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france - Page 18

  • Législatives 2024 (47) : le dur accouchement du gouvernement Barnier

    « Donc de l'humilité, une forme olympique et puis aussi de la détermination, celle qu'il faut pour que cette nouvelle page qui commence, cette époque, cette période, soit une période utile pour les Français et pour la France. J'aurai l'occasion dans quelques jours, dans quelques semaines à peine devant le Parlement de dire les grandes priorités législatives et les propositions au nom du nouveau gouvernement. Il s'agira de répondre autant que nous le pourrons aux défis, aux colères (…), aux souffrances, aux sentiments d'abandon, d'injustice qui traverse beaucoup trop nos villes, nos quartiers et nos campagnes. » (Michel Barnier, le 5 septembre 2024 à Matignon).




     

     
     


    Il n'y a plus de gouvernement français depuis plus de deux mois, le dernier a démissionné officiellement le 16 juillet 2024. Michel Barnier, nommé Premier Ministre le 5 septembre 2024, n'a toujours pas formé son gouvernement après deux semaines de consultations, réflexions, concertations, suppositions... C'est dit : le jeudi 19 septembre 2024 sera son dernier jour de consultations, qu'on se le dise ! L'objectif de nommer le nouveau gouvernement avant dimanche soir semble encore tenir. Il y a urgence : le budget à préparer, le discours de politique générale à prononcer devant les députés, et d'abord, la session parlementaire ordinaire qui commence le mardi 1er octobre 2024. L'examen du projet de loi de finances doit durer au moins 70 jours... et le projet de loi de finances doit être définitivement adopté avant le 31 décembre 2024.

    Alors, qu'est-ce qui cloche ? Tout ! Selon la recommandation du Président de la République, Michel Barnier doit composer son gouvernement dans un large éventail républicain, celui du front républicain : le camp présidentiel, LR, bien sûr, mais aussi des personnalités de gauche, en particulier du parti socialiste.

    Mais c'est apparemment mission impossible. De nombreux socialistes ont été contactés par Matignon et pressentis pour être nommés au gouvernement et ont tous déclinés. Bernard Cazeneuve, prévu à Matignon : non ! Stéphane Le Foll, maire du Mans, proche de François Hollande : non ! Philippe Brun, député socialiste opposé à la ligne mélenchonienne d'Olivier Faure, pressenti au budget : non ! Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen, pressenti aussi à Matignon : non ! Jérôme Guedj, député socialiste élu en rejetant l'étiquette mélenchonique de la nouvelle farce populaire (NFP) : non ! Carole Delga, l'entreprenante présidente du conseil régional d'Occitanie (la mieux élue des régionales de 2021) : toujours non !

    La seule maigre hypothèse qui pourrait être acceptée, ce serait la nomination du socialiste grenoblois Didier Migaud comme garde des sceaux. Ancien Premier Président de la Cour des Comptes, ancien député socialiste de l'Isère, il préside aujourd'hui, depuis quatre ans (depuis le 31 janvier 2020), la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique (HATVP), ce qui pourrait être un gage d'intégrité. Toutefois, politiquement, Didier Migaud a quitté les sphères socialistes depuis 2010, depuis une quinzaine d'années !

    Ma recommandation pour avoir une personnalité socialiste au gouvernement, c'est de le proposer à Ségolène Royal qui, j'en suis sûr, l'accepterait ! (Ne pas demander à Manuel Valls, il l'accepterait aussi volontiers mais cela fait longtemps qu'il ne représente plus les socialistes). On a même prêté à Michel Barnier l'intention de proposer à Fabien Roussel, secrétaire national du PCF (invité le 17 septembre 2024 à Matignon), une place au gouvernement, mais cela se saurait (ne serait-ce que par l'intéressé). Il ne faut pas oublier que pour un membre du NFP, une proposition d'entrer au gouvernement le rend ministrable dans sa propre coalition, puisque, refusant de succomber à la tentation, il en devient beaucoup plus fort politiquement. Mais encore faut-il que le NFP arrive alors au pouvoir prochainement !...

    On revient avec les ministères aux mêmes conséquences contre-productives qu'avec Matignon : en refusant de participer à un gouvernement de salut national, le PS refuse par là même d'influer sur le cours de la politique de la nation et laisse le champ libre à la seule droite. Ce refus politicien de gouverner a bien sûr des conséquences politiques.

    Michel Barnier, membre de LR, a donc fait des esquisses de composition de gouvernement avec surtout des membres de LR. En particulier, selon les dernières rumeurs : Bruno Retailleau à l'Intérieur, Laurent Wauquiez (qui refusait toute participation LR à un gouvernement il y a moins d'un mois) à l'Économie et aux Finances, Annie Genevard à l'Agriculture (auparavant pressentie à l'Éducation nationale)... et probablement que c'était dans cette projection qu'un désaccord a eu lieu entre l'Élysée et Matignon. L'Élysée ne se voyait pas attribuer en même temps Matignon, Place Beauvau et Bercy à LR qui ne représente que 47 députés sur 577. Du reste, cette semaine, Gabriel Attal et Gérald Darmanin ont fait aussi dissonance en rappelant que le groupe Renaissance (Ensemble pour la République) sera le plus important de la coalition constitutive du gouvernement.

    Gérald Darmanin souhaitait rester au gouvernement (au service de l'État) et j'imagine que c'est aussi le souhait de l'Élysée afin qui ne soit pas tenté de vouloir conquérir le parti présidentiel (Renaissance). Son objectif serait le Quai d'Orsay, libéré par la nomination de Stéphane Séjourné à la Commission Européenne. Michel Barnier aurait proposé à l'ancienne Première Ministre Élisabeth Borne le Ministère des Armées, tandis que Sébastien Lecornu, chouchou du Président, devrait rester au gouvernement, ainsi que Catherine Vautrin et Rachida Dati, ces deux dernières ministres démissionnaires étaient membres du gouvernement seulement depuis janvier dernier.

    Par ailleurs, Michel Barnier aurait également proposé un ministère à l'incorruptible centriste Charles de Courson, bombardé rapporteur général du budget à l'Assemblée Nationale grâce à la gauche. Ce dernier a refusé, alors qu'il s'est rendu le 17 septembre 2024 à Matignon avec le président FI de la commission des finances Éric Coquerel pour y obtenir les documents budgétaires (et contrairement à ce qu'ils ont affirmé, ils les auraient obtenus).

     

     
     


    Au-delà du choix des personnes, toujours arbitraire, il y a bien sûr le choix de la politique à conduire, et le débat s'est focalisé sur l'importance de réduire le déficit public (en gros, 20 milliards d'euros à réduire chaque année, pendant cinq ans, soit 100 milliards d'euros), sur la manière de le réduire, soit réduction des dépenses publiques, soit augmentation des impôts, et probablement les deux. La perspective d'une hausse des impôts a fait frémir de nombreux partis politiques, en particulier dans la propre majorité de Michel Barnier, Gabriel Attal et Gérald Darmanin affirmant qu'il s'agissait là d'une ligne rouge à ne pas franchir. Un gouvernement Barnier censuré par son principal soutien, ce serait cocasse !

    Pour Michel Barnier, c'est donc un véritable casse-tête. Il aurait tenu tête à Emmanuel Macron ce mercredi 18 septembre 2024 et sa démission aurait été évoquée, tout cela au conditionnel, mais c'est très crédible puisque Michel Barnier, l'air de rien, avait tenu tête au tonitruant Boris Johnson lors des interminables négociations du Brexit. Michel Barnier, à 73 ans, n'a pas grand-chose à perdre et peut ainsi peser de tout son poids politique et personnel.

     

     
     


    Et ce poids est fort... surtout depuis la publication, le 17 septembre 2024, du sondage réalisé par l'IFOP-Fiducial pour "Paris Match" et Sud Radio (un échantillon de 1 003 personnes représentatives, interrogées du 12 au 14 septembre 2024), un classique baromètre de popularité politique. À la question "Avez-vous une bonne ou une mauvaise opinion de cette personnalité ?", Michel Barnier arrive... à la première place avec 57% de bonnes opinions ! Devant Édouard Philippe (55%), Gabriel Attal (54%), Jean Castex (54%) et Rachida Dati (48%). J'écris "bonnes opinions" pour simplifier mais il faut comprendre le total des "bonnes" et des "très bonnes" opinions exprimées par les personnes sondées.

    Il faut évoquer un petit peu ce sondage assez étonnant. En gros, la plupart des personnalités politiques, même des "has been", ont fait un bond de 5 à 10 points de bonnes opinions, même des personnalités de gauche. Gabriel Attal a fait un bon de 8 points, Bernard Cazeneuve de 10 points, même François Hollande a fait un bond de 8 points ! Bruno Le Maire aussi de 10 points, François Bayrou de 9 points, etc.
     

     
     


    Parmi les nouveaux venus de ce tableau de bord, Michel Barnier (qui arrive dès le premier mois à la première place, cela avait été la même chose avec Nicolas Hulot il y a quelque temps), Jean Castex (très étrange bon score, sans doute en raison des Jeux olympiques et paralympiques qui se sont bien déroulés pour la RATP qu'il préside), et aussi Lucie Castets qui arrive avec déjà 39% de bonnes opinions, ce qui est déjà pas mal, ce qui est supérieur à Olivier Faure (38%), Raphaël Glucksmann (37%), Marine Tondelier (35%), Sandrine Rousseau (35%), Manuel Bompard (31%), Jean-Luc Mélenchon (30%), etc.
     

     
     


    Avec la 23e place, Lucie Castets devrait d'ailleurs être contente d'exister et d'être devant son ancienne patronne, Anne Hidalgo à la 37e place (33%) et surtout Emmanuel Macron à la 44e place (31%). Quant à Jean-Luc Mélenchon, à la 46e place, il est la personnalité qui recueille le plus de "très mauvaises opinions" (40%) ex aequo avec Éric Zemmour, devant Marine Le Pen (33%), Emmanuel Macron (33%), Marion Maréchal (29%) et Jordan Bardella (28%).

    Ce sondage ne donne pas grand-chose sur les prédictions d'une éventuelle élection présidentielle anticipée, mais permet au moins à Michel Barnier de peser politiquement dans la composition du gouvernement face au Président de la République car il jouit d'une relative popularité, celle d'un préjugé favorable face à l'inconnu. Ce sera aussi son assurance-vie à l'Assemblée Nationale, car les députés devront bien réfléchir avant de censurer un Premier Ministre populaire.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (47) : le dur accouchement du gouvernement Barnier.
    Législatives 2024 (46) : les socialistes entraînés dans la destitution...
    Gérard Larcher, protecteur des institutions.
    "À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !
    Législatives 2024 (45) : Michel Barnier, le choix de l'apaisement.
    Législatives 2024 (44) : l'introuvable Premier Ministre.
    Édouard Philippe massivement candidat.
    Législatives 2024 (43) : Haro sur le Beaudet !
    Législatives 2024 (42) : Bernard Cazeneuve et le retour à la case départ ?
    Législatives 2024 (41) : intérêt national et mode de scrutin.
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    Législatives 2024 (39) : Consultations et mains tendues !
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    François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
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    Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
    Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
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    Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
    Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
    Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
    Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
    Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
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    Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
    Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
    Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240918-barnier.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-47-le-dur-256831

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/18/article-sr-20240918-barnier.html



     

  • In the Moon for Love : l'éclipse partielle de la lune du 18 septembre 2024

    « Cette soirée banale avait le charme d'une première fois. » (David Foenkinos, 2020).


     

     
     


    Cette nuit du mardi 17 au mercredi 18 septembre 2024, une éclipse partielle de la Lune était visible partout sur la planète où il faisait nuit. La chance était aux Parisiens (entre autres) puisque la météo était parfaite : aucun nuage !

    Rappelons très rapidement ce qu'est une éclipse de la Lune. C'est un concours de circonstances, si l'on peut dire. L'alignement de la Lune, de la Terre et du Soleil. Une éclipse lunaire est lorsque la Terre se trouve entre la Lune et le Soleil. La Lune reflète le rayonnement du Soleil et la Terre peut lui faire écran. Une éclipse du Soleil, c'est le contraire, c'est lorsque la Lune est entre le Soleil et la Terre et cache une partie voire tout le Soleil. Une éclipse lunaire se voit donc en pleine nuit au cours d'une Pleine Lune tandis qu'une éclipse solaire se voit en plein jour au cours d'une Nouvelle Lune. Notons que s'il faut des lunettes spéciales pour regarder une éclipse solaire (des filtres aluminium pour ne pas s'abîmer les rétines), ce n'est bien sûr pas nécessaire pour une éclipse lunaire.

    En fait, c'est un petit plus compliqué qu'un simple alignement car nous sommes en trois dimensions et le plan orbital de la Terre est à un angle d'environ 5° avec le plan orbital de la Lune (les trois astres ne sont pas dans le même plan). L'alignement des trois astres est donc un événement plutôt rare (pour une éclipse lunaire, environ deux fois par an, voir plus loin).

    De plus, il y a deux sortes d'obscurité, l'ombre que fait la Terre sur la Lune, dans le cône duquel aucun rayon du Soleil ne peut passer, et la pénombre, entre ombre et lumière, où l'obscurité est partielle. On voit dans le schéma proposé par le site pleine-lune.org les deux régions où la Lune se retrouve respectivement dans l'ombre et dans la pénombre. L'éclipse lunaire du 18 septembre 2024 n'est pas une éclipse totale, c'est-à-dire que la Lune ne passe pas entièrement dans le cône d'ombre. On dit alors que c'est une éclipse partielle.
     

     
     


    En fait, c'était presque décevant, car la Lune a juste frôlé le cône d'ombre, en y passant un peu mais très légèrement. Le reste était en pénombre. Les heures à Paris étaient les suivantes (en heure de Paris) : 02h41 entrée dans la pénombre ; 04h13 entrée dans l'ombre ; 04h44 maximum ; 06h16 sortie de l'ombre ; 06h47 sortie de la pénombre. Parfois, lorsque la Lune est dans l'ombre, elle peut montrer (selon la météo et les poussières) une teinte rougeâtre (que je n'ai pas vue de mon point de vue).
     

