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france - Page 4

  • Gérard Depardieu, un chêne qui s'effondre ?

    « Je n’ai pas attendu MeToo pour dire les violences faites aux femmes sont un problème. (…) Je me félicite que la parole se libère (…). Mais je pense que notre rôle, c'est de permettre son cadre, c'est que la justice puisse faire son travail, c'est qu'on protège les femmes qui sont menacées, mais que là aussi, on ne le fasse pas en oubliant les principes constitutionnels qui sont les nôtres, dont la présomption d'innocence. » (Emmanuel Macron, conférence de presse du 16 janvier 2024).


     

     
     


    C'était un rétropédalage à son trop grand hommage à Gérard Depardieu le 20 décembre 2023 sur France 5. Emmanuel Macron avait effectivement déclaré : « Dans nos valeurs, il y a la présomption d’innocence. Je déteste les chasses à l’homme. Quand tout le monde tombe sur une personne, sur la base d’un reportage, sans qu’il ait la possibilité de se défendre… Les procédures judiciaires suivront leur chemin. (…) Gérard Depardieu est un immense acteur, il a servi les plus beaux textes. C’est un génie de son art. (…) Il rend fière la France. ».

    Eh oui, on peut être un immense acteur et être un "prédateur" sexuel. C'est le privilège des immenses, il est des vertiges qui vont des cimes aux abîmes. Faut-il abattre les anciens héros ? Comment passer de monstre sacré à monstre tout court ?

    Un procès prévu le 28 octobre 2024 et reporté aux 24 et 25 mars 2025. Il a été condamné pour agressions sexuelles le 13 mai 2025 par le tribunal correctionnel de Paris à dix-huit mois de prison avec sursis, une peine d'inéligibilité de deux ans et son inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles. Son avocat a immédiatement annoncé qu'il ferait appel.

    Gérard Depardieu a eu de la veine car sa condamnation est tombée dans la plus grande indifférence médiatique, alors que le Festival de Cannes s'ouvrait. La très forte actualité, du bouillonnement diplomatique autour de l'Ukraine, à l'interminable émission d'Emmanuel Macron, en passant par le scandale de Bétharram, etc. a occulté une information grave : on a condamné pour des agressions sexuelles en première instance le géant du cinéma français. À cause de l'appel, la présomption d'innocence revient au galop, mais le témoignage de deux accusatrices, plaignantes, sur des faits commis en 2021 lors du tournage du film "Les Volets verts", a convaincu le juge.
     

     
     


    Au cours de ce procès, Gérard Depardieu a toujours clamé son innocence. Il a déclaré par exemple qu'il s'était rattrapé par la hanche d'une plaignante parce qu'il allait tomber, sans intention sexuelle. Mais il a aussi reconnu qu'il pouvait prononcer des mots grossiers, choquants, sexistes, etc. Sa défense était confuse, parfois arrogante et peu crédible. Peut-on être bon acteur quand le rôle est mauvais dans un mauvais navet ?

    Cette condamnation (en première instance, donc pas définitive) est toute de même un choc pour beaucoup de Français. Bien sûr, il y avait ceux qui ricanaient un peu, sans s'occuper des victimes (qui se sont multipliées au fil des plaintes ; le collectif donne toujours plus de courage).

    Mais il y avait aussi ceux qui se souvenaient de toute la carrière cinématographique de Gérard Depardieu, de ce jeune inventeur (un très petit rôle) dans l'excellent "Stavisky" d'Alain Resnais (1973) ou de ce jeune malfrat dans cet autre excellent film "Le Viager" de Pierre Tchernia (1972). Bien sûr, ceux-là se souvenaient aussi du film qui lui a apporté la notoriété, "Les Valseuses" de Bertrand Blier (1974), et d'une succession incroyable de films souvent excellents (il a tourné dans plus de deux cents films, quelle santé !), parmi lesquels j'ai adoré "Le Sucre" de Jacques Rouffio (1978), "Buffet froid" de Bertrand Blier (1979), "Le Dernier Métro" de François Truffaut (1980), "La Femme d'à côté" de François Truffaut (1981), "La Chèvre" de Francis Veber (1981)... et j'arrête là pour ses "débuts"...

    Il y a cette impression d'une transformation d'un héros en monstre, une transformation physique qui lui donnait des airs parfaits d'Obélix, mais il y a cette autre impression que ce n'était pas une transformation et que Gégé a toujours été graveleux, toujours aux confins des limites du sexuellement correct, voire les franchissant très nettement (par exemple, en 1978, il expliquait qu'il avait eu son premier viol à l'âge de 9 ans).


    Gérard Depardieu est-il le brutal qu'on pourrait décrire, l'alcool aidant, fracassant le véhicule garé devant chez lui à Paris si ce n'était pas son scooter ? Mais Gérard Depardieu est aussi cette personne fine, sensible, que j'ai rencontrée il y a quelques années au Studio 104 de la Maison de la Radio, qui savait tellement bien prendre un rôle qu'il a chanté Barbara avec une excellence étonnante (il avouait alors qu'il s'aidait d'une oreillette ; ils ne sont pas nombreux ceux qui ont cette franchise-là).
     

     
     


    Des "prédateurs" sexuels, finalement, il y en a eu beaucoup qui étaient de braves gens, voire des personnalités qui pouvaient flirter le sommet du prestige. Dominique Strauss-Kahn aurait pu devenir Président de la République. L'abbé Pierre, personnalité préférée des Français pendant des années, aurait pu reposer au Panthéon. Et maintenant, un autre monstre sacré, Gérard Depardieu.

    Alors, c'est une bonne nouvelle pour toutes les victimes, il ne doit plus y avoir impunité pour quiconque aurait abusé sexuellement d'une autre personne. Mais il faut aussi accepter le clivage entre l'homme et son œuvre. Il ne faut pas détruire la Fondation Emmaüs qui fait vivre et qui a réinséré de nombreuses personnes. Il ne sert à rien de refuser de diffuser un film où a joué Gérard Depardieu, déjà parce qu'il n'est pas le seul à avoir fait le film (producteur, réalisateur, autres acteurs), ensuite parce que ses errements amoraux et illégaux n'ont rien enlevé au génie de l'acteur. Aussi condamné soit-il, il reste Gérard Depardieu.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (13 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Gérard Depardieu, un chêne qui s'effondre ?
    Un cadeau d'anniversaire à Gérard Depardieu face à la démence collective.
    Faut-il lyncher Depardieu ?
    La russitude de Gérard Depardieu.
    Barbara chantée par Depardieu.
    Lettre de Gérard Depardieu à Jean-Marc Ayrault du 16 décembre 2012.
    Nationalité russe le 3 janvier 2013.

    La belgitude de Gérard Depardieu.
    Un sex symbol pourtant bien français.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250513-depardieu.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/gerard-depardieu-un-chene-qui-s-260952

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/13/article-sr-20250513-depardieu.html

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  • Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?

    « Rester libres : une armée plus forte, une économie plus indépendante, une jeunesse protégée et éduquée, nous y arriverons. » (L'engagement d'Emmanuel Macron le 13 mai 2025 sur TF1).



     

     
     


    Le Président de la République Emmanuel Macron a participé à une émission spéciale ce mardi 13 mai 2025 à 20 heures sur TF1 intitulée "Les défis de la France" (qu'on pourra revoir à ce lien). Cette intervention, interminable (elle a duré près de trois heures et quart) avec seulement 5 à 6,5 millions de téléspectateurs, a probablement plus desservi que servi le chef de l'État.

    On comprend bien qu'Emmanuel Macron était à la diète médiatique depuis la dissolution et qu'il mourait d'envie de reprendre pied dans la vie politique française. Pourtant, on sait que la rareté médiatique est souvent appréciée pour le chef de l'État. Alors qu'il venait de prendre le leadership de l'Europe et même, du monde dit libre, face aux bombes de Vladimir Poutine, et qu'il a montré une réelle utilité politique et internationale, Emmanuel Macron n'a pas pu s'empêcher de vouloir revenir dans le jeu politique intérieur, et, à mon avis, il s'y est mal pris. Je pense qu'il a vraiment, et depuis le début, de très mauvais conseillers en communication au château.

    L'émission était beaucoup trop longue, s'arrêtait sur beaucoup de détails techniques (un Président de la République n'a pas à aller jusqu'à proposer de louer des places de prison !) et a évoqué tellement de sujets qu'à la fin, il n'en est rien ressorti. S'il y avait un message à faire passer, il fallait rester sur le sujet de ce message. Mais justement, je crains qu'il n'y eût pas d'autre message que l'idée qu'il était de retour sur la scène intérieure. Et le dire pendant plus de trois heures, cela pouvait devenir pénible pour les téléspectateurs même s'il faut saluer sa maîtrise de tous les sujets, c'est toujours un petit exploit intellectuel, mais rappelons-nous que pendant les grands débats, Emmanuel Macron était capable de se prêter à cet exercice pendant six heures, sept heures... devant des élus locaux médusés.

     

     
     


    J'ai trouvé en plus qu'Emmanuel Macron était un peu malmené sur le plan relationnel. Le journaliste Gilles Bouleau, grand ordonnateur de ce spectacle politico-médiatique, a été parfois un peu cavalier, lui disant par exemple : « Non ! Monsieur le Président, un peu de discipline ! » ou encore, à la fin, sans mot de politesse, comme un gradé à un bidasse (alors qu'il est le chef des armées) : « Suivez-moi ! ». Réciproquement, Emmanuel Macron s'est permis des expressions très familières, jusqu'à jurer : « Bon Dieu ! », ce qui a écorché mes pieuses oreilles, ou encore : « On plie les gaules ! ».

    On a du mal à imaginer De Gaulle dire ainsi ou être traité ainsi, mais De Gaulle est révolu depuis longtemps pour la communication politique. Je verrais plutôt une comparaison avec cette émission terrible d'Yves Mourousi diffusée en direct le 28 avril 1985 sur TF1,
    "Ça m'intéresse Monsieur le Président", où il se permettait d'interroger le Président François Mitterrand avec le derrière à moitié assis sur son bureau, une familiarité qui avait aussi beaucoup choqué (c'était l'émission qui François Mitterrand disait qu'il était « bléca » pour montrer qu'il était très « branché » !).
     

     
     


    Mais contrairement à l'émission de 1985 où l'on servait la soupe au Président de la République, cette émission de 2025, quarante années plus tard, était plutôt une sorte de guet-apens médiatique et politique tant le Président s'est trouvé systématiquement en position de défensive, ne pouvant que rappeler et expliquer en long et en large son bilan de huit années de Présidence et, malgré le titre de l'émission, il a évoqué très peu de perspectives d'avenir, de vision, avec des éléments concrets et mesurables. Le flou, comme on lui a souvent reproché, l'a emporté sur un message clair.

    Il a oublié de rappeler le principal : le contexte politique et institutionnel actuel qui veut que, depuis l'été 2024, il n'existe aucune majorité et que la difficulté de faire des réformes est aussi dans la difficulté de réunir deux Français sur trois (selon le rêve de Valéry Giscard d'Estaing en 1983), ou, du moins, deux députés sur trois. C'est d'autant plus important qu'Emmanuel Macron a répété son intention de ne plus dissoudre l'Assemblée et d'aller ainsi jusqu'en 2027.
     

     
     


    En face d'Emmanuel Macron, il y a eu des interlocuteurs qui s'étaient excellemment bien préparés à la confrontation, qui ont été percutants et qui n'ont pas ménagé le Président, en particulier les trois principaux (politiquement) : la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, bien organisée, tenace et avenante (ce qui ne l'empêche pas d'être dans ancien monde ; pourquoi les Français devraient-ils payer des milliards de leur poche pour la nationalisation d'un grand groupe industriel qui n'aurait plus de clients ?), la diamétralement opposée à la précédente Agnès Verdier-Moliné, essayiste et directrice de la Fondation iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), un think tank libéral, et le maire de Bézieux Robert Ménard qui se permettait quelques familiarités de langage avec le Président.

    La première interlocutrice reprochait à Emmanuel Macron de ne pas dépenser assez pendant que la deuxième lui reprochait exactement l'inverse, de ne pas avoir réduit la dépense publique. Emmanuel Macron a rappelé tout l'historique de l'augmentation de la dette, avec des crises majeures comme le covid, l'inflation et l'énergie, la France s'en était bien tirée : «  Si on regarde nos déficits, entre 2017 et 2019, lorsque j’arrive aux responsabilités, on baisse les impôts de manière massive. (…) On a eu une politique vertueuse. (…) [J']assume totalement [la politique du] quoi qu’il en coûte (…). On a protégé notre appareil productif. On a dépensé beaucoup d’argent, mais on a prévenu un chômage qui serait tombé. ».

     

     
     


    Fustigeant la bureaucratisation et l'augmentation infernale des normes et de la réglementation, Agnès Verdier-Moliné lui a cependant rappelé que des 1 100 milliards d'euros d'augmentation de la dette publique sous ses mandats, il y en a 500 milliards qui ne proviennent pas des crises. Mais on a oublié de dire que justement, ces 500 milliards d'euros de déficit sur ces années-là proviennent du déficit structurel des retraites !

    Emmanuel Macron a donc montré un petit graphique pour montrer qu'aujourd'hui, le gouvernement recherche 70 euros d'économies pour 1 000 euros de dépenses publiques, d'ici à 2029. La plus grande partie des dépenses publiques reste les dépenses sociales (retraites, sécurité sociale et autres).

     

     
     


    Il voudrait bien réduire le nombre de fonctionnaires (« mais ce n’est pas [la piste] qui crée le plus d’économies »), et pas les militaires, pas les enseignants, pas les soignants... Plutôt : « faire des efforts sur ce qu'on suradministre. On a un taux de suradministration dans la santé. Là, on a des pistes. ».

    Emmanuel Macron a proposé d'ouvrir deux grands chantiers : une conférence sociale sur le financement de notre modèle social, qui repose trop sur le travail, et un autre sur le travail des seniors, qu'il puisse y avoir plus de souplesse, etc.
     

     
     


    Par ailleurs, le Président de la République a exclu tout référendum sur les retraites mais aussi sur l'immigration, ce dernier serait même anticonstitutionnel selon lui. Défendant « le droit à vivre une vie de famille normale », le chef de l'État s'est prononcé pour maintenir le regroupement familial : « Je ne suis pas pour remettre en cause le regroupement familial. (…) Le regroupement familial qui l’utilise ? L’essentiel du regroupement familial ce sont des Français ou des Françaises qui épousent des étrangers et veulent les faire venir. ».

