« Nous, acteurs, avons la chance de nous amuser avec la mort avant de la connaître. » (Jean Piat, interrogé par Barbara Théate, "Journal du dimanche", le 31 janvier 2016).
S’amuser avec la mort avant de la connaître… Hélas, maintenant, Jean Piat la connaît. Depuis ce mardi 18 septembre 2018 à Paris. À cinq jours seulement de son 94e anniversaire. Jean Piat était un comédien immense. Une diction parfaite, un regard perçant, une présence captivante. Il était sociétaire de la Comédie-française du 1er septembre 1947 au 31 décembre 1972. Il est parti tôt de lui-même de la Comédie-française (à l’âge de 48 ans) parce qu’il considérait que la troupe devait se renouveler régulièrement et faire la place aux jeunes… et aussi, choisir lui-même la date de son départ avant d’être remercié par le conseil d’administration.
Il a commencé le 7 mai 1945 à l’âge de 20 ans dans un petit rôle dans la pièce "Ruy Blas" de Victor Hugo mise en scène par Pierre Dux. Pendant ses premières années de théâtre, il a joué dans de nombreuses pièces mises en scène par Pierre Dux. Pas étonnant que Pierre Dux fût pour lui un mentor, un maître. Si je voulais faire un mauvais jeu de mot, je dirais que ce n’est plus "Fiat lux" mais "Piat Dux" !
Au théâtre, Jean Piat a joué au moins 900 fois, il a joué de très nombreux rôles comme Alceste, Cyrano de Bergerac (rôle dont il était le plus fier), Don Quichotte, etc., avec de grands auteurs comme Victor Hugo, Edmond Rostand, Marivaux, Beaumarchais, Musset, Labiche, Mérimée, Tristan Bernard, Molière, Paul Claudel, Fernand Ledoux, Montherlant (dans le rôle d’un personnage très misogyne), Feydeau, Giraudoux, Shakespeare, Courteline, Jules Romains, Guitry, Cocteau, etc. Il a beaucoup travaillé avec certains metteurs en scène comme Pierre Dux, Jean Meyer, etc. Il a aussi fait un peu de mise en scène (une vingtaine de pièces). Sa dernière prestation était très récente puisque c’était l’année dernière, en 2017, à la Comédie des Champs-Élysées.
Pour Jean Piat, il ne s’agissait pas de se mettre dans la peau d’un personnage, mais que ce personnage se mît dans sa peau : « Un personnage est un être vivant, qui est inclus dans les feuilles d’une brochure, mais c’est quand même un être vivant. (…) Donc, le personnage vivant vient à travers vous. La rencontre entre le personnage et vous, ça donne le personnage et ça donne l’être vivant sur scène qui intéresse plus ou moins le spectateur. On se rend service l’un l’autre, si je puis dire. En tant qu’acteur, on profite de la qualité d’un personnage. Vous ne me ferez pas jouer un personnage que je n’aime pas. Ce n’est pas possible. » ("Télérama", octobre 2016). Le personnage qui est fait pour lui, c’est quand il y a : « Une certaine vérité, une certaine bonne humeur. ».
Il s’est toujours interrogé sur l’intérêt du public pour les drames alors que les comédies sont relayées hors du champ culturel, dans les "théâtres de boulevard" à l’appellation péjorative : « C’est respecté, beaucoup plus qu’une scène de rire. Le rire n’est pas respecté au théâtre, alors que le drame est respecté. (…) C’est plus difficile de faire rire que d’attirer l’attention sur un drame quelconque. (…) Pourquoi on respecte moins le vaudeville que la tragédie ? On ne sait pas. Il n’y a de réponse, pas de réponse logique, pas de réponse rationnelle. » ("Télérama", octobre 2016).
Jouer, toujours jouer. Le 25 janvier 2016, Jean Piat l’avouait comme un fin gourmet : « Je joue, parce que quand je ne joue pas, j’ai l’impression d’être privé de dessert ! » (AFP). Il a joué dans une vingtaine de films au cinéma, mais son rendez-vous avec le cinéma fut raté, au contraire d’un comédien comme Claude Rich. Jean Piat a fait du cinéma alimentaire au début de sa carrière pour augmenter ses fins de mois. Mais quand il est sorti de la Comédie-française, il avait déjà presque 49 ans, c’était déjà âgé pour commencer à faire du cinéma au milieu des années 1970. Il avait laissé passer un grand moment de cinéma dans les années 1960. On ne lui avait alors proposé aucun grand rôle et le terrain était déjà occupé par de grands acteurs comme Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Jean Marais, etc.
Jean Piat a aussi pas mal joué pour la télévision française. D’ailleurs, sa notoriété auprès du grand public, il l’a acquise principalement dans deux rôles qu’il a joués pour des séries télévisées : Lagardère (pas Arnaud mais Henri de Lagardère !), une série de six épisodes créée par Marcel Jullian reprenant le roman de Paul Féval ("Le Bossu") et sa suite, diffusée sur la première chaîne de l’ORTF du 20 septembre 1967 au 25 octobre 1967, et Robert III d’Artois, le personnage éclatant de l’adaptation télévisée du fameux roman de Maurice Druon, "Les Rois maudits", série de six épisodes aussi, réalisée par Claude Barma dans une adaptation de Marcel Jullian, diffusée du 21 septembre 1972 au 24 janvier 1973 sur la deuxième chaîne de l’ORTF. Lorsque cette série a été rediffusée un peu plus tard, je l’avais adorée, comme tous les passionnés d’histoire de France.
La sortie des "Rois maudits" fut très importante pour Jean Piat : « Cela a été énorme. J’ai reçu ça comme la vague de l’océan qui vous balance quand vous êtes en train de mettre les pieds dans l’eau pour voir si elle est fraîche ou chaude. Plouf ! Je suis devenu un acteur vedette sans le vouloir, sans le savoir, sans m’en rendre compte (…). J’ai été le premier surpris de l’énorme succès. Dès le premier soir où il y a eu une projection à la Maison de la Radio, Chancel est arrivé vers moi : "C’est formidable !". (…) Je ne me rendais pas compte à quel point cela a eu un impact sur le public. » ("Télérama", octobre 2016). Mais il n’a pas eu d’autres rôles importants à la télévision après ce succès.
Je reviens sur ce rendez-vous raté avec le cinéma. Jean Piat a eu ce regret, mais pas très grave selon lui : « J’ai vécu de cela et j’ai pensé que cette réussite à la télévision allait m’amener au cinéma. Pas du tout. C’était le contraire, car le raisonnement était simple. Si l’on vous voit à la télévision gratuitement, il sera plus difficile après d’imposer votre présence dans un film au cinéma payant. Les gens vont payer leur place alors qu’ils vous voient à la télévision gratuitement. (…) Le cinéma n’est pas venu à moi parce que je ne suis pas allé à lui. En réalité, aux tréfonds de moi, maintenant, cela ne m’ennuie pas gravement, sinon que j’aurais voulu trouver un rôle, une fois. » ("Télérama", octobre 2016).
Sa notoriété, c’était aussi sa voix, au-delà de sa présence scénique. La voix, il l’a utilisée en particulier pour le personnage principal (Peter O’Toole) du film "Lawrence d’Arabie" (sorti le 10 décembre 1962), et pour la double série de films "Le Seigneur des Anneaux" et "Le Hobbit" (entre 2001 et 2014), pour le personnage de Gandalf (Ian MacKellen).
Au-delà de la scène, Jean Piat s’est mis à écrire, une quinzaine d’ouvrages, dont trois récompensés par l’Académie française, et cette passion de l’écriture lui a beaucoup plu : « C’est la solitude. La solitude me plaît avec des personnages que vous réinventez, que vous faites revenir à la surface. (…) C’étaient mes espaces entre deux pièces. » ("Télérama", octobre 2016).
Il a eu cette passion de l’écriture quand il a rencontré Françoise Dorin, auteur dramatique, qui est devenue sa compagne dans la vie à partir de 1975, et jusqu’à sa mort, le 12 janvier 2018, là aussi à quelques jours de son anniversaire (le 23 janvier 2018, elle aurait eu 90 ans). Les deux sont partis la même année, à quelques mois d’intervalle…
Jouer la mort : « Jouer une scène de mort, c’est merveilleux. Tout le monde vous écoute comme si c’était la leur qu’il voyait déjà ou qu’il prévoyait déjà. (…) Brusquement, il y a un silence, une épaisseur extraordinaire et on vit aussi bien de l’effet comique que du silence. Et un silence épais, pourquoi ? (…) parce qu’il y a un respect de la mort, d’une part, et qu’on a l’impression, quand on a joué, qu’ils pensaient à la leur sans le vouloir en voyant celle jouée par un autre, et après on se relève, le rideau tombe, et hop, on est vivant ! C’est bien, c’est une résurrection. C’est pourquoi les scènes de mort, c’est un régal ! » ("Télérama", octobre 2016).
Pour rendre hommage à Jean Piat, je propose ici les deux célèbres séries citées, une fable ("Les Animaux malade de la peste"), récitée le 5 avril 1980 à la télévision suisse (RTS), et surtout, un entretien inédit, savoureux, au Théâtre des Bouffes Parisiens avec la journaliste Fabienne Pascaud en octobre 2016 que "Télérama" vient de mettre en ligne pour rendre hommage au comédien disparu.
1. Entretien avec Fabienne Pascaud en octobre 2016
2. Une fable de La Fontaine sur la RTS le 5 avril 1980
3. "Les Rois maudits" (1972), premier épisode, mis en ligne par l’INA
4. "Lagardère" (1967)
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (19 septembre 2018)
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Pour aller plus loin :
Jean Piat.
Maurice Chevalier.
Vanessa Marquez.
Micheline Presle.
Pauline Lafont.
Marie Trintignant.
Philippe Magnan.
Louis Lumière.
Georges Méliès.
Jeanne Moreau.
Louis de Funès.
Le cinéma parlant.
Charlie Chaplin.
Annie Cordy.
Johnny Hallyday.
Pierre Bellemare.
Meghan Markle.