     
     


    Malheureusement, je ne disposais pas d'un appareil photo très perfectionné et non plus d'un trépied. Néanmoins, j'ai pu capter quelques images intéressantes. L'heure indiquée est approximative (à une ou deux minutes près). Inutile de dire que c'est l'excitation de l'observation qui m'a motivé à passer une grande partie de la nuit à fixer les leds de mon réveil pour regarder le ciel aux bons moments, au risque de me rendormir. Je l'ai déjà fait plusieurs autres fois et il y a toujours un petit côté je-campe-chez-moi assez amusant (un remue-ménage nocturne qui reste en tout état de cause complètement incompréhensible pour les chats).

    Entrée dans la pénombre :
     

     
     
     
     




    Entrée dans l'ombre :
     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     



    Sortie de l'ombre :
     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     




    Sortie de la pénombre :
     

     
     



    Enfin, coucher de la Lune alors que le jour allait se lever :
     

     
     
     
     



    Le site déjà cité a répertorié les différentes prochaines éclipses de Lune en indiquant dans le tableau si elles seront visibles depuis Paris et si elles seront totales, partielles ou seulement pénombrales. Les prochaines éclipses lunaires auront lieu le 14 mars 2025 dans la matinée et le 7 septembre 2025 dans la soirée, et elles seront totales.

     
     


    Pour terminer, je propose une vidéo du site américain d'astronomie Time and Date qui a diffusé en direct l'éclipse lunaire de ce jour pour ceux qui n'auraient pas pu la voir eux-mêmes (à cause du temps, à cause du sommeil, à cause de leur situation géographique, etc.).


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    In the Moon for Love : l'éclipse partielle de la lune du 18 septembre 2024.
    2e rentrée scolaire contre les papillomavirus humains.
    Variole du singe (mpox) : "ils" nous refont le coup ?
    Covid : attention au flirt !
    Papillomavirus humains, cancers et prévention.
    Publications sur le papillomavirus, le cancer du col de l'utérus et l'effet de la vaccination anti-HPV (à télécharger).
    Émission "Le Téléphone Sonne" sur la vaccination contre les papillomavirus, sur France Inter le 3 mars 2023 (à télécharger).
    Le cancer sans tabou.
    Qu'est-ce qu'un AVC ?
    Lulu la Pilule.
    La victoire des impressionnistes.
    Science et beauté : des aurores boréales en France !
    Le Tunnel sous la Manche.
    Peter Higgs.
    Georges Charpak.
    Gustave Eiffel.
    Prix Nobel de Chimie 2023 : la boîte quantique ...et encore la France !
    Katalin Kariko et Drew Weissman Prix Nobel de Médecine 2023 : le vaccin à ARN messager récompensé !
    Covid : la contre-offensive du variant Eris.
    Hubert Reeves.
    Prix Nobel de Physique 2023 : les lasers ultrarapides, la physique attoseconde... et la France récompensée !
    Des essais cliniques sauvages ?
    John Wheeler.
    La Science, la Recherche et le Doute.
    L'espoir nouveau de guérir du sida...
    Louis Pasteur.
    Howard Carter.
    Alain Aspect.
    Svante Pääbo.
    Frank Drake.
    Roland Omnès.
    Marie Curie.






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240918-eclipse-lunaire.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/in-the-moon-for-love-l-eclipse-256829

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/18/article-sr-20240918-eclipse-lunaire.html



     

  • Législatives 2024 (46) : les socialistes entraînés dans la destitution...

    « Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. » (Article 68 alinéa 1 de la Constitution du 4 octobre 1958).



     

     
     


    Ce mardi 17 septembre 2024 à 9 heures 30, le bureau de l'Assemblée Nationale s'est réuni dans les salons de la Présidence de l'Assemblée Nationale, à l'Hôtel de Lassay, pour sept points, et c'est le sixième point qui est le plus important : « 6. Examen de la recevabilité de la proposition de résolution présentée par Mme Mathilde Panot et plusieurs de ses collègues, visant à réunir le Parlement en Haute Cour en application de l’article 68 de la Constitution et de la loi organique n° 2014-1392 du 24 novembre 2014 ». Il s'agit de la procédure de destitution du Président de la République selon l'article 68 de la Constitution. Je l'avais déjà évoquée il y a un mois. Le bureau a adopté la recevabilité de la motion de destitution déposée par le groupe FI et l'a transférée à la commission des lois pour son examen.

    En effet, ce n'est pas une surprise puisque Jean-Luc Mélenchon avait annoncé dès le 17 août 2024 dans "La Tribune Dimanche" qu'il comptait engager cette procédure si Emmanuel Macron ne nommait pas Lucie Castets à Matignon. Un chantage qui ne se révéla pas vraiment efficace puisque deux semaines plus tard, Michel Barnier a succédé à Gabriel Attal. Du coup, les insoumis ont donc fait ce qu'ils avait dit, tenter la procédure en sachant pertinemment qu'elle n'aboutirait pas puisqu'il faut notamment l'accord des sénateurs (où la gauche est ultraminoritaire) et ensuite le vote du Parlement en Congrès avec une majorité des deux tiers de ses membres, soit plus qu'une révision constitutionnelle qui ne nécessite qu'une majorité des trois cinquièmes.

     

     
     


    L'entreprise est donc vouée à l'échec, et pourtant, elle est engagée dans le seul but de faire du bruit, de la mousse médiatique, de perdre le temps précieux des parlementaires, et de renforcer les conflits au sein de la société française. C'est le but du gourou des insoumis qui veut détruire les institutions de la Cinquième République. Rappelons alors plusieurs choses.

    Et d'abord, rappelons que la démission ou la destitution du Président de la République ne débloquerait absolument pas la situation inextricable de l'Assemblée divisée en trois blocs de même taille, car le nouveau Président de la République, le cas échéant, ne pourrait pas plus dissoudre avant l'été 2025 qu'Emmanuel Macron. Un changement à l'Élysée ne réglerait donc aucun problème de cette XVIIe législature.
     

     
     


    La procédure de destitution est récente, elle a moins de dix ans ; elle a été mise en place par la loi organique n°2014-1392 du 24 novembre 2014, à la suite de la dernière révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 (voulue par Nicolas Sarkozy). Cette procédure était une sorte de toilettage de modernité de la procédure de haute trahison. L'idée était double : d'une part, si le Président de la République n'était plus en capacité physique ou mentale d'exercer ses fonctions et qu'il n'en avait plus la lucidité, les parlementaires pourraient trouver une porte de sortie ; d'autre part, si le Président de la République faisait n'importe quoi (exemple de Paul Deschanel qui descendait du train en pyjama), ou agissait contre l'intérêt national, par exemple en complotant avec un ennemi de la France, alors les parlementaires pourraient l'exclure du pouvoir.

    Cette nouvelle procédure permet donc de résoudre surtout les problèmes de santé qui se sont posés avec des Présidents malades ou âgés après la triple expérience de Georges Pompidou, François Mitterrand et Jacques Chirac, puisque les cas de haute trahison sont ultrarares dans l'histoire de France (sur le dernier siècle, on ne compte que Philippe Pétain, mais cette procédure, si elle avait existé, n'aurait servi à rien puisque la grande majorité des parlementaires, issue des élections du (vrai) Front populaire de 1936, ont voté les pleins pouvoirs à Pétain).

    Les mélenchonistes ont choisi de guerroyer pour transformer cette procédure en outil politicien. Double : un outil médiatique (faire du bruit autour de la destitution), et un outil institutionnel. Si même le RN est réticent devant cette procédure, c'est bien parce qu'il y a un grave risque de transformation de cette procédure en manipulations politiciennes. Du reste, les insoumis ne sont pas les premiers à tenter de l'utiliser politiquement puisque les parlementaires LR avaient tenté, en 2016, sans succès heureusement, de destituer François Hollande après la publication du livre "Un Président ne devrait pas dire ça" (de Fabrice Lhomme et Gérard Davet) qui lui valut l'impossibilité politique de se représenter à l'élection présidentielle.

    Le risque de transformation institutionnel, c'est de remettre en permanence la légitimité politique du Président de la République. Or, celle-ci provient du peuple français, seul souverain dans son vote, libre, secret et sincère. Pour rappel, Emmanuel Macron a été élu en 2017 par 66% des Français et réélu en 2022 par 59% des Français. L'oublier serait une grave erreur : malgré son échec électoral (réel) après la dissolution, Emmanuel Macron reste totalement légitime car réélu pour cinq ans et son mandat se termine en mai 2027 et il entend aller jusqu'au bout, quoi qu'il advienne, il en a le droit constitutionnel. Malgré leur échec électoral, François Mitterrand (en 1986 et 1993) et Jacques Chirac (1997) ont gardé toute leur légitimité à finir leur mandat.

    Vouloir s'embarquer dans cette procédure de destitution, sans motivation institutionnelle (« cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat »), c'est accepter le principe que voudraient imposer les mélenchonistes, celui du mandat révocable : ce qui serait une aberration politique. Les mandats sont déjà trop courts pour faire quelque chose dans la durée, vouloir permettre leur révocation ferait que les élus ne feraient plus rien, ou pire, ne feraient plus que de la démagogie. Le contraire du courage et de la vision dans l'engagement.

     

     
     


    Ce qui est donc absolument stupide, c'est de confondre des considérations institutionnelles et des considérations politiciennes. Ces dernières, en l'occurrence, signifieraient qu'il y a un désaccord dans l'interprétation des résultats des élections législatives de 2024 et leurs conséquences. Pour Jean-Luc Mélenchon, la nouvelle farce populaire (NFP) aurait gagné les élections et devrait gouverner, ce qui est totalement en opposition avec l'arithmétique parlementaire : cette coalition n'a qu'un tiers des sièges et ne peut pas gouverner sans s'élargir vers le centre. Mais les mélenchonistes ont toujours refusé cet élargissement. Emmanuel Macron a donc eu raison de rejeter l'option NFP puisqu'elle n'aboutirait pas à un gouvernement viable, car rejeté par les deux tiers de l'Assemblée.

    Au contraire, l'attitude prudente du Président de la République a été salutaire, car peu de responsables politiques auraient su quoi faire le soir du 7 juillet 2024 avec de pareilles responsabilités ! Emmanuel Macron a tenté le centre gauche avec Bernard Cazeneuve : le rejet incompréhensible des socialistes, quoi qu'ils en disent, l'a obligé à se tourner vers le centre droit avec Michel Barnier. Sur la nomination du nouveau Premier Ministre, Emmanuel Macron est peu critiquable sur le plan politique et absolument irréprochable sur le plan constitutionnel, même si chacun a ses préférences (et on peut les citer puisque des dizaines de candidats plus ou moins volontaires s'étaient fait connaître pour Matignon). Vouloir destituer Emmanuel Macron parce que sa chouchou inconnue n'a pas nommée relève du caprice d'enfant gâté (très gâté si l'on en croit son patrimoine).

    Dans cette folie mélenchonesque, qui est ce qu'elle est et on n'est pas étonné par l'excessif débordement du gourou, ce qui est le plus condamnable, c'est que les insoumis ne comptent que 72 députés sur 577 mais ils agissent avec une force de frappe de 193 députés parce que leurs partenaires sont de véritables larbins du gourou pour des raisons compréhensibles uniquement par cynisme : avoir le plus de sièges possibles, et donc, le plus d'argent possible (car un siège rapporte de l'argent public chaque année au parti).


    Rappelons un point de procédure : pour pouvoir débattre en séance publique de la motion de destitution, il faut l'adoption par la commission des lois, mais auparavant, l'accord sur la recevabilité de l'initiative par le bureau de l'Assemblée Nationale. C'est là où l'absence, en pleine nuit, celle du 19 au 20 juillet 2024, d'un certain nombre de députés macronistes a été désastreux car cela a fait basculer l'avantage numérique au NFP pour l'élection des douze secrétaires de l'Assemblée. Aujourd'hui (et pour un an), le bureau de l'Assemblée compte douze députés NFP sur vingt-deux, soit une majorité absolue, mais il y a trois députés PS dans le bureau, si bien que si ces trois députés refusaient de déclarer recevable la demande de destitution, les mélenchonistes n'auraient plus que neuf voix sur vingt-deux. Dans ce dossier, le PS a donc une position cruciale.

    La posture du parti socialiste est à cet égard instructive, d'autant plus condamnable que cruciale. J'avais cru depuis 1981 qu'il était un parti de gouvernement. Je constate que depuis 2022, il est un parti de rebelles pas plus éduqués que les insoumis. Olivier Faure a déjà mené le PS à 1,7% à l'élection présidentielle ; jusqu'où descendra-t-il en 2027 ? Peut-on avoir un pourcentage négatif ?!

    Le grand écart adopté le lundi 16 septembre 2024 par le groupe des députés PS est incroyable d'hypocrisie. En effet, le communiqué explique : « Le bureau de l'Assemblée Nationale ne doit pas se voir confier un rôle de juge de l'opportunité politique de cette initiative. Cette résolution étant signée par plus d'un dixième des membres de l'Assemblée et motivée, nos représentants au bureau de l'Assemblée Nationale voteront en faveur de sa recevabilité. ».


    Donc, les socialistes ne vont pas empêcher que les parlementaires perdent leur temps dans un débat qui n'a pas lieu d'être. Ce communiqué est particulièrement fumeux puisque si ! le bureau de l'Assemblée doit effectivement juger, pour sa recevabilité, si cette motion de destitution correspond bien aux faits reprochés en rapport au manquement évoqué dans la Constitution. Les socialistes sont tellement anesthésié ou peureux de la colère du grand maître insoumis qu'ils n'osent plus avoir leur propre libre arbitre. C'est grave et cela remet en cause le principe fondamental de notre démocratie parlementaire, celui de la décision libre en conscience de chaque député (rappelons que le mandat impératif est anticonstitutionnel).

    Mais c'est le grand écart puisque les députés socialistes n'attendent pas de connaître les arguments avancés dans l'éventuel futur débat pour avoir déjà leur conclusion : « Nous sommes résolument opposés à cette procédure de destitution héritière de la procédure d'exception pour "haute trahison". Les députés socialistes et apparentés ne sont pas à l'initiative de cette procédure, n'en sont pas signataires et s'opposeront unanimement à cette proposition de destitution lors de son examen en commission des lois puis en séance publique. ». En gros, très courageusement, en traduisant : cette procédure, nous la permettons car nous avons peur de l'ogre Mélenchon et ses sbires, mais c'est pas nous, c'est eux !
     

