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Le blog haut et fort de Sylvain Rakotoarison - Page 15

  • François Bayrou, le début du commencement

    « Le budget que nous allons adopter aujourd'hui, je le crois, est une étape, c'est même le début du début du commencement du travail que nous allons faire. (…) Le gouvernement n'a qu'une ligne, restaurer une puissance publique digne de ce nom au service d'une nation qui doit retrouver sa solidité, sa solidarité et sa fierté. » (François Bayrou, le 5 février 2025 dans l'hémicycle).




     

     
     


    Les deux motions de censure déposées par le groupe insoumis le 3 février 2025 ont été examinées ce mercredi 5 février 2025 après-midi au cours de deux débats indépendants. Elles étaient la réaction au double engagement de responsabilité du gouvernement de François Bayrou pour l'adoption du projet de loi de finances pour 2025 (PLF) et pour la première partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS), autrement dit, à l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution.

    Au moment du débat parlementaire, il n'y avait plus de suspense. Dès le lundi 3 février 2025, le parti socialiste a fait savoir qu'il ne voterait pas la censure en raison de son esprit de responsabilité et de stabilité : la France a besoin d'un budget pour 2025 et ne peut pas se permettre une seconde censure sur le budget. Quant au groupe RN, après l'avoir implicitement annoncé le 4 février 2025, c'est quelques heures avant le vote qu'il a formellement confirmé qu'il ne voterait pas non plus la censure.


    C'est donc un succès pour François Bayrou mais il a voulu avoir le triomphe très modeste. Il n'était pas question de fanfaronner ni de parader avec sa non-censure. Certes, il a réussi la première mission de son gouvernement, à savoir doter le pays d'un budget pour cette année en cours, et le plus tôt possible, ce qui, entre autres, permettra aux collectivités locales (communes, départements, régions) de construire leur propre budget.

    En effet, comme le signalent la plupart des éditorialistes, cette non-censure est un sursis, un répit, pour le gouvernement Bayrou. Rien ne l'empêchera de tomber sur un autre sujet, par exemple, celui des retraites (Boris Vallaud a prévenu que les socialistes voteraient la censure si le retour à l'âge légal de 62 ans n'était pas proposé à l'issue de la grande conférence sociale).

     

     
     


    Avant le vote de la motion de censure contre le PLF, François Bayrou a pris la parole : « Nous avons un budget imparfait. Et je voudrais dire à ceux qui l'ont remarqué que notre but, notre intention, est que ce budget, l'année prochaine, si nous arrivons à remplir les objectifs que nous nous sommes fixés, ce budget ne soit pas le même. Et donc, ce budget est une étape d'urgence. Et pourquoi est-il une étape d'urgence ? Parce que notre pays ne peut pas vivre sans budget. (…) Nous ne pouvions pas, en aucune manière, faire autrement. C'est pourquoi nous avons fait un choix. Nous avons fait un choix d'agenda en choisissant de repartir du texte qui avait été présenté par le gouvernement de Michel Barnier et examiné par le Sénat. C'était plus difficile, naturellement, mais ça répondait à une exigence, c'est que nous ayons un budget au début du mois de février, alors qu'autrement, il aurait fallu attendre avril. Et qui peut soutenir l'idée que les investisseurs qui ont besoin de lisibilité, que les entreprises qui ont besoin de stabilité, et que les foyers qui ont besoin de retrouver un minimum de cohérence dans l'action publique, qui peut soutenir l'idée que ça aurait été mieux d'attendre quatre mois pour avoir à peu près les mêmes discussions, à peu près les mêmes condamnations, à peu près les mêmes invectives. ».

     

     
     


    Et le chef du gouvernement a terminé son intervention en prenant de la hauteur internationale : « Mais je voudrais dire un dernier mot. À l'heure même où nous avons ce débat, un peu, par moments, surréaliste, parfois décalé, l'Ukraine, avec plus de 100 000 morts, s'arc-boute sous les coups de l'armée russe sous les ordres de Poutine, qui, elle, a eu 200 000 morts. Le quarante-septième Président des États-Unis annonce qu'il va annexer le canal de Panama, l'immense Groenland, je rappelle que le Danemark est un État de l'Union Européenne et que la question, si cette menace se réalisait, se poserait à tous les États de l'Union Européenne la question de la réaction qui pourrait être la leur face à cette tentative de prise de contrôle. La Chine a passé le cap des 1 000 milliards d'excédent commercial. Et tout cela, ce sont des tsunamis qui s'avancent, irrésistibles, en tout cas, en face desquels nous demeurons paralysés. Et nous nous évertuons, nous nous ingénions, nous nous obsédons à rester, à nous enfoncer et à aggraver nos faiblesses et nos divisions. Le gouvernement n'a qu'une ligne, restaurer une puissance publique digne de ce nom au service d'une nation qui doit retrouver sa solidité, sa solidarité et sa fierté. ».

     

     
     


    Ce qui est notable, c'est qu'il y a eu moins de députés qui ont voté pour ces deux motions de censure que pour la première motion de censure du 16 janvier 2025. L'hémicycle était d'ailleurs clairsemé, ce qui était normal puisque seuls sont comptés les votes des députés voulant la censure. Les autres pouvaient vaquer à d'autres occupations.

    Pour qu'une motion de censure soit adoptée, il faut une majorité d'au moins 289 députés (sur le 576 actuellement en exercice, il manque le député de Boulogne-Billancourt qui est en train d'être élu les 2 et 9 février 2025).


    Les résultats de la première motion de censure (celle contre le PLF2025) ont été annoncés par la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet à 18 heures 09 : seulement 128 députés ont voté pour cette motion de censure, elle a donc été rejetée et le projet de loi de finances pour 2025 est donc réputé comme définitivement adopté.

     

     
     


    L'analyse de ce scrutin (n°693) a montré que les 128 censeurs étaient composés de 70 députés FI (sur 71), 37 députés EELV (sur 38), 15 députés PCF (sur 17)... et 6 députés socialistes (sur 66). Cela signifie que 10% des députés socialistes ont refusé de suivre la consigne de ne pas voter la censure, c'est moins que le 16 janvier 2025 (ils étaient 8 au scrutin n°526), mais parmi ces 6, 2 n'avaient pas voté la censure le 16 janvier 2025, cela veut dire qu'au moins 10 députés socialistes sont susceptibles de voter la censure malgré une consigne de non-censure.

    À cette annonce, si son voisin, le Ministre chargé des Relations avec le Parlement Patrick Mignola esquissait un franc sourire, François Bayrou lui-même restait impassible. Pas question d'être arrogant. Il a surtout encaissé cette nouvelle avec un peu d'émotion, comme le résultat de ses deux mois d'efforts et de concertations pour permettre l'adoption d'un budget (qui n'est parfait pour aucun groupe de l'Assemblée en raison des concessions). Il s'est juste dit qu'il avait trouvé un chemin.

    L'exercice s'est poursuivi avec un nouveau débat pour la motion de censure contre le PLFSS2025. C'était l'occasion pour François Bayrou, en concluant ce débat, de rappeler une nécessité : « Tout le monde voit bien, a souligné, à plusieurs reprises, majorité comme opposition, la certitude que nous ne pouvons plus nous contenter d'un examen annuel de notre budget [de la sécurité sociale] et qu'une pluriannualité, avec des orientations et avec des tendances dégagées qui seront autant d'engagements, que cette méthode pluriannuelle sera plus riche que la méthode habituelle dans laquelle nous sommes, d'une certaine manière, quelque peu enfermés. (…) C'est aussi un travail de refondation qui est nécessaire devant le projet de loi de financement de la sécurité sociale. ».
     

     
     


    Et de remercier les députés pour le travail accompli pour ce PLFSS : « Le choix de responsabilité est aussi un choix de solidarité à l'égard des plus fragiles de nos concitoyens car c'est eux qui auraient été évidemment victimes si nous n'avions pas eu d'adoption de ce budget. C'est pour le gouvernement une manière de remercier l'Assemblée Nationale de son engagement et de son travail. ».

    Là encore, les résultats, annoncés ce mercredi 5 février 2025 à 20 heures 16, ont abouti au rejet de cette motion de censure, car seulement 122 députés l'ont votée, soit encore moins que la censure contre le PLF2025.
     

     
     


    L'analyse du scrutin (n°694) a fait état du détail de ces 122 votes : 71 députés FI (sur 71), 36 députés EELV (sur 38) et 15 députes PCF (sur 17). Cette fois-ci, aucun député socialiste n'a voté la censure, la consigne du bureau national du PS a donc été respectée à 100% !

    Pour François Bayrou, c'est bien sûr un double succès (le PLFSS n'est pas encore terminé et il y aura encore des motions de censure dans les jours prochains), car sa méthode a fonctionné, celle de tenter un pont entre le gouvernement et le PS. Le plus gros succès politique, c'est d'avoir réussi à détacher le PS de la tyrannie parlementaire de Jean-Luc Mélenchon, gourou du chaos.

    Pour le parti socialiste aussi, c'est un succès. En effet, la décision douloureuse de ne pas censurer le gouvernement, pour être utile et efficace, devait être respectée par chaque député individuellement (je rappelle que le mandat d'un député n'est heureusement pas impératif, c'est la base même de la démocratie française, et donc, qu'il vote toujours en son âme et conscience quelles que soient les consignes éventuelles de son parti). À 10% près, la consigne a été respectée.

     

     
     


    François Bayrou paraissait assez sûr de lui sur cette non-censure, en ce sens que la démarche initiée dès décembre par le PS, c'est-à-dire de devenir responsable et de chercher à obtenir quelques avancées (selon le PS) tout en restant dans l'opposition, s'apparente à faire du saut en parachute (cette analogie vient de la journaliste Sylvie Pierre-Brossolette le 3 février 2025 sur LCI) : une fois qu'on a sauté, on ne peut plus revenir en arrière dans l'avion ! Le PS non plus ne peut revenir en arrière pour se remettre dans la nasse des insoumis car il perdrait tout : il est déjà qualifié de traître par les insoumis (mais c'est ordinaire, depuis plus d'un siècle, qu'un socialiste se fasse traiter de traître par un gauchiste) et s'il retournait en arrière, il serait critiqué par ses électeurs qui demandent un minimum d'esprit de responsabilité.

    Quant au RN, c'est aussi un semi-succès car sa consigne de non-censure a été suivie à 100%. Certes, le RN n'est plus au centre des enjeux dès lors que le PS l'a remplacé, mais en ne votant pas la censure, il s'est distingué des insoumis, d'autant plus qu'il ne pouvait pas reprocher à François Bayrou d'avoir franchi une ligne rouge budgétaire, et cela lui a permis de ne pas montrer l'inefficacité de son vote de censure. Il réserve cet acte grave à un autre moment dont il sera maître.

    Le Premier Ministre a pris la parole à l'issue de ce second vote pour engager la responsabilité du gouvernement, sur le fondement de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, sur la deuxième partie du PLFSS, la partie des recettes. Une motion de censure sera certainement déposée par les insoumis pour un examen à la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine, sauf s'il commence à se lasser de déposer des motions de censures (le groupe insoumis en a déposé déjà cinq depuis les dernières élections !).
     

     
     


    La suite, c'est donc le véritable début du travail gouvernemental. En gros, François Bayrou est arrivé en deux mois à atteindre là où s'était arrêté le gouvernement Barnier en trois mois (ce qui est logique puisqu'il a repris ses travaux budgétaires). Il aura donc réussi à rattraper le retard budgétaire en seulement deux mois, ce qui est remarquable.

    Déjà la veille, 4 février 2025, François Bayrou avait répondu à l'ancien ministre Paul Christophe, président du groupe Horizons à l'Assemblée, à la séance des questions au gouvernement, en affirmant bien fort que l'achèvement des adoptions budgétaires ne constituait pas une fin mais un début ! Ainsi, il avait déclaré : « Vous avez raison de signaler que cette étape initiale qui s’achèvera, je l’espère, avec l’adoption du projet de loi de financement de la sécurité sociale, au terme d’une succession de motions de censure dont vous connaissez tous la mécanique, ne constitue que le début du travail que nous avons à accomplir. J’ai utilisé l’image peut-être exagérée de l’Himalaya, chaîne de montagnes de 2 000 kilomètres qui compte dix sommets de plus de 8 000 mètres. ».


    Et d'indiquer son action des prochaines semaines, en clair, préparer dès maintenant le budget 2026 : « Nous devons proposer une stratégie pour les très grands sujets qui vont de l’éducation nationale à la santé, je n’en dresserai pas la liste exhaustive, en passant par la réforme de l’État, par laquelle je commencerai. Dès le lendemain de l’adoption du budget, je demanderai à chacun des ministres et des départements ministériels de lancer l’analyse en profondeur qui partira non pas des moyens, comme on le fait habituellement, mais des missions de l’État. Ces missions sont-elles accomplies, bien accomplies ? La répartition des missions avec les collectivités locales est-elle bonne ? L’allocation des moyens est-elle juste et pertinente ? Ce travail en profondeur sur l’action de l’État est l’un des premiers que nous avons à conduire. Je vous rassure, ce ne sera pas le seul : tous les domaines que nous avons identifiés comme étant en difficulté dans notre pays seront examinés un par un dès le lendemain de l’adoption du budget. ».
     

     
     


    Lorsqu'il a pris la parole sur la motion de censure contre le PLF ce mercredi, François Bayrou a donné les mêmes indications : « Nous avons à reconstruire la conception même de notre action publique et de l'allocation des moyens qui sont dévolus à cette action publique. Mission par mission. (…) Si ce budget est adopté, alors nous allons, dès la semaine prochaine, repartir de chacun des départements ministériels, en analysant pour chacun d'entre eux si les missions qu'il doit conduire sont bien réalisés et si l'argent public qui leur est apporté est bien placé. C'est cela, l'action que nous allons entreprendre. C'est nécessaire, difficile, mais il n'y a pas de possibilité de continuer comme nous le faisons depuis des décennies avec une méthode extrêmement simple, comment faisons-nous le budget ? Nous prenons le budget de l'année précédente, nous y affectons plus ou moins un coefficient d'inflation... Tous ceux qui viennent à cette tribune disent : il faut baisser la dépense publique. Tous ceux qui viennent à cette tribune disent : vous mettez trop d'impôts, les foyers sont frappés, les entreprises sont frappées. Et en même temps, chacun exige qu'on dépense plus pour la préférence dans l'action qui est la sienne. Chacun se plaint de ce que l'augmentation du budget auquel il a été attaché est trop faible, et dans le même temps, qu'on n'ait pas fait le rééquilibrage que l'on attendait. L'un est contradictoire avec l'autre. (…) On ne peut pas reprendre la méthode éternelle qui consiste à repartir du budget précédent pour bâtir le budget suivant avec un coefficient d'augmentation des dépenses des impôts et des taxes. L'immense travail que nous avons à faire est un travail de reconstruction. (…) J'ai confiance que tout le monde peut participer à cet effort de reconstruction. (…) Le budget que nous allons adopter aujourd'hui, je le crois, est une étape, c'est même le début du début du commencement du travail que nous allons faire. Le gouvernement, naturellement, y participera. ».

