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boris vallaud

  • La motion RNFP : Chassez le naturel, il revient au chaos !

    « Malgré des années d’efforts pour tenter de faire croire aux Français que vous seriez responsables, prêts à gouverner, ce que nous confirme le moment que nous vivons, c’est que tout cela n’était que du vent. Chassez le naturel, il revient au chaos ! » (Gabriel Attal, le 4 décembre 2024 dans l'hémicycle).




     

     
     


    La journée parlementaire du mercredi 4 décembre 2024 a été historique en ce sens qu'elle a conclu par l'adoption d'une motion de censure pour la seconde fois de toute l'histoire de la Cinquième République. Une motion de censure qui a rassemblé les votes à la fois de l'extrême gauche de la nouvelle farce populaire (NFP) et de l'extrême droite qui se voulait pourtant constructive. Revenons à la teneur du débat parlementaire et des discours des principaux orateurs.

    À l'évidence, le président du groupe EPR à l'Assemblée, Gabriel Attal, a été le plus percutant, prenant date pour l'avenir, pour pourfendre à la fois l'hypocrisie de l'extrême droite et le cynisme d'une certaine gauche. Il était l'avant-dernier orateur avant la réponse du Premier Ministre.

    Contre le RN, Gabriel Attal a attaqué très fortement la stratégie du chaos du RN : « Quel Français pourra se dire que grâce à la chute du gouvernement et à l’instabilité que cela provoquera, son quotidien s’améliorera ? Aucun ! La vérité, c’est que l’adoption de cette motion de censure ne ferait que des perdants, au premier rang desquels les plus modestes, les classes moyennes, les travailleurs. Parce que quand la crise frappe, quand l’instabilité s’installe, quand le chaos rôde, ce sont toujours ceux qui triment qui payent les pots cassés. Mais le Rassemblement national s’en moque. (…) Oui, les députés lepénistes mentent quand ils font croire aux Français que c’est pour les défendre, eux, et défendre leur pouvoir d’achat qu’ils votent la motion de censure. Il n’en est rien ! Les députés lepénistes mentent quand ils tentent de faire croire que le chaos qu’ils sèment ne serait pas de leur faute. Je crois que vous le sentez déjà : pour vous faire du bien, vous faites mal au pays et mal aux Français. Je crois que vous êtes déjà en train de sentir que les Français sont inquiets de cette censure annoncée. Vous sentez qu’ils aspirent à la stabilité et à la sérénité. Vous sentez déjà que vous faites une erreur devant l’histoire. Mais vous ne pouvez pas vous en empêcher, c’est plus fort que vous, c’est votre nature. Alors vous cherchez à rejeter sur d’autres la responsabilité que vous prenez, seuls, de faire tomber le gouvernement de la France. Auriez-vous déjà la censure honteuse ? Est-ce pour cela que matin, midi et soir, vous courez les plateaux de télévision pour vous évertuer à faire croire que vous ne seriez pas les responsables et que même si les quatre groupes du socle commun soutiennent le gouvernement, qu’il n’a jamais été question pour aucun d’entre nous d’appuyer sur le bouton de la censure, le coupable serait le socle commun. Pas un Français ne croit à ce mensonge, pas un ! La politique, c’est prendre des décisions et surtout, je crois, les assumer. Alors, mesdames, messieurs les députés lepénistes, assumez votre décision, assumez le désordre, assumez l’alliance avec LFI, assumez l’instabilité, assumez l’affaiblissement de la France, assumez votre irresponsabilité ! Madame Le Pen, je vous ai écoutée attentivement dans votre tentative désespérée de vous exonérer de vos responsabilités. ».


    Gabriel Attal a commencé son intervention par une citation de Tocqueville : « Il y a tant à dire sur l’alliance entre LFI et le RN qui est en train de se nouer, conformément à l’analyse de Tocqueville qui écrivait qu’ "en politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés". Il y a vraiment tant à dire, mais je crois que l’essentiel pourrait tenir en une phrase : nous en sommes au point où les Français n’écoutent plus les politiques. En effet, tout cela tourne désormais à vide, la politique française est malade et nous venons d’avoir la confirmation dans les interventions précédentes que ce n’est ni à l’extrême gauche ni à l’extrême droite que les Français pourront trouver l’antidote. (…) Il semble aujourd’hui que l’extrême droite et l’extrême gauche aient décidé de baisser ensemble le pouce, comme naguère à Rome lorsqu’il fallait condamner un gladiateur après le combat. (…) Dans le camp du désordre, le Rassemblement national n’est pas seul, il le partage avec l’extrême gauche qui y a déjà ses habitudes. Motion de censure après motion de censure, outrance après outrance, hurlement après hurlement, l’alliance de la gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon ne poursuit qu’un seul projet : tout piétiner, tout gâcher et tout taxer. ».

    Et l'ancien Premier Ministre s'est adressé tout particulièrement aux socialistes pour en appeler à leur sens des responsabilités : « Je pense à ceux qui, il y a sept ans à peine, gouvernaient encore la France, ceux qui comptent dans leurs rangs des élus sincères, convaincus que la laïcité n’est pas un gros mot, que la compétitivité est nécessaire et que la stabilité est indispensable, ceux qui, depuis le congrès d’Épinay, unissaient la gauche autour de leurs valeurs et ne se soumettaient pas comme aujourd’hui à celles de l’extrême gauche. À ceux-là, nous disons qu’on peut s’opposer sans tout gâcher, qu’on peut s’opposer sans censurer… Affranchissez-vous ! Nous préférons voir le courage de ces quelques députés de gauche qui ont fait preuve d’indépendance en refusant de signer et d’apporter leurs voix à la motion de censure signée par Jean-Luc Mélenchon. Nous préférons voir qu’au sein de la gauche et des députés indépendants, des voix responsables se sont élevées pour dénoncer la politique du pire (…). Nous préférons porter l’espoir qu’un jour (…), la gauche républicaine, la gauche de gouvernement, celle qui a eu l’honneur par deux fois de donner un Président à la France, se ressaisisse et se mette autour de la table avec nous pour, enfin, agir vraiment pour les Français. ».

