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télévision - Page 2

  • Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap

    « J'en perdais pas un cil quand même du nouvel endroit. C'était pas bien possible de tomber plus moche et plus rebutant que j'étais mais quand même je me gourais bien, et finalement qu'au quart d'idée, qu'au morceau de viande saignante ou qu'à l'oreille tonitruante, qu'à ma grosse tête capituleuse, ces vaches d'hommes en voudraient encore, et je serais encore bon pour être traqué et plus vachement que jamais. » (Céline, "Guerre", éd.Gallimard, 2022).



     

     
     


    Le handicap, dans sa version célinienne posthume ! La cérémonie d'ouverture des XVIIe Jeux paralympiques de Paris 2024 a eu lieu ce mercredi 28 août 2024, retransmise notamment à la télévision sur France 2 (10,2 millions de téléspectateurs français). Encore une fois, cette cérémonie a été forte en art, spectacle et émotion, saluée tant par la presse française que la presse étrangère (qui parle notamment du « voyage de la discorde à la Concorde »). 65 000 spectateurs et 4 400 athlètes de 168 délégations y participaient le long des Champs-Élysées jusqu'à la Concorde.

    Toujours confiée au metteur en scène Thomas Jolly, auteur devenu célèbre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 le mois dernier, cette cérémonie d'ouverture, elle aussi la première qui s'est déroulée hors d'un stade ("aussi" en référence à la cérémonie du 26 juillet 2024), a été l'occasion d'une totale liberté artistique (une caractéristique de la France), chorégraphie, défilé, sur fond de musique d'Édith Piaf à Serge Gainsbourg et Jane Birkin et sous un ciel coloré par la Patrouille de France.

     

     
     


    La non-mixité de la quasi-totalité des épreuves des Jeux olympiques s'explique par les différences physiologiques entre les hommes et les femmes, avec généralement, sur la puissance musculaire, un net "handicap" des femmes par rapport aux hommes, ce qui a conforté à faire des épreuves non-mixtes (historiquement, le sport et en particulier les Jeux olympiques à l'époque antique, comme la guerre, étaient réservés aux seuls hommes, en principe).

    Créés en 1960, les Jeux paralympiques, qui se déroulent à Paris du 28 août au 8 septembre 2024, sont l'occasion, à l'échelle mondiale, de conjuguer sport et handicap, et, pourquoi pas dans les cérémonies d'ouverture et de clôture, spectacle artistique. Ils permettent à des athlètes qui ont eu un accident irréversible de poursuivre leur carrière, ou même, de rebondir sur une autre carrière avec une finalité glorieuse, les médailles. Cela motive pour revivre, ou même vivre pour ceux qui sont en situation de handicap dès la naissance.

    Cette année, ces Jeux sont très courus : les places des spectateurs se vendent presque aussi bien que celles des Jeux olympiques classiques. On pourrait reprocher aux organisateurs de fixer les Jeux paralympiques après les Jeux olympiques, voire en pleine rentrée scolaire. J'imagine qu'il existe des contraintes d'entraînement et que l'idée de ne pas faire ces deux jeux en même temps est pertinente, car le risque est que, médiatiquement, les Jeux dits "normaux" (c'est la vraie opposition, à définition incertaine, entre situation de handicap et situation "normale") l'emportent sur les Jeux paralympiques.

    Plus généralement, ces Jeux paralympiques nous rappellent l'importance de l'inclusivité. Certes, pas celle martelée par les wokistes qui voudraient relativiser toute chose et dire que "normalité" et "minorité" doivent se confondre. Il faut respecter les personnes homosexuelles, il faut respecter les personnes transgenres, il faut respecter les personnes… parce qu'avant tout, il faut respecter les personnes tout court, et donc, aussi les personnes hétérosexuelles, etc. Mais le meilleur respect pour une personne, c'est de ne pas la considérer comme un sexe, comme un genre, ou comme une orientation sexuelle, pas plus que comme une religion, ni que comme une couleur de peau, de cheveux, d'yeux, que sais-je encore ? Comme à son prénom ou à son nom ? Une personne ne peut se réduire qu'à un simple élément de sa personne, c'est cela le respect et c'est en cela que, selon moi, le wokisme va à l'encontre de la "vraie" inclusivité. Le wokisme est le droit à la différence tandis que la "vraie" inclusivité est le droit à l'indifférence.

    Car il en faut, de ce droit à l'indifférence, pour être à l'aise dans la société quand on est en situation de handicap. C'est pour cela que j'ai arrêté depuis longtemps de parler des "handicapés" (comme si je disais les "blondes"). "Personnes handicapées" est déjà meilleur, mais le mieux, même si c'est plus long, c'est "personnes en situation de handicap". C'est une situation, au même titre que lorsqu'on est malade. On parle des "malades", des "patients" (mieux), mais en cela, on réduit les personnes en leur maladie. Parler des "handicapés", c'est les réduire à leur condition de personnes handicapées, c'est réduire leur personne à leur handicap.
     

     
     


    C'est pour cette raison que je trouve déplorable la façon de certains journalistes à parler des athlètes paralympiques comme des "parathlètes", comme les "paranageurs", les "paracoureurs", etc. C'est stupide, ils sont aussi pleinement-nageurs que les nageurs des Jeux olympiques. Ils n'ont rien compris à la philosophie de ces Jeux paralympiques dont l'objectif, ce n'est pas de montrer le handicap des sportifs en situation de handicap, mais justement leurs performances sportives, malgré leur handicap.

    La plus grande démonstration est venue sans doute de l'athlète sud-africain Oscar Pistorius, « né sans péronés et amputé sous le genou, à la moitié du tibia précisément, à l'âge de 11 mois » (nous précise Wikipédia), grand sprinter (et pas "parasprinter" !) du 400 mètres qui a participé aux Jeux olympiques de Londres 2012, tant comme valide (il est arrivé en septième place) que comme en situation de handicap (double médaille d'or aux Jeux paralympiques de Londres 2012). Du reste, Oscar Pistorius a été tellement aussi normal que les valides qu'il a tué sa copine par colère à la Saint-Valentin 2013 à Pretoria et qu'il a été condamné le 24 novembre 2017 pour ce meurtre à quinze ans de réclusion criminelle (il est sorti de prison le 5 janvier 2024).

    La société nord-coréenne se vantait il y a quelques années (je ne sais pas si elle le fait encore) d'être société qui n'a aucune personne en situation de handicap. Dans les rues, bien ordonnées, aucune personne en situation de handicap. Pas de quoi se vanter : le handicap est aussi inéluctable, indispensable, que les mutations, les erreurs de chromosomes, les perturbations génétiques. On l'a vu pour les virus, celui du covid-19 par exemple, à quel point il pouvait évoluer, muter, et les variants faire évoluer le virus. Le handicap est une nécessité dans la Nature, une évidence aussi : tout ne fonctionne jamais comme il faut et lors de la duplication de l'information génétique, il peut y avoir des erreurs, des bugs, à très faible nombre. C'est même ces erreurs qui nous ont permis d'évoluer, nous, les unicellulaires (voire moins), qui avons évolué jusqu'à l'être humain en quelques centaines de millions (voire milliards) d'années. Quand il y a des différences, parfois (le plus souvent hélas), cela ne convient pas avec les contraintes de l'environnement, mais parfois, si, c'est mieux qu'avant et, petit à petit, ça renforce l'espèce et ces différences deviennent hégémoniques.

     

     
     


    Cette réflexion devrait donc rassurer philosophiquement les personnes en situation de handicap à la naissance : ils sont les fers de lance du changement, de l'Évolution avec un grand É ! Mais en fait, il n'y a pas de quoi être heureux dans une société qui, à l'origine, n'était pas faite pour "elles". Et si on fait de plus en plus attention, si les lois, la réglementation tentent de mieux prendre en compte les personnes en situation de handicap, c'est parce qu'il y a un principe essentiel, celui de l'égalité, un autre, celui de la liberté, enfin le troisième, celui de la fraternité. Les personnes en situation de handicap, comme tous les autres citoyens, doivent bénéficier de ces mêmes principes. De plus, le handicap peut s'acquérir après la naissance, au fil de l'existence, par de malheureux hasards de la vie, un accident, une maladie, un âge avancé. Le handicap, c'est un malheur qui concerne donc tout le monde, soi comme ses proches, qui, même valides, peuvent devenir "invalides" avec le temps.

    Il est d'ailleurs des expériences qui sont très instructives. Il suffit simplement de se casser un pied ou une jambe, et de se retrouver dans l'impossibilité de marcher, de se retrouver à se déplacer dans un fauteuil roulant, pour comprendre, pour vivre à quel point la société est peu faite pour les personnes en situation de handicap.


    Il suffit de regarder chez soi, et s'imaginer en fauteuil roulant : si on habite à un étage, y a-t-il un ascenseur ? Celui-ci est-il suffisamment grand pour un fauteuil roulant ? Y a-t-il quelques marches pour atteindre le palier ? Et regardons dehors, il n'y a pas beaucoup de commerces, d'administrations, dans les centres-villes anciens, qui puissent être vraiment accessibles aux personnes en fauteuil roulant (faut-il dire "à mobilité réduite" ? Je ne sais pas). Et les transports en commun, les rames de métro, les trains, les quais ?...
     

     
     


    Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d'Île-de-France, vient même de lancer un vaste chantier dont l'objectif est de rendre accessibles tous les transports en commun de la région parisienne. Très grande ambition, car à part quelques ascenseurs pour aller d'un quai à un autre, rien n'est accessible : la marche pour atteindre la rame, etc. Son plan "Métro pour tous" a reçu d'ailleurs une fin de non-recevoir de la maire de Paris Anne Hidalgo qui ne semble pas concernée par la mise aux normes d'accessibilité de sa propre ville (sous prétexte de ne pas endetter encore plus la ville qu'elle a déjà hyperendettée).

    Si les normes des constructions nouvelles prennent bien en compte ces contraintes d'accessibilité, la plupart des constructions anciennes ne sont pas adaptées et leur mise aux normes est fort coûteuse. Quand on acquiert un bien immobilier qu'on veut habiter, il faut toujours se poser la question de l'accessibilité, car même valide, mêmes bien portant, même si tout son entourage est valide, même si tous ceux susceptibles de venir rendre visite sont valides, rien ne préjuge de l'avenir et par un accident, une maladie ou simplement la vieillesse, on peut se retrouver dans un fauteuil roulant. Il faut l'imaginer avant d'acheter car c'est une cause majeure de cauchemar lorsqu'on n'a rien prévu et qu'on n'a pas de réserve financière importante.


    Il y a donc le matériel, ces mises aux normes, ces prises en considération matérielles de la situation de handicap, et il n'y a pas que les personnes en fauteuil roulant, il y a aussi d'autres handicaps, par exemple, les personnes aveugles doivent pouvoir se mouvoir en ville. Aux Pays-Bas, cela fait des décennies que chaque feu tricolore est doté aussi de petits signaux sonores pour indiquer si le passage piéton est au vert ou au rouge. En France, je n'en ai pas vu beaucoup encore aujourd'hui. En revanche, il y a des singularités heureuses, comme ce magnifique musée, le MAC-VAL (le musée d'art contemporain du Val-de-Marne à Vitry-sur-Seine) qui propose, à côté des notices écrites en français et en anglais, des notices écrites en braille. On peut même surfer sur un ordinateur maison avec un clavier en braille. Heureusement, c'est de plus en plus fréquent, et c'est même généralisé, par exemple, sur les boîtes de médicament. De même, au lycée, on peut apprendre le langage des signes, pas seulement réservé aux personnes sourdes et muettes mais aussi à toutes les autres.

    Sur ce dernier point, il est différent des précédents car ils ne sont pas seulement matériels (donc un seul problème budgétaire pour les financer), car cela touche à l'organisation de l'enseignement, et depuis le second mandat du Président Jacques Chirac, une grande volonté politique a été affirmée par l'État pour rendre inclusive l'école, ce qui demande des moyens budgétaires et surtout humains considérables, car permettre aux enfants en situation de handicap de suivre leur scolarité dans une école "normale" nécessite un accompagnement parfois individuel par une organisation très réfléchie (c'est d'ailleurs un véritable choix de société, des personnalités politiques comme Éric Zemmour préfèrent ne pas voir les enfants en situation de handicap et les exclure complètement de la société, comme en Corée du Nord !).
     