    C'est clair que l'alpinisme du Pyrénéen n'est pas terminé : il y a d'autres sommets dans l'Himalaya, après les premiers pics budgétaires ! Et François Bayrou jouit de plus d'une quarantaine d'années d'entraînement. Le voici en pleine épreuve.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (05 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    François Bayrou, le début du commencement.
    La semaine de vérité et de responsabilité.
    Lionel Jospin appelle le PS à ne pas censurer le gouvernement Bayrou.
    François Bayrou et le sentiment de submersion.
    François Bayrou, la cohérence du pacificateur.
    Ce Bayrou, c'qu'il est Faure !
    François Bayrou sera-t-il censuré ?
    Les conclaves du cardinal Bayrou.
    Déclaration de politique générale du Premier Ministre François Bayrou le 14 janvier 2025 au Palais-Bourbon (vidéo et texte intégral).
    François Bayrou au jour J.
    Édouard Philippe et sa partition particulière contre l'indolence.
    François Bayrou et le Chemin.
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    François Bayrou au travail !
    Gouvernement Bayrou : un choc d'autorité ?
    Composition du Gouvernement François Bayrou I nommé le 23 décembre 2024.
    Le difficile accouchement du gouvernement Bayrou.
    La méthode Bayrou réussira-t-elle ?
    Terre de désolation.
    La folle histoire de la nomination de François Bayrou.
    François Bayrou, le papa Macron !
    Le tour de François Bayrou !
    La polémique entre Maurice Druon et François Bayrou en juillet 2004.
    Le paysage politique français postcensure.
    Motion de sangsue : les conséquences économiques désastreuses de la censure.
    Philippe Vigier défend les Français face au renoncement national.
    Laurent Wauquiez met en garde contre l'instabilité institutionnelle.
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    La motion RNFP : Chassez le naturel, il revient au chaos !
    L'émotion de censure de Michel Barnier.
    La collusion des irresponsables.
    Gouvernement Barnier : les yeux du monde rivés sur la France.
    Risque de censure : Non, le RN n'est pas l'arbitre des élégances !
    Michel Barnier plaide pour la sobriété normative et procédurale !
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 21 novembre 2024 à la Porte de Versailles (vidéo et texte intégral).
    Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
    PLF 2025 : la majorité de rejet !
    Michel Barnier : déjà deux mois !
    François Guizot à Matignon ?
    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
    Doliprane : l'impéritie politique.
    Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
    Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
    Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
    Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
    Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250205-bayrou.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-bayrou-le-debut-du-259120

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/05/article-sr-20250205-bayrou.html


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  • La croisade nauséabonde de Paul Vannier

    « Mes premières pensées vont aux garçons qui ont été en souffrance dans ce type d’affaires, et à eux, j’adresse ma sympathie, mais pas à ceux qui exploitent leur souffrance. » (François Bayrou, le 11 février 2025 dans l'hémicycle).



     

     
     

    Il y a des personnes mal intentionnées (c'est un euphémisme !), pour des motivations diverses (l'une par messianisme anti-système, l'autre par stratégie de chaos), qui profitent de la détresse de victimes d'un véritable scandale pour faire de la polémique à trois balles. La cible, c'est le Premier Ministre François Bayrou et c'est assez stupide d'obliger le chef du gouvernement de se défendre alors que ce seraient les victimes à défendre et protéger.

    J'ai tout de suite compris le niveau de puanteur quand j'ai lu le (premier ?) tweet de Paul Vannier le 5 février 2025. Qui est Paul Vannier ? Non, c'est n'est pas le sculpteur d'une statue à Paris, mais simplement un député insoumis élu du Val-d'Oise depuis 2022 avec son cortège de détritus.

    Il faut regarder la date de ce tweet, le 5 février 2025, c'est-à-dire quand les insoumis étaient certains que les socialistes ne voteraient pas leur motion de censure examinée le jour même contre le gouvernement Bayrou. Alors, après les échecs répétés de leurs motions de censure, l'échec de leur tentative de destitution du Président de la République, les insoumis cherchent d'autres moyens : salir de manière odieuse et indigne le Premier Ministre. En faisant quoi ? En laissant dire qu'il serait mouillé dans une affaire de pédocriminalité. C'est dégueulasse !

    Du reste, pourquoi cette "affaire" sortirait-elle seulement en février 2025 alors qu'elle était déjà connue à cause des plaintes de mars 2024, et même en 1998, pour les premières plaintes. Les députés insoumis et les journalistes guidés par je ne sais quel messianisme se sont réveillés juste la veille d'une des motions de censure des insoumis que ceux-ci savaient perdues d'avance. Comme c'est étrange.


    Ce procédé odieux n'est pas nouveau, car le maire de Toulouse Dominique Baudis avait lui-même été accusé à tort dans une sordide affaire de viol et prostitution, à l'époque avec un écho retentissant dans le journal local, "La Dépêche du midi", dont le propriétaire est la famille Baylet connue pour être les rivaux politiques de Dominique Baudis en Haute-Garonne.

    Que dit le tweet de Paul Vannier ? C'est une vidéo en fait, et le député, à grands moulinets, a dit notamment ceci : « C'est probablement la plus grave affaire de pédophilie que notre pays ait connue et tout indique que le Premier Ministre François Bayrou savait et a couvert. ». Que reproche-t-on à François Bayrou ? D'avoir été complice des pédocriminels d'un établissement scolaire catholique, rien que cela ! Avec des mots comme "probablement" et "tout indique" qui montrent le sérieux et la rigueur des accusations.

     
     


    D'ailleurs, beaucoup d'internautes n'étaient pas dupes si l'on en croit les réponses à ce tweet. L'un : « Les hyènes ont trouvé un os à ronger ! ». Un autre : « Et pendant tout ce temps, vous n'avez rien dit ? ». Un troisième : « C'est qui, Paul Vannier ? Il sert à quoi, ce type qui ne cherche que la polémique ? À dégager dès que possible ! ». Un quatrième : « Quand on a rien à béqueter, on fait les poubelles. ». Un cinquième : « Les faits remontent à 1970, Paul Vannier, et ont été dénoncés depuis longtemps ! Qu'est-ce qui vous prend aujourd'hui ? Vous avez l'indignation vachement tardive ! Hier, c'était pas grave ? Vous êtes décidément à vomir ! ». Un autre : « Qu'as-tu dit sur le procès de la pédocriminalité à Angers de 1999 à 2002 ? Pourtant, en 2003, tu étais encore honnête, juste avant ta conversion à la secte d'extrême gauche de Raëlenchon. 62 personnes condamnées pour abus sexuels sur 45 enfants de 6 mois à 12 ans. Ça t'a choqué ? ». Un septième, perspicace, qui a bien compris : « Faire le buzz sans preuves, pour affaiblir un gouvernement le jour d'une motion de censure ; et le faire au nom d'un parti comprenant parmi ses députés plusieurs mis en examen pour des faits réels et non fantasmés ; vous touchez vraiment le fond. ».

    Comme celui-ci : « À quoi fait référence le député Vannier de LFI ? Réponse : à une affaire relayée notamment par BFM RMC en date du 23 avril 2024 (ça ne vient pas de sortir). (…) Pourquoi presque un an plus tard se saisit-il de ce dossier ? Réponse : Ils ont perdu la législative de l'Isère, ils n'ont pas eu la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, ils savent que la motion de censure ne va pas passer, ils commencent à voir que la Palestine va devenir un non-sujet depuis l'élection de Trump, donc, il leur faut impérativement trouver de nouvelles cartouches. (…) Peu leur importe les violences qui ont pu exister et les potentielles victimes, peu leur importe d'intervenir dans une affaire en cours d'instruction. ». Encore un autre : « T'as que ça pour taper sur E. Macron et l'école privé ? T'es tombé bien bas. Et comme par hasard, mais vraiment par hasard, le jour d'une motion de censure... Prends-nous pour des lapins de six semaines. ».

    Il y a quand même, parmi les réponses, aussi quelques tweets de soutien, dont un n'hésitait pas à démolir le Premier Ministre ainsi : « L'Affaire pédocriminelle de l'école catholique Bétharram illustre la cruauté de Bayrou. Une carrière bâtie sur la banalisation de la violence des enfants. ». La "cruauté de Bayrou", rien que cela. J'ai été rassuré en regardant d'où ça venait : « Co-animateur insoumis » ! Je comprends mieux : il y a des personnes qui sont payées à mettre ce genre de tweet matin midi et soir. Les réponses précédentes, en revanche, je doute qu'elles aient été monnayées. Même si certaines ont rappelé un titre du journal "Le Figaro" du 2 octobre 2024, qui n'a pas l'air d'émouvoir le député FI : « Viols avec torture d'une fillette handicapée à Nantes : le suspect est un ancien candidat LFI » (une enfant de 4 ans).


    Mais revenons au fond. Il y a effectivement un véritable scandale dans l'institution Notre-Dame de Bétharram, un collège et lycée qui fait aussi pensionnat et qui a accueilli jusqu'à 600 enfants par an. Plus d'une centaine de plaintes ont été déposées en 2024 pour des faits remontant de 1957 à 2010, les victimes ont été des enfants âgés de 8 à 13 ans, victimes de 26 adultes, enseignants, prêtres ou surveillants, de violences sexuelles voire et de viols. Ce scandale est grave, mais faut-il y mettre un superlatif ? Toujours est-il que pour l'instant, la justice a été saisie et que l'instruction suit son cours, et c'est très bien. Mais de quoi est donc accusé François Bayrou ?

    Alors, reprenons le fil. On accuse François Bayrou simplement d'être né dans la commune voisine de celle où se trouve l'établissement scolaire en question. Bordières est, en effet, tout à côté de Lestelle-Bétharram. Alors, François Bayrou aurait dû savoir ce qui s'est passé dans cet établissement parce qu'il a été un élu du coin, aussi un parent d'élève de cet établissement, puisqu'au moins un de ses enfants, peut-être plus, ont été scolarisés dans ce collège. De plus, c'est un établissement privé, catholique, sous contrat (ce qui signifie qu'il respecte scrupuleusement les programmes de l'Éducation nationale).


    On dit ainsi parfois n'importe quoi, en mélangeant tout. Je vais donc reprendre les mandats de François Bayrou, pour que ce soit clair : il a été élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques, sur le canton de Pau-Sud (qui n'inclut pas Lestelle-Bétharram), de mars 1982 à mars 2008, et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de mars 1992 à mars 2001. Il a été élu député des Pyrénées-Atlantiques de mars 1986 à juin 2012 (où il a été battu), sauf lorsqu'il a été ministre (1993 à 1997) et député européen (1999 à 2002). Entre 1986 et 1988, il n'avait pas de circonscription puisqu'il a été élu à la proportionnelle départementale, mais ensuite, sa circonscription est la deuxième du département et inclut à la fois son canton de Pau-Sud et Lestelle-Bétharram. Il a été élu maire de Pau, mais seulement depuis mars 2014 (c'est très loin des années 1990). Enfin, il a été Ministre de l'Éducation nationale de mars 1993 à juin 1997, puis un mois Ministre de la Justice de mai à juin 2017, et enfin Premier Ministre depuis décembre 2024.

    Les peu-glorieux qui attaquent François Bayrou sur ce scandale multiplient les amalgames et les confusions entre les dates et les faits. Car leur but, c'est de mettre en faute le Premier Ministre, et le premier moyen, c'est de le faire mentir.

    Mais arrêtons-nous sur une série de tweets bien vus du dessinateur Xavier Gorce qui sait aussi bien écrire que dessiner. Il a donné le mode d'emploi de Mediapart : « L'affaire Bayrou ressemble point pour point aux affaires précédentes, orchestrées exactement selon la même stratégie : Mediapart révèle partiellement, le mis en cause réfute en mentant en partie, par légèreté ou surplomb. Et là, le piège se referme, exploité politiquement. ».

    Il a précisé le comment : « Mediapart cible ses attaques sur un maillon faible de l'État : ils ont des dossiers (minces) sur chaque acteur politique et attendent qu'il "monte" à un poste stratégique de pouvoir. Alors, ils sortent les éléments pour ferrer le poisson en flagrant délit de mensonge. ». Le pourquoi : « Le poisson, ils s'en foutent (Edwy s'en fout). La cible, c'est le "système". Voilà ce qu'est l'éthique et la conception du journalisme de Mediapart : un job d'officine idéologique et politique d'agit' prop. ».

     
     


    L'offensive réelle, après un bas-bruit d'une semaine, c'était la séance des questions au gouvernement du mardi 11 février 2025 à l'Assemblée. Le même Paul Vannier était tout fier de poser sa question vache (il l'a retransmise sur Twitter) : « Père d’élèves scolarisés dans l’établissement, époux d’une professeure de Bétharram, président du conseil départemental, vingt ans député de la circonscription, ancien ministre de l’éducation nationale, saisi à de multiples reprises de ces violences, vous avez toujours affirmé n’avoir rien su, rien vu, rien entendu. (…) Et alors que vos fonctions successives vous permettaient de protéger ces enfants, vous avez choisi l’omerta pendant trente ans ! (…) Voulez-vous l’impunité de cet établissement financé sur fonds publics s? Les anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram, que vous avez jusqu’ici choisi d’ignorer, les millions de victimes d’abus sexuels et tous les parents d’élèves de France attendent votre réponse. ».

    En clair, Super-Bayrou aurait dû venir en aide aux millions de victimes de Notre-Dame de Bétharram. Elles sont plutôt au nombre d'un peu plus d'une centaine, et c'est déjà beaucoup trop. Il y a plein d'allusions. Par exemple, "financé sur fonds publics" est vrai et faux : les enseignants sont payés par l'État parce qu'ils enseignent selon la volonté de l'État, mais les bâtiments sont sur fonds privés. De plus, les scandales de pédocriminalité, s'ils ont touché beaucoup d'établissements scolaires catholiques (c'est l'Église elle-même qui a fait l'état des lieux récemment), ils ont aussi touché des établissements scolaires publics et aussi des établissements sportifs, en fait, hélas, tout endroit où des adultes s'occupent d'enfants. Il y a aussi une critique en évoquant l'épouse de François Bayrou, Élisabeth qui a fait du catéchisme dans cet établissement, le plus près de leur résidence principale.

    On a reproché aussi à son épouse d'avoir assisté à l'enterrement d'un prêtre qui s'est avéré être un prédateur sexuel sur les élèves. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il se passait s'il y avait le silence sur ces faits ? À ce compte-là, il faudrait aussi traiter maintenant comme de dangereux criminels tous ceux qui ont assisté aux obsèques de l'abbé Pierre.

    Chacun a le droit de présenter les faits tant qu'il ne tort pas la vérité. Or, ici, il l'a tordue parce qu'il ne comptait que sur la confusion. François Bayrou a répondu simplement et fermement : « J’affirme que je n’ai évidemment jamais, au grand jamais, été informé de quoi que ce soit en matière de violences, a fortiori de violences sexuelles, et j’ai deux preuves à l’appui de mon affirmation. La première, c’est que j’avais déjà quitté le Ministère de l’Éducation nationale depuis des mois, c’est-à-dire en mai 1997, quand les premières plaintes ont été déposées en décembre 1997, puis en 1998. L’autre preuve devrait faire consensus : croyez-vous que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement dont il aurait été dit qu’il s’y passe des choses de cet ordre ? Je peux vous assurer que tout est faux. Une plainte en diffamation sera évidemment déposée. ».


