis. S'opposer à cela était difficile.

    Le même jour (5 juillet 1984), François Mitterrand, en déplacement au Puy-en-Velay, a assuré qu'il ne céderait pas, mais les jeux étaient déjà faits : avec le désastre électoral des européennes et l'énorme manifestation du 24 juin, il ne pouvait pas ne pas prendre une initiative majeure. Il n'y en a que trois pour un Président de la République : dissolution, changement de Premier Ministre et référendum. Au contraire du Président Emmanuel Macron en juin 2024, François Mitterrand a utilisé les deux autres outils d'une manière assez habile.

     

     
     


    En effet, pour mettre fin à l'incendie de la guerre scolaire, avant la fête nationale, François Mitterrand a annoncé dans une allocution télévisée le 12 juillet 1984 qu'il renonçait au projet Savary et qu'il proposait un référendum sur le référendum. Ce qui allait devenir le vaudeville politique de l'été 1984 était une fumeuse et néanmoins géniale de François Mitterrand (qui allait faire papoter les constitutionnalistes pendant tout l'été). Puisque l'opposition voulait un référendum, alors chiche ! Mais comme l'article 11 de la Constitution n'autorisait pas à faire un référendum sur l'éducation, alors il fallait d'abord réviser cet article de la Constitution, et il voulait que cette révision fût approuvée par référendum. Dans sa traditionnelle interview du 14 juillet 1984 sur TF1, François Mitterrand a couvert de fleurs le ministre Alain Savary, ce qui faisait sentir le sapin, et ce dernier, ulcéré par l'abandon du projet de loi qu'il avait appris comme les Français devant sa télévision, a présenté sa démission le 17 juillet 1984. Pierre Mauroy, choqué aussi par l'initiative présidentielle, a donné le même jour la démission de son gouvernement.

    Laurent Fabius, "le plus jeune Premier Ministre donné à la France", fut nommé quelques heures plus tard à Matignon, Jean-Pierre Chevènement nommé au Ministère de l'Éducation nationale, les communistes ont refusé de poursuivre leur participation au gouvernement et le Sénat a rejeté le texte de révision adopté au conseil des ministres du 18 juillet 1984 sur l'article 11, faisant échouer l'initiative présidentielle, mais ce n'était plus important puisque l'essentiel était de désamorcer la crise de l'école.

    Celle-ci est revenue sporadiquement lors du gouvernement d'Édouard Balladur lorsque son Ministre de l'Éducation nationale, un certain François Bayrou, a voulu réformer la loi Falloux sur le financement de l'enseignement privé (projet de loi adopté le 14 décembre 1993 par le Parlement, grèves spontanées, grande manifestation laïque le 16 janvier 1994 malgré l'annulation des dispositions contestées le 13 janvier 1994 par le Conseil Constitutionnel). Des stigmates de cette guerre scolaire, on les a encore ressentis lors de la polémique avec Amélie Oudéa-Castéra, nommée Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, qui s'est maladroitement enlisée médiatiquement sur ses enfants qu'elle avait placés dans l'enseignement privé (ce qui était son droit le plus absolu). Ce sujet, on le voit, est resté très sensible auprès des Français et il faut aussi comprendre que ce mouvement pour l'école libre, très populaire, n'a pas grand-chose à voir avec la Manif pour tous qui, en 2013, s'est beaucoup mobilisée pour s'opposer au mariage pour tous.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (22 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Il y a 40 ans, l'énorme manifestation pour l'école libre.
    Amélie Oudéa-Castéra.
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    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    L'assassinat de Dominique Bernard au lycée Gambetta d'Arras.
    G. Bruno.
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    Jean-Michel Blanquer.
    Jean Zay.
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    Alain Devaquet.
    Alain Savary.













    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240624-manifestation-ecole-libre.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/il-y-a-40-ans-l-enorme-255286

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/23/article-sr-20240624-manifestation-ecole-libre.html