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justice - Page 3

  • Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !

    « La haine ? Encore une idée. Ce qui n'est pas une idée, c'est le meurtre. » (Albert Camus, 1949).





     

     
     


    Tristesse infinie depuis la découverte du corps de Louise, une collégienne de 11 ans, qui sortait de sa classe de sixième à 14 heures le vendredi 7 février 2025. Depuis, les bouquets de fleurs et les peluches s'amoncellent près du mur du Collège André-Maurois à Épinay-sur-Orge, dans l'Essonne, avec ce petit mot : « Repose en paix Louise, on ne t'oublieras pas ! ». Louise a été retrouvée dans la nuit du vendredi au samedi, hélas sans vie, plusieurs fois poignardée sauvagement, avec beaucoup de violence. C'est ce qui peut arriver de pire pour des parents.

    L'émotion évidemment a fait que ce meurtre a fait la une des journaux depuis ce week-end. Sur certaines chaînes de télévision, comme CNews, il y avait de quoi avoir la nausée en entendant ces soi-disant experts en tout généraliser à outrance, évoquer de manière très générale (et cela à chaque nouveau drame) à quelle point la société a dégénéré, à quel point la société s'est ensauvagée (ensauvagement, c'est même le mot employé par Bruno Retailleau). Et pourtant, faut-il rappeler qu'assassiner sciemment des petits enfants, ce n'est hélas, trois fois hélas, pas une innovation ? Le Petit Grégory s'en retournerait dans sa tombe en entendant autant d'inepties.

    Et puis la recherche du meurtrier a pris le dessus. Le côté feuilleton policier donne également la nausée. Après la garde-à-vue de plusieurs personnes mises ensuite hors de cause, le meurtrier présumé a été arrêté et interrogé. Il a avoué le meurtre ce vendredi 12 février 2025 après des preuves impossibles à rejeter (et après un long silence). La veille, on pouvait prouver que son ADN a été retrouvé sur les mains de Louise.

     

     
     


    Il y a une sorte de clivage démentiel entre le meurtrier et sa victime. Sur les quelques photographies publiées, la fillette paraît très mûre, à l'aise dans la vie, souriante, intelligente, pleine d'avenir. Ce que dit l'enquête, c'est qu'elle aurait résisté avec acharnement, ce que prouvent des marques sur son corps mais aussi celui de son meurtrier. Elle a fait preuve de courage.

    Quant au meurtrier, son nom a été révélé, que je ne souhaite pas écrire ici pour ne pas lui faire de la publicité, mais, comme pour l'assassinat de Lina, l'auteur présumé a un nom bien français, pas du tout étranger. En ce qui me concerne, je me moque du nom, ce que je préfère savoir, c'est pourquoi, mais pour beaucoup de monde ici, en France, l'origine des meurtriers est importante pour démontrer que l'immigration provoque des crimes. Pour Louise, comme pour Lina, ce n'est pas le cas. Pas de possibilité de récupération politicienne, l'air sera plus respirable sur certains plateaux de télévision.

    Lors de sa première conférence de presse le 12 février 2025, le procureur d'Évry Grégoire Dulin a exposé précisément tout ce qui s'est passé du vendredi au mercredi. Il l'a raconté, en lisant, comme on lit la Passion pendant une messe des Rameaux. Ainsi, l'alerte pour la disparition de Louise a été donnée par ses parents dès 15 heures, parce que le smartphone de l'enfant restait éteint. Très vite, le reste de la fratrie a mis des annonces dans les réseaux sociaux, et la police a commencé aussi à s'activer. Tout est allé très vite... mais cela n'a pas suffi à empêcher l'irréparable.


     

     
     


    La motivation de l'auteur présumé n'est pas encore très clairement comprise. D'un naturel violent et agressif (sa propre sœur refusait de le revoir depuis une agression en 2023 suivie d'une main courante), le jeune homme (étudiant en informatique) serait en pleine addiction aux jeux vidéo et il serait sorti dehors le vendredi après-midi après une dispute avec un autre joueur en ligne. Pour "se détendre", il aurait choisi de voler dans son quartier. Il ne connaîtrait pas sa future victime et l'aurait entraînée dans le bois voisin sous prétexte qu'il avait perdu quelque chose. Et il l'aurait menacée d'un Opinel pour lui dérober ses affaires. La fille aurait crié, il l'aurait frappée violemment à plusieurs reprises et aurait ensuite fui.

    Si ces informations étaient confirmées, cela signifierait que Louise s'est seulement trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Le 4 février, l'auteur présumé aurait déjà tenté la même chose mais la potentielle victime avait refusé de le suivre dans le bois.

     

     
     


    Pourquoi les détails d'un tel drame sont-ils importants ? Tous les détails d'un crime, par définition, sont sordides. Mais ils sont importants pour une raison simple : était-il possible de l'éviter ? La puissance publique aurait-elle pu l'éviter ? Et que faire, quelles mesures prendre pour réduire le risque d'un nouveau drame comme celui-ci ?

    C'est bien trop tôt pour répondre, d'autant plus que c'est d'abord le temps de l'émotion, celle de la famille, des amis, des camarade de classe, de tout un collège, une ville, voire un pays. Là, il semble que réduire l'immigration n'aurait pas empêché le crime. Le problème semblerait, à mon sens, triple : d'abord, une addiction aux jeux vidéo qui peut devenir problématique ; ensuite, un problème de santé mentale pour le meurtrier présumé qui n'a jamais été traité, et il ne doit pas être seul dans ce cas, il faudrait savoir si l'obsession des jeux vidéo peut entraîner une telle éruption de haine et de violence ; enfin, l'encadrement des enfants qui rentrent de l'école doit sans doute être plus rigoureux, d'autant plus qu'en sixième, les élèves sont plus autonomes, leurs horaires plus variables qu'au primaire.

    On l'a répété au début de la semaine, dans la crainte d'une récidive tant que l'auteur présumé n'était pas sous les verrous : ne jamais rentrer de l'école seul, se méfier de toute personne suspecte, etc. Les caméras de vidéoprotection n'auraient pas suffi à empêcher ce meurtre, mais elles peuvent apporter beaucoup d'indices pour remonter au criminel. C'était le cas ici où l'on voyait un jeune homme qui suivait Louise jusqu'au bois. L'enquête de voisinage a permis d'identifier le suspect. L'analyse ADN, rapide, a permis aussi de conforter les soupçons. Enfin, le smartphone de Louise, retrouvé près d'elle, a donné d'autres éléments précieux dans l'enquête.

    Certains demandent déjà qu'il y ait plus de policiers (en civil) aux abords des écoles pendant l'heure des sorties des classes. Mais c'est comme les caméras. D'une part, il faut pouvoir encore se permettre d'embaucher massivement ces policiers (et donc, il faut bien trouver une solution pour les financer, les payer, soit par les impôts, soit par autre chose). D'autre part, on ne peut pas "fliquer" toute la société partout, mettre des caméras partout, des policiers tous les vingt mètres, car il y aura toujours des "trous dans la raquette" comme on dit, et le potentiel meurtrier saura toujours trouver une faille. On le voit pour les attentats terroristes : la police a pu déjouer des dizaines de tentatives d'attentat depuis quelques années, mais malheureusement, pas toutes les tentatives.

    Il y a bien sûr l'éducation, celle des potentielles victimes de ne pas se laisser faire, ce qui semblerait être le cas de Louise dont les parents, comme d'autres, avaient mis en garde contre le risque avec des inconnus, mais aussi celle des potentiels criminels pour qui la vie semble avoir de moins en moins de valeur. Est-ce un mouvement général de la société provoqué par l'abêtissement généralisé par les smartphones, réseaux sociaux sots, jeux vidéo violents, etc. qui entraînent certains individus à déborder de haine et de violence, n'ayant plus de relations sociales, de contacts humains, et même d'exercice physique ? Ou faut-il ne considérer là, hélas, que comme un cas exceptionnel, une singularité, comme souvent dans chaque meurtre, une concordance de causes, comme dans beaucoup d'accidents, au risque insensé de tomber dans un fatalisme qui serait insupportable pour les proches de Louise ?

     

     
     


    S'il y a des exploiteurs professionnels de crimes, des récupérateurs politiques professionnels de crimes, c'est aussi parce que les gouvernements ont sans doute joué à la fois sur une certaine forme de fatalisme (comment empêcher, dans un État libre, un tel crime ?) et sur une certaine forme de lâcheté, celle d'afficher quelques mesures peut-être visibles mais creuses, sans efficacité, pour faire semblant d'avoir pris les choses en main.

    Personnellement, je n'ai pas de solution immédiate à l'esprit. Plus généralement, l'existence du mal pour le mal me met mal à l'aise car ce meurtre est finalement très stupide, sans intérêt, ni d'amour ni d'argent (même si c'était l'objectif premier). L'auteur présumé paraît aussi déséquilibré que violent, aussi bête qu'agressif. Malheureusement, il doit y en avoir d'autres qui errent dans la société et qui peuvent aussi passer à l'acte. N'oublions jamais : la traduction directe de la haine, c'est le meurtre.

    Les acteurs politiques, qu'ils soient au gouvernement ou au Parlement, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, doivent réfléchir, hors posture d'affichage, sur les moyens de réduire la probabilité de connaître de nouveaux crimes comme celui-ci. C'est difficile, mais ce serait le meilleur moyen de ne pas oublier Louise. Son sourire figé désormais dans l'intemporalité définitive reste comme une promesse d'un avenir meilleur. À la puissance publique de se mettre au niveau d'une telle ambition.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Repose en paix Louise, on ne t'oubliera pas !
    Gisèle Pélicot, femme de l'année 2024 ?
    5 ans de prison dont 2 ferme pour Pierre Palmade.
    40 ans de confusions dans l'Affaire Grégory.
    Philippine : émotion nationale, récupérations politiques, dysfonctionnements de l'État ?
    Viols de Mazan : quelques réflexions sur Pélicot et compagnie...
    Violence scolaire : quand une enseignante s'y met...
    Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
    La France criminelle ?
    La nuit bleue de Lina.
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?
    Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Harcèlement scolaire et refus d'obtempérer.
    Alisha, victime d’un engrenage infernal.
    À propos de la tragique disparition de Karine Esquivillon...
    Meurtre de Lola.
    Nos enseignants sont des héros.
    La sécurité des personnes face aux dangers.



     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250212-louise.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/repose-en-paix-louise-on-ne-t-259273

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/12/article-sr-20250212-louise.html



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  • La nouvelle peine de Serge Atlaoui

    « L’incrimination attendue trouve son équivalent en droit français dans la production et la fabrication de stupéfiants en bande organisée en faisant encourir à son encontre trente ans de réclusion. » (Tribunal de Pontoise, le 12 février 2025).