    Prenant un exemple parmi d'autres : « Chers collègues socialistes, au début de la séance, M. Mélenchon était dans les tribunes pour assister à nos débats. Il a écouté religieusement l’orateur de la France insoumise et Mme Le Pen, puis il s’est levé et est parti au moment même où Boris Vallaud prenait la parole. Il la respecte plus qu’il ne vous respecte ! Que faites-vous encore avec son parti ? ».


    Le premier orateur était Éric Coquerel pour défendre la première motion de censure déposée par l'extrême gauche. Il a basé tout son discours sur la supposée « illégitimité » du Premier Ministre, oubliant en cela la Constitution (quand ça l'arrange) et en attaquant sévèrement le gouvernement : « Vous avez montré que les seuls compromis que vous étiez prêt à admettre étaient ceux que vous négociez avec vous-même. Vous n’avez pas esquissé le moindre mouvement en faveur des amendements adoptés dans cette chambre. Vous ne l’avez fait ni pour le budget de la sécurité sociale, alors que nous réglions une grande partie des déficits des comptes sociaux, par exemple en instaurant des cotisations sur les dividendes, ni pour celui de l’État, alors que nous avions trouvé 56 milliards d’euros en revenant sur les cadeaux fiscaux éhontés faits aux ultrariches et aux très grandes entreprises depuis 2017. Or ces recettes supplémentaires permettaient d’éviter d’augmenter les taxes sur l’électricité ou de diminuer le pouvoir d’achat des actifs et des retraités. Elles permettaient aussi de maintenir le déficit sous les 3% du PIB, ce qui laissait une plus grande latitude pour investir dans l’écologie, l’éducation et la santé. ».

    Le plus cocasse, c'était de pourfendre une prétendue collusion avec le RN alors que c'est le NFP lui-même qui allait mêler sa voix avec celle du RN : « Vous avez finalement tenté des compromis, mais avec l’extrême droite. Vous avez privilégié le Rassemblement national en violation du barrage républicain qui a rassemblé une majorité de voix en juillet dernier, alors que vous auriez dû au moins vous en faire le garant. Cette compromission n’empêchera pas votre chute. Vous chuterez de surcroît dans le déshonneur puisque vous étiez prêt à remettre en question l’aide médicale de l’État (AME). Jusqu’au bout, vous ou vos ministres, comme M. Retailleau hier lors de la séance de questions au gouvernement, avez invoqué des valeurs communes avec l’extrême droite afin d’éviter que ses députés ne votent la censure. En aspirant à un front réactionnaire, vous insultez tous les électeurs qui, pour maintenir le barrage, ont permis à vos maigres soutiens de conserver leur siège dans cette chambre. ».

    Le président insoumis de la commission des finances a même proposé sa solution en réclamant la démission du Président de la République, en violation complète avec la Constitution : « Il existe une meilleure solution, qui respecterait le suffrage universel : nommer un gouvernement nouveau front populaire, qui pourrait avantageusement amender le budget de retour le 18 décembre à l’Assemblée. Il pourrait reprendre tous les amendements qui avaient su trouver une majorité ici même ; il lui resterait alors deux semaines pour essayer de faire passer la partie recette avant fin décembre, comme la loi l’y oblige. Mais il semble que le chef de l’État ne veuille toujours pas de cette solution qui contredit les fondements de sa politique au service de la finance. Voilà pourquoi se posera à nouveau et rapidement la question de la sortie de cette impasse. Cette sortie de crise passera par le suffrage populaire. Elle ne pourra attendre juillet et doit concerner le responsable de tout ce chaos, j’ai nommé le Président de la République. Aujourd’hui nous votons la censure de votre gouvernement mais, plus que tout, nous sonnons le glas d’un mandat : celui du Président. Collègues, notre main n’a pas à trembler. Je vous invite à censurer ce gouvernement. En ce jour, ouvrons un avenir, la promesse d’une aube après le crépuscule. ».


    La deuxième oratrice était Marine Le Pen pour défendre sa propre motion de censure (qui n'a finalement pas été mise aux voix, en raison de l'adoption de la première). Les critiques contre le gouvernement ont plu d'une manière tellement excessive que cela en devenait insignifiant : « Monsieur le Premier Ministre, vous avez fait le choix de prolonger l’hiver technocratique dans lequel est plongée la France depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 : déconnexion des attentes démocratiques, verticalité des décisions, refus des consultations et des compromis, non-respect en somme de la volonté du peuple français en matière migratoire, sécuritaire ou fiscale, ou en matière de construction européenne, et cela malgré les résultats sans appel des élections de juin et juillet dernier. ».

    L'ancienne présidente du RN a notamment fustigé les 3 300 milliards d'euros de dette pour charger le Président de la République (sur ce sujet, je reparlerai prochainement de la dette et de son augmentation pas si différente que cela du passé), et en ponctuant : « La facture est invariablement présentée aux Français, sommés d’éponger ces errements. ». Elle a oublié de préciser que si l'État est si endetté, c'est bien parce que l'État dépense beaucoup plus qu'il ne gagne, et à qui cela profite ? À tous les Français. Le vrai scandale, il est générationnel : ce sont les Français du futur qui vont devoir payer le train de vie des Français d'aujourd'hui, mais dès qu'on touche au train de vie d'aujourd'hui, il y a refus et obstruction. Il faudrait être cohérent.


