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société - Page 2

  • La France criminelle ?

    « La France a tué mon mari ! » (la veuve du gendarme Éric Comyn tué par un chauffard multirécidiviste, le 28 août 2024 à Mandelieu).



     

     
     


    Le lundi 26 août 2024 vers 20 heures 30, l'adjudant Éric Comyn a été mortellement blessé par un chauffard au cours d'un contrôle routier à Mougins, dans les Alpes-Maritimes, sur une bretelle de sortie de l'autoroute A8.

    Tristesse. C'est d'abord un immense drame humain. Le gendarme avait 54 ans, allait prendre sa retraite l'année prochaine, et laisse sur le carreau une famille effondrée, sa femme Harmonie et ses deux enfants, 17 ans et 12 ans. Colère. C'est ensuite une interrogation très lourde : l'auteur de l'homicide (du meurtre) était un chauffard multirécidiviste bien connu des services de la police. La justice avait fait son travail, le chauffard avait été condamné et avait fait ses peines.

    Malheureusement, ce genre de drame n'est pas le premier et on craint qu'il ne soit pas le dernier. Les refus d'obtempérer sont nombreux sur les routes de France (plusieurs dizaines de milliers par an) et l'issue reste souvent soit l'impunité, soit la victoire de la loi, mais parfois, il y a des drames, soit un membre des forces de l'ordre qui tire sur le fugitif, soit, au contraire, le délinquant qui fonce sur le membre des forces de l'ordre. L'un pouvant provoquer l'autre, d'ailleurs.

     

     
     


    Comme souvent, certains mouvements politiques tentent d'exploiter ce genre de drame humain et le font plus ou moins subtilement. En revanche, ce qui s'est passé deux jours plus tard, le mercredi 28 août 2024, à l'occasion d'un hommage rendu à Éric Comyn à Mandelieu, était assez exceptionnel. En effet, la veuve du gendarme, Harmonie Comyn a pris la parole en public, au cours ce cette cérémonie, et a chargé lourdement la France, la politique française depuis plus d'une quarantaine d'années, en fustigeant le laxisme des lois et des juges.

    Ses mots étaient très durs. Elle a répété cinq fois : « La France a tué mon mari ! », pour, chaque fois, évoquer une raison de son affirmation. Par exemple : « La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance. ». Les mots durs étaient très politiques mais apparemment pas téléphonés, pas manipulés, pas soufflés par des politiques. Elle a remis en cause la politique des socialistes des années 1980 : « 1981 n'aurait jamais dû exister. » a-t-il proclamé en pensant à l'abolition de la peine de mort. Dans la même journée, le maire de Cannes David Lisnard, potentiel candidat LR à Matignon, a également prononcé un discours assez dur et sécuritaire lors d'un autre hommage au gendarme devant la mairie de Cannes. Un hommage national lui sera aussi rendu lundi 2 septembre 2024 à Nice présidé par le Ministre de l'Intérieur et des Outre-mer démissionnaire Gérald Darmanin.

    Comment réagir face à un tel discours de la veuve d'une victime terrible du refus d'obtempérer ? Les partis d'extrême droite et de droite dure n'ont pas hésité : ils se sont engouffrés dans la brèche ouverte par cette femme en y allant avec leur populisme sécuritaire habituel dont c'est le fonds de commerce habituel. C'était prévisible et ils n'avaient du reste pas besoin de ce discours pour instrumentaliser cette tragédie comme tant d'autres (et c'est aussi l'effet de cumul qui donne aussi à penser qu'ils auraient raison alors que rien n'est simple).


    À gauche, ce n'est guère mieux, et j'aurais envie de penser que c'est même pire. Dans les réseaux sociaux, Harmonie a été insultée par de nombreux internautes de gauche ultra qui n'ont aucun respect pour la peine infinie qu'on lui a déjà infligée par ce deuil. On ménage les personnes endeuillées, en général. La palme du plus odieux doit sans doute être attribuée au journal communiste "L'Humanité" qui a eu l'horreur de titrer : « 203e morts au travail en France depuis le 1er janvier ». Quel cynisme de la rédaction communiste ! Il ne s'agit pas d'un accident du travail, il s'agit d'un crime commis en toute conscience par un chauffard de 39 ans condamné déjà dix fois !

     
     


    Ce dernier a été arrêté le soir même devant le commissariat de Cannes, testé positif pour son alcoolémie, et a prétendu qu'il avait fui par panique, qu'il n'avait pas vu le gendarme quand il l'a renversé, mais des vidéos montreraient le contraire. La justice devra dire si cet homicide a été commis délibérément, auquel cas il s'agit d'un véritable meurtre, ou si, effectivement, il n'avait pas aperçu le gendarme et qu'il l'a malheureusement heurté. Dans tous les cas, ce n'est pas un accident du travail, dû à pas d'chance ou à de mauvaises protections, mais bien d'un meurtre plus ou moins conscient par son auteur présumé.

    Le journaliste Patrick Cohen, dans sa chronique politique du 29 août 2024, s'est posé la question que je me suis aussi posée en écoutant le discours véhément d'Harmonie Comyn : que peut-on faire d'un tel discours ? Moi, j'aurais modestement tendance à dire : pas l'opposer à des arguments, mais prendre en compte sa a rage, comprendre sa rage. Ce discours ne doit pas être blâmé. Parce qu'il a été prononcé par une femme qui a perdu à la fois son compagnon et le père de ses enfants. On doit la respecter. Elle a exprimé sa colère en même temps que sa tristesse. Elle reste dans l'émotionnel et ils sont rares, les proches des victimes, capables de s'exprimer publiquement. Je le dis suffisamment à l'aise que moi-même qui voulais prononcer quelques mots à l'enterrement de mon père, j'en ai été incapable sur le moment, la voix m'avait manqué. Il faut du courage et de la force pour prononcer un discours lorsqu'on est si endeuillé.

    Ce qu'a convenu en tout cas l'éditorialiste de France Inter, c'est que toute réponse rationnelle est inutile. Inutile pour la personne qui a prononcé ces mots à la fois durs et injustes. Inutile car aucune réponse n'est audible quand on est dans un tel chagrin, meurtri par l'effondrement d'une vie commune qui a duré une trentaine d'années.


    Harmonie Comyn a formulé deux demandes au cours de son discours : que les médias ne se méprennent pas de ce qu'elle a déclaré, par exemple, elle a fustigé les récidivistes, pas les étrangers. La seconde demande, c'est qu'elle ne soit pas récupérée par les politiques (mais là, c'était déjà trop tard, l'extrême droite et les médias qui l'entourent n'ont pas hésité une seconde pour matraquer, c'était de toute façon couru d'avance).

    Patrick Cohen le dit clairement : « En pleurant son mari mort par la France, par la faute selon elle d’une société pas assez répressive, Harmonie Comyn nous interpelle, décideurs et citoyens, et nous force à réfléchir. Il ne faut ni silence, ni démagogie. ». Il croit alors utile de répondre par un discours rationnel, qui ne sera pas audible par la famille, mais par ceux qui ont entendu le discours injuste et excessif de cette veuve et mère de famille désespérée.
     

     
     


    Ainsi, le rétablissement de la peine de mort n'aurait pas empêché concrètement la mort du gendarme, car le chauffard, aussi délinquant fût-il, n'avait pas de quoi être condamné à mort même dans une société ultrapunitive, ultrarépressive. De plus, la peine de mort n'a jamais empêché les crimes d'être commis car les criminels sont dans un état second (une courte folie ?) qui les inhibe complètement de ces préventions sociales.

    La vengeance et la peine de mort n'ont jamais eu de valeur dissuasive. Patrick Cohen s'est souvenu d'une lecture qui l'avait marqué : « Arthur Koestler racontait comment, dans l’Angleterre du XVIIIe siècle qui condamnait à mort les voleurs de biens de plus de 40 shillings, les badauds qui assistaient aux pendaisons de pickpockets, se faisaient détrousser. Par d’autres pickpockets. ». C'est la même histoire cyclique que le bourreau qui se fait exécuter (selon Franquin).

    La meilleure réponse à apporter est peut-être celle d'une victime d'un délit routier qui est membre de l'association Victimes Solidaires et qui veut sensibiliser les gens sur les risques qu'ils encourent à conduire n'importe comment (par exemple, en téléphonant, en étant imbibé d'alcool ou d'autres substances, etc.). Il réclame le droit d'assister voire de proposer des exposés aux stagiaires de la formation pour la récupération de points du permis de conduire. Ce qu'il constate, c'est que souvent, les présumés chauffards ne savaient pas qu'ils se mettaient autant en danger et qu'ils mettaient les autres usagers de la route autant en danger.


    Ce militant associatif parlait sur LCI du scandale des accidents de la route qui tuent encore environ 10 personnes par jour en France. Éric Comyn, gendarme, ne faisait que vouloir faire appliquer le code de la route. Il en est mort par un fou furieux de chauffard. J'espère que les juges seront sévères avec celui-ci, mais dans le cadre de nos lois et notre État de droit (le chauffard a le droit à une défense). Pas dans le cadre d'une justice expéditive proposée par feu Alain Delon.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (31 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
    La France criminelle ?
    La nuit bleue de Lina.
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
    Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
    Meurtre de Lola.
    Nos enseignants sont des héros.
    La sécurité des personnes face aux dangers.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240828-comyn.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-france-criminelle-256542

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/30/article-sr-20240828-comyn.html


     

  • Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap

    « J'en perdais pas un cil quand même du nouvel endroit. C'était pas bien possible de tomber plus moche et plus rebutant que j'étais mais quand même je me gourais bien, et finalement qu'au quart d'idée, qu'au morceau de viande saignante ou qu'à l'oreille tonitruante, qu'à ma grosse tête capituleuse, ces vaches d'hommes en voudraient encore, et je serais encore bon pour être traqué et plus vachement que jamais. » (Céline, "Guerre", éd.Gallimard, 2022).



     

     
     


    Le handicap, dans sa version célinienne posthume ! La cérémonie d'ouverture des XVIIe Jeux paralympiques de Paris 2024 a eu lieu ce mercredi 28 août 2024, retransmise notamment à la télévision sur France 2 (10,2 millions de téléspectateurs français). Encore une fois, cette cérémonie a été forte en art, spectacle et émotion, saluée tant par la presse française que la presse étrangère (qui parle notamment du « voyage de la discorde à la Concorde »). 65 000 spectateurs et 4 400 athlètes de 168 délégations y participaient le long des Champs-Élysées jusqu'à la Concorde.

    Toujours confiée au metteur en scène Thomas Jolly, auteur devenu célèbre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 le mois dernier, cette cérémonie d'ouverture, elle aussi la première qui s'est déroulée hors d'un stade ("aussi" en référence à la cérémonie du 26 juillet 2024), a été l'occasion d'une totale liberté artistique (une caractéristique de la France), chorégraphie, défilé, sur fond de musique d'Édith Piaf à Serge Gainsbourg et Jane Birkin et sous un ciel coloré par la Patrouille de France.

     

     
     


    La non-mixité de la quasi-totalité des épreuves des Jeux olympiques s'explique par les différences physiologiques entre les hommes et les femmes, avec généralement, sur la puissance musculaire, un net "handicap" des femmes par rapport aux hommes, ce qui a conforté à faire des épreuves non-mixtes (historiquement, le sport et en particulier les Jeux olympiques à l'époque antique, comme la guerre, étaient réservés aux seuls hommes, en principe).

    Créés en 1960, les Jeux paralympiques, qui se déroulent à Paris du 28 août au 8 septembre 2024, sont l'occasion, à l'échelle mondiale, de conjuguer sport et handicap, et, pourquoi pas dans les cérémonies d'ouverture et de clôture, spectacle artistique. Ils permettent à des athlètes qui ont eu un accident irréversible de poursuivre leur carrière, ou même, de rebondir sur une autre carrière avec une finalité glorieuse, les médailles. Cela motive pour revivre, ou même vivre pour ceux qui sont en situation de handicap dès la naissance.

    Cette année, ces Jeux sont très courus : les places des spectateurs se vendent presque aussi bien que celles des Jeux olympiques classiques. On pourrait reprocher aux organisateurs de fixer les Jeux paralympiques après les Jeux olympiques, voire en pleine rentrée scolaire. J'imagine qu'il existe des contraintes d'entraînement et que l'idée de ne pas faire ces deux jeux en même temps est pertinente, car le risque est que, médiatiquement, les Jeux dits "normaux" (c'est la vraie opposition, à définition incertaine, entre situation de handicap et situation "normale") l'emportent sur les Jeux paralympiques.

    Plus généralement, ces Jeux paralympiques nous rappellent l'importance de l'inclusivité. Certes, pas celle martelée par les wokistes qui voudraient relativiser toute chose et dire que "normalité" et "minorité" doivent se confondre. Il faut respecter les personnes homosexuelles, il faut respecter les personnes transgenres, il faut respecter les personnes… parce qu'avant tout, il faut respecter les personnes tout court, et donc, aussi les personnes hétérosexuelles, etc. Mais le meilleur respect pour une personne, c'est de ne pas la considérer comme un sexe, comme un genre, ou comme une orientation sexuelle, pas plus que comme une religion, ni que comme une couleur de peau, de cheveux, d'yeux, que sais-je encore ? Comme à son prénom ou à son nom ? Une personne ne peut se réduire qu'à un simple élément de sa personne, c'est cela le respect et c'est en cela que, selon moi, le wokisme va à l'encontre de la "vraie" inclusivité. Le wokisme est le droit à la différence tandis que la "vraie" inclusivité est le droit à l'indifférence.

    Car il en faut, de ce droit à l'indifférence, pour être à l'aise dans la société quand on est en situation de handicap. C'est pour cela que j'ai arrêté depuis longtemps de parler des "handicapés" (comme si je disais les "blondes"). "Personnes handicapées" est déjà meilleur, mais le mieux, même si c'est plus long, c'est "personnes en situation de handicap". C'est une situation, au même titre que lorsqu'on est malade. On parle des "malades", des "patients" (mieux), mais en cela, on réduit les personnes en leur maladie. Parler des "handicapés", c'est les réduire à leur condition de personnes handicapées, c'est réduire leur personne à leur handicap.
     

     
     


    C'est pour cette raison que je trouve déplorable la façon de certains journalistes à parler des athlètes paralympiques comme des "parathlètes", comme les "paranageurs", les "paracoureurs", etc. C'est stupide, ils sont aussi pleinement-nageurs que les nageurs des Jeux olympiques. Ils n'ont rien compris à la philosophie de ces Jeux paralympiques dont l'objectif, ce n'est pas de montrer le handicap des sportifs en situation de handicap, mais justement leurs performances sportives, malgré leur handicap.