     
     


    N'osant pas donner les vrais arguments à leur refus sur le fond (cette destitution n'a pas lieu d'être car il n'y a pas de manquement constitutionnel), afin de garder la face devant le camarade Mélenchon, les députés donnent de piètres arguments pour rassurer sur leur antimacronisme chronique : « Nous considérons en effet que cette procédure de destitution consistera essentiellement à remettre le Président de la République au centre du débat politique et à lui donner une légitimité nouvelle car cette procédure est, compte tenu des conditions à réunir, vouée à l'échec. Nous ne voulons donner aucune victoire à Emmanuel Macron. Le pouvoir n'est plus à l'Élysée, il est au Parlement. ». En gros, traduction : c'est parce que nous détestons Macron que nous sommes contre sa destitution. Comprenne qui pourra !

    Alors, pourquoi avoir accepté la recevabilité de cette motion, si ce n'est pas par masochisme promélenchonesque ? Certainement pas par intérêt national.

    D'ailleurs, les députés socialistes donnent un argument que j'ai évoqué plus haut, il y a mieux à faire au Parlement : « L'urgence est ailleurs. Les forces de gauche doivent se concentrer sur les batailles qui vont peser sur le quotidien des Françaises et des Français, sujets dont le nouveau front populaire s'est emparé pleinement. ». Visiblement, les socialistes sont stupides : ils ouvrent la porte à un débat qui leur fait perdre du temps et les disperse dans leurs objectifs. Pourquoi n'ont-ils pas immédiatement fermé la porte pour s'occuper vraiment des Français ? Ils sont les complices de Jean-Luc Mélenchon, y compris François Hollande élu en Corrèze uniquement grâce au soutien des insoumis, qui, eux, ne pensent pas à l'intérêt des Français mais à défoncer les institutions comme des délinquants qui foncent dans les barrages routiers.

     
     


    Donc, honte aux socialistes d'être les complices de cette destruction calculée et progressive de la démocratie française ! Les électeurs n'auront pas la mémoire courte à ce sujet. Remettre en cause la légitimité du Président de la République, c'est grave, c'est remettre en cause toutes nos institutions, notre bien commun, et c'est particulièrement étonnant de la part d'un vieillard pervers pourtant obsédé par la seule élection présidentielle. Destituons plutôt son parti, considéré comme une menace pour notre démocratie par 71% des sondés !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (17 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (46) : les socialistes entraînés dans la destitution...
    Gérard Larcher, protecteur des institutions.
    "À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !
    Législatives 2024 (45) : Michel Barnier, le choix de l'apaisement.
    Législatives 2024 (44) : l'introuvable Premier Ministre.
    Édouard Philippe massivement candidat.
    Législatives 2024 (43) : Haro sur le Beaudet !
    Législatives 2024 (42) : Bernard Cazeneuve et le retour à la case départ ?
    Législatives 2024 (41) : intérêt national et mode de scrutin.
    Législatives 2024 (40) : Patrick Cohen a raison !
    Législatives 2024 (39) : Consultations et mains tendues !
    Législatives 2024 (38) : la coconstruction du Premier Ministre.
    Législatives 2024 (37) : stupide chantage à la destitution !
    Législatives 2024 (36) : Gérald Darmanin plaide pour un Premier Ministre non macroniste !
    François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
    Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
    Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
    Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
    Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
    Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
    Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
    Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
    Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
    Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
    Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
    Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
    Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
    Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
    Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
    Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240917-destitution.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-46-les-256818

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/17/article-sr-20240917-destitution.html




     

  • Gérard Larcher, protecteur des institutions

    « Vous me connaissez : vous savez que j’ai la République chevillée au corps. Tranquillement, sereinement, et avec détermination, je resterai fidèle à ce que je suis : attaché aux institutions, au rôle du Parlement, à la séparation des pouvoirs, à l’indispensable bicamérisme. Sur chacun de ces points, je ne serai pas simplement intransigeant : je serai extrêmement exigeant ; attaché, aussi, aux valeurs qui ont motivé mon engagement politique et mon engagement social. » (Gérard Larcher, le 1er octobre 2020 au Sénat).




     

     
     


    Le Président du Sénat Gérard Larcher fête son 75e anniversaire ce samedi 14 septembre 2024. Élu pour la première fois à la Présidence du Sénat le 1er octobre 2008, et après une interruption entre octobre 2011 et octobre 2014 où il a dû céder la place au socialiste Jean-Pierre Bel (le Sénat était alors de gauche), il entame depuis sa réélection d'octobre 2023 son cinquième mandat de trois ans. À ce titre, il commence à faire partie des Présidents du Sénat les plus longs tant de la Cinquième République que de toutes les républiques, même s'il a encore de la marge pour atteindre les premiers deux records.

    Le premier, c'est celui du centriste Alain Poher au Plateau pendant vingt-quatre ans (huit mandats entre octobre 1968 et octobre 1992), et le deuxième, mais enjambant les deux dernières républiques, le radical Gaston Monnerville, vingt et un ans (entre mars 1947 et octobre 1968). Cette fonction correspondant au deuxième personnage de l'État, devant le Premier Ministre et le Président de l'Assemblée Nationale (en l'occurrence, depuis 2022, la Présidente de l'Assemblée), et a en quelque sorte le rôle du Vice-Président puisqu'il assure l'intérim présidentiel en cas de vacance de la Présidence de la République (cela s'est produit deux fois, en 1969 et en 1974, et a failli se produire une fois encore en 1994). C'est aussi le modèle américain, mais à l'envers, le Vice-Président est élu en même temps que le Président et a pour rôle de présider le Sénat. De Gaulle l'avait regretté lorsqu'on a rédigé la Constitution de la Cinquième République et voulait donner au Premier Ministre cette charge d'assurer l'intérim présidentiel, ce qui lui fut refusé car le Premier Ministre n'était "que" nommé par le Président et n'avait pas de légitimité personnelle directe dans notre démocratie représentative.

    Gaston Monnerville et Alain Poher face à De Gaulle, Alain Poher face à François Mitterrand, Gérard Larcher face à Emmanuel Macron... les Présidents du Sénat ont souvent été des opposants institutionnels au pouvoir exécutif, mais des opposants courtois, polis, posés, qui n'ont rien à voir avec des opposants débraillés, criards et vulgaires comme on a pu en voir depuis 2017 parmi les députés. Il ne faut pas d'ailleurs que le Président du Sénat soit un représentant trop partisan ni un présidentiable car sa personnalité pourrait effacer celle du Sénat. C'est d'ailleurs pour cette raison qui l'a emporté, à sa première élection, sur un ancien Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin. C'est aussi pour cette raison qu'il a toujours refusé Matignon sous Emmanuel Macron.

    La personnalité de Gérard Larcher se prête aux comportements consensuels et au fil de ses réélections, il a réussi à élargir sa base électorale, des sénateurs d'autres groupes que la majorité sénatoriale n'hésitant pas à voter pour lui car il représente bien les sénateurs. Quand j'écris qu'il représente bien les sénateurs, il ne faut pas croire que c'est par sa corpulence, au point même qu'il peut être victime de grossophobie parmi des enragés d'un antiparlementarisme anachronique et populiste. Il représente bien les sénateurs car il a réussi à incarner le Sénat dans sa diversité mais aussi dans son importance institutionnelle : au contraire de l'Assemblée tributaire des modes, des polémiques, des colères des électeurs, les sénateurs peuvent se permettre de prendre le temps de la réflexion, d'étudier beaucoup plus profondément des sujets alors que les députés seraient tentés de raisonner par idéologie ou consigne de partis. Des lois comme les premières lois de bioéthique ont été concoctées par des sénateurs, pas par des députés.

     

     
     


    Il ne faut pas s'y tromper : la bonhomie n'exclut pas la détermination et la fermeté. Gérard Larcher a pris tout son rôle depuis 2022 et l'absence de majorité à l'Assemblée, encore plus depuis 2024, pour faire le lien entre les acteurs et éviter les crises éventuelles (politiques ou institutionnelles). Il s'amuse à dire que les sénateurs ne disent jamais oui par consigne de parti ni non par idéologie. Ce qui les rend plus indépendants et libres que les députés. Il a du reste noué des liens solides avec la Présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet.

    Gérard Larcher a su formuler assez précisément sa doctrine sur le rôle du Sénat le 2 octobre 2017 lorsqu'il a été réélu pour la deuxième fois, contre-pouvoir mais pas anti-pouvoir, pas sans un coup de griffe à Emmanuel Macron qui venait d'être élu : « Le Sénat est, à mes yeux, le stabilisateur institutionnel indispensable à une démocratie apaisée. Il protège les citoyens des lois de pulsion votées dans la précipitation, sous la pression populaire ou médiatique du moment, des excès éventuels de l’exécutif influencé par la proximité d’élections nationales ou par sa chute dans des enquêtes d’opinion. C’est ce contre-pouvoir qu’incarne le Sénat. Un contre-pouvoir exigeant, qui n’est jamais un anti-pouvoir et qui sait s’opposer avec discernement, sans les excès des postures partisanes, qui n’ont jamais été dans sa nature. Notre ambition, ce doit être l’intérêt de la France. La force du Sénat est aussi de savoir résister aux artifices temporaires de communication ou aux effets de mode qui parfois caricaturent le passé, idéalisent le présent et feraient croire qu’on passe soit de "l’ombre à la lumière", soit de "l’ancien monde au nouveau monde" ! ».

     

     
     


    Jeudi 12 septembre 2024, c'était donc tout naturellement que Gérard Larcher a accueilli, aux côtés de Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, et Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l'Assemblée ("Droite républicaine"), le nouveau Premier Ministre Michel Barnier (issu du même parti), invité au dernier moment aux Journées parlementaires LR à Annecy. Cela semblait d'ailleurs être la foire aux ministères, laissant croire que LR avait gagné les élections législatives voire avait même obtenu la majorité absolue. Gérard Larcher, ancien Ministre du Travail sous Jacques Chirac, n'a jamais voulu diriger de gouvernement. Son truc, c'est le contre-poids du Sénat. Il est souvent présent dans les médias pour exprimer avec force le point de vue des sénateurs, dont le rôle essentiel est le lien des territoires avec les citoyens et le pouvoir central.

    Comme Michel Barnier, Gérard Larcher a de l'ancienneté dans la vie politique. Vétérinaire spécialiste des chevaux, il a eu son premier mandat en 1979. Maire de Rambouillet, sénateur depuis 1986, il n'hésite pas à chercher de nouveaux talents pour les encourager dans leurs engagements politiques. Sans nul doute que dans le moment trouble que nous connaissons depuis ces derniers mois, sa figure de stabilité et de référence comptera dans les prochaines semaines pour éviter la crise et le blocage. À 75 ans, il est encore aussi enthousiaste que lorsqu'il était le benjamin de la haute assemblée (à l'âge de 37 ans). Il aura du mal à s'y faire : dans deux ans, ce vieillard n'aura même plus le droit de lire Tintin !



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Gérard Larcher, protecteur des institutions.
    Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
    Gérard Larcher réélu en 2023.
    Gérard Larcher réélu en 2020.
    Gérard Larcher réélu en 2017.
    René Monory.
    Christian Poncelet.
    Jean-Pierre Bel.
    Alain Poher.
    Élections municipales de 2020.
    Élections sénatoriales du 24 septembre 2023.
    Élections sénatoriales du 27 septembre 2020.
    Élections sénatoriales du 24 septembre 2017.
    Élections sénatoriales du 28 septembre 2014.

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240914-gerard-larcher.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/gerard-larcher-protecteur-des-256622

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/12/article-sr-20240914-gerard-larcher.html


     

  • Maurice Jarre et sa musique sur le toit du monde

    « Éternel nomade, musicien des horizons lointains et des épopées, d’Occident et d’Orient, des fresques du passé et des ailleurs exotiques, et pourtant bien français, jamais en reste pour le musette et les flons-flons, tel était Maurice Jarre. Figure quasi-légendaire de la musique de film, collaborateur de Franju, Huston, Visconti, Schlöndorff, Hitchcock, Lean, sa musique avait la générosité, le souffle naturellement large et puissant des natures hors normes et toujours une présence immédiate et fascinante. On reste admiratif et quelque peu incrédule devant l’ampleur et la diversité de de ses compositions (au moins 250 partitions) comme devant les catalogues de certains compositeurs du XVIIIe. » (Stéphane Abdallah, le 30 septembre 2010 sur Underscores).



     

     
     


    Le célèbre musicien Maurice Jarre est né il y a 100 ans, le 13 septembre 1924. Atteint d'un cancer, il est mort à l'âge de 84 ans il y a un peu plus de quinze ans, le 28 mars 2009 à Malibu, aux États-Unis où il habitait depuis 1965 (il est enterré à Los Angeles).

    Compositeur de nombreuses musiques de film, il a d'abord débuté au Théâtre national populaire (TNP), recruté par Jean Vilar pour écrire des musiques accompagnant les pièces de théâtre pendant douze ans (entre 1951 et 1963). Il a aussi composé un peu plus tard plusieurs ballets dont "Notre-Dame de Paris" créé le 11 décembre 1965 à l'Opéra de Paris (dans une chorégraphie de Roland Petit, né quelques mois avant Maurice Jarre). Au tout début de sa vie professionnelle, Maurice Jarre avait aussi monté un duo avec un autre futur musicien célèbre, plus tard très écouté par le pouvoir politique, Pierre Boulez.

    Marié quatre fois (sa deuxième femme s'est remariée avec Michel Drucker, qui a fêté son 82e anniversaire ce jeudi), Maurice Jarre a notamment un fils qui a aussi sa réputation dans le monde de la musique, mais probablement un autre monde de la musique, celui du synthétiseur, Jean-Michel Jarre (qui vient d'avoir 76 ans il y a quelques semaines), célébré aux Jeux olympiques et paralympiques d'été Paris 2024.