    Le procureur Mediapart, qui est comme un chien qui ne lâche plus sa proie, a fait un titre particulièrement scandaleux : « De nouvelles archives de l'affaire en 1996 prouvent l'implication de François Bayrou » ! Rien que ça, "l'implication" de François Bayrou ! Parlons-en de 1996. Il y a eu une affaire une plainte en avril 1996 sur un enfant qui a reçu une gifle assez forte (tympan brisé) qui a dû se produire l'année précédente. François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale et comme il est le chef de cette administration, il a demandé à ce qu'il y ait une enquête de l'inspection.
     

     
     


    Invité de "Questions politiques" le dimanche 16 février 2025 sur France Inter, le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, par ailleurs vice-président du MoDem, a expliqué : « Lorsque François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale, il y a effectivement eu une gifle qui a été signalée en 1996. Ce qui a conduit à ce qu'un rapport de l'inspection soit rédigé qui dit très clairement, je l'ai lu, qui dit très clairement : "Notre-Dame de Bétharram n'est pas un établissement dans lequel les élèves sont brutalisés". ». C'était probablement un tort, mais c'est le rapport d'inspection qui a conclu cela, pas François Bayrou qui, au contraire, a voulu mettre toute la lumière sur ce signalement.

    Quant aux sévices sexuels et viols, les premiers signalements n'ont été faits qu'à la fin de l'année 1997 et 1998. François Bayrou n'était plus ministre. C'était Claude Allègre qui était aux commandes dans le gouvernement de Lionel Jospin et ce qui a été fait ou pas fait ne peut donc pas être reproché à l'actuel Premier Ministre. C'est ce que dit maintenant l'avocat de la première victime de viol qui a déposé plainte en 1998 : « S'il s'agit de dire qu'il avait connaissance du dossier judiciaire, je comprends qu'il n'en connaissait rien puisqu'il n'avait rien à en connaître. Sinon, on aurait évidemment dénoncé une pression du politique sur le judiciaire. En 1998, François Bayrou n'est plus Ministre de l'Éducation nationale, c'est Claude Allègre, c'est un socialiste. Alors, entendre aujourd'hui la gauche vitupérer sur le silence ou l'inaction du Ministère de l'Éducation nationale, c'est franchement hypocrite. ».

    Mediapart a reproduit une lettre recommandée avec accusé réception signé de François Bayrou pour indiquer qu'il savait ! Mais ce courrier date d'avril 2024, d'il n'y a meme pas un an ! Quand François Bayrou dit qu'il ne savait pas, c'était à l'époque, dans les années 1990. Et d'ailleurs, qu'aurait-il fait s'il avait su ? D'abord, retirer son ou ses enfants de cet établissement. Cela aurait été la première chose à faire. Il ne l'a pas fait.


    Ce n'est pas parce que Mediapart a publié des photos du jeune député Bayrou accompagnant Michèle Alliot-Marie, autre élue du coin, en visite dans cet établissement, que ce serait choquant. Les élus visitent généralement beaucoup d'établissements scolaires au cours de leur mandat, et sont même parfois membres du conseil d'administration de l'établissement. C'est donc toujours facile de prendre un établissement où il y a eu ce genre d'affaire et de retrouver des photos d'élus le visitant auparavant. Sans rien connaître du scandale.

    Le député Paul Vannier a persévéré puisque le lendemain, le mercredi 12 février 2025, avant l'examen de la motion de censure de son clan politique, en opération commandée, il a récidivé avec une nouvelle question au gouvernement sur le même sujet, insultant François Bayrou d'être un menteur : « Monsieur le Premier Ministre, vous avez menti aux députés pour dissimuler que vous aviez connaissance de violences sur enfants, violences que vos responsabilités passées vous imposaient de dénoncer. Le mensonge d’un ministre devant la représentation nationale, a fortiori du premier d’entre eux, est d’une immense gravité. Que votre mensonge porte sur une affaire pédocriminelle ajoute à l’inacceptable. Allez-vous en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission ? ».

    François Bayrou a laissé son Ministre de la Justice, Gérald Darmanin, répondre à sa place et il l'a fait avec précision en rappelant l'essentiel : « Je veux d’abord, en mon nom et au nom du gouvernement, avoir une pensée pour tous ces enfants, quel que soit leur âge, qui, en tant que victimes, méritent mieux que des jeux politiciens. Si nous nous rejoignons tous dans la lutte contre la pédophilie et les violences insupportables faites à nos enfants, je regrette que certains utilisent honteusement ces faits pour régler des comptes politiques. (…) Je rappellerai simplement pour ma part que la lutte contre les violences faites aux enfants est, ainsi que je l’ai moi-même souligné dans la circulaire de politique pénale que j’ai adressée au procureur de la République, une priorité de ce gouvernement, sous l’autorité de M. le Premier Ministre, qui définit la politique pénale. Quant à vous, je vous encourage à rester digne devant la détresse et la violence des cas que vous évoquez. ».

    Paul Vannier s'est permis de rétorquer, puisqu'il avait encore quelques secondes de temps de parole (cela fera des vidéos sur son compte Twitter dont il est si fier), et, non content de réclamer la démission de François Bayrou, il a aussi réclamé la démission du Président Emmanuel Macron : « Monsieur le Premier Ministre, votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’État ! Il engage directement le Président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon. Il donne aux députés une immense responsabilité au moment de voter ou de ne pas voter la censure de votre gouvernement. ». L'excessif est insignifiant... surtout quand ce n'est pas fin et qu'on le voit venir de très loin avec ses gros sabots !

    Opération concertée par les censeurs de l'après-midi, car à la même séance du 12 février 2025, le député écologiste Arnaud Bonnet s'y est mis aussi, en mélangeant tout, comme ceci : « Vous avez été Ministre de l’Éducation nationale, président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, et maire de Pau ; vous disposiez de tous les leviers pour protéger ces enfants et vous auriez choisi de ne pas le faire. ». Le seul levier, on vient de le voir, c'était le ministère, et il n'était plus ministre quand les premières plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées. De plus, il n'était pas maire de Pau en même temps que Ministre de l'Éducation nationale ou que président du conseil général. Tout cela est un foutoir de confusion servant simplement à salir à tort une personnalité. Et de poser sa question : « Monsieur le Premier Ministre, vous nous devez des réponses claires. Si vous avez volontairement gardé le silence sur ces agissements, alors vous devrez démissionner. ». Ces gauchistes voudraient une commission d'enquête sur ce que savait ou pas François Bayrou. En revanche, ils se moquent de savoir combien il y a de victimes, combien d'adultes sont-ils (réellement) impliqués, pendant quelle période. S'il y avait une commission d'enquête parlementaire à former, ce serait évidemment sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram, où subsistent encore des zones d'ombre. Mais il y a déjà une instruction judiciaire en cours.


    La réponse de François Bayrou est restée factuelle : « Dès lors que ce serait au service de la polémique, on serait autorisé à tout dire et à défendre n’importe quel argument. Je l’ai dit hier, mais à l’époque des faits, je n’ai jamais été averti des agissements qui ont donné lieu aux signalements et aux plaintes. La lettre à laquelle vous faites allusion date d’avril 2024, alors que les faits en question remontent aux années 1990. J’affirme que je n’ai pas eu la moindre information, sinon, comme je l’ai déjà dit, croyez-vous vraiment que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement sur lequel pesaient de tels soupçons ? Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet. ».

     

     
     


    François Bayrou a finalement réagi de la meilleure manière. Répondre et répondre serait inutile, un peu comme les polémiques dans les réseaux sociaux avec des trolls. Les uns ont tout leur temps pour faire cela, puisqu'ils se moquent de l'intérêt des Français et en particulier des victimes bien réelles de Notre-Dame de Bétharram, et le Premier Ministre, en revanche, ne peut pas passer son temps à polémiquer sur les réseaux sociaux ou dans les chaînes d'information continue parce qu'il a un État à gérer et à réformer.

    Il a donc fait la seule chose qu'il fallait faire et il l'a fait ce samedi 15 février 2025 à la mairie de Pau. Il a fait venir les victimes pour les écouter pendant trois heures. On peut lui reprocher d'avoir attendu quelques jours, mais ceux qui le lui reprochent lui ont aussi collé cinq motions de censure en deux semaines et auraient été les premiers mécontents si le Premier Ministre s'était absenté pour aller à Pau. Il a attendu donc le week-end pour aller à la rencontre des victimes de Notre-Dame de Bétharram, leur apporter tout son soutien et leur assurer que le gouvernement ferait tout ce qu'il a en son pouvoir pour les défendre (par exemple, renforcer le parquet de Pau pour instruire rapidement les 112 dépôts de plaintes).

    Ces témoignages ont manifestement secoué le Premier Ministre : « C'était bouleversant, purement et simplement l'expression de la vérité de vie, dont toutes ont été atteintes, dont certaines sans doute ont été brisées par des actes de violences intolérables, et hélas d'agressions sexuelles abominables. c'est une expérience à laquelle je veux apporter mon soutien, et prendre des décisions qui vont dans ce sens. ». Et toujours devant les victimes : « Est-ce qu'on aurait dû s'en apercevoir à l'époque ? À coup sûr. J'ai dit que je ne savais pas. Je savais pour cette plainte qui avait été posée pour une claque. J'ai demandé une inspection, et je ne savais pas ce qu'il s'était passé. ».


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (16 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Paul Vannier.
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    La vérité nous rendra libres.
    Abus sexuels : l’Église reconnaît sa responsabilité institutionnelle.
    Legs et indécence.
    Secret de la confession et lois de la République.
    Abus sexuels dans l’Église : honte, effroi et pardon !
    Rapport de Jean-Marc Sauvé remis le 5 octobre 2021 sur la pédocriminalité dans l’Église (à télécharger).
    Présentation du rapport Sauvé le 5 octobre 2021 (vidéo).
    Discours du pape François le 24 février 2019 au Vatican (texte intégral).
    La protection des mineurs dans l’Église.
    Protection des mineurs (2) : pas d’imprescriptibilité pour la pédocriminalité.
    Protection des mineurs (1) : 15 ans, âge minimal du consentement sexuel ?
    La faute de Mgr Jacques Gaillot.
    Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
    Mgr Barbarin : le vent du boulet.
    Pédophilie dans l’Église catholique : la décision lourde de Lourdes.
    Mgr Barbarin : une condamnation qui remet les pendules à l’heure.
    Pédophilie dans l’Église : le pape François pour la tolérance zéro.
    Le pape François demande pardon pour les abus sexuels dans l’Église.
    Le pape François en lutte contre la culture de l’étiquette et de la médisance.

     



     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250205-paul-vannier.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/17/article-sr-20250205-paul-vannier.html


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  • La semaine de vérité et de responsabilité

    « Nous voici à l’heure de vérité. Nous voici même à la semaine de vérité et de responsabilité. Aucun pays ne peut vivre sans budget. La France le peut moins que tout autre. Pour la première fois depuis la fondation de la Ve République, depuis presque soixante-dix ans, notre pays est toujours sans budget au début du mois de février. L’image de la France, grande démocratie, pilier de l’Union Européenne, en est affectée, mais elle n’est pas la seule victime : l’action publique en pâtit également, puisqu’elle est incapable de faire face à ses obligations. » (François Bayrou, le 3 février 2025 dans l'hémicycle).




     

     
     


    Enfin les députés deviennent responsables et raisonnables ! Le Premier Ministre François Bayrou a utilisé ce lundi 3 février 2025 deux fois l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter le projet de loi de finances pour 2025 et le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025.

    Bien que cavalière, cette double utilisation était nécessaire dans la mesure où aucune majorité absolue n'existe à l'Assemblée Nationale. Ne pas utiliser ces outils constitutionnels auraient entraîné soit un nouveau rejet du budget par les députés, soit l'obligation, pour certains députés de l'opposition, de voter pour le budget ce qui, pour eux, aurait été difficile à justifier politiquement. L'idée de permettre une adoption sans vote sauf vote d'une motion de censure permet aux députés de l'opposition responsables de ne pas voter le budget tout en permettant à la France d'avoir un budget (et un gouvernement par la même occasion).

    Les mêmes causes font-elles les mêmes effets ? Le gouvernement de Michel Barnier avait chuté par l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, grâce à une collusion entre les députés de la nouvelle farce populaire (NFP) et du RN, une collusion RNFP !


     

     
     


    François Bayrou a expliqué pourquoi il fallait un budget : « La production est paralysée dans de nombreux domaines. Songez aux agriculteurs, au BTP, bâtiment et travaux publics, à l’investissement ! Songez aux presque 500 000 foyers auxquels des taux de fiscalité vont s’appliquer alors qu’ils étaient exonérés jusqu’à présent, et aux 18 millions de foyers fiscaux qui verront leur impôt augmenter ! Songez à tous ceux qui doivent construire ou acheter leur logement, qui verront les taux d’emprunt augmenter du fait de l’incertitude, sans même parler, nous y viendrons ensuite, du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Telle est la situation depuis la censure du gouvernement de Michel Barnier. C’est la réalité. ».

    Pourquoi François Bayrou a-t-il peu de chance de voir son gouvernement renversé à l'issue du débat des deux motions de censure déposées ce lundi 3 et discutées ce mercredi 5 février 2025 par Mathilde Panot, la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée ? Les historiens se pencheront sur cet aspect de cet épisode politique et historique que nous vivons. Est-ce parce que certains députés de l'opposition ont enfin compris qu'une censure du gouvernement coûterait très cher à la France (celle du gouvernement Barnier au moins autour de 15 milliards d'euros) ? Est-ce que la méthode Bayrou est très différente de celle de Michel Barnier ? Un peu des deux.

    Malgré des débuts à Matignon un peu maladroits, François Bayrou a tout de suite su aller à l'essentiel : il n'y aurait pas de stabilité si les députés socialistes restaient arrimés au navire amiral mélenchoniste. Pour cela, il avait besoin d'une pièce maîtresse dont il s'est doté dès la formation de son gouvernement : Éric Lombard, le nouveau Ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Éric Lombard, haut fonctionnaire réputé de gauche (il a été dans plusieurs cabinets ministériels à l'époque de la gauche au pouvoir) est un ami du premier secrétaire du PS Olivier Faure, cela aide un peu pour négocier le budget. On imagine ce qu'il en aurait été si Laurent Wauquiez avait eu sa place !


    La première grande différence avec Michel Barnier, c'était donc de chercher une non-censure plus du côté du PS que du RN. La seconde grande différence, c'était aussi d'avoir nommé des ministres qui sont des poids lourds politiques, et même si certains n'étaient pas connus (comme Éric Lombard), ils le sont devenus. En d'autres termes, le Premier Ministre laissent faire ses ministres dans tous les domaines, ce qui lui permet de se focaliser sur les points critiques.
     