    La plus grande démonstration est venue sans doute de l'athlète sud-africain Oscar Pistorius, « né sans péronés et amputé sous le genou, à la moitié du tibia précisément, à l'âge de 11 mois » (nous précise Wikipédia), grand sprinter (et pas "parasprinter" !) du 400 mètres qui a participé aux Jeux olympiques de Londres 2012, tant comme valide (il est arrivé en septième place) que comme en situation de handicap (double médaille d'or aux Jeux paralympiques de Londres 2012). Du reste, Oscar Pistorius a été tellement aussi normal que les valides qu'il a tué sa copine par colère à la Saint-Valentin 2013 à Pretoria et qu'il a été condamné le 24 novembre 2017 pour ce meurtre à quinze ans de réclusion criminelle (il est sorti de prison le 5 janvier 2024).

    La société nord-coréenne se vantait il y a quelques années (je ne sais pas si elle le fait encore) d'être société qui n'a aucune personne en situation de handicap. Dans les rues, bien ordonnées, aucune personne en situation de handicap. Pas de quoi se vanter : le handicap est aussi inéluctable, indispensable, que les mutations, les erreurs de chromosomes, les perturbations génétiques. On l'a vu pour les virus, celui du covid-19 par exemple, à quel point il pouvait évoluer, muter, et les variants faire évoluer le virus. Le handicap est une nécessité dans la Nature, une évidence aussi : tout ne fonctionne jamais comme il faut et lors de la duplication de l'information génétique, il peut y avoir des erreurs, des bugs, à très faible nombre. C'est même ces erreurs qui nous ont permis d'évoluer, nous, les unicellulaires (voire moins), qui avons évolué jusqu'à l'être humain en quelques centaines de millions (voire milliards) d'années. Quand il y a des différences, parfois (le plus souvent hélas), cela ne convient pas avec les contraintes de l'environnement, mais parfois, si, c'est mieux qu'avant et, petit à petit, ça renforce l'espèce et ces différences deviennent hégémoniques.

     

     
     


    Cette réflexion devrait donc rassurer philosophiquement les personnes en situation de handicap à la naissance : ils sont les fers de lance du changement, de l'Évolution avec un grand É ! Mais en fait, il n'y a pas de quoi être heureux dans une société qui, à l'origine, n'était pas faite pour "elles". Et si on fait de plus en plus attention, si les lois, la réglementation tentent de mieux prendre en compte les personnes en situation de handicap, c'est parce qu'il y a un principe essentiel, celui de l'égalité, un autre, celui de la liberté, enfin le troisième, celui de la fraternité. Les personnes en situation de handicap, comme tous les autres citoyens, doivent bénéficier de ces mêmes principes. De plus, le handicap peut s'acquérir après la naissance, au fil de l'existence, par de malheureux hasards de la vie, un accident, une maladie, un âge avancé. Le handicap, c'est un malheur qui concerne donc tout le monde, soi comme ses proches, qui, même valides, peuvent devenir "invalides" avec le temps.

    Il est d'ailleurs des expériences qui sont très instructives. Il suffit simplement de se casser un pied ou une jambe, et de se retrouver dans l'impossibilité de marcher, de se retrouver à se déplacer dans un fauteuil roulant, pour comprendre, pour vivre à quel point la société est peu faite pour les personnes en situation de handicap.


    Il suffit de regarder chez soi, et s'imaginer en fauteuil roulant : si on habite à un étage, y a-t-il un ascenseur ? Celui-ci est-il suffisamment grand pour un fauteuil roulant ? Y a-t-il quelques marches pour atteindre le palier ? Et regardons dehors, il n'y a pas beaucoup de commerces, d'administrations, dans les centres-villes anciens, qui puissent être vraiment accessibles aux personnes en fauteuil roulant (faut-il dire "à mobilité réduite" ? Je ne sais pas). Et les transports en commun, les rames de métro, les trains, les quais ?...
     

     
     


    Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d'Île-de-France, vient même de lancer un vaste chantier dont l'objectif est de rendre accessibles tous les transports en commun de la région parisienne. Très grande ambition, car à part quelques ascenseurs pour aller d'un quai à un autre, rien n'est accessible : la marche pour atteindre la rame, etc. Son plan "Métro pour tous" a reçu d'ailleurs une fin de non-recevoir de la maire de Paris Anne Hidalgo qui ne semble pas concernée par la mise aux normes d'accessibilité de sa propre ville (sous prétexte de ne pas endetter encore plus la ville qu'elle a déjà hyperendettée).

    Si les normes des constructions nouvelles prennent bien en compte ces contraintes d'accessibilité, la plupart des constructions anciennes ne sont pas adaptées et leur mise aux normes est fort coûteuse. Quand on acquiert un bien immobilier qu'on veut habiter, il faut toujours se poser la question de l'accessibilité, car même valide, mêmes bien portant, même si tout son entourage est valide, même si tous ceux susceptibles de venir rendre visite sont valides, rien ne préjuge de l'avenir et par un accident, une maladie ou simplement la vieillesse, on peut se retrouver dans un fauteuil roulant. Il faut l'imaginer avant d'acheter car c'est une cause majeure de cauchemar lorsqu'on n'a rien prévu et qu'on n'a pas de réserve financière importante.


    Il y a donc le matériel, ces mises aux normes, ces prises en considération matérielles de la situation de handicap, et il n'y a pas que les personnes en fauteuil roulant, il y a aussi d'autres handicaps, par exemple, les personnes aveugles doivent pouvoir se mouvoir en ville. Aux Pays-Bas, cela fait des décennies que chaque feu tricolore est doté aussi de petits signaux sonores pour indiquer si le passage piéton est au vert ou au rouge. En France, je n'en ai pas vu beaucoup encore aujourd'hui. En revanche, il y a des singularités heureuses, comme ce magnifique musée, le MAC-VAL (le musée d'art contemporain du Val-de-Marne à Vitry-sur-Seine) qui propose, à côté des notices écrites en français et en anglais, des notices écrites en braille. On peut même surfer sur un ordinateur maison avec un clavier en braille. Heureusement, c'est de plus en plus fréquent, et c'est même généralisé, par exemple, sur les boîtes de médicament. De même, au lycée, on peut apprendre le langage des signes, pas seulement réservé aux personnes sourdes et muettes mais aussi à toutes les autres.

    Sur ce dernier point, il est différent des précédents car ils ne sont pas seulement matériels (donc un seul problème budgétaire pour les financer), car cela touche à l'organisation de l'enseignement, et depuis le second mandat du Président Jacques Chirac, une grande volonté politique a été affirmée par l'État pour rendre inclusive l'école, ce qui demande des moyens budgétaires et surtout humains considérables, car permettre aux enfants en situation de handicap de suivre leur scolarité dans une école "normale" nécessite un accompagnement parfois individuel par une organisation très réfléchie (c'est d'ailleurs un véritable choix de société, des personnalités politiques comme Éric Zemmour préfèrent ne pas voir les enfants en situation de handicap et les exclure complètement de la société, comme en Corée du Nord !).
     

     
     


    Ce choix de société est du gagnant gagnant : bien sûr, c'est l'intérêt de l'enfant en situation de handicap qui est accueilli "normalement" pour suivre une scolarité "normale" (cela dépend évidemment du type de handicap), mais c'est aussi l'intérêt des enfants qui ne le sont pas, qui sont "normaux" qui, en côtoyant ces enfants si "anormaux", ne voient plus leur handicap et les considèrent finalement comme socialement "normaux". Ainsi, oui, certes, il lui manque un bras, mais c'est lui qui m'aide pour faire mes mathématiques et je ne vois plus en lui le bras manquant mais le fort en maths.

    Dans ce choix de société, il y a aussi des choses qui ne coûtent rien, comme avoir un autre regard des personnes en situation de handicap. Jacques Chirac, dès le début de sa carrière politique (au début des années 1970) militait pour faire sortir les personnes en situation de handicap, les faire sortir de chez elles, qu'elles puissent bénéficier de la société, de tous les équipements, etc. Si "on" "les" cachait, c'est parce qu'on voulait cacher les "erreurs" de la Nature, ses malformations, ses imperfections. Et aussi parce qu'il y avait une sorte de stigmatisation sociale immédiate, systématique, presque involontaire sinon inconsciente des "autres", des "normaux". Les personnes en situation de handicap ne veulent pas la pitié des "autres", ne veulent pas forcément qu'on les ménage, mais veulent des relations sociales "normales", dissociées de leur handicap, quitte à se faire engueuler si elles le "méritent".

    C'est ce droit à l'indifférence que j'évoquais précédemment : ne pas mater, ne pas fixer une personne en situation de handicap, une personne "bizarre", "pas normale", qui n'a peut-être plus de bras, ou de main (juste un moignon), ou autre chose, mais aussi ne pas l'éviter, ne pas éviter son regard, ne pas fuir son regard. Considérer seulement que chacun est une personne à part entière, et que, finalement, en cherchant bien, chacun a ses propres handicaps, ses propres défauts, malformations, physiques, psychologiques, mentales. La seule chance de certains, c'est que cela ne se voit pas trop de l'extérieur. Il est là, le respect, bien loin des paillettes de la fête et du spectacle.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (29 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap.
    L’allocation aux adultes handicapés (AAH) et maladresse politique.
    Le handicap ? Parlons-en !
    Éric Zemmour et les enfants en situation de handicap.
    Le génie olympique français !
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.



     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240828-jeux-paralympiques.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/jeux-paralympiques-de-paris-2024-256512

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/28/article-sr-20240828-jeux-paralympiques.html




     

  • Variole du singe (mpox) : "ils" nous refont le coup ?

    « Actuellement, la forte recrudescence de la maladie en Afrique est principalement due à une nouvelle souche, le clade Ib, plus transmissible et plus dangereuse que les précédentes. » ("Le Monde", le 16 août 2024).

    « Des symptômes plus graves et plus durables, des lésions cutanées étendues sur l'ensemble du corps, une transmission par contact non sexuelle et une mortalité accrue chez les enfants : voilà ce qu'il faut retenir de cette nouvelle variante du mpox qui inquiète l'OMS. En outre, l'infection avec cette souche plus virulente entraîne des effets secondaires et des complications spécifiques après la guérison. » (Futura Sciences, le 16 août 2024).





     

     
     


    Ça y est, les réseaux sociaux s'y mettent aussi et se demandent de manière faussement ingénue si "ils" vont recommencer "le coup" du covid-19. Encore un peu, et ces complotistes en pantoufles iraient jusqu'à accuser Emmanuel Macron d'inventer un nouveau virus et une nouvelle pandémie rien que pour retarder la formation du nouveau gouvernement (Louis Boyard a déjà cru qu'il avait inventé les Jeux paralympiques pour prolonger les JO 2024 de Paris !). En cause : l'alerte maximale donnée par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) à propos de la variole du singe.

    Mon objectif ici est d'y voir un peu plus clair sur cette menace pandémique du virus mpox (autre nom, à préférer, de la variole du singe), avec cette situation qui veut que lorsqu'il y a une menace, il y a un double risque de peur ou de déni. J'aurais pu titrer mon article "faut-il avoir peur de la variole du singe ?" mais la réponse à la question est évidente : non ! Non, face au danger, il ne faut jamais avoir peur car la peur paralyse. En revanche, il faut avoir une vision lucide de la situation, comprendre les risques et, surtout, les prendre au sérieux. Rappelons-nous qu'en janvier 2020, il y avait deux ou trois personnes (étrangères) contaminées au covid-19 en France (dans la région de Bordeaux je crois) et à l'époque, un grand maître de la virologie prétendait que ce n'était rien et qu'on en faisait déjà trop ! Nous n'imagions pas la tournure que prendrait ce virus, en France comme dans le monde (du reste, ces personnes contaminées semblent ne pas avoir propagé l'épidémie en France et la cause serait plutôt un foyer à Mulhouse). Prendre l'option du déni n'est donc pas une meilleure posture que l'option de la peur. Responsabilité et vigilance paraissent plus indiquées.

    Le complotisme a cette fâcheuse manie de mettre un sens là où il n'y en a pas. De croire que les catastrophes naturelles sont surnaturelles, c'est-à-dire proviennent de forces intelligentes superpuissantes (certains l'ont dit du sida que Dieu voulait punir les déviants, réflexe relativement humain puisque d'autres l'ont dit pour la peste, etc.). Ou que les catastrophes naturelles sont humaines, provenant d'une puissante élite humaine aux commandes de tout, qui maîtrise tout, qui nous manipule (c'est le "ils" du titre, à opposer au confortable et rassurant "nous"). Quelle prétention humaine ! La réalité scientifique est souvent plus bestiale : l'être humain est minuscule face aux intempéries de la Nature !

    La pandémie fait certes partie des catastrophes naturelles (c'est bien la nature qui avance avec les virus, une sorte de laboratoire de la théorie de l'Évolution en accéléré), mais elle pourrait aussi provenir de l'humain, de recherches humaines casse-cou, genre prométhéennes ou frankensteiniennes. Pour le covid-19, certains ont ainsi soupçonné certains laboratoires d'avoir confectionné le virus (pour un autre virus totalement romancé, l'écrivain Xavier Müller, auteur de "Erectus" publié en 2018, donc bien avant le covid-19, imagine la négligence scientifique dans un programme voulu de recherches en virologie). L'origine humaine (dans le sens de sciences mal maîtrisées) d'une pandémie est possible mais peu probable car la Nature n'a pas besoin des humains pour créer ou faire évoluer, muter, de nouveaux virus.

     

     
     


    Revenons à la variole du singe, appellation très mal trouvée et particulièrement dégradante, qui n'incite pas les malades qui en sont atteints à la déclarer pour se faire soigner, au risque d'être considérés ou de se considérer comme des singes. On a parlé du singe parce que le virus a été pour la première fois isolé et identifié chez le singe, mais il n'est pas associé au singe et le réservoir animal du virus est plutôt les rongeurs (en particulier les rats de Gambie). On appelle la maladie orthopoxvirose simienne, infection à virus monkeypox et maintenant, selon l'appellation de l'OMS adoptée le 28 novembre 2022, mpox (le "m" faisant référence à monkey, singe en anglais). L'appellation française est officiellement la "variole simienne" depuis le 18 avril 2023 (mais je ne vois pas trop ce qui change, simienne voulant dire "qui relève des singes" !). Ce virus mpox fait partie de la même "famille" que celui de la variole humaine, du genre orthopoxvirus, à cela près que le variole humaine a été complètement éradiquée depuis 1980.
     