     

     
     


    On l'attendait ce mercredi 12 février 2025, dans l'après-midi, mais l'exercice était très compliqué, très délicat. Pour ainsi dire, il était inédit. Le retour de Serge Atlaoui en France la semaine dernière, le 5 février 2025, s'il était réjouissant pour lui et ses proches, a posé un problème insoluble pour la justice française : que va-t-elle faire de lui ?!

    Serge Atlaoui a été arrêté à Jakarta le 11 novembre 2005 et il a été condamné à mort pour trafic de drogue en 2007, sans plus aucun recours à partir d'avril 2015. C'est dire si sa vie ne pesait plus grand-chose face au volontarisme populiste du Président indonésien de l'époque qui avait arrêté le moratoire sur les exécutions. Il a passé 19 années et demi en prison en Indonésie et grâce à un accord diplomatique, il a pu rentrer en France.

    Pour autant, la chose jugée reste la chose jugée et la France doit la respecter. C'est pour cela que dans la logique pure, la France aurait dû mettre à exécution la peine de mort qu'a eue Serge Atlaoui. Bien entendu, non, pas seulement parce que la peine de mort est abolie depuis le 9 octobre 1981, mais aussi parce que la France souhaitait son rapatriement justement pour éviter qu'il ne risque l'exécution.


    La difficulté est que la justice française ne peut pas revenir sur le fond. Or, sur le fond, on sait que la justice indonésienne a fait n'importe quoi : Serge Atlaoui était un ouvrier soudeur, il ne connaissait rien à la chimie, il a réparé ou entretenu des machines industrielles, mais il n'avait pas compris qu'elles servaient à transformer des substances illicites. On pourra toujours disserter sur sa stupidité, sa naïveté, mais certainement pas sur sa sincérité. Il aurait mérité au moins la révision de son procès et qu'il soit condamné pour travail dissimulé.

    Pourquoi la justice française ne peut pas revenir sur le procès indonésien ? Tout simplement parce qu'elle compte pouvoir encore se servir d'autres accords diplomatiques de ce type, et pas seulement avec l'Indonésie, pour rapatrier tous les Français condamnés à mort (il y en aurait encore au moins quatre dans le monde). Donc, il faut que la France et la justice française respectent scrupuleusement l'Indonésie et la justice indonésienne.

    C'est le tribunal correctionnel de Pontoise, celui qui a compétence sur la prison d'Osny où séjourne actuellement Serge Atlaoui, qui a dû prendre cette décision une semaine après son arrivée : que faire de ce prisonnier encombrant que tout le monde, ou quasiment, en France, souhaite voir enfin libre ? Il ne peut pas refaire le procès indonésien, il ne peut que se prononcer sur la peine qu'il doit faire en France. Et comme il n'y a plus de peine de mort, il faut requalifier la peine.
     

     
     


    La procureure de Pontoise a rappelé toute la difficulté de la chose : « Il a été condamné dans un autre pays à la peine capitale, qui n’existe plus chez nous. Nous n’avons eu jusqu’ici aucun transfèrement de condamné à mort en France. ».

    Au cours de cette audience, elle n'y est pas allée de main morte. Elle a requis la transformation de la peine en réclusion criminelle à perpétuité : « Le parquet considère que la seule possibilité de peine la plus proche de la peine de mort est celle de la réclusion criminelle à perpétuité. ». Dans son raisonnement, conforme au code pénal et à la jurisprudence de la Cour de Cassation, la procureure a considéré en effet que la peine de mort devait se transformer en la peine la plus lourde du code pénal, soit la perpétuité.

    Mais pour l'avocat de Serge Atlaoui, cela ne correspondait pas du tout aux faits sanctionnés, cette peine serait disproportionnée dans le droit français. Ainsi, le juge a donné raison à la défense en commuant la peine de Serge Atlaoui à trente ans de réclusion, peine passible en France pour le trafic de drogue.

    Je trouve néanmoins que c'est encore très sévère. Certes, cela peut lui ouvrir les portes de la prison puisqu'il a déjà effectué 19 ans, soit les deux tiers de la peine. Mais il reste cette injustice de fond qui paraît encore ubuesque au regard de son histoire personnelle.

    Néanmoins, l'épouse de prévenu, Sabine Atlaoui, a clamé, soulagé : « C'est le début de la fin ! ». Et son avocat Richard Sédillot : « C’est un premier succès, un premier pas vers la liberté. ». Il comptait en effet sur les remises de liberté. Ce qu'il ne faudrait pas, c'est une grâce présidentielle. Sur le résultat, beaucoup seraient satisfaits d'un retour rapide à la vie ordinaire de Serge Atlaoui, mais une grâce présidentielle signifierait que le Président Emmanuel Macron court-circuiterait la justice indonésienne, ce qui serait peu respectueux.

    Le parquet avait rappelé l'importance de garder les formes institutionnelles : « Pour ne pas obérer la capacité diplomatique de l'État français à obtenir le transfèrement de ses nationaux, il faut que l’autorité judiciaire se cantonne à ce rôle. ».


    Serge Atlaoui n'a pas voulu retrouver sa famille et ses amis dans l'aéroport ni dans la prison, il veut les revoir libre. Peut-être les retrouvailles ont-elles toutefois déjà eu lieu dans l'intimité des parloirs, mais l'important est que le formalisme soit rigoureusement respecté... en espérant qu'il puisse être bien soigné pendant tout ce temps.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La nouvelle peine de Serge Atlaoui.
    Serge Atlaoui en France !
    Jour J de joie pour Serge Atlaoui !
    Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025.
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?



     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250212-serge-atlaoui.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-nouvelle-peine-de-serge-atlaoui-259275

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/12/article-sr-20250212-serge-atlaoui.html




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  • Un nouveau bijou pour Nicolas Sarkozy ?

    « Il y a d’abord l’humiliation, dont il faut mesurer la violence et l’ampleur : Nicolas Sarkozy n’ira pas en prison mais il ne sera plus libre de ses mouvements. Sous écrou, c’est-à-dire enfermé chez lui, et contraint de négocier toute sortie avec un juge. » (Patrick Cohen, le 19 décembre 2024 sur France Inter).




     

     
     


    Fallait-il donc que le mot bracelet soit désormais associé à un ancien Président de la République, en l'occurrence Nicolas Sarkozy ? Il se pourrait bien. L'information a été confirmée officiellement par la personne concernée le lendemain : Nicolas Sarkozy porte désormais, depuis le vendredi 7 février 2025, un bracelet électronique à la cheville qui a pour fonction de restreindre ses mouvements.

    Ce n'est pas la première fois qu'une personnalité politique a été mise en prison en France. On peut en citer quelques-unes, sans être exhaustif : Alain Carignon, Bernard Tapie, Jean-Michel Boucheron (ex-député-maire d'Angoulême né en 1946), Patrick Balkany, Claude Guéant, Jean-Christophe Mitterrand, etc.

    Mais c'est la première fois qu'un ancien Président de la République française est écroué. Quelqu'un qui a consacré plus de cinquante ans de sa vie au service des autres (oui, tous les responsables politiques se sont consacrés au service des autres, sinon, ils pourraient lézarder au soleil d'un île paradisiaque... tout le temps). Il ne fait pas de prison ferme, mais la pose d'un bracelet électronique est une humiliation particulière. Il a annoncé, par nécessité, qu'il se retirait de la vie publique. Par nécessité car il ne pourra plus être présent physiquement à d'éventuelles rencontres, réunions publiques, etc., mais aussi moralement car que pourrait-il dire, quels conseils donner lorsque lui-même n'est pas un modèle du genre ?

     

     
     


    Cette mesure correspond à l'application de sa peine de un an de prison ferme, devenue définitive le 18 décembre 2024 après le rejet par la Cour de Cassation de son ultime recours, son pourvoi en cassation. Il a été condamné dans l'affaire dite Bismuth, d'une suspicion de pacte de corruption dont les seules preuves sont des écoutes téléphoniques illégales d'une conversation confidentielle entre une personne mise en examen et son avocat.

    Je ne reviendrai pas sur le fond de l'affaire, n'étant ni juge ni juge de juge, même si je n'en pense pas moins, parce que la justice est la justice et si on ne la respecte pas, on ne respectera alors plus les institutions.

     

     
     


    Avant l'application de sa peine, Nicolas Sarkozy, accompagné de sa femme et de sa fille, est allé passer quelques jours de vacances aux Seychelles, un déplacement de loisirs qu'il n'aura sans doute plus l'occasion, ou plutôt, le droit de faire avant une année au moins. Enfin, sauf autorisation du juge d'application des peines.

    Du reste, il était de nouveau à la barre dans le très long procès du possible financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 qui a commencé le 6 janvier 2025 et qui devrait s'achever le 10 avril 2025 au tribunal de Paris.


    C'est le 28 janvier 2025, c'est-à-dire à son 70e anniversaire, que l'ancien Président a été convoqué par le juge d'application des peines pour préciser les modalités de sa peine : pose du bracelet électronique le 7 février 2025 en début d'après-midi, autorisation de sortie du domicile entre 8 heures et 20 heures, étendue jusqu'à 21 heures 30 les lundis, mercredis et jeudis pour lui permettre d'assister à son procès sur les soupçons de financement libyen (trois après-midis par semaine). Finies les sorties du week-end ou les soirées au restaurant.

     

     
     


    Ce qui est notable, c'est qu'au cours de cet entretien, Nicolas Sarkozy n'aurait pas demandé au juge de bénéficier immédiatement d'une libération conditionnelle. Pourtant, la loi permet aux personnes condamnées de plus de 70 ans de pouvoir sans délai bénéficier d'une libération conditionnelle sous certains conditions. Ses avocats comptent en faire la demande, mais pas immédiatement. Pour quelle raison ? Montrer qu'il respecte la justice de notre pays ? Ou alors provoquer un sentiment de compassion voire de pitié ?

    Il est vrai que ces temps trumpiens donnent son lot d'informations exceptionnelles chaque jour... mais la mise sous écrou d'un ancien Président de la République est quand même une information exceptionnelle, sans précédent dans l'histoire de la France, d'autant plus que Nicolas Sarkozy, s'il accepte la chose jugée définitivement, « continue à contester le bien-fondé de la condamnation », selon les déclarations de son avocate, Jacqueline Laffont le 7 février 2025 à l'AFP. Ce qui explique qu'il saisira « avant à la fin du mois » la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

    Dans sa chronique du 19 décembre 2024 sur France Inter, l'éditorialiste Patrick Cohen a bien analysé la gravité de l'événement : « En citoyen déchu : lui qui a voué sa vie à la politique ne peut plus se présenter à une élection, privé trois ans de droits civiques. Et il ne pourra même pas voter à la prochaine présidentielle. Il va perdre sa Grand-Croix de la Légion d’honneur, c’est la règle, ce qui n’est arrivé à aucun autre de son rang depuis Philippe Pétain. Il sera enfin le premier ex-Président à porter plainte contre la France, en demandant à la Cour européenne des droits de l’homme de la condamner pour ce procès selon lui, inéquitable. ».