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L'acteur Jean Piat est né il y a 100 ans, le 23 septembre 1924
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Lauren Bacall, la femme fatale
x« Pour moi, une légende c'est quelque chose qui n'est pas sur cette Terre, qui est mort. »
Une légende, donc. Et aussi un sacré regard, Le Regard ("The Look"), celui du visage baissé d'une timide qui vous regarde vers le haut, et puis une voix reconnaissable... et toujours une légende. Mais elle rejetait le terme : « S'il y a une chose que je n'ai jamais été, c'est mystérieuse, et s'il y a une chose que je n'ai jamais faite, c'est me taire ! ». L'actrice américaine Lauren Bacall est née il y a 100 ans, le 16 septembre 1924, à New York (dans le Bronx). Elle est morte peu avant ses 90 ans, il y a un peu plus de dix ans, le 12 août 2014, toujours à New York (à Manhattan, près de Central Park), des suites d'un AVC. Pour l'ensemble de sa carrière, Lauren Bacall a reçu un César d'honneur en 1996 et un Oscar d'honneur en 2009 (les Français auraient-ils été plus vite reconnaissants que les Américains ?).
La "petite fille du Bronx" s'appelait en fait Betty Joan Perske, fille d'origine roumaine par sa mère (dont le nom de jeune fille était Weinstein-Bacal) et d'origine polonaise par son père, cousine de l'ancien Président de l'État d'Israël (et Prix Nobel de la Paix) Shimon Peres (Szymon Perski), qu'elle n'a rencontré pour la première fois que dans les années 1950. C'est Howard Hawks qui lui a fait changer de nom mais elle n'aimait pas Lauren et ses amies l'ont toujours appelée Betty.
Ancienne mannequin, remarquée à l'âge de 19 ans à la une d'un magazine par Nancy Hawks, la femme du réalisateur, elle a crevé le grand écran et fait partie des stars de l'âge d'or de Hollywood. Ses partenaires au cinéma étaient autant des légendes qu'elle : Humphrey Bogart (qui fut son premier mari, ou elle sa dernière épouse, tremblante à son seul regard ; couple modèle à Hollywood avec deux enfants), Gary Cooper, Gregory Peck, Kirk Douglas, Henry Fonda, Paul Newman, John Wayne, Jack Nicholson, etc.
Dès l'âge de 17 ans, elle a aussi joué dans des pièces de théâtre et des comédies musicales à Broadway. Elle a quitté la Californie pour New York après la mort de son mari Humphrey Bogart et de sa courte idylle avec Frank Sinatra (elle allait devenir la reine de Broadway pour sa seconde carrière). Elle a effectivement failli se marier avec Frank Sinatra qui l'a abandonnée après lui avoir proposé le mariage (la rupture s'est faite au téléphone !). À New York, elle s'est remariée avec un autre acteur qu'elle a quitté ensuite après quelques années à cause de son alcoolisme. Elle est l'auteure de deux autobiographies qui ont marqué, publiées en 1979 puis 1994. Elle y a raconté notamment : « À 32 ans [à la mort de Bogart], j'ai eu le sentiment affreux que ma vie était terminée. Jusqu'alors, j'avais toujours pu compter sur la présence de ma mère ou de Bogie. À présent, j'étais seule. ».
Une carrière passant de Broadway à Hollywood et réciproquement. Les réalisateurs qui ont eu la chance de pouvoir bénéficier de son talent d'actrice étaient également de "grands" réalisateurs, à commencer par Howard Hawks, mais aussi John Huston, Michael Curtiz, Vincente Minnelli, Douglas Sirk, Lars Von Trier, etc.
Ce qui était fascinant, c'est que même très âgée, Lauren Bacall avait encore cette grâce et ce charme, cette beauté, que les rides peut-être même accentuaient : « Je pense que l'ensemble de votre vie se voit sur votre visage et vous devriez en être fier. ». D'ailleurs, si elle a tourné une cinquantaine de films, la moitié l'a été après ses 60 ans, montrant qu'elle n'était pas simplement une jeune et belle femme, mais aussi une femme plus mûre, plus mature, et toujours aussi souriante. Elle a tourné jusqu'en 2011, elle avait 86 ans !
Son style était, selon l'expression de Norbert Creutz dans "Le Temps", « celui de la blonde intelligente à qui on ne la fait pas », ajoutant qu'elle « impose une assurance amusée de vamp (on se souvient de son fameux "Si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à siffler") ». Ce même journaliste osa écrire : « Même une fois sa beauté envolée, elle garda une classe extraordinaire. ».
En 1996-1997, Lauren Bacall (mais qu'allait-elle faire dans cette galère ?) a joué dans le très mauvais et très prétentieux film de Bernard-Henri Lévy aux côtés d'Alain Delon et Arielle Dombasle ("Le Jour et la Nuit", sorti le 12 février 1997). Alain Delon avait été très ému de côtoyer Lauren Becall, tant elle lui inspirait du respect. Les deux acteurs se sont tout de suite apprivoisés, selon les termes du supposé réalisateur et supposé philosophe.
Heureusement, ce n'était pas sur ce super-navet que Lauren Bacall a bâti sa notoriété. Celle-ci, elle le craignait, a commencé parce qu'elle était l'épouse de son mari, Humphrey Bogart, et elle craignait de n'être que "la femme de". La mort brutale et rapide de Bogart a changé la tournure de sa carrière, préférant Broadway à Hollywood. Femme libre et indépendante, et néanmoins sensuelle et presque cliché.
Ses grands films n'ont finalement pas été si nombreux que cela. Je n'oserai pas chercher l'exhaustivité, mais on peut citer : "Le Port de l'Angoisse" de Howard Hawks (sorti le 20 janvier 1945), avec des relations tellement fluides entre elle et Bogart, couple au cinéma et à la ville (entre 1945 et 1957), d'après un roman d'Ernest Hemingway ; "Le grand sommeil" de Howard Hawks (sorti le 31 août 1946), avec Bogart ; "Key Largo" de John Huston (sorti le 31 juillet 1948), toujours avec Bogart, aussi avec Claire Trevor ; "La Femme aux chimères" de Michael Curtiz (sorti le 9 février 1950), avec Kirk Douglas et Doris Day ; "Écrit sur du vent" de Douglas Sirk (sorti le 6 octobre 1956), avec Rock Hudson, Robert Stack et Dorothy Malone ; "La Femme modèle" de Vincente Minnelli (sorti le 16 mai 1957), avec Gregory Peck et Dolores Gray ; "Le crime de l'Orient-Express" de Sidney Lumet (sorti le 22 novembre 1974), avec Albert Finney, Ingrid Bergman, Jacqueline Bisset, Sean Connery, Jean-Pierre Cassel, Martin Balsam, Anthony Perkins, etc. ; "Prêt à porter" de Robert Altman (sorti le 23 décembre 1994), avec Marcello Mastroianni (dont c'est bientôt le centenaire également), Sophia Loren, Kim Basinger, Anouk Aimée, Jean-Pierre Cassel, Julia Roberts, etc., où elle campe une ancienne directrice de magazine de mode ; "Leçons de séduction" de Barbra Streisand (sorti le 15 novembre 1996) qui lui valut une nomination aux Oscars et le Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle.
J'ai gardé pour la fin celui qui m'a paru peut-être le meilleur, d'un humour un peu cynique, avec "Comment épouser un millionnaire ?" de Jean Negulesco (sorti le 4 novembre 1953), où une "bande" de trois femmes amies (Lauren Bacall, Marilyn Monroe et Betty Grable) échafaude des stratagèmes pour trouver un futur mari très riche (mais où richesse et amour ne sont pas au rendez-vous en même temps). Lauren Bacall joue la femme plutôt sérieuse et rationnelle, c'est-à-dire calculatrice (mais elle tombe amoureuse d'un supposé pompiste, ce qui n'entre pas dans ses objectifs initiaux !), tandis que les deux autres sont plutôt fleurs bleues.
La chaîne franco-allemande Arte propose la diffusion d'un documentaire sur Lauren Bacall ce lundi 16 septembre 2024 à partir de 22 heures 50, "Lauren Bacall, ombre et lumière" par Pierre-Henry Salfati (2017), qu'on peut aussi voir en fin d'article.
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Sylvain Rakotoarison (14 septembre 2024)
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Charles Aznavour.
Alain Souchon.
Patrick Bruel.
Frédéric Mitterrand.
Fanny Ardant.
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Sophia Aram.
Plastic Bertrand.
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Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap
« J'en perdais pas un cil quand même du nouvel endroit. C'était pas bien possible de tomber plus moche et plus rebutant que j'étais mais quand même je me gourais bien, et finalement qu'au quart d'idée, qu'au morceau de viande saignante ou qu'à l'oreille tonitruante, qu'à ma grosse tête capituleuse, ces vaches d'hommes en voudraient encore, et je serais encore bon pour être traqué et plus vachement que jamais. » (Céline, "Guerre", éd.Gallimard, 2022).
Le handicap, dans sa version célinienne posthume ! La cérémonie d'ouverture des XVIIe Jeux paralympiques de Paris 2024 a eu lieu ce mercredi 28 août 2024, retransmise notamment à la télévision sur France 2 (10,2 millions de téléspectateurs français). Encore une fois, cette cérémonie a été forte en art, spectacle et émotion, saluée tant par la presse française que la presse étrangère (qui parle notamment du « voyage de la discorde à la Concorde »). 65 000 spectateurs et 4 400 athlètes de 168 délégations y participaient le long des Champs-Élysées jusqu'à la Concorde.
Toujours confiée au metteur en scène Thomas Jolly, auteur devenu célèbre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 le mois dernier, cette cérémonie d'ouverture, elle aussi la première qui s'est déroulée hors d'un stade ("aussi" en référence à la cérémonie du 26 juillet 2024), a été l'occasion d'une totale liberté artistique (une caractéristique de la France), chorégraphie, défilé, sur fond de musique d'Édith Piaf à Serge Gainsbourg et Jane Birkin et sous un ciel coloré par la Patrouille de France.
La non-mixité de la quasi-totalité des épreuves des Jeux olympiques s'explique par les différences physiologiques entre les hommes et les femmes, avec généralement, sur la puissance musculaire, un net "handicap" des femmes par rapport aux hommes, ce qui a conforté à faire des épreuves non-mixtes (historiquement, le sport et en particulier les Jeux olympiques à l'époque antique, comme la guerre, étaient réservés aux seuls hommes, en principe).
Créés en 1960, les Jeux paralympiques, qui se déroulent à Paris du 28 août au 8 septembre 2024, sont l'occasion, à l'échelle mondiale, de conjuguer sport et handicap, et, pourquoi pas dans les cérémonies d'ouverture et de clôture, spectacle artistique. Ils permettent à des athlètes qui ont eu un accident irréversible de poursuivre leur carrière, ou même, de rebondir sur une autre carrière avec une finalité glorieuse, les médailles. Cela motive pour revivre, ou même vivre pour ceux qui sont en situation de handicap dès la naissance.