     
     


    Ce choix de société est du gagnant gagnant : bien sûr, c'est l'intérêt de l'enfant en situation de handicap qui est accueilli "normalement" pour suivre une scolarité "normale" (cela dépend évidemment du type de handicap), mais c'est aussi l'intérêt des enfants qui ne le sont pas, qui sont "normaux" qui, en côtoyant ces enfants si "anormaux", ne voient plus leur handicap et les considèrent finalement comme socialement "normaux". Ainsi, oui, certes, il lui manque un bras, mais c'est lui qui m'aide pour faire mes mathématiques et je ne vois plus en lui le bras manquant mais le fort en maths.

    Dans ce choix de société, il y a aussi des choses qui ne coûtent rien, comme avoir un autre regard des personnes en situation de handicap. Jacques Chirac, dès le début de sa carrière politique (au début des années 1970) militait pour faire sortir les personnes en situation de handicap, les faire sortir de chez elles, qu'elles puissent bénéficier de la société, de tous les équipements, etc. Si "on" "les" cachait, c'est parce qu'on voulait cacher les "erreurs" de la Nature, ses malformations, ses imperfections. Et aussi parce qu'il y avait une sorte de stigmatisation sociale immédiate, systématique, presque involontaire sinon inconsciente des "autres", des "normaux". Les personnes en situation de handicap ne veulent pas la pitié des "autres", ne veulent pas forcément qu'on les ménage, mais veulent des relations sociales "normales", dissociées de leur handicap, quitte à se faire engueuler si elles le "méritent".

    C'est ce droit à l'indifférence que j'évoquais précédemment : ne pas mater, ne pas fixer une personne en situation de handicap, une personne "bizarre", "pas normale", qui n'a peut-être plus de bras, ou de main (juste un moignon), ou autre chose, mais aussi ne pas l'éviter, ne pas éviter son regard, ne pas fuir son regard. Considérer seulement que chacun est une personne à part entière, et que, finalement, en cherchant bien, chacun a ses propres handicaps, ses propres défauts, malformations, physiques, psychologiques, mentales. La seule chance de certains, c'est que cela ne se voit pas trop de l'extérieur. Il est là, le respect, bien loin des paillettes de la fête et du spectacle.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (29 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Jeux paralympiques de Paris 2024 : sport, spectacle et handicap.
    L’allocation aux adultes handicapés (AAH) et maladresse politique.
    Le handicap ? Parlons-en !
    Éric Zemmour et les enfants en situation de handicap.
    Le génie olympique français !
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.



     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240828-jeux-paralympiques.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/jeux-paralympiques-de-paris-2024-256512

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/28/article-sr-20240828-jeux-paralympiques.html




     

  • Alain Delon soutenait Raymond Barre

    « Et j'en arrive à Raymond Barre : c'est pour moi l'homme le plus proche du Général De Gaulle, c'est un homme hors des partis, c'est un homme qui veut un État impartial au service du peuple et au service de la France, c'est un homme exceptionnel comme l'était le Général De Gaulle. » (Alain Delon, le 30 octobre 1988 sur TF1).



     

     
     


    L'enterrement a lieu ce samedi 24 août 2024 dans la chapelle de sa propriété à Douchy, et dans l'intimité familiale, comme on dit. Toute cette semaine, beaucoup de monde a parlé de l'acteur français Alain Delon, et notamment dans les réseaux sociaux, où les gens se lâchent, on a vu qu'une certaine gauche, la plus sectaire, était capable de continuer à détester un homme même mort. Simplement parce qu'il ne cachait pas ses convictions de droite. Et probablement aussi parce qu'il était très riche, mais d'une richesse qu'il a acquise par son travail et par son talent.

    On en profite d'ailleurs pour dire n'importe quoi, par exemple, qu'il soutenait électoralement Jean-Marie Le Pen et le Front national, que c'était un abominable extrémiste de droite. Alors, il faut rétablir un peu les choses.

    Alain Delon était un gaulliste et parce qu'il était un gaulliste, il avait soutenu très activement la candidature de Raymond Barre à l'élection présidentielle du printemps 1988. En particulier, il a assisté, parmi le public invité, à plusieurs émissions politiques de "L'Heure de Vérité" (animées sur Antenne 2 par François-Henri de Virieu) dont l'invité était Raymond Barre, en particulier le 7 janvier 1987 (à côté de Jean-Pierre Soisson et de Catherine Pironi), et aussi après l'élection présidentielle, le 7 novembre 1988 (il était à côté de l'épouse de l'homme politique, Eva Barre et de Gilberte Beaux). De plus, il était présent au grand meeting de campagne de Raymond Barre le 19 avril 1988 à Lyon (quelques jours avant le premier tour). Enfin, on l'a retrouvé naturellement aux obsèques de l'ancien Premier Ministre le 29 août 2007 à la chapelle de l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, où il est mort, au milieu d'une classe politique assez secouée.

    En quelque sorte, le barrisme d'Alain Delon était incontestable et il n'a pas fait simplement qu'ajouter passivement une signature à une liste de comité de soutien, mais il était présent aux grands moments de la campagne présidentielle du futur maire de Lyon. En tant que barriste, je m'en réjouissais, même si je n'avais pas toujours les mêmes idées qu'Alain Delon, en particulier sur la peine de mort (voir plus loin). Et ça tombait bien, Alain Delon n'était pas un homme politique, donc, ses convictions ont eu peu d'influence sur le cours des événements (la construction de la loi). Comme lui, mon barrisme était du gaullisme moderne. Mais aucune personnalité n'est sacrée et toutes ont eu leur faille.

    Quant à Jean-Marie Le Pen, effectivement, Alain Delon le connaissait très bien, c'étaient même deux amis très proches depuis la fin des années 1960, Alain Delon le connaissait avant qu'il ne devînt président du FN et si pour l'acteur, l'amitié n'était pas un vain mot, il faisait la différence entre amitié et politique et il n'a pas soutenu politiquement Jean-Marie Le Pen, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire.

    Dans le cadre de son hommage dominical, la chaîne LCI a eu la bonne idée de retransmettre le dimanche 18 août 2024 à 15 heures des extraits d'une émission politique importante du dimanche soir dont Alain Delon était l'invité, le fameux "7 sur 7" animé sur TF1 par la journaliste vedette Anne Sinclair. Elle était datée de "septembre 1988" mais renseignements pris, elle aurait été enregistrée et diffusée plutôt le 30 octobre 1988, donc non seulement après l'élection présidentielle mais aussi avant le référendum du 6 novembre 1988 sur les Accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie : Alain Delon avait été invité à Matignon par le Premier Ministre Michel Rocard parce qu'il était de droite, avec un autre acteur, Michel Piccoli, qui lui était notoirement de gauche, pour qu'ils fissent campagne ensemble pour le "oui" de manière consensuelle. Alain Delon a répondu à cette demande en donnant les arguments pour le "oui", oui à la paix en Nouvelle-Calédonie et s'était un peu fâché, d'ailleurs, avec quelques leaders de droite qui, refusant d'aider politiquement François Mitterrand, avaient prôné une lâche abstention.

     

     
     


    Dès le début de l'émission, alors qu'Anne Sinclair parlait pour introduire longuement son émission et son illustre (et rare) invité, on pouvait voir Alain Delon, silencieux, l'écouter attentivement, le regard parfois dans le vide mais montrant surtout un charisme, une présence, même dans le silence ! On imaginait alors facilement, comme avec Yves Montand ou Vincent Lindon dans un autre registre, qu'Alain Delon aurait pu avoir une carrière politique, un peu à l'instar de la classe politique américaine, les acteurs professionnels étant les meilleurs pour convaincre les électeurs puisqu'ils jouent leur rôle bien mieux que des acteurs amateurs, à savoir des candidats technocrates qui lisent des discours que des collaborateurs leur auraient rédigés.

    Et puis très vite, Alain Delon expliquait qu'il ne pouvait pas être homme politique car il avait une très grande sensibilité. On pouvait aussi se dire : tout le monde a sa sensibilité. Mais quand Anne Sinclair lui a fait parler d'un fait-divers récent à l'époque, et atroce, le viol de petites filles, Alain Delon a montré qu'il valait mieux qu'il restât comédien et qu'il ne se risquât pas à aller sur le terrain de l'action politique.

     

     
     


    J'ai écrit que je n'avais les mêmes idées que lui sur la justice, en voici un exemple énorme, Alain Delon reconnaissant qu'il était entier et "un peu" excessif : « Moi, je suis pour la peine de mort, je l'ai toujours été, donc je le dis comme je le pense. Et en ce qui concerne les viols d'enfant, je suis carrément pour un tribunal d'exception et une justice expéditive. (…) Ces monstres-là, pour moi, n'ont pas le droit de vivre. (…) Ces êtres-là ne sont pas des êtres humains, ni des animaux. Pour moi, ce sont des monstres. (…) Si ces gens-là savaient que dans les quinze jours, une fois les aveux passés, les preuves faites, dans les quinze jours, ils allaient avoir le châtiment suprême, sentence exécutoire sur le champ, je vous promets qu'ils réfléchiraient, s'ils sont encore capables de réfléchir. Mais s'ils ne sont pas capables de réfléchir, vous savez, on va vous dire, ils n'ont pas demandé à naître, ils n'ont pas demandé à venir sur Terre. Le chardon non plus, entre la pelouse, il n'a pas demandé à venir sur Terre. Le charbon, chez moi, je l'arrache, et je le retire. C'est un phénomène de société, ces gens-là n'ont pas le droit de faire partie de notre société. Je suis peut-être un peu excessif, c'est mon sentiment, je ne le demande pas de le partager. Je n'excuse pas. ».

    Cela n'a pas empêché Alain Delon de voter Raymond Barre et pas Jean-Marie Le Pen. Un peu plus tard dans l'émission, il a tenté d'expliquer son barrisme par son gaullisme. Il a déclaré qu'à 21 ans, il avait manifesté pour demander le retour du Général De Gaulle. Pour lui qui était enfant sous l'Occupation, De Gaulle était un héros, le libérateur de la France (on fête les 80 ans de la Libération de Paris ce dimanche 25 août 2024).
     

     
     


    Et, sur le ton d'un vendeur de dentifrice, ou de maison individuelle, Alain Delon a expliqué rapidement (car l'émission se terminait) : « Vous savez, j'aime les hommes, les vrais hommes, sans que ce soit équivoque. Alors, les vrais hommes à commencer par le Général De Gaulle (…). Pourquoi le Général De Gaulle ? Simplement, et par le Général De Gaulle, vous comprendrez mieux Raymond Barre, parce qu'ils ont les mêmes vues sur ce que j'appelle la France, la même idée de la France. (…) Et j'en arrive à Raymond Barre : c'est pour moi l'homme le plus proche du Général De Gaulle, c'est un homme hors des partis, c'est un homme qui veut un État impartial au service du peuple et au service de la France, c'est un homme exceptionnel comme l'était le Général De Gaulle, on ne le comprend pas aujourd'hui, on le comprendra demain. Voilà pourquoi j'ai soutenu Raymond Barre, voilà pourquoi je continuerai à le soutenir. C'est un homme qui n'a aucun intérêt personnel, qui ne voit que les intérêts de la France et des Français, pour qui une seule chose compte, l'intérêt supérieur de la France, et il l'a dit lui-même quand on lui a reproché d'avoir été reçu par le Président Mitterrand ou d'avoir été reçu par le gouvernement en place aujourd'hui. Je ne vois pas le mal d'être reçu par un gouvernement légitime et par un Président légitime. Ce n'est pas un gouvernement d'occupation. Ça, c'est Raymond Barre, il n'y a pas de gauche, il n'y a pas de droite, il y a les intérêts de la France. ».

    En l'écoutant, on écoutait ainsi une déclaration d'amour pour Raymond Barre. Un barrisme de tripes et pas d'intellectuel qu'il n'a jamais été. Le barrisme d'un ancien combattant, pour qui l'amour de la France est intrinsèque à son enfance. Alors, bien sûr, avec le recul, on pourra toujours sourire dans sa barbe, penser que l'amour de la France pouvait aussi s'accommoder d'une belle optimisation fiscale à la suisse (il est mort en France selon ses vœux), on pourra aussi s'interroger sur le Raymond Barre qui n'a pas d'intérêt personnel et que l'intérêt national chevillé au corps, depuis qu'on a soupçonné l'ancien meilleur économiste de France d'avoir caché de l'argent au fisc (comme il est mort, il n'y a pas de procès et surtout, on ne connaît pas vraiment ce qui est vrai et ce qui est supposé). Il reste que Raymond Barre était aimé de ceux qui aimaient la France en dehors de tout esprit partisan, et c'était cela l'essentiel pour la politique.