     
     


    La méthode Bayrou, c'était de faire participer tous les groupes politiques à la discussion budgétaire, puis de trancher. Nous sommes à ce moment de décision : « Depuis l’entrée en fonction de ce gouvernement, le 23 décembre, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour sortir de cette impasse. Nous avons travaillé avec les ministres, que je remercie : Éric Lombard, Amélie de Montchalin et Catherine Vautrin, qui s’exprimera tout à l’heure. Nous avons travaillé avec toutes les forces politiques, toutes ont été invitées à Matignon et celles qui ont été reçues ont été entendues, avec tous ceux qui participent au gouvernement et le soutiennent, avec tous ceux qui ont accepté, bien que n’appartenant pas à la majorité, de s’inscrire dans le dialogue, c’est-à-dire dans une perspective positive, et qui ont pu proposer des améliorations. La bonne foi et la bonne volonté ont été au rendez-vous. Le texte qui vient de vous être présenté a trois auteurs, j’allais dire trois géniteurs : d’abord, le gouvernement de Michel Barnier, avant la censure du 4 décembre ; ensuite, le gouvernement que nous avons constitué depuis le 23 décembre ; enfin, les deux chambres du Parlement, lors de toutes les séances qui s’y sont tenues, en particulier celles de la commission mixte paritaire. Ce budget va libérer l’action de l’État et de ses opérateurs, jusqu’au montant de 662 milliards d’euros. Il va libérer l’action des collectivités locales jusqu’à 342 milliards. Quant au PLFSS que nous examinerons tout à l’heure, il prévoit un budget pouvant aller jusqu’à 800 milliards d’euros. Conformément aux orientations fixées par le gouvernement, le déficit a été limité à 5,4% du produit intérieur brut, en dépit de la correction apportée, transparence et loyauté obligent, au taux de croissance : l’hypothèse retenue pour cette dernière est de 0,9%, celle retenue pour le taux d’inflation de 1,4%. L’augmentation de la dépense publique a été contenue à 1,2%, soit un taux inférieur à l’inflation. Ce budget est-il parfait ? Non. Aucun d’entre nous ne le trouve parfait (…). J’ajouterai néanmoins, fort de mon antériorité, que je n’ai jamais connu de discussion budgétaire accouchant d’un budget reconnu comme parfait. Il s’agit de trouver un équilibre. Nous sommes désormais, tous ensemble, devant notre devoir. Si vous en décidez ainsi, puisque la décision est entre vos mains, à force de bonne volonté, de pas des uns vers les autres, d’efforts et de compréhension, la France disposera dans les dix jours d’un budget, de ses budgets, ce qui enverra un signal de responsabilité et de stabilité aux premiers concernés, à ceux qui s’inquiètent à juste titre, à nos concitoyens. C’est de cela que vous aurez à décider. C’est pourquoi, sur le fondement de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, j’ai l’honneur d’engager la responsabilité du gouvernement sur l’ensemble du projet de loi de finances pour 2025, dans sa version résultant des travaux de la commission mixte paritaire, modifiée par des amendements techniques et de coordination. ».
     

     
     


    Le débat budgétaire a donc été interrompu par l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Est donc venu à l'ordre du jour le débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS) qui avait fait chuter Michel Barnier en décembre. La Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine Vautrin (à la tête d'un immense ministère) a pris la parole pour rappeler les priorités du gouvernement en matière de santé.

    Les voici : « Première priorité : l'hôpital. L'objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) connaîtra en 2025 une hausse de 3,4%, soit 9 milliards d’euros supplémentaires par rapport à 2024. (…) Deuxième priorité : développer les soins palliatifs. Lorsque j’avais défendu devant l’Assemblée Nationale, au premier semestre 2024, la stratégie nationale des soins palliatifs, j’avais pris l’engagement que leur budget soit abondé de 100 millions d’euros supplémentaires chaque année durant dix ans. Cet engagement sera tenu dès l’exercice 2025 et l’augmentation budgétaire correspondante servira au déploiement de la stratégie décennale des soins d’accompagnement. Il s’agit de renforcer l’offre de soins palliatifs dans chaque territoire, au sein des établissements de santé et médico-sociaux comme à domicile, ainsi que de développer une filière de formation universitaire en soins palliatifs. Troisième priorité : repenser le système de santé depuis les territoires. C’est à l’échelle de leur bassin de vie que nos concitoyens attendent des réponses concrètes. Nous poursuivrons la stratégie consistant à aller vers les populations, en ciblant principalement les territoires ruraux à faible densité médicale, ou qui connaissent une forte proportion de patients touchés par une affection de longue durée (ALD) ou dépourvus de médecin traitant. Nous continuerons à lutter contre les déserts médicaux et à améliorer les soins non programmés, en consacrant davantage de moyens aux services d’accès aux soins. (…) Quatrième priorité : renforcer l’attractivité des métiers de la santé et améliorer les conditions de travail des professions médicales. Il s’agit notamment de financer la convention médicale qui a relevé, dès décembre 2024, le tarif de la consultation chez le médecin traitant à 30 euros. Certaines spécialités bénéficient également d’une revalorisation des consultations, comme la gynécologie. Nous devons investir davantage dans la prévention. Nous améliorerons le suivi médical de l’enfant grâce à l’évolution du calendrier des examens obligatoires et à la refonte du carnet de santé. (…) Le nouveau carnet de santé accordera une place centrale à la prévention. En outre, les examens bucco-dentaires seront désormais annuels entre 3 et 24 ans, dans le cadre de la politique "génération sans carie". Enfin, la santé mentale est érigée en grande cause nationale de l’année 2025 et près de 100 millions d’euros seront ainsi mobilisés cette année. (…) Le dispositif de prévention du suicide VigilanS sera étendu aux mineurs. (…) Les financements de la branche autonomie atteindront 43 milliards d’euros et permettront d’accélérer le déploiement des 50 000 nouvelles solutions d’accompagnement pour les personnes en perte d’autonomie, tout en renforçant le soutien aux proches aidants et aux établissements médico-sociaux. Le soutien aux personnes en situation de handicap connaîtra en 2025, alors que nous célébrerons les vingt ans de la loi du 11 février 2005, des avancées concrètes, je pense en particulier à la prise en charge intégrale des fauteuils roulants.Les EHPAD bénéficieront d’un effort budgétaire significatif, incluant des investissements immobiliers supplémentaires pour moderniser les structures et améliorer les conditions d’accueil des résidents. Par ailleurs, 6 500 professionnels seront recrutés dès 2025 afin d’atteindre plus rapidement l’objectif de 50 000 postes supplémentaires d’ici à 2030. Il s’agit de garantir ainsi une meilleure prise en charge et un accompagnement renforcé. Le financement des EHPAD sera simplifié et sécurisé grâce à la fusion des sections "soins" et "dépendance", souvent réclamée sans jamais être réalisée. Le Sénat avait voté la création d’un fonds d’urgence doté de 100 millions d’euros. Face à la situation difficile des EHPAD, que le gouvernement et de nombreux députés reconnaissent, nous prévoyons de tripler la dotation de ce fonds, pour la porter à 300 millions d’euros. ».


    Un peu plus tard, François Bayrou a rappelé le caractère exceptionnel de notre modèle social : « Depuis la seconde Guerre mondiale et le Conseil national de la Résistance, il est fondé sur un pacte social unique au monde. Aucun pays n’a assuré les individus autant que le nôtre, depuis l’éducation des jeunes enfants jusqu’à la présence dans les dernières années de la vie, en passant par la santé, l’assurance contre le chômage, la retraite ou d’autres formes de solidarité. Aucun autre pays n’a choisi, comme le nôtre, le principe "Un pour tous, tous pour un". Tous ont fondé en grande partie ou en totalité leur pacte social sur la logique du "Chacun pour soi", que ce soit pour lui-même, pour sa famille, pour les siens : chacun assure l’éducation de ses enfants, son assurance sociale, sa retraite. La volonté de faire qu’aucun d’entre nous ne soit abandonné à un moment de sa vie se manifeste dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. ».

     

     
     


    Parmi les améliorations du PLFSS, François Bayrou en a énuméré quelques-unes : « Je ne retiendrai que deux ou trois d’entre elles. Premièrement, les budgets des hôpitaux ont bénéficié d’une augmentation de 3,8%, soit 4 milliards d’euros supplémentaires. Cela leur permettra, je l’espère, de retrouver un meilleur équilibre, d’engager des personnels, de mieux rémunérer les soignants et d’améliorer l’accueil aux urgences. Sur l’autonomie et la dépendance, nous prévoyons 6 500 personnels soignants en plus dans les EHPAD et 300 millions supplémentaires pour qu’ils puissent faire face à des difficultés financières parfois immenses. Avec l’ensemble du gouvernement, je reprends l’engagement de Michel Barnier de faire de la santé mentale la grande cause nationale pour l’année 2025. L’amélioration des retraites agricoles, attendue depuis si longtemps, mérite d’être mentionnée à cette tribune. Enfin, nous ouvrons une réflexion sur la nécessité de ne plus aborder des problèmes aussi lourds et aussi graves seulement de façon annuelle, lors de l’examen des textes budgétaires, mais aussi dans un cadre pluriannuel pour le faire de manière sérieuse et utile. ».

    Enfin, comme pour le PLF : « C’est pourquoi, sur le fondement de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, j’engage la responsabilité du gouvernement sur l’article liminaire et la première partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 dans leur version adoptée par le Sénat et modifiée par les amendements déposés par le gouvernement et figurant en annexe du courrier que j’ai adressé à la Présidente de l’Assemblée Nationale. ».

    On sait bien qu'en politique, tout est posture, mais justement, pour un parti de gouvernement, la posture de responsabilité et de raison devrait l'emporter sur la posture du mauvais joueur. Les cérémonies des vœux sont passées aussi par là, où tous les députés ont entendu les doléances des citoyens qui en ont ras-le-bol que les responsables politiques prennent en otage le pays !
     

     
     


    Cela a été annoncé le lundi 3 février 2025, dans l'après-midi, après une réunion du bureau national du PS : les députés PS ne voteront pas la censure pour les deux textes budgétaires. Cette annonce a été confirmée et précisée à la suite d'une réunion du groupe socialiste à l'Assemblée : aucun député ne votera de censure. Cette précision était importante car la discipline des députés PS était assez laxiste : lors de la motion de censure du 16 janvier 2025, 8 députés PS sur les 66 du groupe avaient quand même voté la censure. Il suffirait de 21 députés socialistes pour renverser le gouvernement si le groupe RN la votait aussi.

    Pour permettre aux socialistes de garder la face, ils déposeront plus tard, après les débats budgétaires, une motion de censure pour s'indigner contre le mot "submersion", afin de râler comme il se doit (et de s'opposer). Rien n'empêcherait toutefois les députés RN de la voter, même si c'est pour des valeurs qu'ils rejetteraient.


     

     
     


    Mais parlons justement des députés RN : ils ont été incapables de se mettre d'accord ce lundi 3 février 2025, un déjeuner a même été organisé entre Marine Le Pen et Jordan Bardella. La décision a été reportée à la réunion du groupe RN mercredi 5 février 2025 à 15 heures, soit juste avant l'examen des deux motions de censure. Toutefois, Jordan Bardella a déclaré ce mardi 4 février 2025 dans la matinée que le RN souhaitait rester dans l'opposition mais qu'il fallait aussi de la stabilité et donc, a priori, le RN s'acheminerait lui aussi vers une non-censure.

     

     
     


    Ce serait alors assez cocasse que pour les textes budgétaires, seuls les insoumis, les communistes et les écologistes votent la censure. En refusant de négocier avec le RN pour privilégier le PS, François Bayrou obtiendrait mieux que Michel Barnier qui négociait pourtant avec le RN ! Je laisse au conditionnel car rien n'a été encore officiellement annoncé.

    Ce qui paraît probable, c'est que François Bayrou aura réussi sa première mission, doter la France d'un budget. Et c'est tout ce qu'on lui a demandé prioritairement. Emmanuel Macron lui en saura gré. Si, ensuite, François Bayrou pouvait commencer quelques grandes réformes de l'État, afin de réduire drastiquement les dépenses de l'État, alors, ce serait Byzance ! Mais nous n'y sommes pas encore.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (04 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La semaine de vérité et de responsabilité.
    Lionel Jospin appelle le PS à ne pas censurer le gouvernement Bayrou.
    François Bayrou et le sentiment de submersion.
    François Bayrou, la cohérence du pacificateur.
    Ce Bayrou, c'qu'il est Faure !
    François Bayrou sera-t-il censuré ?
    Les conclaves du cardinal Bayrou.
    Déclaration de politique générale du Premier Ministre François Bayrou le 14 janvier 2025 au Palais-Bourbon (vidéo et texte intégral).
    François Bayrou au jour J.
    Édouard Philippe et sa partition particulière contre l'indolence.
    François Bayrou et le Chemin.
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    François Bayrou au travail !
    Gouvernement Bayrou : un choc d'autorité ?
    Composition du Gouvernement François Bayrou I nommé le 23 décembre 2024.
    Le difficile accouchement du gouvernement Bayrou.
    La méthode Bayrou réussira-t-elle ?
    Terre de désolation.
    La folle histoire de la nomination de François Bayrou.
    François Bayrou, le papa Macron !
    Le tour de François Bayrou !
    La polémique entre Maurice Druon et François Bayrou en juillet 2004.
    Le paysage politique français postcensure.
    Motion de sangsue : les conséquences économiques désastreuses de la censure.
    Philippe Vigier défend les Français face au renoncement national.
    Laurent Wauquiez met en garde contre l'instabilité institutionnelle.
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    La motion RNFP : Chassez le naturel, il revient au chaos !
    L'émotion de censure de Michel Barnier.
    La collusion des irresponsables.
    Gouvernement Barnier : les yeux du monde rivés sur la France.
    Risque de censure : Non, le RN n'est pas l'arbitre des élégances !
    Michel Barnier plaide pour la sobriété normative et procédurale !
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 21 novembre 2024 à la Porte de Versailles (vidéo et texte intégral).
    Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
    PLF 2025 : la majorité de rejet !
    Michel Barnier : déjà deux mois !
    François Guizot à Matignon ?
    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
    Doliprane : l'impéritie politique.
    Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
    Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
    Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
    Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
    Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250203-bayrou.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-semaine-de-verite-et-de-259097

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/03/article-sr-20250203-bayrou.html




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  • Jour J de joie pour Serge Atlaoui !

    « Plus rien ne se dresse entre Serge Atlaoui et le peloton d'exécution. Le recours de ce Français , condamné à mort pour trafic de drogue, a été rejeté mardi [21 avril 2015] par la Cour suprême indonésienne. Il pourrait être fusillé dans les prochaines semaines. » ("Paris Match" du 22 avril 2015).



     

     
     


    Cette dépêche AFP publiée par la plupart des journaux date d'un peu moins de dix ans. C'était dire si le destin du Français Serge Atlaoui était précaire. En l'occurrence, son nom était inscrit pour la deuxième vague d'exécutions qui devait avoir lieu quelques jours plus tard. Par miracle, son nom et celui de la Philippine Mary Jane Veloso ont été retirés in extremis. Les huit autres non, ils ont été fusillés le 29 avril 2015.