Cette année, ces Jeux sont très courus : les places des spectateurs se vendent presque aussi bien que celles des Jeux olympiques classiques. On pourrait reprocher aux organisateurs de fixer les Jeux paralympiques après les Jeux olympiques, voire en pleine rentrée scolaire. J'imagine qu'il existe des contraintes d'entraînement et que l'idée de ne pas faire ces deux jeux en même temps est pertinente, car le risque est que, médiatiquement, les Jeux dits "normaux" (c'est la vraie opposition, à définition incertaine, entre situation de handicap et situation "normale") l'emportent sur les Jeux paralympiques.
Plus généralement, ces Jeux paralympiques nous rappellent l'importance de l'inclusivité. Certes, pas celle martelée par les wokistes qui voudraient relativiser toute chose et dire que "normalité" et "minorité" doivent se confondre. Il faut respecter les personnes homosexuelles, il faut respecter les personnes transgenres, il faut respecter les personnes… parce qu'avant tout, il faut respecter les personnes tout court, et donc, aussi les personnes hétérosexuelles, etc. Mais le meilleur respect pour une personne, c'est de ne pas la considérer comme un sexe, comme un genre, ou comme une orientation sexuelle, pas plus que comme une religion, ni que comme une couleur de peau, de cheveux, d'yeux, que sais-je encore ? Comme à son prénom ou à son nom ? Une personne ne peut se réduire qu'à un simple élément de sa personne, c'est cela le respect et c'est en cela que, selon moi, le wokisme va à l'encontre de la "vraie" inclusivité. Le wokisme est le droit à la différence tandis que la "vraie" inclusivité est le droit à l'indifférence.
Car il en faut, de ce droit à l'indifférence, pour être à l'aise dans la société quand on est en situation de handicap. C'est pour cela que j'ai arrêté depuis longtemps de parler des "handicapés" (comme si je disais les "blondes"). "Personnes handicapées" est déjà meilleur, mais le mieux, même si c'est plus long, c'est "personnes en situation de handicap". C'est une situation, au même titre que lorsqu'on est malade. On parle des "malades", des "patients" (mieux), mais en cela, on réduit les personnes en leur maladie. Parler des "handicapés", c'est les réduire à leur condition de personnes handicapées, c'est réduire leur personne à leur handicap.
C'est pour cette raison que je trouve déplorable la façon de certains journalistes à parler des athlètes paralympiques comme des "parathlètes", comme les "paranageurs", les "paracoureurs", etc. C'est stupide, ils sont aussi pleinement-nageurs que les nageurs des Jeux olympiques. Ils n'ont rien compris à la philosophie de ces Jeux paralympiques dont l'objectif, ce n'est pas de montrer le handicap des sportifs en situation de handicap, mais justement leurs performances sportives, malgré leur handicap.
La plus grande démonstration est venue sans doute de l'athlète sud-africain Oscar Pistorius, « né sans péronés et amputé sous le genou, à la moitié du tibia précisément, à l'âge de 11 mois » (nous précise Wikipédia), grand sprinter (et pas "parasprinter" !) du 400 mètres qui a participé aux Jeux olympiques de Londres 2012, tant comme valide (il est arrivé en septième place) que comme en situation de handicap (double médaille d'or aux Jeux paralympiques de Londres 2012). Du reste, Oscar Pistorius a été tellement aussi normal que les valides qu'il a tué sa copine par colère à la Saint-Valentin 2013 à Pretoria et qu'il a été condamné le 24 novembre 2017 pour ce meurtre à quinze ans de réclusion criminelle (il est sorti de prison le 5 janvier 2024).
La société nord-coréenne se vantait il y a quelques années (je ne sais pas si elle le fait encore) d'être société qui n'a aucune personne en situation de handicap. Dans les rues, bien ordonnées, aucune personne en situation de handicap. Pas de quoi se vanter : le handicap est aussi inéluctable, indispensable, que les mutations, les erreurs de chromosomes, les perturbations génétiques. On l'a vu pour les virus, celui du covid-19 par exemple, à quel point il pouvait évoluer, muter, et les variants faire évoluer le virus. Le handicap est une nécessité dans la Nature, une évidence aussi : tout ne fonctionne jamais comme il faut et lors de la duplication de l'information génétique, il peut y avoir des erreurs, des bugs, à très faible nombre. C'est même ces erreurs qui nous ont permis d'évoluer, nous, les unicellulaires (voire moins), qui avons évolué jusqu'à l'être humain en quelques centaines de millions (voire milliards) d'années. Quand il y a des différences, parfois (le plus souvent hélas), cela ne convient pas avec les contraintes de l'environnement, mais parfois, si, c'est mieux qu'avant et, petit à petit, ça renforce l'espèce et ces différences deviennent hégémoniques.
Cette réflexion devrait donc rassurer philosophiquement les personnes en situation de handicap à la naissance : ils sont les fers de lance du changement, de l'Évolution avec un grand É ! Mais en fait, il n'y a pas de quoi être heureux dans une société qui, à l'origine, n'était pas faite pour "elles". Et si on fait de plus en plus attention, si les lois, la réglementation tentent de mieux prendre en compte les personnes en situation de handicap, c'est parce qu'il y a un principe essentiel, celui de l'égalité, un autre, celui de la liberté, enfin le troisième, celui de la fraternité. Les personnes en situation de handicap, comme tous les autres citoyens, doivent bénéficier de ces mêmes principes. De plus, le handicap peut s'acquérir après la naissance, au fil de l'existence, par de malheureux hasards de la vie, un accident, une maladie, un âge avancé. Le handicap, c'est un malheur qui concerne donc tout le monde, soi comme ses proches, qui, même valides, peuvent devenir "invalides" avec le temps.
Il est d'ailleurs des expériences qui sont très instructives. Il suffit simplement de se casser un pied ou une jambe, et de se retrouver dans l'impossibilité de marcher, de se retrouver à se déplacer dans un fauteuil roulant, pour comprendre, pour vivre à quel point la société est peu faite pour les personnes en situation de handicap.
Il suffit de regarder chez soi, et s'imaginer en fauteuil roulant : si on habite à un étage, y a-t-il un ascenseur ? Celui-ci est-il suffisamment grand pour un fauteuil roulant ? Y a-t-il quelques marches pour atteindre le palier ? Et regardons dehors, il n'y a pas beaucoup de commerces, d'administrations, dans les centres-villes anciens, qui puissent être vraiment accessibles aux personnes en fauteuil roulant (faut-il dire "à mobilité réduite" ? Je ne sais pas). Et les transports en commun, les rames de métro, les trains, les quais ?...
Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d'Île-de-France, vient même de lancer un vaste chantier dont l'objectif est de rendre accessibles tous les transports en commun de la région parisienne. Très grande ambition, car à part quelques ascenseurs pour aller d'un quai à un autre, rien n'est accessible : la marche pour atteindre la rame, etc. Son plan "Métro pour tous" a reçu d'ailleurs une fin de non-recevoir de la maire de Paris Anne Hidalgo qui ne semble pas concernée par la mise aux normes d'accessibilité de sa propre ville (sous prétexte de ne pas endetter encore plus la ville qu'elle a déjà hyperendettée).
Si les normes des constructions nouvelles prennent bien en compte ces contraintes d'accessibilité, la plupart des constructions anciennes ne sont pas adaptées et leur mise aux normes est fort coûteuse. Quand on acquiert un bien immobilier qu'on veut habiter, il faut toujours se poser la question de l'accessibilité, car même valide, mêmes bien portant, même si tout son entourage est valide, même si tous ceux susceptibles de venir rendre visite sont valides, rien ne préjuge de l'avenir et par un accident, une maladie ou simplement la vieillesse, on peut se retrouver dans un fauteuil roulant. Il faut l'imaginer avant d'acheter car c'est une cause majeure de cauchemar lorsqu'on n'a rien prévu et qu'on n'a pas de réserve financière importante.
Il y a donc le matériel, ces mises aux normes, ces prises en considération matérielles de la situation de handicap, et il n'y a pas que les personnes en fauteuil roulant, il y a aussi d'autres handicaps, par exemple, les personnes aveugles doivent pouvoir se mouvoir en ville. Aux Pays-Bas, cela fait des décennies que chaque feu tricolore est doté aussi de petits signaux sonores pour indiquer si le passage piéton est au vert ou au rouge. En France, je n'en ai pas vu beaucoup encore aujourd'hui. En revanche, il y a des singularités heureuses, comme ce magnifique musée, le MAC-VAL (le musée d'art contemporain du Val-de-Marne à Vitry-sur-Seine) qui propose, à côté des notices écrites en français et en anglais, des notices écrites en braille. On peut même surfer sur un ordinateur maison avec un clavier en braille. Heureusement, c'est de plus en plus fréquent, et c'est même généralisé, par exemple, sur les boîtes de médicament. De même, au lycée, on peut apprendre le langage des signes, pas seulement réservé aux personnes sourdes et muettes mais aussi à toutes les autres.
Sur ce dernier point, il est différent des précédents car ils ne sont pas seulement matériels (donc un seul problème budgétaire pour les financer), car cela touche à l'organisation de l'enseignement, et depuis le second mandat du Président Jacques Chirac, une grande volonté politique a été affirmée par l'État pour rendre inclusive l'école, ce qui demande des moyens budgétaires et surtout humains considérables, car permettre aux enfants en situation de handicap de suivre leur scolarité dans une école "normale" nécessite un accompagnement parfois individuel par une organisation très réfléchie (c'est d'ailleurs un véritable choix de société, des personnalités politiques comme Éric Zemmour préfèrent ne pas voir les enfants en situation de handicap et les exclure complètement de la société, comme en Corée du Nord !).
Ce choix de société est du gagnant gagnant : bien sûr, c'est l'intérêt de l'enfant en situation de handicap qui est accueilli "normalement" pour suivre une scolarité "normale" (cela dépend évidemment du type de handicap), mais c'est aussi l'intérêt des enfants qui ne le sont pas, qui sont "normaux" qui, en côtoyant ces enfants si "anormaux", ne voient plus leur handicap et les considèrent finalement comme socialement "normaux". Ainsi, oui, certes, il lui manque un bras, mais c'est lui qui m'aide pour faire mes mathématiques et je ne vois plus en lui le bras manquant mais le fort en maths.