    Ce n'était sans doute pas une bonne chose, pour les leaders du RPR, qu'Alain Delon fût dans leur camp car il se permettait beaucoup plus de liberté de ton que s'il n'en était pas. Ainsi, pour la campagne du référendum sur la Nouvelle-Calédonie, il a beaucoup blâmé Nicolas Sarkozy qui défendait l'abstention, mais, dans l'émission d'Anne Sinclair, un autre a été encore plus victime de sa sévère franchise. Il s'agit du futur Premier Ministre, à l'époque simple secrétaire général du RPR (ancien Ministre du Budget) Alain Juppé qui, dans l'émission "Questions à domicile" (sur TF1), a, selon l'acteur, exprimé des idées beaucoup trop compliquées qui ne s'adresseraient qu'au microcosme, ou alors, sur le référendum, qui a pris les Français pour des "débiles".

    Le mot est bien d'Alain Delon : « J'ai été frappé par ce qu'Alain Juppé, en tant que secrétaire général du plus grand parti d'opposition, (…) j'ai trouvé qu'il avait un langage (…), il s'est adressé à des débiles, il s'est adressé aux Français comme s'ils étaient des débiles. Les Français ont souvent des réactions d'imbéciles, moi le premier, mais c'est tout sauf des débiles, et je n'ai pas compris, si vous voulez, qu'un homme aussi éminent d'un parti aussi important s'adresse à des Français pour un sujet aussi important (…), on ne peut pas s'adresser pour une chose aussi importante à des Français en leur parlant comme à des débiles ! ».

     

     
     


    Cela ne l'a pas empêché, vingt-huit ans plus tard, de soutenir Alain Juppé en 2016 lors de la primaire LR pour trouver un candidat LR à l'élection présidentielle qui succéderait au déplorable François Hollande. Eh oui, Alain Delon a soutenu Alain Juppé, le candidat de "l'identité heureuse" tant chahuté par les militants du FN/RN jusqu'à se faire appeler Ali Juppé. Alors, les votes d'Alain Delon n'ont pas grand-chose à voir avec le supposé extrémiste de droite que certains, à gauche, sans doute aigris sinon jaloux, ont tant fustigé, même après sa mort, ou plutôt, surtout après sa mort.

    Samedi, c'est Mgr Jean-Michel Di Falco (82 ans) qui célèbre la messe d'enterrement d'Alain Delon, il avait déjà enterré la très chère Mireille Darc il y a sept ans, le 1er septembre 2017, et Alain Delon, au contraire de l'égoïsme qu'on lui a souvent collé à la peau, a été très généreux en faisant discrètement des dons pour la recherche sur les maladies cardiaques. De toute façon, quelqu'un (de riche), qui a acquis des tableaux de Pierre Soulages, de Nicolas de Staël, de Hans Hartung et de Zao Wou-Ki, ne peut pas être tout à fait mauvais...



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (20 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Alain Delon soutenait Raymond Barre.
    Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
    Le grand Alain Delon
    Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
    Comment va Alain Delon ?

     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-alain-delon.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/alain-delon-soutenait-raymond-256386

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/18/article-sr-20240820-alain-delon.html



     

  • Plein d'étoiles pour Vera Miles

    « Tu aurais dû écrire que tu m’aimais. Tu pouvais au moins me dire de t’attendre, je trouve que c’était la moindre des choses. (…) J’ai passé deux années interminables dans cet endroit perdu à attendre que monsieur daigne revenir. Crois-tu que je veuille rester vieille fille ? » (Vera Miles, "La Prisonnière du désert", 1956).


     

     
     


    L'actrice américaine Vera Miles fête ses 95 ans ce vendredi 23 août 2024. Cela fait près d'une trentaine d'années (1995) qu'elle s'est retirée de toute activité cinématographique pour prendre sa retraite à Palm Desert, en Californie. Elle est née Vera June Ralston mais lorsqu'elle est arrivée à Hollywood, au début des années 1950, il existait déjà une (autre) Vera Ralston, si bien qu'elle a gardé son nom de jeune femme mariée (son premier mari, entre 1948 et 1954, s'appelait Bob Miles avec qui elle a eu deux enfants).

    Élue Miss Kansas à 19 ans, Vera Miles s'est installée à Los Angeles pour commencer une carrière d'actrice. Elle a d'abord eu des petits rôles à la télévision qui lui ont fait connaître l'actrice Janet Leigh. Elle tournait alors aussi pour de la publicité. Sous contrat avec Warner Bros, elle a joué notamment une "faiblement amoureuse" de Tarzan dans "Tarzan's Hidden Jungle" de Harold D. Schuster (sorti le 16 février 1955), épousant quand même (dans la vie réelle) le Tarzan en question, l'acteur Gordon Scott, en deuxièmes noces (entre 1954 et 1959).

    Le réalisateur John Ford a lancé véritablement la carrière de star de Vera Miles en lui proposant un second rôle dans le western "La Prisonnière du désert" (sorti le 13 ars 1956) où elle a pu jouer avec John Wayne, Natalie Wood et Jeffrey Hunter, grâce au succès du film considéré comme un chef-d'œuvre (désigné "le plus grand western de tous les temps" par l'American Film Institute). Dans ce film (que je résume très mal !), Vera Miles aime Jeffrey Hunter mais lui et John Wayne ne sont jamais là car ils doivent aller sauver Natalie Wood prise en otage par les Indiens, finalement, elle va se marier avec un autre homme mais son bien-aimé arrive juste avant en s'en prenant au futur marié (on comprendra que les histoires d'amour ici comptent moins que d'autres valeurs).





    Vera Miles a tourné ensuite beaucoup d'autres films, sous la direction des plus grands, comme Robert Aldrich, mais ce qui a été important dans sa carrière, c'était sa rencontre avec Alfred Hitchcock complètement séduit par elle et qui lui a fait signer un contrat de cinq ans avec elle (il voulait en faire une nouvelle Grace Kelly). Elle est ainsi devenue Rose, l'épouse de Henry Fonda dans le film "Le Faux Coupable" (sorti le 26 janvier 1957)... et surtout, Hitchcock la voulait pour son futur chef-d'œuvre, "Sueurs froides" ["Vertigo"] (sorti le 9 mai 1958) pour le rôle principal aux côtés de James Stewart, mais Vera Miles, enceinte, y renonça, ce qui a obligé Hitchcock à la remplacer par Kim Novak.

    Toutefois, Vera Miles est retournée dans un film d'Hitchcock probablement pour le meilleur rôle de sa carrière (elle l'a contesté !), Lila Crane, la sœur de Janet Leight (Marion Crane) qu'elle tente de retrouver après sa disparition étrange dans le grand film "Psychose" (sorti le 16 juin 1960) aux côtés d'Anthony Perkins (Norman Bates), John Gavin (l'amant de Marion) et Martin Balsam (le détective).





    L'actrice a retrouvé John Wayne et James Stewart dans un autre grand film de John Ford, "L'Homme qui tua Liberty Valance" (sorti le 22 avril 1962), dans lequel a également joué Lee Marvin dans le rôle de Liberty Valance. Vera Miles est alors la future femme du futur sénateur James Stewart, mais secrètement aimée par John Wayne, dans une histoire qui est le clivage entre l'État de droit (la justice représentée par James Stewart) et la loi du plus fort (celle du revolver représentée par John Wayne). Là encore, l'histoire se résume surtout aux relations entre les trois hommes (John Wayne, James Stewart et Lee Marvin) mais Vera Miles, première rôle féminin, permet de faire le liant social.





    Pendant deux décennies encore (années 1960 et 1970), Vera Miles a continué sa carrière au cinéma. Elle a tourné son dernier film en 1995, après l'opus numéro 2 de Psychose, "Psychose II" de Richard Franklin (sorti le 3 juin 1983) avec toujours Anthony Perkins (vingt-deux ans plus tard, Norman Bates sort de l'asile psychiatrique contre l'avis de Lila et retombe dans ses vieilles torpeurs).

     

     
     


    Si Vera Miles n'a jamais quitté la télévision (séries télévisées et téléfilms) pendant sa période cinématographique, elle s'y est consacrée exclusivement à partir du milieu des années 1970 (en prenant de l'âge), intervenant dans des séries comme "Magnum", "La Petite Maison dans la prairie", "L'île fantastique", "Buck Rogers", 'La croisière s'amuse", "Hôtel", "Arabesque", etc.

    Depuis 1995, Vera Miles a quitté les rangs de la célébrité pour prendre une retraite discrète et tranquille en Californie, toute éblouie de souvenirs et d'histoires devenues elles-mêmes célèbres. Elle a déjà son étoile dans le grand Hollywood Walk of Fame à Los Angeles, témoignant de sa contribution au cinéma américain voire mondial.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Vera Miles.
    Alain Delon.
    Pierre Richard.
    Marianne Faithfull.
    Pierre Perret.
    Anouk Aimée.
    Marceline Loridan-Ivens.
    Édouard Baer.
    Françoise Hardy.
    Charles Aznavour.
    Alain Souchon.
    Patrick Bruel.
    Frédéric Mitterrand.
    Fanny Ardant.
    Alain Bashung.
    Alain Chamfort.
    Sophia Aram.
    Plastic Bertrand.
    Micheline Presle.
    Sarah Bernhardt.
    Jacques Tati.
    Sandrine Bonnaire.
    Shailene Woodley.
    Gérard Jugnot.
    Marlène Jobert.
    Alfred Hitchcock.
    Brigitte Bardot.
    Charlie Chaplin.


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240823-vera-miles.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/plein-d-etoiles-pour-vera-miles-256388

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/23/article-sr-20240823-vera-miles.html



     

  • Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle

    « When you're Mick Jagger, but the other one is Alain Delon ! »


     

     
     


    À l'annonce de la mort du grand acteur français et international Alain Delon (ce dimanche 18 août 2024), les réseaux sociaux ont rejoint les médias en général pour des hommages de toute sorte. Mais aussi pour un peu d'humour. Parmi les témoignages parfois insignifiants revient un élément majeur d'Alain Delon : certes, le jeune homme était beau, quoique, de la beauté masculine, je n'ai pas grand-chose à dire, mais sa beauté n'était pas tout. Après tout, il n'était pas le seul jeune homme beau de tout le village, et pourtant, il n'y a pas eu beaucoup d'Alain Delon en fin de compte. Cet élément reconnu par tous, qui a fait la différence, c'était le charisme. Le charisme d'Alain Delon !

    Le charisme, c'est que qui permet à des responsables politiques pourtant, pour certains, peu recommandables d'être réélus ou d'être encore appréciés malgré, parfois, quelques casseroles. Par exemple, Alain Carignon, qu'il faut avoir approcher pour bien comprendre l'homme. Lorsqu'il était maire, il était du genre à traverser assez rapidement le très large boulevard Jean-Pain, celui devant la mairie, qui s'engage directement vers l'autoroute Grenoble-Chambéry très passant, le regard bloqué sur le Grenoblois qu'il allait croiser, et à le saluer en lui demandant des nouvelles du petit dernier. Bernard Tapie, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, etc. (j'en oublie plein), quoi qu'on en pense, sont ou ont été des personnalités charismatiques qui leur ont permis de convaincre parce qu'elles fascinaient. Le charisme. Mélange de présence et de magnétisme. De sincérité plus ou moins feinte et d'authenticité plus ou moins réelle.

    Évidemment, un bon acteur ne peut être que charismatique et on peut en citer beaucoup, Yves Montand, Jean Gabin, Lino Ventura, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, etc. (pareil, j'en oublie de nombreux). Alain Delon était sans doute l'un des plus charismatiques et c'est cela qui l'a distingué des autres, plus que sa dite beauté dont je ne connais pas la définition.

     

     
     


    Les réseaux sociaux ont alors rappelé une photographie célèbre (plusieurs en fait) et un trait d'humour déjà ancien : "Quand tu es déjà une star et que tu sors avec ta (très belle) copine, méfie-toi d'Alain Delon !". C'est un peu cela l'idée.