     

     
     


    Ce dernier a rappelé opportunément ce qui était en jeu : « Il y a dans ce dossier un point sensible, qui touche aux libertés, pas seulement celles de Sarkozy, les nôtres, à propos du secret des conversations entre l’avocat et son client. ».

    Et la condamnation définitive pour corruption pourrait étonner : « Rien n’a marché : personne n’est intervenu, aucun service n’a été rendu, ni poste, ni argent, ni agenda. Mais en matière de corruption, l’intention suffit, c’est la loi. Or, ces intentions n’existent que dans les échanges privés entre Nicolas Sarkozy et son avocat et ami Thierry Herzog. Ce sont les seuls éléments à charge. Et le secret professionnel est un principe fondateur du métier d’avocat, et de l’organisation de la justice dans une société démocratique. (…) Il y a depuis le début de cette affaire un trouble que la Cour de Cassation n’a pas complètement dissipé (…). À noter, que dans notre code de procédure pénale, c’est le même article qui protège le secret des correspondances de l’avocat et le secret des sources du journaliste. ».

    C'est pourquoi la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, qui sera probablement annoncée bien après la fin de la peine de Nicolas Sarkozy, sera importante, tant pour l'honneur de Nicolas Sarkozy (mais qui s'en préoccupe politiquement aujourd'hui ?) que pour la garantie des justiciables que nous sommes tous susceptibles d'être un jour, à avoir une défense équitable.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Un nouveau bijou pour Nicolas Sarkozy ?
    Le doyen Nicolas Sarkozy.
    L'honneur perdu de Nicolas Sarkozy.
    Nicolas Sarkozy réagit à la dissolution dans le JDD (15 juin 2024).
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    Discours du Président Nicolas Sarkozy le 16 décembre 2008 au Parlement Européen de Strasbourg (texte intégral).
    Discours du Président Nicolas Sarkozy le 10 juillet 2008 au Parlement Européen de Strasbourg (texte intégral).

    Sale temps pour Nicolas Sarkozy !
    La justice harcèle-t-elle la classe politique ?
    Carla Bruni.
    La sagesse de Nicolas Sarkozy.
    Pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
    Bygmalion : Éric Zemmour soutient Nicolas Sarkozy.
    Injustice pour Nicolas Sarkozy ?
    Sarko et ses frères...
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250207-sarkozy.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/un-nouveau-bijou-pour-nicolas-259202

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/10/article-sr-20250207-sarkozy.html




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  • Serge Atlaoui en France !

    « Serge est France. Il est libéré de cette condamnation à la peine de mort. » (Sabine Atlaoui, le 5 février 2025 sur Facebook).




     

     
     


    Ça y est, c'est réel ! Serge Atlaoui (61 ans), le Français condamné à mort en Indonésie, qui a miraculeusement réchappé une fois au peloton d'exécution en avril 2015, est arrivé sur le sol français. Il n'est plus en danger de mort ! Du moins, pour des raisons judiciaires, car il est très malade, il souffre du cancer. Son épouse Sabine a de quoi être heureuse, même si, pour elle, pour eux deux, tout est à reconstruire : ils ont vieilli de quasiment vingt ans depuis leur dernière vie ensemble. Il y a un petit côté "Hibernatus".

    Escorté de trois policiers français, Serge Atlaoui, originaire de Metz, a été transféré en France : son avion a décollé comme prévu le mardi 4 février 2025 à 19 heures 35, heure locale (13 heures 35, heure de Paris), de l'aéroport international de Jakarta, et a atterri à l'aéroport de Paris-Roissy le lendemain, mercredi 5 février 2025 peu après 10 heures du matin.


    J'ai déjà raconté ici son histoire dans plusieurs articles, il a été arrêté le 11 novembre 2005 et il est resté dans une prison indonésienne pendant toute cette période (19 ans un quart). Condamné à mort depuis 2007 pour des faits qu'il a toujours rejetés (trafiquant de drogue, chargé de la transformation chimique, alors qu'il est un ouvrier soudeur et qu'il n'a fait que réparer des machines industrielles qu'il croyait destinées pour fabriquer de l'acrylique), il a failli être exécuté en avril 2015. Pendant tout ce temps, il a fait preuve d'une étonnante force morale, croyant toujours au miracle alors qu'il n'avait plus de recours légal depuis 2015. Il a attendu si longtemps ce moment si précieux, son retour en France.

    Avant le décollage à Jakarta, Serge Atlaoui a dû subir une ultime épreuve, une conférence de presse imposée par l'accord diplomatique entre la France et l'Indonésie. Serge Atlaoui, portant un masque noir et une casquette noire, est resté complètement silencieux. À cette occasion, l'ambassadeur de France en Indonésie Fabien Penone a déclaré à I Nyoman Gede Surya Mataram, représentant le Ministère indonésien des Affaires juridiques et des Droits humains, qui était présent et qui était déjà en charge du retour de Mary Jane Veloso : « Au nom des autorités françaises, je tiens à remercier les autorités indonésiennes pour leur coopération. ».


     

     
     


    Son avocat Richard Sédillot avait réagi le 4 février 2025 auprès de l'AFP ainsi : « Je me réjouis que le combat que nous avons mené se solde par la victoire de la vie sur la mort. Je vais maintenant m'employer à faire en sorte que la peine soit adaptée dans des conditions qui permettront sa mise en liberté. ».

    Dans l'émission "C à vous" le 4 février 2025 sur France 5, le garde des sceaux Gérald Darmanin avait en effet confirmé : « Il va aller dans une prison française, dans des conditions qui lui permettront d'être soigné et de voir sa famille. (…) [Il est] très malade, ce qui a exigé aussi son retour. (…) [Il a] toujours clamé son innocence et la politique de la France est de ramener dans notre pays des gens condamnés à mort dans d'autres pays [sans] se substituer à la justice indonésienne. ».

    Effectivement, après un bref passage au tribunal judiciaire de Bobigny (compétent pour l'aéroport Roissy-Charle-De-Gaulle), où il a été présenté à un juge du parquet pour lui notifier son incarcération, Serge Atlaoui a été transféré à la prison d'Osny, dans le Val-d'Oise, dans l'attente d'une décision de justice le concernant. Il n'est pas exclu que la Président de la République Emmanuel Macron règle juridiquement le problème en lui faisant profiter d'une grâce présidentielle, résidu monarchique du système judiciaire français.

    Interviewée dans la matinale de TF1 le 5 février 2025, son épouse Sabine, qui ne l'a pas revu depuis 2019, a dit la même chose que l'avocat, soulagée : « Aujourd'hui qu'il revienne vivant du couloir de la mort, oui, c'est une victoire de la vie sur la mort. ».


    La veille, elle avait dit sur RTL : « Toutes ces années d'incarcération, en fait, c'est ce moment-là que j'attendais. Quitter la prison, ça veut dire que là, il est vraiment sur le chemin du retour. (…) Je pensais que j'allais être un peu plus sereine, mais je suis chamboulée. Il y a beaucoup de joie, en fait. Et puis, on est pressé de le voir. Oui, je pense qu'avec tout ce qui s'est passé en dix-neuf ans, c'est largement compréhensible. On est passé par tellement de choses. Donc là, il est sur le trajet. Je sais que demain, il est en France. (…) On est rempli de joie et de bonheur. Mais je suis déjà à l'étape suivante parce que je veux le voir et je voudrais le voir vivre sa liberté. (…) Il va arriver à l'aéroport, on ne sera pas là parce que Serge ne le souhaitait pas. Il souhaite nous voir quand il est en homme libre. Il souhaite revoir sa famille quand il est libre. Malheureusement, on ne sait pas combien de temps ça va prendre. (…) Est-ce que je vais rester sans voix ? Parce que ce retour, j'irais jusqu'à dire que c'est un miracle. Il a survécu à dix-neuf ans d'incarcération. Il a survécu à une exécution. (…) Je ne sais pas comment je vais être. C'est pour ça que j'aimerais que ça se fasse dans l'intimité, parce que je pense que je vais en pleurer. Cette fois, je me donnerai l'autorisation de pleurer. ».

    Donc, pas de photo, pas de retrouvailles en public entre l'ex-condamné à mort et sa famille, le secret de la vie privée, l'intimité des personnes au creux d'un parloir de prison sans doute, ou d'une libération que la famille espère prochaine.

    Madame Atlaoui avait dit également le 4 février 2025 à "L'Est républicain" : « Mes sentiments et mes émotions sont très mitigés ces dernières semaines. Je ressens une joie immense de pouvoir enfin retrouver Serge. Toutes ces années de combat et de sacrifices ont porté leurs fruits mais je ne peux pas minimiser le poids qu’il a porté en se retrouvant dans le couloir de la mort. Je ne peux pas oublier qu’il a failli être exécuté en 2015. En quittant le sol indonésien, le poids de cette condamnation à mort ne pèse plus sur ses épaules. C’est fini pour lui. Il y a survécu. Dès qu’il aura foulé le sol français, nous serons tous libérés de cette sentence. ». C'est donc fait.

    Mardi, Sabine a aussi affirmé, sur France 3 Lorraine : « Je ne tiens plus. (…) J'ai fait ce que je pouvais mais si je réfléchis, je me dis que j'ai fait beaucoup quand même. (…) Serge a subi l'incarcération, c'était l'enfer. On a des traumatismes et des blessures, c'est certain. Il faut se reconstruire sur de nouvelles bases. On n'est plus les mêmes qu'avant. Ça se fera étape par étape. On fera les choses ensemble. Tout ce qu'on veut, c'est une vie normale. Je souhaite qu'on se reconstruise et qu'on réapprenne à se connaître dans un quotidien normal. Je remercie tous nos soutiens, c'est la victoire de tous. ».

    Dans une autre déclaration à l'AFP mercredi, maître Richard Sédillot s'est dit évidemment soulagé : « Je suis particulièrement ému et soulagé de le savoir en France. (…) Je vais tout faire pour obtenir un permis de visite très rapidement et aller le voir à la prison. ». Serge Atlaoui, en revanche, ne souhaite pas voir ses proches dans une prison française. Comme son épouse l'a affirmé, il préfère attendre sa libération pour profiter pleinement d'un retour à la "vie normale", si
    cette expression signifie encore quelque chose. La "happy end" arrive très prochainement, le plus dur est passé, atteindre le sol français, et c'est fait.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (05 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Serge Atlaoui en France !
    Jour J de joie pour Serge Atlaoui !
    Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025.
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250205-serge-atlaoui.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/serge-atlaoui-en-france-259122

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/05/article-sr-20250205-serge-atlaoui.html




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  • La croisade nauséabonde de Paul Vannier

    « Mes premières pensées vont aux garçons qui ont été en souffrance dans ce type d’affaires, et à eux, j’adresse ma sympathie, mais pas à ceux qui exploitent leur souffrance. » (François Bayrou, le 11 février 2025 dans l'hémicycle).



