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élections européennes

  • Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité

    « Les cinq dernières années ont montré ce que nous pouvions faire ensemble. Faisons-le à nouveau. Faisons le choix de la force. Faisons le choix du leadership. » (Ursula von der Leyen, le 18 juillet 2024 à Strasbourg).



     

     
     


    La journée du jeudi 18 juillet 2024 a été importante pour l'Union Européenne (et parallèlement, aussi pour la France). Le Parlement Européen s'est réuni à Strasbourg pour une session d'ouverture de sa dixième législature du 16 au 19 juillet 2024. Les députés européens ont réélu le mardi 16 juillet 2024 l'actuelle Présidente du Parlement Européen, la députée européenne maltaire PPE Roberta Metsola pour un nouveau mandat de trente mois (dès le premier tour avec 562 voix). Deux jours plus tard, c'était le vote des députés européens pour valider, ou invalider, le choix du Conseil Européen du 27 juin 2024 de reconduire l'Allemande Ursula von der Leyen à un second mandat de cinq ans de Présidente de la Commission Européenne, conformément au Traité de Lisbonne (article 14 du Traité sur l'Union Européenne).

    Son second mandat a été validé au milieu de l'après-midi par 401 voix pour et 284 voix contre, 15 votes blancs et 7 votes nuls. Il y a actuellement 719 députés européens (en principe, il doit y en avoir 720), ce qui fait que la majorité absolue est de 360. C'est bien mieux que la précédente fois. Choisie par le Conseil Européen le 2 juillet 2019, Ursula von der Leyen avait été à la peine pour convaincre le Parlement Européen. Son premier mandat à la tête de la Commission de Bruxelles avait été en effet approuvé le 16 juillet 2019 par les députés européens avec seulement 383 voix sur 747, alors que sa majorité (groupes PPE, S&D et Renew) comptait 444 membres. Au congrès du Parti populaire européen (PPE), la candidature d'Ursula von der Leyen à un second mandat avait été approuvée le 7 mars 2024 par seulement 401 voix pour, sur 801 délégués, et 89 voix contre (en particulier, la délégation française, le parti LR, s'était opposée à cette reconduction).


    Ursula von der Leyen va donc pouvoir envoyer des lettres officielles aux chefs d'État et de gouvernement des États membres pour leur demander de lui présenter les candidats aux postes de commissaires européens. Le Parlement Européen devra les auditionner et approuver leur candidature, ce qui permettra à Ursula von der Leyen de former la Commission Européenne avec les différentes attributions, et l'ensemble de la Commission sera approuvée par les députés européens avant sa prise de fonction officielle le 1er décembre 2024.

    Ce vote concluait un débat avec Ursula von der Leyen et les différents présidents des groupes parlementaires. Dans son discours prononcé le matin, Ursula von der Leyen a présenté ses priorités devant les députés européens : nouveau pacte pour l'industrie propre pour renforcer la décarbonation et la croissance industrielle (le Clean Industrial Deal), création d'un fonds européen pour la compétitivité (pour soutenir l'innovation), doublement des effectifs d'Europol (sécurité), triplement des garde-frontières et garde-côtes pour atteindre 30 000 personnes (immigration), bouclier européen pour se prémunir des désinformations et manipulations de l'information et des ingérences étrangères, plan pour un logement à prix modéré (création d'un commissaire chargé du logement), plan pour aider les agriculteurs dans la transition énergétique, renforcement du programme Erasmus, plan de protection sur le temps passé devant les écrans et sur les pratiques addictives, parité hommes et femmes, conditionnement du respect des droits fondamentaux pour octroyer les subventions européennes, etc.

     
     


    Un de points cruciaux de son mandat sera la défense européenne, avec la création d'un commissaire européen spécialement chargé de ce sujet, avec plusieurs programmes dont le bouclier aérien de l'Union Européenne qui sera un « symbole fort de l'unité européenne en matière de défense » et le soutien militaire indéfectible à l'Ukraine. D'autres commissaires européens seront créés, sur la coopération régionale avec la Méditerranée, sur l'équité intergénérationnelle, etc. Il y aura aussi un Vice-Président chargé de la compétitivité et des PME.

    Dans ce discours, il y en avait pour les trois grands groupes (PPE, S&D et Renew) qui constituent la majorité de soutien de la Commission Européenne. Pour le PPE (centre droit) : compétitivité, lutte contre la bureaucratie, soutien à l'industrie de défense et à l'agriculture. Pour les sociaux-démocrates (centre gauche) : accompagnement de la crise du logement, droits des femmes ; pour Renew (centre) : pas de fonds européens aux États qui ne respectent pas les droits fondamentaux, compétitivité, soutien à l'Ukraine (les engagements de Valérie Hayer, présidente du groupe Renew, pendant la campagne européenne).

     

     
     


    Pour la Présidente de la Commission : « L'Europe ne peut pas arrêter le changement, mais elle peut choisir de l'embrasser en investissant dans une nouvelle ère de prospérité et en améliorant notre qualité de vie. ». Parmi les autres engagements, Ursula von der Leyen souhaiterait refondre le budget de l'Union Européenne et mieux l'adapter aux États membres.

    Elle a aussi condamné très sévèrement la prétendue mission de paix du Premier Ministre hongrois Viktor Orban, devenu Président du Conseil de l'Union pour ce dernier semestre 2024, en constatant : « Deux jours plus tard, les avions de Poutine ont pointé leurs missiles sur un hôpital pour enfants et une maternité à Kyiv (…). Cette frappe n'était pas une erreur. C'était un message. Un message glaçant du Kremlin à chacun d'entre nous. ».

    De même, elle a clarifié sa position sur Gaza : « Je veux être claire : l'effusion de sang à Gaza doit cesser maintenant. Trop d'enfants, de femmes et de civils ont perdu la vie à cause de la réponse d'Israël à la terreur brutale du Hamas. La population de Gaza ne peut en supporter davantage (…). Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat et durable. Nous avons besoin de la libération des otages israéliens. Et nous devons préparer le jour suivant. ».



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !


     

     


     

     

     

     


    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240718-ursula-von-der-leyen.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2024-7-255915

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/19/article-sr-20240718-ursula-von-der-leyen.html






     

     

     

     

     

     

     

  • Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen

    « Je pense que, effectivement, [la reconduction d'Ursula von der Leyen] est un choix pertinent dans la mesure où on est dans un monde en plein chamboulement. Néanmoins, ce n'est pas un chèque en blanc. C'est-à-dire qu'on a des demandes qui sont fortes (…) : aucun lien de près ou de loin avec l'extrême droite, quelle qu'elle soit. (…) On exige d'Ursula von der Leyen qu'elle ne fasse aucun deal, aucune alliance politique avec eux. Qu'on soit vraiment sur une coalition, une plate-forme de soutien qui soit celle des pro-Européens (…). On lui a fixé nos priorités politiques (…) : pour nous, c'est indispensable qu'on avance sur la protection de l'État de droit, sur les enjeux de compétitivité, de réindustrialisation, de défense et de soutien à l'Ukraine, donc, on lui a demandé des engagements forts (…). Parmi les demandes qu'on lui a faites : ne pas détricoter le Pacte vert et prolonger pour accompagner socialement le Pacte vert. » (Valérie Hayer, le 15 juillet 2024).



     

     
     


    Ce mardi 16 juillet 2024, c'est l'installation des 720 nouveaux députés européens des vingt-sept États membres de l'Union Européenne élus au suffrage universel direct le 9 juin 2024. Le Parlement Européen de Strasbourg devance ainsi de deux jours l'installation de la nouvelle Assemblée Nationale à Paris. Semaine donc très chargée pour la classe politique européenne et encore plus chargée pour la classe politique française.

    Bien sûr, le premier acte de toute nouvelle assemblée, c'est d'élire son président. Pour l'Union Européenne, c'est un peu différent car il est question d'un jeu d'équilibre entre les pays et entre les mouvements politiques. Depuis plusieurs législatures, ce poste important, qui fut occupé pour la première législature par Simone Veil, fait partie des grands postes pour lesquels se met d'accord le Conseil Européen.

    Insistons sur la procédure : dans toutes les démocraties, le chef du gouvernement et ses membres sont nommés par le chef de l'État (c'est encore le cas en France quoi qu'en dise Jean-Luc Mélenchon et ses adeptes), et ceux-ci sont approuvés par les parlementaires du pays, d'une manière ou d'une autre (même en France, la motion de censure est là pour cela). Le gouvernement n'est donc pas élu, c'est-à-dire désigné par le peuple, mais émane de deux instances qui, elles, ont la légitimité populaire, le chef de l'État (c'est un peu différent pour une monarchie) et les parlementaires, tous les deux élus par le peuple.

    L'Union Européenne, c'est pareil. La Commission Européenne n'est effectivement pas élue par le peuple, mais ses membres sont désignés par les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Sept, puis ratifiés par les députés européens. Les chefs d'État et de gouvernement, qui constituent le Conseil Européen, ont chacun une légitimité nationale qui est propre au pays d'où il vient et propre à ses institutions nationales, et les députés européens ont été élus au suffrage universel direct, en l'occurrence ceux-ci le 9 juin 2024. En outre, la Commission n'est pas vraiment le gouvernement européen, c'est une instance exécutive qui répond aux seules consignes du Conseil Européen, l'émanation de la légitimité de chaque nation.

    On pourrait bien sûr imaginer que le Président de la Commission Européenne soit élu directement par les électeurs européens, comme ce fut le cas, pendant peu de temps, en Israël (le Premier Ministre, à un moment donné, était élu en même temps que les députés de la Knesset, et cette disposition novatrice a été supprimée assez rapidement). Mais en fait, c'est un peu le cas depuis 2014, et pour la troisième fois. En effet, chaque grand parti européen a choisi avant les élections européennes "son" (ou "ses") candidat(s) à la Présidence de la Commission. Et ensuite, c'est le jeu des rapports de force au sein du Parlement de Strasbourg.

    Certes, ce n'est pas obligatoirement le candidat choisi par le parti le plus important qui emporte la nomination, parce qu'il faut l'accord du Conseil Européen, à savoir au moins quinze pays représentant au moins 65% de la population des vingt-sept États membres. Ainsi, Jean-Claude Juncker avait été désigné à la tête de la Commission Européenne en 2014 alors qu'il avait été choisi par son parti, le Parti populaire européen (démocrates chrétiens, c'est-à-dire centre droit), et que le PPE avait gagné les élections. En 2019, en revanche, le PPE avait aussi gagné les élections européennes, mais la France (Emmanuel Macron) a mis un veto pour la désignation du candidat choisi avant les élections, l'Allemand Manfred Weber, président du groupe PPE depuis 2014 (reconduit le 19 juin 2024). Le compromis s'est alors porté sur Ursula von der Leyen, la Ministre allemande de la Défense. Comme le PPE est encore cette fois-ci gagnant, Ursula von der Leyen est bien partie pour être reconduite dans un second mandat de cinq ans (la fonction est limitée à deux mandats de cinq ans) : « Je solliciterai l’approbation du Parlement Européen après la présentation de ma feuille de route politique pour les cinq prochaines années. », a-t-elle confirmé le 27 juin 2024.

    C'est ce qui va se passer a priori. Mais revenons d'abord au Parlement Européen issu des élections du 9 juin 2024. Les deux principaux groupes politiques restent toujours les démocrates chrétiens (centre droit) du PPE avec 188 sièges sur 720, et les sociaux-démocrates (gauche gestionnaire) de S&D (socialistes et démocrates) avec 136 sièges (présidés par l'Espagnole Iratxe Garcia Pérez). Pendant longtemps, ces deux groupes politiques faisaient la loi à Strasbourg, se partageant par exemple la Présidence du Parlement Européen (chacun des deux groupes avait la Présidence pendant un demi-mandat de trente mois). Mais depuis deux législatures, ils ne sont plus assez nombreux pour constituer la majorité absolue. En 2024, ils ont, à eux deux, seulement 324 sièges, insuffisant pour atteindre la majorité absolue, à savoir 361 sièges.

    C'est pour cette raison que le groupe centriste, appelé d'abord les libéraux démocrates (sur une appellation de politique allemande), transformé en Renew (Renaissance) depuis l'élection de députés européens macronistes, joue un rôle crucial et central dans le Parlement Européen depuis 2019 : avec 77 sièges, ce groupe complète les deux précédents pour atteindre 401 sièges, soit plus de la majorité absolue. Ce groupe Renew, présidé par la Française Valérie Hayer (qui a été réélue à ce poste), a donc un rôle de pivot. Il était le troisième groupe à Strasbourg entre 2019 et 2024, mais avec la victoire de l'extrême droite et la défaite du parti macroniste, il a été relégué en cinquième position, à un siège près.

    Cela écrit, la majorité reste assez faible pour Ursula von der Leyen, d'autant plus que Renew et les sociaux-démocrates avaient fait campagne pour soutenir d'autres candidats (Renew : Sandro Gozi, et S&D : Nicolas Schmit). L'espoir du Président Emmanuel Macron, avant les élections européennes, était d'imposer Mario Draghi qui aurait été soutenu par Giorgia Meloni. Ursula von der Leyen doit faire campagne auprès des différents groupes car sa reconduction ne serait pas ratifiée par le Parlement de Strasbourg si 10% des membres de chacun des trois groupes s'abstenaient (en 2019, elle a été élue de façon serrée avec seulement 9 voix d'avance).

    Le quatrième groupe est ce qu'on appelle le parti des conservateurs et réformistes européens (CRE), qui regroupe principalement le parti de droite conservatrice italien (les Frères d'Italie) de la Présidente du Conseil italienne Giorgia Meloni. Cette dernière avait souhaité faire partie de la majorité de cette nouvelle législature afin d'avoir une influence sur les décisions européennes en échange de son soutien à la reconduction d'Ursula von der Leyen. Mais Renew a imposé de choisir entre le soutien de Renew ou l'arrangement avec CRE. Fort de 78 sièges, Giorgia Meloni a refusé l'entrée des députés européens du RN qui ne sont pas normalisés sur la scène européenne. Très étrangement, alors que ce groupe veut montrer l'esprit de responsabilité et d'ouverture, et refuse d'être assimilé à l'extrême droite, un membre de Reconquête, le parti de l'ancien candidat Éric Zemmour en était membre jusqu'en 2024. Parmi les autres partenaires du CRE, il y a le PiS, parti ultraconservateur polonais (qui vient de perdre le pouvoir à Varsovie).

    Le troisième groupe à Strasbourg, avec 84 sièges, a été constitué à Bruxelles le 8 juillet 2024, appelé les Patriotes pour l'Europe (ce qui ne veut rien dire !), émanation de l'ancien groupe Identité et démocratie (annoncé à Vienne le 30 juin 2024 par Viktor Orban), et regroupe les élus du parti du Premier Ministre hongrois Viktor Orban, de la Lega de l'Italien Matteo Salvini, du FPÖ autrichien, du PVV néerlandais de Geert Wilders, des indépendantistes flamandes Vlaams Belang, de Vox espagnol, et enfin du Rassemblement national de la Française Marine Le Pen. Ce groupe est présidé par Jordan Bardella, et, fidèle à sa réputation de paresseux, il n'était même pas présent lors de son élection. Enfin, le groupe des Verts (écologistes) réunit 53 élus et le groupe de la gauche unitaire (gauche radicalisée : communiste, insoumis, etc.), coprésidé par Manon Aubry, 46 élus.

    Un troisième groupe d'extrême droite, baptisé l'Europe des nations souveraines, s'est également créé le 10 juillet 2024 avec les députés européens allemands de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), qui siégeaient initialement dans le même groupe que le RN avant d'en être exclus en 2024, et l'unique élue de Reconquête (et six autres très petites formations d'extrême droite de Pologne, Lituanie, Bulgarie, Slovaquie, Tchéquie et Hongrie). Ce groupe rassemble 25 membres, dont 14 de l'AfD. Pour former un groupe, il faut 23 élus provenant de sept États différents.

    La constitution des trois groupes d'extrême droite a été longue car les députés européens français, en particulier le RN, refusaient de s'engager dans l'un ou l'autre groupe tant que les élections législatives n'étaient pas terminées. Et ils ont eu raison puisque la présence du vice-président du groupe présidé par Jordan Bardella, le général italien Roberto Vannacci (Lega), nostalgique de Mussolini et fustigeant le supposé "lobby gay", aurait un peu sali le brevet de respectabilité que le président du RN cherchait à obtenir en France.