    Sur Wikipédia, Mick Jagger (81 ans), le célèbre chanteur des Rollings Stones, est considéré très charismatique : « Véritable star depuis le milieu des années 1960, il est, par son jeu de scène démonstratif, son attitude et son charisme, considéré comme l'archétype du chanteur de rock, souvent cité comme référence par de nombreux artistes. ». Entre 1966 et 1970, selon des potins très médiatisés, il vivait avec la très belle chanteuse (et actrice) britannique Marianne Faithfull (77 ans). Il l'a même aidée à démarrer sa carrière de chanteuse, a composé quelques-unes de ses chansons, etc.
     

     
     


    La photographie en question daterait du 15 novembre 1967 (je peux me tromper). Mick Jagger n'avait que 24 ans (et déjà très connu), Marianne Faithfull pas encore 21 ans (et un petit peu connue). L'actrice a rencontré Alain Delon par l'entremise du réalisateur britannique Jack Cardiff (alors 53 ans) pour un projet de film franco-britannique. Elle fut tout de suite attirée par le charisme d'Alain Delon (qui venait d'atteindre ses 32 ans). À cet instant magique, il n'y avait pas photo... ah si, il y avait photos, justement !
     

     
     


    Marianne Faithfull a raconté plus tard que cette rencontre a rendu très jaloux Mick Jagger alors que ce n'était pas son tempérament d'être jaloux. L'histoire retient toutefois que la chanteuse n'a pas vraiment accroché avec Alain Delon : il était fascinant, mais pas forcément de quoi en être amoureuse.

    Cela ne l'a pas empêchée de l'embrasser. Pour des raisons strictement professionnelles bien sûr. Le projet du film de Jack Cardiff a abouti à "The Girl on the Motorcycle", en français, plus pudiquement, "La Motocyclette". Le résumé de Wikipédia explique doctement : « Rebecca s’ennuie auprès de Raymond, l’homme qu’elle vient tout juste d’épouser. Une nuit, elle s’échappe du lit conjugal et part, nue sous une combinaison de cuir, sur sa Harley-Davidson FL, pour rejoindre son amant en Allemagne. ». Le personnage de Rebecca était interprété bien sûr par Marianne Faithfull, celui de l'amant Daniel par Alain Delon. Non, Mick Jagger ne jouait pas le mari trompé (l'acteur était Roger Mutton). Avec la participation de Jacques Marin.

     

     
     


    Ce film est un film érotique (aux États-Unis, le titre est plus explicite : "Naked Under Leather", nue sous le cuir !), et a été tourné en Alsace, à Heidelberg et à Genève. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes de mai 1968 mais n'a reçu aucune récompense car le festival a été interrompu par la révolte étudiante. Le film est sorti le 23 juin 1968 en France et le 20 octobre 1968 au Royaume-Uni. (Ce qui est amusant avec une encyclopédie comme Wikipédia, c'est qu'il y a des trucs intéressants et des trucs surréalistes, comme le fait qu'un homme né en décembre 1968 puisse avoir été l'assistant réalisateur d'un film sorti en juin 1968 !).

    Pour changer un peu des hommages habituels à Alain Delon, je propose d'écouter une très belle chanson de ...sa partenaire de cinéma Marianne Faithfull, qui a repris l'interprétation de "The Ballad of Lucy Jordan" (Lucie Castets ou Jordan Bardella ? humour de chaussettes dépareillées...) utilisée également au cinéma, notamment dans l'excellent film "Cours privé" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), avec Élizabeth Bourgine, Michel Aumont et Xavier Deluc.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
    Le grand Alain Delon
    Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
    Comment va Alain Delon ?







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240819-alain-delon.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-charisme-d-alain-delon-the-girl-256382

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/20/article-sr-20240819-alain-delon.html




     

  • Le grand Alain Delon

    « Il a dit à Sophie, la mère de mes filles, qui a fait l'aller et retour dans la journée pour l'embrasser : "C'est mon dernier Noël, tu restes ?". Elle avait prévu de passer Noël avec ses deux autres enfants, elle a quitté Douchy les larmes aux yeux. » (Anthony Delon, "Paris Match" le 4 janvier 2024).




     

     
     


    Dimanche 18 août 2024, journée nationale Alain Delon ? L'annonce de sa disparition ce dimanche matin choque parce que l'acteur faisait partie, depuis plusieurs décennies, du roman national français. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, son jeu d'acteur ou sa personnalité, il était l'une des personnes qui incarnaient le plus l'esprit français, comme interprète plus que comme auteur.

    Les plus âgés l'associeront jeune à leur jeunesse, très jeune même, le regard du jeune voyou ; les plus jeunes à un vieux mythe vivant qui parlait parfois de lui à la troisième personne (peut-être que les Guignols ont un peu exagéré dans la caricature). Combien restent-ils de ces monstres du cinéma français à la grande période des années 1960 ? Pas même Gérard Depardieu qui n'existait pas encore même si lui est un autre monstre (sacré ou pas).

    Sa famille le disait malade, au point d'être en conflit jusqu'à en devenir un affaire, médiatique sinon judiciaire. Comme le raconte le témoignage de son fils aîné au début de cette année, l'acteur ne comptait pas passer un nouveau Noël. Il était même partisan de l'euthanasie lorsque la situation l'exigeait, son côté "libéral" sans doute...


    Alain Delon a exprimé son vif soutien à l'Ukraine le 10 septembre 2022. Le Président de l'Ukraine, ancien acteur, Volodymyr Zelensky lui a rendu hommage en lui disant le 23 septembre 2022 : « Je n'ai jamais été un acteur aussi génial que vous (…). Nous vous aimons beaucoup et pour moi vous êtes toujours une autorité et un immense acteur ! ».

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    On pensera à tous ses films, la télévision repassera tous ses films, les premiers très bons, les suivants avec cette petite tâche du grand acteur qui en a conscience et qui se laisse aller. Personnellement, je retiendrai Alain Delon le philosophe. Eh oui, il a fait partie des rares personnes qui m'ont beaucoup fait réfléchir. Avec cette petite phrases sibylline qui est plus profonde qu'une simple pirouette. Le 3 octobre 1996, il lâchait à "Paris Match" : « Un ami ? C’est quelqu’un à qui on peut téléphoner à trois heures du matin en disant qu’on vient de commettre un crime et qui vous répond seulement : "Où est le corps ?" ». Ai-je beaucoup d'amis ? Sujet du baccalauréat, épreuve de philosophie, juin 2037.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le grand Alain Delon
    Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
    Comment va Alain Delon ?


    _yartiDelonAlainB01



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240818-alain-delon.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-grand-alain-delon-256378

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  • Mick Jagger jaloux d'Alain Delon ?

    « When you're Mick Jagger, but the other one is Alain Delon ! »


     

     
     


    À l'annonce de la mort du grand acteur français et international Alain Delon (ce dimanche 18 août 2024), les réseaux sociaux ont rejoint les médias en général pour des hommages de toute sorte. Mais aussi pour un peu d'humour. Parmi les témoignages parfois insignifiants revient un élément majeur d'Alain Delon : certes, le jeune homme était beau, quoique, de la beauté masculine, je n'ai pas grand-chose à dire, mais sa beauté n'était pas tout. Après tout, il n'était pas le seul jeune homme beau de tout le village, et pourtant, il n'y a pas eu beaucoup d'Alain Delon en fin de compte. Cet élément reconnu par tous, qui a fait la différence, c'était le charisme. Le charisme d'Alain Delon !

    Le charisme, c'est que qui permet à des responsables politiques pourtant, pour certains, peu recommandables d'être réélus ou d'être encore appréciés malgré, parfois, quelques casseroles. Par exemple, Alain Carignon, qu'il faut avoir approcher pour bien comprendre l'homme. Lorsqu'il était maire, il était du genre à traverser assez rapidement le très large boulevard Jean-Pain, celui devant la mairie, qui s'engage directement vers l'autoroute Grenoble-Chambéry très passant, le regard bloqué sur le Grenoblois qu'il allait croiser, et à le saluer en lui demandant des nouvelles du petit dernier. Bernard Tapie, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, etc. (j'en oublie plein), quoi qu'on en pense, sont ou ont été des personnalités charismatiques qui leur ont permis de convaincre parce qu'elles fascinaient. Le charisme. Mélange de présence et de magnétisme. De sincérité plus ou moins feinte et d'authenticité plus ou moins réelle.

    Évidemment, un bon acteur ne peut être que charismatique et on peut en citer beaucoup, Yves Montand, Jean Gabin, Lino Ventura, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, etc. (pareil, j'en oublie de nombreux). Alain Delon était sans doute l'un des plus charismatiques et c'est cela qui l'a distingué des autres, plus que sa dite beauté dont je ne connais pas la définition.

     
     

    Les réseaux sociaux ont alors rappelé une photographie célèbre (plusieurs en fait) et un trait d'humour déjà ancien : "Quand tu es déjà une star et que tu sors avec ta (très belle) copine, méfie-toi d'Alain Delon !". C'est un peu cela l'idée.

    Sur Wikipédia, Mick Jagger (81 ans), le célèbre chanteur des Rollings Stones, est considéré très charismatique : « Véritable star depuis le milieu des années 1960, il est, par son jeu de scène démonstratif, son attitude et son charisme, considéré comme l'archétype du chanteur de rock, souvent cité comme référence par de nombreux artistes. ». Entre 1966 et 1970, selon des potins très médiatisés, il vivait avec la très belle chanteuse (et actrice) britannique Marianne Faithfull (77 ans). Il l'a même aidée à démarrer sa carrière de chanteuse, a composé quelques-unes de ses chansons, etc.

     
     


    La photographie en question daterait du 15 novembre 1967 (je peux me tromper). Mick Jagger n'avait que 24 ans (et déjà très connu), Marianne Faithfull pas encore 21 ans (et un petit peu connue). L'actrice a rencontré Alain Delon par l'entremise du réalisateur britannique Jack Cardiff (alors 53 ans) pour un projet de film franco-britannique. Elle fut tout de suite attirée par le charisme d'Alain Delon (qui venait d'atteindre ses 32 ans). À cet instant magique, il n'y avait pas photo... ah si, il y avait photos, justement !
     

     
     


    Marianne Faithfull a raconté plus tard que cette rencontre a rendu très jaloux Mick Jagger alors que ce n'était pas son tempérament d'être jaloux. L'histoire retient toutefois que la chanteuse n'a pas vraiment accroché avec Alain Delon : il était fascinant, mais pas forcément de quoi en être amoureuse.

    Cela ne l'a pas empêchée de l'embrasser. Pour des raisons strictement professionnelles bien sûr. Le projet du film de Jack Cardiff a abouti à "The Girl on the Motorcycle", en français, plus pudiquement, "La Motocyclette". Le résumé de Wikipédia explique doctement : « Rebecca s’ennuie auprès de Raymond, l’homme qu’elle vient tout juste d’épouser. Une nuit, elle s’échappe du lit conjugal et part, nue sous une combinaison de cuir, sur sa Harley-Davidson FL, pour rejoindre son amant en Allemagne. ». Le personnage de Rebecca était interprété bien sûr par Marianne Faithfull, celui de l'amant Daniel par Alain Delon. Non, Mick Jagger ne jouait pas le mari trompé (l'acteur était Roger Mutton). Avec la participation de Jacques Marin.

     

     
     


    Ce film est un film érotique (aux États-Unis, le titre est plus explicite : "Naked Under Leather", nue sous le cuir !), et a été tourné en Alsace, à Heidelberg et à Genève. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes de mai 1968 mais n'a reçu aucune récompense car le festival a été interrompu par la révolte étudiante. Le film est sorti le 23 juin 1968 en France et le 20 octobre 1968 au Royaume-Uni. (Ce qui est amusant avec une encyclopédie comme Wikipédia, c'est qu'il y a des trucs intéressants et des trucs surréalistes, comme le fait qu'un homme né en décembre 1968 puisse avoir été l'assistant réalisateur d'un film sorti en juin 1968 !).

    Pour changer un peu des hommages habituels à Alain Delon, je propose d'écouter une très belle chanson de ...sa partenaire de cinéma Marianne Faithfull, qui a repris l'interprétation de "The Ballad of Lucy Jordan" (Lucie Castets ou Jordan Bardella ? humour de chaussettes dépareillées...) utilisée également au cinéma, notamment dans l'excellent film "Cours privé" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), avec Élizabeth Bourgine, Michel Aumont et Xavier Deluc.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
    Le grand Alain Delon
    Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
    Comment va Alain Delon ?