     

     
     

    Il y a des personnes mal intentionnées (c'est un euphémisme !), pour des motivations diverses (l'une par messianisme anti-système, l'autre par stratégie de chaos), qui profitent de la détresse de victimes d'un véritable scandale pour faire de la polémique à trois balles. La cible, c'est le Premier Ministre François Bayrou et c'est assez stupide d'obliger le chef du gouvernement de se défendre alors que ce seraient les victimes à défendre et protéger.

    J'ai tout de suite compris le niveau de puanteur quand j'ai lu le (premier ?) tweet de Paul Vannier le 5 février 2025. Qui est Paul Vannier ? Non, c'est n'est pas le sculpteur d'une statue à Paris, mais simplement un député insoumis élu du Val-d'Oise depuis 2022 avec son cortège de détritus.

    Il faut regarder la date de ce tweet, le 5 février 2025, c'est-à-dire quand les insoumis étaient certains que les socialistes ne voteraient pas leur motion de censure examinée le jour même contre le gouvernement Bayrou. Alors, après les échecs répétés de leurs motions de censure, l'échec de leur tentative de destitution du Président de la République, les insoumis cherchent d'autres moyens : salir de manière odieuse et indigne le Premier Ministre. En faisant quoi ? En laissant dire qu'il serait mouillé dans une affaire de pédocriminalité. C'est dégueulasse !

    Du reste, pourquoi cette "affaire" sortirait-elle seulement en février 2025 alors qu'elle était déjà connue à cause des plaintes de mars 2024, et même en 1998, pour les premières plaintes. Les députés insoumis et les journalistes guidés par je ne sais quel messianisme se sont réveillés juste la veille d'une des motions de censure des insoumis que ceux-ci savaient perdues d'avance. Comme c'est étrange.


    Ce procédé odieux n'est pas nouveau, car le maire de Toulouse Dominique Baudis avait lui-même été accusé à tort dans une sordide affaire de viol et prostitution, à l'époque avec un écho retentissant dans le journal local, "La Dépêche du midi", dont le propriétaire est la famille Baylet connue pour être les rivaux politiques de Dominique Baudis en Haute-Garonne.

    Que dit le tweet de Paul Vannier ? C'est une vidéo en fait, et le député, à grands moulinets, a dit notamment ceci : « C'est probablement la plus grave affaire de pédophilie que notre pays ait connue et tout indique que le Premier Ministre François Bayrou savait et a couvert. ». Que reproche-t-on à François Bayrou ? D'avoir été complice des pédocriminels d'un établissement scolaire catholique, rien que cela ! Avec des mots comme "probablement" et "tout indique" qui montrent le sérieux et la rigueur des accusations.

     
     


    D'ailleurs, beaucoup d'internautes n'étaient pas dupes si l'on en croit les réponses à ce tweet. L'un : « Les hyènes ont trouvé un os à ronger ! ». Un autre : « Et pendant tout ce temps, vous n'avez rien dit ? ». Un troisième : « C'est qui, Paul Vannier ? Il sert à quoi, ce type qui ne cherche que la polémique ? À dégager dès que possible ! ». Un quatrième : « Quand on a rien à béqueter, on fait les poubelles. ». Un cinquième : « Les faits remontent à 1970, Paul Vannier, et ont été dénoncés depuis longtemps ! Qu'est-ce qui vous prend aujourd'hui ? Vous avez l'indignation vachement tardive ! Hier, c'était pas grave ? Vous êtes décidément à vomir ! ». Un autre : « Qu'as-tu dit sur le procès de la pédocriminalité à Angers de 1999 à 2002 ? Pourtant, en 2003, tu étais encore honnête, juste avant ta conversion à la secte d'extrême gauche de Raëlenchon. 62 personnes condamnées pour abus sexuels sur 45 enfants de 6 mois à 12 ans. Ça t'a choqué ? ». Un septième, perspicace, qui a bien compris : « Faire le buzz sans preuves, pour affaiblir un gouvernement le jour d'une motion de censure ; et le faire au nom d'un parti comprenant parmi ses députés plusieurs mis en examen pour des faits réels et non fantasmés ; vous touchez vraiment le fond. ».

    Comme celui-ci : « À quoi fait référence le député Vannier de LFI ? Réponse : à une affaire relayée notamment par BFM RMC en date du 23 avril 2024 (ça ne vient pas de sortir). (…) Pourquoi presque un an plus tard se saisit-il de ce dossier ? Réponse : Ils ont perdu la législative de l'Isère, ils n'ont pas eu la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, ils savent que la motion de censure ne va pas passer, ils commencent à voir que la Palestine va devenir un non-sujet depuis l'élection de Trump, donc, il leur faut impérativement trouver de nouvelles cartouches. (…) Peu leur importe les violences qui ont pu exister et les potentielles victimes, peu leur importe d'intervenir dans une affaire en cours d'instruction. ». Encore un autre : « T'as que ça pour taper sur E. Macron et l'école privé ? T'es tombé bien bas. Et comme par hasard, mais vraiment par hasard, le jour d'une motion de censure... Prends-nous pour des lapins de six semaines. ».

    Il y a quand même, parmi les réponses, aussi quelques tweets de soutien, dont un n'hésitait pas à démolir le Premier Ministre ainsi : « L'Affaire pédocriminelle de l'école catholique Bétharram illustre la cruauté de Bayrou. Une carrière bâtie sur la banalisation de la violence des enfants. ». La "cruauté de Bayrou", rien que cela. J'ai été rassuré en regardant d'où ça venait : « Co-animateur insoumis » ! Je comprends mieux : il y a des personnes qui sont payées à mettre ce genre de tweet matin midi et soir. Les réponses précédentes, en revanche, je doute qu'elles aient été monnayées. Même si certaines ont rappelé un titre du journal "Le Figaro" du 2 octobre 2024, qui n'a pas l'air d'émouvoir le député FI : « Viols avec torture d'une fillette handicapée à Nantes : le suspect est un ancien candidat LFI » (une enfant de 4 ans).


    Mais revenons au fond. Il y a effectivement un véritable scandale dans l'institution Notre-Dame de Bétharram, un collège et lycée qui fait aussi pensionnat et qui a accueilli jusqu'à 600 enfants par an. Plus d'une centaine de plaintes ont été déposées en 2024 pour des faits remontant de 1957 à 2010, les victimes ont été des enfants âgés de 8 à 13 ans, victimes de 26 adultes, enseignants, prêtres ou surveillants, de violences sexuelles voire et de viols. Ce scandale est grave, mais faut-il y mettre un superlatif ? Toujours est-il que pour l'instant, la justice a été saisie et que l'instruction suit son cours, et c'est très bien. Mais de quoi est donc accusé François Bayrou ?

    Alors, reprenons le fil. On accuse François Bayrou simplement d'être né dans la commune voisine de celle où se trouve l'établissement scolaire en question. Bordières est, en effet, tout à côté de Lestelle-Bétharram. Alors, François Bayrou aurait dû savoir ce qui s'est passé dans cet établissement parce qu'il a été un élu du coin, aussi un parent d'élève de cet établissement, puisqu'au moins un de ses enfants, peut-être plus, ont été scolarisés dans ce collège. De plus, c'est un établissement privé, catholique, sous contrat (ce qui signifie qu'il respecte scrupuleusement les programmes de l'Éducation nationale).


    On dit ainsi parfois n'importe quoi, en mélangeant tout. Je vais donc reprendre les mandats de François Bayrou, pour que ce soit clair : il a été élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques, sur le canton de Pau-Sud (qui n'inclut pas Lestelle-Bétharram), de mars 1982 à mars 2008, et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de mars 1992 à mars 2001. Il a été élu député des Pyrénées-Atlantiques de mars 1986 à juin 2012 (où il a été battu), sauf lorsqu'il a été ministre (1993 à 1997) et député européen (1999 à 2002). Entre 1986 et 1988, il n'avait pas de circonscription puisqu'il a été élu à la proportionnelle départementale, mais ensuite, sa circonscription est la deuxième du département et inclut à la fois son canton de Pau-Sud et Lestelle-Bétharram. Il a été élu maire de Pau, mais seulement depuis mars 2014 (c'est très loin des années 1990). Enfin, il a été Ministre de l'Éducation nationale de mars 1993 à juin 1997, puis un mois Ministre de la Justice de mai à juin 2017, et enfin Premier Ministre depuis décembre 2024.

    Les peu-glorieux qui attaquent François Bayrou sur ce scandale multiplient les amalgames et les confusions entre les dates et les faits. Car leur but, c'est de mettre en faute le Premier Ministre, et le premier moyen, c'est de le faire mentir.

    Mais arrêtons-nous sur une série de tweets bien vus du dessinateur Xavier Gorce qui sait aussi bien écrire que dessiner. Il a donné le mode d'emploi de Mediapart : « L'affaire Bayrou ressemble point pour point aux affaires précédentes, orchestrées exactement selon la même stratégie : Mediapart révèle partiellement, le mis en cause réfute en mentant en partie, par légèreté ou surplomb. Et là, le piège se referme, exploité politiquement. ».

    Il a précisé le comment : « Mediapart cible ses attaques sur un maillon faible de l'État : ils ont des dossiers (minces) sur chaque acteur politique et attendent qu'il "monte" à un poste stratégique de pouvoir. Alors, ils sortent les éléments pour ferrer le poisson en flagrant délit de mensonge. ». Le pourquoi : « Le poisson, ils s'en foutent (Edwy s'en fout). La cible, c'est le "système". Voilà ce qu'est l'éthique et la conception du journalisme de Mediapart : un job d'officine idéologique et politique d'agit' prop. ».

     
     


    L'offensive réelle, après un bas-bruit d'une semaine, c'était la séance des questions au gouvernement du mardi 11 février 2025 à l'Assemblée. Le même Paul Vannier était tout fier de poser sa question vache (il l'a retransmise sur Twitter) : « Père d’élèves scolarisés dans l’établissement, époux d’une professeure de Bétharram, président du conseil départemental, vingt ans député de la circonscription, ancien ministre de l’éducation nationale, saisi à de multiples reprises de ces violences, vous avez toujours affirmé n’avoir rien su, rien vu, rien entendu. (…) Et alors que vos fonctions successives vous permettaient de protéger ces enfants, vous avez choisi l’omerta pendant trente ans ! (…) Voulez-vous l’impunité de cet établissement financé sur fonds publics s? Les anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram, que vous avez jusqu’ici choisi d’ignorer, les millions de victimes d’abus sexuels et tous les parents d’élèves de France attendent votre réponse. ».