    Le 2 avril 2015, Sabine Atlaoui, l'épouse du condamné, a expliqué à "Paris Match" : « Cela fait neuf ans que l’on se bat pour que la vérité soit reconnue. Que l’on a fait tout ce qu’il fallait correctement, respectant la justice indonésienne (…). Serge a d’abord été considéré comme simple ouvrier, et condamné à la perpétuité. Puis la cour de cassation l’a considéré comme un chef de réseau, chimiste, et condamné à être fusillé. Pourtant, dès le premier procès, on a fourni tous les documents démontrant qu’il n’était pas un baron de la drogue, que nous étions une famille normale, avec un travail etc. (…) Tout est là depuis le début ! ».
     

     
     


    Sabine Atlaoui, qui, cette année-là (début 2015), a eu dans ses bras la mère de Myuran Sukumaran, l’Australien, exécuté le 29 avril 2015, comme sept autres condamnés, s'est confiée le 29 avril 2016 au "Dauphiné libéré" : « Sa peur est là, constante. Je sais que le jour J [aujourd’hui], ça va être dur pour lui. Il y a vécu les adieux avec les autres condamnés à l’époque. J’ai ressenti moi-même ce vide une première fois car Kiem Ho [le Néerlandais] et Marco Cardoso [le Brésilien] ont été exécutés en janvier 2015. Quand je suis arrivée en mars [2015], ils manquaient déjà beaucoup à Serge. Ensuite, après la deuxième vague, Serge s’est senti coupable d’être en vie. Je ne pense pas qu’il supporterait de revivre un tel compte à rebours, même s’il est fort et courageux. Psychologiquement, il a été détruit. (…) Depuis sa condamnation à mort en 2007, il peut lui arriver n’importe quoi n’importe quand. L’urgence, vous la comprendrez, quand je sauterai dans le premier avion pour l’Indonésie. ».
     

     
     


    Cent dix-huit mois plus tard, la situation a complètement changé. Ce qui a débloqué les choses, c'est le changement de Président de la République d'Indonésie. Le nouveau a accepté le transfert de Serge Atlaoui, demandé par la France le 4 novembre 2024 et finalisé par un accord diplomatique signé le 24 janvier 2025 par le Ministre français de la Justice Gérald Darmanin et son homologue indonésien.

    Dans l'accord, l'Indonésie a confirmé qu'elle ne souhaitait pas exécuter le Français et qu'elle autorisait son retour pour « raisons humanitaires » car il est malade. En outre, l'Indonésie laisse la France la possibilité de « sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine ». Les modalités de l'accord n'ont pas toutes été rendues publiques.

    Serge Atlaoui est incarcéré depuis le 11 novembre 2005, soit plus de dix-neuf ans (plus de 7 000 jours !). Depuis quelques jours, il prépare calmement ses bagages pour son départ tant attendu de sa prison de Jakarta. Il a distribué ses ustensiles de cuisine à d'autres détenus. Il sera accompagné de policiers français pour aller à l'aéroport indonésien. Ce qu'il redoute le plus serait de croiser la meute de journalistes indonésiens. Son avion décollera de Jakarta ce mardi 4 février 2025 dans la soirée et il devrait atteindre Paris le mercredi 5 février 2025 dans la matinée. Son épouse Sabine l'accueillera... mais à l'aéroport.

     

     
     


    Ce sera alors la fin de son cauchemar indonésien. Pas forcément la fin de sa trajectoire carcérale. En effet, son avocat français Richard Sédillot a expliqué : « Il sera ensuite conduit à Bobigny et présenté au parquet puis placé en détention. (…) Nous interviendrons devant le tribunal compétent qui statuera sur l’adaptation de la peine et nous demanderons qu’une adaptation permette sa mise en liberté. ».

    Serge Atlaoui fait preuve, depuis ces dix-neuf ans, d'une sérénité à toute épreuve. Pour ces quelques jours qu'il lui restait avant d'être rapatrié en France, il expliquait à ses proches : « J'ai échappé au peloton d'exécution, j'ai survécu à deux cancers, je peux bien attendre quelques jours encore ! ». Effectivement, il a été opéré de deux tumeurs au cou et vient de terminer une radiothérapie. Je lui souhaite un agréable voyage.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Jour J de joie pour Serge Atlaoui !
    Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025.
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?

     

     
     



     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250204-serge-atlaoui.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/jour-j-de-joie-pour-serge-atlaoui-259080

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/03/article-sr-20250204-serge-atlaoui.html



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  • Villeneuve-St-Georges : l'échec du mélenchonisme municipal

    « Le glissement vers l’acceptation de la grande coalition reproduit la stratégie de front républicain contre l’extrême droite, en reportant la méthode du front républicain d’hier au service d’un front réactionnaire front républicain. Une seule consigne : tout sauf LFI. La déclinaison locale : "plutôt n’importe qui que Louis Boyard". La plus zélée dans cette posture est bien sûr la "goche" qui mendie sa respectabilité aux cercles dirigeants avec lesquels elle rêve d’une "grande coalition". » (Jean-Luc Mélenchon, le 2 février 2025 sur son blog).


     

     
     


    Sueurs froides au premier tour et soulagement au second tour. On peut comprendre "l'aigreur qui passe à l'esprit" de Jean-Luc Mélenchon qui a raté son pari de conquérir la mairie de Villeneuve-Saint-Georges. En effet, ces deux derniers dimanches, le 26 janvier 2025 et le 2 février 2025, ont eu lieu des élections municipales partielles à Villeneuve-Saint-Georges. L'enjeu était limité puisque le mandat de la nouvelle équipe ne durera qu'un an ; les élections municipales générales auront lieu en mars 2026. L'enjeu n'était donc pas local mais national sur la capacité des insoumis à gagner des mairies.

    Plus généralement, si les insoumis ont eu de forts scores aux dernières élections législatives et présidentielle depuis le printemps 2022, aucun d'entre eux n'a encore eu la possibilité électorale de devenir chef d'un exécutif local, ni président d'un conseil départemental ou régional ni maire d'une grande ville, tandis que le PS dirige actuellement un tiers des villes de plus de 10 000 habitants et la moitié des villes de plus de 30 000 habitants.


    Avec la candidature de l'insoumis Louis Boyard, tête de liste à Villeneuve-Saint-Georges, Jean-Luc Mélenchon voulait en faire l'amorce de grandes conquêtes pour les municipales de mars 2026. Selon Patrick Cohen dans sa chronique du 3 février 2025 sur France Inter : « Les insoumis nourrissent de grandes ambitions à Lille, Montpellier, Marseille, Toulouse, où Jean-Luc Mélenchon a tenu meeting ce week-end. ».

    ouis Boyard (24 ans) avait pourtant un boulevard devant lui. Élu député du Val-de-Marne en juin 2022 face à l'actuel ministre Laurent Saint-Martin dans l'ancienne circonscription du radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg, et réélu en juillet 2024, il avait obtenu 61,2% au second tour (3 900 voix) dans la commune de Villeneuve-Saint-Georges. Compagnon d'une insoumise élue aussi députée en 2024, cet ancien militant lycéen a surtout brillé par ses déclarations d'une tonalité très intellectuelle (joke). Il faut dire que lui-même a confessé auprès de Cyril Hanouna le 1er septembre 2021 sur C8 qu'il avait revendu de la drogue : « J’vais pas t’mentir, j’ai dealé, j’vous jure. (…) Moi, un moment, j’étais en galère, on m’a proposé le bail, j’ai fait. », et qu'il était un élève assez nul : « Je suis nul, vraiment nul, tu ne peux pas me mettre dans une salle de classe. ».

    Benjamin Sire, dans "Franc Tireur" le 5 avril 2023, l'a appelé "Gilet jeune" : « De tous ceux qui humilient l’Assemblée en feignant, par leurs mauvaises manières, d’y faire entrer le "pays réel ", c’est lui qui remporte la palme. Militant insoumis devenu député par hasard, l’élu abîme la fonction qu’il croit réhabiliter. (…) Narcissique, irresponsable, fier d’une inculture qu’il arbore comme un diplôme. Influenceur 2.0, la politique est pour lui le moyen de convertir ses mots, ceux du chaos, en followers. Il eût été savoureux de le voir côtoyer Guy Debord. Peut-être le situationniste aurait-il décelé dans l’assurance de ce kamikaze de 22 ans, devenu député sur du vent, la marque définitive de sa prescience. ».


    Le terrain électoral était aussi très prometteur. Avec ses 36 000 habitants, Villeneuve-Saint-Georges, ancienne ville de cheminots, est connue comme la ville la plus pauvre du Val-de-Marne avec 34% de taux de pauvreté. Pour "Le Monde", cette ville « représentait un terreau fertile pour les ambitions municipales d’un mouvement qui concentre sa stratégie électorale sur la jeunesse et les quartiers populaires ». Pendant longtemps, la ville a été administrée par des communistes, en alternance parfois avec des centristes.

    En mars 2014, maire communiste sortante, Sylvie Altman, tête de liste de la gauche, a été réélue de justesse avec 30 voix d'avance (sur 13 198 inscrits avec 59,9% de participation) face à Philippe Gaudin, tête d'une liste UMP-UDI.
     

     
     


    En mars 2020, Philippe Gaudin, à la tête d'une liste divers droite, a conquis la mairie en battant la maire communiste sortante Sylvie Altman avec 61,7% des voix contre 27,6%, sans oublier 10,7% pour une liste centriste menée par Éric Colson.
     

     
     


    La nouvelle majorité municipale a été particulièrement divisée, quasiment incapable de voter un budget à temps pour l'année 2024 (cela ressemble à autre chose), et lors de la séance du conseil municipal du 20 avril 2024, Philippe Gaudin, par exaspération, a fait deux fois le salut nazi, qu'il a regretté plus tard. Une partie des conseillers de la majorité municipale a démissionné, entraînant des élections partielles. Profitant de l'occasion pour faire de cette ville un laboratoire des insoumis, Jean-Luc Mélenchon a mis la main à la pâte en faisant un grand meeting électoral le 23 janvier 2025 à Villeneuve-Saint-Georges.
     

     
     


    Au premier tour, à la surprise générale, la liste insoumise de Louis Boyard a atteint le premier rang (c'était bien la première fois pour ce cancre !) avec 24,9% des voix, dépassant les cinq autres listes concurrentes, en particulier celle de l'ancienne première adjointe sortante Kristell Niasme (LR) 22,7%, Daniel Henry (PCF soutenu par le reste de la gauche, PS-EELV-PRG et même Génération écologie) 20,7%, la liste du maire sortant Philippe Gaudin (divers droite) 15,5%, et la liste d'Éric Colson (UDI-Renaissance), déjà candidat en 2020, 13,6%. Entre les deux tours, la liste de Daniel Henry s'est retirée sans fusionner pour soutenir Louis Boyard. En raison des risques d'élection de ce dernier, la liste centriste s'est également retirée, laissant la liste FI et la liste LR s'affronter sous le regard d'un troisième protagoniste, la liste du maire sortant.

    Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot et Clémence Guetté sont venus apporter leur aide à Louis Boyard pour faire campagne. Cela n'a pas suffi ! Si Laurent Wauquiez, qui faisait un meeting à Maisons-Alfort, n'a pas participé à la campagne de la candidate de LR, des ténors avaient fait savoir leur choix. Ainsi, dès les résultats du premier tour connus, le Ministre d'État, Ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a tweeté : « Aucune commune de France ne mérite d’avoir à sa tête un maire de la France insoumise ! ». Et Vincent Jeanbrun, ancien maire LR de L'Haÿ-les-Roses conquis sur le PS en mars 2014, et élu député LR en battant Rachel Keke (FI) en juillet 2024, n'a pas mâché ses mots : « Ce qui se joue à Villeneuve, ce n’est pas la droite contre la gauche, mais le camp républicain face à ceux qui incarnent le chaos chez les "insoumis", par leur volonté d’être en permanence dans la conflictualité. Et Louis Boyard en est l’exemple type. » ("Le Monde" du 2 février 2025).

    Finalement, au second tour, Louis Boyard a perdu très largement avec seulement 38,8% des voix contre 49,0% pour Kristell Niasme, élue, et 12,3% pour Philippe Gaudin. Avec pourtant une augmentation de 789 votants par rapport au premier tour (participation passant de 33,5% à 39,7%), Louis Boyard n'a même pas récupéré les 870 électeurs de la liste communiste (il n'a eu que 851 voix supplémentaires), alors que la candidate LR a gagné 1 445 voix, soit plus que le total de la liste centriste du premier tour, 572 voix et la différence de voix de la liste de Philippe Gaudin entre les deux tours (perte de 53 voix). Le nombre de bulletins blancs et nuls a plus que doublé, passant de 88 à 184, laissant entendre qu'une partie des électeurs de gauche ne souhaitait pas élire Louis Boyard à la mairie de leur ville.

     

     
     


    Valérie Pécresse, la présidente LR du conseil régional d'Île-de-France, qui est venue deux fois faire campagne pour Kristell Niasme, s'est réjouie sur Twitter : « Les Villeneuvois ont envoyé un signal fort, ils ne veulent ni du chaos, ni de la faillite que représente LFI, mais une maire courageuse et compétente. ». Quant à Bruno Retailleau (LR), il s'est également félicité sur Twitter : « La défaite sévère qu’a subie Louis Boyard est une bonne nouvelle pour les habitants, mais aussi pour tous les Français attachés à la République et à une certaine idée de la politique. (…) Ce soir, la droite est vraiment de retour. ».

    En clair, dans ces élections partielles où la participation était faible, certes, mais un peu moins faible qu'en 2020, le candidat insoumis n'est pas parvenu à rassembler toutes les voix de gauche, mais en plus, il a pâti d'une surmobilisation pour faire barrage à son éventuelle élection, ce qui est très rassurant pour l'avenir. Ce qui est en revanche risible, c'est que Louis Boyard et Manuel Bompard ont accusé les communistes, les socialistes et les écologistes d'avoir fait le jeu de la candidate de droite. Les dirigeants insoumis sont de mauvais perdants, car au contraire, leurs partenaires de la nouvelle farce populaire (NFP) avaient appelé justement à faire barrage à la droite !


     

     
     


    C'est probablement Raquel Garrido, ancienne députée insoumise, interrogée par Laurent Telo pour "Le Monde" du 3 février 2025, qui a été la plus sévère dans l'analyse : « C’était une élection imperdable. Dans cette ville, Jean-Luc Mélenchon avait rassemblé 46% des voix lors de la présidentielle de 2022 et le NFP, lors des dernières législatives en juillet, avait réalisé 61% avec le même candidat qui était candidat unique… Au-delà de la déception de voir la droite gagner à cause d’une envie permanente de LFI d’en découdre avec le reste de la gauche, il y a un désamour des électeurs vis-à-vis de cette nouvelle France insoumise. (…) Jean-Luc Mélenchon pense qu’il y a une osmose entre les quartiers populaires et LFI. Ce narratif est relayé par l’extrême droite qui pense la même chose. En gros, que les habitants de banlieues votent en fonction d’un rapport affectif avec Jean-Luc Mélenchon. Il est inexact de dire qu’il existe un vote automatique pour LFI en banlieue ou dans les grandes villes. ».