    Maurice Jarre a utilisé ses talents pour plusieurs types de destination. Il a commencé dans l'univers du cinéma au milieu des années 1950, au même moment qu'il a composé la signature sonore de la station de radio Europe 1. Il a commencé à composer pour des longs-métrages à partir de 1958 et a acquis une renommée internationale avec le film "Lawrence d'Arabie" de David Lean (sorti le 10 décembre 1962).









    Ce film a valu à Maurice Jarre son premier Oscar de la meilleure musique. En tout, il a été récompensé par trois Oscars de la meilleure musique pour des film de David Lean (et nommé pour six autres Oscars), "Docteur Jivago" (sorti le 22 décembre 1965) et "La Route des Indes" (sorti le 14 décembre 1984) ; un César d'honneur en 1986 ; un Ours d'or d'honneur en 2009 ; quatre Golden Globe de la meilleure musique, pour notamment "Gorilles dans la brume" de Michael Apted (sorti le 7 octobre 1988) et "Les Vendanges de feu" d'Alfonso Arau (sorti le 11 août 1995) ; un Sept d'or en 1985 ; etc.








    Maurice Jarre a accompagné de très nombreux films (internationaux) qui sont devenus "culte" ou, du moins, très connus du grand public, en particulier (hors de ceux déjà cités) : "Le Président" d'Henri Verneuil (sorti le 1er mars 1961), "Thérèse Desqueyroux" de George Franju (sorti le 21 septembre 1962), "Le Jour le plus long" de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl Zanuck (sorti le 4 octobre 1962), "Les Dimanches de Ville d'Avray" de Serge Bourguignon (sorti le 21 novembre 1962), "Week-end à Zuydcoote" d'Henri Verneuil (sorti le 18 décembre 1964), "Paris brûle-t-il ?" de René Clément (sorti le 26 octobre 1966), "L'Homme de Kiev" de John Frankenheimer (sorti le 8 décembre 1968), "L'Étau" ["Topaz"] d'Alfred Hitchcock (sorti le 19 décembre 1969), "Soleil rouge" de Terence Young (sorti le 15 septembre 1971), "L'Île sur le toit du monde" de Robert Stevenson (sorti le 16 décembre 1974), "Le Tambour" de William Schlöndorff (sorti le 3 mai 1979), "Au nom de tous les miens" de Robert Enrico (sorti le 9 novembre 1983), "Witness" de Peter Weir (sorti le 8 février 1985), "Le Cercle des poètes disparus" de Peter Weir (sorti le 9 juin 1989), "Ghost" de Jerry Zucker (sorti le 13 juillet 1990), et "Le Jour et la nuit" de Bernard-Henri Lévy (sorti le 1997).










    On peut aussi citer deux films de John Huston, "Juge et Hors-la-loi" (sorti le 18 décembre 1972), avec l'actrice Jacqueline Bisset qui fête son 80e anniversaire ce 13 septembre 2024, et "L'Homme qui voulut être roi" (sorti le 17 décembre 1975). Maurice Jarre a aussi composé de nombreuses musiques pour la télévision, accompagnant des documentaires (entre autres ceux de Frédéric Rossif et Alain Resnais) et des téléfilms et feuilletons.

    L'Institut Lumière, situé à Lyon, la ville natale du compositeur, a célébré ce centenaire au printemps dernier, en proposant une rétrospective de ses principaux films du 1er avril au 2 juin 2024, en particulier sa première bande originale pour le film "Les Yeux sans visage" de George Franju (sorti le 11 mars 1960), diffusé le 25 avril 2024 à l'issue d'une conférence du journaliste cinéphile Stéphane Lerouge sur "Maurice Jarre, l'intime et l'épique".





    Une longue bataille juridique s'est terminée cette année avec la décision de la Cour européenne des droits de l'homme du 15 février 2024 qui a confirmé l'arrêt n°1007 du 27 septembre 2017 de la Cour de Cassation rejetant le pourvoi formé contre l'arrêt de la cour d'appel de Paris du 11 mai 2016 qui a validé le testament rédigé par Maurice Jarre le 31 juillet 2008. En effet, le musicien a tout légué à sa veuve, sa dernière femme Fui Fong Khong (biens et droits d'auteur), sans rien laisser à ses trois enfants. Ce legs est possible dans le droit californien (au contraire du droit français qui interdit de déshériter totalement ses enfants) et la justice française et européenne l'a confirmé dans la mesure où aucun des enfants ne se retrouve en précarité financière. C'était du reste le même genre de bataille juridique internationale que pour la succession de Johnny Hallyday, lorsqu'un Français habite aux États-Unis, quel droit choisir pour la succession, le droit français ou le droit américain ?
     

     
     


    La première chambre civile de la Cour de Cassation a statué notamment le 27 septembre 2017 : « Et attendu qu’après avoir énoncé que la loi applicable à la succession de Maurice X... est celle de l’État de Californie, qui ne connaît pas la réserve, l’arrêt relève, par motifs propres, que le dernier domicile du défunt est situé dans l’État de Californie, que ses unions, à compter de 1965, ont été contractées aux États-Unis, où son installation était ancienne et durable et, par motifs adoptés, que les parties ne soutiennent pas se trouver dans une situation de précarité économique ou de besoin ; que la cour d’appel en a exactement déduit qu’il n’y avait pas lieu d’écarter la loi californienne au profit de la loi française. ».


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    Sylvain Rakotoarison (07 septembre 2024)
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    Pour aller plus loin :
    Jean-Michel Jarre.
    Maurice Jarre.
    Vera Miles.
    Alain Delon.
    Pierre Richard.
    Marianne Faithfull.
    Pierre Perret.
    Anouk Aimée.
    Marceline Loridan-Ivens.
    Édouard Baer.
    Françoise Hardy.
    Charles Aznavour.
    Alain Souchon.
    Patrick Bruel.
    Frédéric Mitterrand.
    Fanny Ardant.
    Alain Bashung.
    Alain Chamfort.
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    Plastic Bertrand.
    Micheline Presle.
    Sarah Bernhardt.
    Jacques Tati.
    Sandrine Bonnaire.
    Shailene Woodley.
    Gérard Jugnot.
    Marlène Jobert.
    Alfred Hitchcock.
    Brigitte Bardot.
    Charlie Chaplin.


     

     
     





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  • François Guizot à Matignon ?

    « Il y a eu un temps, où la conquête des droits sociaux et politiques a été la grande affaire de la nation. (…) À présent, usez de ces droits ; fondez votre gouvernement, affermissez vos institutions, éclairez-vous, enrichissez-vous, améliorez la condition matérielle et morale de la France ; voilà les vraies innovations ; voilà ce qui donnera satisfaction à cette ardeur du mouvement, à ce besoin de progrès qui caractérise cette nation. » (François Guizot, le 1er mars 1843, à la Chambre des députés).




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    Cette injonction semble toujours d'actualité, plus de cent quatre-vingts ans plus tard ! Son auteur, François Guizot, est mort il y a exactement 150 ans, le 12 septembre 1874. Il avait 86 ans, avait définitivement quitté la vie politique en 1849 à son échec aux élections législatives et passait son temps à écrire, historien érudit de la vie politique (membre de l'Académie française depuis 1836 !).

    Mais le plus important était qu'il n'était pas qu'un simple observateur de la vie politique, il en a été l'un des acteurs majeurs sous la Monarchie de Juillet, entre 1830 et 1848, sous le roi des Français Louis-Philippe, cumulant de nombreux ministères successifs jusqu'à devenir chef du gouvernement du 18 septembre 1847 au 24 février 1848, date de la Révolution de 1848. Il a été notamment longtemps Ministre des Affaires étrangères (du 29 octobre 1840 au 23 février 1848) et auparavant, a fait adopter une loi sur l'enseignement qui a permis de doubler le nombre des écoles primaires. Membre de l'opposition sous le roi Charles X, il était le représentant de la politique orléaniste de Louis-Philippe, d'ouverture économique. François Guizot représentait le libéralisme économique en France.

    À son époque, François Guizot était peu populaire, trop conservateur pour les révolutionnaires et les républicains, trop audacieux pour les conservateurs et les royalistes. Son rival était Adolphe Thiers qui a compris qu'il valait mieux la république, mais conservatrice, pour éviter les révolutions et assurer la stabilité politique qui favorise la prospérité économique. Les deux hommes étaient opposants à Napoléon III sous le Second Empire, rejetant tout autocratisme politique.

    Du reste, au contraire des images populaires qui furent véhiculées par la gauche révolutionnaire pendant deux siècles, François Guizot se moquait beaucoup de l'argent qui ne l'intéressait pas personnellement (il est même mort pauvre) mais souhaitait l'émergence et la prospérité d'une classe moyenne qui allait faire tourner l'économie :
    « Je veux, je cherche, je sers de tous mes efforts la prépondérance politique des classes moyennes en France. L’organisation définitive et régulière de cette grande victoire que les classes moyennes ont remportée sur le privilège et sur le pouvoir absolu de 1789 à 1830, voilà le but vers lequel j’ai constamment marché. » (discours à la Chambre du 3 mai 1837). Victor Hugo, qui ne l'appréciait guère, le décrivait ainsi dans "Choses vues, 1847-1848", avec ses mots crûs : « M. Guizot est personnellement incorruptible et il gouverne par la corruption. Il me fait l’effet d’une femme honnête qui tiendrait un bordel. ».

    L'objectif de gouvernement de François Guizot était triple : paix, prospérité et stabilité. Ce sera sans doute les objectifs du nouveau Premier Ministre Michel Barnier dans un cadre institutionnel un peu particulier, inédit, que certains appellent maintenant "coalitation" (mot valise pour évoquer coalition et cohabitation ; en d'autres termes, une cohabitation où le parti présidentiel participerait au gouvernement).

    Déjà dans le choix de la composition de son gouvernement, plus encore dans le choix de ses priorités qui seront énoncées dans son discours de politique générale devant les députés au début du mois d'octobre 2024, Michel Barnier devra se donner les conditions de l'apaisement des Français, les conditions de la poursuite de la crédibilité économique de la France, et les conditions de la stabilité politique.

     

     
     


    Apaisement des Français : pendant la trêve olympique, les Français étaient heureux d'une sorte de mise sur pause des divisions politiques après une période électorale assez longue et pénible, stressante (avril-juillet 2024). À leur retour de vacances, ils étaient toutefois inquiets de l'absence de nomination du Premier Ministre et le choix de Michel Barnier a été salué comme une sorte de soulagement. Soulagement d'avoir un nouveau chef du gouvernement, dont l'expérience lui donne à la fois d'être immédiatement opérationnel et surtout d'avoir cette autorité politique et institutionnelle indispensable tant vis-à-vis du Président de la République que des parlementaires. Le choix des ministres devra aussi aller dans ce sens, notamment en ce que la composition soit représentative des Français, de leur éclatement de représentativité, et donc, il faudrait à l'évidence que certains ministres soient de gauche. Soulagement aussi que le choix du nouveau Premier Ministre ait reçu des réactions bienveillantes tant parmi une majorité de groupes parlementaires (une majorité de non-censure) que parmi les Français eux-mêmes. Un attentisme bienveillant qui permettra au moins à Michel Barnier de poser les sujets sur la table et de les négocier, chose qui serait impossible s'il était censuré immédiatement.

    Crédibilité économique : ce sera bien sûr la première épreuve du nouveau gouvernement, le projet de loi de finance pour 2025. J'avais analysé le projet de loi de finances 2018 (le premier de l'ère Macron) comme un projet qui se différenciait de François Guizot en ce sens qu'il faisait la part trop belle aux très riches et pas assez à la classe moyenne. Ce sera donc le défit de Michel Barnier de soulager fiscalement la classe moyenne et de trouver d'autres recettes fiscales auprès des plus riches, à la condition qu'il s'agisse bien de très-riches et pas d'une classe moyenne supérieure qui ne serait qu'une classe moyenne. Cette crédibilité, c'est évidemment la trajectoire de réduction du déficit public à 3% d'ici à 2028 et donc, la capacité soit à réduire les dépenses publiques, soit à augmenter les recettes fiscales et sociales, soit probablement les deux. Globalement, ce sera plutôt un pied sur la gauche.

    Enfin, la stabilité politique du gouvernement. Un ministre n'est jamais ministre très longtemps a priori, c'est un contrat à durée ultradéterminée. Ici, l'objectif de Michel Barnier serait de tenir au moins pendant un an, jusqu'en été 2025, le temps que le Président de la République retrouve son droit de dissolution. Sans celui-ci, la situation institutionnelle risque d'être bloquée si le gouvernement Barnier venait à être rapidement censuré. C'est la raison pour laquelle il devra bien faire des concessions également sur sa droite, notamment à propos de l'immigration, pour s'attirer la bienveillante neutralité du groupe RN. Il ne s'agit en aucun cas d'un accord, mais d'un équilibre politique à trouver : la gauche, en particulier le parti socialiste, a refusé l'option Bernard Cazeneuve à Matignon qui aurait donné aux socialistes un poids politique immense sur le gouvernement (droit de vie ou de mort). Ils ont préféré refuser leur propre ressortissant qui était le dernier Premier Ministre socialiste à ce jour. Emmanuel Macron a dû nécessairement se tourner vers sa droite pour préserver la stabilité politique, ce qui a donné, mécaniquement, un poids politique immense au RN.

    Michel Barnier, le Premier Ministre le plus âgé de toutes les républiques, donne un arrière-goût de vieille France à la vie politique française. Et ce n'est pas forcément un inconvénient. Il replace la France dans une trajectoire historique plus large, gaulliste, nationale, libérale. Et soyons clairs, peu, à part quelques arrivistes en fin de carrière, voulaient prendre sa place aujourd'hui et la plupart des responsables politiques sont bien contents de trouver un homme responsable pour s'y coller. François Guizot à Matignon aujourd'hui ? Peut-être. Ce n'est pas un académicien, ce n'est pas un historien, c'est un montagnard, un paysan, et aussi étonnant que cela puisse être, au même titre que furent populaires en leur temps Michel Rocard, Édouard Balladur et Lionel Jospin, Michel Barnier pourrait même bénéficier d'un préjugé favorable de la part du peuple français sensible à l'épreuve qu'il s'apprête à franchir. Auquel cas, les députés devront en tenir compte. Tous les députés.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (11 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    François Guizot à Matignon ?
    Guizot vs PLF2018.
    La France est-elle un pays libéral ?
    Benjamin Constant.
    Saint-Just.
    Adolphe Thiers.
    Napoléon III.
    Georges Clemenceau.
    Victor Hugo.
    L’élection présidentielle de 1848.
    Le Traité de Vienne.
    Napoléon Ier.
    Sarajevo.