    En clair, Super-Bayrou aurait dû venir en aide aux millions de victimes de Notre-Dame de Bétharram. Elles sont plutôt au nombre d'un peu plus d'une centaine, et c'est déjà beaucoup trop. Il y a plein d'allusions. Par exemple, "financé sur fonds publics" est vrai et faux : les enseignants sont payés par l'État parce qu'ils enseignent selon la volonté de l'État, mais les bâtiments sont sur fonds privés. De plus, les scandales de pédocriminalité, s'ils ont touché beaucoup d'établissements scolaires catholiques (c'est l'Église elle-même qui a fait l'état des lieux récemment), ils ont aussi touché des établissements scolaires publics et aussi des établissements sportifs, en fait, hélas, tout endroit où des adultes s'occupent d'enfants. Il y a aussi une critique en évoquant l'épouse de François Bayrou, Élisabeth qui a fait du catéchisme dans cet établissement, le plus près de leur résidence principale.

    On a reproché aussi à son épouse d'avoir assisté à l'enterrement d'un prêtre qui s'est avéré être un prédateur sexuel sur les élèves. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il se passait s'il y avait le silence sur ces faits ? À ce compte-là, il faudrait aussi traiter maintenant comme de dangereux criminels tous ceux qui ont assisté aux obsèques de l'abbé Pierre.

    Chacun a le droit de présenter les faits tant qu'il ne tort pas la vérité. Or, ici, il l'a tordue parce qu'il ne comptait que sur la confusion. François Bayrou a répondu simplement et fermement : « J’affirme que je n’ai évidemment jamais, au grand jamais, été informé de quoi que ce soit en matière de violences, a fortiori de violences sexuelles, et j’ai deux preuves à l’appui de mon affirmation. La première, c’est que j’avais déjà quitté le Ministère de l’Éducation nationale depuis des mois, c’est-à-dire en mai 1997, quand les premières plaintes ont été déposées en décembre 1997, puis en 1998. L’autre preuve devrait faire consensus : croyez-vous que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement dont il aurait été dit qu’il s’y passe des choses de cet ordre ? Je peux vous assurer que tout est faux. Une plainte en diffamation sera évidemment déposée. ».


    Le procureur Mediapart, qui est comme un chien qui ne lâche plus sa proie, a fait un titre particulièrement scandaleux : « De nouvelles archives de l'affaire en 1996 prouvent l'implication de François Bayrou » ! Rien que ça, "l'implication" de François Bayrou ! Parlons-en de 1996. Il y a eu une affaire une plainte en avril 1996 sur un enfant qui a reçu une gifle assez forte (tympan brisé) qui a dû se produire l'année précédente. François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale et comme il est le chef de cette administration, il a demandé à ce qu'il y ait une enquête de l'inspection.
     

     
     


    Invité de "Questions politiques" le dimanche 16 février 2025 sur France Inter, le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, par ailleurs vice-président du MoDem, a expliqué : « Lorsque François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale, il y a effectivement eu une gifle qui a été signalée en 1996. Ce qui a conduit à ce qu'un rapport de l'inspection soit rédigé qui dit très clairement, je l'ai lu, qui dit très clairement : "Notre-Dame de Bétharram n'est pas un établissement dans lequel les élèves sont brutalisés". ». C'était probablement un tort, mais c'est le rapport d'inspection qui a conclu cela, pas François Bayrou qui, au contraire, a voulu mettre toute la lumière sur ce signalement.

    Quant aux sévices sexuels et viols, les premiers signalements n'ont été faits qu'à la fin de l'année 1997 et 1998. François Bayrou n'était plus ministre. C'était Claude Allègre qui était aux commandes dans le gouvernement de Lionel Jospin et ce qui a été fait ou pas fait ne peut donc pas être reproché à l'actuel Premier Ministre. C'est ce que dit maintenant l'avocat de la première victime de viol qui a déposé plainte en 1998 : « S'il s'agit de dire qu'il avait connaissance du dossier judiciaire, je comprends qu'il n'en connaissait rien puisqu'il n'avait rien à en connaître. Sinon, on aurait évidemment dénoncé une pression du politique sur le judiciaire. En 1998, François Bayrou n'est plus Ministre de l'Éducation nationale, c'est Claude Allègre, c'est un socialiste. Alors, entendre aujourd'hui la gauche vitupérer sur le silence ou l'inaction du Ministère de l'Éducation nationale, c'est franchement hypocrite. ».

    Mediapart a reproduit une lettre recommandée avec accusé réception signé de François Bayrou pour indiquer qu'il savait ! Mais ce courrier date d'avril 2024, d'il n'y a meme pas un an ! Quand François Bayrou dit qu'il ne savait pas, c'était à l'époque, dans les années 1990. Et d'ailleurs, qu'aurait-il fait s'il avait su ? D'abord, retirer son ou ses enfants de cet établissement. Cela aurait été la première chose à faire. Il ne l'a pas fait.


    Ce n'est pas parce que Mediapart a publié des photos du jeune député Bayrou accompagnant Michèle Alliot-Marie, autre élue du coin, en visite dans cet établissement, que ce serait choquant. Les élus visitent généralement beaucoup d'établissements scolaires au cours de leur mandat, et sont même parfois membres du conseil d'administration de l'établissement. C'est donc toujours facile de prendre un établissement où il y a eu ce genre d'affaire et de retrouver des photos d'élus le visitant auparavant. Sans rien connaître du scandale.

    Le député Paul Vannier a persévéré puisque le lendemain, le mercredi 12 février 2025, avant l'examen de la motion de censure de son clan politique, en opération commandée, il a récidivé avec une nouvelle question au gouvernement sur le même sujet, insultant François Bayrou d'être un menteur : « Monsieur le Premier Ministre, vous avez menti aux députés pour dissimuler que vous aviez connaissance de violences sur enfants, violences que vos responsabilités passées vous imposaient de dénoncer. Le mensonge d’un ministre devant la représentation nationale, a fortiori du premier d’entre eux, est d’une immense gravité. Que votre mensonge porte sur une affaire pédocriminelle ajoute à l’inacceptable. Allez-vous en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission ? ».

    François Bayrou a laissé son Ministre de la Justice, Gérald Darmanin, répondre à sa place et il l'a fait avec précision en rappelant l'essentiel : « Je veux d’abord, en mon nom et au nom du gouvernement, avoir une pensée pour tous ces enfants, quel que soit leur âge, qui, en tant que victimes, méritent mieux que des jeux politiciens. Si nous nous rejoignons tous dans la lutte contre la pédophilie et les violences insupportables faites à nos enfants, je regrette que certains utilisent honteusement ces faits pour régler des comptes politiques. (…) Je rappellerai simplement pour ma part que la lutte contre les violences faites aux enfants est, ainsi que je l’ai moi-même souligné dans la circulaire de politique pénale que j’ai adressée au procureur de la République, une priorité de ce gouvernement, sous l’autorité de M. le Premier Ministre, qui définit la politique pénale. Quant à vous, je vous encourage à rester digne devant la détresse et la violence des cas que vous évoquez. ».

    Paul Vannier s'est permis de rétorquer, puisqu'il avait encore quelques secondes de temps de parole (cela fera des vidéos sur son compte Twitter dont il est si fier), et, non content de réclamer la démission de François Bayrou, il a aussi réclamé la démission du Président Emmanuel Macron : « Monsieur le Premier Ministre, votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’État ! Il engage directement le Président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon. Il donne aux députés une immense responsabilité au moment de voter ou de ne pas voter la censure de votre gouvernement. ». L'excessif est insignifiant... surtout quand ce n'est pas fin et qu'on le voit venir de très loin avec ses gros sabots !

    Opération concertée par les censeurs de l'après-midi, car à la même séance du 12 février 2025, le député écologiste Arnaud Bonnet s'y est mis aussi, en mélangeant tout, comme ceci : « Vous avez été Ministre de l’Éducation nationale, président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, et maire de Pau ; vous disposiez de tous les leviers pour protéger ces enfants et vous auriez choisi de ne pas le faire. ». Le seul levier, on vient de le voir, c'était le ministère, et il n'était plus ministre quand les premières plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées. De plus, il n'était pas maire de Pau en même temps que Ministre de l'Éducation nationale ou que président du conseil général. Tout cela est un foutoir de confusion servant simplement à salir à tort une personnalité. Et de poser sa question : « Monsieur le Premier Ministre, vous nous devez des réponses claires. Si vous avez volontairement gardé le silence sur ces agissements, alors vous devrez démissionner. ». Ces gauchistes voudraient une commission d'enquête sur ce que savait ou pas François Bayrou. En revanche, ils se moquent de savoir combien il y a de victimes, combien d'adultes sont-ils (réellement) impliqués, pendant quelle période. S'il y avait une commission d'enquête parlementaire à former, ce serait évidemment sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram, où subsistent encore des zones d'ombre. Mais il y a déjà une instruction judiciaire en cours.


    La réponse de François Bayrou est restée factuelle : « Dès lors que ce serait au service de la polémique, on serait autorisé à tout dire et à défendre n’importe quel argument. Je l’ai dit hier, mais à l’époque des faits, je n’ai jamais été averti des agissements qui ont donné lieu aux signalements et aux plaintes. La lettre à laquelle vous faites allusion date d’avril 2024, alors que les faits en question remontent aux années 1990. J’affirme que je n’ai pas eu la moindre information, sinon, comme je l’ai déjà dit, croyez-vous vraiment que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement sur lequel pesaient de tels soupçons ? Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet. ».

     

     
     


    François Bayrou a finalement réagi de la meilleure manière. Répondre et répondre serait inutile, un peu comme les polémiques dans les réseaux sociaux avec des trolls. Les uns ont tout leur temps pour faire cela, puisqu'ils se moquent de l'intérêt des Français et en particulier des victimes bien réelles de Notre-Dame de Bétharram, et le Premier Ministre, en revanche, ne peut pas passer son temps à polémiquer sur les réseaux sociaux ou dans les chaînes d'information continue parce qu'il a un État à gérer et à réformer.

    Il a donc fait la seule chose qu'il fallait faire et il l'a fait ce samedi 15 février 2025 à la mairie de Pau. Il a fait venir les victimes pour les écouter pendant trois heures. On peut lui reprocher d'avoir attendu quelques jours, mais ceux qui le lui reprochent lui ont aussi collé cinq motions de censure en deux semaines et auraient été les premiers mécontents si le Premier Ministre s'était absenté pour aller à Pau. Il a attendu donc le week-end pour aller à la rencontre des victimes de Notre-Dame de Bétharram, leur apporter tout son soutien et leur assurer que le gouvernement ferait tout ce qu'il a en son pouvoir pour les défendre (par exemple, renforcer le parquet de Pau pour instruire rapidement les 112 dépôts de plaintes).

