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religion

  • Mgr Jean-Marc Aveline, nouveau porte-voix des évêques de France

    « Ce que je sens, c'est que Marseille est plus qu'une ville, c'est un message. Dans toute identité, il y a toujours une part d'altérité. Et c'est grâce à ça qu'on peut être accueillant à l'autre. » (Mgr Aveline, le 17 septembre 2023 sur France Bleu Marseille).



     

     
     


    Ce mercredi 2 avril 2025, la Conférence des évêques de France (CEF) s'est désigné un nouveau président en la personne de Mgr Jean-Marc Aveline. Son prédécesseur, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims depuis le 18 août 2018 et élu président de la CEF depuis le 3 avril 2019, avait annoncé son retrait le 24 mars 2025 au terme de deux mandats de trois ans. Mgr Jean-Marc Aveline prendra ses fonctions le 1er juillet 2025. Les deux vice-présidents de la CEF sont élus jeudi matin.

    Éric de Moulins-Beaufort aurait sans doute été un bon président des évêques en période ordinaire, c'est-à-dire lorsqu'il y a à réfléchir et à faire évoluer l'Église de France. Mais son mandat n'a pas été de tout repos, car en pleine crise très grave, accablante, des prêtres ayant commis durablement des faits de pédocriminalité.

    Même si c'est bien l'Église de France qui a été à l'origine du fameux rapport Sauvé (commandé le 8 février 2019 par son prédécesseur, Mgr Georges Pontier, alors archevêque de Marseille) sur les nombreux abus sexuels sur mineurs et sur les personnes vulnérables dans l'Église catholique de France depuis les années 1950, 2 500 pages présentées le 5 octobre 2021, c'est bien Éric de Moulins-Beaufort qui a dû gérer tout le service après-vente de ce rapport, et, disons-le, plutôt mal malgré sa détermination sincère, avec plein de maladresses sans prendre réellement la mesure de ce gigantesque scandale dans l'esprit des victimes. La dernière affaire levée sur les agressions sexuelles et les violences à Notre-Dame de Bétharram ainsi que dans d'autres établissements scolaires catholiques ont sans doute rendu nécessaire l'arrivée d'un autre visage médiatique, plus compassionnel et plus chaleureux.

    Qui est Mgr Jean-Marc Aveline ? J'aurais tendance à dire un homme qui monte ! En fait, l'Église de France a eu, depuis plusieurs décennies, un problème de représentation auprès de la société française. Les plus anciens ont connu Mgr Albert Decourtray (archevêque de Lyon) et Mgr Jean-Marie Lustiger (archevêque de Paris), qui étaient de très grandes pointures intellectuelles, religieuses mais aussi médiatiques (comme Jean-Paul II). Ils étaient même invités régulièrement dans l'émission politique phare, "L'Heure de Vérité" sur Antenne 2. Encore auparavant, il y a eu Mgr Jean Vilnet et Mgr François Marty. Mais après les cardinaux Lustiger et Decourtray, peu de responsables catholiques ont véritablement émergé dans la société française (à part Mgr Philippe Barbarin, lui aussi une pointure intellectuelle et médiatique, qui a dû s'éclipser à cause du scandale) et cela manquait.

     

     
     


    Oserais-je imaginer que Mgr Jean-Marc Aveline pourrait enfin remplir ce vide et donner un nouveau visage, plus convivial, plus souriant, plus ouvert, à une Église et surtout à une communauté catholique très ébranlée par les révélations des dernières années, en particulier un abus commis sur une mineure de 14 ans par le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et ancien président de la CEF, lorsqu'il était curé à Marseille. Un cardinal !

    À 66 ans, Mgr Jean-Marc Aveline est un enfant de la Méditerranée, né en Algérie (près d'Oran) et habitant Marseille, dans les quartiers populaires, après un court passage en région parisienne (sa famille était pieds-noirs). Il cultive donc une identité marseillaise très forte. Il a été ordonné prêtre le 3 novembre 1984 après des études de philosophie, de grec, d'hébreu et de théologie (à l'Institut catholique de Paris et à la Sorbonne) et avant un doctorat en théologie ; il a soutenu en 2000 sa thèse sur le sujet suivant : "Pour une théologie christologique des religions, Tillich en débat avec Troettsch". Inutile de préciser qu'il est, lui aussi, une pointure intellectuelle et qu'il a été responsable d'enseignement et d'études au séminaire interdiocésain de Marseille et à l'Université catholique de Lyon. Il a même fondé l'Institut de science e théologie des religions de Marseille en 1992 qu'il a dirigé jusqu'en 2002.

    Nommé évêque auxiliaire de Marseille le 19 décembre 2013 (il a été ordonné évêque par Mgr Georges Pontier le 26 janvier 2014 en présence de deux cardinaux marseillais, Mgr Roger Etchegaray et Mgr Bernard Panafieu), Mgr Jean-Marc Aveline lui a succédé le 8 août 2019 comme archevêque de Marseille. Enfin, le pape François l'a créé cardinal (avec le grade de cardinal-prêtre) parmi les vingt et un cardinaux créés lors du consistoire du 27 août 2022. À ce titre, et aussi comme proche du pape François, il est parfois considéré comme un "papabile" (pouvant être élu prochain pape), d'autant plus qu'il a pris beaucoup d'importance ces dernières années au Vatican (membre de deux dicastères, sortes de ministères au Vatican, il s'y rend très régulièrement, plusieurs fois par mois).
     

     
     


    L'un des exploits de Mgr Aveline, c'est d'avoir fait venir le pape François à Marseille, événement qui n'avait plus eu lieu depuis plusieurs siècles (le pape Clément VII y est venu le 5 novembre 1533) et qui avait séduit le Saint-Père dans sa volonté de promouvoir la Méditerranée (et l'accueil des migrants). C'est ainsi que l'archevêque de Marseille a accueilli son homologue de Rome à Marseille les 26 et 27 septembre 2023, journées au cours desquelles il a pu constater la grande sympathie des Marseillais. La venue du pape avec la célébration d'une messe au Stade Vélodrome a été un moment historique qui a séduit et rendu fiers les Marseillais. Le pape François est retourné en France, un peu plus tard, le 15 décembre 2024, en Corse, et n'est (encore) jamais allé à Paris.

    Au début, il avait beaucoup hésité à se porter candidat en raison de son emploi du temps très chargé. Favori du scrutin et très populaire parmi les évêques par sa « bonhomie », sa « grande intelligence » et sa personnalité « hors norme », Jean-Marc Aveline a été élu dès le premier tour président de la Conférence des évêques de France ce 2 avril 2025 à Lourde (pour être élus, il faut réunir une majorité des deux tiers), après deux jours de colloques (en début de semaine) sur les violences sexuelles au sein de l'Église, avec la présence, en particulier, de victimes de Notre-Dame de Bétharram qui ont pu témoigner devant les évêques.


    La détermination de l'Église catholique reste intacte pour lutter contre les violences sexuelles en son sein comme cela a été le cas depuis une dizaine d'années, mais ce sujet comporte de nombreuses bombes à retardement (Notre-Dame de Bétharram en est une puisque la plupart des victimes sont restées silencieuses jusqu'en 2024-2025). Mgr Aveline devra donc gérer la suite de ce lourd dossier, notamment sur le plan des réparations aux victimes, et plus généralement, devra revoir l'organisation de l'enseignement catholique afin d'éviter des violences pendant des années sans alerte.

    Si la société française en général continue sa progressive déchristianisation (commencée depuis une cinquantaine d'années), il faut remarquer néanmoins que les jeunes semblent revenir à l'Église avec plus de volontarisme. Un évêque cité par Sud Radio l'a ainsi résumé : « On est à un moment de croisement des courbes, avec un effacement du catholicisme sociologique et une montée du catholicisme d'adhésion. ». "Le Monde" a noté le même genre de réflexion auprès sans doute du même évêque : « Nous sommes dans une période de fragilisation mais aussi de recomposition. Nous devons gérer le recul du catholicisme sociologique en même temps que la croissance du catholicisme d’adhésion. ». Ce qui peut créer un problème avec la montée de sentiments identitaires. Mgr Aveline devra accompagner ce regain d'adhésion pour ne pas décourager ce renouveau de l'engagement.

    Un autre défi sera d'être plus présent dans les médias pour les grands débats de société, qu'il s'agisse de la laïcité (on va fêter les 120 ans de la loi du 9 décembre 1905), de la fin de vie et, plus généralement, du débat politique de précampagne présidentielle ces prochaines années. En clair, l'Église va devoir se faire entendre de la société française autrement que sur les abus sexuels.

    Comme l'ont expliqué Sarah Belouezzane et Benoît Vitkine dans leur article publié le 2 avril 2025 dans "Le Monde", « Jean-Marc Aveline représente un catholicisme ouvert sur le monde, proche des fidèles de tous bords. "Sa personnalité et son contact tranchent clairement avec le reste de l’épiscopat", confiait un prêtre qui l’a assidûment fréquenté. Des fibres pastorales et sociales (avec un souci affiché à plusieurs reprises pour le sort des migrants) qu’il partage avec un pape François dont il est devenu en quelques courtes années un proche. (…) Le cardinal devra désormais délaisser son diocèse pour Rome et Paris. Sa connaissance de la Ville éternelle et de ses usages sera bienvenue après des années de relations plus que froides entre le Vatican et l'Église de France. Jean-Marc Aveline est un homme tout en rondeurs, décrit comme très politique (…). Cette rondeur (…) sera sans doute un avantage dans les défis qui se présentent à lui. ».


    "Le Monde" a aussi évoqué le besoin d'un changement de pratique dans la gouvernance de la CEF, son président ne devant être qu'un porte-parole, un animateur, et certainement pas un chef (les évêques jouissent d'une grande autonomie). Très occupé, Mgr Aveline aura très certainement la volonté de déléguer beaucoup de sujets à ses deux vice-présidents qui sont élus jeudi matin avant une conférence de presse en début d'après-midi. En revanche, il devra rester très prudent avec le dossier des agressions sexuelles car l'objectif reste focalisé sur la relation aux victimes,et ces relations humaines ne se délèguent pas. Bon communicant, le "président Aveline" est certainement prêt à relever le défi d'une Église qui aura besoin d'être remise au milieu du village.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (02 avril 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Mgr Jean-Marc Aveline.
    Inquiétudes sur la santé du pape François.
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
    Autonomie de la Corse : y a-t-il un risque de séparatisme ?
    Notre-Dame de Paris, capitale du monde !
    Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?
    Les 98 ans de Sœur Marguerite.
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    Assomption : pourquoi le 15 août est-il férié ?
    Le pape François à Marseille (1) : ne pas légiférer sur l'euthanasie.
    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.



     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250402-jean-marc-aveline.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/mgr-jean-marc-aveline-nouveau-260279

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/04/02/article-sr-20250402-jean-marc-aveline.html

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  • Inquiétudes sur la santé du pape François

    « Les conditions cliniques du Saint-Père sont restées stables. » (Communiqué du Vatican du 1er mars 2025).


     

     
     


    Depuis le 14 février 2025, tous les catholiques du monde entier retiennent leur souffle. Le pape François, qui a eu 88 ans à la fin de l'année dernière, ne se remet toujours pas de ce qu'on avait appelé une mauvaise bronchite. Il est hospitalisé depuis plus de seize jours pour une double pneumonie aux deux poumons. On avait parlé d'une situation « complexe » parce que les deux infections n'avaient pas la même origine microbienne, si bien que le Saint-Père devait recevoir deux traitements différents. On craint une insuffisance respiratoire, sans compter une insuffisance rénale légère.