    Ces trois groupes d'extrême droite représentent 187 sièges, soit un quart de l'hémicycle européen, à un siège du premier groupe. Mais ils sont profondément divisés, notamment sur le soutien à l'Ukraine. Ainsi, le Premier Ministre tchèque Petr Fiala, dont le parti appartient au CRE, a fustigé le 8 juillet 2024 les Patriotes pour l'Europe : « Appelons un chat un chat. Les Patriotes servent les intérêts de la Russie. Soit consciemment, soit inconsciemment. Et ils menacent ainsi la sécurité et la liberté en Europe. ».

    Maintenant que les différentes forces politiques en présence ont été présentées, revenons à Ursula von der Leyen. Conformément au Traité de Lisbonne qui introduit beaucoup plus de démocratie parlementaire qu'auparavant, chaque membre de la Commission Européenne doit être ratifié par les députés européens. Cela ne se fera pas en même temps car il faut attendre les différentes désignations des États membres. En effet, à part deux ou trois postes, chaque pays a droit à un membre de la Commission Européenne, qu'il doit désigner, et à charge au Président de la Commission de lui donner des attributions pour en faire un ensemble cohérent. Il est évident que la désignation d'un commissaire pourrait être ratifiée pour une attribution donnée et refusée pour une autre, considérant qu'il n'aurait pas la compétence suffisante. En 2019, la candidature de l'ancienne Ministre des Armées Sylvie Goulard, pressentie par la France pour siéger à la Commission Européenne, a été rejetée par le Parlement Européen en raison d'une affaire judiciaire en cours. La Commission Européenne doit prendre ses fonctions le 1er décembre 2024, ce qui laisse un peu de temps en cas de rejet éventuel de certaines candidatures.

    En revanche, la reconduction d'Ursula von der Leyen à la Présidence de la Commission sera mise aux voix au Parlement Européen dès jeudi 18 juillet 2024. Si elle est confirmée, elle pourra ainsi commencer à structurer son équipe avec les personnes proposées par chaque État membre.


    Le Conseil Européen n'a pas pu se mettre d'accord à Bruxelles le 17 juin 2024 et a réussi à trouver un accord à Bruxelles aussi le 27 juin 2024. Ce sommet a été marqué par une perte d'influence de deux poids lourds de l'Europe, en raison de leurs échecs électoraux respectifs, Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Emmanuel Macron avait eu beaucoup d'influence au Conseil Européen du 2 juillet 2019, lors du casting de la précédente mandature.

    Que contient l'accord du 27 juin 2024 ? Une juste répartition des rôles entre les trois groupes formant la majorité. L'Allemande Ursula von des Leyen, pour le PPE, à la Présidence de la Commission ; le Portugais Antonio Costa (63 ans dans deux jours), pour S&D, à la Présidence du Conseil Européen (succédant à Charles Michel), c'est l'équivalent d'un grand modérateur de l'Union Européenne (ce serait l'équivalent d'un chef d'État inaugurant les chrysanthèmes) ; enfin, autre poste crucial, celui de José Borrell, actuel Haut représentant de l'Union Européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Un compromis s'est dégagé pour y désigner la très charismatique Première Ministre d'Estonie (depuis le 26 janvier 2021) Kaja Kallas (47 ans), pour le groupe Renew (elle vient de remettre la démission de son gouvernement le 15 juillet 2024). C'est la première fois qu'un si petit pays et qu'un pays de l'Est obtient une si grande responsabilité dans les institutions de l'Union Européenne, et il faut aussi noter qu'elle est considérée comme une ennemie de la Russie par Vladimir Poutine. Autre poste d'envergure, la Présidence du Parlement Européen, et la Maltaise Roberta Metsola devrait être reconduite ce mardi 16 juillet 2024 pour un demi-mandat supplémentaire de deux ans et demi.

    Si Ursula von der Leyen et Kaja Kallas doivent attendre la validation par le Parlement Européen de leur désignation, ce n'est pas le cas d'Antonio Costa qui ne dépend que du Conseil Européen (puisqu'il va le présider pendant cinq ans, et pas seulement deux ans et demi). Antonio Costa était le Premier Ministre du Portugal depuis le 26 novembre 2015 et il a dû démissionner le 2 avril 2024 en raison d'une affaire de corruption qui a été finalement peu étayée.

    Au Conseil Européen du 27 juin 2024, mécontente d'avoir été écartée des négociations, Giorgia Meloni s'est abstenue pour le choix d'Ursula von der Leyen et a voté contre Antonio Costa et contre Kaja Kallas. Giorgia Meloni a revendiqué un portefeuille important pour l'Italie dans la prochaine Commission, par exemple l'Économie, avec une Vice-Présidence exécutive de la Commission. Pour Valérie Hayer, c'est clair le 8 juillet 2024 qu'il ne faut laisser aucune responsabilité au sein du Parlement Européen à l'extrême droite : « Notre ligne est extrêmement claire, on ne négocie pas avec l'extrême droite. ».

    Parmi les 720 députés européens élus le 9 juin 2024, on peut citer qu'il y a onze anciens Premiers Ministres (en particulier Elio Di Rupo, Sophie Wilmès, Valdis Dombrovskis, etc.), six anciens présidents d'assemblée nationale de leur État, six membres de la Commission Européenne, anciens ou en exercice, et dix anciens ministres des Affaires étrangères ou des Affaires européennes (dont Nathalie Loiseau, Sophie Wilmès, etc.).

    Signalons par ailleurs que la Française Christine Lagarde reste présidente de la Banque centrale européenne (BCE), sauf si elle est nommée à Matignon, bien sûr, puisqu'elle fait partie des premiers-ministrables français depuis très longtemps (depuis 2010), et que par les hasards de l'ordre alphabétique des présidences tournantes de six mois, Viktor Orban est le Président du Conseil de l'Union du 1er juillet 2024 au 1er janvier 2025. C'est pourtant sans mandat européen et avec un profond agacement de ses partenaires européens qu'il s'est rendu à Kiev rencontrer Volodymyr Zelenski, à Moscou rencontrer Vladimir Poutine, à Pékin rencontrer Xi Jinping et aux États-Unis rencontrer Donald Trump dont il est un fervent soutien.

    Dans le calendrier européen, il faut donc se rappeler que la session constitutive de la dixième législature du Parlement Européen a lieu du 16 au 19 juillet 2024, puis les commissions parlementaires permanentes seront désignées du 22 au 25 juillet 2024. La séance plénière de rentrée aura lieu du 16 au 19 septembre 2024. De septembre à novembre 2024 auront lieu les auditions des commissaires européens désignés par les États membres avant leur entrée en fonction le 1er décentre 2024.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (15 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
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    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    Ursula von der Leyen.
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    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
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    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240715-europeennes.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2024-6-le-255829

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/15/article-sr-20240715-europeennes.html



     

  • Il y a 40 ans, l'énorme manifestation pour l'école libre

    « 90. Un grand service public, unifié et laïque de l’éducation nationale sera constitué. Sa mise en place sera négociée sans spoliation ni monopole. Les contrats d’association d’établissements privés, conclus par les municipalités, seront respectés. Des conseils de gestion démocratiques seront créés aux différents niveaux. » (Extrait des 110 propositions du candidat François Mitterrand, 1981).



     

     
     


    Il y a quarante ans, une énorme manifestation en faveur de l'enseignement libre a eu lieu à Paris, place de la République, qui a rassemblé 2 millions de personnes (800 000 selon la police), l'une des plus grandes manifestations dans l'histoire de la République. Il faut revoir le contexte à la fois politique et social.

    Depuis deux ans et demi, le Ministre de l'Éducation nationale, le socialiste Alain Savary, Compagnon de la Libération et ayant fait ses études au lycée Stanislas (catholique), travaillait dans la concertation pour appliquer la proposition numéro 90 des 110 propositions du candidat François Mitterrand à l'élection présidentielle (François Mitterrand est aussi passé par l'école catholique dans sa jeunesse). L'idée était d'en finir avec l'enseignement catholique en reprenant le combat anticlérical d'Émile Combes.

    Pour cela, l'interlocuteur du gouvernement fut d'abord le chanoine Paul Guiberteau, le secrétaire général de l'enseignement catholique français, puis Pierre Daniel, le président de la fédération des parents d'élèves de l'enseignement libre (UNAPEL). Des points d'accord ont été trouvés mais très rapidement, l'inquiétude s'est répandue au sein de l'enseignement catholique mais aussi des Français hors appartenance religieuse. En s'en prenant à l'école privée, le gouvernement empêchait toute possibilité, pour un parent d'élève, de changer l'école de leur enfant.

    La contestation a commencé le 22 janvier 1984 avec une manifestation de 60 000 personnes à Bordeaux, et elle a vite "contaminé" le pays : 150 000 manifestants le 29 janvier 1984 à Lyon, 250 000 manifestants le 18 février 1984 à Rennes, 300 000 manifestants le 25 février 1984 à Lille. La première manifestation nationale a eu lieu le 4 mars 1984 à Versailles avec 800 000 participants devant le château (avec Pierre Bellemare sur un podium).

     

     
     


    Il faut bien comprendre que ce mouvement n'avait rien de politique, ses organisateurs ont toujours voulu écarter les responsables politiques même si certains, dans l'opposition, n'ont pas hésité à exploiter cette aubaine. Il venait avant tout de la base, des parents, qui voulaient garder cette liberté de mettre leurs enfants dans l'école qu'ils voulaient.

    Le 18 avril 1984, la réforme Savary est passée au conseil des ministres. François Mitterrand avait de toute façon compris que le projet de loi était compromis, non seulement par cette contestation dans la rue, mais aussi par les ultras de son propre camp, car le groupe socialiste s'opposait aux concessions du gouvernement faites à l'enseignement catholique. La guerre scolaire était donc bien présente. François Mitterrand a fait un tour de table des différents ministres pour connaître leur réflexion sur ce sujet.

    Le 25 avril 1984, pour faire pression sur le gouvernement, le camp des laïcards a fait une grande contre-manifestation rassemblant des dizaines de milliers de personnes voulant la suppression de l'enseignement privé, sa fusion dans un grand service public. Lionel Jospin, premier secrétaire du PS, et Pierre Joxe, président du groupe PS à l'Assemblée Nationale, participaient à cette manifestation, aussi Georges Marchais, Pierre Juquin et André Laignel.

    André Laignel, à l'époque jeune député-maire d'Issoudun, et considéré comme un ultra de l'aile gauche du PS, présidait la commission spéciale à l'Assemblée Nationale sur cette réforme. Poussé par Pierre Joxe et Jean Poperen, il est allé voir le Premier Ministre Pierre Mauroy pour imposer ses amendements, sans la présence d'Alain Savary. Et effectivement, lors de l'examen du projet de loi en séance publique, le 22 mai 1984, André Laignel, soutenu par la grande majorité du pléthorique groupe socialiste, a pu faire adopter ses amendements, en particulier l'impossibilité de créer une école privée sans qu'une école publique n'existe au préalable et la condition que plus de la moitié des enseignants soient titularisés fonctionnaires pour permettre à leur école privée de recevoir des subventions publiques.

    Ces modifications ont mis le feu politique. Parallèlement se déroulait la deuxième campagne des élections européennes qui ont eu lieu le 17 juin 1984 avec un désastre (ce n'est pas nouveau !) pour le gouvernement : la liste UDF-RPR menée par Simone Veil a obtenu 43,0% des voix (du jamais vu !), suivie de la liste du PS menée par Lionel Jospin avec moins de la moitié, 20,7% des voix, et autre coup de tonnerre, la liste du FN menée par Jean-Marie Le Pen, avec 11,0%, a fait quasiment jeu égal avec la liste du PCF menée par Georges Marchais, 11,2% ! Les autres listes ont fait moins de 4% des voix. La liste de Simone Veil s'appelait d'ailleurs très officiellement : « Union de l'opposition pour l'Europe et la défense des libertés ». Cette "défense des libertés" reprenait évidemment le mouvement pour la liberté de l'enseignement.

     

     
     


    Dès le 22 mai 1984, ce mouvement a organisé une énorme manifestation nationale le dimanche après les élections, le dimanche 24 juin 1984 à Paris, veille des épreuves du baccalauréat de français. Là encore, c'était la base qui était à l'origine de la mobilisation, et 2 millions de personnes sont venues de toute la France, arborant leur origine géographique sur les pancartes. Il faut noter que le service d'ordre était très efficace et que, malgré le nombre, il n'y a eu aucun dérapage (ce n'était pas évident et les forces de l'ordre étaient sur le qui-vive). Trois évêques, entre autres, étaient présents, Mgr Jean Vilnet, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, et Mgr Jean Honoré, archevêque de Tours. En général, les évêques n'étaient pas très chauds pour défiler et prendre part au débat public, mais l'enjeu était très important dans ce cas-là.

    Il y a eu quatre cortèges et les responsables politiques ont évidemment participé à cette manifestation, en particulier les grands ténors de l'opposition : Jacques Chirac, Bernadette Chirac, Valéry Giscard d'Estaing, Jean Lecanuet, Simone Veil, Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré, Claude Labbé, Charles Pasqua, Bernard Pons, Jean-Claude Gaudin, etc. Parmi les personnalités, il y avait également, près de Simone Veil, une (jeune) avocate, Nicole Fontaine, secrétaire générale adjointe puis déléguée de l'enseignement catholique, nouvellement élue députée européenne en 1984 et qui allait devenir en 1999 Présidente du Parlement Européen avant d'être nommée Ministre de l'Industrie par Jean-Pierre Raffarin.

     

     
     


    Le Front national, qui venait de gagner dix sièges au Parlement Européen, a manifesté un peu à part, notamment Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Stirbois, et les autres manifestants ne voulaient surtout pas se mélanger à eux.

    Pour donner une idée de l'état d'esprit de François Mitterrand, cette petite histoire racontée par le (jeune) sénateur Josselin de Rohan (nouvellement élu en septembre 1983) : le jour même, François Mitterrand a demandé au sénateur RPR de la Sarthe Jacques Chaumont s'il comptait se rendre à la manifestation de l'après-midi, le sénateur lui a dit bien sûr et le Président lui a répondu qu'il allait certainement y croiser la moitié de sa famille !

    Même le pape Jean-Paul II y est allé de son grain de sel en déclarant le 29 juin 1984 : « Les catholiques ont le droit et le devoir de défendre leur école. ». Le texte de la réforme Savary est allée au Sénat et, après une vaine tentative de conciliation du Président (centriste) du Sénat Alain Poher auprès de François Mitterrand, Charles Pasqua, président du groupe RPR au Sénat, a convaincu l'ensemble de la majorité sénatoriale de voter le 5 juillet 1984 une motion de référendum, si bien que le texte n'a pas été discuté par la Haute Assemblée, simplement renvoyé pour un référendum improbable. C'était très habile politiquement : en réclamant un référendum sur la réforme Savary, l'opposition avait gagné la bataille de l'opinion puisque rien n'était plus démocratique que de demander au peuple son avis. S'opposer à cela était difficile.

    Le même jour (5 juillet 1984), François Mitterrand, en déplacement au Puy-en-Velay, a assuré qu'il ne céderait pas, mais les jeux étaient déjà faits : avec le désastre électoral des européennes et l'énorme manifestation du 24 juin, il ne pouvait pas ne pas prendre une initiative majeure. Il n'y en a que trois pour un Président de la République : dissolution, changement de Premier Ministre et référendum. Au contraire du Président Emmanuel Macron en juin 2024, François Mitterrand a utilisé les deux autres outils d'une manière assez habile.

     

     
     


    En effet, pour mettre fin à l'incendie de la guerre scolaire, avant la fête nationale, François Mitterrand a annoncé dans une allocution télévisée le 12 juillet 1984 qu'il renonçait au projet Savary et qu'il proposait un référendum sur le référendum. Ce qui allait devenir le vaudeville politique de l'été 1984 était une fumeuse et néanmoins géniale de François Mitterrand (qui allait faire papoter les constitutionnalistes pendant tout l'été). Puisque l'opposition voulait un référendum, alors chiche ! Mais comme l'article 11 de la Constitution n'autorisait pas à faire un référendum sur l'éducation, alors il fallait d'abord réviser cet article de la Constitution, et il voulait que cette révision fût approuvée par référendum. Dans sa traditionnelle interview du 14 juillet 1984 sur TF1, François Mitterrand a couvert de fleurs le ministre Alain Savary, ce qui faisait sentir le sapin, et ce dernier, ulcéré par l'abandon du projet de loi qu'il avait appris comme les Français devant sa télévision, a présenté sa démission le 17 juillet 1984. Pierre Mauroy, choqué aussi par l'initiative présidentielle, a donné le même jour la démission de son gouvernement.