    Ces témoignages ont manifestement secoué le Premier Ministre : « C'était bouleversant, purement et simplement l'expression de la vérité de vie, dont toutes ont été atteintes, dont certaines sans doute ont été brisées par des actes de violences intolérables, et hélas d'agressions sexuelles abominables. c'est une expérience à laquelle je veux apporter mon soutien, et prendre des décisions qui vont dans ce sens. ». Et toujours devant les victimes : « Est-ce qu'on aurait dû s'en apercevoir à l'époque ? À coup sûr. J'ai dit que je ne savais pas. Je savais pour cette plainte qui avait été posée pour une claque. J'ai demandé une inspection, et je ne savais pas ce qu'il s'était passé. ».


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (16 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Paul Vannier.
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    La vérité nous rendra libres.
    Abus sexuels : l’Église reconnaît sa responsabilité institutionnelle.
    Legs et indécence.
    Secret de la confession et lois de la République.
    Abus sexuels dans l’Église : honte, effroi et pardon !
    Rapport de Jean-Marc Sauvé remis le 5 octobre 2021 sur la pédocriminalité dans l’Église (à télécharger).
    Présentation du rapport Sauvé le 5 octobre 2021 (vidéo).
    Discours du pape François le 24 février 2019 au Vatican (texte intégral).
    La protection des mineurs dans l’Église.
    Protection des mineurs (2) : pas d’imprescriptibilité pour la pédocriminalité.
    Protection des mineurs (1) : 15 ans, âge minimal du consentement sexuel ?
    La faute de Mgr Jacques Gaillot.
    Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
    Mgr Barbarin : le vent du boulet.
    Pédophilie dans l’Église catholique : la décision lourde de Lourdes.
    Mgr Barbarin : une condamnation qui remet les pendules à l’heure.
    Pédophilie dans l’Église : le pape François pour la tolérance zéro.
    Le pape François demande pardon pour les abus sexuels dans l’Église.
    Le pape François en lutte contre la culture de l’étiquette et de la médisance.

     



     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250205-paul-vannier.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/17/article-sr-20250205-paul-vannier.html


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  • Jour J de joie pour Serge Atlaoui !

    « Plus rien ne se dresse entre Serge Atlaoui et le peloton d'exécution. Le recours de ce Français , condamné à mort pour trafic de drogue, a été rejeté mardi [21 avril 2015] par la Cour suprême indonésienne. Il pourrait être fusillé dans les prochaines semaines. » ("Paris Match" du 22 avril 2015).



     

     
     


    Cette dépêche AFP publiée par la plupart des journaux date d'un peu moins de dix ans. C'était dire si le destin du Français Serge Atlaoui était précaire. En l'occurrence, son nom était inscrit pour la deuxième vague d'exécutions qui devait avoir lieu quelques jours plus tard. Par miracle, son nom et celui de la Philippine Mary Jane Veloso ont été retirés in extremis. Les huit autres non, ils ont été fusillés le 29 avril 2015.

    Le 2 avril 2015, Sabine Atlaoui, l'épouse du condamné, a expliqué à "Paris Match" : « Cela fait neuf ans que l’on se bat pour que la vérité soit reconnue. Que l’on a fait tout ce qu’il fallait correctement, respectant la justice indonésienne (…). Serge a d’abord été considéré comme simple ouvrier, et condamné à la perpétuité. Puis la cour de cassation l’a considéré comme un chef de réseau, chimiste, et condamné à être fusillé. Pourtant, dès le premier procès, on a fourni tous les documents démontrant qu’il n’était pas un baron de la drogue, que nous étions une famille normale, avec un travail etc. (…) Tout est là depuis le début ! ».
     

     
     


    Sabine Atlaoui, qui, cette année-là (début 2015), a eu dans ses bras la mère de Myuran Sukumaran, l’Australien, exécuté le 29 avril 2015, comme sept autres condamnés, s'est confiée le 29 avril 2016 au "Dauphiné libéré" : « Sa peur est là, constante. Je sais que le jour J [aujourd’hui], ça va être dur pour lui. Il y a vécu les adieux avec les autres condamnés à l’époque. J’ai ressenti moi-même ce vide une première fois car Kiem Ho [le Néerlandais] et Marco Cardoso [le Brésilien] ont été exécutés en janvier 2015. Quand je suis arrivée en mars [2015], ils manquaient déjà beaucoup à Serge. Ensuite, après la deuxième vague, Serge s’est senti coupable d’être en vie. Je ne pense pas qu’il supporterait de revivre un tel compte à rebours, même s’il est fort et courageux. Psychologiquement, il a été détruit. (…) Depuis sa condamnation à mort en 2007, il peut lui arriver n’importe quoi n’importe quand. L’urgence, vous la comprendrez, quand je sauterai dans le premier avion pour l’Indonésie. ».
     

     
     


    Cent dix-huit mois plus tard, la situation a complètement changé. Ce qui a débloqué les choses, c'est le changement de Président de la République d'Indonésie. Le nouveau a accepté le transfert de Serge Atlaoui, demandé par la France le 4 novembre 2024 et finalisé par un accord diplomatique signé le 24 janvier 2025 par le Ministre français de la Justice Gérald Darmanin et son homologue indonésien.

    Dans l'accord, l'Indonésie a confirmé qu'elle ne souhaitait pas exécuter le Français et qu'elle autorisait son retour pour « raisons humanitaires » car il est malade. En outre, l'Indonésie laisse la France la possibilité de « sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine ». Les modalités de l'accord n'ont pas toutes été rendues publiques.

    Serge Atlaoui est incarcéré depuis le 11 novembre 2005, soit plus de dix-neuf ans (plus de 7 000 jours !). Depuis quelques jours, il prépare calmement ses bagages pour son départ tant attendu de sa prison de Jakarta. Il a distribué ses ustensiles de cuisine à d'autres détenus. Il sera accompagné de policiers français pour aller à l'aéroport indonésien. Ce qu'il redoute le plus serait de croiser la meute de journalistes indonésiens. Son avion décollera de Jakarta ce mardi 4 février 2025 dans la soirée et il devrait atteindre Paris le mercredi 5 février 2025 dans la matinée. Son épouse Sabine l'accueillera... mais à l'aéroport.

     

     
     


    Ce sera alors la fin de son cauchemar indonésien. Pas forcément la fin de sa trajectoire carcérale. En effet, son avocat français Richard Sédillot a expliqué : « Il sera ensuite conduit à Bobigny et présenté au parquet puis placé en détention. (…) Nous interviendrons devant le tribunal compétent qui statuera sur l’adaptation de la peine et nous demanderons qu’une adaptation permette sa mise en liberté. ».

    Serge Atlaoui fait preuve, depuis ces dix-neuf ans, d'une sérénité à toute épreuve. Pour ces quelques jours qu'il lui restait avant d'être rapatrié en France, il expliquait à ses proches : « J'ai échappé au peloton d'exécution, j'ai survécu à deux cancers, je peux bien attendre quelques jours encore ! ». Effectivement, il a été opéré de deux tumeurs au cou et vient de terminer une radiothérapie. Je lui souhaite un agréable voyage.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (03 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Jour J de joie pour Serge Atlaoui !
    Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025.
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?

     

     
     



     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250204-serge-atlaoui.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/jour-j-de-joie-pour-serge-atlaoui-259080

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/03/article-sr-20250204-serge-atlaoui.html



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  • Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025

    « L'horreur spécifique au quartier des condamnés à mort, c'est de s'y voir mourir un peu plus chaque jour. L'attente vous tue. Vous logez dans une cage et, lorsque vous vous réveillez pour cocher un nouveau jour, vous vous dites que la mort s'est encore rapprochée de vingt-quatre heures. » (John Grisham, 1994).




     

     
     


    Dans la montagne de mauvaises nouvelles dont les médias nous abreuvent matin midi et soir, il est déjà des matins heureux. C'est le cas pour ce vendredi 24 janvier 2025 qui voit se dénouer une histoire particulièrement angoissante depuis dix-sept ans. Un accord a été conclu entre la France et l'Indonésie pour le transfert du Français Serge Atlaoui vers la France.

    Serge Atlaoui, 61 ans, j'ai déjà évoqué plusieurs fois cette personne qui, pour avoir succombé à la tentation d'un job bien payé (l'histoire a montré qu'il n'en a rien été et qu'il s'est fait arnaquer), a accepté, en raison de ses difficultés financières, de travailler au noir à Jakarta. Mauvaise pioche puisqu'au-delà de l'arnaque, il assurait la maintenance d'un atelier de transformation chimique servant aux trafiquants de drogue. Arrêté le 11 novembre 2005, il a d'abord été condamné à la réclusion à perpétuité, puis le recours à la Cour suprême a rendu la peine encore plus sévère puisqu'il a été condamné à mort en 2007. Dès lors, il devait s'attendre à tout moment à être fusillé dans un peloton d'exécution, comme lors ce sinistre mois d'avril 2015, il y a presque dix ans, où son nom et celui de la jeune mère de famille philippine Mary Jane Veloso ont été retirés in extremis de la série d'exécution.

    Ferme partisan de l'abolition de la peine de mort, j'ai été alerté très tôt (vers 2008) de la situation terrible de Serge Atlaoui qui, oui, a fait une grosse bêtise, qu'il a déjà bien payée avec dix-neuf années d'incarcération, mais qui a toujours rejeté les accusations portées contre lui de trafiquant de drogue (il a été surnommé injustement par les juges "le chimiste" alors qu'il est soudeur).

    Et j'ai été frappé par l'extraordinaire sérénité de l'homme : voici un homme qui est condamné à mort dans un pays où l'on a interrompu le moratoire sur les exécutions pour des raisons purement politiciennes et démagogiques, qui vient d'exécuter une série de condamnés étrangers et indonésiens, et qui est allé au bout de tous les recours juridiques possibles, et malgré tout, il affichait un visage apparemment serein, comme s'il était juste ennuyé, comme quand vous avez une panne et que vous attendez la dépanneuse au bord de la route. En l'occurrence, la dépanneuse, c'est aujourd'hui le gouvernement français et le nouveau Président indonésien, qui ont conclu un accord pour permettre à Serge Atlaoui de revenir en France.


    Cette sérénité n'était pas feinte. Il a toujours gardé espoir. Il a toujours pu communiquer avec sa famille, ses quatre enfants, sa femme qu'il a épousée en prison et même un enfant est né pendant qu'il était en prison. Il est alors un "bon" prisonnier, un prisonnier modèle, qui a rénové voire reconstruit tout le réseau d'eau de la prison, et même, il a formé d'autres personnes pour en faire la maintenance. J'imagine qu'il doit être apprécié tant de ses codétenus que de ses surveillants. Il avait réussi à aménager une petite vie, faisant la cuisine, bricolant quelques trucs, réparant la charpente, etc. alors qu'il pouvait s'attendre à une exécution imminente (dans les quarante-huit heures) à tout moment.

    Son avocat français Richard Sédillot, qui continuera à l'assister juridiquement lorsqu'il sera en France, l'a constaté : « [Serge Atlaoui] est assez exceptionnel, il a toujours fait preuve d'une résilience qui force le respect. ».