    L'inquiétude a même grandi. Il y a quelques jours, les cardinaux ont reçu un message du Vatican leur demandant d'être prêts, éventuellement, à se rendre à Rome si nécessaire. L'éventualité n'est heureusement pas seulement celle d'un terrible décès, mais aussi, car il ne l'a jamais exclu depuis qu'il est pape, celle d'une renonciation, d'autant plus facile à assumer aujourd'hui que son prédécesseur avait ouvert la voie, ce qui pouvait s'apparenter à l'époque à une révolution institutionnelle au Vatican (le pape étant élu à vie).

    On pouvait imaginer, et je l'espère encore, que malgré son âge et la gravité de son état, le pape François allait, va surmonter ce passage délicat de son existence et reprendre des forces, comme cela a été le cas avec ses précédents pépins de santé. Il a une détermination très forte et il a encore beaucoup de choses à accomplir.

    Mais le vendredi 28 février 2025, la situation s'est aggravée avec une crise respiratoire : « Il a alterné la ventilation mécanique non invasive avec des longues périodes d'oxygénothérapie à haut débit. ». La ventilation mécanique non invasive, c'est l'utilisation d'un masque à oxygène.

    Si le Vatican a précisé le 1er mars 2025, dans la matinée, que « le pape a passé une nuit tranquille et se repose », il précise quand même, et c'est l'objet de notre inquiétude, que son "pronostic vital" reste « réservé ». D'habitude, on parle, lorsqu'il y a des blessés graves, que leur pronostic vital est "engagé". Il faut croire que "réservé", dans ce cas précis, cela signifie qu'on n'en sait rien, mais qu'il faut tout imaginer.

    Beaucoup de chrétiens prient donc pour lui pour qu'il se remette de sa maladie. Il faut se rappeler que lorsqu'il venait d'apprendre qu'il était élu pape, le 13 mars 2023, il y a presque douze ans, il avait déjà demandé aux fidèles massés sur la Place Saint-Pierre de Rome de prier pour lui. Il a la simplicité de demander qu'on prie pour lui.

    La santé du pape, c'était le sujet de la courte interview d'Isabelle de Gaulmyn, productrice déléguée des "Matins" de France Culture depuis le 1er août 2024, dans l'émission "C dans l'air" du 1er mars 2025 sur France 5. Elle est une grande connaisseuse du Vatican et des papes, ancienne rédactrice en chef de "La Croix", ancienne envoyée spéciale à Rome, présidente des Semaines Sociales en France depuis 2022. Elle a publié une biographie de Benoît XVI et du pape François, ainsi qu'une enquête sur les faits de pédocriminalité dans l'Église catholique à Lyon ("Histoire d'un silence", aux éditions du Seuil en 2016), où elle a raconté qu'elle avait prévenu le cardinal Philippe Barbarin de ces faits dès 2005.

     

     
     


    Interrogée par la journaliste Maya Lauqué, Isabelle de Gaulmyn a décrit le pape François comme le pape de la simplicité. Beaucoup d'évêques proches des conservateurs se sont sentis un peu bousculés par ce pape jésuite qui veut renverser la pyramide de l'Église catholique : ce n'est pas au pape d'être au sommet, mais les fidèles, c'est la base qui doit être en haut !

    C'est ainsi que pour les grandes questions sur la foi et la société, il fait appel aux fidèles, multipliant les synodes pour rendre l'Église catholique plus vivante, plus représentative, plus proche des réalités sociales qui se vivent au quotidien, maintenant, dans notre temps, sans pour autant s'écarter des dogmes.

    Cette simplicité reprend le message classique de l'Évangile qui est de se consacrer aux autres et notamment aux plus pauvres d'entre nous. Ainsi, le pape François s'est toujours refusé à avoir un mode de vie qui sorte de l'ordinaire. Il a gardé son petit appartement, et, anecdote amusante, Isabelle de Gaulmyn a vu plusieurs fois le pape venir manger au restaurant du Vatican, un self service, portant son plateau à la main, comme "n'importe qui".

    Il a d'ailleurs souvent dit aux milliers d'évêques qui lui servent d'une sorte d'encadrement qu'ils ne devaient pas se reposer, qu'ils ne devaient pas jouir d'avantages particuliers, qu'ils devaient surtout aller auprès des fidèles de leur diocèse et être à leur service.

    Dans sa conception, le pape François a toujours refusé que l'Église catholique soit un "bureau des douanes", qui contrôlerait tout, qui serait pointilleux sur les dogmes, contraignant sur le mode de vie des fidèles. Il veut au contraire qu'elle soit un "hôpital de campagne", qu'elle aille auprès des gens, à leur service, pour les aider et les comprendre.

    Il faut craindre que le prochain pape ne soit pas obligatoirement plus ouvert que François. Ce dernier n'est cependant pas seul, puisqu'il a été élu, même si c'était dans des circonstances exceptionnelles puisque du vivant de son prédécesseur. Aujourd'hui, heureusement, la succession n'est pas ouverte, le pape se rétablira et l'engagement du soleil et du printemps l'y aideront ! En tout cas, j'y crois aussi fort que je l'espère.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (01er mars 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Inquiétudes sur la santé du pape François.
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
    Autonomie de la Corse : y a-t-il un risque de séparatisme ?
    Notre-Dame de Paris, capitale du monde !
    Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?
    Les 98 ans de Sœur Marguerite.
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
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    Assomption : pourquoi le 15 août est-il férié ?
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    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.

     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250301-pape-francois.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/inquietudes-sur-la-sante-du-pape-259627

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/02/article-sr-20250301-pape-francois.html


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  • Bétharram : François Bayrou contre-attaque !

    « [Les victimes] ont également déclaré qu'elles détestaient la récupération en cours et qu'elles la trouvaient haïssable, parce qu'elle les privait de leur histoire. » (François Bayrou, le 18 février 2025 dans l'hémicycle).



     

     
     


    Mon titre est certainement débile, surtout quand on pense à la centaine de victimes d'actes de pédocriminalité qu'elles ont subis entre 1957 et 2014 dans le collège et lycée Notre-Dame de Bétharram, pas très loin de Pau, mais il est à la mesure de la débilité des attaques aussi infondées que stupides des députés gauchistes contre le Premier Ministre François Bayrou (après une première semaine dans les question au gouvernement).

    À la séance des questions au gouvernement de ce mardi 18 février 2025, la situation a changé, car c'est une députée socialiste qui a ouvert le feu contre François Bayrou. C'est vrai que c'était la semaine des socialistes qui exprimaient leur opposition au gouvernement avec une motion de censure examinée le lendemain. Mais quelle erreur les socialistes ont-ils faite en polémiquant sur un tel sujet ! Car ceux qui étaient au pouvoir, localement comme nationalement, c'étaient justement les socialistes ! Qu'ont-ils fait pour prévenir un tel drame ?

    Le grand potentat local du département à Pau, c'était un socialiste, André Labarrère (1928-2006), maire historique de Pau de 1971 à 2006, ministre de 1981 à 1986, député à partir de 1967, sénateur à partir de 2001, président du conseil régional d'Aquitaine, conseiller général à partir de 1967, a dominé politiquement le département des Pyrénées-Atlantiques de son influence de 1967 à 2006, soit à peu près la période des agressions et viols commis à Notre-Dame de Bétharram. Mais François Bayrou s'est bien gardé de tirer sur un disparu qui fut à la fois un redoutable adversaire politique mais aussi une personnalité qu'il estimait et appréciait beaucoup.

    Alors, on peut se demander pourquoi Colette Capdevielle, députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques, a voulu se prêter à ce mauvais jeu de rôle imposé par les insoumis. Toujours est-il que François Bayrou, qui s'est révélé à cette occasion comme un habile et, lui aussi, redoutable homme politique, n'a pas hésité à répondre énergiquement afin de clore le débat sur sa supposée implication dans ce scandale (le fait même de l'imaginer est un scandale à l'entendement), d'autant plus que cette attaque stérile contre lui pollue totalement la réalité de l'horreur de ce qui s'est passé et du besoin des victimes à se reconstruire.

    La réponse du Premier Ministre a été très construite.

    Dans un premier temps, il a évoqué sa rencontre le 15 février 2025 avec les victimes de ce scandale, les seules à écouter dans cette histoire : « Comme vous le savez sans doute, j’ai passé la journée de samedi en compagnie du collectif des victimes ; ce furent quatre heures d’une émotion intense. C’était la première fois que quelqu’un recevait les victimes et c’était la première fois qu’elles étaient réunies. Les victimes ont exprimé plusieurs choses, terriblement bouleversantes, qui ne peuvent laisser indifférents face à ce qu’elles ont vécu il y a parfois plusieurs décennies. Mais elles ont également déclaré qu’elles détestaient la récupération politique en cours et qu’elles la trouvaient haïssable, parce qu’elle les privait de leur histoire. ».

    Ensuite, il a répondu précisément aux questions posées.

    La première concernait son éventuelle intervention auprès d'un magistrat : « Suis-je jamais intervenu dans cette affaire comme dans d’autres affaires judiciaires ? La réponse est non, jamais, ni de près, ni de loin, et je vais vous en apporter la preuve. Vous avez cité le nom du juge d’instruction Christian Mirande : c’est mon voisin depuis cinquante ans, dans mon village, dont vous ignorez sans doute où il se situe. Il s’agit d’une amitié de longue date, avant même qu’il ne soit magistrat. Est-ce que nous avons pu parler de cette affaire ? Sans doute, oui. Mais en respectant une limite absolue : un magistrat n’a pas le droit, comme en dispose un article central du code de procédure pénale, sous peine des sanctions disciplinaires les plus sévères et d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison, de communiquer le moindre élément du dossier dont il a la charge, à quelque personne extérieure au dossier que ce soit. Christian Mirande est un juge d’une absolue intégrité et il ne m’a jamais communiqué le moindre élément du dossier : nous avons pu parler de l’ambiance, de l’établissement, jamais du dossier. S’agissant du procureur général, M. Rousseau, que je ne connais pas et qui est mort il y a vingt-trois ans, ce qui rend facile de lui imputer certains propos, la certitude est pour moi la même : ce haut magistrat respectait de la même façon les règles de sa profession, qui est d’ailleurs une vocation, et il n’a eu aucune communication avec qui que ce soit à propos de ce dossier. ».

    L'ancien Ministre de l'Éducation nationale entre mars 1993 et juin 1997 a aussi voulu rappeler quelques éléments : « Mais si je ne savais rien de cette affaire, si je n’y ai été associé en quoi que ce soit, d’autres savaient. J’affirme devant vous, vous le vérifierez, que le procureur général a tenu la Chancellerie informée de cette affaire à quatre reprises dans l’année 1998. Il l’a fait téléphoniquement le jour de l’incarcération du père Carricart, puis il l’a fait à trois reprises par écrit, en signalant la gravité des faits. Qui était alors Ministre de la Justice ? Quel était le gouvernement ? De 1997 à 2002, le gouvernement était socialiste. La Ministre de la Justice était Élisabeth Guigou, et je ne peux imaginer qu’elle n’ait pas tenu compte d’un signalement aussi grave émis par le procureur général. Dans tous les cas, j’affirme que lorsque j’étais au gouvernement, un signalement aussi important ne pouvait être donné sans que le Ministre de l’Éducation nationale en soit averti. Qui était alors le Ministre de l’Éducation nationale ? Claude Allègre. Qui était la Ministre déléguée à l’Enseignement scolaire ? Ségolène Royal. Je ne crois pas qu’on puisse imputer à ces personnalités des manquements aussi graves. Je pose à mon tour la question : qu’est-ce qui a été fait, à la suite des signalements du procureur général, pour que soient entreprises les démarches que vous recommandez ? Lorsque j’ai été saisi de cette affaire en 1996, c’est-à-dire deux ans avant, j’ai demandé une inspection, dont je n’ai aucune trace, mais qui a été publiée dans les journaux et que je vous invite à lire pour vous assurer de la parfaite transparence de ce dossier. ».