     
     


    Le mpox provient surtout des forêts d'Afrique tropicale (où la maladie est endémique), se transmet à l'humain depuis l'animal, et aussi d'humain à humain par contact de matières issues de lésions cutanées ou de sécrétions (pas forcément sexuelles) et a des conséquences analogues à celles subies avec la variole (humaine) mais moins graves : éruption pustuleuse, fièvre, problèmes respiratoires, etc. La létalité est de l'ordre de 1% à 10%, ce qui reste beaucoup (nettement supérieure à celle du covid-19), touchant principalement les très jeunes enfants et les personnes immunodéprimées (en particulier celles atteintes du sida), en raison des complications des formes graves qui sont : surinfection bactérienne de la peau, déshydratation, pneumonie, cécité (par infection de la cornée), encéphalite et septicémie. Les soins appropriés et connus (soins des symptômes) permettent le rétablissement des personnes atteintes après une période donnée, et la vaccination contre la variole (humaine) apporte une protection très efficace contre cette maladie (efficacité de 85%). Donc, première source pour être rassuré, cette maladie est beaucoup mieux connue que le très nouveau covid-19 en janvier 2020. De plus, on a les outils pour s'en prémunir ou la soigner, au contraire du covid-19 (et, semble-t-il, pas avec de l'hydroxychloroquine !).

    Le virus mpox a été découvert et isolé en 1958 sur un singe à Copenhague. Des épidémies de mpox ont eu lieu dans les années 1960 principalement sur des singes venus d'Asie et transportés en Europe, et leur infection a eu lieu pendant leur transport, notamment avec d'autres animaux, dont des animaux africains contaminés car le virus provient d'Afrique. Ce n'est qu'en 1969 que ce virus a été distingué du virus de la variole humaine. Le premier cas humain de mpox a été découvert en 1970 à Basankusu au Zaïre (République démocratique du Congo) sur un enfant dans le cadre de la surveillance de la variole par l'OMS. Pendant plusieurs décennies, la variole simienne est restée une maladie très rare en Afrique (quelques centaines de cas par épidémies). Les années 2010 ont connu une augmentation importante du nombre de cas humains (d'un facteur dix). À la fin des années 2010, plusieurs milliers de cas ont été détectés en République démocratique du Congo, Nigeria et Centrafrique. Entre 2000 et 2022, quelques cas ont été signalés hors d'Afrique, en particulier aux États-Unis où a eu lieu une épidémie de mpox en 2003 (propagée dans le Midwest par des rongeurs importés du Ghana comme nouveaux animaux domestiques).

     

     
     


    La première épidémie mondiale de mpox provoquée par le clade IIb a eu lieu en 2022-2023. Le premier cas a été détecté à Londres le 6 mai 2022 sur un patient revenant du Nigeria. Cette épidémie a touché l'Europe (le 16 juin 2022, 183 cas de mpox ont été détectés en France), en Amérique, Asie, etc. touchant 113 pays. L'OMS a enregistré 83 943 cas confirmés en laboratoire et 75 décès pour l'année 2022. L'urgence de santé publique de portée internationale a été déclarée par l'OMS le 23 juillet 2022 et a été levée le 11 mai 2023 avec le contrôle de la propagation de la maladie. Quelques cas de mpox de clabe IIb ont été encore signalés après janvier 2024 dans des pays non endémiques, mais très peu. Le pic de cette épidémie a eu lieu en juillet 2022 en France et a concerné 2 749 personnes atteintes. Sur l'ensemble du monde, au 28 juillet 2024, cette épidémie a touché 99 388 personnes (cas confirmés) et provoqué 208 décès dans 116 pays (depuis janvier 2022).

    La précédente déclaration d'urgence de santé publique de portée internationale a été faite le 30 janvier 2020 pour la pandémie de covid-19, et les trois précédentes encore pour le virus Ebola les 8 août 2014, 1er février 2016 et 17 juillet 2019. Cette déclaration signifie que tous les États du monde doivent prendre des mesures pour empêcher le développement d'une pandémie qui pourrait être une catastrophe mondiale (comme ce fut le cas pour le covid-19 dont on ne connaissait rien au contraire du virus Ebola et du virus mpox). Cela a été aussi le cas pour la pandémie de grippe A (H1N1) le 26 avril 2009, et je répète que les mesures de viglance prises à l'époque par la Ministre de la Santé, à savoir Roselyne Bachelot, ont été responsables et sages, dans l'intérêt de santé publique ; il valait mieux trop protéger que pas assez, critique faite au début de la crise du covid-19 (absence de masque, de tests, de vaccins, etc.).
     

     
     


    La seconde épidémie mondiale de mpox a lieu en ce moment et c'est pour cela que la variole du singe est revenue dans l'actualité, déclarée urgence de santé publique de portée internationale ce mercredi 14 août 2024 par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'OMS : « Le risque de propagation en Afrique et partout dans le monde est très inquiétant. ». Il s'agit d'une nouvelle souche du virus mpox, le clade Ib, plus mortelle et plus contaminante, et c'est cela qui inquiète l'OMS et les responsables de santé publique de tous les pays. Le premier cas confirmé de cette épidémie a été détecté en septembre 2023 dans le Sud-Kivu en République démocratique du Congo. À ce jour, cette épidémie a atteint 16 127 personnes (cas confirmés) et a provoqué 554 décès (des enfants de moins de 15 ans pour plus de 60% des décès), dans 15 pays dont 13 pays africains (très grande majorité des cas sont en République démocratique du Congo), ce qui fait une létalité d'environ 4%.

    Et l'inquiétude, au-delà de cette souche particulièrement agressive, c'est qu'un cas a été détecté à Stockholm, en Suède, le 15 août 2024 et 3 cas au Pakistan le 16 août 2024. La chef intérimaire de l'Agence suédoise de santé publique Olivia Wigzell a déclaré au cours d'une conférence de presse : « La personne touchée (qui vit dans la région de Stockholm) a été infectée lors d’un séjour dans une région d’Afrique où sévit une importante épidémie de mpox du sous-type clade Ib. (…) Nous estimons que la Suède est bien préparée pour diagnostiquer, isoler et traiter les personnes atteintes de mpox de manière sûre et efficace (…). Qu’une personne soit traitée pour le mpox dans le pays n’implique pas de risques pour le reste de la population ». Pour le premier cas confirmé au Pakistan, le Ministère pakistanais de la Santé a précisé que la personne atteinte, un homme de 23 ans, venait d'un pays du Golfe persique (par leurs liaisons aériennes internationales, les Émirats arabes unis sont systématiquement touchés par les épidémies internationales et ont recensé depuis 2022 déjà 16 cas de mpox, toute souche confondue).

    Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a considéré que le risque d'une contamination massive est très faible à ce jour. Néanmoins, sa directrice générale Pamela Rendi-Wagner a recommandé la plus grande surveillance : « En raison des liens étroits entre l’Europe et l’Afrique, nous devons nous préparer à un plus grand nombre de cas importés de clade Ib. ».

    L'OMS a déclaré l'urgence internationale car le nombre de cas en 2024 en Afrique a augmenté de 160% en un an. Depuis janvier 2022, le nombre de cas de mpox est de 38 465 cas dans 16 pays (africains) et de 1 456 décès, pour les deux souches (clade IIb et clade Ib). Je reconnais que ces chiffres sont un peu contradictoires avec les autres statistiques que j'ai fournies juste avant pour l'un ou l'autre des sous-types du virus. Je n'ai pas précisé les sources de ces statistiques, mais elles émanent d'agences nationales ou internationales de surveillance sanitaire différentes qui ont leur propre mode de calculs ou qui prennent en compte ou pas certaines données.
     

     
     


    Ce qu'on sait en tout cas, c'est que la situation épidémique est très grave en République démocratique du Congo qui représente plus de 95% des contaminations. En juillet 2024, le gouvernement congolais a reconnu une « augmentation exponentielle » du nombre de cas, alors que le dépistage et la surveillance restent encore partielles. Louis Albert Massing, coordinateur MSF en RDC, a évoqué la particularité de certaines régions de ce pays : « La maladie a été enregistrée dans les camps de déplacés autour de Goma, au Nord-Kivu, où l'extrême densité de la population rend la situation très critique. Les risques d'explosion sont réels vu les énormes mouvements de population. » (cité par Blue News le 7 août 2024). Maria van Kerkhove, directrice de la prévision des épidémies à l'OMS, a pondéré la forte hausse de 2024 avec une meilleure capacité de dépistage, mais est restée toutefois très préoccupée de cette flambée.

    La gravité accrue de la nouvelle souche du mpox mérite certainement l'alerte maximale. Trudi Lang, la chercheure à l'origine de la détection de cette nouvelle souche, a expliqué auprès de Gavi.org (organisation internationale visant à améliorer l'accès aux vaccins pour les enfants des pays les plus pauvres) : « Nous observons avec cette nouvelle souche des éruptions cutanées généralisées sur tout le corps, en plus de lésions génitales dans certains cas. Les symptômes ont tendance à durer plus longtemps. Les cas graves montrent une mortalité de 5% chez les adultes et de 10% chez les enfants (…). En outre, les femmes infectées pendant la grossesse perdent leur fœtus, ce qui ajoute à la gravité de la situation. » (cité par Futura Sciences). Leandre Murhula Masirika, participant également à la détection du premier cas, a ajouté : « Certains patients, même après leur guérison, continuent de se plaindre de problèmes oculaires, cutanés ou génitaux. Nous avons donc lancé un projet pour étudier les effets à long terme de cette infection. ».

    La Chine populaire a renforcé le 16 août 2024 les contrôles aux frontières sur les personnes et les biens susceptibles d'avoir été en contact avec le virus mpox. De son côté, le Premier Ministre français démissionnaire Gabriel Attal a déclaré ce vendredi 16 août 2024 en début de soirée, sur Twitter : « Depuis le déclenchement de l’épidémie de mpox en 2022, nous avons rigoureusement appliqué le triptyque : surveillance, diagnostic rapide, vaccination. Nous n’avons jamais baissé la garde. Ainsi, ce sont 152 500 vaccinations qui ont été réalisées. La circulation du virus a été contenue : 4 975 cas recensés en 2022, 52 en 2023 et 107 depuis le 1er janvier 2024. Ces derniers jours, face à l’apparition d’un nouveau variant et à une accélération de la circulation du virus en Afrique, l’OMS et l’ECDC ont rehaussé le niveau d’alerte. J’ai tenu aujourd’hui un point de situation avec Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux. À la suite de cette réunion, nous plaçons notre système de santé en état de vigilance maximale. (…) Nous saisissons sans délai les autorités sanitaires pour qu’elles statuent sur la conduite à tenir en matière d’actualisation des recommandations sur les populations cibles en vaccination. Par ailleurs, conformément à nos valeurs de solidarité internationale et à la priorité sanitaire de contenir le foyer épidémique en Afrique, nous avons décidé, à la demande du Président de la République, de réaliser un don de vaccins aux pays les plus touchés. Notre système de santé est sur ses gardes. Nous nous tenons prêts à tous les scénarios pour faire évoluer les consignes à la population en fonction de l’évolution du virus et maintenir ainsi le haut niveau de vigilance adopté depuis 2022. ». Un nouveau point sera fait mardi 20 août 2024. Le premier centre parisien de vaccination contre le mpox a ouvert le mercredi 7 août 2024.
     

     
     


    L'un des producteurs de vaccins contre la variole, Bavarian Nordic (danois), s'est déclaré prêt le 15 août 2024 à produire jusqu'à 10 millions de doses du vaccin d'ici à 2025, il en dispose déjà 500 000 doses en stock. Certains pays comme les États-Unis sont prêts à proposer des vaccins principalement aux enfants et adolescents de 12 à 17 ans, qui risquent des complications plus graves que les adultes bien portants. Actuellement, il existe deux vaccins contre la variole, et l'OMS souhaite autoriser des mises sur le marché accélérée pour d'autres vaccins afin de faire face à la demande. S'il existe des antiviraux capables d'accompagner les symptômes parfois graves de la maladie, il n'existe aucun médicament pour guérir le mpox et la meilleure protection reste la vaccination auprès des populations à risque (enfants et personnes immunodéprimées), même administrée après contamination.

    On connaît encore mal le mode de transmission du virus mpox, si ce n'est le contact pour la transmission d'humain vers humain. Le centre régional d'information pour l'Europe occidentale des Nations Unis a ainsi expliqué le 16 août 2024 : « La variole du singe est une maladie infectieuse causée par un virus transmis à l’homme par des animaux infectés, mais qui peut aussi se transmettre d’homme à homme par contact physique étroit. La variole se caractérise par une éruption ou des lésions cutanées généralement concentrées sur le visage, la paume des mains et la plante des pieds. Dans la plupart des cas, la maladie guérit spontanément en deux ou trois semaines. (…) Le taux de mortalité reste en dessous de 4%. (…) L’OMS encourage tous les pays à renforcer la surveillance, à partager les données et à travailler pour mieux comprendre la transmission du virus. Il existe deux vaccins homologués et efficaces contre le mpox. Plusieurs études ont montré que la vaccination contre la variole "classique" était efficace à 85% pour prévenir le mpox. Le fait d’avoir été vacciné auparavant contre la variole peut entraîner une maladie moins grave. Cependant le vaccin contre la variole n’est plus administré depuis l’éradication de cette maladie en 1980. ». L'ONU a de plus exhorté les pays à « partager les outils tels que les vaccins et à appliquer les leçons tirées des précédentes urgences de santé publique de portée internationale pour faire face à l’épidémie actuelle ».

    Il n'y a donc aujourd'hui pas de quoi paniquer, surtout pour les personnes qui ont déjà été vaccinées contre la variole (avant 1980), mais il faut garder une vigilance maximale pour éviter ou circonscrire une flambée internationale des cas de mpox. Ah, au fait, Emmanuel Macron n'y est pour rien, il a un alibi : il était aux Jeux olympiques !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (17 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Variole du singe (mpox) : "ils" nous refont le coup ?
    Covid : attention au flirt !
    L'espoir nouveau de guérir du sida...
    Lulu la Pilule.
    La victoire des impressionnistes.
    Science et beauté : des aurores boréales en France !
    Le Tunnel sous la Manche.
    Peter Higgs.
    Georges Charpak.
    Gustave Eiffel.
    Prix Nobel de Chimie 2023 : la boîte quantique ...et encore la France !
    Katalin Kariko et Drew Weissman Prix Nobel de Médecine 2023 : le vaccin à ARN messager récompensé !
    Covid : la contre-offensive du variant Eris.
    Hubert Reeves.
    Prix Nobel de Physique 2023 : les lasers ultrarapides, la physique attoseconde... et la France récompensée !
    Des essais cliniques sauvages ?
    John Wheeler.
    La Science, la Recherche et le Doute.
    L'espoir nouveau de guérir du sida...
    Louis Pasteur.
    Howard Carter.
    Alain Aspect.
    Svante Pääbo.
    Frank Drake.
    Roland Omnès.
    Marie Curie.