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    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/11/article-sr-20240912-guizot.html







     

  • Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...

    « Certains vont essayer de relativiser l’étendue et l’horreur des violences conjugales. Certains auront peut-être l’indécence de temporiser, au lieu d’agir. Ce n’est pas notre intention. Car on ne le répétera jamais assez : l’absolue singularité des violences conjugales, c’est qu’elles se produisent à l’endroit où l’on devrait se sentir le plus en sécurité. » (Édouard Philippe, le 3 septembre 2019).


     

     
     


    Ce que disait Édouard Philippe, alors Premier Ministre, le 3 septembre 2019 au Grenelle contre les violences conjugales, est vrai aussi pour les enfants à l'école : en effet, pour les enfants, l'école, comme la famille, doit être le lieu de la sécurité absolue. Sécurité physique et sécurité affective. Alors, lorsqu'il y a des faits de violence à l'école, c'est un véritable scandale.

    Souvent, il est question de violences entre élèves, de harcèlement scolaire, voire de violences commises par des élèves sur des enseignants. Le fait médiatique du jour, c'est encore pire : la violence vient de l'autorité, vient de l'enseignant, et encore pire que pire, sur une enfant à peine sortie de la petite enfance.

    La vidéo que l'avocate de la famille, Vanessa Edberg, a mise en ligne ce lundi 9 septembre 2024 a provoqué consternation et malaise tant dans la classe politique que dans la communauté éducative. De quoi s'agit-il ? L'unité de lieu : une école maternelle dans le quinzième arrondissement de Paris. L'unité de temps : le jeudi 5 septembre 2024.

    Une fillette de 3 ans qui venait de rentrer pour la première fois à l'école (rappelons-nous que l'école est désormais obligatoire à partir de 3 ans) a été frappée par sa maîtresse et aspergée de liquide. En fait, dès le deuxième jour de la rentrée, la petite fille avait expliqué à sa maman que sa maîtresse lui avait donné des coups. C'est la mère d'une autre camarade de la classe, présente, qui, étonnée puis choquée par le comportement de l'institutrice vis-à-vis de ses écoliers, a filmé la scène (cette mère étant étrangère se demandait si c'était normal en France).

    Dans son message sur Twitter accompagnant la vidéo, l'avocate a écrit : « Une Maîtresse violente une petite fille de petite section et lui asperge un liquide sur la tête dans une école du 15ème arrondissement de Paris. Une plainte a été déposée. En tant qu’avocate je mènerai ce combat main dans la main avec la famille, en tant que maman mon cœur saigne. ». À la fin de la scène filmée de moins d'une minute, on entend l'enseignante dire à la fillette qui pleurait et criait : « Voilà, ça te fait du bien, là ? ».

    Selon la mère de l'enfant (qui a affirmé : « Au départ, je n'y ai pas cru ! »), sa fillette ne fait plus que pleurer à la maison. La famille est sous le choc, et le choc pour l'enfant est énorme car sa première expérience avec l'école, peut-être avec l'extérieur sans sa mère, est de la violence. Elle aura du mal à ne pas avoir peur d'un enseignant dans son avenir proche.

    Le parquet de Nanterre a ouvert le 10 septembre 2024 une enquête préliminaire confiée au commissariat d'Issy-les-Moulineaux à la suite de la plainte déposée le 5 septembre 2024 par la famille, pour des « faits qualifiés à ce stade de violence sur mineur de 15 ans sans incapacité ». Selon certains spécialistes, l'institutrice encourrait sept ans de prison en raison de trois circonstances aggravantes : cela se passe à l'école (lieu sanctuarisé pour l'enfant) ; sur une "mineure de 15 ans" (cela veut dire : enfant de moins de 15 ans) ; par une personne ayant autorité (enseignante). Le parquet de Nanterre devrait être rapidement dessaisi de l'affaire au profit du parquet de Paris où se trouve l'école.

    De même, le recteur de l'académie de Paris Bernard Beignier a pris immédiatement une mesure de suspension de l'enseignante, dans l'attente des conclusions de l'enquête, visant à mettre en sécurité tant la fillette et les autres écoliers, les collègues de l'institutrice qu'elle-même. : « L’arrêté de suspension de cette enseignante, ce qui n’est pas une sanction mais une mesure de protection et ensuite il y aura à la fois une enquête pénale puisqu’une plainte a été déposée et une enquête administrative qui pourra conduire très certainement à un conseil de discipline, voire des sanctions qui vont du blâme à la révocation. ».

    Le maire du quinzième arrondissement de Paris, Philippe Goujon (ancien député) a réagi sur BFMTV : « C’est tout à fait insoutenable, ce comportement est inqualifiable, venant d’une enseignante confirmée, qui était dans cette école depuis déjà une dizaine d’années. [Elle] connaît bien l’école, les parents, les élèves, et c’est une enseignante qui a une cinquantaine d’années (…), qui [ne] se laisse pas emporter normalement par ses émotions. ». Guislaine David, la secrétaire générale de la FSU-SNUIPP, principal syndicat des enseignants du premier degré, s'est déclarée choquée : « En tant qu’enseignants, nous devons assurer la sécurité physique et affective des élèves. ».

    De son côté, selon son avocat, l'enseignante suspendue a regretté ses gestes dus, selon elle, à un emportement : « L'institutrice est en état de choc. Elle regrette profondément ce qu'il s'est passé. ». On peut imaginer surtout le choc émotionnel sur les médias et les réseaux sociaux d'être montrée du doigt, mais il y a une part d'indécence à exprimer cet état de choc alors qu'elle est l'auteure de cette violence et que c'est sur la victime, la fillette et sa famille, elles aussi en état de choc, qu'il faut se concentrer, que la société doit se concentrer, du moins les pouvoirs publics.

    On pourra s'étonner sans doute de l'explosion médiatique de cette "affaire" alors que l'intérêt de tous les protagonistes (victime, famille, écoliers, établissement) serait plutôt de ne pas enflammer les passions publiques... sauf si c'est pour empêcher d'autres faits de violence à l'avenir, ce qui semblerait être l'objectif de l'avocate. En quelque sorte, le scandale est lui-même très instructif, car cela signifie que la société évolue. Il n'est plus possible de violenter les enfants sans créer un scandale, ce qui est relativement nouveau.

    Il y a cinq ans, les parlementaires avaient adopté la loi n°2019-721 du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires. Elle signifiait, surtout aux parents, qu'on n'avait plus le droit de frapper physiquement ses enfants, ni gifles, ni fessées. Pour les "vieux" parmi lesquels je pourrais me compter, on a souvent estimé qu'une bonne claque pouvait être efficace et salutaire, déclencheur d'une maturité qui tardait à venir. La réalité, c'est qu'il y a des nourrissons qui meurent de la violence de leurs parents. Car il y a claque et claque, grosse claque qui blesse profondément le corps et petite tapette qui blesse surtout psychologiquement l'âme. Mais qui est le juge de paix de la pondération des claques ? Interdire sauve des enfants de la maltraitance, d'où cette loi.

    A fortiori, un enseignant a encore moins le droit de frapper un élève que ses parents. Selon certains témoignages, ce n'était pas la première fois que cette enseignante frappait, mais pourquoi est-ce seulement aujourd'hui qu'on le lui reproche ? Sans doute un élément simple : la vidéo. L'image est parlante et remplace tout jugement. Cela fait cinquante ans que nous sommes dans une société de l'image (avec la télévision, puis Internet), mais c'est très récemment (depuis une dizaine d'années) que n'importe qui peut diffuser à grande échelle des images (en l'occurrence, ici, une mère sur la violence d'une enseignante).


    Les réactions des internautes de Youtube à la vidéo de cette scène sont, elles aussi, instructives (et je soupçonne que ce sont issues de personnes plutôt âgées, en tout cas, qui ont le temps et l'oisiveté de se consacrer à réagir sur Internet). J'en ai pioché quelques-uns sur deux vidéos données. On voit à quel point le relativisme dénoncé par Édouard Philippe (voir au début de l'article) sévit et reste bien vivace.
     

     
     


    Majoritairement, beaucoup disent qu'il ne faudrait pas exagérer, qu'il n'y a pas mort d'homme, que c'est une petite violence, jusqu'à faire part de leur expérience (j'ai été frappé et tout va bien maintenant, je n'en suis pas mort), voire se retournent contre les parents en demandant ce qu'ils ont fait de leur éducation pour cette pauvre fillette (rappelons-le : c'était sa première rentrée scolaire). Heureusement, d'autres s'insurgent contre cette violence et s'imaginent les parents de cette fillette.
     

     
     


    Je ne doute pas que ces réactions d'hostilités vont perdurer parce qu'il y a toujours un fond de complotisme résiduel sur Internet et le complot, ici, ce serait de dire que la vidéo était un coup monté pour mettre en difficulté l'enseignante. Que celle-ci en soit consciente ou pas, taper des enfants de 3 ans ne sont pas des méthodes pédagogiques et si elle ne s'en sort pas avec ses élèves dans sa classe, il faudra penser sérieusement à évoluer vers un autre métier que l'enseignement. On s'étonnera aussi que personne, au rectorat, n'avait reçu auparavant de signalement sur cette violence dont serait coutumière cette enseignante.
     

     
     


    Mais celle-ci ne doit pas payer non plus pour les autres, pour la violence à l'école en général. Les faits sont tristes pour tout le monde. Je laisse la justice enquêter au-delà des apparences médiatiques et donner ses conclusions. Ce que je retiens, c'est que cette sortie médiatique est une bonne mesure préventive voire dissuasive pour les enseignants susceptibles de violenter leurs élèves, surtout s'ils sont en très bas âge, car finalement, un lynchage médiatique peut faire plus mal qu'une véritable condamnation judiciaire. Alors, restons modérés dans les réactions, c'est plusieurs vies qui sont en jeu dans cette triste affaire, et heureusement, toutes ne sont pas finies.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (10 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
    Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
    La foi de Sœur Marguerite contre l'exclusion scolaire.
    Il y a 40 ans, l'énorme manifestation pour l'école libre.
    Amélie Oudéa-Castéra.
    Journée de lutte contre le harcèlement scolaire : est-elle utile ?
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    L'assassinat de Dominique Bernard au lycée Gambetta d'Arras.
    G. Bruno.
    Gabriel Attal, nouveau ministre de l'éducation nationale.
    Pap Ndiaye.
    Les vacances scolaires sont-elles trop longues ?
    Nos enseignants sont des héros !
    Prime à l'assiduité : faut-il être choqué ?
    Violence contre une prof et vidéo dans les réseaux sociaux.
    Transgression à Marseille : recruter des profs plus "librement" ?
    Samuel Paty : faire des républicains.
    Samuel Paty : les enseignants sont nos héros.
    La sécurité des personnes.
    Lycée Toulouse-Lautrec.
    Transgression à Marseille : recruter des profs plus "librement" ?
    L’école publique gratuite de Jules Ferry.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    Genrer la part du Lyon ?
    Daniel Pennac, ministre de l'éducation nationale.
    René Haby.
    Le handicap et l'école.
    La féminisation des noms de métiers et de fonctions.
    Les écoles ne sont pas des casernes.
    La laïcité.
    La réforme du baccalauréat.
    Prime à l’assiduité.
    Notation des ministres.
    Les internats d’excellence.
    L’écriture inclusive.
    La réforme de l’orthographe.
    La dictée à  l’école.
    La réforme du collège.
    Le réforme des programmes scolaires.
    Le français et l’anglais.
    Le patriotisme français.
    Jean-Michel Blanquer.
    Jean Zay.
    Vincent Peillon.
    Alain Devaquet.
    Alain Savary.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240910-violence-scolaire.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/violence-scolaire-quand-une-256724

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/10/article-sr-20240910-violence-scolaire.html



     

  • La foi de Sœur Marguerite, qui déplace des montagnes contre l'exclusion scolaire

    « Elle a le visage d'un ange prêté pour trop peu de temps à la Terre. » (Jacques Séguéla, 2006).


     

     
     


    Ce dimanche 8 septembre 2024, je voudrais rendre hommage à une femme superbe, Sœur Marguerite, qui fête son 98e anniversaire. Tant d'années et autant de foi dans la vie, dans l'espérance d'un avenir meilleur, cela réconforte quand on lit tellement de mauvaises nouvelles, tellement de déclinisme, de pessimisme. Et puis, il est quand même quelques personnes charitables qui se sont engagées auprès de Dieu qui ne devraient pas décevoir, même après leur mort.

    Dans le petit monde des religieuses, il y a beaucoup de sœurs Marguerite. La Sœur Marguerite que je veux honorer ici s'appelle pour l'état-civil Marguerite Tiberghien, née le 8 septembre 1926 à Roubaix, dans le Nord. Elle s'est engagée en 1948 dans les ordres chez les Filles de la charité de saint Vincent de Paul. Après avoir enseigné dans l'agglomération de Lille, Sœur Marguerite est partie en 1972 au Congo-Brazzaville pour enseigner également (le régime de ce pays africain était communiste de 1969 à 1992). Elle avait alors 46 ans.

    Sa grande réalisation, ce fut d'avoir fondé l'École spéciale de Brazzaville en octobre 1975 qui permet de scolariser gratuitement les exclus, des enfants très pauvres ou en situation de handicap, des enfants déscolarisés, des adultes illettrés, etc. sur le programme de l'enseignement primaire en langue française. Elle y a enseigné la lecture et l'écriture pendant près de trente années, jusqu'en septembre 2004 où elle a pris sa retraite et est retournée vivre à Paris comme l'y conviait sa congrégation (elle avait 78 ans !). Cette école a essaimé et a fait des petites. En tout, 30 000 Congolais ont bénéficié de cette école très singulière et ont échappé à l'illettrisme. Sœur Marguerite a su trouver des financements tout au long de ces années, soit des pouvoirs publics (notamment congolais et français) soit d'origine privée (donateurs, etc.).