    En revanche, Emmanuel Macron a donné raison à Robert Ménard dans son refus, en tant que maire, de marier quelqu'un qui était sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) : « Il a raison, c’est le bon sens. Je suis pour qu’on exécute les OQTF et donc la proposition de loi du sénateur Demilly, sénateur de la Somme. Je souhaite qu’elle soit inscrite rapidement à l’Assemblée Nationale. Je pense que c’est un bon débat, car c’est un débat de bon sens. ».


    Le Président s'est également opposé au port de signes religieux dans le sport : « Je suis pour la charte olympique qui interdit le port de tous signes religieux dans les compétitions. La pratique du sport, je pense que c’est aux fédérations de décider. Mais je pense que quand on est dans une compétition, ce n’est pas la place d’un signe religieux. ».

    Répondant à l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot, Emmanuel Macron a refusé de trouver dans une nouvelle taxe sur les successions la solution miracle de tout : « Mon programme est plutôt de baisser la taxe d’héritage (…). La clef, c’est qu’on aide davantage nos compatriotes à constituer un patrimoine. (…) Je pense que la réponse n’est pas dans les taxes, la réponse est dans notre capacité à avoir plus de mobilité sociale. ».
     

     
     


    L'émission a commencé sur la guerre en Ukraine et le harcèlement de questions du journaliste maison Darius Rochebin. Emmanuel Macron a été assez convaincant dans ce domaine qu'il connaît par cœur pour être l'un des acteurs majeurs de la vie internationale. Le chef de l'État a souhaité négocier directement avec Vladimir Poutine : « Je le ferai en coordination avec Volodymyr Zelensky et avec les partenaires européens. On doit négocier avec lui pour la suite. ».

    Emmanuel Macron en a profité pour balayer toutes les fake news sur son compte : « Nous n’avons jamais proposé d’être sur la ligne de front. Il y aura forcément une ligne entre des territoires occupés et des territoires libres. Faut-il un mandat des Nations-Unies, une force de maintien de la paix ? Cela fait partie de la question. (…) Les forces de réassurance, ce n’est pas des forces sur la ligne de front. (…) C’est mettre des forces prépositionnées, loin de la ligne de front, dans des endroits qui sont clefs, dans des opérations conjointes, (…) avec une capacité de dissuasion. (…) Si la Russie violait la paix, elle attaquerait de facto les forces alliées. ».

    Enfin, pour être tout à fait clair : « Ce qui se joue en Ukraine, c'est notre sécurité. (…) On doit aider l'Ukraine à se défendre, mais on ne veut pas déclencher un troisième conflit mondial. (…) Nous avons décidé de ne pas engager nos troupes en confrontation directe avec une puissance dotée de l’arme nucléaire (…), pour qu’il n’y ait pas d’escalade, car on ne veut pas faire la troisième guerre mondiale [avec la Russie]. ».

    Il a par ailleurs rappelé la doctrine française de la dissuasion nucléaire : « Depuis qu’une doctrine nucléaire existe, il y a toujours eu une dimension européenne dans la prise en compte de ce que l’on appelle les intérêts vitaux. On ne le détaille pas car l’ambiguïté va avec la dissuasion. (…) Si les Européens veulent rester libres, ils doivent être en situation de s'armer, d'être solidaires et de dissuader. (…) La France est prête à une discussion sur le déploiement d'avions armés de bombes nucléaires dans d'autres pays européens. (…) La France ne paiera pas pour la sécurité des autres, ça ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous et la décision finale reviendra toujours au Président de la République. ».

    Emmanuel Macron a été aussi interrogé sur la situation dramatique à Gaza : « C’est un drame et c’est horrible. Moi, mon boulot, c’est de tout faire pour que cela s’arrête. (…) Ce que fait le gouvernement de Benjamin Netanyahou est inacceptable et aujourd’hui, la crise humanitaire est la plus grave depuis octobre dernier. (…) On ne peut pas faire comme si de rien n’était, donc on va devoir monter la pression. ».
     

     
     


    À la fin de l'émission, il a évoqué les référendums possibles. C'est sans doute sa partie la plus mauvaise de l'émission, car il est resté dans le flou complet. L'Élysée avait pourtant fait monter la sauce en annonçant des initiatives dans ce domaine, mais il n'en a rien été. Certes, le Président de la République a confirmé ses vœux du 31 décembre 2024 : « Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation multiple, c’est-à-dire plusieurs référendums en même temps, dans les mois qui viennent. ». Mais : « Cela suppose un travail qui chemine pour le gouvernement » et « on a des réformes institutionnelles qui sont à prévoir, des réformes économiques qui sont à porter ». Il a avoué ne pas vouloir « donner ici trop précisément les thèmes. C’est au gouvernement de finir ce travail et à moi de prendre les décisions. ». Tout en excluant un référendum sur les finances publiques qui est de la compétence du Parlement.
     

     
     


    Ainsi, Emmanuel Macron a évoqué des thèmes qui sont très anecdotiques selon les Français, tels que l'interdiction des réseaux sociaux en dessous d'un certain âge pour préserver les jeunes, l'exposition aux écrans, etc. Et aussi, l'euthanasie. Ce qui me navre vraiment (j'y reviendrai). Certes, il veut un travail au Parlement, mais pour faire pression sur les députés et les sénateurs, il n'exclut pas de soumettre la loi sur l'euthanasie au référendum, ce qui serait une grave faute morale et politique : « Si à l’issue de cette première lecture, on voyait un enlisement, une espèce d’impossibilité d’aller au bout, à ce moment-là, le référendum peut être une voie pour débloquer et permettre aux Françaises et aux Français de s’exprimer. ». C'est un sujet très sensible et le débat doit être apaisé, voire consensuel. Le mettre dans un référendum polariserait stupidement et inutilement "l'opinion publique" (pour être clair, je conçois que je dois être à l'envers des tendances majoritaires actuelles puisque je soutiens Emmanuel Macron mais, en même temps !, je suis absolument contre cette loi sur l'euthanasie).
     

     
     


    Je termine par trois éléments de politique politicienne.

    Le premier concerne la confiance qu'Emmanuel Macron porte envers le Premier Ministre François Bayrou à la veille de son audition devant la commission d'enquête sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram : « Demain, je sais qu’il répondra à toutes les questions qui lui seront posées. Je sais qui il est. Le Premier Ministre est un homme que je connais depuis de nombreuses années, je sais qui il est et j’ai confiance en lui. ».

    Le deuxième élément est une confidence volée, repérée par certains éditorialistes. Lorsque Sophie Binet a dit à Emmanuel Macron que, selon les sondages, 65% des Français seraient favorables à un référendum sur les retraites, le Président a tout de suite rejeté l'intérêt des sondages en disant qu'ils pouvaient se tromper, et surtout, laissant croire qu'il avait prononcé la dissolution de l'Assemblée à partir de sondages (douteux). Si c'était vrai, ce serait malheureux que d'autres critères n'aient pas été pris en compte dans la réflexion du chef de l'État.


    Enfin, le troisième élément est la dernière question de Gilles Bouleau, décidément une de trop, qui était, non pas de se retrouver à l'élection présidentielle de 2027, mais déjà à celle de 2032 ! En gros, est-ce qu'Emmanuel Macron solliciterait un nouveau mandat en 2032 (en fait, la question était plus rusée, c'était : est-ce qu'il excluait complètement de se représenter en 2032 ?). La réponse d'Emmanuel Macron était intéressante, pour le coup : « Je suis le premier Président qui n’a constitutionnellement pas le droit de se représenter. Ce n’est jamais arrivé. (…) Je pense chaque jour à une seule chose, c’est notre pays, c’est aller au terme de ce mandat en ayant fait tout ce que je pouvais faire. (…) Quand j’aurais fini, je réfléchirai à la suite, et à ce moment-là je pourrais vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi. ».
     

     
     


    Que retiendrons les Français de cette très très longue émission de télévision ? Sans doute rien ! Car il n'y a eu aucune annonce claire, concrète et mesurable. C'est donc surtout un sentiment d'impuissance qui transparaît implicitement du flou élyséen. Et c'est normal, car la réalité, mais il n'osera jamais se l'avouer, le pouvoir politique s'est déplacé à Matignon et au Palais-Bourbon. L'Élysée reste essentiel pour la diplomatie et la défense, mais certainement pas pour la politique économique et sociale de la France. Pour preuve, cette petite remarque sur le travail du gouvernement : « Le Premier Ministre travaille avec son gouvernement sur un budget. Le budget, c’est la compétence du Parlement. (…) Il travaille aussi sur des réformes ambitieuses sur le plan économique et social. Je n’ai pas le plan. Donc, quand il me présentera ses réformes, si on considère que certaines peuvent aller au référendum, je vous dis pourquoi pas. ». "Je n'ai pas le plan" : voilà sans doute l'explication de l'impuissance présidentielle ! Il ne lui reste plus que le verbe.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
    Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
    Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur les taxes douanières américaines le 3 avril 2025 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et les joyeux JO.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Sidération institutionnelle.
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250513-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-qu-allait-il-faire-260950

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/13/article-sr-20250513-macron.html


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  • Ukraine : le retour de la diplomatie européenne

    « Le samedi 10 mai 2025, les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de la Pologne, du Royaume-Uni et de l’Ukraine se sont rencontrés à Kyiv. Ils sont convenus qu'à partir du lundi 12 mai, il devrait y avoir un cessez-le-feu complet et inconditionnel pendant au moins 30 jours. Ils sont convenus qu'un cessez-le-feu inconditionnel, par définition, ne peut être soumis à aucune condition. Si la Russie demande de telles conditions, cela ne peut être considéré que comme une tentative de prolonger la guerre et de saper la diplomatie. Ils ont exigé que le cessez-le-feu soit global, dans les airs, en mer et sur terre. Ils ont souligné que ce cessez-le-feu nécessitait un monitoring efficace, qui pourrait être mis en œuvre avec succès en étroite coordination avec les États-Unis. (…) Ils sont convenus que si la Russie refusait un cessez-le-feu total et inconditionnel, des sanctions plus sévères devraient être adoptées contre les secteurs bancaire et énergétique, ciblant les combustibles fossiles, le pétrole et la flotte fantôme. Ils sont convenus d'adopter un 17e paquet de sanctions fortes de l'UE et de le coordonner avec les sanctions imposées par le Royaume-Uni et la Norvège, ainsi que par les États-Unis. » (Communiqué commun du 10 mai 2025 à Kiev).



     

     
     


    On se demande pourquoi Emmanuel Macron irait chercher dans un référendum aux résultats très aléatoires (on verra son intervention télévisée de ce mardi 13 mai 2025) ce qu'il a trouvé déjà en politique étrangère, à savoir le crédit qu'on peut porter à un homme d'État exceptionnel. Car avec la guerre en Ukraine, il s'agit bien de cela. Dès 2017, le Président Emmanuel Macron avait prôné une véritable souveraineté européenne et une défense européenne, faisant le constat que l'OTAN était en mort cérébrale. Et c'est Vladimir Poutine, en tentant d'envahir l'Ukraine, qui a réveillé et l'OTAN et l'Europe ! L'objectif d'Emmanuel Macron et de tous ses homologues européens, c'est d'éviter de nouveaux Accords de Munich avec l'Ukraine. Et donc, d'éviter une nouvelle guerre générale.

    L'Europe et la France peuvent être fières d'Emmanuel Macron. Heureusement qu'il est là, car il manquait un leader à l'Europe pour réaffirmer tout simplement nos valeurs, et la première de celles-ci, c'est la paix, mais la paix durable, la paix juste, pas la paix du plus fort contre le plus faible, pas la paix de Vladimir Poutine qui ne s'apaiserait qu'en écrasant l'Ukraine, qu'en écrasant la Pologne, les Pays baltes, la Moldavie, la Géorgie, qu'en faisant renaître une Grande Russie (idéalisée) comme Hitler voulait une Grande Allemagne.

    Le vent tourne pour Vladimir Poutine. À force d'envoyer ses missiles tuer des civils, le Président de la Fédération de Russie a déçu, pire, a lassé Donald Trump prêt à abandonner tous ses efforts sur ce conflit. Le Président russe a raté une opportunité historique. Le résultat, c'est un revirement total (dont le Président américain est coutumier). Volodymyr Zelensky a accepté le principe d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours proposé par les États-Unis, les Européens aussi et ils l'ont dit avec une grande force. La diplomatie européenne revient sur le devant de la scène ukrainienne, et avec elle, la diplomatie française.

    Deux images fortes pour le pont du 8 mai 2025. Parallèlement aux défilés caricaturaux à Moscou devant les hôtes de Vladimir Poutine, notamment Xi Jinping, Sissi, Maduro, etc. où les canons faisaient figures de valeurs, le Président Emmanuel Macron et le Premier Ministre polonais Donald Tusk ont signé le vendredi 9 mai 2025 dans la belle ville de Nancy, sur la Place Stanislas (à l'Hôtel de Ville), le Traité pour une coopération et une amitié renforcées entre la République de Pologne et la République française.

     

     
     


    Ce n'est pas nouveau que Nancy, la capitale des ducs de Lorraine, s'est retrouvée au centre d'une diplomatie intense. Il y a vingt ans, le 19 mai 2005, la Place Stanislas a accueilli également un mini-sommet entre le Président français Jacques Chirac, le Chancelier allemand Gerhard Schröder et le Président polonais Aleksander Kwasnieski. Dans sa conférence de presse à cette occasion, Jacques Chirac a déclaré : « Je voudrais remercier la ville de Nancy, ses habitants, son maire pour l'accueil qu'ils nous ont réservé et aussi les féliciter, féliciter tous les Nancéiens très chaleureusement pour la superbe restauration de la place Stanislas réalisée à l'occasion de son 250e anniversaire. C'est une belle image donnée par Nancy au monde de la France, de son art et de son histoire. Cette rencontre à trois se tient à un moment particulièrement important puisque nous sommes tous les trois, parmi les vingt-cinq, engagés dans un processus de ratification du Traité constitutionnel. ». C'était dix jours avant le référendum sur le TCE.

    Et Jacques Chirac d'expliquer : « Depuis cinquante ans, l'Europe s'est considérablement développée. Elle a d'abord apporté l'essentiel, c'est-à-dire la paix, la démocratie, la liberté, un certain modèle social et le développement économique aux six pays fondateurs. Puis, petit à petit, elle s'est élargie comme il était à la fois nécessaire et utile pour tous. Nous avons aujourd'hui un ensemble qui est déterminé à enraciner définitivement, sur l'ensemble de notre continent, la paix, la démocratie, la liberté, déterminé à conforter le modèle de développement économique et de progrès social, le modèle social européen, particulièrement incarné par la position notamment allemande et française et à renforcer le poids de l'Europe dans le monde. C'est le sens de l'ambition du traité constitutionnel qui est en voie de ratification chez les vingt-cinq Européens. ».