Dans ce choix de société, il y a aussi des choses qui ne coûtent rien, comme avoir un autre regard des personnes en situation de handicap. Jacques Chirac, dès le début de sa carrière politique (au début des années 1970) militait pour faire sortir les personnes en situation de handicap, les faire sortir de chez elles, qu'elles puissent bénéficier de la société, de tous les équipements, etc. Si "on" "les" cachait, c'est parce qu'on voulait cacher les "erreurs" de la Nature, ses malformations, ses imperfections. Et aussi parce qu'il y avait une sorte de stigmatisation sociale immédiate, systématique, presque involontaire sinon inconsciente des "autres", des "normaux". Les personnes en situation de handicap ne veulent pas la pitié des "autres", ne veulent pas forcément qu'on les ménage, mais veulent des relations sociales "normales", dissociées de leur handicap, quitte à se faire engueuler si elles le "méritent".
C'est ce droit à l'indifférence que j'évoquais précédemment : ne pas mater, ne pas fixer une personne en situation de handicap, une personne "bizarre", "pas normale", qui n'a peut-être plus de bras, ou de main (juste un moignon), ou autre chose, mais aussi ne pas l'éviter, ne pas éviter son regard, ne pas fuir son regard. Considérer seulement que chacun est une personne à part entière, et que, finalement, en cherchant bien, chacun a ses propres handicaps, ses propres défauts, malformations, physiques, psychologiques, mentales. La seule chance de certains, c'est que cela ne se voit pas trop de l'extérieur. Il est là, le respect, bien loin des paillettes de la fête et du spectacle.
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Sylvain Rakotoarison (29 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap.
L’allocation aux adultes handicapés (AAH) et maladresse politique.
Le handicap ? Parlons-en !
Éric Zemmour et les enfants en situation de handicap.
Le génie olympique français !
Festivité !
Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
Adèle Milloz.
Éric Tabarly.
Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
France-Argentine : l'important, c'est de participer !
France-Maroc : mince, on a gagné !?
Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
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Le burkini dans les piscines.
Les seins nus dans les piscines.
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Novax Djocovid.
Jean-Pierre Adams.
Bernard Tapie.
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Pierre Mazeaud.
Usain Bolt.
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http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/28/article-sr-20240828-jeux-paralympiques.html
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Alain Delon soutenait Raymond Barre
« Et j'en arrive à Raymond Barre : c'est pour moi l'homme le plus proche du Général De Gaulle, c'est un homme hors des partis, c'est un homme qui veut un État impartial au service du peuple et au service de la France, c'est un homme exceptionnel comme l'était le Général De Gaulle. » (Alain Delon, le 30 octobre 1988 sur TF1).
L'enterrement a lieu ce samedi 24 août 2024 dans la chapelle de sa propriété à Douchy, et dans l'intimité familiale, comme on dit. Toute cette semaine, beaucoup de monde a parlé de l'acteur français Alain Delon, et notamment dans les réseaux sociaux, où les gens se lâchent, on a vu qu'une certaine gauche, la plus sectaire, était capable de continuer à détester un homme même mort. Simplement parce qu'il ne cachait pas ses convictions de droite. Et probablement aussi parce qu'il était très riche, mais d'une richesse qu'il a acquise par son travail et par son talent.
On en profite d'ailleurs pour dire n'importe quoi, par exemple, qu'il soutenait électoralement Jean-Marie Le Pen et le Front national, que c'était un abominable extrémiste de droite. Alors, il faut rétablir un peu les choses.
Alain Delon était un gaulliste et parce qu'il était un gaulliste, il avait soutenu très activement la candidature de Raymond Barre à l'élection présidentielle du printemps 1988. En particulier, il a assisté, parmi le public invité, à plusieurs émissions politiques de "L'Heure de Vérité" (animées sur Antenne 2 par François-Henri de Virieu) dont l'invité était Raymond Barre, en particulier le 7 janvier 1987 (à côté de Jean-Pierre Soisson et de Catherine Pironi), et aussi après l'élection présidentielle, le 7 novembre 1988 (il était à côté de l'épouse de l'homme politique, Eva Barre et de Gilberte Beaux). De plus, il était présent au grand meeting de campagne de Raymond Barre le 19 avril 1988 à Lyon (quelques jours avant le premier tour). Enfin, on l'a retrouvé naturellement aux obsèques de l'ancien Premier Ministre le 29 août 2007 à la chapelle de l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, où il est mort, au milieu d'une classe politique assez secouée.
En quelque sorte, le barrisme d'Alain Delon était incontestable et il n'a pas fait simplement qu'ajouter passivement une signature à une liste de comité de soutien, mais il était présent aux grands moments de la campagne présidentielle du futur maire de Lyon. En tant que barriste, je m'en réjouissais, même si je n'avais pas toujours les mêmes idées qu'Alain Delon, en particulier sur la peine de mort (voir plus loin). Et ça tombait bien, Alain Delon n'était pas un homme politique, donc, ses convictions ont eu peu d'influence sur le cours des événements (la construction de la loi). Comme lui, mon barrisme était du gaullisme moderne. Mais aucune personnalité n'est sacrée et toutes ont eu leur faille.
Quant à Jean-Marie Le Pen, effectivement, Alain Delon le connaissait très bien, c'étaient même deux amis très proches depuis la fin des années 1960, Alain Delon le connaissait avant qu'il ne devînt président du FN et si pour l'acteur, l'amitié n'était pas un vain mot, il faisait la différence entre amitié et politique et il n'a pas soutenu politiquement Jean-Marie Le Pen, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire.
Dans le cadre de son hommage dominical, la chaîne LCI a eu la bonne idée de retransmettre le dimanche 18 août 2024 à 15 heures des extraits d'une émission politique importante du dimanche soir dont Alain Delon était l'invité, le fameux "7 sur 7" animé sur TF1 par la journaliste vedette Anne Sinclair. Elle était datée de "septembre 1988" mais renseignements pris, elle aurait été enregistrée et diffusée plutôt le 30 octobre 1988, donc non seulement après l'élection présidentielle mais aussi avant le référendum du 6 novembre 1988 sur les Accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie : Alain Delon avait été invité à Matignon par le Premier Ministre Michel Rocard parce qu'il était de droite, avec un autre acteur, Michel Piccoli, qui lui était notoirement de gauche, pour qu'ils fissent campagne ensemble pour le "oui" de manière consensuelle. Alain Delon a répondu à cette demande en donnant les arguments pour le "oui", oui à la paix en Nouvelle-Calédonie et s'était un peu fâché, d'ailleurs, avec quelques leaders de droite qui, refusant d'aider politiquement François Mitterrand, avaient prôné une lâche abstention.
Dès le début de l'émission, alors qu'Anne Sinclair parlait pour introduire longuement son émission et son illustre (et rare) invité, on pouvait voir Alain Delon, silencieux, l'écouter attentivement, le regard parfois dans le vide mais montrant surtout un charisme, une présence, même dans le silence ! On imaginait alors facilement, comme avec Yves Montand ou Vincent Lindon dans un autre registre, qu'Alain Delon aurait pu avoir une carrière politique, un peu à l'instar de la classe politique américaine, les acteurs professionnels étant les meilleurs pour convaincre les électeurs puisqu'ils jouent leur rôle bien mieux que des acteurs amateurs, à savoir des candidats technocrates qui lisent des discours que des collaborateurs leur auraient rédigés.
Et puis très vite, Alain Delon expliquait qu'il ne pouvait pas être homme politique car il avait une très grande sensibilité. On pouvait aussi se dire : tout le monde a sa sensibilité. Mais quand Anne Sinclair lui a fait parler d'un fait-divers récent à l'époque, et atroce, le viol de petites filles, Alain Delon a montré qu'il valait mieux qu'il restât comédien et qu'il ne se risquât pas à aller sur le terrain de l'action politique.
J'ai écrit que je n'avais les mêmes idées que lui sur la justice, en voici un exemple énorme, Alain Delon reconnaissant qu'il était entier et "un peu" excessif : « Moi, je suis pour la peine de mort, je l'ai toujours été, donc je le dis comme je le pense. Et en ce qui concerne les viols d'enfant, je suis carrément pour un tribunal d'exception et une justice expéditive. (…) Ces monstres-là, pour moi, n'ont pas le droit de vivre. (…) Ces êtres-là ne sont pas des êtres humains, ni des animaux. Pour moi, ce sont des monstres. (…) Si ces gens-là savaient que dans les quinze jours, une fois les aveux passés, les preuves faites, dans les quinze jours, ils allaient avoir le châtiment suprême, sentence exécutoire sur le champ, je vous promets qu'ils réfléchiraient, s'ils sont encore capables de réfléchir. Mais s'ils ne sont pas capables de réfléchir, vous savez, on va vous dire, ils n'ont pas demandé à naître, ils n'ont pas demandé à venir sur Terre. Le chardon non plus, entre la pelouse, il n'a pas demandé à venir sur Terre. Le charbon, chez moi, je l'arrache, et je le retire. C'est un phénomène de société, ces gens-là n'ont pas le droit de faire partie de notre société. Je suis peut-être un peu excessif, c'est mon sentiment, je ne le demande pas de le partager. Je n'excuse pas. ».
Cela n'a pas empêché Alain Delon de voter Raymond Barre et pas Jean-Marie Le Pen. Un peu plus tard dans l'émission, il a tenté d'expliquer son barrisme par son gaullisme. Il a déclaré qu'à 21 ans, il avait manifesté pour demander le retour du Général De Gaulle. Pour lui qui était enfant sous l'Occupation, De Gaulle était un héros, le libérateur de la France (on fête les 80 ans de la Libération de Paris ce dimanche 25 août 2024).
Et, sur le ton d'un vendeur de dentifrice, ou de maison individuelle, Alain Delon a expliqué rapidement (car l'émission se terminait) : « Vous savez, j'aime les hommes, les vrais hommes, sans que ce soit équivoque. Alors, les vrais hommes à commencer par le Général De Gaulle (…). Pourquoi le Général De Gaulle ? Simplement, et par le Général De Gaulle, vous comprendrez mieux Raymond Barre, parce qu'ils ont les mêmes vues sur ce que j'appelle la France, la même idée de la France. (…) Et j'en arrive à Raymond Barre : c'est pour moi l'homme le plus proche du Général De Gaulle, c'est un homme hors des partis, c'est un homme qui veut un État impartial au service du peuple et au service de la France, c'est un homme exceptionnel comme l'était le Général De Gaulle, on ne le comprend pas aujourd'hui, on le comprendra demain. Voilà pourquoi j'ai soutenu Raymond Barre, voilà pourquoi je continuerai à le soutenir. C'est un homme qui n'a aucun intérêt personnel, qui ne voit que les intérêts de la France et des Français, pour qui une seule chose compte, l'intérêt supérieur de la France, et il l'a dit lui-même quand on lui a reproché d'avoir été reçu par le Président Mitterrand ou d'avoir été reçu par le gouvernement en place aujourd'hui. Je ne vois pas le mal d'être reçu par un gouvernement légitime et par un Président légitime. Ce n'est pas un gouvernement d'occupation. Ça, c'est Raymond Barre, il n'y a pas de gauche, il n'y a pas de droite, il y a les intérêts de la France. ».