    Laurent Fabius, "le plus jeune Premier Ministre donné à la France", fut nommé quelques heures plus tard à Matignon, Jean-Pierre Chevènement nommé au Ministère de l'Éducation nationale, les communistes ont refusé de poursuivre leur participation au gouvernement et le Sénat a rejeté le texte de révision adopté au conseil des ministres du 18 juillet 1984 sur l'article 11, faisant échouer l'initiative présidentielle, mais ce n'était plus important puisque l'essentiel était de désamorcer la crise de l'école.

    Celle-ci est revenue sporadiquement lors du gouvernement d'Édouard Balladur lorsque son Ministre de l'Éducation nationale, un certain François Bayrou, a voulu réformer la loi Falloux sur le financement de l'enseignement privé (projet de loi adopté le 14 décembre 1993 par le Parlement, grèves spontanées, grande manifestation laïque le 16 janvier 1994 malgré l'annulation des dispositions contestées le 13 janvier 1994 par le Conseil Constitutionnel). Des stigmates de cette guerre scolaire, on les a encore ressentis lors de la polémique avec Amélie Oudéa-Castéra, nommée Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, qui s'est maladroitement enlisée médiatiquement sur ses enfants qu'elle avait placés dans l'enseignement privé (ce qui était son droit le plus absolu). Ce sujet, on le voit, est resté très sensible auprès des Français et il faut aussi comprendre que ce mouvement pour l'école libre, très populaire, n'a pas grand-chose à voir avec la Manif pour tous qui, en 2013, s'est beaucoup mobilisée pour s'opposer au mariage pour tous.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (22 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Il y a 40 ans, l'énorme manifestation pour l'école libre.
    Amélie Oudéa-Castéra.
    Journée de lutte contre le harcèlement scolaire : est-elle utile ?
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    L'assassinat de Dominique Bernard au lycée Gambetta d'Arras.
    G. Bruno.
    Gabriel Attal, nouveau ministre de l'éducation nationale.
    Pap Ndiaye.
    Les vacances scolaires sont-elles trop longues ?
    Nos enseignants sont des héros !
    Prime à l'assiduité : faut-il être choqué ?
    Violence contre une prof et vidéo dans les réseaux sociaux.
    Transgression à Marseille : recruter des profs plus "librement" ?
    Samuel Paty : faire des républicains.
    Samuel Paty : les enseignants sont nos héros.
    La sécurité des personnes.
    Lycée Toulouse-Lautrec.
    Transgression à Marseille : recruter des profs plus "librement" ?
    L’école publique gratuite de Jules Ferry.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    Genrer la part du Lyon ?
    Daniel Pennac, ministre de l'éducation nationale.
    René Haby.
    Le handicap et l'école.
    La féminisation des noms de métiers et de fonctions.
    Les écoles ne sont pas des casernes.
    La laïcité.
    La réforme du baccalauréat.
    Prime à l’assiduité.
    Notation des ministres.
    Les internats d’excellence.
    L’écriture inclusive.
    La réforme de l’orthographe.
    La dictée à  l’école.
    La réforme du collège.
    Le réforme des programmes scolaires.
    Le français et l’anglais.
    Le patriotisme français.
    Jean-Michel Blanquer.
    Jean Zay.
    Vincent Peillon.
    Alain Devaquet.
    Alain Savary.













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    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/il-y-a-40-ans-l-enorme-255286

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/23/article-sr-20240624-manifestation-ecole-libre.html



     

  • Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !

    « Alors que nous faisons face à de nombreux défis semblables aujourd'hui, inspirons-nous [des] convictions [de Jacques Delors]. (…) Quelles que soient nos difficultés, aussi insurmontables puissent-elles paraître, nous devons toujours garder à l'esprit son conseil aux générations futures : "La Grande Europe a son avenir devant elle. N'ayez pas peur, nous y arriverons". » (Ursula von der Leyen, le 31 janvier 2024).



     

     
     


    La dissolution de l'Assemblée Nationale en France et la préparation des élections législatives éclair (dépôt des candidatures le dimanche 16 juin 2024 à 18 heures) ont un peu éclipsé l'événement politique (initial) de ce mois de juin, à savoir les élections européennes, et en particulier, la configuration du nouveau Parlement Européen issue des urnes européennes le 9 juin 2024.

    Or, pendant des mois, les commentateurs européens n'ont cessé d'envisager une prise de contrôle de cette noble (et récente) institution par les groupes d'extrême droite ou de droite musclée.


    La réalité, c'est qu'effectivement, il y a eu un léger déplacement du paysage politique européen vers la droite, mais à peine et cela ne fera pas changer les grands équilibres. Rappelons que pendant très longtemps, deux grands groupes faisaient la météo à Strasbourg, le PPE (Parti populaire européen) auquel est rattaché LR, le centre droit, et S&D (les sociaux-démocrates) auquel est rattaché le PS en France. Mais dans la dernière configuration (en 2019), les deux groupes n'avaient pas la majorité absolue et le jeu à deux est devenu un jeu à trois, en incluant le groupe centriste, anciennement appelé ALDE (libéraux démocrates) et rebaptisé par Emmanuel Macron le groupe Renew (ou Renaissance), troisième groupe en importance numérique.

    Les électeurs français ont plus voté que dans la moyenne européenne, 51,5% au lieu de 51,1%. Mais certains pays font de très fortes participation (comme la Belgique avec 89,8%) mais de manière assez artificielle puisque le vote est obligatoire. Ce qui peut être comparable est la participation en Allemagne (64,8%) et en Italie (48,3%).

     

     
     


    À l'issue de ces élections du 9 juin 2024, cette configuration est restée la même dans les grandes lignes. Le PPE, premier groupe du Parlement Européen depuis des décennies, a obtenu 190 sièges sur 720 (+3), les sociaux-démocrates 136 sièges (-12), Renew Europe (centristes) 80 sièges (-17), les conservateurs et réformistes européens (CRE) 76 sièges (+14), Identité et Démocratie (ID) 58 sièges (-18), les Verts 52 sièges (-15), la Gauche (extrême gauche) 39 sièges (-1). Ces résultats, il faut évidemment les commenter.

    Les deux groupes d'extrême droite sont CRE et ID. CRE a gagné beaucoup de sièges car c'est le groupe de la Présidente du Conseil italienne Giorgia Meloni qui a gagné les élections en Italie, et qui a beaucoup travaillé pour se "dédiaboliser", refusant d'accueillir le RN. ID est le groupe de la Ligue (Lega) de Matteo Salvini et du RN qui, paradoxalement, malgré les bons résultats de la France (30 députés RN entrent au Parlement Européen, ce qui en fait la plus grosse délégation nationale, devant celle de la CDU), a perdu des sièges à cause de l'exclusion de l'AfD (son leader ayant déclaré que les SS n'étaient pas forcément des criminels !). Il faut aussi considérer les non-inscrits (45 députés, soit 17 de plus) et les "autres" (?), ceux qui ne sont ni non-inscrits ni inscrits à un groupe politique déjà existant, au nombre de 44 (soit +44), dont les élus de l'AfD. Ces derniers vont probablement soit créer un nouveau groupe soit s'intégrer dans d'autres groupes, d'ici à l'installation du nouveau Parlement Européen le 16 juillet 2024. Pour rappel, les députés européens peuvent créer un groupe politique s'ils sont au moins 23 issus d'au moins 7 États membres.
     

     
     


    Mais il n'y aura pas de suspense dramatique pour cette nouvelle législature. En effet, avant le scrutin, on savait que Giorgia Meloni tentait de quémander le soutien de son groupe CRE à la reconduction de l'actuelle Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, en contre-partie de mesures contre l'immigration. Mais cette dernière n'aura pas besoin des voix de l'extrême droite car l'ensemble PPE, S&D et Renew a gardé sa majorité absolue dans l'hémicycle de Strasbourg avec 406 sièges sur 720, soit plus de 56% des sièges du Parlement Européen (la majorité absolue est à 361).

    Car l'un des enjeux importants de ces élections européennes, qui est passé largement au-dessus des têtes en France (entre autres), c'est le choix (démocratique !) du futur Président de la Commission Européen. Je rappelle comment il est désigné : il est choisi par le Conseil Européen, c'est-à-dire les chefs d'État et de gouvernement des vingt-sept États membres, tous légitimes et choisis démocratiquement dans leur pays (il faut le rappeler une fois pour toutes !), parmi le groupe qui est le plus nombreux (donc ici le PPE), et le choix de cette personnalité doit être ratifié par une majorité au Parlement Européen (du reste, les autres commissaires européens aussi).

     

     
     


    Au cours de la campagne des européennes, il y a donc eu des candidats à cette fonction (on les appelle en allemand : "Spitzenkandidaten"), en particulier les deux principaux : la sortante Ursula von der Leyen pour le PPE (choisie par le PPE le 7 mars 2024 à son congrès à Bucarest par 400 voix sur 7437 contre 89 voix, notamment celles des Français et des Slovènes), et le Luxembourgeois Nicolas Schmit, commissaire européen sortant, pour S&D (choisi le 2 mars 2024).

    Pour le groupe Renew, c'est un peu plus compliqué car il y a deux candidats : celui des libéraux démocrates de l'ALDE est l'Allemande Marie-Agnes Strack-Zimmermann désignée le 20 mars 2024 (pressentis, Kaja Kallas, la Première Ministre estonienne, puis Xavier Bettel, l'ancien Premier Ministre luxembourgeois, ont refusé de l'être) et celui du PDE (Parti démocrate européen) dont fait partie le MoDem par exemple, l'Italien Sandro Gozi (élu sur la liste de Valérie Hayer en France), désigné le 8 mars 2024 à Florence.

    Les deux groupes d'extrême droite CRE et ID n'ont pas désigné de candidat, ce qui est logique puisqu'ils sont contre le principe de l'Union Européenne (rappelons-le). Les Verts ont désigné quatre candidats, ce qui est assez confus (il y a deux partis et chacun a désigné un homme et une femme). Le parti La Gauche (extrême gauche) a désigné le communiste autrichien Walter Baier le 25 février 2024 à Ljubljana (en Slovénie).

     

     
     


    Pendant la campagne, il y a eu au moins trois débats organisés avec ces candidats à la Présidence de la Commission Européenne, tous en anglais (avec traduction), dont le dernier au moins a été retransmis en direct sur la chaîne franceinfo (canal 27) le 23 mai 2024 dans l'après-midi. Je ne la connais pas mais j'imagine que son audience fut lilliputienne ! Avant le scrutin, on envisageait aussi une candidature de compromis (avec les groupes d'extrême droite) avec Mario Draghi, ancien Président du Conseil italien et ancien président de la BCE, qui aujourd'hui conseille Giorgia Meloni pour ne pas perdre les subventions européennes.

    Sauf coup de théâtre, la reconduction d'Ursula von der Leyen paraît donc très probable, vu les résultats de ces élections européennes. Le vent de l'extrême droite n'a finalement pas soufflé très fort en Europe, contrairement à ce que l'on craignait, sauf évidemment en France mais celui-ci n'a pas pu être vraiment ressenti puisqu'il a été "soufflé" par un vent encore plus fort (un vent de tempête ?) nommé... dissolution !

    Deux ou trois autres personnalités devront être par ailleurs nommés dans les institutions européennes d'ici à juillet 2024 par le Conseil Européen : le Président du Conseil Européen (actuellement Charles Michel qui, a priori, ne sera pas reconduit car c'était son second mandat de deux ans et demi), le Président du Parlement Européen (actuellement la conservatrice maltaise Roberta Metsola) et le président de la Banque centrale européenne (BCE), actuellement Christine Lagarde. Et il y a aussi, en tant que Vice-Président de la Commission, le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, actuellement le socialiste espagnol Josep Borrell (77 ans), sûrement pas reconduit en raison de son âge. Inutile de dire que tous les pays européens vont négocier ferme leur bout de gras jusqu'au bout... mais peut-être pas la France occupée à des élections législatives anticipées d'une importance déterminante.



    Aussi sur le blog.


    Sylvain Rakotoarison (15 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    Ursula von der Leyen.
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240615-europeennes.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2024-5-la-255227

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  • Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !

    « Oui, 2024 sera vous l’avez compris un millésime français. Parce que c’est une fois par décennie que l’on commémore avec cette ampleur notre Libération. C’est une fois par siècle que l’on accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques. Et c’est une fois par millénaire que l’on rebâtit une cathédrale. C’est une fois par génération que le destin de la suivante se joue comme sans doute il se joue maintenant. (…) Oui, cette année, beaucoup de notre avenir se détermine. Alors, à nous de faire ensemble. À nous de choisir plutôt que de subir, à nous de tracer la route plutôt que de suivre. » (Emmanuel Macron, allocution télévisée du 31 décembre 2023).




     

     
     


    Je reviens sur les résultats des élections européennes de ce dimanche 9 juin 2024 en France (j'évoquerai le reste de l'Union Européenne dans un article ultérieur). Il est des moments de l'histoire qui s'accélèrent à vitesse folle, et c'est le cas de ces semaines actuelles. Je me dépêche donc d'évoquer ces élections européennes qu'on a complètement oubliées en France après l'allocution présidentielle (il y a de quoi s'étonner qu'un Président aussi pro-européen efface aussi vite l'écho médiatique des européennes pour plonger la France dans la politique politicienne pendant un mois).

    Les résultats officiels (mais non définitifs) peuvent être lus à ce lien. Le premier enseignement est que, pour des élections européennes, la participation est à la hausse (légère hausse) par rapport à mai 2019, elles mêmes en hausse par rapport à 2014. C'est clair que lorsqu'il y a un enjeu, il y a une mobilisation. Néanmoins, avec 51,5% des inscrits, elle reste encore très faible et insuffisante : un électeur sur deux n'a pas pris part au vote. Dans le bureau de vote que je tenais, il y avait parfois la queue (une dizaine de personnes), mais aussi des moments de solitude (pas seul, je rassure, une urne ne doit jamais être sans la surveillance d'au moins deux personnes).

    Le dépouillement aurait pu être rapide mais avec le nombre de listes très élevé (trente-huit) et leur dénomination qui souvent ne fait intervenir ni le nom de la tête de liste ni le numéro d'ordre, c'est parfois difficile de ne pas se tromper de case. Ainsi, à une table de dépouillement, le bulletin de l'écologiste Jean-Marc Governatori a été confondu avec celui de l'écologiste Marie Toussaint. Combien d'électeurs ont-il peu se perdre dans la confusion ? Je l'ignore, mais c'est en tout cas astucieux de la part de Jean-Marc Governatori qui avait été candidat à la primaire des écologistes en 2021.

    Passons aux résultats en eux-mêmes et à leurs enseignements. Il n'y a pas eu de surprise puisque, pour les grandes listes, cela correspond à peu près aux derniers sondages, avec un resserrement entre Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann, mais les courbes sans se croiser, une remontée de Manon Aubry et deux listes qui ont failli passer sous la barre de 5%.

    Il faut donc dire ce qui est, le défaite annoncée est bien là : pour la liste conduite par Valérie Hayer pour le compte de la majorité présidentielle, que j'ai soutenue, c'est une énorme défaite avec seulement 14,6% des voix, elle fait nettement moins que la liste macroniste de 2019 et ne fait rentrer au Parlement de Strasbourg que 13 élus, ce qui est faible pour peser sur un groupe, toujours le troisième, Renew, qui devrait peser 79 sièges sur 720. L'honneur est sauf de devancer la liste socialiste, mais il n'y a pas de quoi être fier avec seulement moins de 200 000 voix d'avance (0,8%). Selon certaines sources, l'Élysée était persuadé, même à la fin de la campagne, que Valérie Hayer remonterait à 20% des voix.