    Mettre en cause à la fois Lionel Jospin, Élisabeth Guigou, Claude Allègre (récemment décédé) et Ségolène Royal, c'était assez fort de la part de François Bayrou et il a eu raison. J'ajoute par ailleurs que quelques mois plus tard, de mars 2000 à mai 2002, il y a eu un Ministre délégué à l'Enseignement professionnel qui s'appelait Jean-Luc Mélenchon, ministère spécialement créé pour lui et supprimé après lui.

    L'actuel maire de Pau a aussi répondu à propos du "gendarme" qui le mettrait en cause : « Je ne connais pas ce gendarme, mais il suffit de poser la question au juge Mirande qui répondra sur les propos qu’il a tenus ou qu’on lui prête. Le gendarme dit qu’il a entendu quelqu’un dire que le déferrement de l’accusé avait été retardé de deux heures. Je répète que le procureur général en a rendu compte le jour même à la Chancellerie. ».


    Enfin, car un démocrate chrétien est toujours dans la capacité de voir l'essentiel, François Bayrou a posé la seule question qui vaille pour ce drame humain : « Une question importante demeure : que peut-on faire pour améliorer la prise en charge des victimes ? Nous devons améliorer le repérage précoce et la prévention, comme cela vient d’être annoncé dans le programme que Mme la Ministre d’État, Ministre de l'Éducation nationale a présenté. Enfin, nous devons rassurer les victimes : si les actes qui les ont traumatisées sont prescrits, elles ne sont pas sans droits. Nous allons ainsi approfondir la question de la procédure civile, qui peut permettre de répondre aux traumatismes des victimes. ».

    Cette réponse avait aussi pour but d'avertir que si on cherchait le Premier Ministre, on pourrait le trouver, qu'il rendrait la monnaie de toute attaque contre lui. Les socialistes en ont eu, ce mardi, la très amère expérience.
     

     
     


    Un peu plus tard, une seconde question sur le même sujet a été posée par le député insoumis Paul Vannier, le spécialiste de la désinformation sur cette affaire. Il aurait mieux fait de se taire car sa collègue socialiste avait déjà posé les mêmes questions.

    François Bayrou a laissé e Ministre de la Justice Gérald Darmanin lui répondre : « Le Premier Ministre, il me semble, a répondu à toutes vos questions lorsqu’il a répondu à votre collègue Capdevielle. Je voudrais, comme vous, avoir une pensée pour toutes les victimes qui attendent que justice soit faite. À la demande de monsieur le Premier Ministre, nous avons sollicité le parquet général et le procureur de la République de Pau afin qu’ils nous adressent les demandes de renfort qu’ils jugent nécessaires pour traiter les très nombreuses plaintes, plus d’une centaine, qui ont déjà été déposées. Quatre-vingt-dix auditions ont déjà eu lieu. Comme l’a rappelé monsieur le Premier Ministre, c’est en 2013 que le gouvernement, par le législateur, a modifié les modalités d’intervention de la chancellerie dans ces affaires particulières. Avant cette date, à chaque moment important de cette affaire, entre 1998 et 2000, des échanges ont eu lieu entre le procureur de la République et le procureur général, entre le procureur général et la Chancellerie. Si vous cherchez à établir des responsabilités, ne cherchez pas du côté de ceux qui n’étaient pas au pouvoir à l’époque. Posez plutôt vos questions à ceux qui y étaient, dans le cadre de la législation et des règles de la République. Monsieur le Premier Ministre vous a répondu et ses explications étaient très claires. Ce n’est pas à nous de répondre à propos des relations entre le pouvoir politique et le procureur général de ce temps-là. ».

    Réponse inutile puisque Paul Vannier, qui lui restait encore un peu de temps de parole, a fini par une logorrhée pas très réjouissante, tellement excessive et insignifiante qu'il s'est auto-discrédité en direct : « Vos mensonges, relayés par une partie du gouvernement, ont transformé l’une des plus graves affaires pédocriminelles qu’a connue notre pays en un mensonge d’État, en une affaire d’État. Monsieur le Premier Ministre, en mentant à la représentation nationale, aux victimes et aux Français, vous vous êtes disqualifié. Un menteur ne peut pas gouverner la France : démissionnez ! ». Cela aurait plus judicieux pour lui de penser un peu aux victimes, tout de même ! Heureusement que le Premier Ministre a pris le temps de les rencontrer et de les écouter, ce qui n'est pas le cas de tous ces révolutionnaires en peau de lapin.


    On peut espérer que l'attaque est close et que le gouvernement pourra concentrer ses efforts sur les sujets qui préoccupent les Français au lieu de répondre à des attaques manipulatoires de politique politicienne. Il y en a qui pensent à l'intérêt du pays, et d'autres qui ne voient que le nombre de clics sur leur vidéo du jour. Le futur sera très sévère avec cette période.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    La vérité nous rendra libres.
    Abus sexuels : l’Église reconnaît sa responsabilité institutionnelle.
    Legs et indécence.
    Secret de la confession et lois de la République.
    Abus sexuels dans l’Église : honte, effroi et pardon !
    Rapport de Jean-Marc Sauvé remis le 5 octobre 2021 sur la pédocriminalité dans l’Église (à télécharger).
    Présentation du rapport Sauvé le 5 octobre 2021 (vidéo).
    Discours du pape François le 24 février 2019 au Vatican (texte intégral).
    La protection des mineurs dans l’Église.
    Protection des mineurs (2) : pas d’imprescriptibilité pour la pédocriminalité.
    Protection des mineurs (1) : 15 ans, âge minimal du consentement sexuel ?
    La faute de Mgr Jacques Gaillot.
    Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
    Mgr Barbarin : le vent du boulet.
    Pédophilie dans l’Église catholique : la décision lourde de Lourdes.
    Mgr Barbarin : une condamnation qui remet les pendules à l’heure.
    Pédophilie dans l’Église : le pape François pour la tolérance zéro.
    Le pape François demande pardon pour les abus sexuels dans l’Église.
    Le pape François en lutte contre la culture de l’étiquette et de la médisance.

     

     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250218-betharram.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/betharram-francois-bayrou-contre-259398

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/18/article-sr-20250218-betharram.html


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  • Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?

    « Mes premières pensées vont aux garçons qui ont été en souffrance dans ce type d’affaires, et à eux, j’adresse ma sympathie, mais pas à ceux qui exploitent leur souffrance. » (François Bayrou, le 11 février 2025 dans l'hémicycle).



     

     
     


    Il y a des personnes mal intentionnées (c'est un euphémisme !), pour des motivations diverses (l'une par messianisme anti-système, l'autre par stratégie de chaos), qui profitent de la détresse de victimes d'un véritable scandale pour faire de la polémique à trois balles. La cible, c'est le Premier Ministre François Bayrou et c'est assez stupide d'obliger le chef du gouvernement de se défendre alors que ce seraient les victimes à défendre et protéger.

    J'ai tout de suite compris le niveau de puanteur quand j'ai lu le (premier ?) tweet de Paul Vannier le 5 février 2025. Qui est Paul Vannier ? Non, c'est n'est pas le sculpteur d'une statue à Paris, mais simplement un député insoumis élu du Val-d'Oise depuis 2022 avec son cortège de détritus.

    Il faut regarder la date de ce tweet, le 5 février 2025, c'est-à-dire quand les insoumis étaient certains que les socialistes ne voteraient pas leur motion de censure examinée le jour même contre le gouvernement Bayrou. Alors, après les échecs répétés de leurs motions de censure, l'échec de leur tentative de destitution du Président de la République, les insoumis cherchent d'autres moyens : salir de manière odieuse et indigne le Premier Ministre. En faisant quoi ? En laissant dire qu'il serait mouillé dans une affaire de pédocriminalité. C'est dégueulasse !

    Du reste, pourquoi cette "affaire" sortirait-elle seulement en février 2025 alors qu'elle était déjà connue à cause des plaintes de mars 2024, et même en 1998, pour les premières plaintes. Les députés insoumis et les journalistes guidés par je ne sais quel messianisme se sont réveillés juste la veille d'une des motions de censure des insoumis que ceux-ci savaient perdues d'avance. Comme c'est étrange.


    Ce procédé odieux n'est pas nouveau, car le maire de Toulouse Dominique Baudis avait lui-même été accusé à tort dans une sordide affaire de viol et prostitution, à l'époque avec un écho retentissant dans le journal local, "La Dépêche du midi", dont le propriétaire est la famille Baylet connue pour être les rivaux politiques de Dominique Baudis en Haute-Garonne.

    Que dit le tweet de Paul Vannier ? C'est une vidéo en fait, et le député, à grands moulinets, a dit notamment ceci : « C'est probablement la plus grave affaire de pédophilie que notre pays ait connue et tout indique que le Premier Ministre François Bayrou savait et a couvert. ». Que reproche-t-on à François Bayrou ? D'avoir été complice des pédocriminels d'un établissement scolaire catholique, rien que cela ! Avec des mots comme "probablement" et "tout indique" qui montrent le sérieux et la rigueur des accusations.

     

     
     


    D'ailleurs, beaucoup d'internautes n'étaient pas dupes si l'on en croit les réponses à ce tweet. L'un : « Les hyènes ont trouvé un os à ronger ! ». Un autre : « Et pendant tout ce temps, vous n'avez rien dit ? ». Un troisième : « C'est qui, Paul Vannier ? Il sert à quoi, ce type qui ne cherche que la polémique ? À dégager dès que possible ! ». Un quatrième : « Quand on a rien à béqueter, on fait les poubelles. ». Un cinquième : « Les faits remontent à 1970, Paul Vannier, et ont été dénoncés depuis longtemps ! Qu'est-ce qui vous prend aujourd'hui ? Vous avez l'indignation vachement tardive ! Hier, c'était pas grave ? Vous êtes décidément à vomir ! ». Un autre : « Qu'as-tu dit sur le procès de la pédocriminalité à Angers de 1999 à 2002 ? Pourtant, en 2003, tu étais encore honnête, juste avant ta conversion à la secte d'extrême gauche de Raëlenchon. 62 personnes condamnées pour abus sexuels sur 45 enfants de 6 mois à 12 ans. Ça t'a choqué ? ». Un septième, perspicace, qui a bien compris : « Faire le buzz sans preuves, pour affaiblir un gouvernement le jour d'une motion de censure ; et le faire au nom d'un parti comprenant parmi ses députés plusieurs mis en examen pour des faits réels et non fantasmés ; vous touchez vraiment le fond. ».

    Comme celui-ci : « À quoi fait référence le député Vannier de LFI ? Réponse : à une affaire relayée notamment par BFM RMC en date du 23 avril 2024 (ça ne vient pas de sortir). (…) Pourquoi presque un an plus tard se saisit-il de ce dossier ? Réponse : Ils ont perdu la législative de l'Isère, ils n'ont pas eu la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, ils savent que la motion de censure ne va pas passer, ils commencent à voir que la Palestine va devenir un non-sujet depuis l'élection de Trump, donc, il leur faut impérativement trouver de nouvelles cartouches. (…) Peu leur importe les violences qui ont pu exister et les potentielles victimes, peu leur importe d'intervenir dans une affaire en cours d'instruction. ». Encore un autre : « T'as que ça pour taper sur E. Macron et l'école privé ? T'es tombé bien bas. Et comme par hasard, mais vraiment par hasard, le jour d'une motion de censure... Prends-nous pour des lapins de six semaines. ».