En l'écoutant, on écoutait ainsi une déclaration d'amour pour Raymond Barre. Un barrisme de tripes et pas d'intellectuel qu'il n'a jamais été. Le barrisme d'un ancien combattant, pour qui l'amour de la France est intrinsèque à son enfance. Alors, bien sûr, avec le recul, on pourra toujours sourire dans sa barbe, penser que l'amour de la France pouvait aussi s'accommoder d'une belle optimisation fiscale à la suisse (il est mort en France selon ses vœux), on pourra aussi s'interroger sur le Raymond Barre qui n'a pas d'intérêt personnel et que l'intérêt national chevillé au corps, depuis qu'on a soupçonné l'ancien meilleur économiste de France d'avoir caché de l'argent au fisc (comme il est mort, il n'y a pas de procès et surtout, on ne connaît pas vraiment ce qui est vrai et ce qui est supposé). Il reste que Raymond Barre était aimé de ceux qui aimaient la France en dehors de tout esprit partisan, et c'était cela l'essentiel pour la politique.
Ce n'était sans doute pas une bonne chose, pour les leaders du RPR, qu'Alain Delon fût dans leur camp car il se permettait beaucoup plus de liberté de ton que s'il n'en était pas. Ainsi, pour la campagne du référendum sur la Nouvelle-Calédonie, il a beaucoup blâmé Nicolas Sarkozy qui défendait l'abstention, mais, dans l'émission d'Anne Sinclair, un autre a été encore plus victime de sa sévère franchise. Il s'agit du futur Premier Ministre, à l'époque simple secrétaire général du RPR (ancien Ministre du Budget) Alain Juppé qui, dans l'émission "Questions à domicile" (sur TF1), a, selon l'acteur, exprimé des idées beaucoup trop compliquées qui ne s'adresseraient qu'au microcosme, ou alors, sur le référendum, qui a pris les Français pour des "débiles".
Le mot est bien d'Alain Delon : « J'ai été frappé par ce qu'Alain Juppé, en tant que secrétaire général du plus grand parti d'opposition, (…) j'ai trouvé qu'il avait un langage (…), il s'est adressé à des débiles, il s'est adressé aux Français comme s'ils étaient des débiles. Les Français ont souvent des réactions d'imbéciles, moi le premier, mais c'est tout sauf des débiles, et je n'ai pas compris, si vous voulez, qu'un homme aussi éminent d'un parti aussi important s'adresse à des Français pour un sujet aussi important (…), on ne peut pas s'adresser pour une chose aussi importante à des Français en leur parlant comme à des débiles ! ».
Cela ne l'a pas empêché, vingt-huit ans plus tard, de soutenir Alain Juppé en 2016 lors de la primaire LR pour trouver un candidat LR à l'élection présidentielle qui succéderait au déplorable François Hollande. Eh oui, Alain Delon a soutenu Alain Juppé, le candidat de "l'identité heureuse" tant chahuté par les militants du FN/RN jusqu'à se faire appeler Ali Juppé. Alors, les votes d'Alain Delon n'ont pas grand-chose à voir avec le supposé extrémiste de droite que certains, à gauche, sans doute aigris sinon jaloux, ont tant fustigé, même après sa mort, ou plutôt, surtout après sa mort.
Samedi, c'est Mgr Jean-Michel Di Falco (82 ans) qui célèbre la messe d'enterrement d'Alain Delon, il avait déjà enterré la très chère Mireille Darc il y a sept ans, le 1er septembre 2017, et Alain Delon, au contraire de l'égoïsme qu'on lui a souvent collé à la peau, a été très généreux en faisant discrètement des dons pour la recherche sur les maladies cardiaques. De toute façon, quelqu'un (de riche), qui a acquis des tableaux de Pierre Soulages, de Nicolas de Staël, de Hans Hartung et de Zao Wou-Ki, ne peut pas être tout à fait mauvais...
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Sylvain Rakotoarison (20 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Alain Delon soutenait Raymond Barre.
Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
Le grand Alain Delon
Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Comment va Alain Delon ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-alain-delon.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/alain-delon-soutenait-raymond-256386
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Plein d'étoiles pour Vera Miles
« Tu aurais dû écrire que tu m’aimais. Tu pouvais au moins me dire de t’attendre, je trouve que c’était la moindre des choses. (…) J’ai passé deux années interminables dans cet endroit perdu à attendre que monsieur daigne revenir. Crois-tu que je veuille rester vieille fille ? » (Vera Miles, "La Prisonnière du désert", 1956).
L'actrice américaine Vera Miles fête ses 95 ans ce vendredi 23 août 2024. Cela fait près d'une trentaine d'années (1995) qu'elle s'est retirée de toute activité cinématographique pour prendre sa retraite à Palm Desert, en Californie. Elle est née Vera June Ralston mais lorsqu'elle est arrivée à Hollywood, au début des années 1950, il existait déjà une (autre) Vera Ralston, si bien qu'elle a gardé son nom de jeune femme mariée (son premier mari, entre 1948 et 1954, s'appelait Bob Miles avec qui elle a eu deux enfants).
Élue Miss Kansas à 19 ans, Vera Miles s'est installée à Los Angeles pour commencer une carrière d'actrice. Elle a d'abord eu des petits rôles à la télévision qui lui ont fait connaître l'actrice Janet Leigh. Elle tournait alors aussi pour de la publicité. Sous contrat avec Warner Bros, elle a joué notamment une "faiblement amoureuse" de Tarzan dans "Tarzan's Hidden Jungle" de Harold D. Schuster (sorti le 16 février 1955), épousant quand même (dans la vie réelle) le Tarzan en question, l'acteur Gordon Scott, en deuxièmes noces (entre 1954 et 1959).
Le réalisateur John Ford a lancé véritablement la carrière de star de Vera Miles en lui proposant un second rôle dans le western "La Prisonnière du désert" (sorti le 13 ars 1956) où elle a pu jouer avec John Wayne, Natalie Wood et Jeffrey Hunter, grâce au succès du film considéré comme un chef-d'œuvre (désigné "le plus grand western de tous les temps" par l'American Film Institute). Dans ce film (que je résume très mal !), Vera Miles aime Jeffrey Hunter mais lui et John Wayne ne sont jamais là car ils doivent aller sauver Natalie Wood prise en otage par les Indiens, finalement, elle va se marier avec un autre homme mais son bien-aimé arrive juste avant en s'en prenant au futur marié (on comprendra que les histoires d'amour ici comptent moins que d'autres valeurs).
Vera Miles a tourné ensuite beaucoup d'autres films, sous la direction des plus grands, comme Robert Aldrich, mais ce qui a été important dans sa carrière, c'était sa rencontre avec Alfred Hitchcock complètement séduit par elle et qui lui a fait signer un contrat de cinq ans avec elle (il voulait en faire une nouvelle Grace Kelly). Elle est ainsi devenue Rose, l'épouse de Henry Fonda dans le film "Le Faux Coupable" (sorti le 26 janvier 1957)... et surtout, Hitchcock la voulait pour son futur chef-d'œuvre, "Sueurs froides" ["Vertigo"] (sorti le 9 mai 1958) pour le rôle principal aux côtés de James Stewart, mais Vera Miles, enceinte, y renonça, ce qui a obligé Hitchcock à la remplacer par Kim Novak.
Toutefois, Vera Miles est retournée dans un film d'Hitchcock probablement pour le meilleur rôle de sa carrière (elle l'a contesté !), Lila Crane, la sœur de Janet Leight (Marion Crane) qu'elle tente de retrouver après sa disparition étrange dans le grand film "Psychose" (sorti le 16 juin 1960) aux côtés d'Anthony Perkins (Norman Bates), John Gavin (l'amant de Marion) et Martin Balsam (le détective).
L'actrice a retrouvé John Wayne et James Stewart dans un autre grand film de John Ford, "L'Homme qui tua Liberty Valance" (sorti le 22 avril 1962), dans lequel a également joué Lee Marvin dans le rôle de Liberty Valance. Vera Miles est alors la future femme du futur sénateur James Stewart, mais secrètement aimée par John Wayne, dans une histoire qui est le clivage entre l'État de droit (la justice représentée par James Stewart) et la loi du plus fort (celle du revolver représentée par John Wayne). Là encore, l'histoire se résume surtout aux relations entre les trois hommes (John Wayne, James Stewart et Lee Marvin) mais Vera Miles, première rôle féminin, permet de faire le liant social.
Pendant deux décennies encore (années 1960 et 1970), Vera Miles a continué sa carrière au cinéma. Elle a tourné son dernier film en 1995, après l'opus numéro 2 de Psychose, "Psychose II" de Richard Franklin (sorti le 3 juin 1983) avec toujours Anthony Perkins (vingt-deux ans plus tard, Norman Bates sort de l'asile psychiatrique contre l'avis de Lila et retombe dans ses vieilles torpeurs).
Si Vera Miles n'a jamais quitté la télévision (séries télévisées et téléfilms) pendant sa période cinématographique, elle s'y est consacrée exclusivement à partir du milieu des années 1970 (en prenant de l'âge), intervenant dans des séries comme "Magnum", "La Petite Maison dans la prairie", "L'île fantastique", "Buck Rogers", 'La croisière s'amuse", "Hôtel", "Arabesque", etc.
Depuis 1995, Vera Miles a quitté les rangs de la célébrité pour prendre une retraite discrète et tranquille en Californie, toute éblouie de souvenirs et d'histoires devenues elles-mêmes célèbres. Elle a déjà son étoile dans le grand Hollywood Walk of Fame à Los Angeles, témoignant de sa contribution au cinéma américain voire mondial.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Vera Miles.
Alain Delon.
Pierre Richard.
Marianne Faithfull.
Pierre Perret.
Anouk Aimée.
Marceline Loridan-Ivens.
Édouard Baer.
Françoise Hardy.
Charles Aznavour.
Alain Souchon.
Patrick Bruel.
Frédéric Mitterrand.
Fanny Ardant.