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240817-mpox.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/variole-du-singe-mpox-ils-nous-256353

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/16/article-sr-20240817-mpox.html




     

  • La nuit bleue de Lina

    « Ça donne un peu d’espoir pour retrouver une trace. Est-ce qu’elle est vivante ? On l’espère tous... » (un habitant de Plaine, le 27 juillet 2024 sur France Info).


     

     
     


    Lina Delsarte a été, avec Émile Soleil, l'une de des enfants disparus de l'année 2023, en période estivale (ou quasi-estivale). Les deux disparitions étaient très différentes, l'une concernant un petit bout de chou de 2 ans, disparu le 8 juillet 2023, l'autre une adolescente déjà grande de 15 ans, disparue le 23 septembre 2023. Mais elles avaient un point commun.

    Les deux enquêtes étaient telles, dans leur incapacité à privilégier une piste ou l'autre, avec même parfois des fausses pistes, qu'à la fin de l'année 2023, il y avait une quasi-certitude que la disparition de ces deux enfants resterait un mystère complet. Pendant longtemps, les enquêtes ont pédalé dans la semoule, les recherches pourtant très élaborées n'ont abouti à rien, aucun indice, aucune piste sérieuse.

    Lina a disparu sur le chemin entre chez elle et la gare pour prendre le train pour Strasbourg et rejoindre son petit ami de 19 ans, le samedi 23 septembre 2023 en fin de matinée. La dernière géolocalisation de son smartphone a été enregistrée à 11 heures 22, ce qui correspond aussi à l'heure où des témoins l'ont aperçue. C'est le petit ami qui l'attendait à la gare de Strasbourg qui a alerté la mère de Lina de son absence, et les caméras de surveillance n'ont pas vu Lina embarquer dans le train prévu. La gendarmerie a publié un avis de disparition inquiétante dès l'après-midi du samedi. Plusieurs opérations de ratissage ont eu lieu les jours qui ont suivi, sans résultat. Le petit ami a été menacé plusieurs fois par des accusateurs qui le considéraient comme responsable de la disparition.

    Grâce à l'ADN, les enquêtes ont cependant pu avancer d'un bond. Hélas, pas pour de bonnes nouvelles. Le corps d'Émile a été retrouvé dans une forêt, ses ossements, identifiés par une analyse génétique, ont été retrouvés par une randonneuse et, si on ne sait pas ce qui est réellement arrivé au malheureux Émile, on sait, trois fois hélas, qu'il n'est plus de ce monde depuis longtemps.
     

     
     


    Pour Lina, qui a disparu à Plaine, dans le Bas-Rhin, la situation reste encore très mystérieuse même si l'enquête a beaucoup avancé grâce à son ADN, le premier indice de cette enquête, qu'on a retrouvé dans une voiture volée qui se trouvait pas loin de lieu de disparition de l'adolescente le jour de sa disparition et qui a été retrouvée dans le Languedoc-Roussillon fin mai et début juin 2024 (cette information a été communiquée par la justice le 26 juillet 2024). La procureure de Strasbourg a annoncé le 30 juillet 2024 que le véhicule volé incriminé a été saisi et son propriétaire, après avoir été entendu par la police pour le vol de son véhicule, s'est suicidé peu de temps après, le 10 juillet 2024 à Besançon, en laissant une lettre à ses deux enfants disant ses regrets et sa honte, sans évoquer Lina.

    De nouvelles fouilles ont été effectuées du 30 juillet au 2 août 2024, en Alsace et dans les Vosges, sans résultat non plus, malgré la géolocalisation de la voiture dans cette zone au moment de la disparition de Lina (le conducteur y aurait fait un arrêt d'une heure trente).

    Le principal suspect, le propriétaire de la voiture qui aurait transporté Lina le jour de sa disparition, est mort sans avoir indiqué s'il était le responsable de la disparition voire de la mort de Lina et sans avoir indiqué le cas échéant où elle se trouvait, elle ou son corps.

    La presse a évoqué largement le profil chaotique de ce suspect, un quadragénaire qui a eu de lourds antécédents de drogue, de bipolarité, de problèmes psychiques, et aussi de vols, d'enlèvements de jeunes filles, etc. Il était très dépressif et connu de la justice. Ce qui est notable également, c'est que, contrairement à un assassin d'enfants comme Michel Fourniret, dont le visage et la silhouette laissent deviner une personne inquiétante, le suspect n'effrayait pas physiquement, semblait tout à fait normal, sans allure inquiétante, avec du reste un nom et une apparence bien français (je le précise car il est souvent de bon ton de répéter, à tort, que les auteurs de meurtres seraient souvent issus de l'immigration, pour rester soft).

    La justice a communiqué avec parcimonie et retard ces nouveaux éléments de l'enquête, probablement avec un objectif précis. Peut-être envisage-t-elle une autre personne impliquée ? Les chances de revoir Lina sourire à nouveau, bien vivante, se réduisent malheureusement depuis ces nouveaux faits.

    Ce qui est troublant aussi, c'est que deux autres affaires, qui n'ont en principe rien à voir avec sa disparition, ont eu lieu : la mort de son premier petit ami (à 22 ans) le 1er octobre 2023 d'un accident de voiture (il roulait trop vite et a été flashé à 185 kilomètres par heure ; l'enquête a conclu qu'il ne s'agissait pas d'un suicide). En outre, Lina avait déposé plainte en juin 2022 car victime d'un viol en réunion (elle avait 13 ans), plainte initialement classée sans suite mais reprise par l'ouverture d'une information judiciaire en février 2024, là aussi sans rapport avec sa disparition.

    Lina avait obtenu le brevet des collèges en juin 2023 et préparait un CAP Aide à la personne. Elle aurait dû fêter son 16e anniversaire ce samedi 10 août 2024. Un anniversaire de larmes.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La nuit bleue de Lina.
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
    Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
    Meurtre de Lola.
    Nos enseignants sont des héros.
    La sécurité des personnes face aux dangers.


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240730-lina.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-nuit-bleue-de-lina-256111

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/30/article-sr-20240730-lina.html




     

  • Le génie olympique français !

    Le patriotisme, c'est de savoir communier avec tous ceux qui contribuent au rayonnement de la France dans le monde, et à l'évidence, c'était le cas pour cette cérémonie d'ouverture hors de toutes les normes. Comment croire au patriotisme des prétendus patriotes qui, au lieu de simplement aimer la France, dénigrent matin midi et soir la France et ceux qui la font rayonner ?




     

     
     


    L'art, c'est toujours révolutionnaire. Et ce qui s'est passé lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques le 26 juillet 2024 à Paris restera dans la mémoire collective mondiale pendant très longtemps. D'abord, parce que le spectacle grandiose d'hymne à la fois à la France, à Paris mais aussi à l'universalisme, et cela sans arrogance française, a donné aux peuples du monde une idée du génie français, pas toutes ses facettes, trop nombreuses, mais quelques facettes intéressantes.

    La vasque s'envolant dans le ciel de Paris, la Seine guidant les équipes olympiques, la Tour Eiffel, bien sûr, comme phare de référence, et même la pluie battante, j'y reviendrai à la fin.

    Ensuite, au-delà du grandiose, il y a l'originalité, l'idée que les Français, c'est un peuple qui n'a pas peur de ses libertés, qui n'a pas peur de se moquer de lui-même, qui n'a pas peur d'être léger malgré les graves problèmes d'actualité qu'il côtoie, c'est un peuple qui sait se divertir, et qui sait divertir les autres peuples, dans une sorte de globalité qui fait respirer le monde.

    Les polémiques sur une petite scène, que certains ont cru voir La Cène, sont finalement amusantes. Ces faiseurs de polémiques se trompent de sujet. Ils sont aigris. Ce qui rassurent, c'est que ce sont toujours les mêmes, en France mais aussi dans le monde, qui dénigrent, fustigent, condamnent le génie français (trumpistes, zemmouriens, poutiniens, mélenchonistes, etc.), et ces polémiques renforcent en quelque sorte cet art qui n'était pas de la subversion ni de la provocation, mais simplement de la légèreté et de la créativité. Une simple mise en perspective. Sans idéologie d'arrière-boutique !

    Bien sûr, pendant ces quatre heures de spectacle, il y a eu mille symboles, mille références, parfois contradictoires, mille clins d'œil. Mais peut-être à cause des polémiques, ce qui en est le plus ressorti est ce qui était le plus souriant, le plus léger, le plus rigolard, de cet humour potache français que Goscinny a su si bien incarner dans Astérix, cet esprit français.

     

     
     


    J'ai nommé Philippe Katerine déguisé en Schtroumpf à poil, recouvert d'un bleu peau déconcertant, allongé dans le pur style de la décadence romaine dans un plat de banquet pour chanter un hymne au naturisme, un hymne pacifique, écologiste, pour l'égalité, la liberté, la fraternité. Pas de quoi casser la patte à un canard, même quand on est catholique pratiquant !
     

     
     


    Inutile de rappeler (je l'ai déjà fait) que la scène a été plus inspirée par "Le Festin des dieux" de Jan van Bijlert que par "La Cène" de Léonard de Vinci, avec l'idée d'évoquer Apollon et Dionysos, somptueux banquet des dieux de l'Olympe avec ce jeu de mot (qui n'en est pas un, en fait) faisant référence aux Jeux olympiques (y aura-t-il la prochaine fois des dieux éclopés de la Paralympie ?).
     

     
     


    Pour preuve de l'innocence artistique des auteurs du spectacle, leur directrice de communication Anne Descamps a accepté de présenter ses excuses le 28 juillet 2024, sans hésiter, car la provocation n'était pas dans leur intention et donc, leur ego d'artiste n'est pas atteint avec ces excuses : « Clairement notre intention n’était pas d’afficher un manque de respect à quelque groupe religieux que ce soit. À l’inverse, notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion. Si des gens ont été offensés, nous nous en excusons. ».

    Les râleurs sont bruyants mais ne sont pas nombreux puisque, selon les sondages, autour de 85% des sondés ayant regardé le spectacle l'ont applaudi, aimé, en ont été émus, si ce n'est fascinés (même si, bien sûr, ils n'ont pas tout aimé). Nos amis les Chinois, en tout cas, n'ont pas été aveugles et l'effigie de Phlippe Katerine dans sa nudité bleue fait désormais des ravages dans les réseaux sociaux !
     

     
     


    Beaucoup de dessins, de compositions, reprennent l'idée, avec évidemment la référence française, il y a même des plats à déguster, des pâtisseries qui sont maintenant des Philippe Katerine. Il devrait faire un tour en Chine après les JO, il ferait un tabac ! Pour rappel, la Tour Eiffel était une horrible tour en ferraille, capable de montrer le génie français mais qui a eu de nombreux détracteurs français voire parisiens, et aujourd'hui, elle est le symbole tant de Paris que de la France. Je doute que le Philippe Katerine bleuté ait une aussi belle destinée historique (j'espère que ce n'est pas le cas pour sa vie à venir, car il n'est pas une tour en ferraille), mais cela montre bien les mécanismes de l'art : il doit surprendre, émouvoir, interroger, voire choquer pour qu'il s'inscrive dans un mouvement utile et original. Pas la peine de ressasser les vieilles lunes académiques, on les connaît déjà. En revanche, l'art avant-gardiste, qui sera classique dans quelques décennies, doit savoir s'accrocher face aux réactions parfois hostiles sinon affligeantes de certains qui y mettent plus leurs aigreurs d'estomac que leur sens critique.
     

     
     


    En particulier, Esteban Grine, un internaute a transféré sur Twitter quelques images amusantes de l'effigie de Philippe Katerine que son épouse en Chine a découvertes, j'ai trouvé aussi une vidéo, des pâtisseries, de la pâte à modeler... Désormais, le Schtroumpf bleu est à la mode, sans pour autant savoir si l'hymne au naturisme a été correctement traduit aux Chinois qui, dans tous les cas, se montrent certainement plus ouverts que Vladimir Poutine qui a fait censurer ce passage.
     

     
     


    Je termine cette évocation par un autre génie français, incarné depuis 2012 par François Hollande qui a démarré son quinquennat en pleine pluie, et qui l'a poursuivi avec de nombreuses cérémonies pluvieuses. Il n'est plus à l'Élysée mais il a dû porter la poisse par sa présence car la pluie très forte est tombée sur Paris et sur le spectacle d'ouverture pendant les quelques heures. Il faut donc remercier et saluer les milliers d'artistes qui ont, malgré tout, accepté de se produire sur cette pluie, les échos de ceux-ci après le spectacle étaient parfois dégoulinants (j'étais tout mouillé !), et il faut aussi saluer les spectateurs qui ont regardé pendant plusieurs heures sous la pluie, même les ministres (démissionnaires) n'étaient pas protégés par un préau, si bien que l'un d'eux a confié qu'il était trempé jusqu'au slip.

    Les humains ne sont pas en sucre et s'en sont remis. Toutefois, ce n'est pas le cas pour les instruments de musique, pianos, violons, altos, violoncelles, contrebasses, etc., sous cette pluie battante. Cela a même alerté plus d'un téléspectateur. Quel gâchis de voir ces instruments s'abîmer sous la pluie ! "Le Monde" a sorti un article le 30 juillet 2024, signé de Marie-Aude Roux, qui est allé un peu plus loin sur cet exploit.


    Quelques heures avant le spectacle, les musiciens de l'Orchestre national de France, un des deux grands orchestres de Radio France avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France, avaient protesté car l'organisation n'avait pas assuré qu'ils seraient couverts d'un toit ou préau. Il s'est alors passé cette transaction : les musiciens allaient ranger leur instrument personnel qu'ils chérissent, et joueraient avec des instruments en fin de vie, bas de gamme, destinés à la pédagogie, qui peuvent être abîmés par la pluie, prêtés par l'Orchestre de Paris qui jouait aussi lors de la scène de la Conciergerie. L'Orchestre de Paris jouait avant l'Orchestre national de France et était à la Cour de Cassation, tandis que le second était basé au Trocadéro.
     

     
     


    La clef, c'est que toute la musique de ces orchestres a été préenregistrée préalablement, et c'est la musique enregistrée que les téléspectateurs ont entendue lors de la Marseillaise, de Carmen ou encore à la fin (Aya Nakamura et Lady Gaga étaient également en play-back ; en revanche, pas Céline Dion qui a été grandiose et majestueuse malgré sa maladie, du haut de la grande Tour).