    Il y a quand même, parmi les réponses, aussi quelques tweets de soutien, dont un n'hésitait pas à démolir le Premier Ministre ainsi : « L'Affaire pédocriminelle de l'école catholique Bétharram illustre la cruauté de Bayrou. Une carrière bâtie sur la banalisation de la violence des enfants. ». La "cruauté de Bayrou", rien que cela. J'ai été rassuré en regardant d'où ça venait : « Co-animateur insoumis » ! Je comprends mieux : il y a des personnes qui sont payées à mettre ce genre de tweet matin midi et soir. Les réponses précédentes, en revanche, je doute qu'elles aient été monnayées. Même si certaines ont rappelé un titre du journal "Le Figaro" du 2 octobre 2024, qui n'a pas l'air d'émouvoir le député FI : « Viols avec torture d'une fillette handicapée à Nantes : le suspect est un ancien candidat LFI » (une enfant de 4 ans).


    Mais revenons au fond. Il y a effectivement un véritable scandale dans l'institution Notre-Dame de Bétharram, un collège et lycée qui fait aussi pensionnat et qui a accueilli jusqu'à 600 enfants par an. Plus d'une centaine de plaintes ont été déposées en 2024 pour des faits remontant de 1957 à 2010, les victimes ont été des enfants âgés de 8 à 13 ans, victimes de 26 adultes, enseignants, prêtres ou surveillants, de violences sexuelles voire et de viols. Ce scandale est grave, mais faut-il y mettre un superlatif ? Toujours est-il que pour l'instant, la justice a été saisie et que l'instruction suit son cours, et c'est très bien. Mais de quoi est donc accusé François Bayrou ?

    Alors, reprenons le fil. On accuse François Bayrou simplement d'être né dans la commune voisine de celle où se trouve l'établissement scolaire en question. Bordières est, en effet, tout à côté de Lestelle-Bétharram. Alors, François Bayrou aurait dû savoir ce qui s'est passé dans cet établissement parce qu'il a été un élu du coin, aussi un parent d'élève de cet établissement, puisqu'au moins un de ses enfants, peut-être plus, ont été scolarisés dans ce collège. De plus, c'est un établissement privé, catholique, sous contrat (ce qui signifie qu'il respecte scrupuleusement les programmes de l'Éducation nationale).


    On dit ainsi parfois n'importe quoi, en mélangeant tout. Je vais donc reprendre les mandats de François Bayrou, pour que ce soit clair : il a été élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques, sur le canton de Pau-Sud (qui n'inclut pas Lestelle-Bétharram), de mars 1982 à mars 2008, et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de mars 1992 à mars 2001. Il a été élu député des Pyrénées-Atlantiques de mars 1986 à juin 2012 (où il a été battu), sauf lorsqu'il a été ministre (1993 à 1997) et député européen (1999 à 2002). Entre 1986 et 1988, il n'avait pas de circonscription puisqu'il a été élu à la proportionnelle départementale, mais ensuite, sa circonscription est la deuxième du département et inclut à la fois son canton de Pau-Sud et Lestelle-Bétharram. Il a été élu maire de Pau, mais seulement depuis mars 2014 (c'est très loin des années 1990). Enfin, il a été Ministre de l'Éducation nationale de mars 1993 à juin 1997, puis un mois Ministre de la Justice de mai à juin 2017, et enfin Premier Ministre depuis décembre 2024.

    Les peu-glorieux qui attaquent François Bayrou sur ce scandale multiplient les amalgames et les confusions entre les dates et les faits. Car leur but, c'est de mettre en faute le Premier Ministre, et le premier moyen, c'est de le faire mentir.

    Mais arrêtons-nous sur une série de tweets bien vus du dessinateur Xavier Gorce qui sait aussi bien écrire que dessiner. Il a donné le mode d'emploi de Mediapart : « L'affaire Bayrou ressemble point pour point aux affaires précédentes, orchestrées exactement selon la même stratégie : Mediapart révèle partiellement, le mis en cause réfute en mentant en partie, par légèreté ou surplomb. Et là, le piège se referme, exploité politiquement. ».

    Il a précisé le comment : « Mediapart cible ses attaques sur un maillon faible de l'État : ils ont des dossiers (minces) sur chaque acteur politique et attendent qu'il "monte" à un poste stratégique de pouvoir. Alors, ils sortent les éléments pour ferrer le poisson en flagrant délit de mensonge. ». Le pourquoi : « Le poisson, ils s'en foutent (Edwy s'en fout). La cible, c'est le "système". Voilà ce qu'est l'éthique et la conception du journalisme de Mediapart : un job d'officine idéologique et politique d'agit' prop. ».
     

     
     


    L'offensive réelle, après un bas-bruit d'une semaine, c'était la séance des questions au gouvernement du mardi 11 février 2025 à l'Assemblée. Le même Paul Vannier était tout fier de poser sa question vache (il l'a retransmise sur Twitter) : « Père d’élèves scolarisés dans l’établissement, époux d’une professeure de Bétharram, président du conseil départemental, vingt ans député de la circonscription, ancien ministre de l’éducation nationale, saisi à de multiples reprises de ces violences, vous avez toujours affirmé n’avoir rien su, rien vu, rien entendu. (…) Et alors que vos fonctions successives vous permettaient de protéger ces enfants, vous avez choisi l’omerta pendant trente ans ! (…) Voulez-vous l’impunité de cet établissement financé sur fonds publics s? Les anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram, que vous avez jusqu’ici choisi d’ignorer, les millions de victimes d’abus sexuels et tous les parents d’élèves de France attendent votre réponse. ».

    En clair, Super-Bayrou aurait dû venir en aide aux millions de victimes de Notre-Dame de Bétharram. Elles sont plutôt au nombre d'un peu plus d'une centaine, et c'est déjà beaucoup trop. Il y a plein d'allusions. Par exemple, "financé sur fonds publics" est vrai et faux : les enseignants sont payés par l'État parce qu'ils enseignent selon la volonté de l'État, mais les bâtiments sont sur fonds privés. De plus, les scandales de pédocriminalité, s'ils ont touché beaucoup d'établissements scolaires catholiques (c'est l'Église elle-même qui a fait l'état des lieux récemment), ils ont aussi touché des établissements scolaires publics et aussi des établissements sportifs, en fait, hélas, tout endroit où des adultes s'occupent d'enfants. Il y a aussi une critique en évoquant l'épouse de François Bayrou, Élisabeth qui a fait du catéchisme dans cet établissement, le plus près de leur résidence principale.

    On a reproché aussi à son épouse d'avoir assisté à l'enterrement d'un prêtre qui s'est avéré être un prédateur sexuel sur les élèves. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il se passait s'il y avait le silence sur ces faits ? À ce compte-là, il faudrait aussi traiter maintenant comme de dangereux criminels tous ceux qui ont assisté aux obsèques de l'abbé Pierre.

    Chacun a le droit de présenter les faits tant qu'il ne tort pas la vérité. Or, ici, il l'a tordue parce qu'il ne comptait que sur la confusion. François Bayrou a répondu simplement et fermement : « J’affirme que je n’ai évidemment jamais, au grand jamais, été informé de quoi que ce soit en matière de violences, a fortiori de violences sexuelles, et j’ai deux preuves à l’appui de mon affirmation. La première, c’est que j’avais déjà quitté le Ministère de l’Éducation nationale depuis des mois, c’est-à-dire en mai 1997, quand les premières plaintes ont été déposées en décembre 1997, puis en 1998. L’autre preuve devrait faire consensus : croyez-vous que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement dont il aurait été dit qu’il s’y passe des choses de cet ordre ? Je peux vous assurer que tout est faux. Une plainte en diffamation sera évidemment déposée. ».


    Le procureur Mediapart, qui est comme un chien qui ne lâche plus sa proie, a fait un titre particulièrement scandaleux : « De nouvelles archives de l'affaire en 1996 prouvent l'implication de François Bayrou » ! Rien que ça, "l'implication" de François Bayrou ! Parlons-en de 1996. Il y a eu une affaire une plainte en avril 1996 sur un enfant qui a reçu une gifle assez forte (tympan brisé) qui a dû se produire l'année précédente. François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale et comme il est le chef de cette administration, il a demandé à ce qu'il y ait une enquête de l'inspection.
     

     
     


    Invité de "Questions politiques" le dimanche 16 février 2025 sur France Inter, le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, par ailleurs vice-président du MoDem, a expliqué : « Lorsque François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale, il y a effectivement eu une gifle qui a été signalée en 1996. Ce qui a conduit à ce qu'un rapport de l'inspection soit rédigé qui dit très clairement, je l'ai lu, qui dit très clairement : "Notre-Dame de Bétharram n'est pas un établissement dans lequel les élèves sont brutalisés". ». C'était probablement un tort, mais c'est le rapport d'inspection qui a conclu cela, pas François Bayrou qui, au contraire, a voulu mettre toute la lumière sur ce signalement.

    Quant aux sévices sexuels et viols, les premiers signalements n'ont été faits qu'à la fin de l'année 1997 et 1998. François Bayrou n'était plus ministre. C'était Claude Allègre qui était aux commandes dans le gouvernement de Lionel Jospin et ce qui a été fait ou pas fait ne peut donc pas être reproché à l'actuel Premier Ministre. C'est ce que dit maintenant l'avocat de la première victime de viol qui a déposé plainte en 1998 : « S'il s'agit de dire qu'il avait connaissance du dossier judiciaire, je comprends qu'il n'en connaissait rien puisqu'il n'avait rien à en connaître. Sinon, on aurait évidemment dénoncé une pression du politique sur le judiciaire. En 1998, François Bayrou n'est plus Ministre de l'Éducation nationale, c'est Claude Allègre, c'est un socialiste. Alors, entendre aujourd'hui la gauche vitupérer sur le silence ou l'inaction du Ministère de l'Éducation nationale, c'est franchement hypocrite. ».

    Mediapart a reproduit une lettre recommandée avec accusé réception signé de François Bayrou pour indiquer qu'il savait ! Mais ce courrier date d'avril 2024, d'il n'y a meme pas un an ! Quand François Bayrou dit qu'il ne savait pas, c'était à l'époque, dans les années 1990. Et d'ailleurs, qu'aurait-il fait s'il avait su ? D'abord, retirer son ou ses enfants de cet établissement. Cela aurait été la première chose à faire. Il ne l'a pas fait.


    Ce n'est pas parce que Mediapart a publié des photos du jeune député Bayrou accompagnant Michèle Alliot-Marie, autre élue du coin, en visite dans cet établissement, que ce serait choquant. Les élus visitent généralement beaucoup d'établissements scolaires au cours de leur mandat, et sont même parfois membres du conseil d'administration de l'établissement. C'est donc toujours facile de prendre un établissement où il y a eu ce genre d'affaire et de retrouver des photos d'élus le visitant auparavant. Sans rien connaître du scandale.

    Le député Paul Vannier a persévéré puisque le lendemain, le mercredi 12 février 2025, avant l'examen de la motion de censure de son clan politique, en opération commandée, il a récidivé avec une nouvelle question au gouvernement sur le même sujet, insultant François Bayrou d'être un menteur : « Monsieur le Premier Ministre, vous avez menti aux députés pour dissimuler que vous aviez connaissance de violences sur enfants, violences que vos responsabilités passées vous imposaient de dénoncer. Le mensonge d’un ministre devant la représentation nationale, a fortiori du premier d’entre eux, est d’une immense gravité. Que votre mensonge porte sur une affaire pédocriminelle ajoute à l’inacceptable. Allez-vous en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission ? ».