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-mick-jagger.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/20/article-sr-20240820-mick-jagger.html




     

  • Marianne Faithfull fascinée par Alain Delon en 1967

    « When you're Mick Jagger, but the other one is Alain Delon ! »


     

     
     


    À l'annonce de la mort du grand acteur français et international Alain Delon (ce dimanche 18 août 2024), les réseaux sociaux ont rejoint les médias en général pour des hommages de toute sorte. Mais aussi pour un peu d'humour. Parmi les témoignages parfois insignifiants revient un élément majeur d'Alain Delon : certes, le jeune homme était beau, quoique, de la beauté masculine, je n'ai pas grand-chose à dire, mais sa beauté n'était pas tout. Après tout, il n'était pas le seul jeune homme beau de tout le village, et pourtant, il n'y a pas eu beaucoup d'Alain Delon en fin de compte. Cet élément reconnu par tous, qui a fait la différence, c'était le charisme. Le charisme d'Alain Delon !

    Le charisme, c'est que qui permet à des responsables politiques pourtant, pour certains, peu recommandables d'être réélus ou d'être encore appréciés malgré, parfois, quelques casseroles. Par exemple, Alain Carignon, qu'il faut avoir approcher pour bien comprendre l'homme. Lorsqu'il était maire, il était du genre à traverser assez rapidement le très large boulevard Jean-Pain, celui devant la mairie, qui s'engage directement vers l'autoroute Grenoble-Chambéry très passant, le regard bloqué sur le Grenoblois qu'il allait croiser, et à le saluer en lui demandant des nouvelles du petit dernier. Bernard Tapie, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, etc. (j'en oublie plein), quoi qu'on en pense, sont ou ont été des personnalités charismatiques qui leur ont permis de convaincre parce qu'elles fascinaient. Le charisme. Mélange de présence et de magnétisme. De sincérité plus ou moins feinte et d'authenticité plus ou moins réelle.

    Évidemment, un bon acteur ne peut être que charismatique et on peut en citer beaucoup, Yves Montand, Jean Gabin, Lino Ventura, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, etc. (pareil, j'en oublie de nombreux). Alain Delon était sans doute l'un des plus charismatiques et c'est cela qui l'a distingué des autres, plus que sa dite beauté dont je ne connais pas la définition.

     
     


    Les réseaux sociaux ont alors rappelé une photographie célèbre (plusieurs en fait) et un trait d'humour déjà ancien : "Quand tu es déjà une star et que tu sors avec ta (très belle) copine, méfie-toi d'Alain Delon !". C'est un peu cela l'idée.

    Sur Wikipédia, Mick Jagger (81 ans), le célèbre chanteur des Rollings Stones, est considéré très charismatique : « Véritable star depuis le milieu des années 1960, il est, par son jeu de scène démonstratif, son attitude et son charisme, considéré comme l'archétype du chanteur de rock, souvent cité comme référence par de nombreux artistes. ». Entre 1966 et 1970, selon des potins très médiatisés, il vivait avec la très belle chanteuse (et actrice) britannique Marianne Faithfull (77 ans). Il l'a même aidée à démarrer sa carrière de chanteuse, a composé quelques-unes de ses chansons, etc.
     

     
     

    La photographie en question daterait du 15 novembre 1967 (je peux me tromper). Mick Jagger n'avait que 24 ans (et déjà très connu), Marianne Faithfull pas encore 21 ans (et un petit peu connue). L'actrice a rencontré Alain Delon par l'entremise du réalisateur britannique Jack Cardiff (alors 53 ans) pour un projet de film franco-britannique. Elle fut tout de suite attirée par le charisme d'Alain Delon (qui venait d'atteindre ses 32 ans). À cet instant magique, il n'y avait pas photo... ah si, il y avait photos, justement !

     
     


    Marianne Faithfull a raconté plus tard que cette rencontre a rendu très jaloux Mick Jagger alors que ce n'était pas son tempérament d'être jaloux. L'histoire retient toutefois que la chanteuse n'a pas vraiment accroché avec Alain Delon : il était fascinant, mais pas forcément de quoi en être amoureuse.

    Cela ne l'a pas empêchée de l'embrasser. Pour des raisons strictement professionnelles bien sûr. Le projet du film de Jack Cardiff a abouti à "The Girl on the Motorcycle", en français, plus pudiquement, "La Motocyclette". Le résumé de Wikipédia explique doctement : « Rebecca s’ennuie auprès de Raymond, l’homme qu’elle vient tout juste d’épouser. Une nuit, elle s’échappe du lit conjugal et part, nue sous une combinaison de cuir, sur sa Harley-Davidson FL, pour rejoindre son amant en Allemagne. ». Le personnage de Rebecca était interprété bien sûr par Marianne Faithfull, celui de l'amant Daniel par Alain Delon. Non, Mick Jagger ne jouait pas le mari trompé (l'acteur était Roger Mutton). Avec la participation de Jacques Marin.

     

     
     


    Ce film est un film érotique (aux États-Unis, le titre est plus explicite : "Naked Under Leather", nue sous le cuir !), et a été tourné en Alsace, à Heidelberg et à Genève. Il a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes de mai 1968 mais n'a reçu aucune récompense car le festival a été interrompu par la révolte étudiante. Le film est sorti le 23 juin 1968 en France et le 20 octobre 1968 au Royaume-Uni. (Ce qui est amusant avec une encyclopédie comme Wikipédia, c'est qu'il y a des trucs intéressants et des trucs surréalistes, comme le fait qu'un homme né en décembre 1968 puisse avoir été l'assistant réalisateur d'un film sorti en juin 1968 !).

    Pour changer un peu des hommages habituels à Alain Delon, je propose d'écouter une très belle chanson de ...sa partenaire de cinéma Marianne Faithfull, qui a repris l'interprétation de "The Ballad of Lucy Jordan" (Lucie Castets ou Jordan Bardella ? humour de chaussettes dépareillées...) utilisée également au cinéma, notamment dans l'excellent film "Cours privé" de Pierre Granier-Deferre (sorti le 12 novembre 1986), avec Élizabeth Bourgine, Michel Aumont et Xavier Deluc.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le charisme d'Alain Delon : The Girl on a Motorcycle.
    Le grand Alain Delon
    Affaire Alain Delon : ce que cela nous dit de la fin de vie.
    Comment va Alain Delon ?






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-marianne-faithfull.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/20/article-sr-20240820-marianne-faithfull.html







     

  • Le génie olympique français !

    Le patriotisme, c'est de savoir communier avec tous ceux qui contribuent au rayonnement de la France dans le monde, et à l'évidence, c'était le cas pour cette cérémonie d'ouverture hors de toutes les normes. Comment croire au patriotisme des prétendus patriotes qui, au lieu de simplement aimer la France, dénigrent matin midi et soir la France et ceux qui la font rayonner ?




     

     
     


    L'art, c'est toujours révolutionnaire. Et ce qui s'est passé lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques le 26 juillet 2024 à Paris restera dans la mémoire collective mondiale pendant très longtemps. D'abord, parce que le spectacle grandiose d'hymne à la fois à la France, à Paris mais aussi à l'universalisme, et cela sans arrogance française, a donné aux peuples du monde une idée du génie français, pas toutes ses facettes, trop nombreuses, mais quelques facettes intéressantes.

    La vasque s'envolant dans le ciel de Paris, la Seine guidant les équipes olympiques, la Tour Eiffel, bien sûr, comme phare de référence, et même la pluie battante, j'y reviendrai à la fin.

    Ensuite, au-delà du grandiose, il y a l'originalité, l'idée que les Français, c'est un peuple qui n'a pas peur de ses libertés, qui n'a pas peur de se moquer de lui-même, qui n'a pas peur d'être léger malgré les graves problèmes d'actualité qu'il côtoie, c'est un peuple qui sait se divertir, et qui sait divertir les autres peuples, dans une sorte de globalité qui fait respirer le monde.

    Les polémiques sur une petite scène, que certains ont cru voir La Cène, sont finalement amusantes. Ces faiseurs de polémiques se trompent de sujet. Ils sont aigris. Ce qui rassurent, c'est que ce sont toujours les mêmes, en France mais aussi dans le monde, qui dénigrent, fustigent, condamnent le génie français (trumpistes, zemmouriens, poutiniens, mélenchonistes, etc.), et ces polémiques renforcent en quelque sorte cet art qui n'était pas de la subversion ni de la provocation, mais simplement de la légèreté et de la créativité. Une simple mise en perspective. Sans idéologie d'arrière-boutique !

    Bien sûr, pendant ces quatre heures de spectacle, il y a eu mille symboles, mille références, parfois contradictoires, mille clins d'œil. Mais peut-être à cause des polémiques, ce qui en est le plus ressorti est ce qui était le plus souriant, le plus léger, le plus rigolard, de cet humour potache français que Goscinny a su si bien incarner dans Astérix, cet esprit français.

     

     
     


    J'ai nommé Philippe Katerine déguisé en Schtroumpf à poil, recouvert d'un bleu peau déconcertant, allongé dans le pur style de la décadence romaine dans un plat de banquet pour chanter un hymne au naturisme, un hymne pacifique, écologiste, pour l'égalité, la liberté, la fraternité. Pas de quoi casser la patte à un canard, même quand on est catholique pratiquant !
     

     
     


    Inutile de rappeler (je l'ai déjà fait) que la scène a été plus inspirée par "Le Festin des dieux" de Jan van Bijlert que par "La Cène" de Léonard de Vinci, avec l'idée d'évoquer Apollon et Dionysos, somptueux banquet des dieux de l'Olympe avec ce jeu de mot (qui n'en est pas un, en fait) faisant référence aux Jeux olympiques (y aura-t-il la prochaine fois des dieux éclopés de la Paralympie ?).
     

     
     


    Pour preuve de l'innocence artistique des auteurs du spectacle, leur directrice de communication Anne Descamps a accepté de présenter ses excuses le 28 juillet 2024, sans hésiter, car la provocation n'était pas dans leur intention et donc, leur ego d'artiste n'est pas atteint avec ces excuses : « Clairement notre intention n’était pas d’afficher un manque de respect à quelque groupe religieux que ce soit. À l’inverse, notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion. Si des gens ont été offensés, nous nous en excusons. ».

    Les râleurs sont bruyants mais ne sont pas nombreux puisque, selon les sondages, autour de 85% des sondés ayant regardé le spectacle l'ont applaudi, aimé, en ont été émus, si ce n'est fascinés (même si, bien sûr, ils n'ont pas tout aimé). Nos amis les Chinois, en tout cas, n'ont pas été aveugles et l'effigie de Phlippe Katerine dans sa nudité bleue fait désormais des ravages dans les réseaux sociaux !
     

     
     


    Beaucoup de dessins, de compositions, reprennent l'idée, avec évidemment la référence française, il y a même des plats à déguster, des pâtisseries qui sont maintenant des Philippe Katerine. Il devrait faire un tour en Chine après les JO, il ferait un tabac ! Pour rappel, la Tour Eiffel était une horrible tour en ferraille, capable de montrer le génie français mais qui a eu de nombreux détracteurs français voire parisiens, et aujourd'hui, elle est le symbole tant de Paris que de la France. Je doute que le Philippe Katerine bleuté ait une aussi belle destinée historique (j'espère que ce n'est pas le cas pour sa vie à venir, car il n'est pas une tour en ferraille), mais cela montre bien les mécanismes de l'art : il doit surprendre, émouvoir, interroger, voire choquer pour qu'il s'inscrive dans un mouvement utile et original. Pas la peine de ressasser les vieilles lunes académiques, on les connaît déjà. En revanche, l'art avant-gardiste, qui sera classique dans quelques décennies, doit savoir s'accrocher face aux réactions parfois hostiles sinon affligeantes de certains qui y mettent plus leurs aigreurs d'estomac que leur sens critique.
     

     
     


    En particulier, Esteban Grine, un internaute a transféré sur Twitter quelques images amusantes de l'effigie de Philippe Katerine que son épouse en Chine a découvertes, j'ai trouvé aussi une vidéo, des pâtisseries, de la pâte à modeler... Désormais, le Schtroumpf bleu est à la mode, sans pour autant savoir si l'hymne au naturisme a été correctement traduit aux Chinois qui, dans tous les cas, se montrent certainement plus ouverts que Vladimir Poutine qui a fait censurer ce passage.
     