    Inversement, la liste de Jordan Bardella a obtenu une très belle victoire avec 31,4% des voix et 30 sièges. D'un point de vue historique, c'est le deuxième meilleur score pour des élections européennes depuis 1979, le premier étant les 43,0% de la liste menée par Simone Veil en juin 1984. Localement, c'est aussi la Bérézina partout : plus de 97% des communes de France ont placé la liste RN en première position, et à l'exception de deux départements, quasiment tous les départements, et toutes les régions ont placé la liste RN en première position. C'est donc un mouvement de fond et général sur tout le territoire. Se placer systématiquement en première position partout, cela signifie que dans quasiment toutes les 577 circonscriptions, le RN est assuré d'être présent au second tour si son candidat n'est pas élu dès le premier tour. C'est donc impressionnant et très rare dans l'histoire électorale de la France.

    Mettons cependant un petit bémol dans cette victoire du RN. Incontestablement, c'est la plus belle de ce parti depuis cinquante-deux ans, c'est vrai, et à ce titre, elle restera dans les livres d'histoire. Mais tentons de relativiser pour se donner la perspective des élections législatives anticipées qui arrivent. Il est parfois très instructif de prendre les résultats brut, c'est-à-dire, le nombre de voix, c'est-à-dire, derrière les chiffres, les personnes. Jordan Bardella a rassemblé près de 7,8 millions de voix, c'est beaucoup, mais un peu moins que Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle d'avril 2022 : 8,1 millions de voix. Comme il y a moins de participation, les pourcentages sont très différents entre 2024 et 2022, mais on peut imaginer que le RN a réussi à mobiliser quasiment tous ses primoélecteurs de 2022 (et cela, c'est un bel exploit). Inversement, Valérie Hayer n'a recueilli que 3,6 millions d'électeurs, tandis que candidat Emmanuel Macron avait obtenu au premier tour de l'élection présidentielle d'avril 2022 près de 9,8 millions d'électeurs. Où sont donc passés les 6,2 millions d'électeurs qui ont manqué à la liste de la majorité présidentielle ? J'insiste : c'était au premier tour (pas second), et Emmanuel Macron avait déjà exercé son premier mandat (ils le connaissaient donc). Certains de ses primoélecteurs de 2022 ont pu être déçus, évidemment, et l'abandonner en cours de route, mais les deux principales réformes clivantes qui ont été adoptées en deux ans, réforme des retraites et loi Immigration, avaient été annoncées pendant la campagne présidentielle, il n'a pas eu de surprise à ce sujet. Valérie Hayer n'a donc su mobiliser qu'un tiers de l'électorat macroniste. Elle est là, la réserve de voix de la Macronie pour les élections législatives anticipées. L'enjeu pour la majorité présidentielle, c'est de mobiliser son propre électorat !

    La bonne performance de la liste de Raphaël Glucksmann (13,8% des voix et 13 sièges aussi, François Kalfon élu in extremis) n'a rien à voir avec le PS, très peu visible et audible dans cette campagne. Son éloignement du PS dès ce lundi 10 juin 2024, puisqu'il refuse absolument toute alliance avec FI, montre que ses électeurs se sont fait duper : voter pour Raphaël Gluckmann était voter pour Jean-Luc Mélenchon, même s'il refusait de le reconnaître (et malgré lui !). En clair, la majorité présidentielle peut avoir une réserve de voix dans l'électorat de Raphaël Glucksmann (pas la totalité mais une bonne partie). La rapidité à se mettre ensemble des partis de la Nupes, même le PCF, montre qu'ils restent les mêmes, sous allégeance des insoumis qui, par ailleurs, ont fait plutôt bonne performance en frôlant les 10% (9,9% des voix et 9 sièges).

    La liste LR, si elle fait mieux que Valérie Pécresse en 2022, reste à plafonner comme en 2019, avec 7,3% des voix, soit 6 sièges, empêchant la réélection de Brice Hortefeux (pas celle de Nadine Morano qui a failli y passer). Cela confirme une nouvelle fois, depuis 2019, que le parti Les Républicains est devenu une petite formation politique, avec ce grand écart entre la tentation Le Pen et la tentation Macron (la campagne des législatives risque d'y apporter un point final).

    Les deux dernières "grandes" listes ont failli n'avoir aucun siège. Les écologistes de Marie Toussaint n'ont obtenu que 5,5% des voix (5 sièges), soit moins de la moitié de la liste de Yannick Jadot en 2019. Il est clair que les électeurs ont exprimé un ras-le-bol des contraintes voulues par la transition écologique, dont a été aussi victime la liste de la majorité présidentielle. En revanche, nouvelle formation dans le paysage politique, Reconquête, le parti d'Éric Zemmour, s'y ancre avec 5,5% aussi (moins de 9 000 voix d'écart avec les écologistes), envoyant cinq élus à Strasbourg : Marion Maréchal, Guillaume Peltier, tous les deux anciens députés, Sarah Knafo, très proche d'Éric Zemmour, Nicolas Bay, député européen sortant ex-RN, ainsi que Laurence Trochu, président ex-LR de Sens commun. En comptant cette liste, le niveau électoral de l'extrême droite est donc très élevé en France puisqu'il correspond à environ 37% de l'électorat. C'est énorme !

     

     
     


    Passons aux "petites" listes. Celle de Léon Deffontaines, du PCF, bénéficiant pourtant des plateaux de télévision comme les "grandes", n'a pas réussi à gagner de siège (le député européen sortant Emmanuel Maurel est donc battu). C'était sans surprise, et son score de 2,4% correspond aussi aux estimations des sondages. De tous les candidats qui n'ont pas bénéficié de cette devanture médiatique, la liste de Jean Lassalle est la première, avec 2,4% aussi, elle ne fait que 1 000 électeurs de moins que les communistes et pourtant, elle a été complètement négligée par le paysage audiovisuel français. C'était pourtant prévisible, en 2022, Jean Lassalle avait récolté sur son nom 3% des voix.

    Ensuite, arrive Hélène Thouy, du Parti animaliste, qui, comme en 2019, sans beaucoup de publicité, a fait encore une bonne performance, 2,0% des voix (près de 500 000 voix), ce qui n'est pas rien. En 2019, elle s'affichait avec un chien. L'affiche avait alors été décisive pour des électeurs hésitant encore devant leur bureau de vote avant d'aller voter. Cette année, l'affiche est encore plus attractive puisqu'il s'agit d'un chat sur une épaule humaine, et aujourd'hui en France, il y a plus de possesseurs de chats que de chiens.


    La onzième liste (sur trente-huit) est celle de l'écologiste centriste Jean-Marc Governatori, avec 1,3% des voix, la bouille plutôt sympa et bénéficiant peut-être d'une proximité graphique du bulletin de la liste EELV. Les deux suivants sont les frères ennemis du Frexit qui, décidément, n'est pas voulu par les Français (tant mieux !), avec l'ennuyeux François Asselineau 1,02% des voix et l'excité Florian Philippot 0,93%, seulement 23 000 voix les séparent.

    Je termine avec trois listes encore : celle de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) qui a fait 0,5% des voix (on est loin de hauts scores d'Arlette Laguiller en juin 1999 : 5,2% des voix !), et deux listes écologistes périphériques, celle de Yann Wehrling (ex-EELV, ex-MoDem) à 0,4%, et Équinoxe de la souriante Marine Cholley à 0,3%. Je renonce à évoquer les 22 autres listes qui ont rassemblé chacune moins de 65 000 électeurs et moins de 0,26% des voix, sinon pour évoquer le sort du député européen sortant Pierre Larrouturou, élu sur la liste socialiste en 2019 et tête de liste de son nanoparti Nouvelle donne, qui n'a fait que 0,05% des voix (on est à la deuxième décimale, en général, je l'évite !) et 13 068 électeurs (à confirmer avec les résultats définitifs). Les élections sont souvent rudes pour l'ego des candidats. Et évoquer aussi le sort de la liste commune de Francis Lalanne et Dieudonné : 5 474 voix (sous réserve des résultats définitifs), soit 0,02% (ayé, on a levé l'hypothèque Lalanne !!).


    Ah si, j'en évoque pour l'anecdote une dernière, la toute dernière liste du tableau, c'est la liste Démocratie représentative menée par le militant communautariste Hadama Traoré, et il a rassemblé officiellement (sous réserve des résultats définitifs) ...749 voix ! (même pas 8 voix par département !), soit 0,003% (on est à la troisième décimale !).

    Je proposerai un article sur ce que cela va signifier sur le plan européen (où, finalement, il y aura peu de changements dans l'ensemble), mais la signification politique franco-française, elle est déjà largement dépassée avec la décision du Président de la République qui a immédiatement fait table rase.

    Emmanuel Macron aurait pu tendre le dos et attendre que cela se passe. Par exemple, l'échec de la majorité est moins cuisant que celui de François Hollande et Manuel Valls en mai 2014 (mais ce n'est pas un modèle), où les listes PS (de la majorité présidentielle) n'avait fait que 13,98% des voix face aux listes du RN 25,0% et celles de l'UMP 20,8%. Si la liste Hayer a fait moins de la moitié de la seule liste au-dessus d'elle, ce n'est pas un tiers ni placée en troisième position. La venue des Jeux olympiques et paralympiques auraient rapidement fait oublier la cuisante défaite, et la rentrée 2024 aurait été dans un autre contexte. Mais le Président de la République a préféré un coup de poker en usant de son outil de la dissolution. On verra donc ce qui surnagera dans quelques semaines, mais ça promet quelques remous et des lignes qui bougent voire des partis qui explosent en plein vol (à suivre !).


    Aussi sur le blog.


    Sylvain Rakotoarison (10 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    Ursula von der Leyen.
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !

     
     
     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240609-europeennes.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2024-4-la-255131

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/10/article-sr-20240609-europeennes.html




     

  • Sidération institutionnelle : la Vie dissolue d'Emmanuel Macron

    « - Le Président de la République peut, après consultation du Premier Ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée Nationale.
    - Les élections générales ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.
    - L'Assemblée Nationale se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection. Si cette réunion a lieu en dehors de la période prévue pour la session ordinaire, une session est ouverte de droit pour une durée de quinze jours.
    - Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit ces élections. »
    (Article 12 de la Constitution).





     

     
     


    On ne va pas le cacher, je reste surpris et atterré par la dissolution annoncée par le Président Emmanuel Macron au soir des élections européennes de ce dimanche 9 juin 2024. J'étais dans mon bureau de vote en fin de dépouillement quand je l'ai appris et je l'ai moi-même appris aux autres assesseurs et scrutateurs consternés.

    Par l'observation continue des scrutins de la Cinquième République, je pressentais bien qu'il y aurait, comme dans tous les scrutins, une surprise. La surprise de ces européennes, c'est qu'en gros, les résultats sont cohérents avec ce que donnaient les derniers sondages, je les commenterai donc, mais plus tard, dans un autre article. La surprise et la sidération ne viennent pas de ces résultats finalement attendus, mais de la réaction très rapide, trop rapide ?, du Président, au cours d'une courte allocution télévisée à 21 heures, celle de dissoudre l'Assemblée Nationale et d'organiser de nouvelles élections législatives dès le 30 juin 2024 pour le premier tour et le 7 juillet 2024 pour le second tour.

    Après avoir constaté la défaite de son camp et la victoire des populistes, Emmanuel Macron a déclaré en effet : « Pour moi, qui ai toujours considéré qu'une Europe unie, forte, indépendante est bonne pour la France, c'est une situation à laquelle je ne peux me résoudre. La montée des nationalistes, des démagogues, est un danger pour notre nation, mais aussi pour notre Europe, pour la place de la France en Europe et dans le monde. (…) Oui, l'extrême droite est à la fois l'appauvrissement des Français et le déclassement de notre pays. Je ne saurais donc, à l'issue de cette journée, faire comme si de rien n'était. À cette situation s'ajoute une fièvre qui s'est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays, un désordre qui, je le sais, vous inquiète, parfois vous choque, et auquel je n'entends rien céder. Or, aujourd'hui, les défis qui se présentent à nous, qu'il s'agisse des dangers extérieurs, du dérèglement climatique et de ses conséquences, ou des menaces à notre propre cohésion, ces défis exigent la clarté dans nos débats, l'ambition pour le pays et le respect pour chaque Français. C'est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l'article 12 de notre Constitution, j'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale. Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second. Cette décision est grave, lourde, mais c'est avant tout, un acte de confiance. ».


    Comme je l'ai rappelé en début d'article, si l'agenda est serré (j'écrirais même dément pour les communes qui organiseront les deux scrutins !), il reste constitutionnel. L'article 12 de la Constitution dit entre vingt et quarante jours de la dissolution, et là, le Président a proposé vingt et un jours. Un record ! Évacuons quelques remarques préliminaires : comme dans le cas d'un référendum, le principe de retourner aux urnes est, en lui-même, un gage de démocratie, évidemment. Donner la parole au peuple est toujours un gaine de démocratie. Mais il est des décisions qui peuvent être désastreuses. Jouer avec le feu peut brûler.

    Car la première image qui vient à l'esprit, c'est le Président qui offre sur un plateau d'argent le pouvoir au RN, pour deux à trois ans au moins. Comment a-t-il pu penser qu'en trois semaines, les Français changeraient radicalement de tendance électorale ? Au contraire, on a bien vu en 1981, 1988, 2002, 2007, 2012, 2017 et 2022 que les Français ont confirmé la tendance présidentielle aux législatives qui ont suivi, parfois en l'amplifiant, parfois en la freinant mais jamais en la désavouant. Or, on peut imaginer raisonnablement que la tendance ici, favorable au RN, serait amplifiée avec ces élections législatives anticipées. Il faut comprendre que le RN a infusé dans toutes les catégories de la population, âge, catégorie socioprofessionnelle, niveau d'études, etc. Et que son audience électorale remarquable provient d'un mouvement de fond, très profond, pas seulement des gilets jeunes, mais depuis quarante ans (septembre 1983 à Dreux) et, en outre, c'est un mouvement international qui touche pratiquement toute l'Europe (les élections britanniques du 4 juillet 2024 seront instructives) et même les États-Unis, l'Amérique du Sud, etc. (d'où la responsabilité d'Emmanuel Macron pas vraiment évidente).

    Et le calendrier ! Quelle sottise ! Juste en fin d'année scolaire, quand les gens se préparent à leurs vacances (méritées). Juste avant les Jeux olympiques et paralympiques (bonjour la sécurité ! Sans compter que faire campagne dans un Paris à circulation impossible, cela pose quelques questions). Les week-ends de début d'été sont souvent très occupés pour les loisirs, seuls moments de détente après un printemps cette année particulièrement pluvieux. Manifestement, mais on le savait déjà, l'Élysée ne sent pas le pays.


    Dès lors que la dissolution est considérée comme un coup politique, la colère n'en prendra que plus d'ampleur. Ceux qui ont contribué à cette décision auront, face à l'histoire, une bien grave responsabilité. Car imaginer que tout le monde, hors de l'extrême droite, va rejoindre la Macronie au nom d'un combat sur les valeurs morales, c'est perdu d'avance et on le savait depuis 2017. On ne combat pas l'extrême droite, d'autant plus que son emballage a l'air plaisant, avec des incantations moralisatrices dont les électeurs n'ont rien à faire. D'ailleurs, Éric Ciotti, le président de LR, a rapidement confirmé qu'il n'était pas question de faire alliance avec la majorité présidentielle. Quant au PS, il ne lorgne que vers les insoumis sur lesquels ils ont repris l'ascendant électoral (et montre au passage le visage qu'il a toujours eu depuis 2018). Eh puis, que penser d'un Président qui répond "chiche !" aux revendications de dissolution réclamées à grands cris par l'extrême droite ? Comment peut-on tomber dans un tel piège tout seul ? Suicide collective à la mode kamikaze ? C'est comme si on sautait dans le vide de peur d'y être poussé.

    Cette dissolution du 9 juin 2024 a pour conséquence d'oublier encore un peu plus l'Europe, et le Parlement Européen, ce qui est franchement triste et décevant, surtout pour un Président si proche des partisans de la construction européenne. Elle a néanmoins quelques avantages non négligeables mais de court terme : interrompre l'examen du projet de loi sur l'euthanasie ; ne pas instaurer de proportionnelle aux législatives ; casser la concomitance présidentielle suivie des législatives depuis 2002 ; en finir avec cette Assemblée Nationale où régnait le désordre permanent (par le choc de deux extrêmes).