    François Bayrou a laissé son Ministre de la Justice, Gérald Darmanin, répondre à sa place et il l'a fait avec précision en rappelant l'essentiel : « Je veux d’abord, en mon nom et au nom du gouvernement, avoir une pensée pour tous ces enfants, quel que soit leur âge, qui, en tant que victimes, méritent mieux que des jeux politiciens. Si nous nous rejoignons tous dans la lutte contre la pédophilie et les violences insupportables faites à nos enfants, je regrette que certains utilisent honteusement ces faits pour régler des comptes politiques. (…) Je rappellerai simplement pour ma part que la lutte contre les violences faites aux enfants est, ainsi que je l’ai moi-même souligné dans la circulaire de politique pénale que j’ai adressée au procureur de la République, une priorité de ce gouvernement, sous l’autorité de M. le Premier Ministre, qui définit la politique pénale. Quant à vous, je vous encourage à rester digne devant la détresse et la violence des cas que vous évoquez. ».

    Paul Vannier s'est permis de rétorquer, puisqu'il avait encore quelques secondes de temps de parole (cela fera des vidéos sur son compte Twitter dont il est si fier), et, non content de réclamer la démission de François Bayrou, il a aussi réclamé la démission du Président Emmanuel Macron : « Monsieur le Premier Ministre, votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’État ! Il engage directement le Président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon. Il donne aux députés une immense responsabilité au moment de voter ou de ne pas voter la censure de votre gouvernement. ». L'excessif est insignifiant... surtout quand ce n'est pas fin et qu'on le voit venir de très loin avec ses gros sabots !

    Opération concertée par les censeurs de l'après-midi, car à la même séance du 12 février 2025, le député écologiste Arnaud Bonnet s'y est mis aussi, en mélangeant tout, comme ceci : « Vous avez été Ministre de l’Éducation nationale, président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, et maire de Pau ; vous disposiez de tous les leviers pour protéger ces enfants et vous auriez choisi de ne pas le faire. ». Le seul levier, on vient de le voir, c'était le ministère, et il n'était plus ministre quand les premières plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées. De plus, il n'était pas maire de Pau en même temps que Ministre de l'Éducation nationale ou que président du conseil général. Tout cela est un foutoir de confusion servant simplement à salir à tort une personnalité. Et de poser sa question : « Monsieur le Premier Ministre, vous nous devez des réponses claires. Si vous avez volontairement gardé le silence sur ces agissements, alors vous devrez démissionner. ». Ces gauchistes voudraient une commission d'enquête sur ce que savait ou pas François Bayrou. En revanche, ils se moquent de savoir combien il y a de victimes, combien d'adultes sont-ils (réellement) impliqués, pendant quelle période. S'il y avait une commission d'enquête parlementaire à former, ce serait évidemment sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram, où subsistent encore des zones d'ombre. Mais il y a déjà une instruction judiciaire en cours.


    La réponse de François Bayrou est restée factuelle : « Dès lors que ce serait au service de la polémique, on serait autorisé à tout dire et à défendre n’importe quel argument. Je l’ai dit hier, mais à l’époque des faits, je n’ai jamais été averti des agissements qui ont donné lieu aux signalements et aux plaintes. La lettre à laquelle vous faites allusion date d’avril 2024, alors que les faits en question remontent aux années 1990. J’affirme que je n’ai pas eu la moindre information, sinon, comme je l’ai déjà dit, croyez-vous vraiment que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement sur lequel pesaient de tels soupçons ? Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet. ».

     

     
     


    François Bayrou a finalement réagi de la meilleure manière. Répondre et répondre serait inutile, un peu comme les polémiques dans les réseaux sociaux avec des trolls. Les uns ont tout leur temps pour faire cela, puisqu'ils se moquent de l'intérêt des Français et en particulier des victimes bien réelles de Notre-Dame de Bétharram, et le Premier Ministre, en revanche, ne peut pas passer son temps à polémiquer sur les réseaux sociaux ou dans les chaînes d'information continue parce qu'il a un État à gérer et à réformer.

    Il a donc fait la seule chose qu'il fallait faire et il l'a fait ce samedi 15 février 2025 à la mairie de Pau. Il a fait venir les victimes pour les écouter pendant trois heures. On peut lui reprocher d'avoir attendu quelques jours, mais ceux qui le lui reprochent lui ont aussi collé cinq motions de censure en deux semaines et auraient été les premiers mécontents si le Premier Ministre s'était absenté pour aller à Pau. Il a attendu donc le week-end pour aller à la rencontre des victimes de Notre-Dame de Bétharram, leur apporter tout son soutien et leur assurer que le gouvernement ferait tout ce qu'il a en son pouvoir pour les défendre (par exemple, renforcer le parquet de Pau pour instruire rapidement les 112 dépôts de plaintes).

    Ces témoignages ont manifestement secoué le Premier Ministre : « C'était bouleversant, purement et simplement l'expression de la vérité de vie, dont toutes ont été atteintes, dont certaines sans doute ont été brisées par des actes de violences intolérables, et hélas d'agressions sexuelles abominables. c'est une expérience à laquelle je veux apporter mon soutien, et prendre des décisions qui vont dans ce sens. ». Et toujours devant les victimes : « Est-ce qu'on aurait dû s'en apercevoir à l'époque ? À coup sûr. J'ai dit que je ne savais pas. Je savais pour cette plainte qui avait été posée pour une claque. J'ai demandé une inspection, et je ne savais pas ce qu'il s'était passé. ».


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (16 février 2025)
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    Pour aller plus loin :
    Paul Vannier.
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  • La croisade nauséabonde de Paul Vannier

    « Mes premières pensées vont aux garçons qui ont été en souffrance dans ce type d’affaires, et à eux, j’adresse ma sympathie, mais pas à ceux qui exploitent leur souffrance. » (François Bayrou, le 11 février 2025 dans l'hémicycle).



     

     
     

    Il y a des personnes mal intentionnées (c'est un euphémisme !), pour des motivations diverses (l'une par messianisme anti-système, l'autre par stratégie de chaos), qui profitent de la détresse de victimes d'un véritable scandale pour faire de la polémique à trois balles. La cible, c'est le Premier Ministre François Bayrou et c'est assez stupide d'obliger le chef du gouvernement de se défendre alors que ce seraient les victimes à défendre et protéger.

    J'ai tout de suite compris le niveau de puanteur quand j'ai lu le (premier ?) tweet de Paul Vannier le 5 février 2025. Qui est Paul Vannier ? Non, c'est n'est pas le sculpteur d'une statue à Paris, mais simplement un député insoumis élu du Val-d'Oise depuis 2022 avec son cortège de détritus.

    Il faut regarder la date de ce tweet, le 5 février 2025, c'est-à-dire quand les insoumis étaient certains que les socialistes ne voteraient pas leur motion de censure examinée le jour même contre le gouvernement Bayrou. Alors, après les échecs répétés de leurs motions de censure, l'échec de leur tentative de destitution du Président de la République, les insoumis cherchent d'autres moyens : salir de manière odieuse et indigne le Premier Ministre. En faisant quoi ? En laissant dire qu'il serait mouillé dans une affaire de pédocriminalité. C'est dégueulasse !

    Du reste, pourquoi cette "affaire" sortirait-elle seulement en février 2025 alors qu'elle était déjà connue à cause des plaintes de mars 2024, et même en 1998, pour les premières plaintes. Les députés insoumis et les journalistes guidés par je ne sais quel messianisme se sont réveillés juste la veille d'une des motions de censure des insoumis que ceux-ci savaient perdues d'avance. Comme c'est étrange.


    Ce procédé odieux n'est pas nouveau, car le maire de Toulouse Dominique Baudis avait lui-même été accusé à tort dans une sordide affaire de viol et prostitution, à l'époque avec un écho retentissant dans le journal local, "La Dépêche du midi", dont le propriétaire est la famille Baylet connue pour être les rivaux politiques de Dominique Baudis en Haute-Garonne.

    Que dit le tweet de Paul Vannier ? C'est une vidéo en fait, et le député, à grands moulinets, a dit notamment ceci : « C'est probablement la plus grave affaire de pédophilie que notre pays ait connue et tout indique que le Premier Ministre François Bayrou savait et a couvert. ». Que reproche-t-on à François Bayrou ? D'avoir été complice des pédocriminels d'un établissement scolaire catholique, rien que cela ! Avec des mots comme "probablement" et "tout indique" qui montrent le sérieux et la rigueur des accusations.

     
     


    D'ailleurs, beaucoup d'internautes n'étaient pas dupes si l'on en croit les réponses à ce tweet. L'un : « Les hyènes ont trouvé un os à ronger ! ». Un autre : « Et pendant tout ce temps, vous n'avez rien dit ? ». Un troisième : « C'est qui, Paul Vannier ? Il sert à quoi, ce type qui ne cherche que la polémique ? À dégager dès que possible ! ». Un quatrième : « Quand on a rien à béqueter, on fait les poubelles. ». Un cinquième : « Les faits remontent à 1970, Paul Vannier, et ont été dénoncés depuis longtemps ! Qu'est-ce qui vous prend aujourd'hui ? Vous avez l'indignation vachement tardive ! Hier, c'était pas grave ? Vous êtes décidément à vomir ! ». Un autre : « Qu'as-tu dit sur le procès de la pédocriminalité à Angers de 1999 à 2002 ? Pourtant, en 2003, tu étais encore honnête, juste avant ta conversion à la secte d'extrême gauche de Raëlenchon. 62 personnes condamnées pour abus sexuels sur 45 enfants de 6 mois à 12 ans. Ça t'a choqué ? ». Un septième, perspicace, qui a bien compris : « Faire le buzz sans preuves, pour affaiblir un gouvernement le jour d'une motion de censure ; et le faire au nom d'un parti comprenant parmi ses députés plusieurs mis en examen pour des faits réels et non fantasmés ; vous touchez vraiment le fond. ».

    Comme celui-ci : « À quoi fait référence le député Vannier de LFI ? Réponse : à une affaire relayée notamment par BFM RMC en date du 23 avril 2024 (ça ne vient pas de sortir). (…) Pourquoi presque un an plus tard se saisit-il de ce dossier ? Réponse : Ils ont perdu la législative de l'Isère, ils n'ont pas eu la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, ils savent que la motion de censure ne va pas passer, ils commencent à voir que la Palestine va devenir un non-sujet depuis l'élection de Trump, donc, il leur faut impérativement trouver de nouvelles cartouches. (…) Peu leur importe les violences qui ont pu exister et les potentielles victimes, peu leur importe d'intervenir dans une affaire en cours d'instruction. ». Encore un autre : « T'as que ça pour taper sur E. Macron et l'école privé ? T'es tombé bien bas. Et comme par hasard, mais vraiment par hasard, le jour d'une motion de censure... Prends-nous pour des lapins de six semaines. ».

    Il y a quand même, parmi les réponses, aussi quelques tweets de soutien, dont un n'hésitait pas à démolir le Premier Ministre ainsi : « L'Affaire pédocriminelle de l'école catholique Bétharram illustre la cruauté de Bayrou. Une carrière bâtie sur la banalisation de la violence des enfants. ». La "cruauté de Bayrou", rien que cela. J'ai été rassuré en regardant d'où ça venait : « Co-animateur insoumis » ! Je comprends mieux : il y a des personnes qui sont payées à mettre ce genre de tweet matin midi et soir. Les réponses précédentes, en revanche, je doute qu'elles aient été monnayées. Même si certaines ont rappelé un titre du journal "Le Figaro" du 2 octobre 2024, qui n'a pas l'air d'émouvoir le député FI : « Viols avec torture d'une fillette handicapée à Nantes : le suspect est un ancien candidat LFI » (une enfant de 4 ans).


    Mais revenons au fond. Il y a effectivement un véritable scandale dans l'institution Notre-Dame de Bétharram, un collège et lycée qui fait aussi pensionnat et qui a accueilli jusqu'à 600 enfants par an. Plus d'une centaine de plaintes ont été déposées en 2024 pour des faits remontant de 1957 à 2010, les victimes ont été des enfants âgés de 8 à 13 ans, victimes de 26 adultes, enseignants, prêtres ou surveillants, de violences sexuelles voire et de viols. Ce scandale est grave, mais faut-il y mettre un superlatif ? Toujours est-il que pour l'instant, la justice a été saisie et que l'instruction suit son cours, et c'est très bien. Mais de quoi est donc accusé François Bayrou ?