Alain Bashung.
Alain Chamfort.
Sophia Aram.
Plastic Bertrand.
Micheline Presle.
Sarah Bernhardt.
Jacques Tati.
Sandrine Bonnaire.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Marlène Jobert.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.
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Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle
« When you're Mick Jagger, but the other one is Alain Delon ! »
À l'annonce de la mort du grand acteur français et international Alain Delon (ce dimanche 18 août 2024), les réseaux sociaux ont rejoint les médias en général pour des hommages de toute sorte. Mais aussi pour un peu d'humour. Parmi les témoignages parfois insignifiants revient un élément majeur d'Alain Delon : certes, le jeune homme était beau, quoique, de la beauté masculine, je n'ai pas grand-chose à dire, mais sa beauté n'était pas tout. Après tout, il n'était pas le seul jeune homme beau de tout le village, et pourtant, il n'y a pas eu beaucoup d'Alain Delon en fin de compte. Cet élément reconnu par tous, qui a fait la différence, c'était le charisme. Le charisme d'Alain Delon !
Le charisme, c'est que qui permet à des responsables politiques pourtant, pour certains, peu recommandables d'être réélus ou d'être encore appréciés malgré, parfois, quelques casseroles. Par exemple, Alain Carignon, qu'il faut avoir approcher pour bien comprendre l'homme. Lorsqu'il était maire, il était du genre à traverser assez rapidement le très large boulevard Jean-Pain, celui devant la mairie, qui s'engage directement vers l'autoroute Grenoble-Chambéry très passant, le regard bloqué sur le Grenoblois qu'il allait croiser, et à le saluer en lui demandant des nouvelles du petit dernier. Bernard Tapie, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, etc. (j'en oublie plein), quoi qu'on en pense, sont ou ont été des personnalités charismatiques qui leur ont permis de convaincre parce qu'elles fascinaient. Le charisme. Mélange de présence et de magnétisme. De sincérité plus ou moins feinte et d'authenticité plus ou moins réelle.
Évidemment, un bon acteur ne peut être que charismatique et on peut en citer beaucoup, Yves Montand, Jean Gabin, Lino Ventura, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, etc. (pareil, j'en oublie de nombreux). Alain Delon était sans doute l'un des plus charismatiques et c'est cela qui l'a distingué des autres, plus que sa dite beauté dont je ne connais pas la définition.
Les réseaux sociaux ont alors rappelé une photographie célèbre (plusieurs en fait) et un trait d'humour déjà ancien : "Quand tu es déjà une star et que tu sors avec ta (très belle) copine, méfie-toi d'Alain Delon !". C'est un peu cela l'idée.
Sur Wikipédia, Mick Jagger (81 ans), le célèbre chanteur des Rollings Stones, est considéré très charismatique : « Véritable star depuis le milieu des années 1960, il est, par son jeu de scène démonstratif, son attitude et son charisme, considéré comme l'archétype du chanteur de rock, souvent cité comme référence par de nombreux artistes. ». Entre 1966 et 1970, selon des potins très médiatisés, il vivait avec la très belle chanteuse (et actrice) britannique Marianne Faithfull (77 ans). Il l'a même aidée à démarrer sa carrière de chanteuse, a composé quelques-unes de ses chansons, etc.
La photographie en question daterait du 15 novembre 1967 (je peux me tromper). Mick Jagger n'avait que 24 ans (et déjà très connu), Marianne Faithfull pas encore 21 ans (et un petit peu connue). L'actrice a rencontré Alain Delon par l'entremise du réalisateur britannique Jack Cardiff (alors 53 ans) pour un projet de film franco-britannique. Elle fut tout de suite attirée par le charisme d'Alain Delon (qui venait d'atteindre ses 32 ans). À cet instant magique, il n'y avait pas photo... ah si, il y avait photos, justement !
Marianne Faithfull a raconté plus tard que cette rencontre a rendu très jaloux Mick Jagger alors que ce n'était pas son tempérament d'être jaloux. L'histoire retient toutefois que la chanteuse n'a pas vraiment accroché avec Alain Delon : il était fascinant, mais pas forcément de quoi en être amoureuse.
Cela ne l'a pas empêchée de l'embrasser. Pour des raisons strictement professionnelles bien sûr. Le projet du film de Jack Cardiff a abouti à "The Girl on the Motorcycle", en français, plus pudiquement, "La Motocyclette". Le résumé de Wikipédia explique doctement : « Rebecca s’ennuie auprès de Raymond, l’homme qu’elle vient tout juste d’épouser. Une nuit, elle s’échappe du lit conjugal et part, nue sous une combinaison de cuir, sur sa Harley-Davidson FL, pour rejoindre son amant en Allemagne. ». Le personnage de Rebecca était interprété bien sûr par Marianne Faithfull, celui de l'amant Daniel par Alain Delon. Non, Mick Jagger ne jouait pas le mari trompé (l'acteur était Roger Mutton). Avec la participation de Jacques Marin.
Ce film est un film érotique (aux États-Unis, le titre est plus explicite : "Naked Under Leather", nue sous le cuir !), et a été tourné en Alsace, à Heidelberg et à Genève. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes de mai 1968 mais n'a reçu aucune récompense car le festival a été interrompu par la révolte étudiante. Le film est sorti le 23 juin 1968 en France et le 20 octobre 1968 au Royaume-Uni. (Ce qui est amusant avec une encyclopédie comme Wikipédia, c'est qu'il y a des trucs intéressants et des trucs surréalistes, comme le fait qu'un homme né en décembre 1968 puisse avoir été l'assistant réalisateur d'un film sorti en juin 1968 !).
Pour changer un peu des hommages habituels à Alain Delon, je propose d'écouter une très belle chanson de ...sa partenaire de cinéma Marianne Faithfull, qui a repris l'interprétation de "The Ballad of Lucy Jordan" (Lucie Castets ou Jordan Bardella ? humour de chaussettes dépareillées...) utilisée également au cinéma, notamment dans l'excellent film "Cours privé" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), avec Élizabeth Bourgine, Michel Aumont et Xavier Deluc.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
Le grand Alain Delon
Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Comment va Alain Delon ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240819-alain-delon.html
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-charisme-d-alain-delon-the-girl-256382
http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/20/article-sr-20240819-alain-delon.html
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Le grand Alain Delon
« Il a dit à Sophie, la mère de mes filles, qui a fait l'aller et retour dans la journée pour l'embrasser : "C'est mon dernier Noël, tu restes ?". Elle avait prévu de passer Noël avec ses deux autres enfants, elle a quitté Douchy les larmes aux yeux. » (Anthony Delon, "Paris Match" le 4 janvier 2024).
Dimanche 18 août 2024, journée nationale Alain Delon ? L'annonce de sa disparition ce dimanche matin choque parce que l'acteur faisait partie, depuis plusieurs décennies, du roman national français. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, son jeu d'acteur ou sa personnalité, il était l'une des personnes qui incarnaient le plus l'esprit français, comme interprète plus que comme auteur.
Les plus âgés l'associeront jeune à leur jeunesse, très jeune même, le regard du jeune voyou ; les plus jeunes à un vieux mythe vivant qui parlait parfois de lui à la troisième personne (peut-être que les Guignols ont un peu exagéré dans la caricature). Combien restent-ils de ces monstres du cinéma français à la grande période des années 1960 ? Pas même Gérard Depardieu qui n'existait pas encore même si lui est un autre monstre (sacré ou pas).
Sa famille le disait malade, au point d'être en conflit jusqu'à en devenir un affaire, médiatique sinon judiciaire. Comme le raconte le témoignage de son fils aîné au début de cette année, l'acteur ne comptait pas passer un nouveau Noël. Il était même partisan de l'euthanasie lorsque la situation l'exigeait, son côté "libéral" sans doute...
Alain Delon a exprimé son vif soutien à l'Ukraine le 10 septembre 2022. Le Président de l'Ukraine, ancien acteur, Volodymyr Zelensky lui a rendu hommage en lui disant le 23 septembre 2022 : « Je n'ai jamais été un acteur aussi génial que vous (…). Nous vous aimons beaucoup et pour moi vous êtes toujours une autorité et un immense acteur ! ».
On pensera à tous ses films, la télévision repassera tous ses films, les premiers très bons, les suivants avec cette petite tâche du grand acteur qui en a conscience et qui se laisse aller. Personnellement, je retiendrai Alain Delon le philosophe. Eh oui, il a fait partie des rares personnes qui m'ont beaucoup fait réfléchir. Avec cette petite phrases sibylline qui est plus profonde qu'une simple pirouette. Le 3 octobre 1996, il lâchait à "Paris Match" : « Un ami ? C’est quelqu’un à qui on peut téléphoner à trois heures du matin en disant qu’on vient de commettre un crime et qui vous répond seulement : "Où est le corps ?" ». Ai-je beaucoup d'amis ? Sujet du baccalauréat, épreuve de philosophie, juin 2037.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Le grand Alain Delon
Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Comment va Alain Delon ?
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https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-grand-alain-delon-256378
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Mick Jagger jaloux d'Alain Delon ?
« When you're Mick Jagger, but the other one is Alain Delon ! »
À l'annonce de la mort du grand acteur français et international Alain Delon (ce dimanche 18 août 2024), les réseaux sociaux ont rejoint les médias en général pour des hommages de toute sorte. Mais aussi pour un peu d'humour. Parmi les témoignages parfois insignifiants revient un élément majeur d'Alain Delon : certes, le jeune homme était beau, quoique, de la beauté masculine, je n'ai pas grand-chose à dire, mais sa beauté n'était pas tout. Après tout, il n'était pas le seul jeune homme beau de tout le village, et pourtant, il n'y a pas eu beaucoup d'Alain Delon en fin de compte. Cet élément reconnu par tous, qui a fait la différence, c'était le charisme. Le charisme d'Alain Delon !
Le charisme, c'est que qui permet à des responsables politiques pourtant, pour certains, peu recommandables d'être réélus ou d'être encore appréciés malgré, parfois, quelques casseroles. Par exemple, Alain Carignon, qu'il faut avoir approcher pour bien comprendre l'homme. Lorsqu'il était maire, il était du genre à traverser assez rapidement le très large boulevard Jean-Pain, celui devant la mairie, qui s'engage directement vers l'autoroute Grenoble-Chambéry très passant, le regard bloqué sur le Grenoblois qu'il allait croiser, et à le saluer en lui demandant des nouvelles du petit dernier. Bernard Tapie, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, etc. (j'en oublie plein), quoi qu'on en pense, sont ou ont été des personnalités charismatiques qui leur ont permis de convaincre parce qu'elles fascinaient. Le charisme. Mélange de présence et de magnétisme. De sincérité plus ou moins feinte et d'authenticité plus ou moins réelle.