    Quelles ont été les motivations réelles d'Emmanuel Macron ? Probablement que les historiens se pencheront dans quelques décennies sur cette question en séchant. S'il souhaitait lever l'hypothèque RN, il risquerait d'en avoir pour ses frais. Après tout, le Zentrum a bien cherché à lever l'hypothèque de la NSADP en 1933. Rappelons aussi qu'un parti à 30%, comme c'est le cas aujourd'hui avec le RN, c'est la capacité d'obtenir plus de 50% des députés... sauf véritable sursaut électoral.

    Donner le pouvoir au RN pendant deux ou trois ans, sous contrôle présidentiel par une nouvelle cohabitation et éviter de perdre l'élection présidentielle. Maligne, Marie Le Pen s'est bien gardée de vouloir Matignon. Elle préfère laisser la responsabilité à Jordan Bardella dit Coquille vide, dont l'éventualité de l'échec n'impacterait pas sur l'avenir supposé présidentiel de Marine Le Pen. Mais qui dit qu'un gouvernement RN serait forcément impopulaire ? Le RN, astucieux, pourrait avoir tout le loisir, au contraire, de se rendre populaire en supprimant la limitation à 80 kilomètres par heure, le contrôle technique pour les motards, la fin des véhicules thermiques, et quelques autres mesures démagogiques et irresponsables qui soulageraient les Français inquiets par leurs libertés rognées de toute part.


    Il ne faut pas non plus oublier que, comme en 1997, la dissolution oblige le Président de la République qui ne pourra pas dissoudre avant un an. Une configuration de cohabitation donnerait donc nécessairement un grand ascendant au RN s'il gagnait les législatives anticipées car ses députés seraient "indissolvables" pendant un an !

    Cette dissolution du 9 juin 2024, qui restera dans les annales de la République, cela ne fait aucun doute, est la sixième depuis le début de la Cinquième République. Il est facile de se retourner en arrière pour imaginer l'avenir. Dans l'analyse, il faut éliminer les deux dissolutions prises juste après l'élection puis la réélection de François Mitterrand qui n'ont été que des confirmations sans surprise.

    Sans doute que la première comparaison qui arrive à l'esprit est celle avec la dissolution du 21 avril 1997 faite par Jacques Chirac. Et le parallélisme est terrible. Des élections législatives devaient avoir lieu en mars 1998. Jacques Chirac bénéficiait d'une très large majorité depuis le début de son septennat, la plus large de tous les temps. Au début du printemps 1997, le principal parti d'opposition, le PS, avait désigné tous ses candidats aux législatives de l'année suivante, tandis que le RPR n'avait pas fait ce travail de fond. À la dissolution, le PS était prêt à se battre, le RPR était pris à l'improviste. En 2024, le RN est déjà prêt avec tous ses candidats dans les circonscriptions. La rapidité des élections fait que les négociations pour d'éventuelles alliances n'auront pas le temps d'aboutir. Et la majorité est-elle prête à concourir ? Pas sûr. On peut faire la comparaison jusqu'au conseiller hors sol qui a recommandé cette très incertaine décision (Dominique de Villepin en 1997).

    On peut aussi imaginer qu'Emmanuel Macron pensait à la dissolution du 30 mai 1968 : le retournement de tendance a été spectaculaire aux législatives des 23 et 30 juin 1968. Mais retournement de quoi ? D'une "opinion publique" voyant d'un œil vaguement sympathique la révolte étudiante. Mais il n'y avait pas eu d'élections organisées le mois précédent.

     

     
     


    Peut-être qu'Emmanuel Macron pensait plutôt à la première dissolution, celle 9 octobre 1962. Il faut rappeler le contexte : l'Assemblée élue les 23 et 30 novembre 1958 n'avait pas de majorité absolue pour les gaullistes et alliés, la majorité était relative. Quand De Gaulle a proposé le 20 septembre 1962 le référendum pour élire le Président de la République au suffrage universel direct, il s'est heurté à un front uni des partis politiques (autres que l'UNR) contre ce projet (tant sur le fond, l'élection directe du Président, que sur la forme, le référendum par l'article 11 au lieu d'une révision par l'article 89 de la Constitution). Dans la crise politique, une motion de censure a été alors adoptée le 4 octobre 1962, la seule motion de censure jusqu'à maintenant adoptée (depuis 1958), si bien que le 9 octobre 1962, De Gaulle a dissous l'Assemblée et organisé des élections législatives les 18 et 25 novembre 1962, peu après le référendum fixé au 28 octobre 1962 (on note d'ailleurs que la limite de quarante jours a été respectée exactement).

    La quasi-unanimité de la classe politique contre les gaullistes ne laissaient guère de doute sur l'issue des scrutins. La lecture des notes d'Alain Peyrefitte permet de se faire une idée intéressante du climat psychologique. La plupart des ministres et députés gaullistes se considéraient en sursis, le régime des partis et les forces de la Quatrième République allaient gagner la partie contre eux et ils n'auraient qu'à rentrer chez eux après une expérience de quatre ans. La victoire du référendum (62,3% de oui avec 77,0% de participation) a engendré une grande victoire électorale aux législatives le mois suivant, apportant une large majorité absolue à l'UDR (ex-UNR) et ses alliés de 354 sièges sur 487 (avec 47,8% des voix au premier tour).

    Mais tout le monde n'est pas De Gaulle. La dissolution du 9 juin 2024 relève surtout d'une sorte de coup de poker peu admissible car il met la France en danger. Y aura-t-il un sursaut des Français face aux énormes enjeux nationaux et internationaux du moment ? Je le souhaite. Cette initiative présidentielle ne pourra pas être jugée à sa propre valeur avant le 7 juillet 2024, mais ce qui est sûr, c'est que c'est casse-cou et cela heurte de nombreux Français... parmi les plus proches du Président. Le ça-passe-ou-ça-casse très gaullien ne fait plus partie des mœurs d'une république plus participative.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Sidération institutionnelle.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 9 juin 2024 vers 20 heures 30 (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240609-dissolution.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/sideration-institutionnelle-la-vie-255132

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/09/article-sr-20240609-dissolution.html



     

  • Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?

    « Il est donc certain que le Parlement européen n’est pas une institution de la République et qu’il ne participe pas de l’expression de la souveraineté nationale. Pour autant, son élection est déterminante pour les institutions républicaines, le peuple français ayant bien l’intention d’y faire entendre sa voix souveraine. » (Jean-Philippe Derosier, le 3 juin 2024 dans "Le Nouvel Obs").




     

     
     


    Le dernier débat télévisé de la campagne des élections européennes a eu lieu le soir du mardi 4 juin 2024, animé en direct sur France 2 par Caroline Roux. Un double débat puisque, pour faire bonne mesure, France 2 a organisé à la suite de ce débat un autre débat mêlant huit autres têtes de liste (mais quid des vingt-deux autres, alors ?) en invitant les "petits candidats" avec Nathalie Arthaud (LO), Hélène Thouy (Parti animaliste), Jean-Marc Governatori (écologie centriste), Guillaume Lacroix (radical de gauche), Jean Lassalle (Alliance rurale), Florian Philippot (extrême droite), Pierre Larrouturou (Nouvelle donne) et François Asselineau (extrême droite).

    Jean Lassalle, passablement de mauvaise humeur de passer à minuit quand les téléspectateurs ont déjà déserté leur écran, a maugréé avec sa voix rocailleuse, proposant comme « une mesure pour faire changer la vie quotidienne des gens » de condamner les instituts de sondage (et la journaliste qui animait par la même occasion !) en rappelant qu'il avait fait en 2022 le double de voix du parti socialiste (ce qui est à peu près vrai) et qu'il n'y avait pas de raison d'être considéré comme un petit candidat. Il est vrai que ces huit outsiders paraissaient un peu une équipe de bras cassés, où profond ennui (bis), simplisme à outrance, difficulté à s'exprimer (bis), fantaisie joyeuse, obsession complotiste, extrémisme revendicatif étaient monnaies courantes (saurez-vous associer chacun de ces traits à une tête de liste ?). Et pourquoi d'autres candidats n'ont-ils pas été invités, comme Yann Wehrling, Marine Cholley, Francis Lalanne ou encore Caroline Zorn (du Parti pirate) ?

    Le premier débat faisait intervenir les huit têtes de liste habituelles de cette campagne, à savoir : Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (PS), François-Xavier Bellamy (LR), Manon Aubry (FI), Marion Maréchal (Reconquête), Marie Toussaint (EELV) et Léon Deffontaines (PCF). À cette occasion, le téléspectateur a été content d'entendre des échanges francs et directs, au prix de bousculer la règle de l'égalité des temps de parole, rendant le dernier débat plus vivant et plus théâtral, même si, globalement, cela n'aura pas fait changer les lignes.

    Je note cependant deux grossières erreurs (au moins) plus ou moins voulues qui n'ont pas été corrigées par la modératrice. Sur l'énergie, Jordan Bardella a prétendu que la France produisait de l'énergie nucléaire depuis De Gaulle, ce qui est bien évidemment faux, le programme nucléaire civil a démarré en 1973 et c'est sous Valéry Giscard d'Estaing que les premières centrales nucléaires ont fonctionné. En revanche, comme De Gaulle avait voulu l'indépendance pour l'énergie, la France s'est dotée de plusieurs raffineries qui permettaient de produire les carburants directement en France, ce qui assurait une certaine indépendance (pas totale puisqu'il fallait quand même importer le pétrole d'origine).

     

     
     


    L'autre erreur grossière et volontaire, c'est François-Xavier Bellamy qui n'a cessé de la répéter durant l'émission en disant que le groupe PPE (dans lequel LR siège) allait devenir le premier groupe du Parlement Européen en 2024, ce qui est complètement faux : le PPE est le premier groupe depuis 1999 ! et toutes les majorités (sur les votes) ont pour noyau dur le PPE, alors que la tête de liste LR laissait entendre que jusqu'à maintenant, les décisions du Parlement Européen étaient prises avec une majorité de gauche (sociaux-démocrates, macronistes et extrême gauche), ce qui est complètement faux, la preuve, c'est que la Présidente de la Commission Européenne est Ursula von der Leyen qui émane précisément du PPE.

    Quant à Valérie Hayer, il faut noter son annonce intéressante selon laquelle la Commission Européenne allait verser à la France, dès le lendemain 5 juin 2024, une somme de 7,5 milliards d'euros dans le cadre du plan de relance de 2020, qui servira notamment à la rénovation de 500 petites lignes ferroviaires et à multiplier les bornes électriques partout dans le territoire, histoire de montrer que l'Europe, c'est aussi l'investissement dans des projets concrets dans l'intérêt des Français.

     
     


    La campagne de la liste FI menée principalement par Jean-Luc Mélenchon et la candidate Rima Hassan s'est basés presque exclusivement sur des positions pro-palestiniennes et anti-israéliennes, et cela semble avoir aidé la liste de Manon Aubry à surnager au-dessus du seuil de 5% des intentions de vote (la liste aurait récupéré une grande partie du "vote des banlieues"). Ce qu'en dit l'humoriste Sophie Aram dans sa chronique publiée le 2 juin 2024 dans "Le Parisien" résume assez bien la situation : « Jusqu'au bout de l'ignoble. Nul doute que cette poignée d'élus insoumis continuera certainement d'alimenter la haine jusqu'au 9 juin, date à laquelle la liste du Rassemblement national menée par "Jordan TikTok Barre de lol" devrait atteindre des sommets dont aucun Le Pen n'avait osé rêver. Puisque, visiblement, dans le chaos dans lequel l'extrême gauche plonge le débat public, une majorité d'électeurs semblent préférer un ectoplasme gominé vendu à Poutine à toute autre proposition politique. On peut le regretter mais vu la concomitance du vacarme de la fanfare insoumise et de la progression sondagière d'un invertébré en costume cravate, on ne peut ignorer cette hypothèse. (…) Jamais la cause palestinienne n'aura donc été à ce point détournée par des islamistes, en Palestine, et utilisée par des militants d'extrême gauche, en Occident, pour alimenter leurs propres intérêts (…). Le plus surprenant pour moi étant de constater que cela ne les empêche visiblement pas de danser, de danser sur le chaos. ».
     

     
     


    Par ailleurs, à deux reprises, cette semaine (le 4 juin 2024) et la semaine dernière (le 28 mai 2024), un député FI a brandi le drapeau palestinien dans l'hémicycle, perturbant durablement deux séances de questions au gouvernement. Contrairement à ce que Raphaël Glucksmann laisse entendre, à savoir que le PS ne serait plus l'allié de FI, la solidarité dans la Nupes existe toujours à plein puisque le PS a soutenu les insoumis dans ces troubles parlementaires au nom de la reconnaissance d'un État palestinien, et le soutien du PS le 3 juin 2024 à la motion de censure déposée par les insoumis prouve bien que le PS reste complètement dépendant de Jean-Luc Mélenchon. Raphaël Glucksmann ne cesse de se référer à l'héritage de Jacques Delors, mais c'est abuser de sa mémoire car jamais Jacques Delors n'aurait accepté une telle compromission avec les idées de Jean-Luc Mélenchon pour un plat de lentilles.

    De son côté, Jordan Bardella n'a aucun respect ni pour les Français et ses lois, ni pour le directeur général de la gendarmerie nationale qui a signalé une affiche absolument abjecte du RN : « Je suis gendarme, je vote Bardella ». Pour se rendre compte de l'ineptie, prenez votre profession et imaginez une affiche qui vous associerait à un vote donné : « Je suis xxx (mettez votre profession) et je vote machin ». Sur le principe générique et généraliste, c'est déjà stupide et démagogique, mais concernant les forces de l'ordre, c'est abject puisqu'elles sont au service de la nation et qu'elles doivent la neutralité totale pour remplir ses missions, sinon, elles n'auraient plus d'autorité. Le pire, c'est que Jordan Bardella, 28 ans, même pas de service militaire, a donné des leçons à ce haut fonctionnaire qui a consacré toute sa carrière à la sécurité et à la protection des Français. Pour un politicard censé soutenir le parti de l'ordre, cela fait un peu trop rebelle et c'est une vraie boulette, car avec l'extrême droite, le naturel revient toujours au galop après la façade lisse d'une respectabilité creuse.

     

     
     


    Le président du RN et ses colistiers pourraient d'ailleurs être appelés des "députés européens de papier", pour reprendre une expression qui leur est commune, en ce sens qu'effectivement, ceux qui sont élus sont bien sur le papier (et sur leur compte en banque) des députés européens, mais ils ne font rien au Parlement Européen, ils ne travaillent pas activement pour l'intérêt des Français. Pour preuve, ce bilan particulièrement nul de Jordan Bardella dit Coquille creuse qui, en cinq ans de mandats, n'a pondu aucun rapport, n'a déposé que 21 amendements (4 par an !) alors que d'autres en ont déposé des milliers, il n'est intervenu que 52 fois en séance plénière (une fois toutes les cinq semaines !) et il a l'un des taux d'absentéisme record avec 70% depuis 2019. L'épouse de François Fillon a été épinglée par la justice pour n'avoir pas su démontrer qu'elle travaillait en rapport avec son salaire. Si on prenait ce principe en général, Jordan Bardella devrait être renvoyé ! Les Français veulent élire des députés européens qui fassent au moins leur boulot, pas des fainéants, ne serait-ce qu'être présents à Strasbourg ou Bruxelles.

    Chez Les Républicains, on s'inquiète d'une rumeur persistante en ce début de semaine : après le désastre électoral de la Macronie, Emmanuel Macron proposerait un gouvernement de coalition avec LR en nommant Gérard Larcher Premier Ministre. Le Président du Sénat a donc dû rapidement désamorcer la rumeur qui pourrait coûter de nombreuses voix à LR, lors de la réunion du groupe LR au Sénat le 4 juin 2024, en affirmant fermement qu'il n'était pas question qu'il accepte d'être le Premier Ministre d'Emmanuel Macron. Une dénégation qui n'aura certainement pas beaucoup d'effet sur les suspicions de ralliement à la Macronie, tant il y en a eu chez LR depuis 2017 (Jean-Paul Delevoye, Édouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Franck Riester, Jean Castex, Roselyne Bachelot, Damien Abad, Christophe Béchu, Catherine Vautrin, Rachida Dati, etc.).

    Une campagne sert en général à faire bouger les lignes. Or, si l'on en croit les sondages d'intentions de vote, ces lignes ont peu bougé. Certes, il y a eu des évolutions, le RN à la hausse (en un an, passage de 24 à 30%), parallèlement à une baisse pour la liste Hayer (20 à 16%) et d'une hausse de Glucksmann (8 à 13%). Mais dans l'ensemble, il n'y a pas eu de fait singulier cassant des dynamiques "entropiques naturelles" comme j'oserais (mal) écrire, c'est-à-dire que si aucun n'avait fait campagne, on pourrait se retrouver avec les mêmes résultats.