    Alors, reprenons le fil. On accuse François Bayrou simplement d'être né dans la commune voisine de celle où se trouve l'établissement scolaire en question. Bordières est, en effet, tout à côté de Lestelle-Bétharram. Alors, François Bayrou aurait dû savoir ce qui s'est passé dans cet établissement parce qu'il a été un élu du coin, aussi un parent d'élève de cet établissement, puisqu'au moins un de ses enfants, peut-être plus, ont été scolarisés dans ce collège. De plus, c'est un établissement privé, catholique, sous contrat (ce qui signifie qu'il respecte scrupuleusement les programmes de l'Éducation nationale).


    On dit ainsi parfois n'importe quoi, en mélangeant tout. Je vais donc reprendre les mandats de François Bayrou, pour que ce soit clair : il a été élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques, sur le canton de Pau-Sud (qui n'inclut pas Lestelle-Bétharram), de mars 1982 à mars 2008, et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de mars 1992 à mars 2001. Il a été élu député des Pyrénées-Atlantiques de mars 1986 à juin 2012 (où il a été battu), sauf lorsqu'il a été ministre (1993 à 1997) et député européen (1999 à 2002). Entre 1986 et 1988, il n'avait pas de circonscription puisqu'il a été élu à la proportionnelle départementale, mais ensuite, sa circonscription est la deuxième du département et inclut à la fois son canton de Pau-Sud et Lestelle-Bétharram. Il a été élu maire de Pau, mais seulement depuis mars 2014 (c'est très loin des années 1990). Enfin, il a été Ministre de l'Éducation nationale de mars 1993 à juin 1997, puis un mois Ministre de la Justice de mai à juin 2017, et enfin Premier Ministre depuis décembre 2024.

    Les peu-glorieux qui attaquent François Bayrou sur ce scandale multiplient les amalgames et les confusions entre les dates et les faits. Car leur but, c'est de mettre en faute le Premier Ministre, et le premier moyen, c'est de le faire mentir.

    Mais arrêtons-nous sur une série de tweets bien vus du dessinateur Xavier Gorce qui sait aussi bien écrire que dessiner. Il a donné le mode d'emploi de Mediapart : « L'affaire Bayrou ressemble point pour point aux affaires précédentes, orchestrées exactement selon la même stratégie : Mediapart révèle partiellement, le mis en cause réfute en mentant en partie, par légèreté ou surplomb. Et là, le piège se referme, exploité politiquement. ».

    Il a précisé le comment : « Mediapart cible ses attaques sur un maillon faible de l'État : ils ont des dossiers (minces) sur chaque acteur politique et attendent qu'il "monte" à un poste stratégique de pouvoir. Alors, ils sortent les éléments pour ferrer le poisson en flagrant délit de mensonge. ». Le pourquoi : « Le poisson, ils s'en foutent (Edwy s'en fout). La cible, c'est le "système". Voilà ce qu'est l'éthique et la conception du journalisme de Mediapart : un job d'officine idéologique et politique d'agit' prop. ».

     
     


    L'offensive réelle, après un bas-bruit d'une semaine, c'était la séance des questions au gouvernement du mardi 11 février 2025 à l'Assemblée. Le même Paul Vannier était tout fier de poser sa question vache (il l'a retransmise sur Twitter) : « Père d’élèves scolarisés dans l’établissement, époux d’une professeure de Bétharram, président du conseil départemental, vingt ans député de la circonscription, ancien ministre de l’éducation nationale, saisi à de multiples reprises de ces violences, vous avez toujours affirmé n’avoir rien su, rien vu, rien entendu. (…) Et alors que vos fonctions successives vous permettaient de protéger ces enfants, vous avez choisi l’omerta pendant trente ans ! (…) Voulez-vous l’impunité de cet établissement financé sur fonds publics s? Les anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram, que vous avez jusqu’ici choisi d’ignorer, les millions de victimes d’abus sexuels et tous les parents d’élèves de France attendent votre réponse. ».

    En clair, Super-Bayrou aurait dû venir en aide aux millions de victimes de Notre-Dame de Bétharram. Elles sont plutôt au nombre d'un peu plus d'une centaine, et c'est déjà beaucoup trop. Il y a plein d'allusions. Par exemple, "financé sur fonds publics" est vrai et faux : les enseignants sont payés par l'État parce qu'ils enseignent selon la volonté de l'État, mais les bâtiments sont sur fonds privés. De plus, les scandales de pédocriminalité, s'ils ont touché beaucoup d'établissements scolaires catholiques (c'est l'Église elle-même qui a fait l'état des lieux récemment), ils ont aussi touché des établissements scolaires publics et aussi des établissements sportifs, en fait, hélas, tout endroit où des adultes s'occupent d'enfants. Il y a aussi une critique en évoquant l'épouse de François Bayrou, Élisabeth qui a fait du catéchisme dans cet établissement, le plus près de leur résidence principale.

    On a reproché aussi à son épouse d'avoir assisté à l'enterrement d'un prêtre qui s'est avéré être un prédateur sexuel sur les élèves. Comment pouvait-elle savoir ce qu'il se passait s'il y avait le silence sur ces faits ? À ce compte-là, il faudrait aussi traiter maintenant comme de dangereux criminels tous ceux qui ont assisté aux obsèques de l'abbé Pierre.

    Chacun a le droit de présenter les faits tant qu'il ne tort pas la vérité. Or, ici, il l'a tordue parce qu'il ne comptait que sur la confusion. François Bayrou a répondu simplement et fermement : « J’affirme que je n’ai évidemment jamais, au grand jamais, été informé de quoi que ce soit en matière de violences, a fortiori de violences sexuelles, et j’ai deux preuves à l’appui de mon affirmation. La première, c’est que j’avais déjà quitté le Ministère de l’Éducation nationale depuis des mois, c’est-à-dire en mai 1997, quand les premières plaintes ont été déposées en décembre 1997, puis en 1998. L’autre preuve devrait faire consensus : croyez-vous que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement dont il aurait été dit qu’il s’y passe des choses de cet ordre ? Je peux vous assurer que tout est faux. Une plainte en diffamation sera évidemment déposée. ».


    Le procureur Mediapart, qui est comme un chien qui ne lâche plus sa proie, a fait un titre particulièrement scandaleux : « De nouvelles archives de l'affaire en 1996 prouvent l'implication de François Bayrou » ! Rien que ça, "l'implication" de François Bayrou ! Parlons-en de 1996. Il y a eu une affaire une plainte en avril 1996 sur un enfant qui a reçu une gifle assez forte (tympan brisé) qui a dû se produire l'année précédente. François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale et comme il est le chef de cette administration, il a demandé à ce qu'il y ait une enquête de l'inspection.
     

     
     


    Invité de "Questions politiques" le dimanche 16 février 2025 sur France Inter, le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, par ailleurs vice-président du MoDem, a expliqué : « Lorsque François Bayrou était Ministre de l'Éducation nationale, il y a effectivement eu une gifle qui a été signalée en 1996. Ce qui a conduit à ce qu'un rapport de l'inspection soit rédigé qui dit très clairement, je l'ai lu, qui dit très clairement : "Notre-Dame de Bétharram n'est pas un établissement dans lequel les élèves sont brutalisés". ». C'était probablement un tort, mais c'est le rapport d'inspection qui a conclu cela, pas François Bayrou qui, au contraire, a voulu mettre toute la lumière sur ce signalement.

    Quant aux sévices sexuels et viols, les premiers signalements n'ont été faits qu'à la fin de l'année 1997 et 1998. François Bayrou n'était plus ministre. C'était Claude Allègre qui était aux commandes dans le gouvernement de Lionel Jospin et ce qui a été fait ou pas fait ne peut donc pas être reproché à l'actuel Premier Ministre. C'est ce que dit maintenant l'avocat de la première victime de viol qui a déposé plainte en 1998 : « S'il s'agit de dire qu'il avait connaissance du dossier judiciaire, je comprends qu'il n'en connaissait rien puisqu'il n'avait rien à en connaître. Sinon, on aurait évidemment dénoncé une pression du politique sur le judiciaire. En 1998, François Bayrou n'est plus Ministre de l'Éducation nationale, c'est Claude Allègre, c'est un socialiste. Alors, entendre aujourd'hui la gauche vitupérer sur le silence ou l'inaction du Ministère de l'Éducation nationale, c'est franchement hypocrite. ».

    Mediapart a reproduit une lettre recommandée avec accusé réception signé de François Bayrou pour indiquer qu'il savait ! Mais ce courrier date d'avril 2024, d'il n'y a meme pas un an ! Quand François Bayrou dit qu'il ne savait pas, c'était à l'époque, dans les années 1990. Et d'ailleurs, qu'aurait-il fait s'il avait su ? D'abord, retirer son ou ses enfants de cet établissement. Cela aurait été la première chose à faire. Il ne l'a pas fait.


    Ce n'est pas parce que Mediapart a publié des photos du jeune député Bayrou accompagnant Michèle Alliot-Marie, autre élue du coin, en visite dans cet établissement, que ce serait choquant. Les élus visitent généralement beaucoup d'établissements scolaires au cours de leur mandat, et sont même parfois membres du conseil d'administration de l'établissement. C'est donc toujours facile de prendre un établissement où il y a eu ce genre d'affaire et de retrouver des photos d'élus le visitant auparavant. Sans rien connaître du scandale.

    Le député Paul Vannier a persévéré puisque le lendemain, le mercredi 12 février 2025, avant l'examen de la motion de censure de son clan politique, en opération commandée, il a récidivé avec une nouvelle question au gouvernement sur le même sujet, insultant François Bayrou d'être un menteur : « Monsieur le Premier Ministre, vous avez menti aux députés pour dissimuler que vous aviez connaissance de violences sur enfants, violences que vos responsabilités passées vous imposaient de dénoncer. Le mensonge d’un ministre devant la représentation nationale, a fortiori du premier d’entre eux, est d’une immense gravité. Que votre mensonge porte sur une affaire pédocriminelle ajoute à l’inacceptable. Allez-vous en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission ? ».

    François Bayrou a laissé son Ministre de la Justice, Gérald Darmanin, répondre à sa place et il l'a fait avec précision en rappelant l'essentiel : « Je veux d’abord, en mon nom et au nom du gouvernement, avoir une pensée pour tous ces enfants, quel que soit leur âge, qui, en tant que victimes, méritent mieux que des jeux politiciens. Si nous nous rejoignons tous dans la lutte contre la pédophilie et les violences insupportables faites à nos enfants, je regrette que certains utilisent honteusement ces faits pour régler des comptes politiques. (…) Je rappellerai simplement pour ma part que la lutte contre les violences faites aux enfants est, ainsi que je l’ai moi-même souligné dans la circulaire de politique pénale que j’ai adressée au procureur de la République, une priorité de ce gouvernement, sous l’autorité de M. le Premier Ministre, qui définit la politique pénale. Quant à vous, je vous encourage à rester digne devant la détresse et la violence des cas que vous évoquez. ».

    Paul Vannier s'est permis de rétorquer, puisqu'il avait encore quelques secondes de temps de parole (cela fera des vidéos sur son compte Twitter dont il est si fier), et, non content de réclamer la démission de François Bayrou, il a aussi réclamé la démission du Président Emmanuel Macron : « Monsieur le Premier Ministre, votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’État ! Il engage directement le Président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon. Il donne aux députés une immense responsabilité au moment de voter ou de ne pas voter la censure de votre gouvernement. ». L'excessif est insignifiant... surtout quand ce n'est pas fin et qu'on le voit venir de très loin avec ses gros sabots !