    Les musiciens de l'Orchestre national de France ont donc bien joué en direct, mais seuls les spectateurs près d'eux ont pu entendre leur musique. L'article du quotidien précise : « Lestés d'oreillettes, les musiciens se sont surtout employés à respecter les clics et les tops afin que tout soit bien synchronisé à l'image. "Je sais bien qu'ils étaient en fin de vie, mais j'ai quand même une petite culpabilité vis-à-vis de ces instruments sacrifiés", glisse la musicienne, heureuse d'avoir pu, avec ses collègues, "transformer ce moment de galère en souvenir inoubliable". ».


    Un souvenir malheureusement qui n'a pas été retransmis en images en raison de loupés de la réalisation, de nombreux plans ont été oubliés par rapport aux objectifs initiaux, en particulier ceux montrant les musiciens, qui ont pourtant fait de nombreuses répétitions auparavant pour ces quelques images... oubliées. Et l'article finit : « Certains ont dû jeter leur paire de chaussures trop détrempée, tandis que les habits de concert filaient au pressing. Mais tous savent que la fête était belle et ils sont heureux d'y avoir participé. ».
     

     
     


    Ce n'est qu'une petite partie de notre génie olympique, puisque le véritable génie olympique, ce sont les médailles de nos athlètes qui, décidément, comme les artistes à l'ouverture, font honneur à la France qui se classe, ce mercredi 31 juillet 2024, après à peine cinq jours de compétition, en deuxième position sur 206 pour le nombre de médailles (26), juste derrière les Américains (29), et en première position pour les médailles d'or (8), à égalité avec la Chine (8) et le Japon (8), devant l'Australie (7). Cela n'a duré que l'espace de quelques minutes car une sportive chinoise a obtenu peu de temps après une neuvième médaille d'or pour la Chine redevenant la première nation olympique.
     

     
     


    Parmi les sportifs qui font honneur à la France, citons (sans être exhaustifs) le nageur Léon Marchand (trois médailles d'or, dont deux records olympiques du 400 mètres quatre nages et du 200 mètres brasse) et la triathlète Cassandre Beaugrand (première médaille d'or olympique de triathlon française). Le génie français, c'est aussi de faire passer des épreuves dans la Seine ! Vive la France ! (et vive le reste du monde qui le vaut bien aussi !).


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (31 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le génie olympique français !
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.



     

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240731-genie-olympique-francais.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-genie-olympique-francais-256133

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/31/article-sr-20240731-genie-olympique-francais.html



     

  • Festivité !

    « Ce soir, la profusion de symboles historiques, la variété des usages du passé, l’inédite diversité humaine des figures et des acteurs et actrices, la volonté de ne pas adresser la leçon au monde, tout cela fait rupture dans la manière dont la France représente et raconte ordinairement son passé dans les événements solennels ou commémorations officielles. (…) Le récit national n’est pas esquivé, une histoire de France est esquissée dans sa singularité, mais cette histoire n’est ici ni linéaire ni fermée à la différence. Cette histoire n’est pas une histoire moins riche, ou destructive, mais une histoire qui nous ressemble et nous nourrit. Ce dialogue entre histoire, grand spectacle et création artistique n’est pas facile, il doit être souligné » (Guillaume Mazeau, le 26 juillet 2024 dans "Le Monde").



     

     
     


    Je reviens sur la très belle cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de 2024 à Paris, qui s'est déroulée au bord de la Seine. C'était la première fois qu'une telle cérémonie s'était déroulée à l'extérieur, en dehors de l'enceinte des JO (hors d'un stade). Les réactions étaient quasi-unanimes sur le caractère exceptionnel, historique, joyeux de ces festivités, au point que les Américains vont devoir faire aussi bien en 2028 à Los Angeles. Selon la chaîne américaine NBC, un milliard de personnes auraient regardé cette cérémonie dans le monde. La grosse pluie n'a pas empêché le succès de cette fête grandiose et majestueuse. Un peu moins de 7 000 athlètes ont défilé et 3 000 artistes (dont 400 danseurs) ont participé au spectacle. C'était pharaonique !

    Certes, des polémiques bien inutiles ont germé, surtout dans les réseaux sociaux, venant de tous ceux dont le métier est de dénigrer la France ou son Président, Emmanuel Macron en l'occurrence, pour cette manifestation, cela revient au même. On ne s'étonnera donc pas d'y retrouver la très prévisible fachosphère ainsi que la Russie, par exemple, mais aussi, et c'est plus regrettable, la Conférence des évêques de France. Je reviendrai un peu plus loin sur les deux (principales) polémiques qui sont nées de ce spectacle.

    Ce qu'il faut retenir, c'est que l'organisation française a fait très fort comme spectacle à la fois artistique, culturel, historique, sportif. Il y en avait pour tous les goûts et tous les sens. Il est quasiment certain qu'aucun spectateur ou téléspectateur n'a pu aimer toutes les animations, tous les plateaux, tous les tableaux, toutes les manifestations proposées par ce spectacle, mais tous ensemble, ils donnent une sorte de rapide (bien que durant quatre heures) mélange du temps (l'ancien, le moderne), de l'espace, des valeurs universelles, de ce qu'est la France (ou n'est pas), des clins d'œil, des références culturelles, le tout s'assurant de la devise de la République, liberté, égalité, fraternité, et aussi de la devise de l'Europe, unis dans la diversité, à savoir que la richesse de la France rejaillit sur le monde mais que la richesse du monde, des autres cultures, rejaillit aussi sur la France.

    Ont été honorés non seulement des personnages célèbres, des femmes d'importance, comme Simone Veil et Simone de Beauvoir (dont la statue s'est coincée !), des grands sportifs, français ou étranger d'ailleurs), mais aussi de "petites mains" comme les artisans qui ont réparé Notre-Dame de Paris ou les ouvriers fondeurs de la Monnaie de Paris qui ont coulé les médailles d'or olympiques avec un peu de métal de la Tour Eiffel. La fête était aussi touristique, fluviale et parisienne, puisque le spectacle s'est passé sur la Seine, du pont d'Austerlitz au pont d'Iéna, celui qui raccorde le Trocadéro à la Tour Eiffel.

    La première fierté française, cela a été la chanteuse américaine Lady Gaga qui a chanté Zizi Jeanmaire... mais c'était aussi la fierté américaine qu'elle fût présente à cette cérémonie française et fît partie de cette extraordinaire aventure. Un peu plus tard, la chanteuse française la plus vendue dans le monde Aya Nakamura a interprété, avec les musiciens de la Garde républicaine, un mélange reprenant ses propres chansons et "For me formidable" de Charles Aznavour, tout cela sur le pont des Arts, devant l'Académie française, pour signifier l'égalité. L'avantage d'une polémique préventive, alimentée par l'extrême droite (sous prétexte non dit que sa couleur de la peau représenterait mal la France), c'est qu'elle n'a plus lieu après sa prestation. On avait évoqué Édith Piaf, elle a chanté Aznavour ; ma foi, ce mélange, peut-être pas du goût de tous, était en tout cas très œcuménique ! Très "en même temps".

     

     
     


    De la chanson française ont émergé notamment Serge Gainsbourg ("Initial B.B."), les Rita Mitsuko ("Andy"), Daniel Balavoine ("L'Aziza"), France Gall et Michel Berger ("Ça balance pas mal à Paris"), Mylène Farmer ("Désenchantée"), Véronique Samson ("Chanson sur ma drôle de vie"), Michel Polnareff ("Lettre à France"), etc.

    Le vol de "La Joconde" fait référence à un épisode de l'histoire de l'art, et on s'est finalement aperçu que c'étaient les Minions (une production de dessins animés franco-américains) qui étaient les coupables ! Ce que n'a pas dit le spectacle, c'est que le Louvre avait accueilli le dîner officiel des chefs d'État et de gouvernement la veille (accueil par la Pyramide du Louvre, tapis rouge).

     

     
     


    La longue (certainement trop longue) chevauchée fantastique de la porteuse du drapeau olympique sur les eaux de la Seine (et sous la pluie) faisait référence à Jeanne d'Arc, et c'était la conceptrice même du cheval mécanique poussé dans le fleuve, Morgane Suquart, qui tenait le rôle de la cavalière avant que la gendarme Floriane Issert ne soit arrivée à sa place sur le pont d'Iéna pour donner le fameux drapeau, avec cette solennité presque militaire du salut aux drapeaux.
     

     
     


    Quant à l'allumage de la vasque olympique par deux athlètes de renommée mondiale, Marie-José Pérec et Teddy Riner, elle était très originale, en continuant à faire parler le génie français, avec une montgolfière qui a illuminé le Paris nocturne des feux olympiques, et cette scène m'a fait penser à la scène finale de la "Rencontre du Troisième type" de Steven Spielberg (sorti le 16 novembre 1977) avec François Truffaut et Richard Dreyfuss. D'une point de vue cinématographique, il y a eu dans ce spectacle de nombreuses références dont les frères Lumière et le génial Georges Méliès.
     

     
     


    Venons-en aux deux polémiques du moment, une petite et une moyenne, toutes les deux dérisoires, à mon sens, car lorsqu'on parle d'art, on parle avant tout de liberté, car la France, c'est aussi la créativité en liberté. L'art, en particulier, permet de revisiter des anciens concepts, de pasticher aussi, de provoquer, bien sûr. Thomas Jolly, le directeur artistique du spectacle, a montré ainsi sa finesse dans l'art de faire de l'art, si j'ose dire !

    La première polémique provient surtout de Jean-Luc Mélenchon qui a donné son quitus au spectacle (nous sommes rassurés !) ...mais sauf deux évocations, Marie-Antoinette et "La Cène". Étrange ancien laïcard qui, aujourd'hui, est prêt à défendre l'honneur supposé atteint des chrétiens pour mieux défendre demain celui des musulmans : « À quoi bon risquer de blesser les croyants ? Même quand on est anticlérical ! Nous parlions au monde ce soir-là. Dans le milliard de chrétiens du monde, combien de braves et honnêtes personnes à qui la foi donne de l’aide (…), sans gêner personne ? ».

     

     
     


    L'évocation de Marie-Antoinette, Jean-Luc Mélenchon l'a trouvée macabre et « d'un âge des punitions que nous ne voulons plus revoir ». Très étrange encore pour un adorateur de Robespierre, celui qui a eu tant de têtes décapitées sur la conscience, et pour un anti-monarchiste. J'ai eu un peu le même réflexe de dégoût devant l'aspect gore, en voyant cette Conciergerie immaculée de rouge, de sang, avec Marie-Antoinette tenant sa tête coupée comme les saints de la sainte Église. Bien sûr, les lieux s'y prêtaient, et finalement, l'histoire de France est l'histoire de France, pas toujours très belle à voir.

    En outre, cette scène a laissé place à une interprétation magistrale de "L'amour est un oiseau rebelle", morceau du célèbre opéra "Carmen" de Georges Bizet, par la mezzo-soprano Marina Viotti embarquée dans un bateau.

    L'autre polémique, c'est "La Cène". Je l'écris exprès ainsi alors que c'est en fait assez faux. Si elle a été aussi alimentée par Jean-Luc Mélenchon, ce sont surtout les catholiques intégristes et l'extrême droite identitaire qui se sont le plus indignés (bien pauvrement et inutilement). De quoi s'agissait-il ? D'un tableau vivant mettant en action quelques drag queens et d'autres personnages assez bizarres, dirait-on, sous le titre de "Festivité". Je précise à toute fin utile que je goûte peu aux délices des drag queens, m'interroge même sur leurs motivations, mais franchement, en quoi me gêneraient-elles ? Chacun a le droit de vivre, et de se montrer, exubérance ou discrétion. Il n'y a rien de woke, il n'y a que de l'art, qui est ou révolutionnaire ou pompeux sinon pompier.

     

     
     


    La scène était très colorée (mais aussi très mouillée) : une énorme table, des convives gourmands, et un plat sous cloche. La cloche s'est levée et qui est apparu ? Un éclat de rire avec le chanteur Philippe Katerine, complètement nu, peinturluré en bleu Schtroumpf, incarnant Dionysos (le dieu du vin), et chantant "Nu", une sorte d'hymne à la nudité. Autodérision forcément. Après le spectacle, Philippe Katerine a expliqué qu'il avait envoyé aux organisateurs une vidéo et sa proposition de se produire pour la cérémonie d'ouverture, il a été retenu. Originalité. Il a cité des arguments de paix (on ne peut pas cacher des armes), de décroissance (on n'achète pas de vêtement), etc.

    Au-delà des drag queens, ce qui a choqué des prétendus chrétiens (j'écris "prétendus" car moi-même je peux revendiquer mon catholicisme, sans vouloir pourtant le crier sur tous les toits, et j'avoue humblement que j'ai plus souri qu'été scandalisé), c'est que la scène serait une imitation de "La Cène", ce tableau de Léonard de Vinci (réalisé entre 1495 et 1498) représentant le repas du Jeudi Saint (avant la mort du Christ, entouré de ses apôtres). Ils voyaient alors le Christ en une sorte de drag queens un peu étrange, et ses apôtres de même.

     

     
     


    Mais Goscinny et Uderzo ont-il choqué leur lecteurs avec un banquet d'Astérix reprenant étrangement les poses de "Le Cène" ? Certainement pas. Il faut dire qu'il n'y avait pas de fachosphère, à l'époque de parution.
     

     
     


    Samedi, la Conférence des évêques de France (CEF) s'est senti obligée d'emboîter le pas des internautes assez stupides en parlant de scène « de dérision et de moquerie du christianisme » et de « l'outrance et la provocation de certaines scènes ». Mais les évêques n'ont-ils pas mieux à faire et mieux à penser qu'à surréagir dans une vaine et inutile polémique ? Leur parole ne devrait-elle pas être réservée à des choses réellement grave et importante ? Surtout après les récentes révélations sur l'abbé Pierre ? (Heureusement, la CEF, honnête, a aussi reconnu dans le spectacle « de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués »).

    Certains internautes ont d'ailleurs réagi assez vivement sur ces dénigrements : le tableau de cette Festivité ne faisait pas référence à la religion, au Christ ni à ce tableau de Léonard de Vinci, mais à un tableau du peintre néerlandais Jan van Bijlert, l'un des plus importants de sa ville natale, Utrecht (de l'école caravagesque), intitulé "Le Festin des dieux" (réalisé vers 1635), qui montre Apollon en maître des cérémonies et Dionysos au premier plan. Cette œuvre est exposée au Musée Magnin à Dijon.