    Mais revenons au Nancy de 2025, vingt ans plus tard. Le traité signé entre la France et la Pologne fait partie des traités bilatéraux que la France a voulu conclure avec chacun des pays européens depuis quelques années. Elle l'avait déjà fait avec l'Ukraine le 16 février 2024.
     

     
     


    Les deux nations (française et polonaise) sont « convaincues que le moment est venu de porter leurs relations bilatérales à un niveau plus élevé et de se préparer conjointement à faire face aux défis auxquels les deux États et les deux peuples ainsi que l’Europe dans son ensemble sont confrontés au XXIe siècle ». Elles « œuvrent activement à une UE plus forte, sûre, souveraine, démocratique, prospère, compétitive et unie. Elles entendent protéger leurs citoyens, défendre leurs valeurs et leurs intérêts et renforcer la sécurité européenne, notamment celle de la frontière extérieure de l’UE, et la sécurité économique. ».

    L'alinéa 2 de l'article 4 de ce traité proclame très clairement la mutuelle assistance en matière de défense : « Conformément aux dispositions de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, en cas d’agression armée sur leurs territoires, les Parties s’assistent mutuellement, y compris par des moyens militaires. Cette aide et cette assistance seront mises en œuvre conformément aux engagements découlant de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord et du paragraphe 7 de l’article 42 du Traité sur l’Union Européenne. ».

    En tout, le Traité de Nancy compte 19 articles qui précisent les coopérations dans de nombreux domaines, en particulier dans l'industrie, la recherche scientifique, les transports, l'immigration, le numérique, la protection de l'environnement, l'énergie, l'agriculture, la culture, le sport, etc. Il remplace le Traité de Paris signé le 9 avril 1991.






    L'autre initiative est également très importante puisque, venus par un train de nuit qui est parti la veille, le Président français Emmanuel Macron, le nouveau Chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier Ministre britannique Keir Starmer et le Premier Ministre polonais Donald Tusk ont rejoint le Président ukrainien Volodymye Zelensky à Kiev, la capitale de l'Ukraine assiégée par Vladimir Poutine. Leur présence a une signification à la fois forte et courageuse. Courageuse car c'est toujours risqué de se rendre à Kiev sous d'éventuels bombardements russes. D'où d'ailleurs le train car l'avion serait beaucoup trop dangereux.
     

     
     


    À ce titre, le Président Macron a diffusé une petite vidéo dans le train qui l'a conduit à Kiev, se mettant en scène en train d'appeler Donald Trump. C'est important car il a montré qu'il était à l'initiative pour construire la paix en Ukraine. Certains lui reprocheront de trop faire dans les réseaux sociaux, mais il faut vivre avec son temps et Donald Trump a gagné sa dernière élection en s'adaptant à ces nouvelles mœurs technologiques.





    Reprenons le contenu du voyage à Kiev et ses conséquences diplomatiques. Le samedi 10 mai 2025 à 14 heures 30, les "alliés" de l'Ukraine (Europe mais aussi Canada, Nouvelle-Zélande, etc.) ont mis Vladimir Poutine dos au mur : ils ont fermement demandé un cessez-le-feu de 30 jours, inconditionnel, à partir du lundi 12 mai 2025, sous forme d'un ultimatum, avec l'accord des États-Unis. C'est ce dernier point qui est nouveau. J'ai placé les extraits les plus importants du communiqué commun en tête de cet article.








    Vladimir Poutine a répondu aux Européens à minuit 40, c'est-à-dire, heure de Moscou, à 2 heures 40 du matin ! Il a proposé des négociations directes à Istanbul entre la Russie et l'Ukraine, sans cessez-le-feu préalable.
     

     
     


    Le dimanche 11 mai 2025 à 18 heures 15 (heure de Paris), Donald Trump a vivement encouragé l'Ukraine à accepter la rencontre proposée par Vladimir Poutine à Istanbul.

    Le dimanche, à 19 heures, Volodymyr Zelensky a déclaré sur Twitter : « J'attendrai Poutine en Turquie, jeudi. Personnellement. J'espère que cette fois, les Russes ne chercheront pas d'excuses. ».





    Dans le même temps, Donald Trump a semblé désabusé de la mauvaise foi de Vladimir Poutine en confiant ce même dimanche : « Je commence à douter que l'Ukraine parvienne à un accord avec Poutine, trop occupé à célébrer la victoire de la Seconde Guerre mondiale, qui n'aurait pas pu être gagnée (même de justesse !) sans les États-Unis. ORGANISEZ UNE RENCONTRE MAINTENANT ! ». Ce point historique est réel (quoi qu'en pensent les trolls poutinolâtres qui pullulent sur le Web) : si les États-Unis n'avaient pas massivement aidé l'URSS pour son armement, cette dernière n'aurait pas pu prendre en tenaille l'Allemagne nazie sur son front est.

    Lundi 12 mai 2025, le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, qui a rencontré son homologue américain, a confirmé la nécessité d'un cessez-le-feu préalables aux négociations avec cette phrase souvent répétée dans les conflits : « On ne va pas négocier sous les bombes ! ». Il a notamment déclaré la nature de l'ultimatum que les Européens et surtout les Américains ont lancé à Vladimir Poutine.

     

     
     


    En cas de refus du cessez-le-feu, les États-Unis fixeraient les droits de douane sur l'importation du pétrole russe à 500%... mais ce n'est pas cette mesure qui aurait le plus de conséquence, c'est la suivante : ils mettraient aussi les droits de douane à 500% sur tous les produits importés de pays qui achèteraient encore du pétrole russe. Là, ce serait probablement la sanction commerciale la plus efficace. En outre, les Européens aideraient les Ukrainiens à contrôler à nouveau leur espace aérien.

    Le lundi 12 mai 2025 à 16 heures 30, Donald Trump, qui allait partir au Proche-Orient à partir du lendemain (le 13 mai 2025, il sera en Arabie Saoudite), a lâché : « Je pensais y aller. Il y a une possibilité. ». Aller à Istanbul jeudi 15 mai 2025 pour une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine sous le patronage de Recep Tayyip Erdogan.
     

     
     


    Comme on le voit, cette semaine est cruciale pour l'avenir de l'Ukraine. Vladimir Poutine a baladé Donald Trump pendant trois mois et, chose nouvelle, ce dernier commence enfin à s'en apercevoir ! Ce qui l'a rendu furieux, c'est la présence de Xi Jinping le 9 mai 2025 à Moscou. Car Donald Trump acceptait d'abandonner l'Ukraine à la Russie à la seule condition que la Russie s'éloignât de la Chine. Pourtant, Vladimir Poutine a toujours été prévisible : seul le rapport de force est efficace avec lui. La diplomatie européenne, et plus précisément la diplomatie française ont fait beaucoup avancer les choses en Ukraine. Mais, même si c'est en bonne voie, rien n'assure que cela sera efficace à court terme. Le peuple ukrainien, pendant ce temps, continue à souffrir.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Ukraine : le retour de la diplomatie européenne.
    Soumy : grâce musicale versus vulgarité brutale.
    Moonraker.
    Olena Kohut.
    François Bayrou et l'heure de vérité de l'Europe.
    Gabriel Attal attaque Marine Le Pen sur l'Ukraine.

    Manuel Valls pour la paix, mais pas au prix de la fin de l'Ukraine !
    Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    François Bayrou : la France avait raison !
    Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250510-ukraine.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/ukraine-le-retour-de-la-diplomatie-260907

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/10/article-sr-20250510-ukraine.html



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  • Emmanuel Macron, le référendum et les Français

    « C’est pour cela qu’en 2025, nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants. » (Emmanuel Macron, allocution du 31 décembre 2024).




     

     
     


    C'était il y a quatre mois et demi, une promesse de consultation populaire. Ce mardi 13 mai 2025 à 20 heures sur TF1, le Président de la République Emmanuel Macron va s'exprimer longuement au cours d'une interview. Le sujet principal semble : quel référendum va-t-il proposer aux Français ?

    Déjà, évoquons une petite réflexion personnelle sur le référendum. Beaucoup considèrent que la démocratie, c'est la démocratie directe, par déception de la démocratie représentative (le peuple représenté par les parlementaires). Les poncifs parlent de la démocratie athénienne en oubliant que la société grecque antique était particulièrement inégalitaire : seuls votaient les citoyens grecs, c'est-à-dire ni les femmes, ni les métèques, ni les esclaves, etc. D'autres poncifs parlent de la démocratie suisse prête à proposer des référendums (des votations) sur des sujets qui fâchent comme les hausses d'impôts, le prolongement de l'âge de départ à la retraite, etc. en oubliant que les Suisses sont capables de raison et d'effort dans l'intérêt général !


    En fait, la démocratie directe a ses avantages bien sûr, mais quand les électeurs sont en faible nombre et le sujet est simple, c'est-à-dire, d'une part, quand le sujet ne demande pas des semaines, des mois voire des années d'analyses et d'études et d'autre part, quand le sujet permet une question simple.

    Le risque de soumettre de nombreux référendums sur des sujets diverses, c'est une forte abstention (c'était le cas en septembre 2000 pour le référendum sur le quinquennat, d'autant plus que les rares qui ont voté regrettent, pour certains, d'avoir voter pour) et surtout, la pression des lobbies qui connaissent le sujet et s'y intéressent. On a vu comment un faible nombre de militants sont capables d'arrêter un grand projet d'aménagement du territoire comme l'autoroute A69 alors qu'il y avait un large consensus politique en faveur de sa construction (dans les règles de respect maximal de l'environnement). On ne consulte pas le peuple comme on fait des sondages, la vie politique n'est pas qu'une succession de réactions dans les réseaux sociaux où l'on clique sur "j'aime" ou "j'aime pas".

    Une campagne électorale, toujours utile, j'insiste, même quand "on" perd, tend à caricaturer, à simplifier au maximum un sujet compliqué et nuancé. Pour la simple raison du tout ou rien : du "oui" ou du "non". Il n'y a plus place à des arguments équilibrés qui font la part des choses, la fameuse balance avantages/inconvénients. C'est un peu comme les élections quand le clivage gauche/droite (jusqu'en 2017) ou populistes/réalistes (à partir de 2017) polarise la vie politique. Un esprit binaire ne peut être nuancé ; c'était tout le problème existentiel de François Bayrou pendant une grande partie de sa vie politique.

    De Gaulle avait un culte de la légitimité populaire, mais pas forcément comme on le cite à toutes les sauces (j'y reviendrai). Un référendum est un moment grave de la nation. Les référendums sont nécessaires car ils permettent de formaliser des étapes importantes pour un peuple. Typiquement, une nouvelle Constitution doit nécessairement être approuvée par référendum.

    Mais la vox populi ne doit pas contredire des valeurs essentielles de la République. D'ailleurs, le caractère républicain du régime n'est pas négociable et ne peut pas être remis en cause, sauf au moyen d'un coup d'État. C'est pourquoi le référendum est très encadré par la Constitution.


    Deux articles de la Constitution autorisent le référendum. Il y a l'article 89 pour réviser la Constitution, l'un des moyens est le référendum, l'autre l'adoption par le Congrès (Assemblée et Sénat) réuni à Versailles avec une majorité de trois cinquièmes... à condition que chaque assemblée l'ait déjà adoptée. Enfin, je l'ai gardé pour la fin, l'article 11, sous réserve que ce soit un « projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions ». Sur ce dernier point, si le traité était contraire à la Constitution, il faudrait alors d'abord réviser la Constitution (procédure de l'article 89).
     

     
     


    Dans cet article 11, il n'est donc pas nécessaire de faire d'abord adopter un projet de loi par les deux assemblées pour le soumettre au peuple, ce qui est plus commode lorsqu'il n'existe aucune majorité à l'Assemblée comme depuis l'été 2024.

    Qui décide d'un référendum ? Là, il faut tempérer cette propension à croire que le Président de la République est tout-puissant. L'article 89 explique ceci : « L'initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier Ministre et aux membres du Parlement. ». Et l'article 11 précise : « Le Président de la République, sur proposition du gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux Assemblées, publiées au Journal Officiel, peut soumettre au référendum... etc. ».

    Le Parlement est donc placé en totale égalité d'initiative du référendum avec l'Exécutif (grâce au vote d'une motion référendaire, en général en début d'examen en séance publique). Bien sûr, le Parlement est une entité collective et se mettre d'accord sur un texte identique n'est pas toujours facile. De plus, le Président de la République n'a l'initiative que sur la proposition soit du Premier Ministre (article 89), soit du gouvernement (article 11).

    Ajoutons aussi la possibilité, depuis la révision du 23 juillet 2008, d'un référendum « organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette initiative prend la forme d'une proposition de loi et ne peut avoir pour objet l'abrogation d'une disposition législative promulguée depuis moins d'un an. ».

    Lorsque le Premier Ministre François Bayrou a envisagé le 3 mai 2025, dans une interview au "Journal du dimanche", une idée de référendum sur la trajectoire budgétaire pour réduire le déficit public, il était donc dans son rôle et dans ses prérogatives constitutionnelles, même si la pratique a été rarement celle-là ! On peut néanmoins comprendre les réticences de l'Élysée.


    Et en déplacement à Brest, le Premier Ministre a justement été heureux que, malgré son impopularité, son idée ait fait du chemin. En effet, les sondages lui donneraient raison. Plusieurs récents sondages sont là pour le conforter. Le sondage Odoxa-Backbone publié le 9 mai 2025 pour "Le Figaro" place les finances publiques comme le premier sujet sur lequel les sondés voudraient être consultés (à 62%) ; et ils sont 72% à trouver que ce serait une bonne chose un référendum sur le redressement des finances publiques. Deux autres sujets seraient aussi plébiscités : la réforme des retraites (à 54%) et l'immigration (à 50% ; 71% trouveraient que c'est une bonne chose).
     

     
     


    Des sujets régulièrement cités dans les médias n'obtiennent en revanche qu'un faible intérêt pour une consultation : seulement 36% pour l'euthanasie (un projet de loi assez scandaleux est en passe d'être adopté en première lecture, j'en reparlerai) et 16% pour la réorganisation territoriale (le sujet est beaucoup trop complexe).
     

     
     


    Ces résultats sont cohérents avec un autre sondage, celui d'Elabe publié le 11 mai 2025 pour BFMTV. Les trois principaux sujets souhaités pour un référendum resteraient les mêmes, à savoir la dépense publique, la dette et les impôts (59%), la réforme des retraites (52%) et l'immigration (52%). Les sondés seraient peu intéressés par l'euthanasie (43%), la réduction du nombre d'échelons administratifs (22%), la proportionnelle (19%), etc.
     

     
     


    Ce qui est sûr, c'est qu'un référendum est un objet institutionnel compliqué. Il faut trouver soit la bonne question soit, lorsque la question est simple (êtes-vous pour ou contre le texte suivant ?), le bon texte.