    Opération concertée par les censeurs de l'après-midi, car à la même séance du 12 février 2025, le député écologiste Arnaud Bonnet s'y est mis aussi, en mélangeant tout, comme ceci : « Vous avez été Ministre de l’Éducation nationale, président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, et maire de Pau ; vous disposiez de tous les leviers pour protéger ces enfants et vous auriez choisi de ne pas le faire. ». Le seul levier, on vient de le voir, c'était le ministère, et il n'était plus ministre quand les premières plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées. De plus, il n'était pas maire de Pau en même temps que Ministre de l'Éducation nationale ou que président du conseil général. Tout cela est un foutoir de confusion servant simplement à salir à tort une personnalité. Et de poser sa question : « Monsieur le Premier Ministre, vous nous devez des réponses claires. Si vous avez volontairement gardé le silence sur ces agissements, alors vous devrez démissionner. ». Ces gauchistes voudraient une commission d'enquête sur ce que savait ou pas François Bayrou. En revanche, ils se moquent de savoir combien il y a de victimes, combien d'adultes sont-ils (réellement) impliqués, pendant quelle période. S'il y avait une commission d'enquête parlementaire à former, ce serait évidemment sur le scandale de Notre-Dame de Bétharram, où subsistent encore des zones d'ombre. Mais il y a déjà une instruction judiciaire en cours.


    La réponse de François Bayrou est restée factuelle : « Dès lors que ce serait au service de la polémique, on serait autorisé à tout dire et à défendre n’importe quel argument. Je l’ai dit hier, mais à l’époque des faits, je n’ai jamais été averti des agissements qui ont donné lieu aux signalements et aux plaintes. La lettre à laquelle vous faites allusion date d’avril 2024, alors que les faits en question remontent aux années 1990. J’affirme que je n’ai pas eu la moindre information, sinon, comme je l’ai déjà dit, croyez-vous vraiment que nous aurions scolarisé nos enfants dans un établissement sur lequel pesaient de tels soupçons ? Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet. ».

     

     
     


    François Bayrou a finalement réagi de la meilleure manière. Répondre et répondre serait inutile, un peu comme les polémiques dans les réseaux sociaux avec des trolls. Les uns ont tout leur temps pour faire cela, puisqu'ils se moquent de l'intérêt des Français et en particulier des victimes bien réelles de Notre-Dame de Bétharram, et le Premier Ministre, en revanche, ne peut pas passer son temps à polémiquer sur les réseaux sociaux ou dans les chaînes d'information continue parce qu'il a un État à gérer et à réformer.

    Il a donc fait la seule chose qu'il fallait faire et il l'a fait ce samedi 15 février 2025 à la mairie de Pau. Il a fait venir les victimes pour les écouter pendant trois heures. On peut lui reprocher d'avoir attendu quelques jours, mais ceux qui le lui reprochent lui ont aussi collé cinq motions de censure en deux semaines et auraient été les premiers mécontents si le Premier Ministre s'était absenté pour aller à Pau. Il a attendu donc le week-end pour aller à la rencontre des victimes de Notre-Dame de Bétharram, leur apporter tout son soutien et leur assurer que le gouvernement ferait tout ce qu'il a en son pouvoir pour les défendre (par exemple, renforcer le parquet de Pau pour instruire rapidement les 112 dépôts de plaintes).

    Ces témoignages ont manifestement secoué le Premier Ministre : « C'était bouleversant, purement et simplement l'expression de la vérité de vie, dont toutes ont été atteintes, dont certaines sans doute ont été brisées par des actes de violences intolérables, et hélas d'agressions sexuelles abominables. c'est une expérience à laquelle je veux apporter mon soutien, et prendre des décisions qui vont dans ce sens. ». Et toujours devant les victimes : « Est-ce qu'on aurait dû s'en apercevoir à l'époque ? À coup sûr. J'ai dit que je ne savais pas. Je savais pour cette plainte qui avait été posée pour une claque. J'ai demandé une inspection, et je ne savais pas ce qu'il s'était passé. ».


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (16 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Paul Vannier.
    Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    La vérité nous rendra libres.
    Abus sexuels : l’Église reconnaît sa responsabilité institutionnelle.
    Legs et indécence.
    Secret de la confession et lois de la République.
    Abus sexuels dans l’Église : honte, effroi et pardon !
    Rapport de Jean-Marc Sauvé remis le 5 octobre 2021 sur la pédocriminalité dans l’Église (à télécharger).
    Présentation du rapport Sauvé le 5 octobre 2021 (vidéo).
    Discours du pape François le 24 février 2019 au Vatican (texte intégral).
    La protection des mineurs dans l’Église.
    Protection des mineurs (2) : pas d’imprescriptibilité pour la pédocriminalité.
    Protection des mineurs (1) : 15 ans, âge minimal du consentement sexuel ?
    La faute de Mgr Jacques Gaillot.
    Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
    Mgr Barbarin : le vent du boulet.
    Pédophilie dans l’Église catholique : la décision lourde de Lourdes.
    Mgr Barbarin : une condamnation qui remet les pendules à l’heure.
    Pédophilie dans l’Église : le pape François pour la tolérance zéro.
    Le pape François demande pardon pour les abus sexuels dans l’Église.
    Le pape François en lutte contre la culture de l’étiquette et de la médisance.

     



     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250205-paul-vannier.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/17/article-sr-20250205-paul-vannier.html


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  • Philippe Val et la promesse d'autres tragédies

    « Un bon Arabe doit être musulman, sa femme doit être voilée, il doit détester la France et admirer le Hamas et le Hezbollah. Cette assignation des Arabes par les autorités morales est un racisme réel drapé dans un antiracisme autoproclamé. Un tel déni de réalité, dix ans après les attentats de 2015, est la promesse d'autres tragédies. » (Philippe Val, le 6 janvier 2025 sur Europe 1).




     

     
     


    Personnalité du monde médiatique et intellectuel un peu touche-à-tout, Philippe Val (72 ans) est tout à la fois humoriste, journaliste, écrivain, chroniqueur et même patron de presse. Sa consécration a sans doute été sa nomination comme directeur général de l'importante station de radio publique France Inter de 2009 à 2014, mais ses fonctions pendant dix-sept ans à la tête de "Charlie Hebdo" de 1992 à 2009, comme rédacteur en chef puis comme directeur de publication, sont sans doute ce qui a eu le plus d'importance à ses yeux.

    Et il se place bien entendu sur le devant de scène des commémorations des attentats de janvier 2015 pour une raison simple : c'est lui, comme directeur de publication de "Charlie Hebdo", qui a pris la responsabilité (qu'il n'a jamais regretté) de publier les caricatures de Mahomet, celles publiées par le quotidien danois "Jyllands-Posten" le 30 septembre 2005. Leur publication a eu lieu dans le numéro de "Charlie Hebdo" du 3 février 2006, complétées par des caricatures maison. L'hebdomadaire satirique a été quasiment le seul périodique français à avoir eu le courage de les publier (avec "France-Soir" et "Libération") en raison des nombreuses pressions faites sur les rédactions.


     

     
     


    Depuis cette date, Philippe Val est sous protection policière matin midi et soir (et nuit), et vit avec l'angoisse de l'assassinat. On peut dire que son angoisse était justifiée puisque cinq dessinateurs, deux journalistes et deux chroniqueurs (entre autres) ont été assassinés il y a dix ans, le 7 janvier 2015.
     

     
     


    J'apprécie beaucoup Philippe Val car il porte finalement une parole très rare dans le monde médiatique, il veut rappeler sans cesse qu'il faut combattre l'islamisme et, bien que de gauche, il bouscule la pensée prémâchée de l'islamogauchisme. Trouille ou militantisme politique, on ne sait pas trop bien ce qui motive beaucoup de nos intellectuels français en-dessous de tout, et en particulier d'une pensée claire sur la liberté et sur la laïcité. Philippe Val est, avec quelques autres petites lumières médiatiques comme Caroline Fourest, Tristane Banon, Sophia Aram (actuellement salement harcelée par cette gauche extrémiste), l'un des rares "prescripteurs d'opinion" à rappeler toute l'horreur de l'islam politique et la nécessité de s'y opposer fermement, quelle que soit sa foi ou sa non-foi.

    Dans sa chronique du lundi 6 janvier 2025 qu'il a faite sur la station Europe 1, le journaliste est sévère contre ses collègues qui n'ont jamais rappelé que les caricatures qui avaient mis le monde musulman en colère en 2005 et 2006 n'étaient pas celles publiées par le journal danois mais d'autres, falsifiées pour manipulation par un imam qui l'a reconnu par la suite. Comme pour l'assassinat de Samuel Paty, victime lui aussi d'une manipulation mensongère sur les réseaux asociaux, la désinformation a tué beaucoup trop pour ne pas alerter les journalistes pendant qu'il est encore temps.

    Philippe Val a aussi rappelé que l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui, à 75 ans, est très malade et n'est toujours pas soigné, alors qu'il a été jeté en prison injustement en Algérie il y a deux mois, est trop peu soutenu par les moralistes professionnels en France et mériterait leur soutien avec un écho médiatique qui puisse faire pression sur le gouvernement algérien.


     

     
     


    Dans cette chronique, Philippe Val a d'abord fustigé ce qu'il a appelé la "bienveillance" de nombreux "intellectuels" envers l'islamisme : « On va parler de ce qui n'a pas changé, voire de ce qui a empiré : la bienveillance d'une partie du monde intellectuel, politique et médiatique français pour les acteurs d'un phénomène religieux, l'islam, dans sa version la plus hostile à notre civilisation, la plus puritaine et la plus dangereuse. On l'a vu lors du stupéfiant soutien au Hamas par La France insoumise et le journal "Le Monde" après le 7 octobre 2023 et par les non-moins stupéfiants ralliements et accords électoraux qui s'ensuivirent de la part de partis comme le parti socialiste ou de personnalités comme François Hollande. ».

    "Le Monde" a contribué à ce climat malsain qui, de fait, promeut l'antisionisme : « Je ne souhaite nullement la disparition du "Monde" dont j'admire et respecte nombre de ses journalistes, mais son statut de journal de référence n'est plus supportable. Ce n'est pas plus une référence que Mediapart ou "Valeurs actuelles". C'est un journal d'opinion et c'est son droit. Mais ce statut ne lui permet d'exercer aucun magistère moral. Qu'il soit lu comme une bible par les enseignants, les intellectuels, les politiques, est une des causes de la maladie de la démocratie française. Au lendemain des attentats, il y a dix ans, "Le Monde" avait déjà choisi de donner une large audience à Emmanuel Todd qui prétendait que les 4 millions de manifestants du 11 janvier n'étaient que des petits bourgeois catholiques qui avaient besoin d'avoir peur de l'islam pour se tenir chaud ensemble. ».

     

     
     


    Le point de référence de l'ancien directeur de "Charlie Hebdo", c'est le massacre antisémite du 7 octobre 2023 dans la continuité des réactions aux caricatures de 2005-2006 : « On l'a vu après le massacre du 7 octobre. Dans les heures qui ont suivi, ce n'est pas l'horreur du massacre qui a été mise en avant, mais le scandale de la réplique israélienne. Il y a une continuité dans la volonté de nier la réalité. Par exemple, en 2006, les caricatures qui ont mis le feu au Moyen-Orient et monde arabe ne sont pas celles qu'ont publiées le "Jyllands-Posten" et "Charlie Hebdo". On sait que ce sont des caricatures détournées et diffusées par un imam danois intégriste. Bien que l'information ait parfaitement circulé dans les rédactions, et que depuis, l'imam repenti ait avoué sa manipulation, l'info n'intéressait pratiquement personne. Il est évident que les caricatures publiées étaient anodines et que leur censure était insupportable dans n'importe quel régime de liberté. Personne n'a voulu retenir cette information pourtant capitale. Eh bien, c'est un cas d'école pour journalistes : une info reste-t-elle vraie quand personne n'a envie d'y croire ? (…) Ce qui démontre aussi que notre métier de journaliste et d'intellectuel est de dire la réalité au plus près. Et que c'est une question de vie ou de mort. La réalité se venge toujours quand elle est repoussée, elle revient sous une forme monstrueuse. En ce qui nous concerne, elle est revenue sous la forme des attentats qui ont endeuillé notre pays. ».