    Pourtant, Marine Le Pen en était consciente : « Depuis cinquante ans, la France a perdu le contrôle de ses finances publiques. Elle s’est rendue prisonnière de ces budgets qui obèrent désormais son avenir, celui de nos enfants et même de nos petits-enfants. Ils n’ont pas seulement découragé le travail mais la création de richesses ; pas seulement la volonté d’entreprendre mais la possibilité de le faire. Ce budget ne s’attaque pas seulement à la France, il prend en otage les Français, singulièrement les plus vulnérables : les retraités modestes, les personnes malades, les travailleurs pauvres, les Français considérés comme "trop riches" pour être aidés, mais pas assez pauvres pour échapper au matraquage fiscal. ».

    Et de poursuivre comme Louis de Funès dans "L'Avare" : « Ces Français qui, tous, se posent une unique question : "Où va l’argent ?" ». Où va l'argent ? Qu'elle était stupide, cette oratrice, de poser cette question alors que les réponses ont fusé dans l'hémicycle. François Cormier-Bouligeon (EPR) : « Et l'argent du Parlement Européen ? ». Erwan Balanant (MoDem) : « Dans les caisses du Rassemblement national ! ». Émilie Bonnivard (LR) : « Aux assistants parlementaires du Rassemblement national ! ». Marie Lebec (EPR) : « Dans vos poches ! ».

    Quant à la démission du Président de la République, l'hypocrisie au comble, Marine Le Pen l'a réclamée sans la réclamer : « Emmanuel Macron s’est attaqué, depuis sept ans, à tous les murs porteurs de l’État et de la nation ; il a terriblement affaibli la fonction présidentielle, clef de voûte de l’édifice institutionnel français. Parce que nos logiques constitutionnelles le commandent, en attendant que le peuple reprenne la parole et la main, c’est au chef de l’État, et à lui seul, qu’il appartiendrait de sortir le pays de cette pathétique ornière. Je le dis ici, j’ai trop de respect pour la fonction suprême, de déférence à l’égard de nos institutions, de révérence vis-à-vis du suffrage universel, pour participer à une quelconque entreprise, même parlementaire, de demande de destitution. Je laisse cela aux "che-guevaristes" de carnaval qui, sans nul doute, se reconnaîtront. C’est à l’intéressé lui-même de conclure, s’il est en mesure de rester ou pas. C’est à sa conscience de lui commander s’il peut sacrifier l’action publique et le sort de la France à son orgueil. C’est à sa raison de déterminer s’il peut ignorer l’évidence d’une défiance populaire massive que je crois définitive. S’il décide de rester, il sera contraint de constater qu’il est le Président d’une République qui n’est plus tout à fait, par sa faute, la Ve. ». C'était n'importe quoi (comme d'habitude) mais il fallait bien parler sur le sujet. Il faudrait juste rappeler à Marine Le Pen qu'elle avait réclamé la dissolution depuis plus d'un an et que c'est ce retour au peuple qui est dans l'essence de la Cinquième République, tandis qu'elle venait d'appeler cela le chaos. Il faudrait savoir.


     

     
     


    Hypocrisie aussi en votant la motion de censure de l'extrême gauche utilisée « comme un simple outil » ! L'ancienne candidat de l'extrême droite a fait aussi un contresens en condamnant le front républicain entre les deux tours des élections législatives : « Contrairement à ce que vous avez fait en juin dernier, nous ne les envisagerons jamais comme des alliés, car les Français n’auront pas oublié pas que, si tant de députés insoumis siègent sur ces bancs, c’est grâce au désistement de candidats macronistes et LR. Les Français n’oublieront pas non plus que, si tant de députés macronistes et DR siègent sur ces bancs, c’est grâce au désistement de candidats insoumis. N’est-ce pas, monsieur Wauquiez ? ». Eh non, les électeurs sont plus futés, et s'ils avaient voulu une majorité RN, ils auraient pu l'élire même avec cette configuration du front républicain. Le seul message clair d'ailleurs des électeurs, donné le 7 juillet 2024, c'était justement qu'il ne voulait pas que le RN gouvernât.

    En outre, cela a sans doute surpris Laurent Wauquiez d'avoir été ainsi interpellé et cela a dû le faire réfléchir sur le fait qu'entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il n'y avait décidément pas photo pour choisir avec qui LR voudrait gouverner.

    Il s'est ainsi permis de lui répondre. En effet, Laurent Wauquiez, en évoquant la « coalition des contraires, celle de l'extrême gauche et de l'extrême droite » qui a fait tomber le premier gouvernement de Georges Pompidou en 1962, a embrayé sur 2024 : « Je me souviens encore des propos que j’entendais sur les bancs de la gauche lorsque j’évoquais cet événement [1962] il y a deux mois : ses députés assuraient qu’ils ne voteraient jamais avec le Rassemblement national. Je me souviens également des propos qui me parvenaient des rangs de votre groupe, madame Le Pen : vos députés affirmaient qu’ils ne voteraient jamais avec la France insoumise. Eh bien, nous y voilà : vous faites semblant de vous injurier les uns les autres, mais vous vous apprêtez à voter les uns avec les autres. Vous vous apprêtez à voter ensemble, pour faire tomber un gouvernement. Est-ce une surprise ? Je ne le crois pas ! ».