     
     


    Je termine cette évocation par un autre génie français, incarné depuis 2012 par François Hollande qui a démarré son quinquennat en pleine pluie, et qui l'a poursuivi avec de nombreuses cérémonies pluvieuses. Il n'est plus à l'Élysée mais il a dû porter la poisse par sa présence car la pluie très forte est tombée sur Paris et sur le spectacle d'ouverture pendant les quelques heures. Il faut donc remercier et saluer les milliers d'artistes qui ont, malgré tout, accepté de se produire sur cette pluie, les échos de ceux-ci après le spectacle étaient parfois dégoulinants (j'étais tout mouillé !), et il faut aussi saluer les spectateurs qui ont regardé pendant plusieurs heures sous la pluie, même les ministres (démissionnaires) n'étaient pas protégés par un préau, si bien que l'un d'eux a confié qu'il était trempé jusqu'au slip.

    Les humains ne sont pas en sucre et s'en sont remis. Toutefois, ce n'est pas le cas pour les instruments de musique, pianos, violons, altos, violoncelles, contrebasses, etc., sous cette pluie battante. Cela a même alerté plus d'un téléspectateur. Quel gâchis de voir ces instruments s'abîmer sous la pluie ! "Le Monde" a sorti un article le 30 juillet 2024, signé de Marie-Aude Roux, qui est allé un peu plus loin sur cet exploit.


    Quelques heures avant le spectacle, les musiciens de l'Orchestre national de France, un des deux grands orchestres de Radio France avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France, avaient protesté car l'organisation n'avait pas assuré qu'ils seraient couverts d'un toit ou préau. Il s'est alors passé cette transaction : les musiciens allaient ranger leur instrument personnel qu'ils chérissent, et joueraient avec des instruments en fin de vie, bas de gamme, destinés à la pédagogie, qui peuvent être abîmés par la pluie, prêtés par l'Orchestre de Paris qui jouait aussi lors de la scène de la Conciergerie. L'Orchestre de Paris jouait avant l'Orchestre national de France et était à la Cour de Cassation, tandis que le second était basé au Trocadéro.
     

     
     


    La clef, c'est que toute la musique de ces orchestres a été préenregistrée préalablement, et c'est la musique enregistrée que les téléspectateurs ont entendue lors de la Marseillaise, de Carmen ou encore à la fin (Aya Nakamura et Lady Gaga étaient également en play-back ; en revanche, pas Céline Dion qui a été grandiose et majestueuse malgré sa maladie, du haut de la grande Tour).

    Les musiciens de l'Orchestre national de France ont donc bien joué en direct, mais seuls les spectateurs près d'eux ont pu entendre leur musique. L'article du quotidien précise : « Lestés d'oreillettes, les musiciens se sont surtout employés à respecter les clics et les tops afin que tout soit bien synchronisé à l'image. "Je sais bien qu'ils étaient en fin de vie, mais j'ai quand même une petite culpabilité vis-à-vis de ces instruments sacrifiés", glisse la musicienne, heureuse d'avoir pu, avec ses collègues, "transformer ce moment de galère en souvenir inoubliable". ».


    Un souvenir malheureusement qui n'a pas été retransmis en images en raison de loupés de la réalisation, de nombreux plans ont été oubliés par rapport aux objectifs initiaux, en particulier ceux montrant les musiciens, qui ont pourtant fait de nombreuses répétitions auparavant pour ces quelques images... oubliées. Et l'article finit : « Certains ont dû jeter leur paire de chaussures trop détrempée, tandis que les habits de concert filaient au pressing. Mais tous savent que la fête était belle et ils sont heureux d'y avoir participé. ».
     

     
     


    Ce n'est qu'une petite partie de notre génie olympique, puisque le véritable génie olympique, ce sont les médailles de nos athlètes qui, décidément, comme les artistes à l'ouverture, font honneur à la France qui se classe, ce mercredi 31 juillet 2024, après à peine cinq jours de compétition, en deuxième position sur 206 pour le nombre de médailles (26), juste derrière les Américains (29), et en première position pour les médailles d'or (8), à égalité avec la Chine (8) et le Japon (8), devant l'Australie (7). Cela n'a duré que l'espace de quelques minutes car une sportive chinoise a obtenu peu de temps après une neuvième médaille d'or pour la Chine redevenant la première nation olympique.
     

     
     


    Parmi les sportifs qui font honneur à la France, citons (sans être exhaustifs) le nageur Léon Marchand (trois médailles d'or, dont deux records olympiques du 400 mètres quatre nages et du 200 mètres brasse) et la triathlète Cassandre Beaugrand (première médaille d'or olympique de triathlon française). Le génie français, c'est aussi de faire passer des épreuves dans la Seine ! Vive la France ! (et vive le reste du monde qui le vaut bien aussi !).


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (31 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le génie olympique français !
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.



     

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240731-genie-olympique-francais.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-genie-olympique-francais-256133

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/31/article-sr-20240731-genie-olympique-francais.html



     

  • Festivité !

    « Ce soir, la profusion de symboles historiques, la variété des usages du passé, l’inédite diversité humaine des figures et des acteurs et actrices, la volonté de ne pas adresser la leçon au monde, tout cela fait rupture dans la manière dont la France représente et raconte ordinairement son passé dans les événements solennels ou commémorations officielles. (…) Le récit national n’est pas esquivé, une histoire de France est esquissée dans sa singularité, mais cette histoire n’est ici ni linéaire ni fermée à la différence. Cette histoire n’est pas une histoire moins riche, ou destructive, mais une histoire qui nous ressemble et nous nourrit. Ce dialogue entre histoire, grand spectacle et création artistique n’est pas facile, il doit être souligné » (Guillaume Mazeau, le 26 juillet 2024 dans "Le Monde").



     

     
     


    Je reviens sur la très belle cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de 2024 à Paris, qui s'est déroulée au bord de la Seine. C'était la première fois qu'une telle cérémonie s'était déroulée à l'extérieur, en dehors de l'enceinte des JO (hors d'un stade). Les réactions étaient quasi-unanimes sur le caractère exceptionnel, historique, joyeux de ces festivités, au point que les Américains vont devoir faire aussi bien en 2028 à Los Angeles. Selon la chaîne américaine NBC, un milliard de personnes auraient regardé cette cérémonie dans le monde. La grosse pluie n'a pas empêché le succès de cette fête grandiose et majestueuse. Un peu moins de 7 000 athlètes ont défilé et 3 000 artistes (dont 400 danseurs) ont participé au spectacle. C'était pharaonique !

    Certes, des polémiques bien inutiles ont germé, surtout dans les réseaux sociaux, venant de tous ceux dont le métier est de dénigrer la France ou son Président, Emmanuel Macron en l'occurrence, pour cette manifestation, cela revient au même. On ne s'étonnera donc pas d'y retrouver la très prévisible fachosphère ainsi que la Russie, par exemple, mais aussi, et c'est plus regrettable, la Conférence des évêques de France. Je reviendrai un peu plus loin sur les deux (principales) polémiques qui sont nées de ce spectacle.

    Ce qu'il faut retenir, c'est que l'organisation française a fait très fort comme spectacle à la fois artistique, culturel, historique, sportif. Il y en avait pour tous les goûts et tous les sens. Il est quasiment certain qu'aucun spectateur ou téléspectateur n'a pu aimer toutes les animations, tous les plateaux, tous les tableaux, toutes les manifestations proposées par ce spectacle, mais tous ensemble, ils donnent une sorte de rapide (bien que durant quatre heures) mélange du temps (l'ancien, le moderne), de l'espace, des valeurs universelles, de ce qu'est la France (ou n'est pas), des clins d'œil, des références culturelles, le tout s'assurant de la devise de la République, liberté, égalité, fraternité, et aussi de la devise de l'Europe, unis dans la diversité, à savoir que la richesse de la France rejaillit sur le monde mais que la richesse du monde, des autres cultures, rejaillit aussi sur la France.

    Ont été honorés non seulement des personnages célèbres, des femmes d'importance, comme Simone Veil et Simone de Beauvoir (dont la statue s'est coincée !), des grands sportifs, français ou étranger d'ailleurs), mais aussi de "petites mains" comme les artisans qui ont réparé Notre-Dame de Paris ou les ouvriers fondeurs de la Monnaie de Paris qui ont coulé les médailles d'or olympiques avec un peu de métal de la Tour Eiffel. La fête était aussi touristique, fluviale et parisienne, puisque le spectacle s'est passé sur la Seine, du pont d'Austerlitz au pont d'Iéna, celui qui raccorde le Trocadéro à la Tour Eiffel.

    La première fierté française, cela a été la chanteuse américaine Lady Gaga qui a chanté Zizi Jeanmaire... mais c'était aussi la fierté américaine qu'elle fût présente à cette cérémonie française et fît partie de cette extraordinaire aventure. Un peu plus tard, la chanteuse française la plus vendue dans le monde Aya Nakamura a interprété, avec les musiciens de la Garde républicaine, un mélange reprenant ses propres chansons et "For me formidable" de Charles Aznavour, tout cela sur le pont des Arts, devant l'Académie française, pour signifier l'égalité. L'avantage d'une polémique préventive, alimentée par l'extrême droite (sous prétexte non dit que sa couleur de la peau représenterait mal la France), c'est qu'elle n'a plus lieu après sa prestation. On avait évoqué Édith Piaf, elle a chanté Aznavour ; ma foi, ce mélange, peut-être pas du goût de tous, était en tout cas très œcuménique ! Très "en même temps".

     

     
     


    De la chanson française ont émergé notamment Serge Gainsbourg ("Initial B.B."), les Rita Mitsuko ("Andy"), Daniel Balavoine ("L'Aziza"), France Gall et Michel Berger ("Ça balance pas mal à Paris"), Mylène Farmer ("Désenchantée"), Véronique Samson ("Chanson sur ma drôle de vie"), Michel Polnareff ("Lettre à France"), etc.

    Le vol de "La Joconde" fait référence à un épisode de l'histoire de l'art, et on s'est finalement aperçu que c'étaient les Minions (une production de dessins animés franco-américains) qui étaient les coupables ! Ce que n'a pas dit le spectacle, c'est que le Louvre avait accueilli le dîner officiel des chefs d'État et de gouvernement la veille (accueil par la Pyramide du Louvre, tapis rouge).

     

     
     


    La longue (certainement trop longue) chevauchée fantastique de la porteuse du drapeau olympique sur les eaux de la Seine (et sous la pluie) faisait référence à Jeanne d'Arc, et c'était la conceptrice même du cheval mécanique poussé dans le fleuve, Morgane Suquart, qui tenait le rôle de la cavalière avant que la gendarme Floriane Issert ne soit arrivée à sa place sur le pont d'Iéna pour donner le fameux drapeau, avec cette solennité presque militaire du salut aux drapeaux.
     

     
     


    Quant à l'allumage de la vasque olympique par deux athlètes de renommée mondiale, Marie-José Pérec et Teddy Riner, elle était très originale, en continuant à faire parler le génie français, avec une montgolfière qui a illuminé le Paris nocturne des feux olympiques, et cette scène m'a fait penser à la scène finale de la "Rencontre du Troisième type" de Steven Spielberg (sorti le 16 novembre 1977) avec François Truffaut et Richard Dreyfuss. D'une point de vue cinématographique, il y a eu dans ce spectacle de nombreuses références dont les frères Lumière et le génial Georges Méliès.
     

     
     


    Venons-en aux deux polémiques du moment, une petite et une moyenne, toutes les deux dérisoires, à mon sens, car lorsqu'on parle d'art, on parle avant tout de liberté, car la France, c'est aussi la créativité en liberté. L'art, en particulier, permet de revisiter des anciens concepts, de pasticher aussi, de provoquer, bien sûr. Thomas Jolly, le directeur artistique du spectacle, a montré ainsi sa finesse dans l'art de faire de l'art, si j'ose dire !

    La première polémique provient surtout de Jean-Luc Mélenchon qui a donné son quitus au spectacle (nous sommes rassurés !) ...mais sauf deux évocations, Marie-Antoinette et "La Cène". Étrange ancien laïcard qui, aujourd'hui, est prêt à défendre l'honneur supposé atteint des chrétiens pour mieux défendre demain celui des musulmans : « À quoi bon risquer de blesser les croyants ? Même quand on est anticlérical ! Nous parlions au monde ce soir-là. Dans le milliard de chrétiens du monde, combien de braves et honnêtes personnes à qui la foi donne de l’aide (…), sans gêner personne ? ».