     

     
     


    La notice de ce musée est assez explicite : « Sur l’Olympe, les dieux sont rassemblés pour un banquet célébrant le mariage de Thétis et Pélée. À gauche se tiennent Minerve, Diane, Mars et Vénus accompagnés de l’Amour. Flore, la déesse du printemps, se trouve derrière eux. Apollon couronné, identifiable à sa lyre, préside au centre de la table. On reconnaît plus loin Hercule avec sa massue et Neptune avec son trident. À l’extrême-droite, Eris a déposé sur la table la pomme de la discorde. Certains dieux manquent, probablement en raison de la coupure dont la toile a souffert sur la partie gauche ; la présence du paon de Junon le laisse penser. Le thème du festin de dieux était populaire en Hollande ; "le Mariage de Psyché" et "Amour" d'Hendrick Goltzius déclencha une abondante production d’œuvres illustrant ce sujet. (…) Le satyre dansant devant la table et le Bacchus allongé au premier plan pressant au-dessus de sa bouche une grappe de raisin rappellent de façon atténuée le naturalisme [du Caravage] : chairs à teinte ocre, corps vus de près dans des attitudes non orthodoxes. Cependant, la faveur considérable dont jouissait le peintre italien ne dura pas. Son influence a presque disparu vers 1630 (…). ».

    On pourrait en effet associer ce tableau de Jan van Bijlert à celui de Giovanni Bellini et de Titien, "Le Festin des dieux", réalisé en 1514 puis 1529, exposé à la National Gallery of Art de Washington.
     

     
     


    Interrogé sur BFMTV le dimanche 28 juillet 2024, Thomas Jolly a rejeté la connotation religieuse de cette mise en scène. Il voulait promouvoir les valeurs de l'olympisme, pas du catholicisme. "La Cène", ce n'était pas son inspiration, a-t-il assuré mi-amusé : « Ce n'est pas mon inspiration. Je crois que c’était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là, pourquoi ?, parce qu’il est dieu de la fête (…), du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve (…). L’idée était plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe… Olympe… Olympisme (…). Vous ne trouverez jamais chez moi une quelconque volonté de moquerie, de dénigrer quoi que ce soit. J’ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie. ». Il n'a toutefois pas confirmé l'inspiration du tableau de Jan van Bijlert.
     

     
     


    Sur BFMTV, Thomas Jolly en a profité aussi pour affirmer que la scène avec Marie-Antoinette n'était pas du tout une « glorification de cet instrument de mort qu'était la guillotine » et que tout était « très théâtral », avec une « théâtralité de grand guignol ».

    De son côté, la drag queens Piche qui a participé à la scène de Dionysos, a commenté sur BFMTV le 27 juillet 2024 : « L'art, ça divise toujours. À partir du moment où ça ne remue pas les gens, ce n'est pas de l'art pour moi. (…) Il n'y a eu pas de provocations réelles ou de choses qui soient véritablement obscènes. On ne s'est pas moqué du tout de ce tableau-là ["La Cène"]. (...) C'est vraiment juste parce que c'est des queers et des drag queen qui utilisent cette représentation-là que ça gène. ».

    Pour autant, la directrice de la communication de l'organisation, Anne Descamps, a présenté ses excuses le 28 juillet 2024 : « Clairement notre intention n’était pas d’afficher un manque de respect à quelque groupe religieux que ce soit. À l’inverse, notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion. Si des gens ont été offensés, nous nous en excusons. ». Tandis que Thomas Jolly a confirmé : « Notre sujet n'était pas d'être subversif. Nous n'avons jamais voulu être subversifs. Nous voulions parler de diversité (…). Nous voulions inclure tout le monde, c'est aussi simple que ça. ».
     

     
     


    Je termine sur cette réflexion : cette cérémonie d'ouverture n'était pas une allégorie en l'honneur d'Emmanuel Macron comme certains détracteurs politiques voudraient le faire croire (et ceux-là, par haine contre lui, une haine dérisoire et anecdotique, se sentent alors obligés de dénigrer ce spectacle). Le Président de la République était au contraire très petit face au grandiose de cette cérémonie et on imagine bien qu'il n'a pas beaucoup contribué personnellement à sa réussite, chacun son métier, chacun sa fonction. Du reste, passionné par le sport, Emmanuel Macron, qui n'a fait que prononcer la phrase officielle d'ouverture, a même paru très impressionné par son propre rôle.
     

     
     


    Il n'imaginait pas un instant qu'il aurait pu se retrouver à cette place, ce vendredi soir, mais c'est vrai que, par les hasards du calendrier, il se trouve, avec ces Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 dans la même situation, dans la première moitié de son second mandat présidentiel, que François Mitterrand avec le Bicentenaire de la Révolution française le 14 juillet 1989. Séjournant à Paris à l'époque, j'y ai assisté, j'y ai ressenti beaucoup d'émotion, notamment avec Jessye Norman qui chantait "La Marseillaise".
     

     
     


    La prestation d'Axelle Saint-Cirel, qui a chanté "La Marseillaise" sur le toit du Grand Palais, ne sera peut-être pas aussi mémorable que celle de Jessye Norman (malgré son sixième couplet), mais peut-être que celle de Juliette Armanet interprétant "Imagine" (de John Lennon) sur un radeau, accompagnée de Sofiane Pamart au piano, ce dernier sous les flammes malgré la grosse pluie, le sera, tellement elle était émouvante, et puis bien sûr, le final, le bouquet final, Céline Dion qui a fait sa première apparition artistique depuis 2020 au premier étage de la Tour Eiffel pour "L'Hymne pour l'amour" (d'Édith Piaf). Et pas en playback : de toute sa voix un peu cassée, de toute sa puissance, surmontant toutes ses peurs.
     

     
     


    Cette cérémonie, au contraire, était d'abord une fête en l'honneur des sportifs, des champions ou futurs champions, français ou d'ailleurs. Il faut se rendre compte que ces athlètes de haut niveau ont travaillé dur, se sont entraînés depuis plusieurs années, pour ces quelques heures, journées d'épreuve, que cette cérémonie était leur cérémonie, qu'elle glorifiait avant tout leurs exploits, passés ou futurs, et que cette grande fête du sport est aussi un moyen de réconciliation et de concorde entre les peuples du monde. Festivité ! Merci la France, vive l'équipe de France et vive la France ! Merci le monde et vive le monde ! (Depuis lors, les médailles arrivent !).


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (28 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240727-festivite.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/festivite-256072

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/28/article-sr-20240727-festivite.html






     

  • Ouverture des Jeux olympiques 2024 : Paris tenu !

    « On verra tous à partir de vendredi soir pourquoi ça valait la peine ! » (Emmanuel Macron, le 23 juillet 2024 sur France 2).



     

     
     


    Unie dans la diversité. C'est bien cette devise de l'Europe, qui a été placardée après le passage de la dernière équipe d'athlètes olympiques, celle des 571 Français menée par Mélina Robert-Pichon et Florent Manaudou, qui vont participer aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, lors de cette grandiose cérémonie d'ouverture ce vendredi 26 juillet 2024 entre 19 heures 30 et 23 heures 30. Les sabotages odieux contre la SNCF la nuit précédente n'ont pas eu d'incidence directe sur la cérémonie et c'était tant mieux.

    Quelle émotion de voir les quelque 6 500 sportifs de la Terre entière descendre la Seine dans 85 bateaux du pont d'Austerlitz au pont d'Iéna (six kilomètres) ! La ville de Paris accueillait vendredi soir l'humanité dans toute sa diversité mais aussi dans toute son unité, celle de la joie de se rassembler autour des valeurs simples et essentielles du sport.

    Comme un milliard d'êtres humains, paraît-il (23,4 millions de téléspectateurs pour France 2), j'ai suivi benoîtement à la télévision cette cérémonie d'ouverture. Je n'ai pas l'habitude de le faire car souvent, cela ne me parle pas, voire cela me barbe, mais mon patriotisme m'incitait à célébrer finalement une gloire française, celle d'accueillir les Jeux olympiques d'été, et ce n'est pas souvent, seulement une fois par siècle. Bref, ça s'arrose !

    Ça s'arrose, je ne rigole hélas pas (rigole prend tout son sens), car pour le malheur des artistes, et des spectateurs dans les rues de Paris, la pluie, parfois battante, a rendu le spectacle encore plus méritoire, l'exploit de faire comme s'il ne pleuvait pas. Certes, les caméras étaient parfois aveuglées de gouttes dégoulinantes, le costume des artistes complètement trempé, le piano quasiment sous l'eau (heureusement, on l'a asséché en l'incendiant !), mais qu'importe ! pour le téléspectateur confortablement installé dans son fauteuil, ce n'était qu'un petit détail. Il faudra juste songer à l'avenir à ne plus inviter François Hollande à une manifestation qui se passerait à l'extérieur. Sa présence apporte la poisse et les internautes s'en sont donné à cœur joie !

    Mais revenons au spectacle. Il était exceptionnel et bravo à Thomas Jolly, l'intendant en chef, pour l'avoir conçu et organisé. Au diable les aigris ! Si les Français dénigreurs de leur propre génie ne sont pas capables, pour certains, d'apprécier à sa juste mesure l'exploit tant artistique que culturel de ce spectacle, au moins, les observateurs étrangers ne seront pas ingrats, toute la presse internationale est "dithyrambique" dans sa réaction.

    Le principe du spectacle, c'était de revisiter Paris, la France, le monde et les Jeux olympiques par la Seine et la Tour Eiffel. Revisiter sans donner des leçons de morale, sans arrogance française. On passait ainsi le long des monuments historique avec des spectacles d'artistes très diversifiés. Commentant vendredi soir l'événement pour "Le Monde", l'historien Guillaume Mazeau expliquait : « À la différence des cérémonies du Bicentenaire de la Révolution française mises en scène par le publicitaire Jean-Paul Goude (1989), organisées comme un défilé sur les Champs-Élysées, c’est la Seine qui sert de fil conducteur ce soir. ».

    Les athlètes des 206 nations qui vont participer, y compris la Corée du Nord, Israël et la Palestine, ont défilé dans des bateaux navigant jusqu'au Trocadéro où se tenait la tribune officielle. Entre certaines équipes, des plateaux artistiques étaient proposés sur le thème d'une valeur, ou même d'un mot, comme liberté, égalité, fraternité, sororité, sportivité, obscurité, solennité, etc.

    Un certain suspense était entretenu sur l'identité des derniers passeurs de la flamme olympique et les spectateurs n'ont pas été déçus : cela a commencé au Trocadéro par Zinedine Zidane, puis Rafael Nadal qui a pris le bateau avec Serena Williams, et deux légendes dont la présence a ému beaucoup de monde, Nadia Comaneci et Carl Lewis, pour remonter la Seine jusqu'à la Pyramide du Louvre. Là, Amélie Mauresmo a pris le relais en courant quelques centaines de mètres le long des quais avant de passer la flamme à Tony Parker, Marie-Amélie Le Fur, accompagnée des deux porte-drapeaux français des JO paralympiques, Nantenin Keita et Alexis Hanquinquant. Puis, très rapidement, les plus grands athlètes français de l’histoire se relayaient la flamme, dont trois anciens ministres, Jean-François Lamour, David Douillet et Laura Flessel, ainsi que Michaël Guigou, Clarisse Agbegnenou, Alain Bernard, Laure Manaudou et Renaud Lavillenie. Enfin, Charles Coste, le plus âgé des champions olympiques français, champion de cyclisme, 100 ans, de son fauteuil, l'a remise aux deux derniers porteurs que furent Marie-José Pérec (comme les rumeurs l'annonçait) et Teddy Riner. Ils ont marché jusqu'au bassin central des Tuileries pour allumer la vasque olympique avant que celle-ci ne s'envolât dans les airs en montgolfière. Beauté et originalité.

    Juste auparavant, Emmanuel Macron, en tant que Président de la République française, a déclaré les Jeux olympiques et paralympiques ouverts, avec une pointe d'émotion et presque de sidération, après deux discours. Le premier du président du comité d'organisation des Jeux olympiques Tony Estanguet qui proclamait le rassemblement et l'unité des Français derrière leurs athlètes (« L'humanité est belle quand elle se rassemble ! »), à tel point que je me demandais s'il n'allait pas devenir le nouveau Premier Ministre, et Thomas Bach, le président du CIO (Comité international olympique). Tous les deux parlaient français et anglais (le français, en plus d'être la langue du pays d'accueil est aussi la langue officielle des JO).

    Je rejoins l'état d'esprit de quelqu'un comme Jean-Pierre Rousseau, ancien directeur de la musique de Radio France (l'Orchestre national de France, la maîtrise et le chœur de Radio France ont participé à la cérémonie à la fin), qui a exprimé sa joie samedi matin sur son blog : « Il y a trois jours j'écrivais : "Réjouissons-nous pour une fois d’avoir été capables d’organiser un tel événement, réjouissons-nous de découvrir une cérémonie d’ouverture qui sera la plus belle fête du monde". Ce fut la plus belle fête du monde. Tant pis pour les grincheux et les coincés. Je n'ai pas tout aimé, j'ai trouvé certaines séquences trop longues ou peu inspirées, et alors ? Que valent ces réserves face à une soirée immense, grandiose, unique ? à la force des images ? ».

    Oui, bien sûr, il y a eu des choses que je n'ai pas aimées non plus, mais peut-être pas les mêmes que mes voisins. Par exemple, je n'ai pas apprécié le début, avec toutes ces plumes, French cancan, ces clichés éculés de la France de l'an 1900, de la Belle Époque, et au début, beaucoup de clichés réduisaient la France, à son industrie de luxe, à ses monuments, etc. mais cela a évolué sur du plus original, du plus créatif, là aussi sur des choses que je n'ai pas forcément aimées, mais qui montraient tant la diversité française que la diversité humaine. Et surtout la diversité artistique.

    J'ai aussi trouvé trop longue la chevauchée fluviale de la porteuse du drapeau olympique (une gendarme, Floriane Issert), et le drapeau a même été accroché à l'envers. Mais ce n'était pas très grave. Et j'ai trouvé dommage l'absence de Kylian Mbappé, qui s'en est expliqué dès le 16 juin 2024 : « Mon club a une position très claire, à partir de ce moment je pense que je ne participerai pas aux Jeux. C'est une vérité, c'est comme ça. J'arrive dans une nouvelle équipe. Arriver en septembre pour une nouvelle aventure, ce n'est pas le meilleur des débuts d'aventure. ». J'ai regretté aussi l'absence d'une œuvre du compositeur de musique électroacoustique Pierre Henry qui aurait pu passer avantageusement, par exemple, pendant qu'étaient montrées les belles images d'archives des Jeux olympiques.