    Insistons sur la facilité de dire "je veux un référendum sur l'immigration" et la difficulté de l'organiser. Quelle question ? "Souhaitez-vous l'immigration ou pas ?". C'est un fait de société, ce n'est pas une décision d'État. C'est une obsession politique, électoralement lucrative, mais qui peut faire beaucoup de dégâts sociaux. Le référendum risque d'être le résultat d'une paresse intellectuelle voire politique des parlementaires. Il faut proposer au peuple un projet déjà bien ficelé avec des directions claires et c'est au peuple de trancher... sans amender. Il est là, le vice : au contraire du Parlement, le peuple n'a pas la possibilité d'amender un projet, c'est-à-dire, au fond, de l'améliorer, car un texte n'est jamais parfait du premier coup.
     

     
     


    Même la réforme des retraites est difficilement approuvable par référendum : je connais des personnes (et pas des plus aisées) qui, grâce à la réforme de 2023, ont pu prendre leur retraite plus tôt que le système précédent. Un référendum, c'est du tout au rien, alors qu'un projet de loi adopté au Parlement, il a l'avantage de pouvoir être amendé, peaufiné, amélioré, complété, corrigé (à condition, bien sûr, qu'une absence de majorité n'oblige pas à l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution).

    L'idée de faire voter les Français sur les finances publiques est intéressante en elle-même mais très compliquée à mettre en œuvre pour qu'elle soit efficace. D'une part, si les Français disent : "il faut réduire de 40 milliards d'euros le train de vie de l'État", comment faire ? Ce n'est finalement pas l'objectif qui fait débat mais les moyens d'y parvenir, c'est-à-dire, quels budgets réduire ? D'autre part, si les Français disent au contraire : "ce n'est pas grave, continuons les déficits", faut-il alors poursuivre l'endettement insensé et fou qui hypothèque déjà les deux ou trois générations futures des Français ?
     

     
     


    C'est la responsabilité du politique de prendre des décisions courageuses. Le peuple doit pouvoir avoir son mot (en dernier ressort, il y aura l'élection qui remettra tout à zéro). En cours de mandat, le peuple pour approuver (ou pas) une décision courageuse mais à condition que le politique propose une solution claire et achevée. Pour les finances publiques, c'est même délicat car le vote du budget est l'une des raisons d'être du Parlement à l'origine. Mais on pourrait imaginer un texte disant : je veux réduire de 40 milliards d'euros avec le schéma suivant, et la liste des propositions pour réduire le déficit. Ainsi, il y aura un véritable choix de société et ce sera aux Français de trancher.

    Comme pour les sondages, tout réside donc dans la question. Mais aussi dans le climat politique. Un gouvernement ne doit pas organiser un référendum qui augmenterait les clivages dans une société déjà bigrement divisée. Son devoir est au contraire de veiller à la cohésion sociale. Il ne doit donc pas agiter des débats qui clivent et qui redémarreraient des guéguerres qu'on avait un peu oubliées (comme la guerre scolaire).

    Il est aussi des sujets (non évoqués dans ces sondages) qui pourraient très bien être au cœur d'un référendum, parce qu'il n'est pas question d'un coût financier, parce qu'il est un élément majeur d'un choix de société, parce qu'il n'est pas possible d'imposer à marche forcée une transition écologique sans l'accord du peuple et en se moquant de ses conséquences sociales souvent catastrophiques. Ainsi, l'existence des ZFE, zones dites à faible émission mais qui seraient plutôt des zones à forte exclusion (l'expression n'est pas de moi) devrait, à mon avis, faire l'objet d'un référendum (je ne suis pas le seul à le penser et je m'étonne que les sondages ne l'indiquent pas).

     

     
     


    Les sondages cités montrent aussi une certaine incrédulité des sondés face aux réelles intentions du Président de la République (nous verrons mardi). Les sondés sont majoritaires pour croire qu'Emmanuel Macron a parlé de référendum pour faire semblant d'en organiser et qu'en fin de compte, il n'en organisera pas. Je crois plutôt à la sincérité de cette perspective, mais à la difficulté de l'exercice. La dissolution du 9 juin 2024 a prouvé qu'il n'avait pas froid aux yeux. Emmanuel Macron n'a plus grand-chose à quémander au peuple et aux sondeurs pour sa fin de mandat puisqu'il ne peut pas se représenter.

    À moins que, justement, Emmanuel Macron n'en profite pour réviser l'article 6 de la Constitution : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. ». Avec ce deuxième aliéna ajouté lors de la révision du 23 juillet 2008 et qu'il pourrait proposer de supprimer : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. ». Cette phrase, jusque-là inutile (jusqu'à François Mitterrand et Jacques Chirac pour qui il n'était pas question d'un troisième mandat, aucun Président de la République réélu depuis 1848 n'avait fini son second mandat) provenait de la volonté du Président Nicolas Sarkozy d'américaniser le régime politique de la France. En faisant cela, il réduisait la liberté du peuple français de réélire un Président déjà réélu. On pourrait le regretter amèrement au printemps 2027...



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (11 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
    Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
    Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
    Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur les taxes douanières américaines le 3 avril 2025 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
    Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et les joyeux JO.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Sidération institutionnelle.
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250511-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-le-referendum-et-260874

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/11/article-sr-20250511-macron.html


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  • La profanation du cimetière juif de Carpentras, il y a 35 ans

    « 33 tombes, et non pas 2 seulement comme indiqué précédemment, ont été endommagées par des inconnus qui ont ouvert un cercueil et exhumé le défunt, un homme décédé de 81 ans. Le corps, empalé sur un manche de parasol, a été découvert gisant sur la tombe voisine. Cet acte n’a pas été revendiqué. Les enquêteurs ont relevé les empreintes de chaussures de quatre personnes différentes qui, semble-t-il, auraient opéré au cours de la nuit de mercredi à jeudi. » (Dépêche de l'AFP publiée le jeudi 10 mai 1990 à 15 heures 53).



     

     
     


    Il est des villes qui, par l'amer hasard de l'histoire, deviennent synonymes de l'ignominie et de la consternation bien malgré leurs habitants. C'était évidemment le cas pour Vichy et, bien que ville de cure thermale, le régime de Vichy n'était pas un régime minceur mais le régime politique de Pétain. Cela a été aussi le cas pour la ville de Carpentras, dans le Vaucluse, qui s'est retrouvée un beau matin le symbole déplorable de l'antisémitisme le plus abject.

    En effet, il y a trente-cinq ans, le jeudi 10 mai 1990 dans la matinée, deux dames qui se sont rendues au cimetière juif de Carpentras pour se recueillir auprès de leurs disparus ont trouvé trente-quatre tombes détruites, avec des inscriptions antisémites, et surtout, le plus grave, le corps d'une personne, Félix Germon, décédé quinze jours auparavant à 81 ans, dont la tombe n'avait pas être encore ensevelie, a été exhumé. Les autorités ont été alertées par ces deux dames, ont envisagé de ne pas en faire la publicité pour éviter de donner de mauvaises idées à certains, puis ont publié un communiqué de presse à 15 heures 53 à l'AFP. Cette profanation du cimetière juif de Carpentras a provoqué un emballement médiatique et politique particulièrement notable.

    Ce n'était pas, hélas, la première fois qu'un cimetière juif a été profané en France. Plusieurs cas avaient déjà eu lieu depuis l'attentat de la synagogue de la rue Copernic à Paris.


    Il faut remettre la situation dans le contexte politique du moment. Le 10 mai 1990, le Président François Mitterrand s'apprêtait à fêter le neuvième anniversaire de sa première élection du 10 mai 1981, et en bonne route pour atteindre les dix ans voire atteindre le record de longévité de tous les Présidents de la République depuis que la République existe (quatorze ans, ce fut le cas et cela ne se renouvellera pas en raison du quinquennat limité à deux mandats successifs).

    Les socialistes avaient gagné les élections de 1988 : réélection de François Mitterrand en mai puis élections législatives en juin, même si l'absence de majorité absolue rendait les choses un peu plus compliquées qu'en 1981 pour le gouvernement dirigé par Michel Rocard qui pouvait toutefois alterner le soutien du parti communiste français et du groupe centriste UDC (Union du centre issue principalement des rangs du CDS, composante démocrate-chrétienne de l'UDF). Laurent Fabius, qui n'avait pas réussi à s'emparer du premier secrétariat du parti socialiste en 1988 ni au mémorable congrès de Rennes en 1990, a pu obtenir en lot de consolation (pauvres institutions !) le perchoir entre 1988 et 1992.

    Parallèlement, le FN continuait à monter dans l'électorat sous la houlette de Jean-Marie Le Pen. L'extrême droite a fait un excellent score à l'élection présidentielle de 1988, frôlant les 15%. Et au cœur de l'essor du FN, à Dreux, lors d'une élection législative partielle en décembre 1989, la candidate du FN Marie-France Stirbois a été élue, confortant ainsi ce parti dans ses fondements.

    Justement, la veille du 10, le 9 mai 1990 au soir, le président du FN était l'invité de la très importante émission politique "L'heure de vérité" animée par François-Henri de Virieu sur Antenne 2. Signalons en passant que Jean-Marie Le Pen, qui n'avait obtenu que 0,7% à l'élection présidentielle de 1974, a été pistonné par François Mitterrand pour participer régulièrement à cette émission phare à partir de 1984, ce qui lui a assuré une couverture médiatique très forte, dans le but machiavélique de diviser la droite et d'empêcher l'alliance UDF-RPR d'être majoritaire.


    Et justement, le 9 mai 1990, Jean-Marie Le Pen expliquait qu'il y avait trop de Juifs dans la presse : « Que les Juifs aient beaucoup de pouvoir dans la presse, comme les Bretons en ont dans la marine, ou les Corses dans les douanes, ça ne me paraît pas discutable. Comme des gens du Front national se sont aperçus qu'un certain nombre de lobbies juifs, comme celui de M. Kahn, leur ont fait une persécution systématique, ils ont l'impression d'en voir beaucoup, c'est vrai. » [Jean Kahn était le président du CRIF de 1989 à 1995]. Ce n'était pas à sa première provocation à connotation antisémite, c'était après la longue série du "détail" et de "Durafour crématoire", etc. Très vite, certains ont vu dans les propos du leader d'extrême droite une motivation de quelques "bas du front" pour profaner un cimetière juif. C'était le cas par exemple de Serge Klarsfeld, le chasseur de nazis bien connu, qui a déclaré le 10 mai 1990 : « Le Pen a dit hier soir qu'il y avait trop de Juifs dans la presse. Certains à sa droite ont traduit qu'il y a trop de Juifs dans les cimetières. ».
     

     
     


    En fait, la profanation, réelle, a eu lieu dans la nuit du 8 au 9 mai et pas du 9 au 10 mai, car personne n'est venu au cimetière dans la journée du 9 mai, si bien qu'il a fallu attendre le lendemain pour se rendre compte des dégradations. De plus, les informations ont laissé croire que le corps de Félix Germon, exhumé, avait été au centre d'une odieuse mise en scène, en d'autres termes, qu'il avait été empalé, information relayée par les premières déclarations de Laurent Fabius et aussi de Pierre Joxe. La réalité a été que ce n'était pas le cas, l'examen par deux médecins légistes a montré que c'était faux. L'exhumation du corps n'en demeurait pas moins absolument choquante et scandaleuse, un manque de respect aux morts insupportable.

    Le commentaire du journaliste Marcel Trillat, directeur adjoint de l'information, dans le journal télévisé d'Antenne 2, soulignait l'extrême gravité de cette profanation (une dramatisation qui ferait de l'audience, par ailleurs) : « Un crime prémédité (…), la transgression sauvage du tabou le plus antique : le respect des morts. Un véritable défi à la société française, comme pour la prévenir que ses fondements les plus solides étaient en train de s’effriter. ».


    Pour ne prendre qu'un exemple, très représentatif, dans son éditorial du 12 mai 1990, André Fontaine, le directeur de la publication du journal "Le Monde", écrivait : « Il n’est pas trop tôt pour souligner le danger de la banalisation (…) du discours raciste ou révisionniste (…). Le drame de Carpentras devrait en inciter plus d’un, homme public comme citoyen privé, à faire en ce domaine, son examen de conscience. ».
     

     
     


    La machinerie politique a démarré au quart de tour, du moins du côté du parti socialiste et à gauche, mais pas seulement. Le Ministre de l'Intérieur Pierre Joxe, qui se trouvait en déplacement à Nîmes, est allé immédiatement à Carpentras en hélicoptère dans la journée : « Lorsque l’horreur est indicible, on ne doit rien dire, on doit se taire et méditer. C’est ce que nous venons de faire. Mais lorsque les criminels sont connus, on doit les dénoncer. Nous les connaissons ; je dénonce donc le racisme, l’antisémitisme, l’intolérance et je pense que tout le monde en France ressentira, comme nous, chagrin et pitié. ». Un référence qui faisait penser à Auschwitz.

    Après lui, quasiment toute la classe politique a défilé à Carpentras : Raymond Barre (ancien Premier Ministre), Pierre Mauroy (ancien Premier Ministre), Jack Lang (Ministre de la Culture), Lionel Jospin (Ministre de l'Éducation nationale), Jean-Claude Gaudin (président du conseil régional de PACA), Michel Noir (maire de Lyon), Georges Marchais (secrétaire général du PCF), Harlem Désir (président de SOS Racisme), etc. Jacques Chirac (président du RPR et maire de Paris) aussi a réagi publiquement et a exprimé son indignation.

    Du reste, si cet émoi politique a été parfois surjoué par l'Élysée et la gauche en général, il restait salutaire. Le pays n'était pas sans réaction quand des actes abominables ciblant les Juifs était commis, et ce constat, rassurant, était essentiel. Le point d'orgue fut la grande manifestation du dimanche 14 mai 1990 à Paris à l'initiative du CRIF, entre Bastille et République (itinéraire classique des manifestations de gauche, imposé par l'Élysée), à laquelle quasiment toute la classe politique a participé (toute la classe politique sauf le FN). Le présentateur du Soir 3, le journal télévisé sur FR3, déclarait : « Bonsoir, c'est bien tout un peu peuple qui était ce soir dans la rue à Paris, des centaines de milliers de personnes pour une marche silencieuse, une seule banderole, en tête du cortège : "Non au racisme et non à l'antisémitisme". ». Michel Rocard, Pierre Bérégovoy, Pierre Mauroy, mais aussi Jacques Chirac, François Léotard, etc. y ont participé... et également François Mitterrand, le Président de la République, ce qui était sans précédent depuis 1945. La participation d'un Président de la République à une manifestation a été renouvelée une seule fois avec François Hollande le dimanche 11 janvier 2015 après les attentats de "Charlie Hebdo". Le mot de François Léotard à cette manifestation du 14 mai 1990 était d'ailleurs éloquent : « Nous refusons ce que dit monsieur Jean-Marie Le Pen, car ce sont possiblement ces mots-là qui ont poussé à ces actes-là. ».