Évidemment, un bon acteur ne peut être que charismatique et on peut en citer beaucoup, Yves Montand, Jean Gabin, Lino Ventura, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, etc. (pareil, j'en oublie de nombreux). Alain Delon était sans doute l'un des plus charismatiques et c'est cela qui l'a distingué des autres, plus que sa dite beauté dont je ne connais pas la définition.Les réseaux sociaux ont alors rappelé une photographie célèbre (plusieurs en fait) et un trait d'humour déjà ancien : "Quand tu es déjà une star et que tu sors avec ta (très belle) copine, méfie-toi d'Alain Delon !". C'est un peu cela l'idée.
Sur Wikipédia, Mick Jagger (81 ans), le célèbre chanteur des Rollings Stones, est considéré très charismatique : « Véritable star depuis le milieu des années 1960, il est, par son jeu de scène démonstratif, son attitude et son charisme, considéré comme l'archétype du chanteur de rock, souvent cité comme référence par de nombreux artistes. ». Entre 1966 et 1970, selon des potins très médiatisés, il vivait avec la très belle chanteuse (et actrice) britannique Marianne Faithfull (77 ans). Il l'a même aidée à démarrer sa carrière de chanteuse, a composé quelques-unes de ses chansons, etc.
La photographie en question daterait du 15 novembre 1967 (je peux me tromper). Mick Jagger n'avait que 24 ans (et déjà très connu), Marianne Faithfull pas encore 21 ans (et un petit peu connue). L'actrice a rencontré Alain Delon par l'entremise du réalisateur britannique Jack Cardiff (alors 53 ans) pour un projet de film franco-britannique. Elle fut tout de suite attirée par le charisme d'Alain Delon (qui venait d'atteindre ses 32 ans). À cet instant magique, il n'y avait pas photo... ah si, il y avait photos, justement !
Marianne Faithfull a raconté plus tard que cette rencontre a rendu très jaloux Mick Jagger alors que ce n'était pas son tempérament d'être jaloux. L'histoire retient toutefois que la chanteuse n'a pas vraiment accroché avec Alain Delon : il était fascinant, mais pas forcément de quoi en être amoureuse.
Cela ne l'a pas empêchée de l'embrasser. Pour des raisons strictement professionnelles bien sûr. Le projet du film de Jack Cardiff a abouti à "The Girl on the Motorcycle", en français, plus pudiquement, "La Motocyclette". Le résumé de Wikipédia explique doctement : « Rebecca s’ennuie auprès de Raymond, l’homme qu’elle vient tout juste d’épouser. Une nuit, elle s’échappe du lit conjugal et part, nue sous une combinaison de cuir, sur sa Harley-Davidson FL, pour rejoindre son amant en Allemagne. ». Le personnage de Rebecca était interprété bien sûr par Marianne Faithfull, celui de l'amant Daniel par Alain Delon. Non, Mick Jagger ne jouait pas le mari trompé (l'acteur était Roger Mutton). Avec la participation de Jacques Marin.
Ce film est un film érotique (aux États-Unis, le titre est plus explicite : "Naked Under Leather", nue sous le cuir !), et a été tourné en Alsace, à Heidelberg et à Genève. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes de mai 1968 mais n'a reçu aucune récompense car le festival a été interrompu par la révolte étudiante. Le film est sorti le 23 juin 1968 en France et le 20 octobre 1968 au Royaume-Uni. (Ce qui est amusant avec une encyclopédie comme Wikipédia, c'est qu'il y a des trucs intéressants et des trucs surréalistes, comme le fait qu'un homme né en décembre 1968 puisse avoir été l'assistant réalisateur d'un film sorti en juin 1968 !).
Pour changer un peu des hommages habituels à Alain Delon, je propose d'écouter une très belle chanson de ...sa partenaire de cinéma Marianne Faithfull, qui a repris l'interprétation de "The Ballad of Lucy Jordan" (Lucie Castets ou Jordan Bardella ? humour de chaussettes dépareillées...) utilisée également au cinéma, notamment dans l'excellent film "Cours privé" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), avec Élizabeth Bourgine, Michel Aumont et Xavier Deluc.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
Le grand Alain Delon
Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Comment va Alain Delon ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-mick-jagger.html
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Marianne Faithfull fascinée par Alain Delon en 1967
« When you're Mick Jagger, but the other one is Alain Delon ! »
À l'annonce de la mort du grand acteur français et international Alain Delon (ce dimanche 18 août 2024), les réseaux sociaux ont rejoint les médias en général pour des hommages de toute sorte. Mais aussi pour un peu d'humour. Parmi les témoignages parfois insignifiants revient un élément majeur d'Alain Delon : certes, le jeune homme était beau, quoique, de la beauté masculine, je n'ai pas grand-chose à dire, mais sa beauté n'était pas tout. Après tout, il n'était pas le seul jeune homme beau de tout le village, et pourtant, il n'y a pas eu beaucoup d'Alain Delon en fin de compte. Cet élément reconnu par tous, qui a fait la différence, c'était le charisme. Le charisme d'Alain Delon !
Le charisme, c'est que qui permet à des responsables politiques pourtant, pour certains, peu recommandables d'être réélus ou d'être encore appréciés malgré, parfois, quelques casseroles. Par exemple, Alain Carignon, qu'il faut avoir approcher pour bien comprendre l'homme. Lorsqu'il était maire, il était du genre à traverser assez rapidement le très large boulevard Jean-Pain, celui devant la mairie, qui s'engage directement vers l'autoroute Grenoble-Chambéry très passant, le regard bloqué sur le Grenoblois qu'il allait croiser, et à le saluer en lui demandant des nouvelles du petit dernier. Bernard Tapie, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, etc. (j'en oublie plein), quoi qu'on en pense, sont ou ont été des personnalités charismatiques qui leur ont permis de convaincre parce qu'elles fascinaient. Le charisme. Mélange de présence et de magnétisme. De sincérité plus ou moins feinte et d'authenticité plus ou moins réelle.
Évidemment, un bon acteur ne peut être que charismatique et on peut en citer beaucoup, Yves Montand, Jean Gabin, Lino Ventura, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, etc. (pareil, j'en oublie de nombreux). Alain Delon était sans doute l'un des plus charismatiques et c'est cela qui l'a distingué des autres, plus que sa dite beauté dont je ne connais pas la définition.
Les réseaux sociaux ont alors rappelé une photographie célèbre (plusieurs en fait) et un trait d'humour déjà ancien : "Quand tu es déjà une star et que tu sors avec ta (très belle) copine, méfie-toi d'Alain Delon !". C'est un peu cela l'idée.
Sur Wikipédia, Mick Jagger (81 ans), le célèbre chanteur des Rollings Stones, est considéré très charismatique : « Véritable star depuis le milieu des années 1960, il est, par son jeu de scène démonstratif, son attitude et son charisme, considéré comme l'archétype du chanteur de rock, souvent cité comme référence par de nombreux artistes. ». Entre 1966 et 1970, selon des potins très médiatisés, il vivait avec la très belle chanteuse (et actrice) britannique Marianne Faithfull (77 ans). Il l'a même aidée à démarrer sa carrière de chanteuse, a composé quelques-unes de ses chansons, etc.
La photographie en question daterait du 15 novembre 1967 (je peux me tromper). Mick Jagger n'avait que 24 ans (et déjà très connu), Marianne Faithfull pas encore 21 ans (et un petit peu connue). L'actrice a rencontré Alain Delon par l'entremise du réalisateur britannique Jack Cardiff (alors 53 ans) pour un projet de film franco-britannique. Elle fut tout de suite attirée par le charisme d'Alain Delon (qui venait d'atteindre ses 32 ans). À cet instant magique, il n'y avait pas photo... ah si, il y avait photos, justement !
Marianne Faithfull a raconté plus tard que cette rencontre a rendu très jaloux Mick Jagger alors que ce n'était pas son tempérament d'être jaloux. L'histoire retient toutefois que la chanteuse n'a pas vraiment accroché avec Alain Delon : il était fascinant, mais pas forcément de quoi en être amoureuse.
Cela ne l'a pas empêchée de l'embrasser. Pour des raisons strictement professionnelles bien sûr. Le projet du film de Jack Cardiff a abouti à "The Girl on the Motorcycle", en français, plus pudiquement, "La Motocyclette". Le résumé de Wikipédia explique doctement : « Rebecca s’ennuie auprès de Raymond, l’homme qu’elle vient tout juste d’épouser. Une nuit, elle s’échappe du lit conjugal et part, nue sous une combinaison de cuir, sur sa Harley-Davidson FL, pour rejoindre son amant en Allemagne. ». Le personnage de Rebecca était interprété bien sûr par Marianne Faithfull, celui de l'amant Daniel par Alain Delon. Non, Mick Jagger ne jouait pas le mari trompé (l'acteur était Roger Mutton). Avec la participation de Jacques Marin.
Ce film est un film érotique (aux États-Unis, le titre est plus explicite : "Naked Under Leather", nue sous le cuir !), et a été tourné en Alsace, à Heidelberg et à Genève. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes de mai 1968 mais n'a reçu aucune récompense car le festival a été interrompu par la révolte étudiante. Le film est sorti le 23 juin 1968 en France et le 20 octobre 1968 au Royaume-Uni. (Ce qui est amusant avec une encyclopédie comme Wikipédia, c'est qu'il y a des trucs intéressants et des trucs surréalistes, comme le fait qu'un homme né en décembre 1968 puisse avoir été l'assistant réalisateur d'un film sorti en juin 1968 !).
Pour changer un peu des hommages habituels à Alain Delon, je propose d'écouter une très belle chanson de ...sa partenaire de cinéma Marianne Faithfull, qui a repris l'interprétation de "The Ballad of Lucy Jordan" (Lucie Castets ou Jordan Bardella ? humour de chaussettes dépareillées...) utilisée également au cinéma, notamment dans l'excellent film "Cours privé" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), avec Élizabeth Bourgine, Michel Aumont et Xavier Deluc.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
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Pour aller plus loin :
Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
Le grand Alain Delon
Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
Comment va Alain Delon ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-marianne-faithfull.html
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Le génie olympique français !