    Y aura-t-il des surprises ? C'est probable. Il y a toujours des surprises dans chaque scrutin, ce qui laisse la liberté de choix plus ouverte que les sondages ne laissent apparaître. Selon ces enquêtes, un tiers des électeurs hésitent encore, c'est beaucoup. En 2019, il y a eu au dernier moment un regain de participation. Ainsi, l'effondrement du PS et celui de LR en 2019 n'étaient pas du tout prévus quelques jours avant le scrutin, tout comme la montée de la liste écologiste. De même, la forte audience des écologistes faisant jeu égal avec le PS en 2009 n'était pas prévue.

     

     
     


    Si on prend le concept de troisième homme (que connaît bien François Bayrou), en pensant à Raphaël Glucksmann qui meurt d'envie de dépasser la liste Hayer (le croisement tant pronostiqué n'a pour l'instant jamais eu lieu), on peut aussi rappeler opportunément qu'à l'élection présidentielle de 2002, le troisième homme dans les sondages était Jean-Pierre Chevènement avec une dynamique qui l'a poussé jusqu'à 15% des intentions de vote, et finalement, il n'a eu que 5,3%, classé sixième derrière Arlette Laguiller ! Il est des dynamiques déçues (ou décevantes) et généralement, les élections sont plus un cimetière des ambitions déçues que de victoires attendues.

    L'enjeu national est évidemment dans la mise à jour des rapports de force. Si l'on en croit les sondages, l'extrême droite aurait 40% des suffrages. Les écologistes "risquent" (pour ma part, je m'en réjouirais !) de ne pas avoir d'élus (car en dessous de 5%), le PS revaudrait le double de FI (mais les socialistes ont déjà refait allégeance à Jean-Luc Mélenchon pour 2027), et LR se maintiendrait (qu'il faudra comparer avec le score de Reconquête qui ont un électorat commun).

    Bien entendu, tout le monde scrutera avec attention (et médisance pour certains) le score de la liste Hayer, qui donnera une idée de l'audience du gouvernement et de la majorité présidentielle dans le pays, et dans tous les cas, même à 20%, ce sera très faible. Mais là encore, il faut se rappeler que ce sont des élections européennes et pas des élections législatives, elles n'auront aucun impact institutionnel en principe, et ce n'est pas parce qu'un jeune écervelé propre sur lui réclamera avec fracas la dissolution qu'il faudra dissoudre. Regardons encore le passé : en juin 1984, le PS au pouvoir n'a eu que 20,8% (face aux 43,0% de l'union UDF-RPR) et si le gouvernement de Pierre Mauroy a démissionné en juillet 1984, ce n'était pas à cause des élections européennes mais de la grave crise provoquée par le projet de loi contre l'enseignement libre qui a mis 2 millions de Français dans la rue. En 1989, le gouvernement de Michel Rocard n'a pas démissionné malgré les seulement 23,6% de la liste PS (face aux 28,9% de la liste de Valéry Giscard d'Estaing), ni le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin (reconduit en mars 2004 après les régionales) n'a démissionné en juin 2004 malgré les seulement 16,6% des listes de l'UMP (face aux 28,9% des listes socialistes), ni encore le gouvernement de Manuel Valls (nommé en avril 2014) n'a démissionné en mai 2014 malgré les seulement 14,0% des listes socialistes (face aux 24,9% du FN et aux 20,8% de l'UMP).

    C'est d'ailleurs ce dernier cas (en 2014) qui serait le plus proche de celui du gouvernement de Gabriel Attal, nommé en janvier 2024 et qui n'a que quelques mois d'existence, et on n'a jamais reproché à François Hollande, pourtant beaucoup plus impopulaire à l'époque qu'Emmanuel Macron aujourd'hui, de passer par pertes et profits ces élections européennes désastreuses pour son parti. Du reste, après les élections européennes, les médias seront très occupés par les Jeux olympiques et paralympiques pendant deux mois si bien que le désastre électoral, si désastre devait avoir lieu, sera vite oublié dans la mémoire collective.

    Il faut aussi se rappeler, puisqu'on l'évoque, que le RN est en tête de toutes les listes aux élections européennes depuis 2014 : en 2014, en 2019, et probablement en 2024 vu les sondages qui lui donneraient plus de 10 points d'avoir sur les autres listes. Mais depuis dix ans, qu'a fait le FN/RN de ses victoires aux européennes ? Rien, puisque ses élus ne participent pas aux débats, ne déposent pas d'amendement, ne rédigent aucun rapport pour améliorer la situation des Français et des Européens. Pour le RN, le Parlement Européen n'est qu'une banque, une sorte de tirelire partisane d'ailleurs un peu trop utilisée puisque Marine Le Pen et ses sbires vont être en procès en septembre procès pour cette raison.

    Pour finir sur les considérations de politique intérieure franco-française, il faut aussi affirmer que l'abstention, aujourd'hui (et depuis une dizaine d'années), joue en défaveur du RN et pas en sa faveur. En effet, le RN est devenu un parti attrape-tout, le premier en France, donc le parti du système, il devient ainsi le parti référence pour beaucoup de courants de pensée. S'il y a une augmentation du désir de participation à la fin de la semaine, elle ne se fera donc pas nécessairement contre le RN malgré son déjà très haut niveau dans les sondages.

    Je veux également évoquer les considérations européennes, car après tout, les élections européennes servent d'abord à désigner un nouveau Parlement Européen. 81 députés européens français sur 720 députés européens en tout des vingt-sept États. Pour la première fois, il n'y a plus de députés européens britanniques (Brexit effectif en 2020). Il y aura manifestation un véritable vague à droite, à savoir notamment de droite extrême, à l'instar du RN en France (mais probablement de moindre ampleur dans les autres pays). On regardera avec attention la situation notamment des Pays-Bas (où un parti centriste a fait alliance avec les populistes), de la Hongrie (où un parti dissident de Viktor Orban est en train de gagner des voix), de la Belgique (qui joue aussi son avenir national avec des élections législatives), de la Slovénie (où il y a aussi des référendums) et de l'Italie. Plus l'Allemagne avec une coalition du Chancelier Olaf Scholz qui est bien chancelante.

     

     
     


    En Italie, la situation est intéressante car la Première Ministre Giorgia Meloni a pris la tête de la liste de son parti, les Frères d'Italie, qui aujourd'hui est en tête des intentions de vote dans les sondages (autour de 25%, nettement devant ses deux partenaires de coalition, la Lega et Forza Italia, tous les deux autour de 8%). Le parti de Giorgia Meloni est dans le groupe des conservateurs et des réformistes européens (CRE), groupe opposé à l'autre groupe d'extrême droite où siègent les élus RN et de l'AfD. Giorgia Meloni refuse de voir les élus RN la rejoindre car elle veut conclure un accord avec Ursula von der Leyen, lui proposant son soutien pour sa reconduction en échange de concessions par la suite sur la politique migratoire. Dans cette configuration, les écologistes européens vont perdre beaucoup de plumes, mais Renew pourrait rester le troisième groupe du Parlement Européen devant les populistes et les trois premiers groupes (avec le PPE et S&D) pourraient donc continuer à régner (dans les projections, ils totaliseraient 404 sièges sur 720). Toutefois, 75 députés européens seraient non-inscrits, ou plutôt, n'auraient pas de groupe politique identifié à ce jour et pourraient créer quelques surprises.

    En Europe, nous avons la chance de pouvoir nous exprimer par un vote libre, secret et sincère. En France, près de 50 millions d'électeurs sont convoqués, dont près de 270 000 de ressortissants d'autres pays européens habitant en France (sur une liste électorale séparée). Le scrutin sera clos en France à 20 heures ce dimanche 9 juin 2024, l'heure des victoires et des déceptions. Que le meilleur gagne !



    1. Débat du 14 mars 2024 sur Public Sénat






    2. Débat du 5 mai 2024 sur LCP et M6






    3. Débat du 27 mai 2024 sur BFMTV







    4. Débat du 30 mai 2024 sur CNews






    5. Débats du 4 juin 2024 sur France 2












    6. Débats du 5 juin 2024 sur Mediapart





     

    Aussi sur le blog.


    Sylvain Rakotoarison (05 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    Ursula von der Leyen.
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240604-europeennes.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2024-3-y-255024

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/04/article-sr-20240604-europeennes.html





     

  • Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?

    « Parce que nous ne nous résoudrons jamais à nous faire imposer par d'autres nos valeurs, nos technologies, nos imaginaires, parce qu'il n'y aura pas de France forte sans Europe puissante, nous poursuivrons sans relâche notre combat en faveur de l'indépendance de l'Europe. » (Valérie Hayer, le 6 mai 2024).



     

     
     


    Dans cette fin de campagne des élections européennes, qui a à peine vraiment commencé, les considérations de politique politicienne ont largement dominé le débat public, et c'est dommage parce que ces dixièmes élections européennes ont une importance cruciale pour l'avenir de l'Europe mais aussi de la France. Parmi les listes susceptibles d'obtenir des élus (c'est-à-dire, qui sont raisonnablement capables d'avoir plus de 5% des voix), seulement deux ont fait une campagne sur des thèmes vraiment européens, la liste de Raphaël Glucksmann et la liste de Valérie Hayer.

    Le problème de la liste de Raphaël Glucksmann, téléguidée par le parti socialiste, c'est qu'il y a une incohérence entre ce qu'il dit, ce qu'il vote au sein de son groupe, le groupe socialiste, et son souhait de garder la gauche encore unifiée au sein de la Nupes pour 2027
    (le vote commun de la motion de censure ce lundi 3 juin 2024 en a donné une nouvelle preuve). Seule la liste de la majorité présidentielle soutenue donc par Renaissance, le MoDem, Horizons, le Parti radical, mais aussi au-delà par l'UDI (qui ne fait pas partie de la majorité présidentielle) fait une campagne européenne de manière sincère, cohérente et surtout claire. Mais quel est donc le programme de la liste Hayer, celui des pro-Européens déterminés et sincères ?

    Ce programme a été présenté au cours d'une conférence de presse le 6 mai 2024 à la veille d'un des trois grands meetings nationaux de la liste (à la Mutualité), qu'on peut réécouter en fin d'article. Il est sincère parce que ce sont des promoteurs de la construction de l'Europe qui le proposent, des promoteurs qui n'ont pas peur de le dire, qui n'ont pas peur de le faire. Il est cohérent parce qu'il est le résultat aussi d'un bilan qui a montré que tous les votes au Parlement Européen étaient déjà en phase avec ce programme. Enfin, il est déterminé parce qu'il souhaite une Europe puissante dans une France puissante, la seule voie pour permettre à la France de garder sa grandeur politique alors qu'elle n'est plus qu'une puissance moyenne depuis la fin de la guerre.

    Dans cette détermination, il y a l'influence de la France en Europe. Et quelle est-elle ? Trois grands partis européens font et défont les majorités au sein du Parlement Européen : le PPE (Parti populaire européen) qui est le centre droit démocrate chrétien, auquel adhère LR et Les Centristes, S&D (socialistes et démocrates) qui rassemble les sociaux-démocrates, enfin, le troisième groupe est le groupe central Renew (ou Renaissance) qui est composé de ceux qu'on appelait dans la politique européenne les libéraux démocrates, qui sont en France les centristes, auquel se sont joints les élus de la liste LREM de Nathalie Loiseau en 2019.

    Entre 2019 et 2024, les députés européens LR ont pris des décisions minoritaires au sein de leur groupe du PPE, au point de ne même pas soutenir leur candidate officielle Ursula von der Leyen, autant dire que les élus LR n'ont aucun poids ni au sein du PPE (dominé par les Allemands), ni au sein du Parlement Européen en général. Les députés européens issus de la liste socialiste de Raphaël Glucksmann se retrouvent dans la même situation, minoritaires au sein du groupe social-démocrate et sans influence notable (les députés européens socialistes votent contre les projets votés par le reste de leur groupe S&D !). En revanche, c'est une Française, l'actuelle tête de liste, Valérie Hayer, qui préside le groupe Renew et qui non seulement a une influence déterminante au sein de ce groupe, bien sûr (puisqu'elle le préside), mais aussi au sein des décisions prises par le Parlement Européen puisque les majorités se retrouvent toujours avec le groupe Renew. L'influence de la France est donc passée par ceux que représente aujourd'hui la liste Hayer, et eux seuls.

    Et son programme, qui est naturellement peu éloigné des vues du Président Emmanuel Macron, repose sur trois combats essentiels. J'en indique la philosophie générale et je n'énumère pas toutes les mesures proposées dans le détail (il y en a quarante-huit) qu'on peut lire dans le document téléchargeable.


     

     
     


    I. Faire de l'Europe une puissance forte, sûre et indépendante

    Défense, énergie, sécurité... trois domaines qui ont manqué de cohésion au sein de l'Europe depuis sa naissance et qui nécessitent d'en faire plus. La tentative d'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine a fait l'effet d'une douche froide chez les Européens, douche froide renforcée par la perspective d'un désengagement de plus en plus probable des États-Unis dans la défense du territoire européen. Les Européens sont maintenant mûrs pour comprendre qu'ils ne peuvent plus déléguer à d'autres leur défense et qu'ils doivent assumer eux-mêmes leur sécurité et la protection de leurs frontières. Emmanuel Macron a su prendre la mesure de l'enjeu et sensibiliser ainsi ses homologues au fil des rencontres européennes.

    La première des mesures, c'est d'investir de nouveau massivement dans l'industrie de défense, avec l'objectif de 3% du PIB pour chaque pays d'ici à 2030. Faire émerger une force de réaction rapide européenne pour les missions d'urgence, l'évacuation des populations et la sécurisation des routes maritimes.


    Sur le plan énergétique, le projet est de tripler la production de l'énergie nucléaire d'ici à 2050, au sein des pays européens qui le souhaitent à l'instar de la France. Sur le plan de la sécurité, mutualiser le renseignement au niveau européen pour lutter efficacement contre le terrorisme.

     

     
     


    II. Faire de l'Europe une puissance écologique, économique et sociale

    L'Europe est la deuxième puissance économique du monde et c'est important de le rappeler. Mais elle ne le restera pas si on ne fait rien pour cela. L'union fait toujours la force. Son problème a été les délocalisations dans les pays à plus faibles coûts du travail. L'enjeu, c'est donc de redevenir un continent de production pour réduire le chômage et gagner en valeur ajoutée. Mais aussi de refuser le dumping social en adoptant un minimum de justice sociale dans les pays qui n'en ont pas.

    L'idée est de ne pas se laisser mener par d'autres puissances économiques (États-Unis, Chine, etc.) : « Il fait se faire respecter : nos normes et nos principes ne sont pas négociables. ». Parce qu'au-delà du défi économique et social, il y a le défi écologique et les deux peuvent se faire en même temps dans une transition industrielle qui se voudra verte et numérique.

    L'essentiel est donc dans l'investissement massif des activités de transition. La liste Hayer propose la mobilisation de 1 000 milliards d'euros d'ici à 2030 pour l'énergie, les transports, le numérique, la santé, l'espace, la recherche, après le plan de 800 milliards d'euros décidés en juillet 2020 sur demande (et insistance) françaises. Son financement se fera notamment par une épargne spécifiquement européenne avec la création d'un « livret d'épargne européen pour orienter l'épargne réglementée vers l'investissement et la production en Europe ».

     

     
     


    III. Défendre le modèle européen et nos valeurs

    C'est un aspect plus philosophique et moral que matériel, économique, social. Aujourd'hui, en Ukraine, dans le Proche-Orient, voire aux États-Unis, dans de nombreuses régions du monde, nos valeurs sont remises en cause, et même de l'intérieur de l'Europe : valeurs de démocratie, d'État de droit, de liberté, d'égalité, de fraternité et aussi, et dans cette époque troublée, c'est très important, de laïcité.

    La liste Hayer propose d'inscrire le droit à l'IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux, qui constitue une sorte de conditions nécessaires à remplir pour chaque État membre (notamment pour bénéficier de fonds européens). Ce n'est pas un hasard si le fils aîné de Simone Veil, ancienne Présidente du Parlement Européen, se retrouve en fin de liste, son engagement est emblématique. Il s'agit aussi de proposer une majorité numérique à l'âge de 15 ans avec un contrôle parental par défaut sur les mobiles et une vérification systématique sur Internet pour les sites interdits aux mineurs.