    Et de présenter l'enjeu ainsi : « Le choix que nous devons faire, chers collègues, est donc parfaitement clair. D’ailleurs, il n’y a pas trois options possibles, mais seulement deux : l’intérêt du pays ou l’intérêt des partis. Le choix de la responsabilité ou le choix du chaos, le choix de la solution ou le choix du désordre. (…) Est-ce que notre pays peut encore se payer le luxe de semaines d’instabilité gouvernementale, alors que tout est à rebâtir ? Sûrement pas ! Vous avez beau éructer, nous voilà tous face à nos responsabilités. Évidemment, chacun fera son choix en son âme et conscience et ce choix, il faudra le défendre face aux Français. ».


    Juste avant Laurent Wauquiez, le président du groupe socialiste a pris la parole. Boris Vallaud n'a pas manqué de culot en crachant ceci : « Monsieur le Premier Ministre, à aucun moment vous ne nous avez laissés améliorer ce projet, injuste et inefficace, qui fait payer les malades, qui appauvrit les retraités, qui fragilise l’hôpital et qui ne prépare pas le pays aux défis de la société du vieillissement. Vous nous avez empêchés d’aller au bout de l’examen du texte et vous êtes demeuré sourd aux modifications proposées en CMP [commission mixte paritaire]. Or nous n’avons jamais été dans le tout ou rien. À aucun moment, vous êtes entré en dialogue avec l’opposition de la gauche et des écologistes. Vous avez donné suite à aucune de nos propositions, que ce soit à l’occasion du débat parlementaire, que vous avez déserté, à la suite des courriers que nous vous avons adressés, ou encore lors de notre récente entrevue à Matignon, à votre initiative pourtant. ».

    Un peu plus tard, Michel Barnier lui a répondu très vertement en évoquant Georges Pompidou : « En 1962, lui aussi tombait, sous le coup d’une motion de censure. En ce qui me concerne, j’ai toujours admiré cet homme d’État, gardant le souvenir de ce qu’il recommandait dans son livre, "Le Nœud gordien" : il faut, en toutes circonstances, chercher à préserver "la morale de l’action", la morale du collectif. Monsieur le président Vallaud, lorsque, arrivant à l’hôtel Matignon, où je vous avais appelé au lendemain de ma nomination il y a moins de trois mois, vous m’indiquiez, avant que j’aie formé le gouvernement ou présenté son programme, avant même que j’aie ouvert la bouche, que vous voteriez la censure, où est la morale ? Où est l’action ? ».

    Soucieux d'être constructif (ce qui est rare dans cette Assemblée), Boris Vallaud a aussi proposé un pacte de non-censure : « Voilà notre accord de non-censure pour gouverner sans 49-3. Tous les présidents de groupe qui ont bénéficié du front républicain pourraient convenir d’un accord de méthode afin d’y parvenir. C’est une construction politique difficile, certes, mais la seule option raisonnable qui s’offre à nous. Le pouvoir n’est plus à l’Élysée. Il n’est plus à Matignon. Il est à l’Assemblée Nationale. À ceux qui, comme moi, croient au Parlement et qui espèrent un réveil démocratique, à ceux qui rêvent d’une VIe République, la voici ! Oui, nous pouvons changer de budget et de Premier Ministre ; oui, nous pouvons changer la vie. Nous pouvons trouver un chemin pour ce faire. Je crois dans le génie de la démocratie mais elle a besoin de démocrates sincères, de républicains ardents et de parlementaires adultes. ».

    Mais en écoutant mieux l'orateur socialiste, il a précisé quand même un préalable, que ce Premier Ministre soit de gauche, ce qui l'a disqualifié dans la recherche sincère d'une coalition : « Tous préfèrent l’action, même imparfaite, au verbe impuissant ; tous espèrent de la gauche un changement dans leurs vies. Un Premier Ministre de gauche, qui conduirait la politique de la nation, selon la volonté de changement des électeurs nous ayant fait confiance et une Assemblée qui chercherait des compromis et des majorités larges autour de quelques priorités répondant aux attentes urgentes des Français. ».

    Paradoxalement, alors qu'il allait mêler sa voix avec celle du RN pour renverser le gouvernement, Boris Vallaud donnait des leçons de morale à ses collègues du socle commun : «  Chers collègues du bloc central qui vociférez, je le dis avec gravité, cette censure est un appel au sursaut moral. La majorité de compromis que vous avez voulue s’est transformée en un sinistre gouvernement de connivence avec l’extrême droite. Vous la subissez et, désormais, elle vous achève. Pour tout républicain authentique, le prix à payer est devenu beaucoup trop élevé. Le choix qui s’offre à vous est simple. Préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir, que certains jugent imparfaite, mais avec laquelle la plupart d’entre vous partagent l’essentiel des combats républicains ou continuer de courber l’échine aux injonctions de Mme Le Pen ? Préférez-vous la laisse et le bâton du Rassemblement national ou la responsabilité républicaine, au prix de négociations parlementaires exigeantes ? ». La réponse est pourtant simple : tant que le PS est associé aux insoumis, aucun compromis ne sera possible puisque les mélenchonistes sont pour le chaos et la destruction de la République.

    Et oubliant qu'il n'était qu'un instrument de l'extrême droite et de l'extrême gauche, le pauvre dirigeant socialiste répétait comme un mantra : « Cette motion de censure n’est pas un outil de déstabilisation ou de chaos institutionnel. ». Un peu aussi comme dans "Mars Attacks !" de Tim Burton (sorti le 13 décembre 1996), quand un envahisseur lâchait comme un robot "nous venons en paix, nous venons en paix..." !