    Villeneuve-Saint-Georges après la partielle de l'Isère, les insoumis subissent échecs sur échecs. À quelques jours d'une nouvelle motion de censure (examinée ce mercredi 5 février 2025), les résultats de ces élections partielles vont être étudiés très précisément : les grands maires socialistes, ceux des grandes villes, qui craignent que la concurrence avec une liste insoumise les fasse perdre en mars 2026, devraient comprendre qu'ils n'ont aucun intérêt à faire des listes communes avec les insoumis car une telle alliance aurait plus un effet répulsif que rassembleur.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'échec du mélenchonisme municipal.
    Louis Boyard.
    L'échec des insoumis à Grenoble.
    Lucie Castets.
    La stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
    Huguette Bello.
    Nouvelle farce populaire.
    Mathilde Panot.
    Sondage secret : le tour de chauffe de François Ruffin !
    Adrien Quatennens, le meilleur allié du Président Macron ?
    Et si le peuple révoquait Adrien Quatennens ?
    La justice harcèle-t-elle la classe politique ?
    Le député Adrien Quatennens doit-il démissionner de l'Assemblée Nationale ?
    Mais où est donc passé Adrien Quatennens ?
    Thomas Portes.
    Carlos Martens Bilongo.
    Clémentine Autain.
    Éric Coquerel.
    Jean-Luc Mélenchon, champion du monde de mauvaise foi.
    Danièle Obono.
    François Ruffin.
    Sandrine Rousseau.
    Pour ou contre M… ?
    Sous la NUPES de Mélenchon.
    La consécration du mélenchonisme électoral

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250202-villeneuve-saint-georges.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/villeneuve-st-georges-l-echec-du-259077

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/01/26/article-sr-20250202-villeneuve-saint-georges.html



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  • Louis Boyard rejeté par l'électorat de Villeneuve-St-Georges

    « Le glissement vers l’acceptation de la grande coalition reproduit la stratégie de front républicain contre l’extrême droite, en reportant la méthode du front républicain d’hier au service d’un front réactionnaire front républicain. Une seule consigne : tout sauf LFI. La déclinaison locale : "plutôt n’importe qui que Louis Boyard". La plus zélée dans cette posture est bien sûr la "goche" qui mendie sa respectabilité aux cercles dirigeants avec lesquels elle rêve d’une "grande coalition". » (Jean-Luc Mélenchon, le 2 février 2025 sur son blog).


     

     
     


    Sueurs froides au premier tour et soulagement au second tour. On peut comprendre "l'aigreur qui passe à l'esprit" de Jean-Luc Mélenchon qui a raté son pari de conquérir la mairie de Villeneuve-Saint-Georges. En effet, ces deux derniers dimanches, le 26 janvier 2025 et le 2 février 2025, ont eu lieu des élections municipales partielles à Villeneuve-Saint-Georges. L'enjeu était limité puisque le mandat de la nouvelle équipe ne durera qu'un an ; les élections municipales générales auront lieu en mars 2026. L'enjeu n'était donc pas local mais national sur la capacité des insoumis à gagner des mairies.

    Plus généralement, si les insoumis ont eu de forts scores aux dernières élections législatives et présidentielle depuis le printemps 2022, aucun d'entre eux n'a encore eu la possibilité électorale de devenir chef d'un exécutif local, ni président d'un conseil départemental ou régional ni maire d'une grande ville, tandis que le PS dirige actuellement un tiers des villes de plus de 10 000 habitants et la moitié des villes de plus de 30 000 habitants.


    Avec la candidature de l'insoumis Louis Boyard, tête de liste à Villeneuve-Saint-Georges, Jean-Luc Mélenchon voulait en faire l'amorce de grandes conquêtes pour les municipales de mars 2026. Selon Patrick Cohen dans sa chronique du 3 février 2025 sur France Inter : « Les insoumis nourrissent de grandes ambitions à Lille, Montpellier, Marseille, Toulouse, où Jean-Luc Mélenchon a tenu meeting ce week-end. ».

    ouis Boyard (24 ans) avait pourtant un boulevard devant lui. Élu député du Val-de-Marne en juin 2022 face à l'actuel ministre Laurent Saint-Martin dans l'ancienne circonscription du radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg, et réélu en juillet 2024, il avait obtenu 61,2% au second tour (3 900 voix) dans la commune de Villeneuve-Saint-Georges. Compagnon d'une insoumise élue aussi députée en 2024, cet ancien militant lycéen a surtout brillé par ses déclarations d'une tonalité très intellectuelle (joke). Il faut dire que lui-même a confessé auprès de Cyril Hanouna le 1er septembre 2021 sur C8 qu'il avait revendu de la drogue : « J’vais pas t’mentir, j’ai dealé, j’vous jure. (…) Moi, un moment, j’étais en galère, on m’a proposé le bail, j’ai fait. », et qu'il était un élève assez nul : « Je suis nul, vraiment nul, tu ne peux pas me mettre dans une salle de classe. ».

    Benjamin Sire, dans "Franc Tireur" le 5 avril 2023, l'a appelé "Gilet jeune" : « De tous ceux qui humilient l’Assemblée en feignant, par leurs mauvaises manières, d’y faire entrer le "pays réel ", c’est lui qui remporte la palme. Militant insoumis devenu député par hasard, l’élu abîme la fonction qu’il croit réhabiliter. (…) Narcissique, irresponsable, fier d’une inculture qu’il arbore comme un diplôme. Influenceur 2.0, la politique est pour lui le moyen de convertir ses mots, ceux du chaos, en followers. Il eût été savoureux de le voir côtoyer Guy Debord. Peut-être le situationniste aurait-il décelé dans l’assurance de ce kamikaze de 22 ans, devenu député sur du vent, la marque définitive de sa prescience. ».


    Le terrain électoral était aussi très prometteur. Avec ses 36 000 habitants, Villeneuve-Saint-Georges, ancienne ville de cheminots, est connue comme la ville la plus pauvre du Val-de-Marne avec 34% de taux de pauvreté. Pour "Le Monde", cette ville « représentait un terreau fertile pour les ambitions municipales d’un mouvement qui concentre sa stratégie électorale sur la jeunesse et les quartiers populaires ». Pendant longtemps, la ville a été administrée par des communistes, en alternance parfois avec des centristes.

    En mars 2014, maire communiste sortante, Sylvie Altman, tête de liste de la gauche, a été réélue de justesse avec 30 voix d'avance (sur 13 198 inscrits avec 59,9% de participation) face à Philippe Gaudin, tête d'une liste UMP-UDI.

     
     


    En mars 2020, Philippe Gaudin, à la tête d'une liste divers droite, a conquis la mairie en battant la maire communiste sortante Sylvie Altman avec 61,7% des voix contre 27,6%, sans oublier 10,7% pour une liste centriste menée par Éric Colson.
     

     
     

    La nouvelle majorité municipale a été particulièrement divisée, quasiment incapable de voter un budget à temps pour l'année 2024 (cela ressemble à autre chose), et lors de la séance du conseil municipal du 20 avril 2024, Philippe Gaudin, par exaspération, a fait deux fois le salut nazi, qu'il a regretté plus tard. Une partie des conseillers de la majorité municipale a démissionné, entraînant des élections partielles. Profitant de l'occasion pour faire de cette ville un laboratoire des insoumis, Jean-Luc Mélenchon a mis la main à la pâte en faisant un grand meeting électoral le 23 janvier 2025 à Villeneuve-Saint-Georges.

     
     


    Au premier tour, à la surprise générale, la liste insoumise de Louis Boyard a atteint le premier rang (c'était bien la première fois pour ce cancre !) avec 24,9% des voix, dépassant les cinq autres listes concurrentes, en particulier celle de l'ancienne première adjointe sortante Kristell Niasme (LR) 22,7%, Daniel Henry (PCF soutenu par le reste de la gauche, PS-EELV-PRG et même Génération écologie) 20,7%, la liste du maire sortant Philippe Gaudin (divers droite) 15,5%, et la liste d'Éric Colson (UDI-Renaissance), déjà candidat en 2020, 13,6%. Entre les deux tours, la liste de Daniel Henry s'est retirée sans fusionner pour soutenir Louis Boyard. En raison des risques d'élection de ce dernier, la liste centriste s'est également retirée, laissant la liste FI et la liste LR s'affronter sous le regard d'un troisième protagoniste, la liste du maire sortant.

    Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot et Clémence Guetté sont venus apporter leur aide à Louis Boyard pour faire campagne. Cela n'a pas suffi ! Si Laurent Wauquiez, qui faisait un meeting à Maisons-Alfort, n'a pas participé à la campagne de la candidate de LR, des ténors avaient fait savoir leur choix. Ainsi, dès les résultats du premier tour connus, le Ministre d'État, Ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a tweeté : « Aucune commune de France ne mérite d’avoir à sa tête un maire de la France insoumise ! ». Et Vincent Jeanbrun, ancien maire LR de L'Haÿ-les-Roses conquis sur le PS en mars 2014, et élu député LR en battant Rachel Keke (FI) en juillet 2024, n'a pas mâché ses mots : « Ce qui se joue à Villeneuve, ce n’est pas la droite contre la gauche, mais le camp républicain face à ceux qui incarnent le chaos chez les "insoumis", par leur volonté d’être en permanence dans la conflictualité. Et Louis Boyard en est l’exemple type. » ("Le Monde" du 2 février 2025).

    Finalement, au second tour, Louis Boyard a perdu très largement avec seulement 38,8% des voix contre 49,0% pour Kristell Niasme, élue, et 12,3% pour Philippe Gaudin. Avec pourtant une augmentation de 789 votants par rapport au premier tour (participation passant de 33,5% à 39,7%), Louis Boyard n'a même pas récupéré les 870 électeurs de la liste communiste (il n'a eu que 851 voix supplémentaires), alors que la candidate LR a gagné 1 445 voix, soit plus que le total de la liste centriste du premier tour, 572 voix et la différence de voix de la liste de Philippe Gaudin entre les deux tours (perte de 53 voix). Le nombre de bulletins blancs et nuls a plus que doublé, passant de 88 à 184, laissant entendre qu'une partie des électeurs de gauche ne souhaitait pas élire Louis Boyard à la mairie de leur ville.

     

     
     


    Valérie Pécresse, la présidente LR du conseil régional d'Île-de-France, qui est venue deux fois faire campagne pour Kristell Niasme, s'est réjouie sur Twitter : « Les Villeneuvois ont envoyé un signal fort, ils ne veulent ni du chaos, ni de la faillite que représente LFI, mais une maire courageuse et compétente. ». Quant à Bruno Retailleau (LR), il s'est également félicité sur Twitter : « La défaite sévère qu’a subie Louis Boyard est une bonne nouvelle pour les habitants, mais aussi pour tous les Français attachés à la République et à une certaine idée de la politique. (…) Ce soir, la droite est vraiment de retour. ».

    En clair, dans ces élections partielles où la participation était faible, certes, mais un peu moins faible qu'en 2020, le candidat insoumis n'est pas parvenu à rassembler toutes les voix de gauche, mais en plus, il a pâti d'une surmobilisation pour faire barrage à son éventuelle élection, ce qui est très rassurant pour l'avenir. Ce qui est en revanche risible, c'est que Louis Boyard et Manuel Bompard ont accusé les communistes, les socialistes et les écologistes d'avoir fait le jeu de la candidate de droite. Les dirigeants insoumis sont de mauvais perdants, car au contraire, leurs partenaires de la nouvelle farce populaire (NFP) avaient appelé justement à faire barrage à la droite !


     

     
     


    C'est probablement Raquel Garrido, ancienne députée insoumise, interrogée par Laurent Telo pour "Le Monde" du 3 février 2025, qui a été la plus sévère dans l'analyse : « C’était une élection imperdable. Dans cette ville, Jean-Luc Mélenchon avait rassemblé 46% des voix lors de la présidentielle de 2022 et le NFP, lors des dernières législatives en juillet, avait réalisé 61% avec le même candidat qui était candidat unique… Au-delà de la déception de voir la droite gagner à cause d’une envie permanente de LFI d’en découdre avec le reste de la gauche, il y a un désamour des électeurs vis-à-vis de cette nouvelle France insoumise. (…) Jean-Luc Mélenchon pense qu’il y a une osmose entre les quartiers populaires et LFI. Ce narratif est relayé par l’extrême droite qui pense la même chose. En gros, que les habitants de banlieues votent en fonction d’un rapport affectif avec Jean-Luc Mélenchon. Il est inexact de dire qu’il existe un vote automatique pour LFI en banlieue ou dans les grandes villes. ».

    Villeneuve-Saint-Georges après la partielle de l'Isère, les insoumis subissent échecs sur échecs. À quelques jours d'une nouvelle motion de censure (examinée ce mercredi 5 février 2025), les résultats de ces élections partielles vont être étudiés très précisément : les grands maires socialistes, ceux des grandes villes, qui craignent que la concurrence avec une liste insoumise les fasse perdre en mars 2026, devraient comprendre qu'ils n'ont aucun intérêt à faire des listes communes avec les insoumis car une telle alliance aurait plus un effet répulsif que rassembleur.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'échec du mélenchonisme municipal.
    Louis Boyard.
    L'échec des insoumis à Grenoble.
    Lucie Castets.
    La stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
    Huguette Bello.
    Nouvelle farce populaire.
    Mathilde Panot.
    Sondage secret : le tour de chauffe de François Ruffin !
    Adrien Quatennens, le meilleur allié du Président Macron ?
    Et si le peuple révoquait Adrien Quatennens ?
    La justice harcèle-t-elle la classe politique ?
    Le député Adrien Quatennens doit-il démissionner de l'Assemblée Nationale ?
    Mais où est donc passé Adrien Quatennens ?
    Thomas Portes.
    Carlos Martens Bilongo.
    Clémentine Autain.
    Éric Coquerel.
    Jean-Luc Mélenchon, champion du monde de mauvaise foi.
    Danièle Obono.
    François Ruffin.
    Sandrine Rousseau.
    Pour ou contre M… ?
    Sous la NUPES de Mélenchon.
    La consécration du mélenchonisme électoral

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250202-louis-boyard.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/02/article-sr-20250202-louis-boyard.html


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  • Lionel Jospin appelle le PS à ne pas censurer le gouvernement Bayrou

    « J'appelle, pour ce qui me concerne, les socialistes et même l'ensemble des forces de gauche, à ne pas voter la censure. » (Lionel Jospin, le 1er février 2025 sur France 5).




     

     
     


    La première semaine de février 2025 va être cruciale tant pour le gouvernement de François Bayrou que pour la France, sa crédibilité internationale, sa solidité économique. La commission mixte paritaire des 30 et 31 janvier 2025 a abouti à un projet de loi de finances pour 2025 enfin finalisé, et la question reste son adoption par l'Assemblée Nationale.