     

     
     


    L'évocation de Marie-Antoinette, Jean-Luc Mélenchon l'a trouvée macabre et « d'un âge des punitions que nous ne voulons plus revoir ». Très étrange encore pour un adorateur de Robespierre, celui qui a eu tant de têtes décapitées sur la conscience, et pour un anti-monarchiste. J'ai eu un peu le même réflexe de dégoût devant l'aspect gore, en voyant cette Conciergerie immaculée de rouge, de sang, avec Marie-Antoinette tenant sa tête coupée comme les saints de la sainte Église. Bien sûr, les lieux s'y prêtaient, et finalement, l'histoire de France est l'histoire de France, pas toujours très belle à voir.

    En outre, cette scène a laissé place à une interprétation magistrale de "L'amour est un oiseau rebelle", morceau du célèbre opéra "Carmen" de Georges Bizet, par la mezzo-soprano Marina Viotti embarquée dans un bateau.

    L'autre polémique, c'est "La Cène". Je l'écris exprès ainsi alors que c'est en fait assez faux. Si elle a été aussi alimentée par Jean-Luc Mélenchon, ce sont surtout les catholiques intégristes et l'extrême droite identitaire qui se sont le plus indignés (bien pauvrement et inutilement). De quoi s'agissait-il ? D'un tableau vivant mettant en action quelques drag queens et d'autres personnages assez bizarres, dirait-on, sous le titre de "Festivité". Je précise à toute fin utile que je goûte peu aux délices des drag queens, m'interroge même sur leurs motivations, mais franchement, en quoi me gêneraient-elles ? Chacun a le droit de vivre, et de se montrer, exubérance ou discrétion. Il n'y a rien de woke, il n'y a que de l'art, qui est ou révolutionnaire ou pompeux sinon pompier.

     

     
     


    La scène était très colorée (mais aussi très mouillée) : une énorme table, des convives gourmands, et un plat sous cloche. La cloche s'est levée et qui est apparu ? Un éclat de rire avec le chanteur Philippe Katerine, complètement nu, peinturluré en bleu Schtroumpf, incarnant Dionysos (le dieu du vin), et chantant "Nu", une sorte d'hymne à la nudité. Autodérision forcément. Après le spectacle, Philippe Katerine a expliqué qu'il avait envoyé aux organisateurs une vidéo et sa proposition de se produire pour la cérémonie d'ouverture, il a été retenu. Originalité. Il a cité des arguments de paix (on ne peut pas cacher des armes), de décroissance (on n'achète pas de vêtement), etc.

    Au-delà des drag queens, ce qui a choqué des prétendus chrétiens (j'écris "prétendus" car moi-même je peux revendiquer mon catholicisme, sans vouloir pourtant le crier sur tous les toits, et j'avoue humblement que j'ai plus souri qu'été scandalisé), c'est que la scène serait une imitation de "La Cène", ce tableau de Léonard de Vinci (réalisé entre 1495 et 1498) représentant le repas du Jeudi Saint (avant la mort du Christ, entouré de ses apôtres). Ils voyaient alors le Christ en une sorte de drag queens un peu étrange, et ses apôtres de même.

     

     
     


    Mais Goscinny et Uderzo ont-il choqué leur lecteurs avec un banquet d'Astérix reprenant étrangement les poses de "Le Cène" ? Certainement pas. Il faut dire qu'il n'y avait pas de fachosphère, à l'époque de parution.
     

     
     


    Samedi, la Conférence des évêques de France (CEF) s'est senti obligée d'emboîter le pas des internautes assez stupides en parlant de scène « de dérision et de moquerie du christianisme » et de « l'outrance et la provocation de certaines scènes ». Mais les évêques n'ont-ils pas mieux à faire et mieux à penser qu'à surréagir dans une vaine et inutile polémique ? Leur parole ne devrait-elle pas être réservée à des choses réellement grave et importante ? Surtout après les récentes révélations sur l'abbé Pierre ? (Heureusement, la CEF, honnête, a aussi reconnu dans le spectacle « de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués »).

    Certains internautes ont d'ailleurs réagi assez vivement sur ces dénigrements : le tableau de cette Festivité ne faisait pas référence à la religion, au Christ ni à ce tableau de Léonard de Vinci, mais à un tableau du peintre néerlandais Jan van Bijlert, l'un des plus importants de sa ville natale, Utrecht (de l'école caravagesque), intitulé "Le Festin des dieux" (réalisé vers 1635), qui montre Apollon en maître des cérémonies et Dionysos au premier plan. Cette œuvre est exposée au Musée Magnin à Dijon.

     

     
     


    La notice de ce musée est assez explicite : « Sur l’Olympe, les dieux sont rassemblés pour un banquet célébrant le mariage de Thétis et Pélée. À gauche se tiennent Minerve, Diane, Mars et Vénus accompagnés de l’Amour. Flore, la déesse du printemps, se trouve derrière eux. Apollon couronné, identifiable à sa lyre, préside au centre de la table. On reconnaît plus loin Hercule avec sa massue et Neptune avec son trident. À l’extrême-droite, Eris a déposé sur la table la pomme de la discorde. Certains dieux manquent, probablement en raison de la coupure dont la toile a souffert sur la partie gauche ; la présence du paon de Junon le laisse penser. Le thème du festin de dieux était populaire en Hollande ; "le Mariage de Psyché" et "Amour" d'Hendrick Goltzius déclencha une abondante production d’œuvres illustrant ce sujet. (…) Le satyre dansant devant la table et le Bacchus allongé au premier plan pressant au-dessus de sa bouche une grappe de raisin rappellent de façon atténuée le naturalisme [du Caravage] : chairs à teinte ocre, corps vus de près dans des attitudes non orthodoxes. Cependant, la faveur considérable dont jouissait le peintre italien ne dura pas. Son influence a presque disparu vers 1630 (…). ».

    On pourrait en effet associer ce tableau de Jan van Bijlert à celui de Giovanni Bellini et de Titien, "Le Festin des dieux", réalisé en 1514 puis 1529, exposé à la National Gallery of Art de Washington.
     

     
     


    Interrogé sur BFMTV le dimanche 28 juillet 2024, Thomas Jolly a rejeté la connotation religieuse de cette mise en scène. Il voulait promouvoir les valeurs de l'olympisme, pas du catholicisme. "La Cène", ce n'était pas son inspiration, a-t-il assuré mi-amusé : « Ce n'est pas mon inspiration. Je crois que c’était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là, pourquoi ?, parce qu’il est dieu de la fête (…), du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve (…). L’idée était plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe… Olympe… Olympisme (…). Vous ne trouverez jamais chez moi une quelconque volonté de moquerie, de dénigrer quoi que ce soit. J’ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie. ». Il n'a toutefois pas confirmé l'inspiration du tableau de Jan van Bijlert.
     

     
     


    Sur BFMTV, Thomas Jolly en a profité aussi pour affirmer que la scène avec Marie-Antoinette n'était pas du tout une « glorification de cet instrument de mort qu'était la guillotine » et que tout était « très théâtral », avec une « théâtralité de grand guignol ».

    De son côté, la drag queens Piche qui a participé à la scène de Dionysos, a commenté sur BFMTV le 27 juillet 2024 : « L'art, ça divise toujours. À partir du moment où ça ne remue pas les gens, ce n'est pas de l'art pour moi. (…) Il n'y a eu pas de provocations réelles ou de choses qui soient véritablement obscènes. On ne s'est pas moqué du tout de ce tableau-là ["La Cène"]. (...) C'est vraiment juste parce que c'est des queers et des drag queen qui utilisent cette représentation-là que ça gène. ».

    Pour autant, la directrice de la communication de l'organisation, Anne Descamps, a présenté ses excuses le 28 juillet 2024 : « Clairement notre intention n’était pas d’afficher un manque de respect à quelque groupe religieux que ce soit. À l’inverse, notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion. Si des gens ont été offensés, nous nous en excusons. ». Tandis que Thomas Jolly a confirmé : « Notre sujet n'était pas d'être subversif. Nous n'avons jamais voulu être subversifs. Nous voulions parler de diversité (…). Nous voulions inclure tout le monde, c'est aussi simple que ça. ».
     

     
     


    Je termine sur cette réflexion : cette cérémonie d'ouverture n'était pas une allégorie en l'honneur d'Emmanuel Macron comme certains détracteurs politiques voudraient le faire croire (et ceux-là, par haine contre lui, une haine dérisoire et anecdotique, se sentent alors obligés de dénigrer ce spectacle). Le Président de la République était au contraire très petit face au grandiose de cette cérémonie et on imagine bien qu'il n'a pas beaucoup contribué personnellement à sa réussite, chacun son métier, chacun sa fonction. Du reste, passionné par le sport, Emmanuel Macron, qui n'a fait que prononcer la phrase officielle d'ouverture, a même paru très impressionné par son propre rôle.
     

     
     


    Il n'imaginait pas un instant qu'il aurait pu se retrouver à cette place, ce vendredi soir, mais c'est vrai que, par les hasards du calendrier, il se trouve, avec ces Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 dans la même situation, dans la première moitié de son second mandat présidentiel, que François Mitterrand avec le Bicentenaire de la Révolution française le 14 juillet 1989. Séjournant à Paris à l'époque, j'y ai assisté, j'y ai ressenti beaucoup d'émotion, notamment avec Jessye Norman qui chantait "La Marseillaise".
     

     
     


    La prestation d'Axelle Saint-Cirel, qui a chanté "La Marseillaise" sur le toit du Grand Palais, ne sera peut-être pas aussi mémorable que celle de Jessye Norman (malgré son sixième couplet), mais peut-être que celle de Juliette Armanet interprétant "Imagine" (de John Lennon) sur un radeau, accompagnée de Sofiane Pamart au piano, ce dernier sous les flammes malgré la grosse pluie, le sera, tellement elle était émouvante, et puis bien sûr, le final, le bouquet final, Céline Dion qui a fait sa première apparition artistique depuis 2020 au premier étage de la Tour Eiffel pour "L'Hymne pour l'amour" (d'Édith Piaf). Et pas en playback : de toute sa voix un peu cassée, de toute sa puissance, surmontant toutes ses peurs.
     

     
     


    Cette cérémonie, au contraire, était d'abord une fête en l'honneur des sportifs, des champions ou futurs champions, français ou d'ailleurs. Il faut se rendre compte que ces athlètes de haut niveau ont travaillé dur, se sont entraînés depuis plusieurs années, pour ces quelques heures, journées d'épreuve, que cette cérémonie était leur cérémonie, qu'elle glorifiait avant tout leurs exploits, passés ou futurs, et que cette grande fête du sport est aussi un moyen de réconciliation et de concorde entre les peuples du monde. Festivité ! Merci la France, vive l'équipe de France et vive la France ! Merci le monde et vive le monde ! (Depuis lors, les médailles arrivent !).


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (28 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Festivité !
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240727-festivite.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/festivite-256072

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/28/article-sr-20240727-festivite.html






     

  • Ouverture des Jeux olympiques 2024 : Paris tenu !

    « On verra tous à partir de vendredi soir pourquoi ça valait la peine ! » (Emmanuel Macron, le 23 juillet 2024 sur France 2).



     

     
     


    Unie dans la diversité. C'est bien cette devise de l'Europe, qui a été placardée après le passage de la dernière équipe d'athlètes olympiques, celle des 571 Français menée par Mélina Robert-Pichon et Florent Manaudou, qui vont participer aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, lors de cette grandiose cérémonie d'ouverture ce vendredi 26 juillet 2024 entre 19 heures 30 et 23 heures 30. Les sabotages odieux contre la SNCF la nuit précédente n'ont pas eu d'incidence directe sur la cérémonie et c'était tant mieux.

    Quelle émotion de voir les quelque 6 500 sportifs de la Terre entière descendre la Seine dans 85 bateaux du pont d'Austerlitz au pont d'Iéna (six kilomètres) ! La ville de Paris accueillait vendredi soir l'humanité dans toute sa diversité mais aussi dans toute son unité, celle de la joie de se rassembler autour des valeurs simples et essentielles du sport.