Le patriotisme, c'est de savoir communier avec tous ceux qui contribuent au rayonnement de la France dans le monde, et à l'évidence, c'était le cas pour cette cérémonie d'ouverture hors de toutes les normes. Comment croire au patriotisme des prétendus patriotes qui, au lieu de simplement aimer la France, dénigrent matin midi et soir la France et ceux qui la font rayonner ?
L'art, c'est toujours révolutionnaire. Et ce qui s'est passé lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques le 26 juillet 2024 à Paris restera dans la mémoire collective mondiale pendant très longtemps. D'abord, parce que le spectacle grandiose d'hymne à la fois à la France, à Paris mais aussi à l'universalisme, et cela sans arrogance française, a donné aux peuples du monde une idée du génie français, pas toutes ses facettes, trop nombreuses, mais quelques facettes intéressantes.
La vasque s'envolant dans le ciel de Paris, la Seine guidant les équipes olympiques, la Tour Eiffel, bien sûr, comme phare de référence, et même la pluie battante, j'y reviendrai à la fin.
Ensuite, au-delà du grandiose, il y a l'originalité, l'idée que les Français, c'est un peuple qui n'a pas peur de ses libertés, qui n'a pas peur de se moquer de lui-même, qui n'a pas peur d'être léger malgré les graves problèmes d'actualité qu'il côtoie, c'est un peuple qui sait se divertir, et qui sait divertir les autres peuples, dans une sorte de globalité qui fait respirer le monde.
Les polémiques sur une petite scène, que certains ont cru voir La Cène, sont finalement amusantes. Ces faiseurs de polémiques se trompent de sujet. Ils sont aigris. Ce qui rassurent, c'est que ce sont toujours les mêmes, en France mais aussi dans le monde, qui dénigrent, fustigent, condamnent le génie français (trumpistes, zemmouriens, poutiniens, mélenchonistes, etc.), et ces polémiques renforcent en quelque sorte cet art qui n'était pas de la subversion ni de la provocation, mais simplement de la légèreté et de la créativité. Une simple mise en perspective. Sans idéologie d'arrière-boutique !
Bien sûr, pendant ces quatre heures de spectacle, il y a eu mille symboles, mille références, parfois contradictoires, mille clins d'œil. Mais peut-être à cause des polémiques, ce qui en est le plus ressorti est ce qui était le plus souriant, le plus léger, le plus rigolard, de cet humour potache français que Goscinny a su si bien incarner dans Astérix, cet esprit français.
J'ai nommé Philippe Katerine déguisé en Schtroumpf à poil, recouvert d'un bleu peau déconcertant, allongé dans le pur style de la décadence romaine dans un plat de banquet pour chanter un hymne au naturisme, un hymne pacifique, écologiste, pour l'égalité, la liberté, la fraternité. Pas de quoi casser la patte à un canard, même quand on est catholique pratiquant !
Inutile de rappeler (je l'ai déjà fait) que la scène a été plus inspirée par "Le Festin des dieux" de Jan van Bijlert que par "La Cène" de Léonard de Vinci, avec l'idée d'évoquer Apollon et Dionysos, somptueux banquet des dieux de l'Olympe avec ce jeu de mot (qui n'en est pas un, en fait) faisant référence aux Jeux olympiques (y aura-t-il la prochaine fois des dieux éclopés de la Paralympie ?).
Pour preuve de l'innocence artistique des auteurs du spectacle, leur directrice de communication Anne Descamps a accepté de présenter ses excuses le 28 juillet 2024, sans hésiter, car la provocation n'était pas dans leur intention et donc, leur ego d'artiste n'est pas atteint avec ces excuses : « Clairement notre intention n’était pas d’afficher un manque de respect à quelque groupe religieux que ce soit. À l’inverse, notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion. Si des gens ont été offensés, nous nous en excusons. ».
Les râleurs sont bruyants mais ne sont pas nombreux puisque, selon les sondages, autour de 85% des sondés ayant regardé le spectacle l'ont applaudi, aimé, en ont été émus, si ce n'est fascinés (même si, bien sûr, ils n'ont pas tout aimé). Nos amis les Chinois, en tout cas, n'ont pas été aveugles et l'effigie de Phlippe Katerine dans sa nudité bleue fait désormais des ravages dans les réseaux sociaux !
Beaucoup de dessins, de compositions, reprennent l'idée, avec évidemment la référence française, il y a même des plats à déguster, des pâtisseries qui sont maintenant des Philippe Katerine. Il devrait faire un tour en Chine après les JO, il ferait un tabac ! Pour rappel, la Tour Eiffel était une horrible tour en ferraille, capable de montrer le génie français mais qui a eu de nombreux détracteurs français voire parisiens, et aujourd'hui, elle est le symbole tant de Paris que de la France. Je doute que le Philippe Katerine bleuté ait une aussi belle destinée historique (j'espère que ce n'est pas le cas pour sa vie à venir, car il n'est pas une tour en ferraille), mais cela montre bien les mécanismes de l'art : il doit surprendre, émouvoir, interroger, voire choquer pour qu'il s'inscrive dans un mouvement utile et original. Pas la peine de ressasser les vieilles lunes académiques, on les connaît déjà. En revanche, l'art avant-gardiste, qui sera classique dans quelques décennies, doit savoir s'accrocher face aux réactions parfois hostiles sinon affligeantes de certains qui y mettent plus leurs aigreurs d'estomac que leur sens critique.
En particulier, Esteban Grine, un internaute a transféré sur Twitter quelques images amusantes de l'effigie de Philippe Katerine que son épouse en Chine a découvertes, j'ai trouvé aussi une vidéo, des pâtisseries, de la pâte à modeler... Désormais, le Schtroumpf bleu est à la mode, sans pour autant savoir si l'hymne au naturisme a été correctement traduit aux Chinois qui, dans tous les cas, se montrent certainement plus ouverts que Vladimir Poutine qui a fait censurer ce passage.
Je termine cette évocation par un autre génie français, incarné depuis 2012 par François Hollande qui a démarré son quinquennat en pleine pluie, et qui l'a poursuivi avec de nombreuses cérémonies pluvieuses. Il n'est plus à l'Élysée mais il a dû porter la poisse par sa présence car la pluie très forte est tombée sur Paris et sur le spectacle d'ouverture pendant les quelques heures. Il faut donc remercier et saluer les milliers d'artistes qui ont, malgré tout, accepté de se produire sur cette pluie, les échos de ceux-ci après le spectacle étaient parfois dégoulinants (j'étais tout mouillé !), et il faut aussi saluer les spectateurs qui ont regardé pendant plusieurs heures sous la pluie, même les ministres (démissionnaires) n'étaient pas protégés par un préau, si bien que l'un d'eux a confié qu'il était trempé jusqu'au slip.
Les humains ne sont pas en sucre et s'en sont remis. Toutefois, ce n'est pas le cas pour les instruments de musique, pianos, violons, altos, violoncelles, contrebasses, etc., sous cette pluie battante. Cela a même alerté plus d'un téléspectateur. Quel gâchis de voir ces instruments s'abîmer sous la pluie ! "Le Monde" a sorti un article le 30 juillet 2024, signé de Marie-Aude Roux, qui est allé un peu plus loin sur cet exploit.
Quelques heures avant le spectacle, les musiciens de l'Orchestre national de France, un des deux grands orchestres de Radio France avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France, avaient protesté car l'organisation n'avait pas assuré qu'ils seraient couverts d'un toit ou préau. Il s'est alors passé cette transaction : les musiciens allaient ranger leur instrument personnel qu'ils chérissent, et joueraient avec des instruments en fin de vie, bas de gamme, destinés à la pédagogie, qui peuvent être abîmés par la pluie, prêtés par l'Orchestre de Paris qui jouait aussi lors de la scène de la Conciergerie. L'Orchestre de Paris jouait avant l'Orchestre national de France et était à la Cour de Cassation, tandis que le second était basé au Trocadéro.
La clef, c'est que toute la musique de ces orchestres a été préenregistrée préalablement, et c'est la musique enregistrée que les téléspectateurs ont entendue lors de la Marseillaise, de Carmen ou encore à la fin (Aya Nakamura et Lady Gaga étaient également en play-back ; en revanche, pas Céline Dion qui a été grandiose et majestueuse malgré sa maladie, du haut de la grande Tour).
Les musiciens de l'Orchestre national de France ont donc bien joué en direct, mais seuls les spectateurs près d'eux ont pu entendre leur musique. L'article du quotidien précise : « Lestés d'oreillettes, les musiciens se sont surtout employés à respecter les clics et les tops afin que tout soit bien synchronisé à l'image. "Je sais bien qu'ils étaient en fin de vie, mais j'ai quand même une petite culpabilité vis-à-vis de ces instruments sacrifiés", glisse la musicienne, heureuse d'avoir pu, avec ses collègues, "transformer ce moment de galère en souvenir inoubliable". ».
Un souvenir malheureusement qui n'a pas été retransmis en images en raison de loupés de la réalisation, de nombreux plans ont été oubliés par rapport aux objectifs initiaux, en particulier ceux montrant les musiciens, qui ont pourtant fait de nombreuses répétitions auparavant pour ces quelques images... oubliées. Et l'article finit : « Certains ont dû jeter leur paire de chaussures trop détrempée, tandis que les habits de concert filaient au pressing. Mais tous savent que la fête était belle et ils sont heureux d'y avoir participé. ».
Ce n'est qu'une petite partie de notre génie olympique, puisque le véritable génie olympique, ce sont les médailles de nos athlètes qui, décidément, comme les artistes à l'ouverture, font honneur à la France qui se classe, ce mercredi 31 juillet 2024, après à peine cinq jours de compétition, en deuxième position sur 206 pour le nombre de médailles (26), juste derrière les Américains (29), et en première position pour les médailles d'or (8), à égalité avec la Chine (8) et le Japon (8), devant l'Australie (7). Cela n'a duré que l'espace de quelques minutes car une sportive chinoise a obtenu peu de temps après une neuvième médaille d'or pour la Chine redevenant la première nation olympique.
Parmi les sportifs qui font honneur à la France, citons (sans être exhaustifs) le nageur Léon Marchand (trois médailles d'or, dont deux records olympiques du 400 mètres quatre nages et du 200 mètres brasse) et la triathlète Cassandre Beaugrand (première médaille d'or olympique de triathlon française). Le génie français, c'est aussi de faire passer des épreuves dans la Seine ! Vive la France ! (et vive le reste du monde qui le vaut bien aussi !).
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Sylvain Rakotoarison (31 juillet 2024)
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Le génie olympique français !
Festivité !
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Adèle Milloz.
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