    Dernier orateur à parler, pour répondre aux précédents, le Premier Ministre Michel Barnier, dont c'était la dernière intervention dans l'hémicycle avant la censure. L'occasion de remercier ceux qui l'ont accompagné pendant ces trois mois au pouvoir : « À chacune et à chacun des députés qui viennent de se lever et aux membres du gouvernement, qui sont presque tous présents, je dois dire que je suis très touché par votre attitude et par votre accueil. (…) C’est aussi l’occasion, peut-être la dernière si tel est le choix de la représentation nationale, de vous remercier, madame la Présidente, pour votre attention et la qualité de notre dialogue durant près de trois mois, ainsi que l’ensemble des services de l’Assemblée Nationale. ».

    Michel Barnier a prophétisé la suite, très lucidement : « Chaque année, les Français vont devoir payer 60 milliards d’euros d’intérêts. C’est plus que le budget de la défense ou de l’enseignement supérieur et ce serait encore davantage demain si nous ne faisions rien. Voilà la réalité. Voilà la réalité, quoi qu’on en dise. Cette vérité, j’ai essayé de l’affronter avec l’ensemble du gouvernement, que je remercie. Ce n’est pas un hasard si le budget que j’ai présenté ne contient quasiment que des mesures difficiles : j’aurais préféré distribuer de l’argent, même si nous ne l’avons pas, pour faciliter la discussion ; mais cette réalité demeure et, écoutez-moi bien !, elle ne disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure. Écoutez-moi bien et souvenez-vous-en, dans quelque temps : cette réalité se rappellera à tout gouvernement, quel qu’il soit. ».


    Et d'ajouter en aparté une pique à Marine Le Pen : « En effet, madame Le Pen, il s’agit de notre souveraineté, même si la nature de vos propositions, d’hier et d’aujourd’hui, prouve que nous n’avons pas la même idée de la souveraineté, ni du patriotisme. ».

    L'enjeu que le chef du gouvernement a exposé était le suivant : « Ne nous trompons pas d’enjeu : ce qui se décide en cette fin d’après-midi, ce n’est certainement pas l’issue d’un bras de fer entre l’une ou l’autre des formations politiques et le Premier Ministre, pas plus que le sort du Premier Ministre, je n’ai pas peur, rassurez-vous, monsieur Sansu, j’ai rarement eu peur depuis que je suis engagé en politique, ce qui est en jeu, c’est notre capacité à faire des pas les uns vers les autres, à dépasser les tensions et les clivages qui font tant de mal à notre pays, à n’avoir comme boussole que l’intérêt général. Ce qui devrait nous rassembler, c’est la politique, au sens où je l’entends, qui consiste à créer du progrès collectif, parfois de petits progrès, parfois de grands progrès pour les Français, et de la stabilité. Les citoyens, les entreprises, les acteurs sociaux et économiques en ont tant besoin et si forte envie. ».


    Ses dernières paroles ont été les suivantes : « Mesdames et messieurs les députés, vous voilà rendus à ce moment de vérité. Vous me permettrez, à cet instant, de terminer de façon plus personnelle et de vous dire que je ressens comme un honneur d’avoir été depuis trois mois, et d’être encore, le premier ministre des Français, de tous les Français. Au moment où ma mission prendra fin, peut-être bientôt, je dois dire que cela restera pour moi un honneur d’avoir servi, avec dignité, la France et les Français. ».

    Cela m'a fait évidemment penser à la fin de célèbre tirade de Jean Gabin, lui aussi renversé par une majorité hostile, dans l'excellent film "Le Président" d'Henri Verneuil (sorti le 1er mars 1961). Michel Barnier aura marqué l'histoire... mais certainement pas comme il l'aurait voulu. Par un acte manqué.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (04 décembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La motion RNFP : Chassez le naturel, il revient au chaos !
    L'émotion de censure de Michel Barnier.
    La collusion des irresponsables.
    Gouvernement Barnier : les yeux du monde rivés sur la France.
    Risque de censure : Non, le RN n'est pas l'arbitre des élégances !
    Michel Barnier plaide pour la sobriété normative et procédurale !
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 21 novembre 2024 à la Porte de Versailles (vidéo et texte intégral).
    Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
    PLF 2025 : la majorité de rejet !
    Michel Barnier : déjà deux mois !
    François Guizot à Matignon ?
    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
    Doliprane : l'impéritie politique.
    Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
    Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
    Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
    Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
    Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.


     

     

     

     

     

     


    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241204-assemblee-nationale.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-motion-rnfp-chassez-le-naturel-257977

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/04/article-sr-20241204-assemblee-nationale.html


     

     

     

     

     

     

     

  • Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?

    « L'élection des vice-présidents, des questeurs et des secrétaires a lieu en s'efforçant de reproduire au sein du bureau la configuration politique de l'Assemblée et de respecter la parité entre les femmes et les hommes. » (Article 10 alinéa 2 du Règlement intérieur de l'Assemblée Nationale).


     

     
     


    Tout s'accélère cette semaine dans la perspective de l'ouverture de la XVIIe législature de la Cinquième République ce jeudi 18 juillet 2024. La nouvelle farce populaire (NFP) est en phase de décomposition avancée, prêt à imploser devant l'étendue des désaccords : ils ne sont pas capables de s'entendre pour la première décision à prendre, comment pourraient-ils se mettre d'accord sur la politique à mener, par exemple, sur le nucléaire ?