    Au-delà de l'enseignement primaire, cette école assure aussi une formation professionnelle (menuiserie, jardinage, couture) et des activités d'éveil pour les élèves (enfants et adultes) atteints d'un handicap mental. Ces derniers restent à la charge de leur famille mais avec cette formation, ils ont progressé dans leur ouverture au monde, ce qui a renforcé leur intégration sociale. Les effectifs de l'école sont passés de 80 en 1975 à 2 500 en 2011. À partir du début des années 2000, en effet, c'est tout un réseau d'écoles qui a été mis en place pour instruire les exclus.

    Toutes ces structures se basent sur les quatre principes suivants : accueil des exclus de l'école primaire, coexistence des trois sections pédagogiques (A : adultes de plus de 20 ans pour alphabétisation et préparation au CEP ; J pour enfants de moins de 14 ans pour atteindre le niveau CM2 ; T pour enfants de plus de 14 ans pour alphabétisation et préparation au CEP) et des ateliers professionnels ; gratuité avec participation financière libre des familles ; gestion d'un comité d'entraide.

    Le 6 octobre 2021 (dans un entretien accordé à Marie Alfred Ngoma pour l'Agence d'information d'Afrique centrale), Sœur Marguerite a raconté ses débuts : « Nous avons commencé dans une salle qui n’était pas une classe. (…) Notre travail était d’assurer l’apprentissage de la lecture par la méthode syllabique mimée avec des gestes. Nous avions, pour chaque lettre de l’alphabet, une histoire accolée. Par exemple, celle de la lettre A, c’est l’histoire d’une jeune fille qui s’appelle Anne qui s’émerveille et exprime sa joie avec un énorme sourire devant la robe achetée par sa mère. La classe s’interroge : pourquoi Anne est contente ? Elle est contente parce que sa mère lui a acheté une belle robe. S’en suit l’exclamation Ah ! ».

    Et de résumer l'essentiel pour les enfants congolais : « Tout comme les cinq doigts de la main : en premier, disposer d’un bon professeur ; ensuite, avoir le courage de travailler ; entretenir l’amitié dans la classe, éviter les moqueries ; veiller à la propreté dans l’école et enfin, lutter pour la vérité, admettre ses faiblesses au lieu de les cacher, pas d’évolution si on ne sait pas lire. (…) Plus, il y aura de femmes et d’hommes conscients de la richesse de la lecture, mieux ça ira ! C’est par l’apprentissage de la lecture pour tous que le Congo rendra la fierté aux populations, ôtant, au passage, le mépris de l’autre. ».

    Malgré la guerre civile qui a sévi au Congo-Brazzaville entre le 10 mai et le 25 octobre 1997 et qui a fini par le retour au pouvoir de l'ancien autocrate communiste Dens Sassou-Nguesso (toujours au pouvoir aujourd'hui), la religieuse a préféré restait courageusement sur place, malgré les dangers, pour continuer à mener sa lutte contre l'illettrisme, car ses élèves avaient besoin d'elle.

    En avril 2006, Sœur Marguerite a fait la connaissance du publicitaire Jacques Séguéla et ce fut le coup de foudre pour l'homme de communication qui l'a appelée Sœur Courage. Ce dernier lui a consacré un livre-interview où elle a nappé sa vie auprès des exclus. Un livre, publié en octobre 2006, dont les droits d'auteur ont été versés à l'Association des amis de l'École spéciale de Brazzaville.
     

     
     


    La notoriété de l'ancien conseiller en communication politique de François Mitterrand lui a permis également de créer, avec l'aide notamment du père Alain de La Morandais (qui avait fait connaître Sœur Marguerite à Jacques Séguéla), le Fonds de dotation Sœur Marguerite le 20 août 2010 pour financer toutes les initiatives locales visant à concrétiser la gratuité et l'universalité de l'enseignement primaire en langue française (apprendre à lire, écrire et compter). Ce fonds a été reconnu à l'UNESCO au cours d'une journée sous le haut patronage de Carla Bruni, épouse du Président de la République, le 12 avril 2011.

    Pierre Chausse, président de ce fonds, a expliqué : « [Ce fonds] a pour objet de pérenniser et de développer le modèle des Écoles Spéciales (qui combine enseignement primaire francophone pour tous et formations professionnelles) ainsi que de développer un réseau d’écoles dans le monde entier. En une décennie, l’action de soutien du Fonds de dotation en faveur de projets éducatifs s’est étendue auprès de nombreuses communautés francophones, qu’elles soient congolaises, indiennes ou libanaises. Aujourd’hui via ses partenariats avec d’autres ONG, les équipes enseignantes sur place et des acteurs locaux partageant ces mêmes valeurs d’universalité de l’éducation. Le Fonds de dotation réfléchit à différents projets d’infrastructures, notamment en faveur des personnes handicapées. ».


    Quant à la religieuse, voici ce qu'elle disait, le 13 février 2011 sur RFI, à la journaliste Geneviève Delrue (vice-présidente de l'Association des journalistes d'information religieuse) : « Cela me donne un grand bonheur, parce que je suis de plus en plus persuadée que les questions de sous-développement de pays en retard, c'est avant tout une question d'instruction. Alors, maintenant, il y a l'École spéciale à soutenir, mais il y aurait aussi l'ensemble des jeunes mal instruits ou pas scolarisés du tout. Mon idée-là, toujours dans la tête : pas savoir lire à 80 ans, ce n'est pas grave, parce qu'on a encore toute l'oralité avec les contes, les proverbes, enfin, toute la belle poésie de cette oralité. Pas savoir lire à 50 ans, ce n'est pas grave, il y a des écoles qui sont prévues pour ça. Mais pas savoir lire à 15 ans, c'est inacceptable ! Surtout à notre époque. Parce que les analphabètes qui n'ont que la force de leurs bras, et qui, ayant grandi dans des villes immenses, n'ont pas bénéficié de la culture orale de leurs ancêtres, on est devant un orphelinat mental. (…) Maintenant, avec les avancées techniques et les robots, les analphabètes qui n'ont que la force de leurs mains, petit à petit, on n'en a pas besoin, c'est grave ! Voyez les chantiers de construction, et j'ai vu de grandes grues, des grosses pelleteuses, mais il y a deux trois ouvriers, pas plus, ce n'est pas la peine, la machine est là. C'est vrai, il faut savoir la diriger la machine, donc, il faut avoir fait des études ».

    Effectivement, Sœur Marguerite a souvent parlé du « miracle de l'amitié » qui a sorti tant de ses élèves, enfants congolais, de « l'orphelinat mental ». Elle leur a souhaité joyeux Noël 2021 avec ces mots : « Qu’ils soient dans la posture où, avec peu, se multiplient les bonheurs à partager (…). [Je leur souhaite] d’avoir souvent l’occasion de dire, d’entendre : c’est bien, c’est bon, c’est beau ! ».
     

     
     


    Elle a décrit la honte de l'exclusion scolaire : « Le premier point commun, c'est une espèce de honte. L'analphabète de 15 ans a honte de ne pas savoir lire. Et l'écriture pour lui, c'est des dessins. (…) Ils savent qu'ils n'ont pas d'avenir. Alors, vous les retrouvez où ? Vous les retrouvez dans les bandes armées, soit simplement des bandits, soit des bandes armées des milices dont s'entoure chaque personnage important. ».

    Jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle, Sœur Marguerite se consacrera donc à l'éducation, après avoir vu les massacres de la guerre civile en 1997 : « Au moins l'éducation primaire. D'abord, c'est marqué dans la Déclaration des droits de l'homme, article 26 : l'homme a droit à l'éducation gratuite, au moins la primaire. On ne peut pas se contenter de nourrir. On ne peut pas se contenter de vacciner. Ça va vite, un vaccin ; une minute, l'enfant est vacciné. Mais après ? Moi, je disais à un papa qui est tout fier d'aller annoncer à la mairie que sa femme lui a fait cadeau du plus beau bébé du monde, est-ce qu'il a pensé qu'il en avait jusqu'en 2030 à suivre la scolarité de son fils ? Maintenant, il faut compter vingt ans. Et là-bas, on trouve normal de les laisser comme ça parce que, c'est vrai, il y a un effort à faire. Quand je vois les belles écoles en France, et qu'on n'est pas contents, on a encore trop d'enfants qui arrivent en Sixième en ânonnant la lecture, bon, mais là-bas, chaque fois, je suis triste, je suis contente parce qu'on reçoit de bonnes aides des écoles françaises, ces jeunes sont généreux, les professeurs aussi, les directeurs sont très accueillants, mais chaque fois, quand je vois la différence avec les écoles du Congo que je connais (…), je dis : non, ça ne va pas, ils ne vont pas se rattraper. Et je supplie de tout mon cœur les chefs d'État de prendre ça en main. » (13 février 2011).

    Le 28 mars 2013, Sœur Marguerite a suggéré pour l'hebdomadaire chrétien "La Vie" que Dieu avait laissé quatre graines dans le cœur des humains, et des seuls humains, la bonté qu'il faut cultiver, la science et l'intelligence, la beauté, et ce grand appel de l'infini : « Qu'est-ce qu'il y aura après la mort ? L'éternité qui nous attend, c'est la grande question qui se pose. ». Et de conclure : « Dieu, on l'a vu. C'était un homme ! ». Très bon anniversaire, ma sœur !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Jacques Séguéla.
    Les 98 ans de Sœur Marguerite.
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    Assomption : pourquoi le 15 août est-il férié ?
    Le pape François à Marseille (1) : ne pas légiférer sur l'euthanasie.
    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240908-soeur-marguerite.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-foi-de-soeur-marguerite-qui-256608

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/08/article-sr-20240908-soeur-marguerite.html




     

  • "À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !

    « Chère Madame, à force de vous [être] crue le centre du monde, vous vous êtes rendue inaudible. Votre logiciel n'est plus à jour, déficitaire, à l'image des finances de la ville de Paris, dont vous avez la charge. De grâce, épargnez-nous vos jérémiades ! » (Un internaute, le 6 septembre 2024 sur Youtube).




     

     
     


    Certains l'ont appelée une Élisabeth Borne de gauche, d'autres sont même allés jusqu'à y voir une nouvelle Ségolène Royal. Elle n'était qu'une baudruche manipulée par Jean-Luc Mélenchon.

    Depuis le 5 septembre 2024, Emmanuel Macron a tranché : pas de plan C, juste un plan B. Pas B comme Bernard (Cazeneuve), ni Bertrand, ni Beaudet, mais Barnier. Pas de Lucie Castets qui était supposée ne représenter que 193 députés à l'Assemblée Nationale alors que Michel Barnier représente au moins 213 députés. Pour Lucie Castets, cette fin d'été est assez terrible, il faut l'avouer : fin de l'été, fin des illusions, et même, fin du boulot à la mairie de Paris.

    Pour le boulot à la mairie de Paris (elle était directrice des finances et des achats de la ville hyperendettée de Paris, en CP du 23 juillet au 31 août, c'est sympa de pouvoir se mettre en congé pendant un mois et demi de suite quand on a de telles responsabilités), je ne me fais pas trop d'inquiétude pour elle : elle est énarque et le pire pour elle, c'est d'être haut fonctionnaire sans avoir de poste. Pour les Parisiens, en revanche, hyperimposés par la gestion calamiteuse de la maire PS Anne Hidalgo, c'est sans doute un plus puisque Lucie Castets était conseillère financière de la maire avant d'avoir pris son poste officiel au sein de l'organigramme avec toujours ce principe très cher pour les contribuables français : "pas grave de dépenser l'argent public, ce n'est pas le mien".

    Ce qui est terrible, c'est qu'elle reste toujours dans la réalité alternative alors qu'elle n'a pas vu que sa candeur et sa naïveté ont permis à Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure de la manipuler. Elle ose dire encore publiquement : « Nous censurerons Michel Barnier ! ». Assez de déni, il faut quand même que quelqu'un ose vous le dire, puisque les journalistes ne vous disent rien. Non, madame Castets, vous n'êtes pas Première Ministre de la France, vous n'êtes pas plus députée, vous n'êtes "rien" en politique, personne ne vous connaît, vous n'avez eu aucun mandat électif, aucune responsabilité politique, même François Asselineau a plus de légitimité que vous pour prétendre gouverner la France. Vous avez fait campagne après les élections, et pas avant ! C'est inédit dans l'histoire politique de la France ! Reprenez tout à l'endroit, vous en avez certainement la capacité, présentez-vous aux élections, faites campagne, soyez élue, et vous pourrez prétendre représenter des électeurs, des idées, un parti.

    Interrogée par Apolline de Malherbe à la matinale de BFMTV le jeudi 29 août 2024, alors qu'elle considérait que le meurtre du gendarme Éric Comyn n'était qu'un simple fait-divers, Lucie Castets évoquait la suite de son parcours professionnel dans ces termes : « Je ne démissionne pas de la fonction publique, Je suis extrêmement attachée à la fonction publique, je suis fonctionnaire et j'y accorde une très grande importance, donc je ne démissionne pas de la fonction publique. Je me retire de mon poste et les modalités pratiques sont encore en discussion avec mon employeur, je vous le dirai le moment venu quand ça sera précis, là je ne peux pas encore le dire parce que je ne sais pas exactement quelles sont les modalités, mais oui, j'envisage de me mettre en disponibilité. ».

    Résumons. D'une part, elle ne veut pas quitter la fonction publique, c'est très bien pour elle, mais j'ai connu des responsables politiques qui ont démissionné de la fonction publique pour leur engagement politique (Emmanuel Macron par exemple), elle, elle préfère ne prendre aucun risque et elle a raison, car la politique n'est peut-être pas la voie pour elle. D'autre part, elle propose de nous tenir au courant, de tenir au courant "les gens" de son statut administratif, des conditions de sa mise en disponibilité, mais il faut bien l'avouer, tout le monde s'en moque sauf ses proches. Enfin, je constate que dans l'un des postes les plus importants de la ville de Paris, on peut prendre six semaines de congés payés sans prévenir son employeur puis quitter le poste deux jours avant en principe son retour de congé. Je ne sais pas si c'est ordinaire dans une grande collectivité territoriale, mais je sais que c'est impossible, dans une grande entreprise privée, que des cadres supérieurs puissent avoir autant de flexibilité dans leur parcours de vie professionnelle !