    Il y a eu Lady Gaga, Aya Nakamura qui a tant fait polémique, qui s'est produite devant l'Académie française, la mezzo-soprano Axelle Saint-Cirel qui a chanté avec une voix très émouvante "La Marseillaise" sur un bateau. J'ai beaucoup aimé Carmen, malgré le côté un peu cliché, la recherche de la Joconde au Louvre, avec les personnages des tableaux se transformant en réalité, un peu à l'instar du film "Une nuit au musée" ("La Joconde" a été retrouvée chez les insupportables Minions).

    Si je n'ai pas beaucoup apprécié le rappeur Rim'K avec "King", j'ai adoré les passages enregistrés de Daniel Balavoine, de Claude François (dommage d'entendre "Alexandrie" avec la délégation de l'Ukraine et pas de l'Égypte), de Mylène Farmer et de plein d'autres (Gainsbourg était aussi au répertoire, semble-t-il ; il y a eu aussi Véronique Samson, Sheila, etc.). À la fin du défilé des sportifs français, le drapeau européen s'est éclairé sur le sol, avec des étoiles entourant la Tour Eiffel, comme par magie. Philippe Katerine a été extraordinaire à chanter "Nu" en tenue adéquate (nu) ! Dix grandes femmes ont été honorées, dont Olympe de Gouges, Louise Michel, Gisèle Halimi et, en dernier, Simone Veil. Zizi Jeanmaire et Charles Aznavour ont été également honorés.

     

     
     


    J'ai été très ému aussi par l'interprétation (traditionnelle pour les cérémonies d'ouvertures des JO) de "Imagine" (John Lennon) par la chanteuse à la voix d'or Juliette Armanet avec Sofiane Pamart au piano. À propos de piano, j'ai oublié aussi de signaler l'exploit de jouer sous la pluie battante de l'un des futurs plus grands pianistes mondiaux, le Français Alexandre Kantorow (27 ans) qui a joué "Jeux d'eau" de Maurice Ravel. Des artistes et des funambules ont défilé sur le Pont Neuf comme dans un défilé de haute couture, après que la Patrouille de France a dessiné un cœur rose dans le ciel parisien. Auparavant, il était aussi original d'évoquer les artisans de la reconstruction de Notre-Dame de Paris ainsi que ceux de la Monnaie de Paris qui ont confectionné les médailles d'or olympiques avec un peu de ferraille de la Tour Eiffel.

    Le passage de la délégation française, la dernière du défilé, s'est fait sur un enregistrement de "Lettre à France" de Michel Polnareff. Pendant la remontée de la Seine de la flamme avec quelques superchampions (Rafael Nadal, Serena Williams, Nadia Comaneci et Carl Lewis), la Tour Eiffel s'est mise à danser dans un show laser en hommage à Jean-Michel Jarre ("Oxygène 2024").

    Enfin, le clou de la cérémonie, à la fin, tant attendue, dont la présence a été souvent annoncée ou discutée, Céline Dion a chanté "L'Hymne à l'amour" d'Édith Piaf, au premier étage de la Tour Eiffel, avec une voix difficile à cause de sa maladie, mais toute en majesté, accompagnée au piano par Scott Price. Elle ne s'était pas produite depuis quatre ans ; en revanche, elle avait déjà chanté à une cérémonie d'ouverture des JO, à Atlanta en 1996 ("The Power of the Dream"). Très joli cadeau fait à la France (et les polémiques sur son coût sont dérisoires dans la malveillance).

    Il suffit d'écouter la réaction des spectateurs pour comprendre que cette cérémonie d'ouverture des JO était exceptionnelle, historique. La grande richesse de ce polyspectacle grandiose, c'était qu'il y en avait pour tout le monde, de tous les genres, de toutes les opinions, de toutes les références, historiques, intellectuelles, artistiques, culturelles, littéraires, sociales, économiques.


    L'historien Guillaume Mazeau notait ainsi : « Ce soir, la profusion de symboles historiques, la variété des usages du passé, l’inédite diversité humaine des figures et des acteurs et actrices, la volonté de ne pas adresser la leçon au monde, tout cela fait rupture dans la manière dont la France représente et raconte ordinairement son passé dans les événements solennels ou commémorations officielles. C’est un spectacle, une vision fictionnée et idéalisée, un peu bricolée, mais par rapport à bien d’autres, elle est non seulement capable de concerner plus de monde que d’habitude, mais aussi prête à dialoguer avec ce qu’écrivent les historiennes et des historiens d’aujourd’hui. Le récit national n’est pas esquivé, une histoire de France est esquissée dans sa singularité, mais cette histoire n’est ici ni linéaire ni fermée à la différence. Cette histoire n’est pas une histoire moins riche, ou destructive, mais une histoire qui nous ressemble et nous nourrit. Ce dialogue entre histoire, grand spectacle et création artistique n’est pas facile, il doit être souligné » ("Le Monde").

    Cette soirée merveilleuse restera évidemment dans les annales comme une fête où le grandiose était associé à l'imaginatif et au créatif. Je plains l'organisateur de prochains Jeux olympiques à Los Angeles (USA) en 2028 comme à Brisbane (Australie) en 2032, car ils partiront déjà de très haut. Vive la France et vive le monde !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (26 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.








    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240726-jeux-olympiques.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/ouverture-des-jeux-olympiques-2024-256047

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/26/article-sr-20240726-jeux-olympiques.html


     

  • Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre

    « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime ! »



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    Ici, on t'aime !? Il faudrait savoir ce que cela signifie vraiment, aimer. Ce mercredi 17 juillet 2024, peut-être la dernière institution à laquelle les Français croyaient est tombée : l'abbé Pierre, qui est mort le 22 janvier 2007 à 94 ans, aurait été l'auteur de plusieurs agressions sexuelles. Si ça ne suffisait pas, voici une nouvelle perte de repère dans une société sans valeur absolue.

    Les faits d'abord : selon une enquête réalisée par un organisme indépendant sur commande de la Fondation Abbé Pierre et du mouvement Emmaüs International, l'abbé Pierre est accusé par sept personnes d'agressions sexuelles. L'alerte a été donnée en juin 2023 par un témoignage faisant état auprès d'Emmaüs France d'une agression sexuelle commise par l'abbé Pierre sur une femme (fille d'un couple ami), ce qui a ouvert cette enquête confiée à un cabinet indépendant (menée ainsi par la militante féministe Caroline De Haas et payée par l'organisation privée qu'est Emmaüs).

    Le communiqué de presse des trois organisations Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre, précise ce mercredi : « Le Mouvement Emmaüs rend publics des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005. Ces faits ont concerné des salariées, des volontaires et bénévoles de certaines de nos organisations membres, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre. ». Une des victimes était mineure au moment des faits.

    Et le communiqué ajoute : « Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés. Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l’abbé Pierre occupe une place majeure. Chacun d’entre nous connaît son histoire et son message. Ces agissements changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion. ».

    Un dispositif de recueil de témoignages et d'accompagnement, sur des bases anonymes, a été mis en place pour d'éventuelles autres victimes de l'abbé Pierre. Un travail d'écoute de témoignages et également de formation a été assuré dans ces trois organisations sur le harcèlement sexuel et les violences sexuelles.

    Personnalité la plus appréciée des Français pendant seize années, l'abbé Pierre jouissait, jusqu'à aujourd'hui, dix-sept ans après sa mort, d'une forte sympathie provenant de tous les Français, croyants ou pas, chrétiens ou pas. Son combat contre la précarité et contre l'exclusion a été exemplaire et son idée de rendre utiles ceux qui n'avaient trouvé plus d'issue pour eux reste cruciale dans une société où la solidarité et l'entraide sont des composantes indispensables.

    On n'ose pas imaginer cette icône magistrale de la bonté et de la charité s'écrouler sur des comportements déviants, telle une statue de Staline après la chute de l'URSS. Car au-delà des mouvements et des idées dont il était le fondateur, c'est son image, celle du vieillard à la voix chevrotante, qui est utilisée comme une marque de reconnaissance et de ralliement. Faudra-t-il débaptiser les lieux qui ont pris son nom ?

    L'abbé Pierre était dans un contexte religieux, prêtre, et le rapport Sauvé a montré qu'il y a eu beaucoup d'abus sexuels commis dans ce milieu, malheureusement (aussi dans d'autres milieux éducatifs). Il était aussi un homme d'un temps où le simple toucher n'était pas considéré comme scandaleux. Mais ici, il y a plus qu'un simple toucher, un simple geste de tendresse. Il aurait été de nature sexuelle. Enfin, l'abbé Pierre était une star, éblouissante, très connue, très admirée, au point qu'il était intouchable, et qu'il pouvait tout se permettre, au même titre que d'autres grandes stars dans leur métier respectif : Gérard Depardieu, Patrick Poivre d'Arvor, Nicolas Hulot, Dominique Strauss-Kahn pour ne citer que les "grandes stars" dont le rayonnement personnel pouvait transcender voire pervertir les rapports sociaux.

    Il est difficile d'imaginer que l'abbé Pierre n'avait pas conscience de la gravité de ses comportements, et s'il en avait conscience, comment cet homme de bien a-t-il pu faire autant de mal ? Surtout pour un homme d'Église ?


    Je pense aussi à une autre icône de la bonté, moins connue universellement mais qui a bouleversé ses nombreux admirateurs : Jean Vanier (mort le 7 mai 2019 à 90 ans), fondateur des communautés de l'Arche, une structure qui recueille des adultes en situation de handicap mental, accusé de nombreux abus sexuels en 2023.

    Ces faits ne remettent pourtant pas en cause les actions exceptionnelles de l'abbé Pierre contre l'exclusion. Ils montrent surtout que les personnes sont parfois complexes, que l'homme même le meilleur peut être traversé par des pulsions violentes et ne plus respecter ses interlocuteurs. C'est terrible car tout le monde a fait de l'abbé Pierre un de ses héros secrets. Il structurait le mental de nombreuses personnes. Il était quasiment sanctifié par une société à l'affût de mythes et de héros, de personnes providentielles. Mais même l'abbé Pierre aurait été un vieux dégueulasse ! Cette information va entraîner le renforcement de la pensée que décidément, tout le monde est pourri, même ceux qu'on aurait pu penser être les plus grands bienfaiteurs.

    Cette nouvelle risque d'impacter gravement le mouvement Emmaüs, au même titre que le scandale financier de l'ARC (affaire Jacques Crozemarie à partir de 1991) a réduit considérablement les dons pour la recherche contre le cancer. Au contraire de la Fondation Nicolas-Hulot qui a refusé d'aborder frontalement les accusations portées sur Nicolas Hulot, ce sont bien les mouvements d'Emmaüs qui, non seulement aujourd'hui communiquent mais hier étaient à l'origine de l'enquête visant à déterminer les faits.


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    Pour Emmaüs, la vérité vaut toujours mieux que tout autre chose : « À l’heure où l’urgence sociale et la nécessité de défendre les personnes les plus précaires se font ressentir avec une particulière acuité, les missions exercées au quotidien par l’ensemble des salariés, des compagnes, compagnons et bénévoles du Mouvement Emmaüs, demeurent indispensables. La solidarité, l’entraide et l’accueil inconditionnel des plus démunis constituent notre raison d’être. Le Mouvement Emmaüs combat toutes formes de violences et entend dénoncer les actes inacceptables commis par une personne qui a joué un grand rôle dans son histoire. Nous le devons aux victimes. Nous le devons aussi à toutes celles et ceux qui, depuis plus de 70 ans, portent au quotidien les actions du Mouvement. Nous partageons leur peine et leur colère, mais également leur détermination à continuer d’œuvrer, chaque jour, pour construire un monde plus juste et plus solidaire. ».

    Marie-Hélène Le Nédic, la présidente de la Fondation Abbé Pierre, est très déterminée : « Le choc a été immense pour nous. La priorité est de faire preuve d’une totale transparence et faire tout ce qui est en notre capacité pour aider et soutenir les personnes qui ont eu le courage de témoigner. Je pense aussi aux personnes que nous aidons et accompagnons au quotidien, qui subissent la pauvreté, le mal-logement. Nous allons vivre une période mouvementée, mais je veux leur dire que nous allons poursuivre sans relâche notre combat auprès d’elles. ».

    Certains disent que ce scandale va encore éclabousser l'Église catholique. Je ne le crois pas. L'Église catholique est déjà noyée par ses propres scandales rapportés dans le rapport Sauvé. De plus, l'abbé Pierre avait été mis un peu à l'écart de l'Église parce qu'il avait reconnu publiquement en octobre 2005 avoir eu des relations sexuelles, rompant son vœux d'abstinence et de chasteté : « Il m'est arrivé de céder à la force du désir de manière passagère, mais je n'ai jamais eu de liaison régulière, car je n'ai pas laissé le désir sexuel prendre racine. Cela m'aurait conduit à vivre une relation durable avec une femme (…). J'ai donc connu l'expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction. ». Des propos qui prennent désormais un tout autre sens.

    Savoir bien après coup que notre héros est un vieux vicelard met aussi un coup sur notre propre jugement, c'est en fait une partie de nous qui s'effondre, qui s'ébranle. Mais il ne faut pas se morfondre dans le narcissisme : la tristesse et la colère ne doivent pas provenir de ce mauvais jugement, et la compassion doit être tournée vers les victimes. Si des témoignages sortent, aussi longtemps soient-ils après les faits, c'est que ces violences ont meurtri, blessé, traumatisé ces femmes, et qu'il leur a fallu un sacré courage pour se voir répondre, quasi-systématiquement, que c'était impossible, que cela ne pouvait pas être vrai, parce que justement c'était l'abbé Pierre, parce qu'elles s'attaquaient à cette sorte d'image inattaquable.


    L'enseignement de ce scandale, c'est qu'il faut vivre avec des principes, des valeurs, et pas avec des héros. Aucune personne n'est parfaite, toutes sont faillibles, plus ou moins faillibles, certaines plus que d'autres (car tous les mâles ne pensent pas forcément qu'à ça et ils ne font pas tous des victimes de violence sexuelle). Comment imaginer que le corps si abîmé, si fragilisé par la vieillesse, ce héros si adulé ait pu être si abîmé dans sa conscience, dans son comportement ? Pour Emmaüs, il y a de fort risque que ces sept témoignages ne soient pas les seuls. Cinq autres sont déjà parvenus après l'éclatement de cet énorme scandale : « Il est raisonnable de penser qu’il y a d’autres personnes concernées, dans des proportions difficiles à estimer. ». Emmaüs a clairement indiqué que le mouvement était aux côtés des victimes malgré toutes les conséquences sur l'image de ses activités que cela suppose.