    Comme un milliard d'êtres humains, paraît-il (23,4 millions de téléspectateurs pour France 2), j'ai suivi benoîtement à la télévision cette cérémonie d'ouverture. Je n'ai pas l'habitude de le faire car souvent, cela ne me parle pas, voire cela me barbe, mais mon patriotisme m'incitait à célébrer finalement une gloire française, celle d'accueillir les Jeux olympiques d'été, et ce n'est pas souvent, seulement une fois par siècle. Bref, ça s'arrose !

    Ça s'arrose, je ne rigole hélas pas (rigole prend tout son sens), car pour le malheur des artistes, et des spectateurs dans les rues de Paris, la pluie, parfois battante, a rendu le spectacle encore plus méritoire, l'exploit de faire comme s'il ne pleuvait pas. Certes, les caméras étaient parfois aveuglées de gouttes dégoulinantes, le costume des artistes complètement trempé, le piano quasiment sous l'eau (heureusement, on l'a asséché en l'incendiant !), mais qu'importe ! pour le téléspectateur confortablement installé dans son fauteuil, ce n'était qu'un petit détail. Il faudra juste songer à l'avenir à ne plus inviter François Hollande à une manifestation qui se passerait à l'extérieur. Sa présence apporte la poisse et les internautes s'en sont donné à cœur joie !

    Mais revenons au spectacle. Il était exceptionnel et bravo à Thomas Jolly, l'intendant en chef, pour l'avoir conçu et organisé. Au diable les aigris ! Si les Français dénigreurs de leur propre génie ne sont pas capables, pour certains, d'apprécier à sa juste mesure l'exploit tant artistique que culturel de ce spectacle, au moins, les observateurs étrangers ne seront pas ingrats, toute la presse internationale est "dithyrambique" dans sa réaction.

    Le principe du spectacle, c'était de revisiter Paris, la France, le monde et les Jeux olympiques par la Seine et la Tour Eiffel. Revisiter sans donner des leçons de morale, sans arrogance française. On passait ainsi le long des monuments historique avec des spectacles d'artistes très diversifiés. Commentant vendredi soir l'événement pour "Le Monde", l'historien Guillaume Mazeau expliquait : « À la différence des cérémonies du Bicentenaire de la Révolution française mises en scène par le publicitaire Jean-Paul Goude (1989), organisées comme un défilé sur les Champs-Élysées, c’est la Seine qui sert de fil conducteur ce soir. ».

    Les athlètes des 206 nations qui vont participer, y compris la Corée du Nord, Israël et la Palestine, ont défilé dans des bateaux navigant jusqu'au Trocadéro où se tenait la tribune officielle. Entre certaines équipes, des plateaux artistiques étaient proposés sur le thème d'une valeur, ou même d'un mot, comme liberté, égalité, fraternité, sororité, sportivité, obscurité, solennité, etc.

    Un certain suspense était entretenu sur l'identité des derniers passeurs de la flamme olympique et les spectateurs n'ont pas été déçus : cela a commencé au Trocadéro par Zinedine Zidane, puis Rafael Nadal qui a pris le bateau avec Serena Williams, et deux légendes dont la présence a ému beaucoup de monde, Nadia Comaneci et Carl Lewis, pour remonter la Seine jusqu'à la Pyramide du Louvre. Là, Amélie Mauresmo a pris le relais en courant quelques centaines de mètres le long des quais avant de passer la flamme à Tony Parker, Marie-Amélie Le Fur, accompagnée des deux porte-drapeaux français des JO paralympiques, Nantenin Keita et Alexis Hanquinquant. Puis, très rapidement, les plus grands athlètes français de l’histoire se relayaient la flamme, dont trois anciens ministres, Jean-François Lamour, David Douillet et Laura Flessel, ainsi que Michaël Guigou, Clarisse Agbegnenou, Alain Bernard, Laure Manaudou et Renaud Lavillenie. Enfin, Charles Coste, le plus âgé des champions olympiques français, champion de cyclisme, 100 ans, de son fauteuil, l'a remise aux deux derniers porteurs que furent Marie-José Pérec (comme les rumeurs l'annonçait) et Teddy Riner. Ils ont marché jusqu'au bassin central des Tuileries pour allumer la vasque olympique avant que celle-ci ne s'envolât dans les airs en montgolfière. Beauté et originalité.

    Juste auparavant, Emmanuel Macron, en tant que Président de la République française, a déclaré les Jeux olympiques et paralympiques ouverts, avec une pointe d'émotion et presque de sidération, après deux discours. Le premier du président du comité d'organisation des Jeux olympiques Tony Estanguet qui proclamait le rassemblement et l'unité des Français derrière leurs athlètes (« L'humanité est belle quand elle se rassemble ! »), à tel point que je me demandais s'il n'allait pas devenir le nouveau Premier Ministre, et Thomas Bach, le président du CIO (Comité international olympique). Tous les deux parlaient français et anglais (le français, en plus d'être la langue du pays d'accueil est aussi la langue officielle des JO).

    Je rejoins l'état d'esprit de quelqu'un comme Jean-Pierre Rousseau, ancien directeur de la musique de Radio France (l'Orchestre national de France, la maîtrise et le chœur de Radio France ont participé à la cérémonie à la fin), qui a exprimé sa joie samedi matin sur son blog : « Il y a trois jours j'écrivais : "Réjouissons-nous pour une fois d’avoir été capables d’organiser un tel événement, réjouissons-nous de découvrir une cérémonie d’ouverture qui sera la plus belle fête du monde". Ce fut la plus belle fête du monde. Tant pis pour les grincheux et les coincés. Je n'ai pas tout aimé, j'ai trouvé certaines séquences trop longues ou peu inspirées, et alors ? Que valent ces réserves face à une soirée immense, grandiose, unique ? à la force des images ? ».

    Oui, bien sûr, il y a eu des choses que je n'ai pas aimées non plus, mais peut-être pas les mêmes que mes voisins. Par exemple, je n'ai pas apprécié le début, avec toutes ces plumes, French cancan, ces clichés éculés de la France de l'an 1900, de la Belle Époque, et au début, beaucoup de clichés réduisaient la France, à son industrie de luxe, à ses monuments, etc. mais cela a évolué sur du plus original, du plus créatif, là aussi sur des choses que je n'ai pas forcément aimées, mais qui montraient tant la diversité française que la diversité humaine. Et surtout la diversité artistique.

    J'ai aussi trouvé trop longue la chevauchée fluviale de la porteuse du drapeau olympique (une gendarme, Floriane Issert), et le drapeau a même été accroché à l'envers. Mais ce n'était pas très grave. Et j'ai trouvé dommage l'absence de Kylian Mbappé, qui s'en est expliqué dès le 16 juin 2024 : « Mon club a une position très claire, à partir de ce moment je pense que je ne participerai pas aux Jeux. C'est une vérité, c'est comme ça. J'arrive dans une nouvelle équipe. Arriver en septembre pour une nouvelle aventure, ce n'est pas le meilleur des débuts d'aventure. ». J'ai regretté aussi l'absence d'une œuvre du compositeur de musique électroacoustique Pierre Henry qui aurait pu passer avantageusement, par exemple, pendant qu'étaient montrées les belles images d'archives des Jeux olympiques.

    Il y a eu Lady Gaga, Aya Nakamura qui a tant fait polémique, qui s'est produite devant l'Académie française, la mezzo-soprano Axelle Saint-Cirel qui a chanté avec une voix très émouvante "La Marseillaise" sur un bateau. J'ai beaucoup aimé Carmen, malgré le côté un peu cliché, la recherche de la Joconde au Louvre, avec les personnages des tableaux se transformant en réalité, un peu à l'instar du film "Une nuit au musée" ("La Joconde" a été retrouvée chez les insupportables Minions).

    Si je n'ai pas beaucoup apprécié le rappeur Rim'K avec "King", j'ai adoré les passages enregistrés de Daniel Balavoine, de Claude François (dommage d'entendre "Alexandrie" avec la délégation de l'Ukraine et pas de l'Égypte), de Mylène Farmer et de plein d'autres (Gainsbourg était aussi au répertoire, semble-t-il ; il y a eu aussi Véronique Samson, Sheila, etc.). À la fin du défilé des sportifs français, le drapeau européen s'est éclairé sur le sol, avec des étoiles entourant la Tour Eiffel, comme par magie. Philippe Katerine a été extraordinaire à chanter "Nu" en tenue adéquate (nu) ! Dix grandes femmes ont été honorées, dont Olympe de Gouges, Louise Michel, Gisèle Halimi et, en dernier, Simone Veil. Zizi Jeanmaire et Charles Aznavour ont été également honorés.

     

     
     


    J'ai été très ému aussi par l'interprétation (traditionnelle pour les cérémonies d'ouvertures des JO) de "Imagine" (John Lennon) par la chanteuse à la voix d'or Juliette Armanet avec Sofiane Pamart au piano. À propos de piano, j'ai oublié aussi de signaler l'exploit de jouer sous la pluie battante de l'un des futurs plus grands pianistes mondiaux, le Français Alexandre Kantorow (27 ans) qui a joué "Jeux d'eau" de Maurice Ravel. Des artistes et des funambules ont défilé sur le Pont Neuf comme dans un défilé de haute couture, après que la Patrouille de France a dessiné un cœur rose dans le ciel parisien. Auparavant, il était aussi original d'évoquer les artisans de la reconstruction de Notre-Dame de Paris ainsi que ceux de la Monnaie de Paris qui ont confectionné les médailles d'or olympiques avec un peu de ferraille de la Tour Eiffel.

    Le passage de la délégation française, la dernière du défilé, s'est fait sur un enregistrement de "Lettre à France" de Michel Polnareff. Pendant la remontée de la Seine de la flamme avec quelques superchampions (Rafael Nadal, Serena Williams, Nadia Comaneci et Carl Lewis), la Tour Eiffel s'est mise à danser dans un show laser en hommage à Jean-Michel Jarre ("Oxygène 2024").

    Enfin, le clou de la cérémonie, à la fin, tant attendue, dont la présence a été souvent annoncée ou discutée, Céline Dion a chanté "L'Hymne à l'amour" d'Édith Piaf, au premier étage de la Tour Eiffel, avec une voix difficile à cause de sa maladie, mais toute en majesté, accompagnée au piano par Scott Price. Elle ne s'était pas produite depuis quatre ans ; en revanche, elle avait déjà chanté à une cérémonie d'ouverture des JO, à Atlanta en 1996 ("The Power of the Dream"). Très joli cadeau fait à la France (et les polémiques sur son coût sont dérisoires dans la malveillance).

    Il suffit d'écouter la réaction des spectateurs pour comprendre que cette cérémonie d'ouverture des JO était exceptionnelle, historique. La grande richesse de ce polyspectacle grandiose, c'était qu'il y en avait pour tout le monde, de tous les genres, de toutes les opinions, de toutes les références, historiques, intellectuelles, artistiques, culturelles, littéraires, sociales, économiques.


    L'historien Guillaume Mazeau notait ainsi : « Ce soir, la profusion de symboles historiques, la variété des usages du passé, l’inédite diversité humaine des figures et des acteurs et actrices, la volonté de ne pas adresser la leçon au monde, tout cela fait rupture dans la manière dont la France représente et raconte ordinairement son passé dans les événements solennels ou commémorations officielles. C’est un spectacle, une vision fictionnée et idéalisée, un peu bricolée, mais par rapport à bien d’autres, elle est non seulement capable de concerner plus de monde que d’habitude, mais aussi prête à dialoguer avec ce qu’écrivent les historiennes et des historiens d’aujourd’hui. Le récit national n’est pas esquivé, une histoire de France est esquissée dans sa singularité, mais cette histoire n’est ici ni linéaire ni fermée à la différence. Cette histoire n’est pas une histoire moins riche, ou destructive, mais une histoire qui nous ressemble et nous nourrit. Ce dialogue entre histoire, grand spectacle et création artistique n’est pas facile, il doit être souligné » ("Le Monde").

    Cette soirée merveilleuse restera évidemment dans les annales comme une fête où le grandiose était associé à l'imaginatif et au créatif. Je plains l'organisateur de prochains Jeux olympiques à Los Angeles (USA) en 2028 comme à Brisbane (Australie) en 2032, car ils partiront déjà de très haut. Vive la France et vive le monde !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (26 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Ouverture des Jeux olympiques : Paris tenu !
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.








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