    Depuis que le RN a perdu son influence en ayant provoqué le renversement du gouvernement Barnier, tous les projecteurs sont braqués sur les députés socialistes et leur position revêt une importance stratégique, tant pour la France que pour eux-mêmes. À cela s'est agrégé un caillou dans les rouages puisque le PS s'est faussement indigné, à l'instar d'une vierge effarouchée, de l'utilisation du mot "submersion" par le François Bayrou.

    Pourtant, ce qu'a dit le Premier Ministre n'était pas qu'il croyait à une submersion, mais que certains Français, de plus en plus nombreux, avaient le "sentiment d'une submersion", ce qui est très différent, et ce constat est factuel.

     

     
     


    Même Patrick Cohen l'a remarqué dans sa chronique politique du 29 janvier 2025 sur France Inter : « Bayrou refuse la loi immigration que lui réclame son ministre Retailleau. Il ferme à la porte à un référendum sur le sujet. Dit non à la remise en cause du droit du sol, sauf à Mayotte. Défend l’immigration de travail. Ne veut pas tailler dans l’Aide médicale d'État… C’est le paradoxe de la séquence : sur le fond, François Bayrou ne cède rien. Mais sur la forme, pour un mot, il reçoit les bravos des députés RN. Mais alors, pourquoi avoir évoqué ce "sentiment" ? Parce que c’est celui de nombreux Français. Et que Bayrou voulait montrer, maladroitement, qu’il les comprend, qu’il n’est pas déconnecté. ».

    La réaction surjouée des socialistes sur le mot "submersion" ne plaide pas leur faveur, d'autant plus qu'ils ont quand même continué à négocier avec le gouvernement sur le budget. Il faudrait que parmi eux, un homme d'État se lève et leur fasse une petite leçon de responsabilité et d'intérêt général.


    C'était le cas justement du peut-être dernier homme d'État de gauche, à savoir Lionel Jospin, ancien Premier Ministre de 1997 à 2002. Ce dernier était l'invité de l'émission "C l'hebdo" ce samedi 1er février 2025 sur France 5. C'était lui-même qui a pris l'initiative d'intervenir alors qu'il intervient généralement très rarement dans le débat politique.

     

     
     


    À 87 ans et demi, l'ancien double candidat à l'élection présidentielle a plaidé pour laisser vivre le gouvernement Bayrou, et même plus, il a considéré que le vote de la censure serait la preuve d'une grande irresponsabilité car la France a besoin de gouvernement et la censure ne se comprend que dans le cas où un autre gouvernement est possible, ce qui n'est pas le cas actuel puisqu'il n'est pas question d'un gouvernement RN-NFP.

    L'ancien Premier Ministre n'a d'ailleurs pas manqué de cynisme en expliquant qu'il fallait laisser réparer ceux qui avaient laissé filer le déficit : « La position la plus sage, au fond, c'est de laisser ce gouvernement, qui dispose d'une majorité étroite, issue du macronisme et qu'ont rejoint de nouveaux alliés du macronisme, si vous voulez, pour gouverner, y compris (…) pour faire face à la situation qu'ils ont créée. (…) Et je ne vois pas pourquoi la gauche se précipiterait pour faire face à une situation aussi difficile. ».


    Et Lionel Jospin a blâmé Boris Vallaud et ses amis choqués par la "submersion" de ne pas être vraiment responsables : « Je vais vous dire une chose, au-delà de toutes les arrière-pensées. On ne censure pas un gouvernement (…) pour un mot. ».
     

     
     


    Il a même rappelé la position anti-RN de François Bayrou : « Je n'y vois pas une main tendue au Rassemblement national parce que ce serait contradictoire avec la façon dont il a lui-même engagé son gouvernement, si vous voulez, de façon différente de celle de monsieur Barnier, qui a été lui aussi censuré. Le terme de sentiment de submersion est une façon pour lui de ne pas totalement le prendre à son compte, de considérer que ce sentiment existe dans le pays. Et donc, je dis qu'en tout état de cause, censurer, ne plus avoir de gouvernement demain, après la chute du gouvernement Barnier, engager la chute du gouvernement Bayrou, c'est courir le risque du désordre en France. C'est impossible d'avoir une France, en Europe, aujourd'hui, face au défi de Donald Trump, si vous voulez, qui n'a pas un gouvernement. Nous serions déconsidérés. ».

    On peut d'ailleurs rappeler que Lionel Jospin avait probalement échoué à l'élection présidentielle de 2002 en ne parlant que du « sentiment d'insécurité » sans croire un instant que l'insécurité était un problème pour les Français. Parler du sentiment de submersion est donc au contraire une manière de laisser croire qu'il n'y a pas submersion. Tout le contraire de l'interprétation des députés socialistes faussement indignés !


     

     
     


    Afin d'être entendu par ses anciens amis socialistes, Lionel Jospin a concédé que sur le fond, il était bien d'accord avec eux, mais qu'il fallait aussi prendre le principe de réalité. S'indigner pour s'indigner n'a aucun sens : « Je comprends la colère, je comprends l'indignation, et je partage le jugement porté sur l'utilisation de ce mot. Je dis simplement qu'on ne va pas corriger ça en n'ayant aucun gouvernement en France, dans les mois, voire dans les deux années qui viennent. ».

    Bref, il a conclu ce que tous les socialistes, du moins leurs électeurs potentiels, devraient conclure. À savoir, il faut qu'ils arrêtent ces enfantillages et qu'ils bossent enfin : « Que la gauche et les écologistes préparent l'alternance, qu'ils travaillent sur le fond, et on verra ensuite si les Français leur font confiance. ».

    Dans un sondage récent, 30% des sondés voudraient la censure du gouvernement actuel... alors que 44% seraient contre cette même censure (les autres sans opinion). Ce qui veut dire que les Français sont inquiets qu'il n'y ait plus de gouvernement ou pas de budget pour leur pays. Il y a un retournement de tendance ; la colère laisse place à l'inquiétude. Au cours des nombreuses cérémonies des vœux, les députés de toutes obédiences ont été pressés par les Français de ne plus censurer le gouvernement. Lionel Jospin fait ainsi partie de ces Français-là. Et parallèlement, peut-être en raison de cette polémique sur la "submersion", le Premier Ministre François Bayrou voit sa cote de popularité commencer à monter. Le vent tourne...


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (01er février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Lionel Jospin appelle le PS à ne pas censurer le gouvernement Bayrou.
    François Bayrou et le sentiment de submersion.
    François Bayrou, la cohérence du pacificateur.
    Ce Bayrou, c'qu'il est Faure !
    François Bayrou sera-t-il censuré ?
    Les conclaves du cardinal Bayrou.
    Déclaration de politique générale du Premier Ministre François Bayrou le 14 janvier 2025 au Palais-Bourbon (vidéo et texte intégral).
    François Bayrou au jour J.
    Édouard Philippe et sa partition particulière contre l'indolence.
    François Bayrou et le Chemin.
    Vœux 2025 d'Emmanuel Macron : aux Français de trancher ?
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 décembre 2024 à Paris (texte intégral et vidéo).
    François Bayrou au travail !
    Gouvernement Bayrou : un choc d'autorité ?
    Composition du Gouvernement François Bayrou I nommé le 23 décembre 2024.
    Le difficile accouchement du gouvernement Bayrou.
    La méthode Bayrou réussira-t-elle ?
    Terre de désolation.
    La folle histoire de la nomination de François Bayrou.
    François Bayrou, le papa Macron !
    Le tour de François Bayrou !
    La polémique entre Maurice Druon et François Bayrou en juillet 2004.
    Le paysage politique français postcensure.
    Motion de sangsue : les conséquences économiques désastreuses de la censure.
    Philippe Vigier défend les Français face au renoncement national.
    Laurent Wauquiez met en garde contre l'instabilité institutionnelle.
    Emmanuel Macron face à ses choix.
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 décembre 2024 (texte intégral).
    La motion RNFP : Chassez le naturel, il revient au chaos !
    L'émotion de censure de Michel Barnier.
    La collusion des irresponsables.
    Gouvernement Barnier : les yeux du monde rivés sur la France.
    Risque de censure : Non, le RN n'est pas l'arbitre des élégances !
    Michel Barnier plaide pour la sobriété normative et procédurale !
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 21 novembre 2024 à la Porte de Versailles (vidéo et texte intégral).
    Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
    Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
    PLF 2025 : la majorité de rejet !
    Michel Barnier : déjà deux mois !
    François Guizot à Matignon ?
    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
    Doliprane : l'impéritie politique.
    Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
    Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
    Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
    Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
    Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
    La quadrature du cercle de Michel Barnier.







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250201-jospin.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/lionel-jospin-appelle-le-ps-a-ne-259054

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/01/article-sr-20250201-jospin.html





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  • Stéphanie de Monaco et son dernier Bébé

    « Ton absence me dévore
    Et mon cœur bat trop fort
    Ai-je eu raison ou tort
    De t'aimer tell'ment fort ? »
    ("Comme un ouragan", 1986, paroles de Marie Léonor, composition de Romano Musumarra).




     

     
     


    La princesse Stéphanie de Monaco, la sœur du prince Albert II, fête ses 60 ans ce samedi 1er février 2025. Stéphanie de Monaco est très célèbre, du moins pour les plus de 50 ans qui ont connu sa période (très courte) de star de la chanson. Elle a en effet sorti quelques "tubes" qui ont fait vibrer des jeunes de l'époque, dont le célèbre "Comme un ouragan" (en 1986), premier dans les ventes en France. Ce qui a aussi suscité l'humour potache des Inconnus dans un sketch pas moins connu, "Télé Magouilles" (voir en fin d'article quatre "tubes" et un sketch).

    La princesse n'est pourtant pas du genre à se coller aux mondanités, aux paillettes, au paraître en général, malgré sa phase de starlette (plutôt que de star, en fait) de sa jeunesse. Elle est d'abord une mère attentive de trois enfants et, au-delà de ses obligations de représentation dans cette principauté anachronique, elle utilise sa notoriété pour des causes qui lui paraissent justes, comme la lutte contre le sida (elle parraine Fight Aids Monaco depuis 2004) et aussi la défense des animaux. Une sorte de Brigitte Bardot de Monaco. Elle a même été en concurrence avec cette dernière pour une histoire de deux éléphantes. Retour à une peine princière d'il y a un an et demi, qui ne m'a pas laissé indifférent...

    André Gide écrivait en 1935 : « Chaque animal n’est qu’un paquet de joie. ». Cette appréciation est un peu vrai : un animal est joyeux par nature, sauf si on le rend malheureux. Il est joyeux et il apporte la joie par sa présence et par les éventuelles relations qu'il peut entretenir avec l'être humain. Et a contrario, quand l'animal souffre ou meurt, il déclenche une peine, une tristesse, qui est du même ordre que les malheurs des humains.

    On peut évidemment mettre des échelles de valeur, des hiérarchies d'importance et considérer que la mort d'un animal est moins grave que celle d'un être humain. C'est d'ailleurs ce que je crois profondément et je le dis pour une simple cohérence. N'étant pas anthropophage, je suis néanmoins carnivore, ou du moins, je ne suis pas végétarien, même si l'idée de manger un animal que j'aurais vu vivant m'est insupportable : la complexité est dans le paradoxe et la contradiction entre pensée et pratique.

    Toujours est-il que lorsqu'on est confronté à la mort d'un animal avec lequel on a passé un bout de vie ensemble, la tristesse s'impose alors que d'autres malheurs, hélas, et ceux-là humains, ne cessent de s'accumuler, et faire ce qu'on peut appeler le deuil de l'animal est presque un scandale face aux horreurs hélas quotidiennes qu'on apprend tous les jours parmi les humains.

    Cette peine, c'est ce qu'a dû ressentir la princesse Stéphanie de Monaco au début de l'été 2023. En fait, pour cette peine, elle n'était ni princesse, ni chanteuse, ni star quelconque, elle n'était que la nouvelle "maman" de Baby qui vient de disparaître le 13 juillet 2023. "Maman" est un bien grand mot car Baby, qui est une éléphante, avait 56 ans, pas très loin de l'âge de la célébrité monégasque à l'époque (58 ans).

    Une triple émotion : la perte d'un être cher, le changement de vie consécutif à celle-ci et une troisième émotion, celle-ci sans doute positive, la joie d'avoir agi jusqu'au bout pour le bien-être de Baby alors qu'elle avait été condamnée à mort par des bureaucrates lyonnais il y a plus de dix ans.

    Cette histoire de Baby, elle est aussi un peu la mienne, je l'avoue. Retournons-nous encore en arrière, dix-neuf ans en arrière (mon Dieu comme le temps passe vite !). Nous sommes en 2006 et je me promenais dans le très beau Parc de la Tête d'Or à Lyon. Soleil, visiteurs, douceur de la météo. Au milieu de ce parc, j'ai vu trois éléphants. J'ai su par la suite que c'étaient des éléphantes (je crois que les mâles se remarquent très vite par leur appendice... très long). Je ne suis pas un expert en éléphant, j'ai dû en voir quelques-uns dans ma vie, mais plutôt quand j'étais enfant, par exemple, au zoo de Bâle, je m'en souviens très bien. Je n'ai pas non plus une sensibilité pour les animaux plus forte que la "normale" (à définir). Mais dès la première seconde que j'ai vu les trois éléphantes, je me suis dit qu'elles étaient très malheureuses à être attachées ainsi. Car comme des forçats, elles avaient une chaîne à une patte, qu'elles secouaient désespérément en tapotant sur une souche d'arbre, elles laissaient tomber leur tête de côté, elles semblaient avoir des TOC, à l'évidence, elles s'ennuyaient terriblement.

    J'avoue que j'en suis ressorti avec des sentiments troubles de peine pour ces animaux, et, pour moi, de lâcheté et de culpabilité. Je n'ai pas réagi, je n'ai pas écrit de lettre, je n'ai protesté auprès de personne, je suis reparti de Lyon comme si je n'étais pas concerné. Les trois éléphantes s'appelaient Java, Népal et Baby. Baby, qui est morte le 13 juillet 2023, a été la dernière survivante. J'avais évoqué Népal dans un précédent article.

    Si elles étaient à Lyon, c'étaient parce qu'elles étaient en retraite depuis 1999 : appartenant au cirque Pinder, elles étaient trop âgées pour continuer à effectuer des numéros pour le divertissement du public. On les a parquées à la Tête d'Or faute de meilleure solution. Malgré elles, elles faisaient un peu l'attraction du côté de l'animalerie, même si, aujourd'hui, on évite de mélanger parc public et zoo.

    Les trois éléphantes ont acquis une certaine notoriété nationale en septembre 2010 quand une suspicion de tuberculose a été émise après des tests mal faits. Il faut dire que détecter la tuberculose chez un éléphant n'est pas une affaire facile : il faut le faire tousser dans un sac et recueillir ses glaives (par dizaines de litres). L'opération est difficile, souvent à recommencer. Et c'est très "physique" !