    Après le rejet des socialistes de la proposition d'Huguette Bello, à Matignon, le PS a proposé d'autres noms dont Cécile Duflot (!!!!!) (les bras m'en sont tombés !), Esther Duflo (l'économiste qui n'a pas vraiment validé le programme économique du NFP), et enfin, Laurence Tubiana. Le PCF et EELV se sont ralliés à cette idée, mais les insoumis l'ont rejetée catégoriquement, demandant un peu de sérieux. Laurence Tubiana, en particulier, avait fait partie des personnalités pressenties pour Matignon en 2020 puis 2022. De là à instruire son procès pour macronisme aggravé, il n'y a qu'un pas mais justement, c'est parce qu'elle est macron-compatible qu'elle conviendrait pour élargir la majorité à Ensemble. Fin de non recevoir de Jean-Luc Mélenchon, et même pire, rupture des négociations au NFP. C'est bien joli, ces petites guéguerres, mais ils ne se mettent même pas d'accord alors qu'il leur manque 100 députés et qu'ils devraient nécessairement aller les chercher ailleurs que chez eux. En fait, comme il est très intelligent, le gourou des insoumis prouve qu'il ne veut pas gouverner et préfère la position confortable de l'opposant jusqu'en 2027.

    C'est un spectacle pitoyable qui montre à l'évidence que le Président Emmanuel Macron avait raison : ni le RN ni le NFP ne sont capables de gouverner et ils n'ont d'ailleurs pas de projet de gouvernement, ils ne sont pas prêts ni sur le plan des personnalités à nommer, ni sur le plan du contenu. Toutefois, cela ne fait pas les affaires de la France et les entreprises sont dans une grande expectative.

    Ce mardi 16 juillet 2024 a eu lieu un ultime conseil des ministres du gouvernement dirigé par Gabriel Attal. La démission du gouvernement est devenue officielle vers 18 heures 30 et en attendant le prochain gouvernement, le démissionnaire gérera les affaires courantes (et les ministres qui ne sont plus ministres pourront siéger à l'Assemblée s'ils ont été élus ou réélus). Certains évoquent que cette période pourrait durer jusqu'au 1er octobre 2024, date de l'ouverture de la session ordinaire.

    Emmanuel Macron a encouragé les députés Ensemble à travailler sur une coalition avec les élus LR et centristes ainsi qu'avec le centre gauche pour former un gouvernement viable que ne peut manifestement pas concevoir le NFP, faute de majorité. De son côté, le groupe LR a travaillé son pacte législatif à partir duquel il proposera une dizaine de textes législatifs sur lesquels ils seront vigilants, en compensation d'une bienveillance parlementaire (pas de vote de motion de censure). Emmanuel Macron, en tout cas, a exclu la nomination d'une gouvernement 100% NFP avant le mois d'octobre, car sans session parlementaire, aucune motion de censure ne pourra être déposée, et pendant ces semaines au pouvoir, ce gouvernement pourrait faire de graves dégâts économiques par voie de décrets.

     

     
     


    L'enjeu se déplace de quelques rues, de Matignon au Palais-Bourbon, et l'importance de l'élection du prochain Président de l'Assemblée Nationale jeudi est grande car elle pourrait préfigurer la capacité ou non de gouverner, de trouver des majorités de circonstance. Je rappelle que dans ce scrutin, il faut la majorité absolue aux deux premiers tours, et la majorité relative suffit au troisième tour. De nouveaux candidats peuvent le cas échéant se présenter entre deux tours.

    Le NFP a assuré qu'ils se sont mis d'accord pour ne présenter qu'une seule candidature, espérant l'emporter à la majorité relative au dernier tour. Beaucoup sont candidats mais certains pourraient s'effacer : Éric Coquerel pour FI, Cyrielle Chatelain (qui vient d'être réélue présidente du groupe EELV à l'unanimité), André Chassaigne pour le PCF et Boris Vallaud pour le PS. Apparemment, Cyrielle Chatelain auraient les faveurs du NFP (à confirmer). D'autres candidats dans les autres groupes (en tout, il y aurait treize groupes) : Charles de Courson pour les centristes (ils ne représentent que quelques sièges), Annie Genevard pour LR, probablement Sébastien Chenu pour le RN (à confirmer).

    La Présidente de l'Assemblée Nationale sortante Yaël Braun-Pivet a également annoncé sa candidature ce mardi, mais rien n'indique qu'il n'y aurait pas, non plus, un candidat du groupe Horizons, et même un autre du MoDem. Peu appréciée du Président de la République, Yaël Braun-Pivet veut réunir une large majorité des députés sur son nom. Certes, sa réélection pourrait mettre un doute sur le besoin de changement et la réalité des élections législatives, mais en fait, la question ne se pose pas vraiment en ces termes : si elle est réélue jeudi, cela signifie que la configuration de l'Assemblée lui a apporté une majorité (même relative), et c'est donc bien la volonté populaire puisque cette configuration a été voulue par les électeurs (plus ou moins consciemment).

    Mais derrière l'enjeu du perchoir, il y a deux autres enjeux : le premier, déjà évoqué, de la capacité à recueillir une majorité relative dans cette Assemblée impossible ; le second, c'est qu'il y a d'autres postes de gestion de l'Assemblée, le fameux bureau de l'Assemblée Nationale, à désigner, et aussi les commissions et ses présidents.