     

     
     


    Effectivement, dès les premières heures, le FN et Jean-Marie Le Pen étaient montrés du doigt par le reste de la classe politique. Certes, le parti d'extrême droite n'était pas accusé explicitement d'avoir commis lui-même les profanations, mais d'en avoir été la cause morale ou politique par les nombreuses déclarations à connotations racistes et antisémites. Pour riposter aux accusations portées contre lui, Jean-Marie Le Pen a organisé une conférence de presse le 11 mai 1990 au Danemark où il était en déplacement, en criant au complot contre lui, contre le FN, visant à le faire taire : « Oui, il s’agit d’un acte ignoble mais c’est un coup monté qui sert de tremplin à la classe politique pour s’attaquer au FN ! ». TF1 a diffusé aussi le 11 mai 1990 une réaction de Jean-Marie Le Pen au Puy-en-Velay : « L’attitude de certains hommes politiques apparaît comme tellement choquante qu’elle fait immédiatement penser à un montage. D’ailleurs, par beaucoup de côtés, cet événement rappelle quelque chose de récent : c’est l’opération de Timisoara. (…) À qui le crime profite ? Cela devrait en tout cas écarter le FN. ».

    L'attaque étant la meilleure défense, le leader d'extrême droite a imaginé d'autres coupables possibles, « des communistes qui semblent être les maîtres d'œuvre de toute cette opération », ou même « des mouvements subversifs islamiques dont on sait qu'ils ne portent pas spécialement dans leur cœur les Juifs ». Pire ! Dans une sorte de victimisation viscérale, le FN a par la suite accusé des jeunes Maghrébins, puis des agents du Mossad, et enfin François Mitterrand lui-même d'avoir commis ces profanations dans le but d'accuser le FN.

    Selon Yves Bertrand, le futur directeur des renseignements généraux entre 1992 et 2003, François Mitterrand aurait effectivement été à l'origine de la puissance médiatique de ces réactions politiques et des accusations portées contre le FN afin de rendre désormais impossible toute idée d'alliance entre la droite et l'extrême droite. Et c'est pourquoi l'Élysée a demandé à ce que l'enquête policière privilégiât la piste de militants du FN. Mais de là à faire commettre lui-même la profanation, il y a un fossé !

    Concrètement, l'enquête policière s'est longtemps enlisée. Des militants d'extrême droite, du parti PNFE, ont été interpellés puis relâchés sans avoir de lien, semble-t-il, avec les profanations (en fait, si). En novembre 1995, une émission télévisée ("Témoin n°1" sur TF1) de Jacques Pradel a donné un écho médiatique particulier à une nouvelle piste proposée par l'avocat Gilbert Collard, déjà proche du FN, celle de la jeunesse dépravée des notables de Carpentras, profitant des rumeurs existant déjà dans la ville. Était visé notamment le fils de Jean-Claude Andrieu, commerçant et maire UDF de Carpentras depuis octobre 1987 (et conseiller régional à partir de mars 1992), sous prétexte qu'il jouait à des jeux de rôles. Rumeurs de messes noires, de satanisme, voire d'orgies organisées, avec, à la clef, le meurtre d'une jeune femme, Alexandra Berrus, en 1992. Gilbert Collard était l'avocat à la fois de la famille de Félix Germon et de celle d'Alexandra Berrus. À la suite de cette émission qui a provoqué beaucoup d'incompréhension dans la population, la juge d'instruction a été dessaisie de l'affaire et mutée à Marseille. Mais cette piste, comme les autres, n'ont pas plus abouti !

    Ce n'est que le 30 juillet 1996 que le mystère s'est évaporé. L'un des auteurs de la profanation s'est finalement rendu aux autorités et a reconnu les faits en apportant des indications connues des seuls enquêteurs. L'homme était au chômage et psychologiquement à bout. Il a aussi dénoncé ses quatre complices. Quatre des cinq auteurs ont alors été arrêtés. Il s'agissait d'un acte antisémite préparé de longue date, prémédité par des néonazis du PNFE, groupuscule néonazi fondé en 1987. Leur chef, un skinhead membre du PNFE, qui avait été arrêté dès le 11 mai 1990 mais relâché le lendemain, a été tué le 23 décembre 1993 à moto par un véhicule dont le conducteur a été également assassiné, retrouvé dans le Rhône avec deux balles dans le corps et les pieds lestés de lourdes pierres. Les quatre auteurs survivants ont été condamnés le 24 avril 1997 à Marseille à des peines comprises entre vingt et vingt-quatre mois de prison ferme.

    Même s'il y a eu quelques liens entre le FN et le PFNE (le fondateur du PNFE a été membre du FN auparavant), aucun lien n'a été établi entre la profanation du cimetière de Carpentras et le FN et les accusations portées contre Jean-Marie Le Pen ou le FN, même si elles pouvaient se comprendre par le climat d'antisémitisme que le personnage avait installé dans le débat public, se sont donc révélées fausses et injustifiées.

    L'une des conséquences de cette affaire a été l'adoption le 30 juin 1990 et la promulgation de la loi n°90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, dite loi Gayssot (Jean-Claude Gayssot, député PCF et futur ministre, l'avait proposée), dont la nouveauté (dans son article 9) est qu'elle réprime désormais toute contestation de l'existence des crimes contre l'humanité, et en particulier des chambres à gaz dans les camps d'extermination nazis : « Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l'article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l'article 23, l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de l'article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. ». Cette loi n'a pourtant pas empêché la montée de l'antisémitisme en France sur les trois décennies qui l'ont suivie.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La profanation du cimetière juif de Carpentras.
    Auschwitz : soyons la mémoire de leur mémoire !
    Auschwitz aujourd'hui.
    La Nuit de la Shoah.
    Mauschwitz.
    Esther Senot.
    Pogrom à Amsterdam : toujours la même musique...
    Laura Blajman-Kadar.
    Le rappel très ferme d'Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Elie Wiesel.
    Robert Merle.
    Le calvaire de Simone Veil.
    Anne Frank.
    Le nazisme.
    Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon : pluie et émotion !
    Hommage du Président Emmanuel Macron à Missak Manouchian au Panthéon le 21 février 2024 (texte intégral et vidéo).
    Les Manouchian mercredi au Panthéon.
    Loi sur les génocides invalidée : faut-il s'en réjouir ?
    Michel Cherrier.
    Léon Gautier.
    L’émotion des camps de la mort.
    L'attentat de la rue des rosiers.
    Claude Bloch, passeur de mémoire.
    L'horreur humaine absolue.













    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250509-profanation-carpentras.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-profanation-du-cimetiere-juif-259866

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/03/article-sr-20250509-profanation-carpentras.html


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  • Le 8 mai ou le 9 mai ?

    « La première victoire qui soit commune, c’est la victoire de l’Europe sur elle-même. (…) L’Europe, nous la faisons, nous aimons nos patries. Restons fidèles à nous-mêmes. Relions le passé et le futur et nous pourrons passer, l’esprit en paix, le témoin à ceux qui vont nous suivre. » (François Mitterrand, le 8 mai 1995 à Berlin).




     

     
     


    Ce jeudi 8 mai 2025, des milliers de communes, grandes mais aussi petites, des villages, des hameaux, vont organiser des rassemblements pour commémorer la victoire du 8 mai 1945. Se recueillir devant nos morts pour la France. Cette année est un peu particulière puisque c'est le 80e anniversaire de la Victoire, et c'est aussi l'une des dernières années où l'on pourra encore écouter des témoins directs de la Seconde Guerre mondiale, des anciens combattants, des anciens résistants, des anciens déportés, des survivants de ce passé si trouble, aux destinées très différentes selon la vie de chacun.

    C'est François Mitterrand qui a rétabli le jour férié au 8 mai. Auparavant, on avait estimé que le 11 novembre pouvait rassembler les deux fins de guerre, 1918 et 1945, afin de réduire les journées chômées. Mais les deux guerres étaient très différentes et ce n'est pas inutile que chaque année, les citoyens se penchent de façon distincte sur ces deux guerres.

    Cette année, le 8 mai, comme le 1er mai, tombe un jeudi, ce qui pourrait faire deux ponts prolongés avec seulement deux jours de congé (huit jours au total, deux fois jeudi à dimanche). Après tout, c'est mieux en mai ensoleillé qu'en novembre embrumé. Mais l'idée n'était pas de faire un pont ni de se prélasser au soleil. L'idée était de commémorer ces fins de guerre.

    Une polémique s'est instaurée à l'aide des désinformateurs professionnels soumis à Vladimir Poutine, selon laquelle il faudrait choisir entre le 8 mai et le 9 mai. Factuellement, c'est la capitulation allemande a eu lieu le 8 mai 1945 à 23 heures 01, et la reddition de l'armée du Reich fut signée le 7 mai 1945 à Reims. Mais Staline, en apprenant cela, a été rage de colère car il voulait une signature à Berlin que l'Armée rouge avait conquis. Une nouvelle signature a donc eu lieu à Berlin le 8 mai 1945 à 23 heures 16, heure de Berlin, un peu en différé puisque l'arrêt des combats avait eu lieu le 8 mai 1945 à 23 heures 01, heure de Berlin. Or, à cette heure-là, il était 1 heure 01 du matin du 9 mai 1945 à Moscou, d'où la date du 9 mai retenue par la Russie. Toutefois, Staline n'en a pas fait une journée nationale particulièrement festive, car la date rappelait trop les lourdes pertes humaines soviétiques dans cette guerre.

     

     
     


    Cette année, Vladimir Poutine a voulu en faire un enjeu d'influence internationale, notamment en invitant Lula, Xi Jinping, Sissi, et quelques autres. Il voudrait jouer à celui qui urine le plus loin, dans une sorte de surenchère de roi Ubu. Volodymyr Zelensky a prévenu qu'il ne garantissait pas la sécurité de Moscou pendant le 9 mai parce qu'il craignait une manipulation de Vladimir Poutine (en d'autres termes, un faux attentat à Moscou). Depuis plus de trois ans, l'Ukraine est agressée par la Russie de Vladimir Poutine et donc, par la faute de ce dernier, les deux pays sont en guerre.

    La fête organisée par Vladimir Poutine est un non sens historique. On devrait commémorer la fin de la guerre pour promouvoir la paix dans le monde. Mais dans ce cas-là, le Président de la Fédération de Russie voudrait montrer sa force militaire pour impressionner ses supposés ennemis dans un but guerrier et pas pacifique.


    Toutefois, je n'ai jamais été contre l'idée de faire une commémoration le 9 mai. Pour moi, c'est même une date plus importante que le 8 mai. Le 8 mai, c'est la sortie d'un enfer. Je conçois le 9 mai comme plutôt l'entrée dans un paradis. Paradis est un bien trop grand mot et il est un horizon inatteignable ; pour y aller, il y a d'abord un labyrinthe qui, parfois, nous faire revenir au point de départ, mais le chemin est là, le port est là, celui de la paix.

    Car le 9 mai, c'est avant tout le 9 mai 1950, les soixante-quinze ans maintenant de la célèbre déclaration de Robert Schuman qui a mis en place toutes les conditions pour la fondation de l'Europe dans le but, pas unique mais principal, d'être en paix. Et il faut dire qu'il a eu raison : les pays de l'Europe organisée, comme je l'appellerais, qui sont maintenant vingt-sept, six au départ (France, Allemagne, Italie et Bénélux), on peut rajouter le Royaume-Uni au fil des années, ont vécu en paix entre eux depuis quatre-vingt ans, et cela est inédit dans l'histoire des deux millénaires de notre vieux continent !

    En 2025, la situation est complètement différente de 1950 : aujourd'hui, on semble retourner dans une période d'avant-guerre, dans les années 1930, avec Vladimir Poutine dans le rôle de Hitler, Xi Jinping dans celui de Mussolini, Donald Trump dans celui de Chamberlain (lors des Accords de Munich). L'Ukraine devenant la nouvelle Tchécoslovaquie (le Donbass et la Crimée dans le rôle des Sudètes). En France, on n'est pas loin de 1936, les manifestations contre la réforme des retraites en 2023 faisant penser aux revendications du Front populaire. Ces Français qui ont manifesté sont, en grand partie, complètement déconnectés de la situation internationale actuelle très tendue (en Ukraine, à Gaza, en Syrie, au Cachemire, entre autres).

     

     
     


    Dans sa déclaration, Robert Schuman a énoncé le principe porteur d'une union de nations démocratiques et libres dans un cadre novateur institutionnellement très novateur et original : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. ». Et le meilleur concret, à l'époque, c'était l'énergie et l'industrie, c'est-à-dire, le charbon et l'acier : « La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. ». Ces prémices d'Europe allaient devenir la CECA, puis la CEE, enfin l'Union Européenne.

    Ce premier coup de génie était en fait inspiré de la réflexion de Jean Monnet. Le second coup de génie, c'était que l'union de l'Europe passait nécessairement par l'union entre la France et l'Allemagne : « Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne. ».
     

     
     


    Justement, ce mercredi 7 mai 2025, Friedrich Merz, qui a été élu, la veille, Chancelier de l'Allemagne fédérale (seulement au second tour), a été reçu par le Président de la République française Emmanuel Macron à l'Élysée pour une première prise de contact officielle. Les deux hommes ont confirmé leur attention de relancer l'Europe par le renforcement politique du couple franco-allemand : « Nous voulons rendre notre partenariat plus stratégique, plus opérationnel, afin d’obtenir des résultats concrets pour nos concitoyens et pour l’Union. Nous exploiterons au maximum la coordination et le réflexe franco-allemands pour rendre l’Europe plus souveraine, en mettant l’accent sur la sécurité, la compétitivité et la convergence. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a fait voler en éclats l’illusion selon laquelle la paix et la sécurité étaient garanties en Europe. Nous avons d’ores et déjà commencé à assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité, et nous allons en faire encore davantage. (…) Nous avons besoin de réformes pour garantir la stabilité de l’Europe. Au niveau interne, pour promouvoir la démocratie, l’état de droit et la capacité d’action de l’Union Européenne. Au niveau externe, pour nous préparer à l’élargissement et pour relever les défis géopolitiques, en nous appuyant également sur la Communauté Politique Européenne. 75 ans après la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, nous sommes fiers de ce que les Européens ont accompli. Nous servirons, chaque jour, l’objectif de ces "réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait", et nous le ferons ensemble, la France et l’Allemagne, pour une Union Européenne plus souveraine et promouvant ses intérêts. ».