    Il s'agit aussi de proposer des mesures pratiques et concrètes pour limiter voire empêcher efficacement l'immigration illégale à l'intérieur des frontières de l'Union Européenne en donnant des moyens à Frontex (30 000 garde-côtes européens). Créer un Pass culture européen, un Pass Rail européen illimité pour les jeunes (100 000 jeunes par an), renforcer l'harmonisation universitaire européenne, renforcer et généraliser le programme Erasmus, etc.

    Sur le plan institutionnel, et cette liste se distingue des autres sur la construction européenne, elle propose d'instaurer la principe de listes transnationales à partir des prochaines élections européennes de 2029, ainsi que de renforcer les institutions sur la majorité qualifiée dans des domaines essentiels comme la fiscalité, l'État de droit, afin de ne pas laisser l'Europe impuissante face aux défis qui viennent (par exemple, pour empêcher qu'un État puisse être un "paradis fiscal").



    Et dimanche prochain ?

    Comme dans toute élections, il y a les considérations à la petite semaine, celles en moyen terme et celles au long terme. Le moyen terme, c'est bien sûr l'échéance (cruciale) de l'élection présidentielle de 2027 et le Rassemblement national compte sur un triomphe en 2024 pour gagner en 2027. Il y a la colère de certains qui pensent que voter contre serait une sorte d'exutoire, et avec trente-huit listes, dont une seule issue de la majorité présidentielle, l'électeur en colère a le choix pour l'exprimer mais est-ce vraiment constructif, utile et surtout dans son intérêt ? Et puis, il y a le long terme, le regard à l'histoire, ce que penseront nos enfants de notre vote de 2024 dans dix, vingt, trente ans, ce qu'ils penseront de notre capacité à anticiper alors l'Europe est en danger, menacée même territorialement dans ses frontières orientales mais plus largement dans ses valeurs.

    Valérie Hayer n'a pas une âme de grand chef, elle n'a pas le charisme d'un grand animal politique, d'un vieux routard de la politique, elle n'a pas non plus passé son temps à faire du training de communication pour répondre de manière lisse et consensuelle à tous les médias. Elle l'a montré depuis cinq ans, elle a agi, elle a travaillé, elle est devenue l'une des rares experts, au sein du Parlement Européen, du budget communautaire, négociant de manière ferme, dans les nuits blanches, les intérêts de la France et des Français, elle, fille d'agriculteurs, connaît sur le bout des doigts tous les ressorts de la politique agricole commune (PAC) dont ont bénéficié largement les agriculteurs français depuis près de soixante ans. Elle est dans une logique de résultats et de construction : améliorer l'espace européen pour le bien et l'intérêt des Français.



    1. Meeting du 9 mars 2024 à Lille






    2. Conférence de presse du 6 mai 2024 à Paris (présentation du programme)






    3. Meeting du 7 mai 2024 à la Mutualité de Paris





    4. Meeting du 13 mai 2024 à Lyon






    5. Meeting du 28 mai 2024 à Boulogne-Billancourt






    6. Meeting du 1er juin 2024 aux Docks de Paris, à Aubervilliers






    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    Ursula von der Leyen.
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes 2024 (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240602-programme-renaissance.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/quel-est-le-programme-europeen-de-254541

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/05/14/article-sr-20240602-programme-renaissance.html



     

  • Débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella : et le vainqueur est...

    « Votre programme, c'est un Banco ; il y a plein de promesses, mais quand on gratte, il n'y a rien derrière ! » (Gabriel Attal à Jordan Bardella, le 23 mai 2024 sur France 2).



     

     
     


    Il était attendu quasiment depuis janvier 2024, et c'est une chaîne de France Télévisions, en l'occurrence France 2, qui a eu le privilège d'organiser le premier débat entre le Premier Ministre Gabriel Attal et le président du RN et tête de liste Jordan Bardella. Cela s'est passé en début de soirée ce jeudi 23 mai 2024.

    Disons-le d'emblée : ce choc des jeunes titans n'aura sans doute pas fait bouger les lignes, on a même l'impression que rien ne fait bouger les lignes, enfin, les sondages, mais même l'accumulation d'événements plus malheureux qu'heureux, c'est vrai, depuis plusieurs mois, a peu d'effet. Disons aussi que les protestations des têtes de liste autres que celles du RN et de la majorité présidentielle sont justifiées... ou pas.

    Justifiées si on admet, et c'est le cas, que ce débat télévisé participe à la campagne des élections européennes. Pourquoi n'inviter que les représentants de deux listes sur trente-huit (trente-huit et pas trente-sept, le Conseil d'État a validé in extremis le 23 mai 2024 une trente-huitième liste, les murs des villes vont être joliment tapissés de ces très hideux panneaux gris) ? Du coup, cinq têtes de liste ont été interviewées à la suite du débat, mais pour François-Xavier Bellamy, il y a rupture d'égalité. Raphaël Glucksmann, qui se trouverait proche, dans les sondages, de la liste de la majorité présidentielle, a refusé d'y prendre part et a obtenu d'être invité jeudi prochain à la même heure de grande écoute. Mais selon ce principe d'équité, je l'avais évoqué pour le débat du 21 mai 2024 sur LCI, pourquoi ne pas avoir invité les trente autres têtes de liste ? La grande entorse à l'équité, c'est bien la différence de traitement médiatique entre la tête de la liste communiste Léon Deffontaines, crédité de 2% dans les sondages, et la tête de la liste du parti animaliste, Hélène Thouy, qui, elle, avait déjà eu 2% aux élections précédentes de 2019.

    La direction de France Télévisions a répondu qu'il s'agissait d'un "grand" débat, entre le Premier Ministre de la France, donc le chef de la majorité, et le président du premier parti d'opposition. Cela peut se défendre. Et c'est ainsi qu'on l'analysera.

    Ce débat ne sera pas un débat historique, mais sa postérité devrait être plus longue que la durée de la campagne électorale. Finalement, un débat télévisé en début de soirée faisant intervenir le Premier Ministre, c'est rare, très rare : on se souvient du débat entre Georges Pompidou et Pierre Mendès France le 27 février 1967, mais ce n'était pas à la télévision mais à Grenoble devant 6 000 personnes, celui entre Raymond Barre et François Mitterrand le 12 mai 1977 sur TF1, aussi entre Laurent Fabius et Jacques Chirac le 27 octobre 1985 sur TF1 (le choc des Premiers Ministres, celui en exercice et un ancien et futur Premier Ministre), mais cela se limite assez vite à ceux-là. Les autres avec un Premier Ministre en exercice étaient des débats de second tour à l'élection présidentielle, un en fait, il faut mettre au singulier, c'était le 28 avril 1988.

    Le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella a ceci d'emblématique qu'il oppose deux jeunes loups de la politique qui sont déjà devenus de vieux crocodiles. Ils représentent à eux deux l'avenir de la classe politique dans ce qu'elle a de plus lisse et de plus aseptisé. Certains évoquent même des hommes politiques hors sol, qui n'ont jamais connu que la politique et qui ne savent rien de la vraie vie. C'est peut-être vrai, mais c'était le cas de tous leurs prédécesseurs, et notamment des plus illustres : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing n'ont jamais fait que de la politique depuis leur jeunesse et ne représentaient pas des citoyens ordinaires.

    Gabriel Attal et Jordan Bardella ont pour eux d'être parmi les personnalités politiques les plus populaires de France. On se doute que la cote du Premier Ministre s'essoufflera puisqu'il est en charge de toute la politique de la nation et à ce titre, est responsable de tout, tandis que la baudruche Bardella, responsable de rien, lisse comme un robot d'Asimov, pourra encore croître (telle une baudruche).

     

     
     


    Pour Gabriel Attal, se prêter à ce débat valait surtout pour aider Valérie Hayer dans la campagne de la majorité présidentielle qui tarde à décoller (c'est le moins qu'on puisse dire). Pour Jordan Bardella, dans la théorie, il avait aussi tout intérêt à ce débat pour se hisser au niveau du Premier Ministre. Cela tombe bien : imitant Jean-Luc Mélenchon en 2022, Jordan Bardella s'est autoproclamé candidat au poste de Premier Ministre depuis quelques mois. Mais on frissonne à l'idée qu'il puisse être à la tête du gouvernement de la République, paresseux et peu travailleur qu'il est.

    Car il n'y a pas photo dans le résultat des courses : Gabriel Attal a très largement dominé ce débat, tandis que son contradicteur professionnel peinait à surnager dans ses dossiers. Si les deux avaient une aisance verbale bien nécessaire aux joutes des téméraires, Gabriel Attal est arrivé sans notes, connaissant tous les dossiers, les chiffres, les dates, les projets, les enjeux... tandis que Jordan Bardella rougissait lorsqu'il s'agissait de préciser une proposition, lorsqu'il fallait développer une mesure floue et sans intérêt. Ce n'est pas pour rien que Jordan Bardella a reçu quelques surnoms comme Coquille vide ou Bidon. Il a suivi des cours de communication, de l'entraînement, incontestablement, mais il singeait beaucoup trop de vrais responsables politiques qui avaient de la conviction et du fond, alors que lui, à l'évidence, n'avait que du creux à vendre (d'où le concept de la baudruche, classique pour l'extrême droite quand on commence à regarder les détails).


    Comme un chat jouant avec une souris sans avoir faim, Gabriel Attal a esquissé souvent le petit sourire gourmand mi-carnassier mi-tendre du joueur qui sent que la partie est facile et qu'il va se régaler. La partie intellectuelle était facile pour Gabriel Attal parce qu'il est d'une nettement autre stature que Jordan Bardella.

    J'en veux pour preuve quelques sujets. Par exemple, sur le marché de l'électricité. Jordan Bardella a avoué qu'il n'avait pas lu le projet adopté par le Parlement Européen et qu'il a rejeté, projet qui réformait le marché de l'électricité qui n'est pas encore entré en application puisque c'est à partir de 2026. Ou encore sur le droit de veto en Europe, notamment en matière fiscale qui empêche d'instaurer une taxe pour les gros du numérique en Europe (car l'Irlande et le Luxembourg s'y opposeront toujours).

    Jordan Bardella n'a cessé de faire de l'antimacronisme primaire et dans ses critiques, il a transformé, il a déformé la réalité. Ainsi, il a dit faussement que les véhicules thermiques seraient interdits en 2035. Gabriel Attal a rectifié magistralement : « 2035 n’est pas la fin de la voiture thermique, mais la fin de la vente des véhicules neufs à moteur thermique. ». Ce signifie qu'il y aura probablement des véhicules à moteur thermique en circulation encore en 2050.

    Les propositions du RN sont antiéconomiques. Ainsi, lorsque Jordan Bardella a proposé une priorité nationale dans les marchés publics : « Vous produisez sur le sol français, vous devez avoir un avantage dans la commande publique. », Gabriel Attal a rétorqué : « 80% de nos PME exportent, vous allez leur couper les jambes. ».

    Mais le pire est toujours sur le thème de l'immigration. Gabriel Attal a rappelé que les députés RN ont voté pour la loi Immigration et à ce titre, pour la régularisation des milliers de sans-papiers dans les secteurs en tension. L'objectif du RN de refuser l'accostage de bateaux de réfugiés est irréalisable. Mais plus encore, et Valérie Hayer l'avait systématiquement pointé du doigt, l'idée de la double frontière proposée par Jordan Bardella est du vent et du creux stupide.

    Cette idée, c'est de laisser la libre circulation des citoyens européens dans l'Espace de Schengen, mais pas celle des migrants qui auraient obtenu une carte de séjour dans l'un des États membres, eux n'auraient pas la possibilité de franchir les frontières de l'Europe. Mais Gabriel Attal a demandé à son contradicteur comment il allait appliquer une telle mesure. Jordan Bardella s'est enlisé en prenant la comparaison avec un aéroport où il y a deux files, une pour les Européens et une pour les extra-européens. En oubliant que dans les deux cas, les gens devront attendre et faire la queue au contraire d'aujourd'hui. Cela signifierait des contrôles aux frontières partout (il faudrait alors recruter massivement), et des queues épouvantables pour les 500 000 Français frontaliers qui travaillent de l'autre côté de la frontière.


    Jordan Bardella a alors reculé en disant que ce ne serait que des contrôles aléatoires aux frontières... affirmant que c'était permis avec Schengen. Gabriel Attal a alors salué l'idée puisque c'est déjà fait depuis 2015 pour assurer le contrôle des flux migratoires, mais que ces contrôles aléatoires n'empêcheront pas l'immigration illégale. Gabriel Attal de conclure : « En quelques secondes, on est passé d’une double frontière où tout le monde va être contrôlé aux frontières à "on augmente un peu les contrôles aléatoires". ». En somme, sous emballage de montrer une mesure forte (interdiction de l'immigration), le RN ne propose rien puisque les contrôles aléatoires existent déjà aujourd'hui ! Que du creux !

    De plus, la plupart des positions du RN révèlent une véritable supercherie, un double jeu, voire une imposture. Ainsi, Jordan Bardella soutiendrait l'Ukraine mais a refusé de voter toutes les motions soutenant l'Ukraine.

    Sur la plupart des sujets, Jordan Bardella refusait de répondre aux questions et voulait dérouler ses propres éléments de langage (qu'on connaît depuis longtemps puisqu'il ne sait réciter que cela). Il a bien tenté une échappée politique en lançant timidement au Premier Ministre : « Si vous êtes là ce soir, c'est que vous avez décidé d'engager votre responsabilité dans cette campagne. » (pour aider Valérie Hayer), mais cette critique n'a pas de prise. En confondant élections nationales et élections européennes, Jordan Bardella fait un contre-sens et ses électeurs aussi, car il n'y a aucune raison de dissoudre l'Assemblée Nationale après les élections européennes, quels qu'en soient les résultats, cela d'ailleurs ne s'est jamais produit, y compris quand le PS au pouvoir n'a obtenu que 20,8% aux élections européennes de juin1984, soit moins de la moitié de la première liste (UDF-RPR menée par Simone Veil) qui a obtenu 43,0%.

     

     
     


    La réaction des commentateurs est unanime : Gabriel Attal a dominé le débat et Jordan Bardella a eu du mal à justifier ses positions et ses propositions tant elles sont floues et tant les raisonnements sont incohérents. Au point que le Premier Ministre a dû balancer : « La méthode du Rassemblement national, c'est de dire : on est contre tout. Et puis, dans cinq ou dix ans, si on se rend compte qu'on s'est plantés, on dit qu'on a changé d'avis. C'est ça, votre méthode. Vous vous opposez à tout ce qu'on fait, et comme ça, ensuite, vous pourrez dire, si ça n'a pas marché, bah en fait, on a eu raison de s'opposer. ».

    La revue de presse du site Touteleurope est éloquente. "Libération" : « Le premier [Gabriel Attal] est apparu bien plus à l’aise que son cadet [Jordan Bardella], sur le fond comme sur la forme. ». "Politico" : « M. Bardella, homme politique qui a l'habitude des médias et a tendance à tenir son rang dans les débats, a parfois semblé mal à l'aise face à un Premier Ministre français qui s'exprimait sans notes et semblait maîtriser la situation. ». "Nouvel Obs" : « À l’offensive, Gabriel Attal a poussé son rival dans ses retranchements, révélant les faiblesses ou approximations des promesses du RN. ».

    Par ailleurs, Cyril Graziani, de France Télévisions, a analysé ainsi ce débat : « Sur le fond, indéniablement, [le vainqueur est] Gabriel Attal, arrivé sans notes, contrairement à Jordan Bardella, Attal, beaucoup plus précis, beaucoup plus tranchant, plus concret qu'un Bardella dans les cordes dès les premières minutes et surtout, sur le dossier phare qu'est l'immigration, incapable de dérouler des arguments, qui est resté sur la défensive, alors qu'on l'a connu plus tranchant, beaucoup plus destructeur dans ce genre d'exercice, mais acculé quand il reconnaît ne pas avoir lu le texte de la réforme du marché de l'électricité contre laquelle il a voté ("Vous ne lisez pas les lois avant de voter" s'est étonné le Premier Ministre), et incapable de répliquer, quand Attal lui assène : "Votre programme, c'est un Banco ; il y a plein de promesses, mais quand on gratte, il n'y a rien derrière !" ».