     

     
     


    Là, formellement, on tombe sur un os institutionnel. Pourquoi ? Parce que selon le Règlement intérieur de l'Assemblée Nationale, dans sa dernière version du 24 novembre 2014 (loi organique n°2014-1392 du 24 novembre 2014), chaque groupe doit indiquer, au moment de sa formation (ils ont jusqu'au 20 juillet 2024 pour achever leur constitution), à côté de sa profession de foi, son appartenance (très binaire) à la majorité ou à l'opposition. Sur les treize groupes actuellement formés, seul le RN aurait indiqué opposition, et il revendique déjà la présidence de la commission des finances (réservée traditionnellement, depuis 2007, à un membre de l'opposition). Quant au groupe insoumis, il aurait indiqué qu'il appartenait à la majorité, puisqu'il est dans le trip de la formation d'un gouvernement 100% NFP.

    Comme aucun nouveau gouvernement n'est encore nommé, ni aucune coalition n'a démontré qu'elle pouvait gouverner, se dire de la majorité ou de l'opposition relève de procédés divinatoires ! Et être de l'opposition, cela signifie quelle opposition, puisque le problème s'était déjà posé en 2022 où FI et le RN avaient revendiqué la même présidence de la commission des finances, le premier car faisant partie de la Nupes, plus nombreuse que le RN, pourtant le groupe d'opposition le plus nombreux. Ce qui était déjà difficile en 2022 devient une véritable épreuve de force pour faire le casting de 2024.

    Dans le bureau, en plus du Président, il y a six vice-présidents (trois sortantes ont été battues aux dernières législatives : Valérie Rabault, Élodie Jacquier-Laforge et Caroline Fiat), trois questeurs (les sortants étaient Éric Woerth, Éric Ciotti et Brigitte Klinkert), et douze secrétaires.

     

     
     


    À chaque nouvelle session, ces désignations sont renouvelées, et ce sont tous les groupes qui se mettent d'accord sans faire de vote formel (en fait, si, mais pour donner l'ordre dans le protocole). Dans tous les cas, l'alinéa 2 de l'article 10 du Règlement intérieur de l'Assemblée est assez clair : « L'élection des vice-présidents, des questeurs et des secrétaires a lieu en s'efforçant de reproduire au sein du bureau la configuration politique de l'Assemblée et de respecter la parité entre les femmes et les hommes. ».

    Pourquoi citer cet article ? Parce qu'il y a une double petite musique qui pourrait mettre en question la quiétude des institutions et leur caractère démocratique. L'Assemblée Nationale est en effet comme une grande maison nationale, appartenant aux Français, à tous les Français, et à leurs représentants, à tous leurs représentants, que sont les députés. Or le NFP s'est mis d'accord pour refuser toute désignation d'un membre du RN dans le bureau de l'Assemblée. Le groupe Ensemble pour la République (macroniste) a également émis le vœu de refuser tout député RN mais aussi FI au sein des instances décisionnelles de l'Assemblée.

    Ce serait un déni de démocratie, et une incohérence avec ce qui s'est passé dans la précédente législature en 2022 puisque le RN, beaucoup moins nombreux, avait obtenu deux vice-présidences (Sébastien Chenu et Hélène Laporte). De son côté, FI avait obtenu une vice-présidence (Caroline Fiat) et une secrétaire (Danièle Obono).

     

     
     
     
     


    La position de Yaël Braun-Pivet n'est pas du tout celle de son groupe. Elle considère que tous les groupes doivent participer à la direction de l'Assemblée où il doit régner une certaine concorde. Rejeter des groupes, c'est rejeter leurs électeurs (10 millions pour le RN). De là à imaginer des choses... "Le Figaro" a un peu vite conclu que Yaël Braun-Pivet aurait scellé un accord avec le RN pour la laisser au perchoir en échange de vice-présidences. Pas du tout, a riposté la députée des Yvelines, qui rappelle qu'elle pourrait être réélue à la majorité relative sans le RN si elle rassemble l'ensemble du bloc central, Ensemble et LR.

    Lors de sa première élection au perchoir, le 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet avait recueilli 238 voix sur 562 votants (42,4%) au premier tour, et 242 voix sur 474 votants (52,4%) au second tour (les % sont par rapport aux suffrages exprimés et pas votants). Un troisième tour n'avait pas été nécessaire grâce au désistement, après le premier tour, du candidat RN Sébastien Chenu et à l'abstention de son groupe pour le second tour.

    Vu le comportement plutôt responsable des députés RN en 2022, il est fort probable qu'ils renouvelleront ce comportement en 2024 dans une situation plus délicate pour eux puisqu'il est question de leur priver de responsabilités internes. L'objectif du RN serait donc d'empêcher à tout prix l'élection du candidat provenant du NFP qui refuserait toute cogestion de l'Assemblée avec le RN. Le retrait du candidat du RN et l'abstention du RN feraient que la majorité absolue pourrait être atteinte avec 226 voix, soit à peu près l'ensemble du pôle macroniste et de LR. Certains estiment que le retrait des autres candidats du bloc central (candidate LR et Charles de Courson, antimacroniste notoire) après le premier ou second tour ne pourrait se faire qu'avec une nouvelle candidature, par exemple celle de la centriste Valérie Létard (UDI) : ancienne ministre, sénatrice du Nord, elle s'est présentée à la vingt et unième circonscription du Nord et a été élue de justesse face au RN après le désistement du candidat NFP.

    Avant l'installation de la nouvelle Assemblée, j'indique ici les principaux résultats de certaines personnalités politiques lors de ces élections législatives anticipées (c'est très loin d'être exhaustif).