    La question d'Apolline de Malherbe qui a suivi était très pertinente malgré tout, la question qui tue : « Pardon, question très pratique mais puisque vous nous révélez que vous ne retournerez pas effectivement à votre poste lundi, vous allez gagner votre vie comment ? ». Réponse : « C'est encore à déterminer, euh... Je, je... ».
    « Vous allez chercher un autre emploi ? ». Réponse : « Possiblement oui ! ». Ce "possiblement" restera certainement dans les annales du vocabulaire politique dans les prochaines années.
     

     
     


    Les journalistes de l'hebdomadaire "Marianne" ont voulu en savoir plus et leur enquête, publiée le 3 septembre 2024 sous la signature de Maël Jouan et Hadrien Mathoux, avec pour titre "51 000 euros mensuels pour le staff, 9 000 pour elle... le devis de l'équipe de Lucie Castets au NFP", a révélé qu'elle avait réclamé 9 000 euros par mois à la nouvelle farce populaire (NFP) pour ses prestations médiatiques. On comprend un peu mieux qu'elle ait accepté ce rôle de composition, et on comprend un peu moins bien comment des électeurs de gauche puissent avoir été autant abusés par l'hypocrisie vénale d'une telle personne (ou d'une telle secte car il s'agit bien d'une secte, le mélenchonisme au gourou bien connu).

    "Marianne" a ainsi affirmé mardi soir que Lucie Castets avait envoyé pour elle et "son équipe" un budget au NFP, un devis qui fait état d'un salaire de 9 000 euros mensuels pour Lucie Castets et de 51 000 euros mensuels pour le fonctionnement de "son cabinet" comprenant trois (ou quatre) personnes, et les trésoriers des partis du NFP (en particulier d'EELV), l'avaient validé. Néanmoins, l'hebdomadaire a bien précisé que finalement, cela ne s'est pas fait après avoir contacté "l'entourage de Lucie Castets" : « Aujourd’hui, l’entourage de Lucie Castets assure que ses demandes ne sont plus à l'ordre du jour. », terminant ainsi : « Finalement, l’opération a été avortée. ». Dans un communiqué sur Twitter, sans vraiment démentir les informations, Lucie Castets a affirmé qu'elle n'avait touché aucune rémunération du NFP cet été (surtout pour répondre à ses détracteurs qui imaginaient qu'elle était doublement rémunérée, par ses congés payés et par le NFP).


    Car une telle information a évidemment provoqué de nombreuses réactions plutôt hostiles dans les réseaux sociaux, d'opposants au NFP (c'est bien normal), mais aussi d'électeurs du NFP particulièrement déçus par la vénalité de la dame.

    Interrogée par Thomas Sotto dans la matinale de RTL ce vendredi 6 septembre 2024, Lucie Castets a voulu démentir l'article de "Marianne" : « C'est faux. Je suis abasourdie par cet article et du fait qu’il a été relayé tel quel par de nombreux médias (…). Je trouve ça incroyable que l’info ne soit pas vérifiée avant d’être publiée. ».





    Mais la rédaction de "Marianne" a persisté et signé, piquée au vif par ce procès en incompétence, avec un article publié le même jour (6 septembre), avec ces mots assez durs : « La candidate à Matignon du nouveau front populaire débute peut-être en politique mais sait mentir avec autant d'aplomb qu'un vieux routard. ». Et de démontrer alors en quoi ses informations étaient exactes et recoupées par plusieurs sources distinctes.

    Le point de contestation n'était ni les montants en jeu, ni le fait que cela ne s'est pas fait finalement, mais l'origine du devis : qui a demandé à ce que Lucie Castets soit payée 9 000 euros par mois ? Pour "Marianne", c'est Lucie Castets elle-même qui a réclamé cette somme au NFP (après tout, pas très cher comme cachet d'actrice, même de série B, enfin, de série C). Pour Lucie Castets, au contraire, ce sont les dirigeants du NFP qui lui ont proposé une telle rémunération.
     

     
     


    "Marianne" n'en démord pas et précise (et publie même) « l'email écrit par son bras droit Arnaud Bontemps à la trésorière des écologistes, un devis de fonctionnement de l’équipe Castets. En bref : une enveloppe de 51 000 euros pour la rémunération de ses collaborateurs, les déplacements, la location d’un bureau… Et une possible rallonge de 9 000 euros à partir de septembre (date de la fin des congés de Lucie Castets) pour son salaire. Nous maintenons nos informations. Elles ont été scrupuleusement vérifiées et recoupées, notamment auprès des principaux intéressés : Arnaud Bontemps et la trésorière du parti Les Écologistes qui ont tous deux confirmé l’existence de ce mail et n'ont pas démenti les montants. (…) Ce que dit Lucie Castets est donc, pour la paraphraser, faux et nous serions abasourdis que sa parole, sur le sujet, puisse être relayée telle quelle à l'avenir par de nombreux médias. ».

    En clair, dès cet été, Lucie Castets avait demandé une rémunération de 9 000 euros mensuels pour elle à partir du 1er septembre 2024, ce qui confirme tout ce que les observateurs avaient compris depuis le 23 juillet 2024 avec cette insipide imposture : tout le monde, dirigeants du NFP et Lucie Castets, savait qu'elle ne serait jamais nommée Première Ministre, ni cet été, ni après l'été.

    ...Même si l'email publié par "Marianne" donnait quand même l'impression de quelques illusions dans la production de souvenirs communs avec Lucie Castets : « Enfin, plus ponctuellement, nous pourrions avoir besoin d'un appui en matériel ou en compétences (…).... Bref tout ce qui permettra de faire vivre la dynamique autour du nouveau front populaire en attendant que la gauche gouverne le pays : mais évidemment tout cela reste à suivre. » !
     

     
     


    Après ces informations, à mon sens, le plus choquant n'est pas le montant de la rémunération demandée. Il faut déjà rappeler qu'il s'agit d'un budget projeté, 9 000 euros par mois, ce devrait être a priori y compris les charges patronales et salariales, qui sont lourdes. Je n'ai pas le montant exact correspondant au salaire net, mais il doit être équivalent à un salaire de cadre supérieur ou de haute fonctionnaire, d'énarque. Ce qui peut être plus difficile à avaler, c'est lorsqu'on donne des leçons aux supposés riches et qu'on l'est soi-même (comme François Hollande qui considérait qu'on était riche à partir de 4 000 euros par mois).

    Ce qui est le plus choquant, c'est surtout qu'elle n'est pas capable d'assumer qu'elle a demandé une rétribution. La plupart des acteurs politiques ont des rémunérations d'une manière ou d'une autre, parce qu'ils sont élus (ministres, parlementaires, élus régionaux, départementaux voire maires lorsque la ville est importante), ou qu'ils sont collaborateurs parlementaires (on va voir le procès du FN à partir du 30 septembre) ou encore des permanents de parti politique (avec parfois certaines rémunérations vraiment élevées et scandaleuses mais rarement rendues publiques).

    Dans cette affaire, Lucie Castets a donc été le dindon de la farce du mélenchonisme : elle a quitté son boulot sans avoir quelque chose à la place. Aucun cadre n'agirait ainsi dans sa vie professionnelle. Elle a été particulièrement imprudente, même si la lumière qu'elle a attirée sur elle semble lui plaire. C'est sûr, elle est comme la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf. Elle croyait qu'elle pourrait être nommée à Matignon. Enfin, elle y croyait modérément puisqu'elle demandait des garanties salariales à ses amis mélenchonistes après l'été. Aujourd'hui, alors que les élections sont finies, elle se retrouve sans rien. Alors, messieurs et mesdames les parlementaires de la nouvelle farce populaire, soyez utiles, faite une bonne œuvre, recrutez Lucie Castets comme collaboratrice parlementaire. Elle le vaut bien.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    "À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !
    Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
    Le casse-tête de Lucie Castets.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240906-lucie-castets.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/a-vendre-lucie-castets-9-000-eur-256679

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/05/article-sr-20240906-lucie-castets.html




     

  • 2e rentrée scolaire contre les papillomavirus humains : cancers et prévention

    « Cet après-midi à Jarnac, j'ai fait des annonces sur (…) le papillomavirus. Dès la rentrée prochaine, pour nos jeunes, il sera beaucoup plus facile de se faire vacciner. Nous allons organiser des campagnes de vaccination massives pour permettre à tous les élève de 5ème d'y avoir accès au collège. » (Emmanuel Macron, le 28 février 2023 sur Instagram).



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    C'est la deuxième rentrée scolaire qui s'attaque massivement à la prévention contre les papillomavirus humains. Cette politique sanitaire a été élaborée il y a un an et demi. Retour en arrière.

    En annonçant une campagne massive de vaccination contre les infections au papillomavirus dans les collèges de France pour les 800 000 élèves de Cinquième à partir de septembre 2023, le Président de la République Emmanuel Macron, qui visitait une classe de Troisième dans un collège de Jarnac, a pris une initiative que beaucoup de médecins attendaient en France.

    Car la France est très en retard dans cette politique de prévention des cancers qui correspond à plus de 6 400 cas par an en France (et pas seulement chez les femmes !). Je reviendrai plus loin sur la notion de "en retard" car l'importance n'est évidemment pas de se comparer aux autres pays mais de protéger la population.

    Si cette annonce a provoqué de monceaux d'immondices dans les réseaux sociaux par le courant antivax (il n'y a rien à faire, c'est irrécupérable, surtout depuis le covid-19), évacuons quelques critiques plus politiciennes que sanitaires de cette initiative. Si elle coûte cher (ce qui est très relatif : entre 95 et 110 euros par collégien ; cela devrait donc coûter autour de 80 millions d'euros chaque année), il faudra aussi calculer le coût réel, pour la collectivité, des soins d'un patient atteint d'un cancer, plus les coûts psychologiques pour lui et son entourage, sans compter l'éventuel coût humain, hélas, dans certains cas (encore très nombreux).

    Payer avant la maladie au lieu de soigner quand la maladie se déclare, c'est le principe même de la prévention et, fait notable, c'est la première fois que le Ministre de la Santé est également Ministre de la Prévention (il devrait être également Ministre des Sports et Ministre de l'Alimentation, mais j'en demande sûrement trop ; après tout, le Ministre de l'Écologie est maintenant le Ministre des Énergies).

    Ceux qui disent que ce n'est pas le rôle du Président de la République de promouvoir la prévention de la population, qu'il n'est pas médecin (tous ces antivax sont-ils médecins ?), qu'il a d'autres choses à se préoccuper... ont tort : dans le cadre d'une promotion, la parole d'un Président de la République est nettement plus efficace que celle d'un Ministre de la Santé, et encore plus que celle d'un directeur général de la Santé publique. Les interventions du chef de l'État ne peuvent pas être trop nombreuses, un ou deux sujets par jour, pour seulement 1 826 jours de mandats, finalement, pour un pays de 67 millions d'habitants, c'est peu de sujets traités publiquement au plus haut niveau de l'État. C'est donc, au contraire, un privilège de pouvoir atteindre ce niveau-là d'attention, c'est ce qu'on appelle les priorités de l'État. Protéger les citoyens est même l'une des premières obligations régaliennes d'un État.

    Bien sûr, Emmanuel Macron n'est pas médecin, mais ce n'est pas en cette qualité qu'il s'est exprimé, mais en qualité de représentant des pouvoirs publics et ceux qui l'ont élu (18,8 millions de Français quand même !), je ne pense pas qu'ils le souhaitaient inerte, inactif, invisible, passif, immobile. Quant aux autres sujets, depuis quand ne faudrait-il s'occuper que d'un seul sujet à la fois ? Un gouvernement responsable doit s'occuper de toutes les choses urgentes et prioritaires en même temps. C'est seulement quand il y a une guerre sur son sol, ou une pandémie, ou une catastrophe terrible (comme le séisme en Turquie et Syrie), que tous les efforts doivent être focalisés sur cet unique sujet.

    Après, on peut lui reprocher la manière dont il s'attaque au sujet, on peut surtout lui reprocher d'y venir peut-être beaucoup trop tardivement (cette campagne massive était très attendue, je le répète), mais on ne peut pas lui reprocher qu'il s'occupe du papillomavirus ni qu'il exprime sa volonté, reprise unanimement par tous les professionnels de la santé, de renforcer la politique de prévention.

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    Car, avant tout, qu'est-ce que le papillomavirus ? Il est souvent abrégé en HPV pour human papillomavirus (en anglais, donc). Je ne précise pas humain, mais je n'évoque que lui (il y en a d'autres), et au lieu de mettre au singulier, je serais bien inspiré de mettre au pluriel, car il y en a environ 200 génotypes différents chez l'homme (dont 20 provoquant des lésions précancéreuses et des cancers). Enfin, chez l'humain : chez l'homme et la femme.

    Et là, la première chose qu'il faut savoir, malgré tous les efforts de communication, c'est que le papillomavirus ne concerne pas seulement les femmes, également les hommes (plus de 4 cancers sur 10 provenant d'une infection au papillomavirus se développent chez l'homme). Sa présence est massive, à tel point qu'on considère que dans le monde, environ 80% de la population mondiale aura été en contact avec un papillomavirus au moins une fois dans son existence (selon l'OMS). Ces deux éléments font frémir : cela concerne les deux sexes et cela impacte la vie d'environ 80% des personnes !

    Rappelons déjà son étymologie : cela vient de deux mots latins, papillo (mamelon) et oma (tumeur). Les papillomavirus (55 nanomètres de diamètres ; le HIV fait plus de 130 nm de diamètre) sont des virus à ADN non enveloppés qui induisent des lésions exophytiques de la peau et des muqueuses (exophytique : se dit des lésions qui prolifèrent vers l'extérieur). Le découvreur de leurs effets est le virologue allemand Harald zur Hausen (87 ans le 11 mars) qui a reçu le Prix Nobel de Médecine en 2008, aux côtés de deux autres lauréats, eux Français, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, eux pour la découverte du virus du sida. Les travaux de Harald zur Hausen ont mis en évidence les effets pathogènes des papillomavirus humains.