    Par punition, les responsables de la Tête d'Or les ont isolées du public, j'imagine donc qu'elles étaient encore plus malheureuses. J'écris "par punition" mais je suis injuste avec les autorités sanitaires : il est possible que la tuberculose se propage d'un éléphant à un humain, et on a vu avec la pandémie du covid-19 que les contaminations bestiole vers homme peuvent provoquer des catastrophes sanitaires inédites (l'origine du covid reste toutefois mystérieuse). Le principe de précaution est donc justifié, mais à condition qu'il soit utile.

    Java, considérée comme l'éléphante la plus âgée en captivité d'Europe, est morte en août 2012, à l'âge de 67 ans. On a considéré qu'elle était morte d'une suspicion de tuberculose alors que son âge avait dépassé très largement l'espérance de vie moyenne d'un éléphant en captivité.

    Pour ses deux "consœurs", plus jeunes, a commencé une période terrible : elles risquaient d'être euthanasiées au détriment du doute de cette suspicion de maladie. Il faut le dire très clairement, le maire de Lyon de l'époque, le futur ministre Gérard Collomb, voulait récupérer la place occupée par ces éléphantes et les éliminer lui permettait d'atteindre cet objectif. Heureusement, des défenseurs de Népal et Baby, aidés d'avocats compétents, ont mené la vie dure tant au maire de Lyon qu'au préfet du Rhône (j'en reparlerai peut-être) à coup de plaintes auprès du tribunal administratif et du Conseil d'État (pour s'opposer à un arrêté préfectoral ordonnant l'euthanasie de Népal et Baby). Une course de vitesse entre autorité sanitaire et justice administrative qui a finalement profité, contre toute attente, du moins en ce qui me concerne, aux éléphantes.

    Et Stéphanie de Monaco, que vient-elle faire ici, me direz-vous ? Eh bien, elle a proposé de les prendre sous sa protection (Brigitte Bardot aussi était sur les rangs, mais on a préféré la solution monégasque) : le 12 juillet 2013, les deux éléphantes ont donc été transférées dans le domaine de Fontbonne, sur la commune de Peille, en Alpes-Maritimes, qui surplombe Monaco. 50 hectares dédiés pour Népal et Baby. Chez Stef.

     

     
     


    Dès les premières semaines, des premiers tests ont montré que les deux éléphantes n'étaient pas atteintes de tuberculose, et en octobre 2013, ces tests ont été confirmés. Elles ont failli mourir pour rien, juste par manquement de financement de ces tests. Pour la princesse, une nouvelle vie a commencé car elle est sérieuse et assume ses responsabilités. Si elle a participé sur ses propres deniers aux premières dépenses, l'aménagement des lieux pour les éléphantes, elle a fondé et présidé l'Association Baby et Népal qui permettait de recueillir les dons du public pour cette cause assez onéreuse (oui, me direz-vous, il y a plein d'autres causes plus honorables à financer, mais dans ce cas, on ne fait plus rien parce qu'on n'arrêtera pas toute la misère humaine... et animale d'un seul coup ; je crois aux petits pas).

    Mais surtout, au-delà de l'aspect financier qui avait failli emporter la vie des deux éléphantes, Stéphanie de Monaco s'est investie personnellement à soigner les deux éléphantes, à les laver, à leur donner à manger, à s'occuper d'elles, à les aimer... elle s'est formée pour savoir comment faire, elle est devenue une spécialiste des éléphants. Chaque jour, elle a consacré plusieurs heures aux éléphantes.

     

     
     


    Népal est morte le 29 avril 2018 des suites d'une insuffisance rénale : « Elle s'est battue jusqu'au bout grâce à des soins attentionnés et dévoués. » explique succinctement le site Internet de l'association. Ceux qui ont eu à soigner leur cher chat (ou chien) devenu malade peuvent évidemment comprendre l'émotion ressentie et le temps passé.

    Dans un reportage diffusé en août 2020 par France 3, la princesse a expliqué qu'elle s'était inquiétée de l'avenir de la survivante, Baby, alors que les éléphants sont des animaux sociaux. Mais tout s'est bien passé : « On avait peur que Baby se sente seule sans sa copine. Mais finalement, elle est très contente toute seule. Elle a tout pour elle, la nourriture, l'affection, l'amour ! ». Pour comprendre un animal, il faut être patient, il faut chercher à communiquer, à faire confiance, à jouer avec l'animal. On peut le faire avec un chien ou un chat, mais j'ai déjà eu des conversations avec un jeune merle (et ses parents), avec un hérisson malade, même avec une poule entreprenante, etc. Pour cela, il faut patience et observation.

    La mort "soudaine" de Baby il y a quelques jours, au-delà de l'émotion, termine cet épisode de vie un peu particulier de Stéphanie. Il y a nécessairement un gros vide parce que Baby prenait une place importante dans sa vie. Mais la note finale est plus la joie que la tristesse : pour une fois, face à une administration scélérate qui voulait tuer deux éléphantes parce qu'elle ne savait pas quoi en faire, grâce à la mobilisation judiciaire des amis des animaux, une solution satisfaisante a été finalement adoptée. Les deux éléphantes ont eu leur cinq dernières années (pour Népal) et dix dernières années (pour Baby) heureuses, et quand je me rappelle leur triste comportement de 2006, je me dis que c'est cela le plus important, que l'histoire se soit bien terminée pour elles, elles ne pouvaient pas mieux espérer comme retraite paisible.

    Et probablement que Stéphanie a déjà gagné sa place au Paradis des éléphants, quelque part entre Népal et Baby, et pas loin de Babar...



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  • Marianne Faithfull, la légende des sixties

    « À rêver d'un millier d'amants
    Jusqu'à ce que le monde devienne orange
    Et que la chambre se mette à tourner »
    ("The Ballad of Lucy Jordan", 1979, écrit et composé par Shel Silverstein).



     

     
     


    À force de chercher les jeux de mots, "Libération" est parfois douteux et vaseux lorsqu'il titre "Une héroïne sort de scène" pour évoquer la triste mort de la chanteuse et actrice britannique Marianne Faithfull à Londres ce jeudi 30 janvier 2025 à l'âge de 78 ans (elle est née le 29 décembre 1946 également à Londres).

    Surtout connue au départ pour avoir été la compagne de Mike Jagger, elle a fait une carrière de chanteuse d'une soixantaine d'années à partir de 1964. Mike Jagger l'a même aidée à démarrer dans la chanson. J'avais évoqué une anecdote avec Alain Delon.

    En effet, le 1er septembre 1967 (et pas le 15 novembre 1967 comme je l'avais cru), dans un restaurant parisien, Marianne Faithfull, seulement 20 ans, a rencontré Alain Delon pour parler d'un film qu'ils tourneraient ensemble. Cette rencontre a été immortalisée par un photographe de "Paris Match", Patrice Habans.

    Mike Jagger, 24 ans, déjà très connu, l'avait accompagnée et s'était senti un peu de trop dans ce dialogue à trois. Car Alain Delon, 32 ans, rayonnait encore plus que lui. La chanteuse était fascinée par lui... mais pas amoureuse de lui. Cela a toutefois rendu complètement fou Mike Jagger qui n'était pourtant pas d'un naturel jaloux.


     

     
     


    Cela a donné un film érotique, "The Girl on the Motorcycle", de Jack Cardiff (sorti le 23 juin 1968), qui, s'il a été parmi les plus populaires du Royaume-Uni en 1968 et qu'il a été sélectionné, inutilement, au Festival de Cannes qui a été interrompu par la révolte étudiante, n'est pas vraiment resté dans les annales du cinéma.

    Mais Marianne Faithfull était d'abord une grande chanteuse. En guise d'hommage, voici quelques échantillons de sa voix, que le Web permet d'être désormais intemporelle.


    1. "As Tears Go By" (1964)







    2. "Dreamin' My Dreams" (1975)






    3. "Sweet Little Sixteen" (1976)






    4. "I'll Be Your Baby Tonight" (1976)






    5. "Broken English" (1979)






    6. "Witches' Song" (1979)






    7. "Guilt" (1979)






    8. "The Ballad Of Lucy Jordan" (1979)






    9. "What's The Hurry" (1979)






    10. "Working Class Hero" (1979)






    11. "Why'd Ya Do It ?" (1979)






    12. "So Sad" (1981)






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    Sylvain Rakotoarison (31 janvier 2025)
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  • Le Brexit, 5 ans plus tard

    « [L'Angleterre] n’entrera dans la Communauté Européenne, que lorsqu’elle aura répudié à la fois son rêve impérial et sa symbiose avec les Américains. Autrement dit, quand elle se sera convertie à l’Europe. » (De Gaulle, le 16 janvier 1963).





     

     
     


    Cela fait maintenant cinq ans que le Brexit est effectif. En effet, le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union Européenne le 31 janvier 2020. Revenons sur la chronologie et sur les conséquences.

    Le Royaume-Uni a intégré la CEE le 1er janvier 1973, après la levée du veto français à l'époque de De Gaulle. Cette adhésion était politiquement et historiquement cruciale pour le continent européen. L'histoire a cependant démontré que cette adhésion a été un échec, puisqu'il y a eu séparation moins de cinquante années plus tard (la seule séparation pour le moment).

    Pour des raisons électoralistes, le Premier Ministre britannique David Cameron s'est fait réélire sur la promesse d'organiser un référendum sur le Brexit, en pensant que le maintien du pays aurait été approuvé par le peuple britannique. Sauf que la démagogie des populistes a réussi à convaincre une majorité d'électeurs (51,9%) de voter en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016, si bien que cela a ouvert une période d'incertitude économique tant au Royaume-Uni qu'en Union Européenne. Et aussi d'instabilité politique au Royaume-Uni.

    La chronologie est la suivante : le 13 juillet 2016, Theresa May a succédé à David Cameron après l'échec de ce dernier. La nouvelle Première Ministre a souhaité aller jusqu'au bout du Brexit malgré certaines opinions proposant d'interrompre le processus. Le 1er octobre 2016, l'ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier a été nommé négociateur en chef pour le compte de l'Union Européenne (jusqu'au 31 mars 2021). En face de lui, pour le compte du Royaume-Uni, David Davis. Le 29 mars 2017, le Royaume-Uni a officiellement activé l'article 50 du Traité de Lisbonne, amorçant le processus de séparation.

    Les profondes divisions au sein de majorité conservatrice (notamment sur le statut de l'Irlande du Nord) ont provoqué l'arrivée de Boris Johnson le 24 juillet 2019 au 10 Downing Street. Après bien des difficultés provenant encore des divisions des conservateurs, un projet d'accord a été conclu contre le Royaume-Uni et l'Union Européenne le 17 octobre 2019 (des députés européens britanniques ont donc été élus en mai 2019 et ont siégé pour une courte période au Parlement de Strasbourg).

    La sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union Européenne a eu lieu le 31 janvier 2020. Une période transitoire s'est alors déroulée pendant onze mois, le temps de négocier un nouvel accord commercial (qui a été finalement conclu le 24 décembre 2020). Le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni a quitté définitivement le marché unique avec le retour des contrôles douaniers et (à partir du 1er octobre 2021), la nécessité d'un passeport pour franchir la Manche. Aux élections de 2024, les conservateurs ont perdu le pouvoir après une instabilité de leurs gouvernements (deux autres Premiers Ministres se sont succédé après Boris Johnson).


    Dès l'annonce des résultats du référendum en 2016, une majorité de sondés regrettait déjà le Brexit. Sur le plan économique, il est difficile d'évaluer exactement les conséquences économiques dues au Brexit car la période coïncide avec la crise du covid-19 et la guerre en Ukraine, deux gros facteurs de troubles économiques.

     

     
     


    Dans une étude réalisée par Louis Adjiman et Benjamin Cabot pour la Direction générale du Trésor, publié le 30 avril 2024, il est précisé les conséquences économiques du Brexit pour le Royaume-Uni. Ainsi, les échanges commerciaux de biens entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne n'ont été que temporairement affectés à partir de 2021, tandis que les échanges commerciaux de services ont été durablement affectés. En outre, les investissements des entreprises au Royaume-Uni ont stagné à partir de 2016, et n'ont repris qu'à partir de 2023.

    Plus généralement, le Royaume-Uni a mieux encaissé le choc économique de la pandémie en 2020-2021 que l'Union Européenne, mais a été à très faible croissance en 2023, plus faible que l'Union Européenne. En 2024, sa croissance est revenue au niveau de l'Union Européenne après un rebond remarquable du PIB. Bref, le Brexit n'a pas donné un avantage économique apparent aux Britanniques... mais ce n'a pas été non plus un désastre économique comme certaines Cassandre le craignaient.

    Sur le plan migratoire, le Brexit n'a pas non plus changé fondamentalement le problème, ce qui était prévisible puisque le Royaume-Uni ne faisait pas partie de l'Espace de Schengen et les problèmes de Calais montraient que de nombreux candidats à l'immigration en France voudraient traverser la Manche pour atteindre le Royaume-Uni. Depuis la fin de la libre circulation, il y a eu plus de 3,6 millions de migrants au Royaume-Uni alors que les populistes pro-Brexit prétendaient que le Brexit arrêterait ces arrivées (solde migratoire de plus 2,3 millions). L'un des pourfendeurs de l'Union Européenne, Nigel Farage a même confié sur BBC le 15 mai 2023 : « Le Brexit a échoué ! ».

    De même, ceux qui pensaient que le départ du Royaume-Uni permettrait à l'Union Européenne de renaître sans les freins britanniques ont eu tort. Une explication à cela : la forte division des pays européens, en particulier avec des dirigeants qui remettent en cause certaines valeurs démocratiques, comme en Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie et bien sûr en Hongrie. Cette division a empêché de définir clairement des politiques étrangères communes.

     

     
     


    Selon le Trésor britannique, le coût de la séparation a été de 30,2 milliards de livres (36,1 milliards d'euros). La baisse des exportations de biens du Royaume-Uni vers l'Union Européenne depuis le Brexit a été de 27 milliards de livres. Pour l'instant, il est difficile aussi d'avoir des données économiques neutres en raison de la profonde opposition entre pro-Brexit et anti-Brexit. Elles permettraient d'avoir une analyse objective de la situation avec sans doute, c'est une intuition, l'idée que le Brexit n'aura pas influé de manière déterminante sur le cours des événements, dans un sens ou dans un autre.

    Ce qui est sûr, c'est que le Royaume-Uni ne redemandera pas à court terme sa réintégration dans l'Union Européenne qui lui ferait cher payer, même si une majorité de Britanniques y serait favorable. Le Premier Ministre travailliste Keir Starmer a en effet exclu toute initiative dans ce sens, pas de réintégration dans le marché unique ou l'union douanière, pas de retour à la libre circulation des personnes. En revanche, il souhaite renforcer la coopération militaire et diplomatique avec l'Union Européenne et renégocier l'accord commercial de 2020. Bref, après un divorce, il faut réapprendre à se parler pour les enfants...


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    Sylvain Rakotoarison (25 janvier 2025)
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    Pour aller plus loin :
    Le Brexit, 5 ans plus tard.
    Brexit Day : J – 3 …et De Gaulle dans tout ça ?
    Keir Starmer.
    L'échec de la CED il y a 70 ans.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !



     

     
     






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