    Et la justice dans tout cela ? On ne peut juger un mort et c'est heureux (il a le droit de se défendre). En revanche, certains faits auraient été apparemment connus dès 1992 de certains responsables d'Emmaüs et ils n'auraient rien dit, n'auraient rien empêché. Eux pourraient être jugés pour n'avoir rien fait, pour avoir simplement gardé le silence. Alors qu'il n'est plus possible de se taire devant de telles violences. Même commises par un demi-dieu. Les Français sont orphelins.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (17 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    L'appel de l'abbé Pierre.
    Viens m’aider à aider !
    Le départ d'un Juste.

    _yartiAbbePierreC01




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240717-abbe-pierre.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-scandale-bouleversant-de-l-abbe-255885

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/17/article-sr-20240717-abbe-pierre.html





  • Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !

    « Fabuleux, quel bonheur ! C'est juste génial, génial ! Bonheur total, promesse tenue ! Engagement tenu, pari tenu ! (…) C'était un pari, on s'était dit : si je deviens porte-drapeau, on nage dans la Seine ensemble. Ça y est : on l'a fait ce matin ! C'est extraordinaire. C'est vraiment hyper-émouvant ! » (Amélie Oudéa-Castéra, le 13 juillet 2024 à Paris).


     

     
     


    C'est fait ! La Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et l'un des porte-drapeau français pour les Jeux paralympiques d'été de 2024 à Paris, Alexis Hanquinquant, champion du monde de paratriathlon et médaille d'or aux Jeux paralympiques de 2021 à Tokyo, se sont baignés dans les eaux pas très transparentes (!) de la Seine à Paris, près du pont des Invalides, pas loin de l'Assemblée Nationale et avec la Tour Eiffel à l'horizon.

    Le bain a eu lieu peu après 7 heures 30 du matin le samedi 13 juillet 2024, histoire de rester discrets et de ne pas en faire non plus une montagne. Apparemment, seules les caméras de BFMTV étaient présentes pour marquer les mémoires. C'est Amélie Oudéa-Castéra, portant une combinaison de plongeur, qui est entrée la première dans l'eau, glissant sur la rive en raison probablement du sol couvert d'algues.
     

     
     


    La ministre, comme dans son habitude, était très spontanée et la petite fille sportive a refait surface au-delà de la gestionnaire rigoureuse des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui commencent treize jours plus tard, le 26 juillet 2024. Des cris de gamine, de joie sur l'eau, des mots banals, l'eau est douce, et cette énorme émotion d'être entrée dans les livres d'histoire de la ville de Paris avec l'eau du bain.
     

     
     


    En effet, la Seine était très polluée déjà en amont et se baigner à Paris était un véritable challenge, une sorte d'Arlésienne qui revenait sans arrêt dans la vie municipale, un pari souvent lancé mais jamais tenu. On se souvient que le maire de Paris, "le" maire historique de Paris, Jacques Chirac, avait lancé un tel pari en 1990 : il s'était engagé à se baigner dans l'eau de la Seine à Paris dans les trois ans. Pari non tenu par le futur Président de la République, et c'était heureux car ce qu'on risque, en plus de maladie de peau, c'est d'être infecté par diverses bactéries qui peuvent mener à la mort. On ne rigole pas avec les eaux polluées. Les sportifs olympiques sont d'ailleurs encouragés à se faire vacciner de diverses maladies (typhoïde, hépatite, etc.).
     

     
     


    Dans les relevés du vendredi 12 juillet 2024, l'eau était "baignable" en termes de pollution. En revanche, samedi matin, le débit du fleuve était encore très élevé, plus de 500 mètres cubes par seconde, ce qui est trop fort pour la cérémonie d'ouverture et pour les épreuves de natation libre et de triathlon prévues dans la Seine (la ministre a même été un peu emportée par le courant). On n'a plus qu'à espérer qu'il ne pleuve pas dans la seconde quinzaine de juillet.

    Le mois dernier, la Seine n'était pas encore "baignable" en raison de la météorologie indélicate avec les nombreuses pluies qui ont entraîné des rejets pollués dans le fleuve. Des épreuves de natation devraient se faire dans ces eaux lors des Jeux olympiques et paralympiques. Un pari donc fou quand on voit d'où l'on part et il a bien fallu une ministre pour convaincre les sportifs olympiques que l'eau serait utilisable.
     

     
     


    Pour le coup, Amélie Oudéa-Castéra a grillé la politesse à deux autres personnalités qui avaient annoncé qu'elles feraient trempette dans l'eau de la Seine : le Président de la République Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette dernière avait reporté plusieurs fois la date de sa baignade, maintenant prévue le 17 juillet 2024. Ce ne sera donc plus un exploit ni un événement mondial pour madame 1% à l'élection présidentielle de 2022. En raison de la dissolution et du futur changement de gouvernement, Amélie Oudéa-Castéra devait se dépêcher d'aller au bain si elle voulait encore le faire ès qualités, puisque dans quelques jours, elle ne sera plus ministre (elle l'est depuis le 20 mai 2022, avec également un passage éclair de moins d'un mois au Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en janvier 2024).

    Je ne sais pas si l'engagement de la maire de Paris de permettre aux Parisiens (et aux autres !), tous, pas seulement quelques sportifs, de se baigner dans la Seine à Paris pour l'année 2025 sera tenu car il est fort probable que la pollution, surveillée au jour le jour avec des seuils bien déterminés, ne donne pas forcément entière satisfaction : en effet, dépendre des conditions météorologiques pour assurer la sécurité d'une baignade serait particulièrement difficile à gérer si c'était accessible au grand public.


    Bien entendu, dans les réseaux sociaux, cet exploit a été diversement commenté : admiration pour le courage de la ministre, et, comme souvent avec des oisifs qui passent leur temps sur Internet, aigreurs et dénigrements. Cependant, il y a eu deux autres types de commentaires qui reviennent souvent et qui sont intéressants.
     

     
     


    Les premiers sont portés à se faire les vertueux du budget de l'État, et ils ont raison avec plus de 3 000 milliards d'euros de dette publique (aujourd'hui, le risque politique que la dette s'aggrave est très élevé), en rappelant que le projet pour dépolluer les eaux de la Seine coûte en argent public autour de 1,4 milliard d'euros (je n'ai pas vérifié mais cela me paraît un ordre de grandeur cohérent). Évidemment, le débat est : qu'aurait-on pu faire avec cet argent pour les hôpitaux, pour les écoles, pour la justice, pour le logement, etc. ?

    D'un point de vue théorique, ceux qui s'interrogent ont raison, et l'engagement politique, justement, à mon sens, se résume à faire des priorités budgétaires, des choix de financer tels projets plutôt que tels autres. Mais avec ce raisonnement, on ne ferait plus rien tant que demeureraient la misère humaine, la pauvreté, etc. Or, on sait bien aussi que des projets fous, qu'on penserait même issus de caprices de dirigeants, ont fait beaucoup pour l'humanité, pour les nouvelles technologies, etc. L'exemple le plus démonstratif est sans doute l'homme qui a marché sur la Lune, totalement inutile d'un point de vue scientifique pour l'objectif, mais tellement utile pour la méthode et les moyens avec de nombreuses retombées technologiques (sur l'isolation thermique par exemple). Et puis, il y a aussi un facteur difficilement quantifiable, le facteur d'émotion ou de psychologie : probablement que la victoire lunaire des Américains a contribué, ce n'est pas la seule cause bien sûr, à l'échec définitif du communisme et de l'Union Soviétique.

    Alors, faire de ces Jeux olympiques et paralympiques la devanture d'une France qui gagne, qui trouve des solutions technologiques à des problèmes qui n'ont jamais été résolus depuis des dizaines d'années, rendre la France et les Français fiers de leur pays, leur redonner confiance (malgré la pagaille parlementaire ou justement à cause de la pagaille parlementaire), une France qui donne de l'émotion, ce ne sera jamais inutile et cela peut aussi engager les investisseurs, aujourd'hui dans l'expectative depuis la dissolution et les élections législatives, à continuer à faire confiance à la France, à s'y installer et à y créer encore plus d'emplois (pour le bien des Français, et de leurs budgets publics).

     

     
     


    Les seconds types de commentaires sur lesquels je veux aussi m'arrêter, c'est évidemment l'humour. Et les réseaux sociaux sont très généreux avec l'humour. Beaucoup d'internautes proposent ainsi des photographies de la ministre avant et après son bain, bien sûr, le "après" montre une sorte de monstre avec plein de bouton, c'est selon les trouvailles des uns et des autres. Il y a aussi des jeux de mots sympathiques, comme celui-ci : « Elle est ressortie avec tellement de bactéries que Macron l'a nommée Ministre des Spores. ».
     

     
     


    Ou quelques moqueries sur la ministre elle-même (si elles sont bon enfant, pourquoi pas ?) : « On annonce son passage à Rouen, en direction du Havre... ».
     

     
     


    Et la palme, à mon avis, pour cette mise en situation, revient au conseil de cabinet à Matignon, avec Gabriel Attal qui dit : « Je vous propose de reprendre cette réunion un peu plus tard, le temps de trouver d'où vient cette odeur de vase et de rat crevé. » !
     

     
     



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pas d'Éducation nationale pour AOC.
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.












    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-oudea-castera.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/amelie-oudea-castera-se-baigne-255831

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/13/article-sr-20240713-oudea-castera.html







     

  • La nuit de Célya

    Tristesse infinie. Petite pitchounette meurtrie. Dont on a ôté la vie.


     

     
     


    Les téléspectateurs de ce vendredi 12 juillet 2024, dans la soirée, ont pu apprendre la nouvelle : une alerte enlèvement. Le nom de l'enfant disparu, Célya, son âge, 6 ans, ses vêtements, les lieux où elle pourrait être, etc. Et une photo. Rien n'est inutile pour retrouver un enfant. On sait bien que c'est aux premières heures qu'on peut retrouver un enfant et plus le temps s'allonge, plus la probabilité des retrouvailles s'écroule.

    Dans une sorte d'insensé espoir, on se dit que c'est une erreur, l'enfant s'est perdue, on va vite la retrouver et on en sera pour une bonne peur, qu'on racontera plus tard, comme souvenir d'un été particulièrement stressant. Peut-être en rigolant. Et puis l'optimisme s'écroule, s'effondre, lorsqu'on lit un macabre communiqué, comme un couperet de guillotine, cette nuit, du parquet de Rouen : « Le corps sans vie de Célya a été retrouvé. ».

    Des dizaines, peut-être des centaines de personnes ont communié à cette disparition, ont aidé, ont cherché à s'informer, à avoir des nouvelles de la petite, se sont mis à la place de sa mère, se sont inquiétés pour elle. Incontestablement, même si c'est très anecdotique, il y a encore des pistes de progression pour le Ministère de la Justice dans la communication avec le grand public. Sans ménagement. Sans ambages, on apprend que le pire est arrivé. Effondrement infini.

    Un peu plus tard, on apprend que l'alerte enlèvement a été très utile, et il faut s'en féliciter car la procédure est maintenant bien rodée et peut sauver des vies. Hélas, ici, cela n'a pas suffi. Un témoin a pu informer la police qu'il avait vu le véhicule du beau-père de Célya.
     

     
     


    C'est à partir de cette information que la brigade des recherches de la gendarmerie nationale d'Yvetot, en Seine-Maritime, a pu faire des investigations dans les environs et a trouvé le corps sans vie de Célya dans un bois, pas loin du véhicule. Le propriétaire du véhicule et auteur présumé du meurtre de la petite fille de 6 ans est encore en fuite et peut d'ailleurs être dangereux (des conseils de prudence et de vigilance sont donnés).

    Dans le communiqué du procureur de la République de Rouen publié au milieu de la nuit (lire en fin d'article), il est précisé que la mère de Célya a d'abord été victime de coups de son compagnon et a été hospitalisée, sans que ses jours, heureusement, ne soient en danger. Enfin, c'est une façon de parler, car lorsqu'elle s'apercevra de la situation, sa vie sera foutue, elle aura une blessure indélébile, incicatrisable, le monde s'est écroulé pour elle. Perdre un enfant. Toujours innocent. Insurmontable.

    Beaucoup de réactions affluent, en particulier sur Twitter, même des politiques, dont le député FI Carlos Martens Bilongo. Soit les internautes s'adressent à l'enfant pour lui souhaiter la paix, un monde doux dans le ciel, soit ils pensent à la famille, à sa mère (qui est hospitalisée). Compassion. Certains se demandent si la mort remonte à avant ou après l'alerte enlèvement, d'autres évoquent la peine de mort, se lâchent même sur leur propre idéologie qui y voit matière à récupération politique, mais heureusement, ils sont très peu nombreux. Face à l'amour d'une vie, au départ d'un enfant, la décence reste relativement bien partagée. Quelques-uns enfin ont publié la photographie du suspect, le compagnon de la mère, comme pour inciter au lynchage, alors qu'il faut rappeler que la sanction doit être prononcée par la justice et tant qu'un suspect n'est pas jugé, il est présumé innocent. Je sais, c'est dur de l'écrire, mais qui est-on pour condamner alors qu'on ne connaît rien de rien ?

    Entre les statistiques des homicides volontaires et la photo de la petite Célya, entre les arguments nauséeux de gros bourrins qui se nourrissent, comme des vampires, des victimes, et l'innocence de cette âme assassinée, il y a effectivement un immense fossé. La violence, celle de la maison d'à-côté, la guerre, lointaine ou proche, dans les cœurs, les arguments de force, de brutalité, hélas, font partie inhérente de cette humanité qui peut le meilleur et le pire, et parfois en même temps.


    Est-ce un féminicide d'avoir voulu assassiner sa mère, d'avoir assassiné sa belle-fillette ? On pourrait aussi appeler un célyacide, tellement chaque victime, chaque meurtre est une histoire entière, spécifique, singulière et doit prendre un nom différent. Quelles qu'en soient ses raisons, ou ses déraisons, l'auteur de cette horreur définitive, suprême, de prendre la vie d'un enfant a nécessairement tort, mérite jugement, condamnation et châtiment. Mais de grâce, nous, hommes et femmes libres et éclairés de la société des Lumières, endeuillés, enlarmés par cette tragique, par les autres et par les suivantes hélas, restons humains et n'imitons pas les bourreaux. Ce serait assassiner une seconde fois l'enfance.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (13 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-celya.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-nuit-de-celya-255815

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