    Cette relance de la relation franco-allemand est donc une excellente nouvelle pour la défense de nos valeurs, notre sécurité et la paix en Europe. Cela annonce un véritable renouveau européen. À nous d'y prendre part.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le 8 mai ou le 9 mai ?
    La Victoire sur le nazisme.
    La Fête de l'Europe.
    Philippe De Gaulle.
    Auschwitz : soyons la mémoire de leur mémoire !
    Auschwitz aujourd'hui.
    La Nuit de la Shoah.
    Mauschwitz.
    Esther Senot.
    Pogrom à Amsterdam : toujours la même musique...
    Laura Blajman-Kadar.
    Le rappel très ferme d'Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Elie Wiesel.
    Robert Merle.
    Le calvaire de Simone Veil.
    Anne Frank.
    Le nazisme.
    Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon : pluie et émotion !
    Hommage du Président Emmanuel Macron à Missak Manouchian au Panthéon le 21 février 2024 (texte intégral et vidéo).
    Les Manouchian mercredi au Panthéon.
    Loi sur les génocides invalidée : faut-il s'en réjouir ?
    Michel Cherrier.
    Léon Gautier.
    Claude Bloch, passeur de mémoire.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250508-huit-mai.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/le-8-mai-ou-le-9-mai-260493

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/07/article-sr-20250508-huit-mai.html

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  • Triste dimanche de mai

    « Cela fait 14 ans qu’elle me suit… Toujours présente malgré mes tentatives de fuite, elle s’accroche à moi. Ce soir, elle est bien présente mais j’essaie de la faire taire en me rappelant tous les maux qu’elle me fait endurer depuis ces années. » (Agathe Hilairet, 2022 sur Instagram).




     

     
     


    Cyril Lacombe, le procureur de la République de Poitiers, a annoncé ce lundi 5 mai 2025 la triste nouvelle. Les forces de l'ordre ont retrouvé dans un sous-bois au sud de Vivonne, la veille, le corps sans vie d'Agathe Hilairet, qui avait disparu le 10 avril 2025 à 10 heures après avoir commencé un jogging depuis Vivonne, à 20 kilomètres au sud de Poitiers. Selon France Info, c'est un promeneur qui aurait retrouvé le corps dans une zone qui n'avait pas été fouillée.

    Le père de la jeune fille de 28 ans avait alors alerté les forces de l'ordre en début d'après-midi alors qu'elle ne revenait pas. Grande sportive, elle faisait cet itinéraire de course à pied quasiment tous les jours. La dernière connexion de son smartphone a été géolocalisée dans l'après-midi à Voulon, à une dizaine de kilomètres de Vivonne.


    La gendarmerie a très vite pris au sérieux cette disparition. Dès le 11 avril 2025, plus d'une centaine de gendarmes ont été mobilisés pour effectuer les recherches, ainsi que des militaires et des plongeurs. Un hélicoptère avec une caméra thermique a également été utilisé pour l'occasion. En tout, une surface de 100 kilomètres carrés a été passée au peigne fin. Le 14 avril 2025, le parquet de Poitiers a ouvert une information judiciaire contre X pour enlèvement et séquestration afin de se donner plus de moyens d'investigation (notamment des perquisitions, des auditions, des analyses ADN et numériques). En six jours, la diffusion de l'appel à témoins a permis de recevoir 178 signalements.
     

     
     


    L'inquiétude était grande car la jeune joggeuse souffrait d'anorexie mentale depuis l'âge de 12 ans, un combat qu'elle menait quotidiennement, avec des centaines d'internautes qui la suivaient sur les réseaux sociaux (en particulier Instagram). Elle était d'une taille très mince (initialement, son poids a été donné à 35 kilogrammes pour 1,65 mètre). Les pistes de la fugue organisée et du suicide ont été écartées par la famille à partir de la lecture des derniers mots de son journal intime ou des recherches Internet qu'elle avait effectuées, même si rien n'était exclu pour les autorités.

    L'autopsie réalisée ce lundi 5 mai 2025 n'a donné aucun résultat conclusif sur la cause de la mort en raison de l'état du corps. Une crise cardiaque, par exemple, ne laisserait plus beaucoup de traces visibles après trois semaines dans des conditions extérieures très humides. D'autres analyses et examens sont en cours de réalisation pour poursuivre les investigations.

    L'hypothèse d'une mauvaise rencontre reste encore très plausible sinon probable (on dit même qu'elle est toujours privilégiée à ce stade de l'enquête). La découverte du corps a levé une inconnue mais pour la pire des possibilités. Tant que la personne était disparue, tout restait possible et notamment qu'elle fût encore en vie. Hélas, dans ce genre de disparition, plus le temps est long, plus les chances que la personne disparue ait survécu s'amenuisent.
     

     
     


    La vraie question pour le procureur est de savoir si la jeune femme est morte d'un pépin de santé (en l'occurrence, probablement d'un arrêt cardiaque) ou si elle a été la victime d'un prédateur détraqué, auquel cas il faudra chercher le ou les coupables.

    Je regrette que dans la presse, on continue encore, et malheureusement, ce n'est pas la première fois, à parler de la "joggeuse" de Vivonne. Elle est morte, certes, en faisant son jogging (cela semble à peu près établi), mais elle n'était pas une "joggeuse professionnelle" (si cette fonction existe ?). Elle était une personne à part entière, et j'imagine que sa famille et les proches ne la voyaient pas comme une coureuse mais comme une fille, une amie, ou une collègue.
     

     
     


    Alors, disons-le : la jeune femme s'appelait Agathe, elle venait d'avoir 28 ans le 30 mars dernier. Elle adorait faire du sport, et en particulier courir depuis l'âge de 13 ans, elle aimait aussi beaucoup dessiner, faire de la broderie et jouer à des jeux vidéo. Après une première année de droit à Poitiers, elle a réorienté sa trajectoire professionnelle comme assistante de direction, selon "Le Parisien", et occupait alors un poste d'assistante d'accueil pour une association promouvant l'insertion professionnelle à Poitiers. Les parents vont pouvoir commencer à faire leur deuil. Une réalité qui s'effondre sur cette tragédie. Pensée aux proches.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (05 mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Agathe Hilairet.
    Pourquoi Aboubakar Cissé a-t-il été assassiné ?
    Le mystère Émile sur le point d'être percé ?
    La profanation du cimetière juif de Carpentras.
    Crash de l'A320 de Germanwings.
    L'accident de Villa Castelli.
    Morts mystérieuses à Santa Fe.
    Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !
    Gisèle Pélicot, femme de l'année 2024 ?
    5 ans de prison dont 2 ferme pour Pierre Palmade.
    40 ans de confusions dans l'Affaire Grégory.
    Philippine : émotion nationale, récupérations politiques, dysfonctionnements de l'État ?
    Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
    Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
    Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
    La France criminelle ?
    La nuit bleue de Lina.
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
    Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
    Meurtre de Lola.
    Nos enseignants sont des héros.
    Patricia Bouchon.
    Sémantique de l'horreur.
    La sécurité des personnes face aux dangers.

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250505-agathe-hilairet.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/triste-dimanche-de-mai-260830

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/05/article-sr-20250505-agathe-hilairet.html



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  • La liberté de travailler le 1er mai ?

    « Je trouve ça complètement incohérent parce que mes employés et mes apprentis veulent travailler. C'est payé double, c'est rattrapable. C'est un avantage aussi. Et puis, ça reste une fête. On a un métier qui travaille énormément pendant les fêtes, si on nous interdit de travailler pendant les fêtes, on travaille quand et on gagne notre argent quand ? » (Virginie Ménager, le 30 avril 2025 sur France Bleu Normandie).




     

     
     


    Et voici que revient comme un marronnier le sujet de l'ouverture des commerces un premier mai. Le premier mai, jour de la fête du travail, certains disent de la fête des travailleurs, mais lisez les calendriers ! Toujours est-il que le premier mai est le jour le pire des jours fériés et dimanche, celui où travailler devient un exploit juridique.

    À l'heure actuelle, selon l'article L. 3133-6 du code du travail, seules les entreprises ou organismes « qui, en raison de la nature de leur activité, ne peuvent interrompre le travail » peuvent travailler le premier mai. On imagine bien les professions de santé (hôpital, etc.), de sécurité (forces de l'ordre, armée, pompier, etc.), et quelques autres (taxis, cheminots, contrôleurs aériens, etc.), mais apparemment, produire et vendre une baguette de pain n'est pas dans les indispensables.

    Soyons clairs : pourquoi n'avons-nous pas le droit de manger du pain frais un premier mai alors que ceux qui le produisent et le vendent le voudraient bien et sont prêt à nous le proposer ?


    Pire encore : les fleuristes non plus ne sont pas nécessaires, les fleurs sont encore moins indispensables que le pain, le premier mai... et pourtant, cherchez l'erreur, l'État tolère que n'importe quel particulier, moi, vous, vende dans la rue du muguet cueilli dans la forêt... ou même cultivé en serre. Et cela sans déclaration, sans TVA, sans impôt sur le revenu ou de société. Une exception fiscale (et sociale) française ! Une journée en or pour le parti communiste français pendant de très nombreuses années, car cela lui permettait de réinjecter légalement de fortes sommes en espèces sous la bannière "vente de muguet" le premier mai !

    Virginie Ménager est trentenaire et est fleuriste à Breteuil-sur-Iton, dans l'Eure. Elle ne pouvait pas ouvrir son magasin le premier mai toute seule, sans l'aide de ses employés, mais finalement, elle a pu l'ouvrir avec le concours de son conjoint, qui est autorisé à travailler avec elle car il n'est pas salarié. Elle s'est confié le 30 avril 2025 à Laurent Philippot de France Bleu Normandie (maintenant, on dit ICI Normandie, mais j'aurais du mal à m'y faire), pour exprimer son incompréhension de la loi : ses salariés sont partants pour travailler le premier mai, payés le double, et surtout, ses clients sont là, aimeraient bien profiter de leur jour de congé pour acheter des fleurs, ou du pain... Dans un pays de libertés, c'est inconcevable.

    De telles incohérences se trouvent partout en France. Le député Karl Olive a montré ce 1er mai 2025 une vidéo sur Twitter où une boulangerie de sa circonscription de Poissy était fermée avec un écriteau qui disait en substance : "fermée contre notre volonté", et à deux pas de là, un MacDonald était ouvert !
     

     
     


    Alors, bien sûr, la secrétaire générale de CGT, Sophie Binet, gardienne du temple, a rappelé que le premier mai, ce n'était pas de travail du tout pour les salariés... même s'ils le veulent ! La raison : pour les protéger d'eux-mêmes ! En effet, le volontariat est parfois un peu contraint dans certains entreprises. C'est possible, mais on n'est pas obligé d'autoriser tout le monde à travailler et au contraire, on pourrait en profiter pour interdire l'ouverture des grandes surfaces mais autoriser l'ouverture des petits commerces qui aurait ainsi un peu de répit.

    Le jour de congé sert-il vraiment la cause du salariat ? Si on en juge par les manifestations du premier mai en France, seulement 157 000 personnes ont manifesté dans toute la France selon le Ministère de l'Intérieur dont les statistiques sont désormais fiables. Mais même si on se réfère aux données de la CGT, 300 000, cela fait en gros seulement 1% de la population active. Il faut dire les choses comme elles le sont, les Français se moquent de la défense du travailleur le premier mai et préfèrent profiter du soleil d'un pont élargi du jeudi au dimanche pour avoir un peu de détente (certainement bien méritée). Au même titre que les Français, du moins la plupart d'entre eux, se moquent de la religion, des fêtes religieuses mais restent attachés aux congés acquis par l'Ascension, la Pentecôte, Pâques, Noël, l'Assomption, la Toussaint...

     

     
     


    Dans les années 2010, on a eu le débat sur le travail le dimanche, l'ouverture des magasins, etc. À l'époque, les syndicalistes et l'Église catholique s'étaient réunis dans la cause commune de garder le dimanche journée sans travail. Maintenant, la société a évolué, et beaucoup de consommateurs sont contents de pouvoir utiliser leur dimanche à faire quelques courses, à aller dans une librairie, une jardinerie ou un magasin de bricolage. Qui remettrait en cause cette liberté nouvelle ? A-t-on eu connaissance de salariés harcelés qui ne voulaient pas travailler le dimanche et qui y seraient contraints sous peine de licenciement ? Peut-être quelques cas, mais à ma connaissance, ce n'est pas la majorité des situations.

    C'est du gagnant gagnant gagnant : gagnant pour le consommateur qui gagne une liberté de plus pour consommer (rappelons que sur Internet, le e-commerce, cela fonctionne 24 heures et 24 et 7 jours sur 7, y compris les dimanches, jours fériés et bien sûr premier mai !) ; gagnant pour l'entreprise qui voit son chiffre d'affaires ainsi s'accroître ; enfin, gagnant pour le salarié qui peut travailler plus, gagner deux fois plus pour le même travail. Et j'ajoute que c'est aussi gagnant pour l'État, dont les caisses sont structurellement vides, qui, évidemment, et c'est normal, se sucre à chaque activité commerciale (TVA, impôt sur le revenu, impôt de société, multiples autres taxes selon activités, etc. et aussi charges sociales sur les salaires).


    L'an dernier, le 1er mai 2024, des boulangers sont allés contre la loi en ouvrant et en faisant travailler leurs salariés. Normalement, cette pratique illégale dans les textes était malgré tout tolérée, mais pas cette année-là où des amendes allant jusqu'à 1 500 euros par salarié ont été distribuées. Pourtant, une position ministérielle en 1986 avait officialisé cette tolérance, mais elle a été remise en cause par une décision de la Cour de Cassation de 2006.
     

     
     


    Notez l'incohérence : la convention collective de la boulanger-pâtisserie permet le travail le premier mai, sur la base du volontariat, bien sûr, mais cette autorisation ne repose sur aucune dérogation légale explicite, ce qui renforce l'insécurité juridique de cette profession, comme d'autres professions (les fleuristes notamment).

    Heureusement, la justice est parfois compréhensive. Le 25 avril 2025, le tribunal de police de La Roche-sur-Yon a publié une décision de relaxe de cinq boulangeries vendéennes poursuivies pour avoir fait travailler des salariés le premier mai. Il semble que cette annonce faisait suite à la démarche d'une sénatrice de Vendée, Annick Billon, qui a déposé le 25 avril 2025 une proposition de loi avec de nombreux collègues (dont Hervé Marseille, Mathieu Darnaud, François Patriat, trois présidents de groupe, etc.) pour faire évoluer la loi et l'adapter aux impératifs de la société d'aujourd'hui.
     