    Ce 24 janvier 2025, Yusril Ihza Mahendra, le Ministre chargé des Affaires juridiques et des Droits humains indonésien, a tenu une conférence de presse aux côtés de l'ambassadeur de France en Indonésie, Fabien Penone, pour annoncer que Serge Atlaoui retournerait en France le 4 février 2025, « comme requis par le gouvernement français ». C'est le Ministre de la Justice français Gérald Darmanin qui a signé, depuis Paris, le protocole d'accord avec son homologue indonésien, au cours d'une visioconférence. Les détails du rapatriement et le sort de Serge Atlaoui en France ont été précisés.

    La signature aurait dû intervenir mercredi 22 janvier 2025, puis elle a été reportée à jeudi 23, mais elle n'a pu se faire finalement que le vendredi 24 janvier. Yusril Ihza Mahendra a affirmé : « Nous venons de signer un accord technique entre le gouvernement indonésien et la République française (…) pour transférer un citoyen français du nom de Serge Atlaoui. ». L'ambassadeur français l'a remercié « infiniment » au nom de la France.

    Le sort de Serge Atlaoui une fois arrivé sur le sol français n'a pas été dévoilé. L'Indonésie a accepté que ce soit la France qui déciderait désormais de son sort, que ce soit pour une grâce ou pour une peine de trente ans de prison. Dans tous les cas, cela se fera conformément à la législation française (ce qui signifie que Serge Atlaoui ne craindra évidemment plus la peine de mort).


     

     
     


    La France avait envoyé très officiellement une demande de rapatriement à l'Indonésie le 19 décembre 2024. La France avait demandé un « retour immédiat » en raison de « la détérioration de [son] état de santé ». En effet, Serge Atlaoui a suivi un traitement dans un hôpital de Jakarta chaque semaine.

    Dans le même cas que lui, Mary Jane Veloso a pu regagner son pays, les Philippines, le 18 décembre 2024 grâce à un accord entre les Philippines et l'Indonésie. Cinq Australiens condamnés (à la réclusion à perpétuité) ont aussi été renvoyés dans leur pays le 15 décembre 2024 (les derniers d'un gang de neuf trafiquants de drogue australiens).

    L'Indonésie est particulièrement sévère contre les trafiquants de drogue, sa législation est même l'une des plus sévères du monde en raison des dégâts que fait la drogue sur la population. Actuellement, 530 personnes ont été condamnés à mort et vivent dans les prisons indonésiennes, dans l'attente de leur exécution, dont plus de 90 étrangers (dont une femme), selon le Ministère de l’Immigration et des Services correctionnels indonésien.

    Pourquoi un tel changement après dix-sept ans de cauchemar ? Selon un média australien, l'actuel Président indonésien Prabowo Subianto (ancien général qui n'a jamais été inquiété pour avoir supervisé les répressions sanglantes du régime de son beau-père, Suharto, au pouvoir du 11 mars 1966 au 21 mai 1998), arrivé démocratiquement au pourvoir le 20 octobre 2024 (élu le 14 février 2024 dès le premier tour avec 58,6% des voix), avait conditionné son soutien à son prédécesseur Joko Widodo en 2015 à « ne pas exécuter de ressortissant d'un pays ami », en particulier Serge Atlaoui. Pradowo Subianto est devenu le 23 octobre 2019 le Ministre de la Défense du Président Joko Widodo avant de lui succéder à la Présidence indonésienne, en prenant comme Vice-Président Gibran Rakabuming Raka, c'est-à-dire (comme son nom ne l'indique pas !), le propre fils aîné de Joko Widodo.

    Cela nécessiterait certainement un peu plus d'investigation journalistique de la part de la presse française. Pradowo Subianto a été reçu à Paris avec les honneurs de la République française par son homologue Florence Parly le 13 janvier 2020 lorsqu'il était Ministre de la Défense. Ce dernier a annoncé plus tard, le 10 février 2022, l'achat à la France, par l'Indonésie, de 42 avions de combat Rafale pour la somme de 5,7 milliards d'euros dans le cadre d'un programme d'achat à la France de 108 milliards d'euros à moyen terme.

    Selon l'AFP, une "source proche du dossier, souhaitant rester anonyme", a confirmé l'intervention de Prabowo Subianto pour suspendre l'exécution de Serge Atlaoui, mais le porte-parole de la Présidence a refusé de confirmer. L'action diplomatique de la France a été aussi un moteur non négligeable dans cette non-exécution.

    Selon Ensemble contre la peine de mort (ECPM), en plus de Serge Atlaoui, au moins quatre autres citoyens français ont été condamnés à mort et sont détenus dans un pays étranger, une femme en Algérie, deux hommes au Maroc et un homme en Chine. J'espère que la France réussira avec autant de succès à les rapatrier.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (24 janvier 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Soulagement pour Serge Atlaoui de retour en France le 4 février 2025.
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Majid Kavousifar.
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?

     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250124-serge-atlaoui.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/soulagement-pour-serge-atlaoui-de-258880

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  • Méfiez-vous du péage par smartphone sur les autoroutes !

    « La modernité se définit comme un progrès décisif de la conscience de soi. » (Étienne Borne, 1988 dans la revue démocrate-chrétienne "France-Forum").


     

     
     


    Le paiement par smartphone (téléphone portable) est de plus en plus répandu, en France notamment : près de 36% des Français l'utilisent, et 48% des Franciliens selon une enquête d'OpinonWay pour Lyf réalisée en février 2024. Cela consiste à payer sans contact avec une application (Google Wallet ou Apple Pay), ce qui a l'avantage de ne plus utiliser de carte bancaire ni d'espèce.

    Mais ce type de paiement a un gros défaut : il peut vous faire verbaliser par les forces de l'ordre si vous payez de cette manière le péage d'une autoroute. C'est en tout cas ce qui est arrivé à un "influenceur", comme on dit, de TikTok, du nom de "s4iintt", qui a raconté le 16 janvier 2025 sa mésaventure dans une vidéo sur ce réseau social qui a été vue par près de 5 millions internautes. Le jeune homme de 21 ans revenait des Pays-Bas et sur un péage de l'autoroute A10, il a eu une surprise : « J’arrive à un péage, c’était 25,90 euros, je sors mon téléphone, je paye en Apple Pay et, et instantanément, gyrophare, moto… ».

    On l'a verbalisé d'une amende de 90 euros (celle de 135 euros forfaitaire) et de trois points du permis de conduire. Il a protesté : « Mais monsieur j’étais à l’arrêt j’ai juste payé avec mon téléphone ! ». Après la polémique qu'il a entraînée dans les réseaux sociaux, des avocats ont été interrogés par la presse et ont tous répondu que la loi verbalisait bien l'utilisation du téléphone portable lorsqu'on est au volant.

    Un autre "influenceur" de TikTok, Masdak, suivi par 3 millions d'abonnés, a repris aussi cette histoire en affirmant : « Au péage, vous êtes sur une voie d'autoroute, votre véhicule est toujours considéré en état de circulation, une amende forfaitaire de 135 euros et un retrait de trois points du permis de conduire. ».

    En effet, l'article R412-6-1 du code de la route précise bien : « L’usage d’un téléphone tenu en main par le conducteur d’un véhicule en circulation est interdit. ». Aux yeux de la loi, un véhicule qui s'est arrêté pour payer à un péage d'autoroute est toujours en circulation : « Je suis en circulation n’étant ni à l’arrêt, ni en stationnement. », a ainsi expliqué maître Rémy Josseaume le 20 janvier 2025 pour "Le Figaro" (il a aussi été interviewé le 21 janvier 2025 par "Le Parisien"). Le conducteur doit rapidement se dégager pour laisser la place à d'autres véhicules. L'avocat a considéré que la verbalisation était juridiquement justifiée et qu'il serait difficile, le cas échéant, de contester la sanction.

    Du reste, selon des internautes, le site Internet de Vinci Autoroutes a discrètement retiré il y a six jours la mention « ou autre objet connecté » dans sa partie sur le paiement sans contact. Effectivement, il était précisé alors : « À l'aide de votre carte bancaire, mais aussi de votre téléphone, de votre montre ou de tout autre objet connecté, payez votre péage de façon simple et sécurisé. ».
     

     
     


    Un automobiliste qui payerait son achat avec son smartphone dans le drive d'un fast-food, au volant de son véhicule avec le moteur en marche, s'exposerait à la même amende, ce qui est logique.

    Le plus étonnant, c'est que le Président de la République a eu vent de la polémique et a réagi le 22 janvier 2025 par une vidéo sur le même réseau, TikTok. Emmanuel Macron a déclaré : « Je crois qu'en 2025, on doit pouvoir payer au péage avec son téléphone. Donc, j'ai passé le dossier au Ministre de l'Intérieur et on va collectivement régler ça ! ». Une affaire rondement menée !

    Faut-il mobiliser le sommet de l'État pour résoudre cette affaire ? Le discernement ne pourrait-il pas simplement suffire aux forces de l'ordre lorsque l'utilisation du téléphone portable pour payer un péage ne mettrait pas en cause la sécurité de la conduite automobile ? Faudra-t-il légiférer pour donner quelques exceptions à cet article du code de la route ?


    C'est évident que la numérisation à outrance de notre vie quotidienne nécessite des aménagements dans notre législation et réglementation. On aurait pu penser que le simple bon sens suffise pour ce genre de chose. Les accros du Macron bashing ne se priveront pas de dénigrer le Président de la République pour avoir voulu s'occuper de ce petit problème posé par un jeune internaute (alors qu'il y a plein d'autres gros problèmes à résoudre). La réalité, c'est que les mêmes le dénigrent parce qu'il n'écouterait pas le peuple. Il faudrait savoir...


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (22 janvier 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Méfiez-vous du péage par smartphone sur les autoroutes !
    5 ans de prison dont 2 ferme pour Pierre Palmade.
    Tristesse.
    Contrôle médical obligatoire pour le permis de conduire : une erreur de vision ?
    Émotion nationale pour Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
    Claude Got.
    Création du délit d'homicide routier : seulement cosmétique ?
    Le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) du lundi 17 juillet 2023.
    Le refus d'obtempérer est un délit routier.
    Faut-il interdire aux insomniaques de conduire ?
    Faut-il en finir avec le permis de conduire à vie ?
    L'avenir du périph' parisien en question.
    Fin du retrait de point pour les "petits" excès de vitesse : est-ce bien raisonnable ?
    Les trottinettes à Paris.
    L'accident de Pierre Palmade.
    La sécurité des personnes.
    Anne Heche.
    Diana Spencer.
    100 ans de code de la route.
    80 km/h : le bilan 2018-2020 très positif.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250122-peage-smartphone.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/mefiez-vous-du-peage-par-258857

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/01/23/article-sr-20250122-peage-smartphone.html



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  • L'espoir justifié de Serge Atlaoui

    « L’espoir, c’est la différence entre la vie et la mort. » (Serge Atlaoui, le 14 mars 2015 dans "L'Est républicain").