    Ne se sont pas présentés : François Bayrou, Édouard Philippe, Bruno Le Maire, Valérie Pécresse, Jordan Bardella, Raphaël Glucksmann, Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry, Valérie Hayer, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Louis Aliot, François-Xavier Bellamy, Xavier Bertrand, Christian Estosi, Renaud Muzelier, Olivier Dussopt, Éric Dupond-Moretti, Jean-François Copé, Marion Maréchal, Éric Zemmour, Amélie de Montchalin, Rachida Dati, etc.

    Ne se sont pas représentés : Adrien Quatennens, Jean-Louis Bourlanges, Bruno Millienne, etc.

    Battus dès le premier tour : Laurence Sailliet, Jean Messiha, Fabien Roussel, Clément Beaune, Jérôme Cahuzac, Arnaud Dassier, Rachel-Flore Pardo, Pierre-Louis Giscard d'Estaing, Yann Wehrling, Pierre-Yves Bournazel, Damine Abad, etc.

    Élus dès le premier tour : Mathilde Panot, Éric Coquerel, Aymeric Caron, Julien Oudol, Sandrine Rousseau, Edwige Diaz, Sébastien Chenu, Philippe Ballard, Marine Le Pen, Bruno Bilde, Laure Lavalette, Manuel Bompard, Sébastien Delogu, François Piquemal, Sophia Chikirou, Danièle Obono, Aurélien Saintoul, Éric Coquerel, Sarah Legrain, Aurélie Trouvé, Bastien Lachaud, Clémence Guetté, Emmanuel Grégoire, Olivier Faure, Clémentine Autain, Carlos Martens Bilongo, Marie-Charlotte Garin, Pouria Amirshahi, Éva Sas, Rodrigo Arenas, Elsa Faucillon, Stéphane Peu, Sophie Taillé-Polian, Philippe Juvin, etc.

    Se sont désistés au second tour : Gilles Le Gendre, Marie Guénévoux, Dominique Faure, Raquel Garrido, Élodie Jacquier-Laforge, Sabrina Agresti-Roubache, etc.


    Battus au second tour : Aude Luquet, Stanislas Guérini, Jean Lassalle, Valérie Rabault, Nicolas Dupont-Aignan, François Durovray, Robin Reda, Laurence Maillart-Méhaignerie, Stéphane Beaudet, Aude Lagarde, Sébastien Jumel, Olivier Véran, Philippe Poutou, Sarah El Haïry, Maud Gatel, Victor Habert-Dassault, Bertrand Pancher, Caroline Fiat, Jérôme Sainte-Marie, Meyer Habib (battu par Caroline Yadan), Rachel Keke, Pierre Larrouturou, Sabrina Ali-Benali, Emmanuelle Ménard, Grégoire de Fournas, Gilles Bourdouleix (sa manipulation grossière n'a fait perdre à son adversaire que 82 voix sur 80 125), etc.

    Élus au second tour : Xavier Breton, Julien Dive, Éric Ciotti, Michèle Tabarot, Hervé Saulignac, Pierre Cordier, Jean-Luc Warsmann, Hendrik Davi, José Gonzalez, Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Laurent Wauquiez, Gérald Darmanin, Marc Fesneau, Olivier Falorni, François Hollande, Hervé Berville, Dominique Voynet, Annie Genevard, Guillaume Kasbarian, Olivier Marleix, Philippe Vigier, Erwan Balanant, Laurent Marcangeli, Jean-René Cazeneuve, Thomas Cazenave, Thierry Benoit, Laurent Baumel, Cyrielle Chatelain, Geneviève Darrieussecq, Roger Chudeau, Boris Vallaud, Emmanuel Mandon, Sandrine Josso, Thomas Ménagé, Richard Ramos, Aurélien Pradié, Hélène Laporte, Stéphane Travert, Stella Dupont, Philippe Gosselin, Jérôme Guedj, Charles de Courson, Guillaume Garot, Christophe Bentz, Yannick Favennec, Stéphane Hablot, Thibault Bazin, Dominique Potier, Nathalie Colin-Oesterlé, Fabien Di Filippo, Laurent Jacobelli, Ugo Bernalicis, Sébastien Huyghe, David Guiraud, Violette Spillebout, Roland Lescure, Valérie Létard, Éric Woerth, Agnès Pannier-Runacher, André Chassaigne, Jean-Paul Matteï, David Habib, Sandra Regol, Patrice Hetzel, Brigitte Klinkert, Raphaël Schellenberger, Olivier Becht, Bruno Fuchs, Blandine Brocard, Cyrille Isaac-Sibille, Marina Ferrari, Sylvain Maillard, Céline Hervieu, Olivia Grégoire, David Amiel, Benjamin Haddad, Danielle Simonnet, Agnès Firmin Le Bodo, Frédéric Valletoux, Arnaud Saint-Martin, Aurélien Rousseau, Franck Riester, Ersilia Soudais, Jean-Noël Barrot, Marie Lebec, Yaël Braun-Pivet, Benjamin Lucas, Aurore Bergé, Karl Olive, Delphine Batho, François Ruffin, Jean-Philippe Tanguy, Yannick Chenevard, Raphaël Arnault, Sacha Houlié, Nicolas Turquois, Paul Midy, Antoine Léaument, Céline Calvez, Constance Le Grip, Prisca Thevenot, Stéphane Séjourné, Maud Bregeon, Thomas Portes, Alexis Corbière, Aly Diouara, Louis Boyard, Vincent Jeanbrun, Michel Herbillon, Emmanuel Maurel, Aurélien Taché, Olivier Serva, Emmanuel Tjibaou, Caroline Yadan, Anne Genetet, etc.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (16 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
    Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
    Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
    Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.


     

     
     





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