     
     


    Ainsi, cette proposition de loi, qui a reçu le "label gouvernemental" de "procédure accélérée" (cela réduit le nombre de navettes entre le Sénat et l'Assemblée), n'introduit qu'une seule transformation, celle d'élargir les situations de dérogation à la règle de la journée non-travaillée : « dont le fonctionnement ou l'ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l'activité ou les besoins du public ». "Besoins du public", en d'autres termes, le souhait des consommateurs à pouvoir acheter du pain ou des fleurs un premier mai comme un autre jour (entre autres). La procédure étant ce qu'elle est, la proposition étant soutenue par le gouvernement, on peut raisonnablement imaginer que la journée du 1er mai 2026 sera ainsi dotée de cette adaptation juridique.
     

     
     


    Dans l'exposé des motifs, les sénateurs auteurs de cette proposition ont d'ailleurs bien précisé qu'il ne s'agissait pas d'abroger le premier mai : « Il ne s'agit en aucun cas de remettre en cause le caractère férié et chômé du cette journée, mais de reconnaître la spécificité de certaines activités, à l'instar des boulangeries ou des fleuristes, qui participent pleinement à notre vie quotidienne et à notre patrimoine culturel. ». Et ils ont ajouté : « Ce texte vise donc à rétablir un équilibre entre le respect des droits des salariés et la nécessaire adaptation du droit aux réalités du terrain. Il apporte une réponse pragmatique et attendue à cette situation. ». Et je dirais, une réponse consensuelle... à l'exception des syndicats archaïques qui ne voient pas la société évoluer.

    En d'autres termes, ceux qui se prétendent révolutionnaires sont les plus conservateurs, veulent régir la société comme si on était encore en 1945, alors que la société a complètement changé, sa temporalité, sa diversité, sa liberté, etc. On vit différemment, cela peut être regrettable, mais c'est la réalité. La globalisation et le commerce électronique sont là, de toute façon, pour rappeler que la loi n'empêchera pas l'évolution de nos habitudes de vie, mais ne pas la changer plombera simplement nos entreprises et notre économie, et donc nos acquis sociaux (il en a été de même avec l'interdiction de diffusion d'un film à la télévision le vendredi et le samedi pour soutenir le cinéma : Netflix en a bien profité !).


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (01er mai 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La liberté de travailler le 1er mai ?
    La baguette magique.
    Le Jour du Seigneur.
    Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
    PLF 2025 : la majorité de rejet !

    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Le Plan Calcul.
    Les 20 ans de la loi handicap du 11 février 2005.
    Méfiez-vous du chat qui dort à Noël !

    Voie du covoiturage sur le périph !
    Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
    Doliprane : l'impéritie politique.
    Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
    L’aspirine, même destin que les lasagnes ?
    François Guizot à Matignon ?
    Standard & Poor's moins indulgente pour la France que les autres agences de notation.
    Assurance-chômage : durcissement pour plus d'emplois ?
    Les 10 mesures de Gabriel Attal insuffisantes pour éteindre la crise agricole.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Agences de notation Moody's et Fitch : la France n'est pas dégradée !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Comment créer les emplois de demain ?
    Yvon Gattaz.
    Gilberte Beaux.
    Carlos Tavares.
    Carlos Ghosn.
    Bernard Madoff.
    Jacques Séguéla.
    Gustave Eiffel.
    Francis Mer.



     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250425-premier-mai.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-liberte-de-travailler-le-1er-260780

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/05/01/article-sr-20250425-premier-mai.html

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  • En France, record mondial pour la fusion nucléaire !

    « Cette avancée démontre que la connaissance des plasmas et leur maîtrise technologique sur de longues durées sont devenues bien plus matures, laissant espérer que des plasmas de fusion puissent être stabilisés sur de longues durées dans des machines comme ITER. » (Communiqué du CEA du 18 février 2025).


     

     
     


    Dans la morosité ambiante et les troubles déconcertants du monde postmoderne, il est des bonnes nouvelles qui peuvent passer inaperçues. C'est pourtant une étape importante dans l'histoire des sciences et plus précisément celle de la fusion nucléaire qui a été annoncée le 18 février 2025. "On" a réussi à maintenir un plasma de 25 mètres cubes à la température de 50 millions de degrés Celsius pendant 1 337 secondes, soit plus de 22 minutes ! Cela s'est passé le 12 février 2025 dans le tokamak WEST du CEA de Cadarache, dans le sud de la France (CEA : Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives).

    C'est à la fois une grande victoire, ou plutôt une belle étape de l'humanité pour le monde entier, et, en ces temps d'auto-dénigrements systématiques pour raisons politiciennes, c'est aussi une victoire de la France car cela s'est passé en France. Le dire, cela ne fait pas de mal. Certes, rappelons que toute avancée scientifique n'est le résultat que d'une coopération internationale massive, et cela depuis plus d'un siècle, depuis les découvertes de la physique quantique au moins (en fait, depuis toujours, même à l'époque des Grecs anciens !), mais cela s'est passé quand même dans un réacteur nucléaire français et il n'est pas inutile, à ceux qui critiquent toujours leur pays, la France, de rappeler que ce pays, cette France, ma France si chérie, est à l'origine de l'une des avancées déterminantes de la science moderne.

    En d'autres mots, le "on", employé par moi de manière volontairement très floue, signifie à la fois l'homme (l'Homme, l'être humain, l'homo, pas le vir) et les équipes de scientifiques français. Cette prouesse technologique, car c'est une prouesse technologique, confirme que la France est un acteur majeur de la recherche en fusion nucléaire, qui a pris le leadership dans ce domaine également très étudié par le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Italie, le Japon, la Russie, l'Inde, la Corée du Sud et la Chine. Et je le répète, tous les exploits sont toujours le résultat d'une coopération internationale avec de nombreux pays. Du reste, malgré la situation géopolitique actuelle, la Russie a continué à collaborer au projet WEST en fournissant à Cadarache un aimant géant.

    Mais je me rends compte que l'information est passée inaperçue peut-être parce qu'il n'y a pas eu les explications nécessaires sur la signification de ce record. La France est à l'honneur, car le réacteur français a battu le record de durée de plus de 25% précédemment détenu par la Chine il y a quelques mois avec son tokamak EAST.
     

     
     


    Au risque de simplifier trop les choses (osons-le tout de même !), reprenons les enjeux majeurs de la fusion nucléaire.

    La fusion nucléaire, c'est en quelque sorte le Graal de tout chercheur dans les énergies. On pourrait dire improprement que c'est de l'énergie solaire, mais sans plaque photovoltaïque. En fait, plus exactement, c'est l'énergie du Soleil. Et c'est aussi pourquoi le Soleil a une durée de vie limitée (je nous rassure, encore quelques milliards d'années), car lorsque sa réserve d'hydrogène sera épuisée, il se transformera comme toutes les étoiles, deviendra obèse au point de grossir jusqu'à ce que sa surface atteigne l'orbite de la Terre et même au-delà (autant nous dire que les politiques de lutte contre les bouleversements climatiques ne serviront plus à grand-chose à ce moment-là).

    À la différence de la fission nucléaire, où l'on récupère l'énergie résultant de l'éclatement d'un noyau atomique (lourd), ce que font les centrales nucléaires actuelles, la fusion nucléaire permet de récupérer l'énergie résultant de la fusion, c'est-à-dire de l'assemblage de deux noyaux atomiques (légers). Donc, généralement, lorsqu'un non-scientifique, en particulier pour des raisons politiques, parle de nucléaire, il parle de fission nucléaire. Ce sont deux domaines très différents sur le plan technologique.
     

     
     


    Le Soleil est une étoile composée d'hydrogène, ou plutôt, de deux types d'isotopes de l'hydrogène, le deutérium et le tritium. L'hydrogène est le premier atome de la classification, celui qui comporte un proton dans le noyau. Le deutérium a donc un noyau composé d'un proton, mais aussi de deux neutrons (combiné à l'oxygène, cela donne de l'eau lourde). Le tritium, un proton et trois neutrons. Le Soleil est un réacteur nucléaire qui fusionne les noyaux de deutérium et de tritium pour donner un isotope de l'atome d'hélium avec quatre neutrons (l'hélium 4) et un dernier neutron afin d'équilibrer la réaction (l'hélium est l'atome qui comporte deux protons). L'émission du neutron ainsi que la fusion pour donner l'hélium 4 apportent de l'énergie. C'est cette énergie qui nous permet de voir quand il fait jour (même quand il y a des nuages ; il est faux de dire qu'il n'y a alors pas de soleil).
     

     
     


    On voit tout l'intérêt de cette réaction nucléaire par rapport au nucléaire dit classique, à savoir la fission nucléaire. D'une part, il n'est pas nécessaire d'apporter de l'uranium ni du plutonium, il suffit d'hydrogène, atome particulièrement présent sur Terre (plus exactement, de deux isotopes de l'hydrogène, dont le deutérium est très présent à l'état naturel, l'autre peut facilement s'obtenir avec du lithium). D'autre part, cela évite des déchets nucléaires comme on peut les avoir avec la fission nucléaire (l'hélium 4 n'est pas radioactif). Le danger existe toutefois avec le neutron qui s'échappe dans la réaction et qui peut se combiner avec des atomes environnants et créer des isotopes devenant radioactifs. Un autre intérêt, c'est que la réaction ne peut pas s'emballer comme pour la fission nucléaire ; il ne pourrait pas y avoir d'accident nucléaire avec cette technologie car s'il y a une anomalie dans le réacteur, les réactions s'arrêteraient automatiquement par manque de condition pour poursuivre la fusion.

    Mais, car il y a un mais, pour amorcer la réaction, il faut un apport durable d'une haute énergie. En d'autres termes, il faut pouvoir garder pendant "longtemps" (à définir) un plasma "à haute température" (à définir) pour provoquer une fusion auto-entretenue. En exprimant cela, je passe à côté d'autres défis technologiques.

    Pour amorcer la fusion nucléaire de deux noyaux, il faut les faire se rencontrer, donc, d'abord, les débarrasser de leurs électrons, puisqu'un atome est composé d'un noyau (protons et neutrons) et d'électrons. C'est-à-dire virer les électrons par ionisation, devenus donc un plasma. Ensuite, il faut les confiner pour qu'ils se heurtent. Enfin, il faut que le choc soit suffisamment énergétique pour que les noyaux fusionnent, c'est-à-dire qu'il faut que la température soit très très élevée, de l'ordre de 150 millions de degrés Celsius. En effet, chaque noyau est chargé positivement d'un point de vue électrique (l'électron est négatif et le noyau est positif, l'atome est stable donc toujours neutre), et donc, en principe, deux charges positives se repoussent et ne fusionnent pas, d'où le besoin d'un confinement et d'une très haute température.

    Ces trois conditions pour réussir la fusion nucléaire demandent de la recherche technologique de haut niveau. C'est la raison pour laquelle la France (notamment) s'est engagée dans le programme nucléaire civil en 1973 : la construction de notre parc actuel de centrale nucléaire (à fission nucléaire donc) prévue pour une durée initiale de cinquante années (nous y sommes) était un programme temporaire afin de développer, par ailleurs, la fusion nucléaire.

    Au début des années 1970, les chercheurs estimaient qu'il fallait un demi-siècle pour que la fusion nucléaire soit opérationnelle dans la production d'électricité. Le petit problème urbain, c'est qu'aujourd'hui, on considère aussi qu'il faudrait encore cinquante années pour produire à l'échelle industrielle de l'énergie avec la fusion nucléaire. Cela ne veut pas dire qu'il ne s'est rien passé pendant cinquante ans, mais que la recherche est très longue, nécessite beaucoup d'argent et, sur ce sujet nucléaire, la politique parfois s'en est mêlée, sujet sensible à gauche avec un PS au pouvoir mettant à mal la politique nucléaire de la France pour un plat de lentilles écologistes. Néanmoins, le retard est mondial et ne peut pas être attribué aux circonstances politiques françaises.

    En gros, si on arrive à produire industriellement de l'énergie par la fusion nucléaire dans la seconde moitié du XXIe siècle, ce sera très heureux. L'objectif des politiques mondiales sur le climat est d'atteindre le zéro carbone en 2050, ce qui est, à mon sens, beaucoup trop ambitieux car sans développement industriel de la production par fusion nucléaire, cet objectif ne sera jamais atteint. Nous en sommes encore très loin.


    Revenons aux mots qui peuvent être compliqués. J'ai évoqué le mot plasma. Qu'est-ce qu'un plasma lorsque le mot n'a rien à voir avec la biologie ni avec les écrans plats ? Il s'agit du quatrième état de la matière. On cite souvent les trois états que sont le solide (température la plus faible, agitation atomique la plus faible, degré de liberté le plus faible), le liquide et le gaz. En fait, il y a un autre état de la matière qui va au-delà du gaz et qui est le plus répandu dans l'Univers, c'est le plasma qui est du gaz ionisé à haute énergie, que sont toutes les étoiles "vivantes". L'homme est capable d'en créer artificiellement, ne serait-ce que par les éclairages au néon (gaz rare ionisé par différence de potentiel, mis dans une ampoule en basse pression ; en thermodynamique, baisser la pression a souvent le même effet qu'augmenter la température).

    Depuis les années 1950, les perspectives de produire industriellement de l'énergie par la fusion nucléaire se heurtent donc, comme expliqué plus haut, par l'impossibilité technologique encore actuelle de maintenir une température de plusieurs dizaines de millions de degrés dans un espace confiné (oubliez la fusion froide, cela n'existe pas !). C'est la raison pour laquelle on cherche à confiner le plasma sans contact avec le réacteur pour éviter les échanges thermiques et un refroidissement trop rapide.

    L'un des réacteurs intéressants est le tokamak. Là encore, je vais simplifier à l'extrême. C'est un réacteur qui permet de confiner un plasma au moyen d'un champ magnétique élevé. La plupart des tokamaks sont toriques, c'est-à-dire que le plasma prend la forme d'un tore (anneau lui-même à section circulaire). Andreï Sakharov a fait partie des contributeurs initiaux du développement du tokamak (le mot lui-même vient du russe signifiant "chambre toroïdale avec bobines magnétiques").
     

     
     


    Le principe est le suivant : on injecte dans une chambre isolée et à basse pression du gaz réactif (deutérium et tritium). Ensuite, on le chauffe par micro-ondes (comme l'eau dans un four micro-ondes classique). Les atomes perdent alors leurs électrons qui forment un plasma à haute température. Le problème, c'est que ce plasma doit être confiné sans contact sinon il se refroidirait et aussi il détruirait les parois du réacteur (de la chambre). D'où le confinement magnétique et la présence de bobines magnétiques pour créer un champ magnétique.

    Il faut un volume de plasma le plus grand possible. En effet, plus son volume est élevé, plus le ratio nombre d'atomes à la surface sur nombre d'atomes dans le volume est réduit, ce qui permet d'augmenter le temps de refroidissement (temps de confinement).