     

     
     


    Imaginez-vous dans la précarité, mais vous avez une compétence technique. Vous êtes ouvrier soudeur et on vous propose un salaire d'ingénieur pour quelques années de travail à l'étranger. Vous ne dites pas non. Vous savez que c'est certainement une magouille, mais vous ne savez vraiment pas dans quelle mare à emm@rdements vous allez plonger. Messin (habitant de Metz, ou proche banlieue), vous faites le voyage pour l'Indonésie. On vous colle à un poste d'usine dans un atelier. Votre job, c'est de faire de la maintenance et réparer des machines qui font de la transformation chimique. Vous ne connaissez rien à la chimie, mais vous, vous connaissez les machines. Vous croyez avoir trouvé le Graal, même si vous savez que c'est du travail dissimulé, et vous vous projetez quelques années plus tard, de retour en France, pour pouvoir vivre un peu plus décemment avec vos économies.

    L'ennui, c'est que la police indonésienne a fait irruption dans l'atelier, et vous êtes arrêté avec vos collègues. Pas de chance : vous seriez déjà parti si le chauffeur était là ! Vous découvrez que ce n'est pas une fabrique de plastique mais un atelier de transformation de drogue. Vous êtes peut-être naïf, mais on ne vous croit pas. En Indonésie, on ne rigole pas avec le trafic de drogue. Vous êtes d'abord condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, vous arrivez à faire appel, rebelote, re-recours, et la cour suprême vous condamne définitivement à mort. Huit années plus tard, votre nom est inscrit sur la liste des prochains exécutés.

    Entre-temps, un nouveau Président indonésien, dit "plus libéral", c'est-à-dire plus ouvert au monde, comprendre, plus ouvert commercialement au monde, a stoppé le moratoire sur les exécutions pour montrer sa détermination de lutter contre les narcotrafiquants. Trois séries d'exécutions ont lieu : en janvier 2015, avril 2015 et juillet 2016. Finalement, vous échappez in extremis à la deuxième série. La troisième série conclut un intense débat parlementaire en France sur une loi pour la transition écologique : votre vie est épargnée grâce aux zélés lobbyistes indonésiens qui ont réussi à éviter l'interdiction ou la surtaxation des produits à base d'huile de palme. Il faut dire que l'exportation d'huile de palme est essentielle pour l'économie de l'Indonésie.

    Mais vous ne perdez pas espoir. Chaque jour, depuis dix-sept ans, vous pouvez apprendre que vous allez être fusillé dans quelques heures, mais vous ne perdez pas espoir. Vous vous êtes même marié en prison, on vous soutient, votre famille, votre frère, votre épouse, font tout en leur pouvoir pour vous aider, psychologiquement autant que judiciairement. Bien sûr, c'est plutôt sur les relations diplomatiques que cela devrait se négocier, mais avec Joko Widodo, pas question de mélanger diplomatie et justice, diplomatie et lutte contre la drogue qui est un énorme fléau en Asie du Sud, qui tue des milliers de personnes. Vous gardez espoir car vous avez confiance en la France et à son soutien qui est total.


    Cette vie, heureux lecteurs, vous ne l'avez pas vécue, vous êtes au chaud dans votre fauteuil en train de me lire simplement. Vous pensez au prochain repas, peut-être au réveillon de la nouvelle année qui se précise... ou pas, qu'importe, mais vous n'êtes pas Serge Atlaoui, maintenant 61 ans, qui vit ce véritable cauchemar depuis dix-neuf ans. Oui, il a fauté, mais la mort n'est pas une sentence juste pour du travail au noir, dans son esprit. Coupable et victime d'un système. Qui n'a jamais dissuadé les trafiquants de drogue, car il n'y a jamais autant de trafiquants de drogue depuis le retour des exécutions en Indonésie.
     

     
     


    Heureusement, depuis le 20 octobre 2024, Joko Widodo a terminé son second mandat. Comme en France, on ne peut pas, en Indonésie, faire plus de deux mandats successifs. Il a laissé place à un autre Président, Prabowo Subianto, soutenu par son prédécesseur, mais qui a une autre vision des droits de l'homme.

    Et il l'a prouvé juste avant Noël, car Serge Atlaoui a eu une compagne d'infortune, elle va avoir 40 ans en janvier et est Philippine. Elle a été, elle aussi, piégée par des recruteurs d'un trafic de drogue, plus simplement, comme "mule" et elle a été arrêtée en train de transporter plus de deux kilogrammes de drogue. Elle aussi recherchait un emploi et de l'argent (deux enfants à nourrir), elle aussi a été condamnée à mort, elle aussi a vu son nom inscrit sur la liste de la deuxième série des exécutions, et elle aussi, in extremis, elle a vu son nom finalement retiré. Pas par bonté d'âme, simplement parce qu'elle devait témoigner contre sa recruteuse qui venait d'être arrêtée. Mary Jane Veloso a été libérée... pas vraiment, elle vient d'être transférée le mercredi 18 décembre 2024 dans une prison philippine. Elle a retrouvé les siens et son pays pour Noël. Son calvaire est terminé. L'Indonésie a déjà annoncé qu'elle se moquerait si les Philippines décidaient de la libérer ensuite.

    Serge Atlaoui se retrouve aujourd'hui dans le même cas que Mary Jane Veloso, avec un peu de retard. J'avais évoqué l'information de source judiciaire indonésienne du 29 novembre 2024 selon laquelle la France, par une lettre de Didier Migaud, avait demandé le 4 novembre 2024 le transfert de son ressortissant. Apparemment, l'Indonésie est un pays avec la même bureaucratie qu'en France : la France a reçu le dossier à remplir et la France a désormais rempli son dossier de demande très officielle, selon les déclarations du gouvernement indonésien.

    En effet, Yusril Ihza Mahendra, le Ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des Droits humains, a déclaré à l'AFP, ce samedi 28 décembre 2024 très tôt dans la matinée : « Nous avons reçu une lettre officielle demandant le transfert de Serge Atlaoui le 19 décembre. La lettre a été envoyée au nom du Ministre français de la Justice. » (c'est-à-dire, au nom de Gérald Darmanin).

    Comme l'a rapporté la chaîne CNews, la vie ne tient parfois qu'à quelques fils : « L'artisan soudeur venu de Metz (Moselle) et père de quatre enfants, s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue. Mais alors que faisait Serge Atlaoui dans cette usine, le jour de son arrestation ? D'après ce dernier, il ne faisait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. En février 2015, il évoquait par les mots suivants l'opération de police. "Le 11 novembre 2005, jour de mon arrestation, je devais m'en aller, mais le chauffeur était déjà parti. La poisse ! J'ai nettoyé mes outils, et ils sont arrivés". ».
     

     
     


    Les déclarations du ministre indonésien sont évidemment rassurantes et justifient de garder espoir. Malheureusement, le dossier de demande ne sera pas examiné avant le début de l'année 2025 : « Dans la mesure où nous sommes en fin d’année, nous discuterons du contenu de la lettre début janvier. ». Serge Atlaoui ne bénéficiera donc pas, au contraire de Mary Jane Veloso, d'une divine surprise de Noël ou du Nouvel an.


    Dans un entretien exceptionnel qu'il avait accordé le 14 mars 2015 à Alain Morvan pour le quotidien "L'Est républicain" (il a parlé du poste téléphonique de sa prison indonésienne), à l'époque, la justice indonésienne venait de rejeter son ultime recours et il était question de l'exécuter dans les semaines à venir, Serge Atlaoui avait rappelé les circonstances de son malheur : « Je crois que tout le monde a le droit d’avoir une seconde chance dans sa vie. C’est ce que je leur demande. Oui, j’ai demandé ma grâce et le pardon pour ce que j’ai fait, mais je ne peux pas demander le pardon pour ce dont on m’accuse, c’est différent. (…) Moi, j’avais confiance dans celui, décédé depuis de maladie, qui m’a proposé le job. J’ai installé les machines d’acrylique, mais les Chinois de la bande, je ne connaissais rien d’eux. On a tous été stupéfaits quand les policiers ont sorti toute cette drogue [dont 290 kilogrammes de kétamine]. Personne n’était au courant. (…) Les juges ont changé complètement mon rôle. En première instance et en appel, ils m’avaient accordé ces circonstances. Pour la cour suprême, je suis passé de technicien à chimiste. (…) Lors de la reconstitution par la police, on voit bien que je ne suis qu’un ouvrier. Moi, j’ai jamais manipulé les substances chimiques. Et puis je n’étais pas très souvent là. Je restais en stand-by dans l’appartement de Jakarta et quand on avait besoin de moi, on envoyait un chauffeur me chercher. Tout ça, les témoins l’ont dit. ».

     

     
     


    Malgré tout, malgré la condamnation à mort, malgré le rejet du recours ultime, malgré les rumeurs qui annonçaient à l'époque son exécution prochaine, Serge Atlaoui, qui avait connu un Brésilien et un Néerlandais qui ont été exécutés le 18 janvier 2015, n'avait jamais perdu espoir, et, avec sa femme Sabine, c'était sans doute cela qui l'a fait vivre : « Ça doit être un peu pareil partout. Le quotidien, quoi ! On a nos occupations, la cuisine, lire, faire du sport. Évidemment, tous ceux qui sont dans le couloir de la mort, ça leur reste dans la tête aussi. On pense qu’un jour on va venir vous chercher. Un bruit de clef dans le couloir, la nuit, et puis voilà. On sait très bien ce que ça veut dire… (…) Au sein de la prison, j’utilise mes connaissances techniques pour qu’on ait de l’eau propre, j’ai tout remis à neuf, les conduites. Je m’occupe de la maintenance, je répare les pompes, je nettoie les cuves. J’ai formé un Indonésien pour le faire. ».

    S'il y a bien une personne à qui il faut souhaiter une bonne année 2025, c'est bien Serge Atlaoui. Tout mon soutien à lui et sa famille, le calvaire est en passe de bientôt s'arrêter. Heureusement.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (28 décembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'espoir justifié de Serge Atlaoui.
    Cadeau de Noël pour Mary Jane Veloso.
    Enfin une bonne nouvelle pour Serge Atlaoui ?
    Varisha Moradi.
    7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
    Une lueur d’espoir pour Serge Atlaoui ?
    Taxe Nutella : Serge Atlaoui, otage de l’huile de palme ?
    Vives inquiétudes pour Mary Jane Veloso.
    Le cauchemar de Serge Atlaoui.
    Peine de mort pour les djihadistes français ?

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241228-serge-atlaoui.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/l-espoir-justifie-de-serge-atlaoui-258381

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/28/article-sr-20241228-serge-atlaoui.html