    Avant d'évoquer les ravages de ce virus, on peut rapidement présenter comment on l'attrape : c'est la première des infections sexuellement transmissibles. Le moindre rapport sexuel peut contaminer, même sans pénétration ou avec un rapport bucco-génital. Le virus se transmet par la moindre écorchure ou coupure de la peau ou des muqueuses. Un simple contact de la peau suffit donc à le transmettre, une simple caresse (précisons, une caresse sexuelle : on ne peut pas l'attraper en seulement se serrant la main). Avec ce constat : la plupart des personnes contaminées le sont au tout début de leur activité sexuelle. Le préservatif ne protège pas de l'infection au papillomavirus. Il n'y a donc pas de prévention sauf à s'en protéger par le vaccin et à se faire régulièrement dépister pour les femmes (qui ont ainsi un petit avantage sur les hommes).

    Lors d'une contamination, le virus infecte la peau ou la muqueuse. Au bout de deux ans, dans 90% des cas, l'organisme réussit à évacuer naturellement le virus et tout va bien. Mais dans 10% des cas, le virus persiste et développe au bout de dix ans des lésions précancéreuses qu'on peut éliminer en chirurgie si on les détecte (mais la plupart sont asymptomatiques). Si ces lésions ne sont pas éliminées, elles peuvent évoluer vers un cancer invasif dans les dix à trente ans depuis le début de l'infection (pour 3 cas sur 1 000 environ).

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    Les papillomavirus humains sont responsables en France de plus de 6 400 nouveaux cancers chaque année (soit environ 2% de l'ensemble des cancers). Chez la femme : environ 3 000 cas de cancer du col de l'utérus (et 35 000 cas de lésions précancéreuses du col de l'utérus, dont le traitement peut avoir des conséquences sur la fertilité et augmenter le risque d'accouchement prématuré), 1 100 cas de cancer de l'anus, 380 cas de cancer des voies aéro-digestives supérieures (VADS), à savoir oropharynx, cavité buccale, larynx, et 190 cas de cancer de la vulve et du vagin. Chez l'homme : environ 1 300 cas de cancer VADS, 360 cas de cancer de l'anus et 90 cas de cancer du pénis. Précisons qu'avec 1 100 décès chaque année, la mortalité du cancer du col de l'utérus, c'est plus de 1 sur 3, c'est énorme ! Car il se développe chez des femmes encore jeunes : l'âge moyen au diagnostic en 2012 était de 51 ans (et l'âge moyen au décès à cause du cancer du col de l'utérus en 2012 était de 64 ans). En d'autres termes, en France, le taux de survie nette est de 66% à 5 ans (diagnostics portés entre 2005 et 2010) et de 59% à 10 ans (sur la période 1989-2010).

    À cela s'ajoutent aussi 50 000 de verrues dans les parties génitales pour l'homme, autant pour la femme. Donc 100 000 en tout, chaque année. Si elles ne sont pas cancéreuses, ces verrues génitales sont très inconfortables (et très inesthétiques : les photos qu'on peut trouver dans la littérature sont assez éloquentes...).

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    Donc, je le répète, les hommes sont aussi concernés que les femmes par le papillomavirus, pas seulement pour limiter sa transmission aux femmes, mais aussi pour prévenir des cancers, et, à la différence des femmes qui peuvent être dépistées par des frottis et tests HPV, les hommes n'ont aucun moyen d'être dépistés et c'est seulement lorsque le cancer est déclaré que le papillomavirus peut être détecté (donc bien plus tard).

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    Si on prend les statistiques dans l'autre sens, on observe que 91% des cancers de l'anus sont dus aux papillomavirus, 100% des cancers du col de l'utérus, 23% des cancers de la vulve ou du vagin, 27% des cancers du pénis, 4% à 34% des cancers VADS (rappel : VADS = bouche et gorge). À cela, il faut aussi voir les risques d'être touché par un second cancer augmentent beaucoup quand on a un premier cancer (cela dépend des types de cancer, les cancers VADS sont particulièrement récidivistes). Dans un guide sur le cancer publié par l'Institut national du cancer en avril 2016, le risque relatif (RR) est présenté en fonction des différents primocancers (RR=1,36 signifie par exemple que le sujet a 36% de risques supplémentaires d'avoir un autre cancer que la population générale d'avoir d'un cancer).

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    Pour la prévention, il n'y a pas trente-six mille solutions, comme je l'ai déjà évoqué. Il y a le test HPV à faire régulièrement (selon l'âge), à la suite d'un frottis cervico-utérin. Il y a bien sûr la communication, faire connaître les effets de ces papillomavirus, trop associés aux seuls cancers du col de l'utérus (alors que cela ne correspond qu'à un peu plus de la moitié du total). Et enfin, évidemment, il y a le vaccin.

    Le vaccin HPV a été développé à partir de 1995 à la suite des travaux de Harald zur Hausen et mis sur le marché au début des années 2000 (avec une méthode classique : fragment de virus qui stimule les anticorps). Ce qui fait déjà une longue période qui permet d'affirmer qu'il ne provoque aucun effet secondaire (avec un recul de 500 millions de doses injectées depuis quinze ans).

    Trois vaccins sont commercialisés protégeant de certains génotypes : Gardasil, Cervarix, Gardasil 9 (ce dernier, développé en 2015, protège de neuf génotypes). Les trois protègent des génotypes 16 et 18 principalement en cause dans le cancer du col de l'utérus. Le vaccin HPV est prophylactique, c'est-à-dire qu'il n'élimine pas les infections déjà présentes dans l'organisme au moment de la vaccination.

    Comme je l'écrivais au début, la France est en retard dans la prévention de ces cancers, au même titre que les États-Unis et l'Allemagne. En effet, en 2021, il y avait deux types de pays. Ceux qui ont commencé à vacciner tôt contre les papillomavirus en organisant des campagnes de vaccination, avec un taux de couverture actuel très large : 90% en Belgique flamande, 86% au Royaume-Uni, 80% en Suède et en Australie, 73% en Espagne et au Canada. L'Islande, la Finlande, la Norvège et la Nouvelle-Zélande ont, eux aussi, un taux supérieur à 70%. Et ceux qui laissent à leurs citoyens l'initiative de la vaccination : 50% en Italie, 43% en Allemagne et aux États-Unis, 25% en France. Et encore, le taux en France (toujours en 2021) est la synthèse d'une forte disparité : seulement 45% des filles et 6% des garçons âgés de 15 ans ont reçu une dose de vaccin. L'objectif du gouvernement est que la couverture soit de 80% d'ici à 2030.

    Cette vaccination est très efficace : en Australie, qui a assuré massivement la vaccination depuis 2007 (80% de la population), les lésions précancéreuses du col de l'utérus ont diminué de près de 50%. Le cancer du col de l'utérus devrait y être éradiqué dans quinze ans. Une étude publiée le 7 février 2018 dans "The Journal of Infectious Diseases" a étudié la prévalence du papillomavirus sur une cohorte de 1 500 jeunes femmes australiennes âgées de 17 à 35 ans pendant neuf ans. Cette prévalence est passée, pendant cette période, grâce à la vaccination, de 22,7% à 1,1% chez les jeunes femmes âgées de 17 à 25 ans et de 11,8% à 1,1% chez les jeunes femmes de 25 à 35 ans.

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    Dans les pays au taux de couverture vaccinale élevée, la protection du vaccin assure non seulement une protection individuelle mais aussi une protection collective (immunité de groupe, comme dans le cas de la rougeole, coqueluche, diphtérie, etc.). En effet, dans l'étude citée de 2018, parmi la cohorte des 1 500 femmes, il y avait 15% de femmes non vaccinées. Et malgré cette non-vaccination, la prévalence a baissé de la même manière qu'avec des femmes vaccinées en raison de l'immunité de groupe. Une autre étude publiée le 26 juin 2019 dans "The Lancet", qui a fait une méta-analyse sur les informations publiées par 65 articles de revues scientifiques entre février 2014 et octobre 2018, a confirmé la réduction de la prévalence du cancer du col de l'utérus et l'immunité de groupe par la vaccination anti-HPV.

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    À ce jour, c'est une enquête suédoise publiée le 1er octobre 2020 dans "The New England Journal of Medicine" ("HPV Vaccination and the Risk of Invasive Cervical Cancer") qui a apporté la preuve scientifique la plus complète sur l'efficacité du vaccin anti-HPV en prenant des cohortes de 518 319 sujets vaccinés (ayant reçu au moins une dose) et de 528 347 sujets non-vaccinés sur une période s'étendant de janvier 2006 à décembre 2017. Elle a démontré que le taux d'incidence du cancer du col de l'utérus était de 5,27 pour 100 000 chez les femmes non-vaccinées et 0,73 pour 100 000 chez les femmes vaccinées. Plus intéressant, l'étude a précisé aussi une nettement plus grande efficacité chez les jeunes femmes vaccinées avant l'âge de 17 ans (taux de 0,10 pour 100 000) par rapport à celles qui ont été vaccinées à un âge plus élevé (3,02 pour 100 000). Celles qui ont été vaccinées à un âge compris entre 20 et 30 ans se retrouvent, avec un taux de 5,16 pour 100 000, aussi exposées au cancer que les femmes non-vaccinées. Il est donc vraiment indispensable d'être vacciné avant les premières relations sexuelles.

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    Concrètement, le vaccin, qui n'est pas obligatoire mais fortement recommandé en France, est destiné aux garçons et filles entre 11 et 14 ans avec deux injections espacées de six mois. Entre 15 et 19 ans, il faut trois injections. Quant aux hommes qui ont des relations avec d'autres hommes, ils peuvent se faire vacciner jusqu'à 26 ans. Il est remboursé par la Sécurité sociale (65%) et les mutuelles et est gratuit dans les centres de vaccination. Médecins, pharmaciens et infirmiers peuvent vacciner sur prescription. Pour les jeunes femmes de plus de 20 ans, le vaccin n'est plus remboursé parce que son efficacité, comme l'étude suédoise l'a montré, est quasiment nulle.

    La décision du Président Emmanuel Macron d'organiser la campagne de vaccination dans les collèges permet donc de redonner l'initiative aux pouvoirs publics et pas aux familles. Je rappelle que ce vaccin n'est pas obligatoire mais il est utile à l'ensemble des adolescents qui commencent leur vie sexuelle. Pourquoi dans les écoles ? Parce que justement, c'est le meilleur moyen de démocratiser la vaccination. Les familles les plus pauvres vont plus rarement chez le médecin et n'iraient pas forcément spécifiquement pour la vaccination contre les papillomavirus. Dans le milieu scolaire, tous les jeunes Français se retrouvent avec une égalité des chances à se prémunir contre ces infections qui tuent plusieurs milliers de personnes par an.

    Quant à l'argument que les papillomavirus représentent peu de cancers (2% de ceux qui se déclarent au total), c'est quand même énorme : plus de 6 400 personnes chaque années sont concernées. Et surtout, ce sont les seuls cancers qu'on est capable de prévenir de manière à peu près efficace (à 90%) : ne rien faire serait criminel ! Cela vaut donc le coup de faire vacciner massivement les jeunes avant leurs premiers émois sexuels pour stopper définitivement ce type d'infections.

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    Ce raisonnement national est encore plus pertinent au niveau mondial. Dans une note de l'OMS du 22 février 2022, il est indiqué que le seul cancer du col de l'utérus est le quatrième cancer le plus courant au monde chez les femmes, estimé à 604 000 nouveaux cas en 2020 et à 342 000 décès la même année, en 2020. Et cette évidence : « Environ 90% des nouveaux cas et des décès dans le monde en 2020 sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. ». De plus, ce qui renforce le handicap des pays les plus pauvres : « Les femmes vivant avec le VIH sont exposées à un risque six fois plus élevé de contracter un cancer du col de l’utérus que les femmes séronégatives. ».

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    Pour compléter cet article, je recommande vivement l'écoute de l'émission "Le Téléphone Sonne" diffusée le 3 mars 2023 sur France Inter sur ce thème (qu'on peut télécharger ici), ainsi que la vidéo proposée en fin d'article, l'échange qu'a eu Emmanuel Macron (venu accompagné des ministres Pap Ndiaye et François Braun) avec les élèves de Troisième du collège de Jarnac (on remarquera que l'enseignante a encouragé discrètement ses élèves à honorer le chef de l'État en se levant à son arrivée, ce qui ne leur semblait pas une évidence).



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (02 septembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    2e rentrée scolaire contre les papillomavirus humains.
    Variole du singe (mpox) : "ils" nous refont le coup ?
    Covid : attention au flirt !
    Papillomavirus humains, cancers et prévention.
    Publications sur le papillomavirus, le cancer du col de l'utérus et l'effet de la vaccination anti-HPV (à télécharger).
    Émission "Le Téléphone Sonne" sur la vaccination contre les papillomavirus, sur France Inter le 3 mars 2023 (à télécharger).
    Le cancer sans tabou.
    Qu'est-ce qu'un AVC ?
    Lulu la Pilule.
    La victoire des impressionnistes.
    Science et beauté : des aurores boréales en France !
    Le Tunnel sous la Manche.
    Peter Higgs.
    Georges Charpak.
    Gustave Eiffel.
    Prix Nobel de Chimie 2023 : la boîte quantique ...et encore la France !
    Katalin Kariko et Drew Weissman Prix Nobel de Médecine 2023 : le vaccin à ARN messager récompensé !
    Covid : la contre-offensive du variant Eris.
    Hubert Reeves.
    Prix Nobel de Physique 2023 : les lasers ultrarapides, la physique attoseconde... et la France récompensée !
    Des essais cliniques sauvages ?
    John Wheeler.
    La Science, la Recherche et le Doute.
    L'espoir nouveau de guérir du sida...
    Louis Pasteur.
    Howard Carter.
    Alain Aspect.
    Svante Pääbo.
    Frank Drake.
    Roland Omnès.
    Marie Curie.








    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240902-papillomavirus.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/2e-rentree-scolaire-contre-les-247122

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/04/article-sr-20240902-papillomavirus.html