    Ainsi, dans le tokamak WEST où a été faite l'expérience du 12 février 2025 au CEA de Cadarache, le volume du plasma est de 25 mètres cubes (grand rayon du plasma de 2,40 mètres ; petit rayon du plasma typique : 72 centimètres), et la chambre est composée de parois en tungstène (élément W, pour Wolfram en allemand ; WEST signifie : Tungsten Environment in Steady-state Tokamak). Le tungstène est un élément particulièrement résistant à haute température et sous fort rayonnement. Doté de bobines supraconductrices, le réacteur peut appliquer, au centre du plasma, un champ magnétique intense de 4,2 Tesla. Le chauffage du plasma par ondes HF avait, dans cette expérience, pour puissance injectée 2 MW, mais d'autres expériences vont se faire en augmentant la puissance de chauffage jusqu'à 20 MW (dix fois plus).
     

     
     


    Attention aussi aux erreurs d'interprétation de cet exploit technologique. L'idée de la manipe était de faire durer le plus longtemps possible le plasma à haute température, pas de produire de l'énergie et encore moins d'être rentable. Donc, il serait sans intérêt scientifique de faire le bilan énergétique, à savoir mesurer le rapport de l'énergie dissipée (produite par la fusion nucléaire) sur l'énergie consommée (dépensée pour produire la fusion nucléaire) qui est ici, dans cette expérience, de l'ordre de 0. En effet, l'énergie dépensée pour cette manipe a été de l'ordre de 2,7 GJ (gigajoule), qu'on peut calculer ainsi : 2 x 1 000 000 J/s (=W) x 1 337 secondes = 2,7 x 1 000 000 000 J. Quant à l'énergie produite, elle est quasiment nulle car dans ces conditions, l'hydrogène ne produit pas d'énergie. L'objectif de cette expérience, c'était de contrôler le confinement du plasma et la résistance des matériaux en présence.

    Insistons sur ce bilan énergétique (le rapport en question est nommé facteur Q). Pour qu'il soit possible d'exploiter industriellement cette technologie, il faut bien que Q soit le plus supérieure possible à 1. En dessous de 1, on perd de l'énergie. En fait, même jusqu'à 5, on perd de l'énergie car il chauffage du plasma contrebalance aussi son refroidissement. Il faut être supérieur à 20 pour devenir économiquement viable, c'est-à-dire pour qu'une partie de l'énergie produite par la fusion puisse être utilisée pour maintenir le chauffage du plasma. La réaction en chaîne aura lieu si Q est infini, ce qui est techniquement impossible. La phase de chauffage du plasma est une phase transitoire qui amorce la fusion et sera toujours déficitaire en énergie, bien sûr. Une fois en "vitesse de croisière", l'idée est de minimiser l'énergie de maintien du plasma confiné et de récupérer l'énergie dégagée.

    Aujourd'hui, le record du facteur Q revient au tokamak JET (Joint European Torus), situé près d'Oxford en Grande-Bretagne, le plus grand tokamak à ce jour, avec un Q de l'ordre de 0,65.

    La construction du réacteur ITER, à Cadarache, devrait apporter un Q proche de 5 en fonctionnement continu. ITER sera alors le plus grand tokamak du monde (acronyme de International Thermonuclear Experimental Reactor, qui signifie aussi way, chemin en latin, d'où le mot itinéraire). Le projet ITER regroupe trente-cinq pays, ceux de l'Union Européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Corée du Sud, l'Inde, le Japon, la Chine, la Russie et la Suisse (le Brésil et le Kazakhstan ont demandé à s'intégrer à ce groupe). Son objectif est de maintenir un plasma dégageant une puissance de 500 MW pendant 500 secondes pour une puissance injectée de 50 MW. L'autre objectif est de démontrer la faisabilité d'une réaction de fusion auto-entretenue, ce qui n'a jamais encore été fait.

    On comprend pourquoi le consortium ITER a choisi la France et Cadarache pour s'installer, grâce à la grande maîtrise technologique des chercheurs du CEA (l'exploit du 12 février 2025 l'a confirmé). Cadarache a été officiellement choisi le 28 juin 2005 à Moscou parmi trois autres candidats, l'Espagne, le Japon et le Canada. ITER ne sera pas un réacteur pour produire de l'électricité, il n'est conçu que pour produire du plasma et de l'énergie, pas la transformer ensuite, par turbine, etc., en électricité, ce qui sera un stade ultérieur du développement.

    Le projet ITER a été initié dès l'automne 1985 par la Russie. Mikhaïl Gorbatchev l'a proposé à François Mitterrand le 2 octobre 1985 à Paris puis à Ronald Reagan le 19 novembre 1985 à Genève. Le physicien russe Evgueni Velikhov (1935-2014), qui a présidé le conseil d'administration du projet ITER de 1992 à sa mort le 5 décembre 2024, a effectivement expliqué le 17 novembre 2010 à Cadarache : « Nous savions que seul un vaste programme international pourrait nous permettre de démontrer la faisabilité scientifique et technique de l'énergie de fusion. En 1985, Gorbatchev, qui avait longuement discuté de ce projet avec le Président Mitterrand lors de sa première visite en France, un mois avant la rencontre au Sommet de Genève, l'a proposé à Reagan. Et c'est ainsi que tout a vraiment commencé. ».

    Le réacteur ITER devrait être opérationnel à partir de 2036 pour produire son premier plasma confiné. Le projet a eu de nombreuses années de retard par rapport aux plannings initial ou intermédiaires, pour des raisons politiques ou financières. En 2024, les frais déjà engagés pour ITER étaient estimés à entre 20 et 40 milliards d'euros (ce qui, finalement, est assez faible pour un projet d'une telle importance stratégique mondiale).


    La normalienne Anne-Isabelle Étienvre, agrégée de sciences physiques et docteure en physique des particules, est la directrice de la recherche fondamentale du CEA depuis le 6 novembre 2023. Elle a exprimé son enthousiasme pour le record réalisé par les chercheurs de Cadarache : « WEST a franchi une étape technologique importante en maintenant un plasma d'hydrogène pendant plus de vingt minutes (…). Cet excellent résultat permet à WEST et à la communauté française de se positionner au premier plan pour préparer l’exploitation d’ITER. ». Bravo la science ! Bravo la France !


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    Sylvain Rakotoarison (30 avril 2025)
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    Marie Marvingt.
    Le Plan Calcul.

    Paiement par smartphone.
    Claude Allègre.
    Benoît Mandelbrot.
    Publication : Tan, Lei. "Similarity between the Mandelbrot set and Julia sets". Comm. Math. Phys. 134 (1990), no 3, 587-617.
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    Hubert Curien.
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    Publications sur le papillomavirus, le cancer du col de l'utérus et l'effet de la vaccination anti-HPV (à télécharger).
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    Svante Pääbo.
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    Marie Curie.


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  • Cyril Hanouna, candidat ...en 2047 ?

    « Je ne serai pas candidat en 2027. Je ne me présenterai pas en 2027, ni en 2032, ni en 2037, ni en 2042. » (Cyril Hanouna, le 29 avril 2025 sur Europe 1).



     

     
     


    Tout est possible pour 2047, alors ? Après tout, l'animateur bouffon n'aura que 72 ans, moins que François Bayrou aujourd'hui. Mais Cyril Hanouna a ajouté : « Je suis inquiet pour la France, mais je le dis aux auditeurs, ma seule priorité dans les mois, les années et les siècles à venir, c'est d'essayer de vous faire rire, que ce soit l'après-midi ou le soir à la télévision. ».

    Voilà, c'est dit, Cyril Hanouna ne sera jamais candidat à l'élection présidentielle, tandis que les sondages pouvaient lui accorder jusqu'à 10% d'intentions de vote. Cyril Hanouna en 2027, dans la grande tradition de Pierre Dac en 1965, Coluche en 1981, Yves Montand en 1988, Bernard Tapie (qui a désormais sa statue à Marseille) en 1995...

    Mais alors, pourquoi la revue d'extrême droite "Valeurs actuelles" a-t-elle consacré sa une du 30 avril 2025 à une possible candidature présidentielle de Cyril Hanouna ? Tout simplement parce qu'elle a été la victime d'un canular. Du reste, en parler est l'objectif final du médiatique présentateur de talk show. L'information, en elle-même peu crédible, avait été crédibilisée par l'annonce au début du mois de février 2025 sur une possible tentation présidentielle.

     

     
     


    Le programme présenté par "Valeurs actuelles" était dément, en gros, deux tiers lepéniste, un tiers mélenchoniste et une nette coloration trumpiste. Ce que l'hebdomadaire a expliqué, c'est qu'une fois élu, Cyril Hanouna ne se rémunérerait pas comme Président de la République (15 000 euros par mois économisés, sur les 3 100 milliards d'euros de la dette publique !). Il pourrait bien se le permettre puisque, selon "L'Informé" du 12 décembre 2022, l'animateur producteur posséderait une fortune évaluée à environ 85 millions d'euros.

    Son programme fait partie du rêve de réenchantement : le SMIC relevé à 2 200-2 300 euros par mois, la réduction drastique des charges des PME, la suppression de la TVA pour les produits de première nécessité. Et même une TVA qui serait variable, selon le salaire du consommateur (imaginons l'usine à gaz et l'intrusion dans la vie privée d'une telle mesure !).

     

     
     


    Pour financer ces énooormes dépenses, la sécurité sociale ne serait accessible qu'aux seuls usagers percevant un salaire inférieur à 2 500 euros par mois (ce qui signifie que beaucoup de monde ne serait plus couvert par une assurance maladie, et tant pis pour eux s'ils ont un cancer dont même la fortune de Cyril Hanouna ne pourrait financer le traitement complet).
     

     
     


    Et puis, toujours cette tarte à la crème, comme l'a résumé un article du journal "Le Figaro" du 29 avril 2025 : « La lutte contre la fraude sociale, fausse carte vitale, abus de l'aide médicale d'État..., serait intensifiée pour redresser les comptes publics. ». C'est la tarte à la crème car toutes les fraudes connues sont sévèrement sanctionnées et les non connues, on ne les connaît pas par définition et on ne peut donc pas les sanctionner, quel que soit le locataire de l'Élysée. Bref, que ce soient les fraudes sociales (argument de droite populiste) ou que ce soient les fraudes fiscales (argument de gauche populiste), l'État fait déjà beaucoup et intensifiera son contrôle dans l'avenir grâce à l'intelligence artificielle, à l'accès à des données personnes sur les réseaux sociaux, etc., et récupère autant qu'il peut l'argent fraudé.

    C'est donc une arnaque de programme électoral, une paresse intellectuelle et un grand manque d'imagination de mettre la lutte contre la fraude pour faire la différence budgétaire avec toutes les mesures coûteuses et dépensières d'un candidat. Rappelons que grâce au prélèvement à la source, le taux de recouvrement de l'impôt était de 98,5% en 2020 !

    Par ailleurs, selon "Valeurs actuelles", Cyril Hanouna voudrait réduire à zéro l'immigration, lèverait l'excuse de minorité pour la responsabilité pénale des mineurs, et reprendrait stupide l'idée de Laurent Wauquiez d'un Guantanamo à la française qui serait un quartier de haute sécurité où seraient incarcérés les cent criminels "les plus dangereux de la société" (à définir ?).

     

     
     


    En bon antiparlementaire primaire (les politiques, tous pourris !), le Président Hanouna réduirait de 30% le nombre de députés, réduirait leurs indemnités (ce qui donnerait un avantage aux élus fortunés), et supprimerait tous les ministères sauf Matignon et Bercy (les ministres, des inutiles !). Et en bon populiste, l'animateur proposerait des référendums sur toute sorte de sujet, y compris la révocation des élus.

    Bref, on le voit bien, "Valeurs actuelles" a bu comme du petit lait de gilets jaunes le programme supposé d'un Cyril Hanouna très heureux, tel un coq, qu'on parlât de lui. Mais le problème, c'est que sa candidature éventuelle en 2027 ferait un peu l'effet de celle de l'ancien éditorialiste télévisuel Éric Zemmour en 2022 : elle prendrait des voix principalement au candidat du RN, Marine Le Pen ou son remplaçant Jordan Bardella, qui seraient tous les deux en tête des intentions de vote en cas d'élection présidentielle aujourd'hui. C'est pourquoi le président du RN, adepte aussi de la méthode Coué, assurait comme un mantra qu'il ne croyait pas du tout à cette candidature. Pour une fois, il avait raison.
     

     
     


    Après tout, Coluche aussi voyait sa candidature canular créditée de 10% à 15% d'intentions de vote en 1981, et il a vite stoppé la démarche quand il commençait à mettre sérieusement en difficulté la candidature de François Mitterrand.

    Les rumeurs sur l'existence d'une liaison affective entre Cyril Hanouna et Tiphaine Auzière, la belle-fille très sage du Président Emmanuel Macron, répandues en mars 2025 et démenties par l'intéressé le 3 avril 2025 sur Europe 1, seraient-elles fondées, ce qui ferait comprendre l'intérêt de son éventuelle candidature à l'élection présidentielle, celui de disperser les voix des populistes ? Complot ? Canular, on vous dit !



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (29 avril 2025)
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    Cyril Hanouna, candidat ...en 2047 ?
    L'extinction de C8 : la loi ou la liberté d'expression ?
    Touche pas à Hanouna ?.
    Philippe Labro.
    Notre-Dame de Paris, capitale du monde !
    Teddy Vrignault.
    Jean-Pierre Elkabbach.
    Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap.
    Le génie olympique français !
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Eurovision 2024.
    Eurovision 1974.
    Bernard Pivot.
    Christine Ockrent.
    Vive la crise !
    Frédéric Mitterrand.
    Roger Pierre.
    Jean-Marc Thibault.

    Stéphane Collaro.
    Philippe Bouvard.
    Laurent Ruquier.
    Silvio Berlusconi.
    Les Randonneuses (série télévisée).
    L'Affaire d'Outreau (documentaire télévisé).
    Lycée Toulouse-Lautrec (série télévisée).
    À votre écoute, coûte que coûte !

    C'est pas sérieux.
    Transgenres adolescentes en Suède : la génération sacrifiée.
    Ci-gît la redevance à la papa.
    La BBC fête son centenaire.
    Franck Riester : France Médias ne sera absolument pas l’ORTF.
    Publiphobie hésitante chez les députés (17 décembre 2008).
    Pub à la télé : la révolution silencieuse (2 septembre 2008).
    L’inexactitude de Nicolas Sarkozy sur l’audiovisuel public.
    Les Shadoks.
    Casimir et l'île aux enfants.
    Ne nous enlevez pas les Miss France !
    Combien valez-vous ?
    Loft Story.
    Abus d'autorité (1).
    Abus d'autorité (2).
    Maître Capello.
    Joséphine ange gardien.

     

     
     



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