    Un internaute a commencé à comprendre la machine Bardella et a osé se poser la vraie question : « Et si l'élégant Bardella portant beau, bien mis, manucure et dents blanches, d'après les médias, bien sous tous rapports, prédisant à cet esprit sans malice un avenir politique radieux, demain Premier Ministre de la France, n'était qu'un piteux branleur et un lamentable opportuniste ? ».

    La mine réjouie de Gabriel Attal, prêt à la bataille intellectuelle contre son adversaire arrogant mais souriant d'extrême droite, me faisait penser justement à la mine réjouie de Raymond Barre (à l'époque, Raymond-la-science) face à un François Mitterrand qui ne comprenait rien à l'économie (en 1977, voir plus haut). Le débat de 1977 a eu lieu deux mois après les élections municipales qui furent une grande victoire de la gauche socialo-communiste. Mais c'était aussi quelques mois avant les élections législatives de mars 1978 qui, finalement, ont été gagnées par Raymond Barre : François Mitterrand n'a donc pas été Premier Ministre. Néanmoins, la comparaison s'arrête là, doit s'arrêter là, car à force de persévérance, François Mitterrand a fini par se faire élire Président de la République par des électeurs qui n'ont pas tardé à se sentir dupés. C'est vrai qu'à terme, les imposteurs sont toujours démasqués. Encore faut-il qu'entre-temps, la France et les Français n'en souffrent pas trop.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (24 mai 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes 2024 (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240523-debat-attal-bardella.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/debat-gabriel-attal-vs-jordan-254808

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/05/24/article-sr-20240523-debat-attal-bardella.html





     

  • Élections européennes 2024 (2) : 37 listes et un bulletin de vote !

    « Et n'oublie pas : quand les autres s'abaissent, on s'élève ! » (Alafair Burke, 2018).



     

     
     


    Ce mardi 21 mai 2024 dans la soirée, sur la chaîne LCI, s'est tenu le premier débat dans lequel ont participé toutes les têtes de listes, du moins, celles des huit listes susceptibles d'obtenir des élus selon les sondages (avec une parité parfaite, quatre femmes et quatre hommes). L'émission, appelée "La grande confrontation" a obtenu 3,1% de part d'audience. Elle a duré près de trois heures dix (voir à la fin de l'article la vidéo). Un autre débat est prévu sur la chaîne concurrente BFMTV le lundi 27 mai 2024 à 20 heures 30.

    utant dire que le choix des invités était arbitraire puisque l'élection n'a pas encore eu lieu et que les sondages, par exemple, donnent autour de 2% d'intentions de vote la liste communiste menée par Léon Deffontaines, alors que la liste du parti animaliste menée par l'avocate Hélène Thouy avait obtenu 2,2% des voix en mai 2009 (c'était d'ailleurs une grande surprise) et cette liste se représente en 2024 et n'a pas eu droit à la parole. Notons d'ailleurs que les autres listes qui avaient obtenu au moins 2% des voix en 2019 et qui n'étaient pas représentées par les huit invités de ce mardi soir ne se présentent pas en 2024 : liste de Debout la France menée par Nicolas Dupont-Aignan (3,5%), liste de Générations menée par Benoît Hamon (3,3%) et liste Les Européens de l'UDI menée par Jean-Christophe Lagarde (2,5%). Pas sûr que si elles avaient été candidates, ces listes auraient été invitées au débat télévisé. Cette année, l'UDI fait cause commune avec la majorité présidentielle.

    Évoquons alors très rapidement ce très long débat. Finalement, celui qui l'a gagné n'est crédité que de 2% des intentions de vote : en effet, peu connu jusqu'alors, le candidat communiste Léon Deffontaines a surpris tout son monde. Le benjamin de l'étape (28 ans) a montré sa grande maîtrise de l'oral et son talent de débatteur, à l'aspect sympathique, lisse, propre sur lui, ce qui a amené l'éditorialiste Nicolas Domenach à en faire un "petit Bardella" pour le parti communiste. Même s'il n'est pas élu à ce scrutin, il aura probablement de l'avenir.

     

     
     


    Les autres participants : Valérie Hayer (majorité présidentielle), Jordan Bardella (RN), Raphaël Glucksmann (PS), François-Xavier Bellamy (LR), Marion Maréchal (Reconquête), Manon Aubry (FI) et Marie Toussaint (EELV) n'ont toutefois pas démérité, mais ils n'ont pas non plus surpris. Ils ont repris leurs arguments habituels de manière souvent talentueuse, comme le représentant de LR et le représentant du PS. Valérie Hayer a été plutôt bonne, mais elle est plus à l'aise dans l'exposé rationnel des arguments que dans l'exercice du débat où la passion peut convaincre. Elle a eu deux cibles, le RN et le PS, tandis que le candidat communiste attaquait surtout la représentante des insoumis qui ont le même cœur de cible (la gauche ultra).

    Jordan Bardella, le favori de ces élections, n'a pas fait de boulette malgré sa totale inconsistance intellectuelle, mais a montré une très grande arrogance (les sondages font gonfler les chevilles sinon la tête) qui inquiète jusqu'aux dirigeants du RN eux-mêmes. Mais il a eu l'habileté de désamorcer tous les sujets qui auraient pu le mettre en difficulté, le soutien à Vladimir Poutine (il a déclaré son soutien à l'Ukraine), la proximité avec une extrême droite européenne vraiment "craignos" (il a annoncé que les députés européens RN ne siégeraient plus dans le même groupe que ceux de l'AfD allemande), etc.

    Insistons quand même sur le fait que ce débat, difficile car à huit (long et personne n'a pu vraiment se faire entendre), a été de bonne tenue, et surtout, faisait participer des candidats têtes de liste jeunes, au point que le doyen d'âge, le plus vieux, était Raphaël Glucksmann (44 ans) ! Ce coup de jeune n'est cependant pas un coup de renouvellement puisque quatre des huit têtes de liste présentes étaient déjà têtes de liste aux élections européennes de 2019 (Jordan Bardella, François-Xavier Bellamy, Raphaël Glucksmann et Manon Aubry). C'est Valérie Hayer qui a la fonction plus influente au sein de l'Union Européenne, puisqu'elle est la présidente du groupe Renew sans lequel aucune majorité n'est possible dans l'hémicycle de Strasbourg.

     

     
     


    Abandonnons le débat et revenons aux listes. Le Ministère de l'Intérieur a publié le 17 mai 2024 la liste des listes officiellement candidates : il y en a trente-sept ! [Le Conseil d'État a validé in extremis le 23 mai 2024 une trente-huitième liste]. C'est un record historique pour un scrutin en France (en 2019, il n'y en avait que trente-quatre). Avec 81 candidats pour chaque liste, cela fait 2 997 candidats dont 1 505 hommes et 1 492 femmes (la différence de parité provient du nombre impair de candidats dans chaque liste : il y a plus de têtes de liste hommes que de têtes de liste femmes, 25 contre 12, d'où les 13 de différence). La liste de tous les candidats a été publiée le 18 mai 2024.

    Certaines listes ne se sont pas constituées, principalement faute de moyens ou faute de candidats. En effet, réunir autour de soi quatre-vingts autres personnes n'est pas évident, au niveau national, autour d'un projet commun (à définir), d'autant plus que les règles de la parité imposent quarante hommes et quarante femmes. Cela suppose une organisation très structurée sur le territoire (c'est le cas de la Fédération nationale des chasseurs, de Lutte ouvrière, etc.), ce qui peut être difficile pour des candidats à la seule promotion publicitaire personnelle. Ainsi, Debout la France (Nicolas Dupont-Aignan), Générations (Benoît Hamon), l'Alliance royale, le Mouvement écologiste indépendant (MEI), le Parti fédéraliste, l'Alliance centriste (Philippe Folliot) et Territoire en mouvement (Jean-Christophe Fromantin), etc. n'ont finalement pas déposé de candidature cette année pour diverses raisons (la principale étant le manque de financement).

    Avant de scruter la composition des huit listes principales (celles qui ont débattu le 21 mai 2024 sur LCI), regardons quelles sont donc les vingt-neuf autres listes (je ne comptabilise donc pas les huit principales listes).

    Il y a d'abord beaucoup de listes d'extrême gauche : dix dont celle de Free Palestine (Nagib Azergui), du Parti pirate (Caroline Zorn), de Lutte ouvrière (menée par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, et en queue de liste, Arlette Laguiller), celle de Georges Kuzmanovic (avec le prince Joachim Charles Napoléon Murat !), du NPA, du Parti des travailleurs (avec Daniel Gluckstein en sixième place), celle du militant communautariste Hadama Traoré.

    Il y a ensuite des listes souverainistes ou d'extrême droite : six dont celle de François Asselineau (UPR), celle de Florian Philippot (Les Patriotes) à laquelle s'est joint Jean-Frédéric Poisson (Via), celle d'Édouard Husson, celle des artistes antisionistes Francis Lalanne et Dieudonné.

    Il y a aussi quelques listes revendiquant l'écologie politique, quatre : Équinoxe de la souriante Marine Cholley, la liste de Yann Wehrling (ancien EELV, ancien MoDem et actuel vice-président du conseil région d'Île-de-France) qui rassemble entre autres Cap21 (le mouvement de Corinne Lepage), le mouvement pour les animaux, le parti nationaliste basque, etc. (et qui est soutenue par l'ancien ministre Jean-Jacques Aillagon, placé en fin de liste), la liste de la Ruche citoyenne, la liste de Jean-Marc Governatori (Écologie au centre).

    Il y a des listes qui ont une revendication particulière, et celle des animalistes d'Hélène Thouy (déjà citée) n'est pas la moins légitime puisqu'elle avait obtenu en 2019 plus de 2% des voix. Il y a aussi les défenseurs de l'esperanto avec Laure Patas d'Illiers, des droits des parents et de la protection de l'enfance avec Gaël Coste-Meunier, la défense de la ruralité avec l'inimitable Jean Lassalle (associé à Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs !), et la défense de la démocratie directe avec Philippe Ponge.

    Il y a aussi des listes de petits partis politiques qui n'ont pas voulu se mettre ou remettre avec des grands partis, quatre : celle de Guillaume Lacroix (Parti radical de gauche), avec l'ancienne ministre Juliette Méadel en quatrième position, celle de Pierre Larrouturou (Nouvelle donne), pourtant député européen sortant de la liste socialiste en 2019, celle de Jean-Marc Fortané (Nous Citoyens), enfin, celle d'Audric Alexandre (Parti des citoyens européens, de tendance social-libérale).

    Si je compte bien, cela fait donc vingt-neuf listes, plus les huit principales, ce qui donne trente-sept, le compte est bon ! (ouf).

     

     
     


    Voyons maintenant les listes principales qui ont toutes concouru en 2019 à l'exception de la liste Reconquête dont le parti n'existait pas à l'époque. Le nombre entre parenthèse suivant le nom d'un candidat correspond à son ordre dans la liste, le n°81 étant le dernier. Il est de coutume de mettre en fin de liste des personnes honorifiques pour "pousser" la liste, c'est le cas du RN, de la majorité présidentielle, de FI, du PCF, (aussi de LO), entre autres. J'indique ainsi les candidats remarquables pour chacune de ces listes.

    Liste du RN : Jordan Bardella (1), Malika Sorel (2), Fabrice Leggeri (3), Jean-Paul Garraud (5), Matthieu Valet (7), Thierry Mariani (9), Philippe Olivier (11), Alexandre Varaut (13), Julien Sanchez (17), Marie Dauchy (22), Andréa Kotarac (35), Marine Le Pen (80, Louis Aliot (81). Commentaire : Malika Sorel a "harcelé" Emmanuel Macron encore en janvier 2024 pour être nommée Ministre de l'Éducation nationale, ce qui donne une idée de son arrivisme. Ancien directeur de Frontex, Fabrice Leggeri est accusé par la Ligue des droits de l'homme de crime contre l'humanité et complicité de crime de torture pour avoir refusé de secourir des réfugiés. Philippe Olivier est le mari de Marie-Caroline Le Pen et à ce titre, le beau-frère de Marine Le Pen (rappelons aussi que la compagne de Jordan Bardella est Nolwenn Olivier, fille de Philippe Olivier qui est donc le beau-père de la tête de liste ; auparavant, Jordan Bardella était en relation avec Kerridwen Chatillon, la fille de Frédéric Chatillon, selon Wikipédia).

    Liste de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Parti radical et Horizons) et de l'UDI : Valérie Hayer (1), Bernard Guetta (2), Marie-Pierre Vedrenne (3), Pascal Canfin (4), Nathalie Loiseau (5), Sandro Gozi (6), Fabienne Keller (7), Laurence Farreng (9), Gilles Boyer (10), Valérie Devaux (11), Christophe Grudler (12), Jérémy Decerle (14), Laurent Hénart (16), Bérangère Abba (17), Max Orville (18), Ambroise Méjean (20), Rachel-Flore Pardo (21), Catherine Amalric (27), James Chéron (28), Pierre Karlesking (30), Pierre Jakubowicz (64), Jean Veil (74), Violette Spillebout (75), Édouard Philippe (76), François Bayrou (78), Stéphane Séjourné (80), Élisabeth Borne (81). Commentaire : en fin de liste, la majorité a mobilisé deux anciens Premiers Ministres, un fils de Simone Veil et le président du MoDem habitué à mener des listes aux européennes.

    Liste du PS : Raphaël Glucksmann (1), Pierre Jouvet (3), Aurore Lalucq (4), Christophe Clergeau (5), Jean-Marc Germain (7), Chloé Ridel (10), François Kalfon (13). Commentaire : Pierre Jouvet a été celui qui a négocié avec Jean-Luc Mélenchon pour fonder la Nupes. Contrairement à ce que déclare Raphaël Glucksmann, ce dernier reste donc toujours dans une optique d'union avec le leader des insoumis pour 2027.

    Liste de LR : François-Xavier Bellamy (1), Céline Imart (2), Christophe Gomart (3), Isabelle Le Callennec (4), Nadine Morano (6), Brice Hortefeux (7), Nathalie Colin-Oesterlé (8), Geoffroy Didier (11), Emmanuelle Mignon (12), Frédéric Nihous (13), Valérie Boyer (14), Pascale Bories (28), Vincent Jeanbrun (81). Commentaire : la présence, en position éligible, des indéboulonnables Nadine Morano et Brice Hortefeux a provoqué beaucoup de protestation au sein de LR. Notons qu'Emmanuelle Mignon était la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy à l'Élysée. Pour terminer la liste, le maire de L'Haÿ-les-Roses, qui fut attaqué par des émeutiers l'été dernier (proche de Valérie Pécresse, il a été vice-président du conseil régional d'Île-de-France).

    Liste de FI : Manon Aubry (1), Leïla Chaibi (5), Rima Hassan (7), Damien Carême (8), Jean-Luc Mélenchon (80). Commentaire : Rima Hassan est une militante pro-palestinienne qui a importé le conflit israélo-palestinien dans les thèmes de campagne.

    Liste de Reconquête : Marion Maréchal (1), Guillaume Peltier (2), Sarah Knafo (3), Nicolas Bay (4), Laurence Trochu (5), Stanislas Rigault (6), Jean Messiha (7), Damien Rieu (12), Éric Zemmour (80). Commentaire : Sarah Knafo est la proche collaboratrice d'Éric Zemmour.

    Liste des écologistes : Marie Toussaint (1), David Cormand (2), Benoît Biteau (6), Caroline Roose (7), Priscillia Ludosky (9), Maël Rannou (54), Cédric Villani (76), Mélanie Vogel (77), Noël Mamère (78), Eva Joly (79), Yannick Jadot (80), Marine Tondelier (81). Commentaire : EELV a mis le paquet sur les soutiens en queue de liste (il ne manque plus que Dominique Voynet et Cécile Duflot !). Priscillia Ludoksy est l'une des leaders du mouvement des gilets jaunes.

    Liste du PCF : Léon Deffontaines (1), Emmanuel Maurel (3), André Chassaigne (5), Cécile Cukierman (80, Fabien Roussel (81). Commentaire : poussée par Fabien Roussel, la liste a intégré Emmanuel Maurel, ancien du PS et élu député européen en 2019 sur la liste des insoumis.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (22 mai 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240521-europeennes.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2-37-listes-254785

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/05/21/article-sr-20240521-europeennes.html