    Si le monde journalistique a compris la nature de l'islamisme, il y a encore beaucoup à faire pour préserver une parole sensée en France : « Il s'est passé quelque chose. La plupart des grands journaux et des chaînes d'info, radios, ont désormais des positions sans ambiguïté sur l'islam politique et l'antisémitisme, et il faut s'en réjouir. Mais une partie du monde intellectuel et journalistique n'a encore rien compris. La campagne de haine que subit aujourd'hui l'humoriste Sophia Aram et l'indifférence méprisante dont Boualem Sansal fait l'objet montrent à quel point leur magistère moral est une imposture. Boualem Sansal et Sophia Aram ont en commun une tare majeure aux yeux de nos moralistes antiracistes : ce sont de mauvais Arabes ! Un bon Arabe doit être musulman, sa femme doit être voilée, il doit détester la France et admirer le Hamas et le Hezbollah. Cette assignation des Arabes par les autorités morales est un racisme réel drapé dans un antiracisme autoproclamé. Un tel déni de réalité, dix ans après les attentats de 2015, est la promesse d'autres tragédies. ».

     

     
     


    Cette chronique du 6 janvier 2025 de Philippe Val est excellente car elle est un condensé d'une parole qui est rare et pourtant essentielle en France, celle d'une gauche républicaine qui est aujourd'hui étouffée par la nouvelle farce populaire (NFP). Cette gauche républicaine (dont je ne suis pas) est aujourd'hui la mieux représentée politiquement par un quasi-homonyme, l'ancien Premier Ministre et l'actuel Ministre d'État Manuel Valls, qui a su exprimer en 2015 et 2016 ce qu'était l'esprit républicain et que je ne me lasserai jamais de répéter : « Être français, ce n’est pas renoncer à ses origines, ce n’est pas renoncer à son identité, c’est les verser au pot commun. C’est une citoyenneté qui n’est pas petite, qui n’est pas réduite à l’origine de chacun, du sang, du sol ou par naturalisation, mais qui est grande, ouverte, fondée sur la volonté de construire l’avenir ensemble ! C’est ce nouveau patriotisme que j’appelle de mes vœux ! ».


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (06 janvier 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Philippe Val et la promesse d'autres tragédies.
    7 janvier 2025 : êtes-vous toujours Charlie ?
    L’esprit républicain.
    Fête nationale : cinq ans plus tard…







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250106-philippe-val.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/philippe-val-et-la-promesse-d-258535

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/01/06/article-sr-20250106-philippe-val.html




     

  • Le pape François en Corse : la vie en rose !

    « En tout temps et dans toute tribulation, le Christ est présent, le Christ est la source de notre joie. Il est avec nous dans la tribulation pour nous faire avancer et nous donner la joie. Gardons toujours cette joie dans nos cœurs, cette assurance que le Christ est avec nous, qu’il marche avec nous. Ne l’oublions pas ! Ainsi, avec cette joie, avec cette sécurité que Jésus est avec nous, nous serons heureux et nous rendrons les autres heureux. Tel doit être notre témoignage. » (le pape François, le 15 décembre 2024 à Ajaccio).



     

     
     


    Le pape François a fait une visite éclair en Corse ce dimanche 15 décembre 2024, à Ajaccio où il a reçu de nombreux évêques de France. Petite compensation pour la France qui l'avait invité à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris la semaine dernière. Le pape avait alors décliné l'invitation, ne se voyant pas aux côtés des autres chefs d'État et de gouvernement, dans un luxe qui aurait affligé sa modestie (et par ailleurs, il n'était pas libre, il n'avait pas piscine, mais un consistoire le 7 décembre 2024, à savoir, la création de 21 nouveaux cardinaux dont 20 électeurs, aucun Français).

    Ce n'est plus beaucoup évident pour le pape de se déplacer. Il a effectué un voyage très épuisant en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Timor oriental en septembre, avant un voyage plus court en Belgique et Luxembourg. Il est désormais la plupart du temps en fauteuil roulant (il se réserve la position debout dans certaines occasions) et surtout, il est âgé, très âgé, il va d'ailleurs fêter son 88e anniversaire ce mardi 17 décembre 2024. Il est le pape en exercice le plus âgé que le monde a connu depuis plus de cent vingt ans, depuis Léon XIII, qui est mort à 93 ans le 20 juillet 1903. Benoît XVI, qui est mort à 95 ans le 31 décembre 2022, il y a deux ans, avait renoncé à ses fonctions pontificales peu avant ses 86 ans, le 28 février 2013.

    Le pape François, en un peu moins de douze ans de pontificat, est venu très peu souvent en France, et jamais à Paris. Ajaccio est sa troisième destination française, et encore, à condition que la première soit française alors qu'elle était plutôt européenne, au Parlement Européen de Strasbourg le 25 novembre 2014. La deuxième destination fut les 22 et 23 septembre 2023 à Marseille, l'an dernier. Il aime bien la Méditerranée et sans doute y a-t-il vu une allusion avec le drame des migrants. Mais la Corse est aussi assez proche de l'Italie, pas très loin de Rome. C'est donc évidemment une marque d'estime historique que le pape a eue envers les Corses.

    Dans son court déplacement à Ajaccio, le pape François a eu l'occasion de s'exprimer en public à trois reprises. La première fois dans la matinée à 10 heures 15 au Palais des Congrès et d'Exposition d'Ajaccio, pour la clôture du congrès "La religiosité populaire en Méditerranée". Un contexte intellectuel pour le Saint-Père de confirmer son grand intérêt pour la Méditerranée : « Les terres baignées par la mer Méditerranée sont entrées dans l’histoire et ont été le berceau de nombreuses civilisations ayant connu un développement exceptionnel. Rappelons notamment les civilisations gréco-romaine et judéo-chrétienne qui témoignent de l’importance culturelle, religieuse et historique de ce grand “lac” situé entre trois continents, cette mer unique au monde qu’est la Méditerranée. N’oublions pas que dans la littérature classique, tant grecque que latine, la Méditerranée a été souvent le cadre idéal de la naissance de mythes, de contes et de légendes. De même, la pensée philosophique et les arts, avec les techniques de navigation, ont permis aux civilisations de la Mare nostrum de développer une haute culture, d’ouvrir des voies de communication, de construire des infrastructures et des aqueducs, et plus encore des systèmes juridiques et des institutions d’une grande complexité dont les principes de base sont encore valables et pertinents aujourd’hui. ».

     

     
     


    Si, dans son discours, le pape François n'avait aucune intention politique en venant à Ajaccio (au contraire de Marseille), il n'a pas reparlé du drame des migrants à ma connaissance (je peux me tromper), il a quand même évoqué un sujet qui lui tenait très cœur, le risque de dérive identitaire de la foi : « Nous devons veiller à ce que la piété populaire ne soit pas utilisée, instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique, en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d’exclusion. Tout cela ne répond pas à l’esprit chrétien de la piété populaire et appelle chacun, en particulier les pasteurs, à la vigilance, au discernement et à la promotion d’une attention constante aux formes populaires de la vie religieuse. ». L'allusion était relativement transparente d'une certaine extrême droite qui utilise la foi chrétienne pour se replier dans un trip identitaire alors que la foi est avant tout une ouverture au monde et aux autres.

    Il a aussi évoqué la laïcité : « Sur le terrain commun de cette audace de faire le bien, de demander la bénédiction, les croyants peuvent se retrouver sur un chemin commun avec les institutions laïques, civiles et politiques, pour travailler ensemble à la croissance humaine intégrale et à la sauvegarde de cette “île de beauté”. D’où la nécessité de développer un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace. ».

    C'était l'occasion de citer le pape Benoît XVI sur une "saine laïcité" qui signifie, selon son prédécesseur : « libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux. (…) Une telle saine laïcité garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme, voire même contraire, à la croyance. C’est pourquoi la saine laïcité (unité-distinction) est nécessaire, et même indispensable aux deux. ». Et d'ajouter : « De cette manière, plus d’énergie et plus de synergies peuvent être libérées, sans préjugés et sans opposition de principe, dans le cadre d’un dialogue ouvert, franc et fructueux. ».





    Inutile de dire que ce concept de "saine laïcité" sera certainement fustigé par les uns et les autres, et pourtant, rappelons-nous que la "laïcité" signifie avant tout neutralité de l'État dans une société vivante qui rassemble des croyants de toutes religions, des athées, des agnostiques, etc. et l'idée du pape que chacun, là où il est, peut enrichir la société est une grand pas (ce n'est pas nouveau, cela fait très longtemps que les papes soutiennent la laïcité à la française, même si ce n'était pas le cas au moment du vote de la loi du 9 décembre 1905).

    Le deuxième rendez-vous corse du pape était avec les évêques et les prêtres français (ainsi que les diacres, les séminaristes, etc.) rassemblés dans la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption à Ajaccio à 11 heures 20. En plus de son 88e anniversaire, le pape a rappelé, à cette occasion, qu'il a fêté son 55e anniversaire de sacerdoce deux jours auparavant, le 13 décembre : « Et je vous fais une confidence : j'ai déjà cinquante-cinq ans de sacerdoce, oui, avant-hier j'ai fait cinquante-cinq ans, et je n'ai jamais refusé l'absolution. Et j’aime confesser, tellement. J’ai toujours cherché le moyen de pardonner. ».






    Car son message portait surtout sur le pardon, au moment de la confession : « S’il vous plaît, ne torturez pas les gens dans le confessionnal : où, comment, quand, avec qui... Toujours pardonner, toujours pardonner ! Il y a un bon frère capucin à Buenos Aires que j’ai fait cardinal à 96 ans. Il a toujours une longue file de gens, parce qu’il est un bon confesseur, j’allais aussi chez lui. Ce confesseur m’a dit un jour : "Écoute, j'ai parfois le scrupule de trop pardonner" "Et que fais-tu ?" "Je vais prier et je dis : Seigneur, excuse-moi, j’ai trop pardonné. Mais tout de suite, il me vient à l’esprit de lui dire : Mais c’est Toi qui m’as donné le mauvais exemple !". Pardonner toujours. Pardonner tout. Et je le dis aussi aux religieuses et religieux : pardonner, oublier, quand on nous fait quelque chose de mal, les luttes ambitieuses de la communauté... Pardonner. Le Seigneur nous a donné l’exemple : pardonner tout et toujours ! Tous, tous, tous. ». En gros, son message était : pardonnez-leur tous, Dieu reconnaîtra les siens !!
     

     
     


    Enfin, le grand moment populaire était à 15 heures 30 pour une grand-messe Place d'Austerlitz, à Ajaccio, au pied de la statue de Napoléon Ier, devant environ 9 000 pèlerins privilégiés (qui ont pu avoir une place). Beaucoup de ferveur, beaucoup de joie dans cette célébration aux prélats vêtus de chasubles blanches et roses.

    Le moment le plus important était évidemment son homélie, courte, avec deux tonnerres d'applaudissements de la foule.

     

     
     


    La première ovation a été pour approuver le pape lorsqu'il leur a demandé de s'occuper des personnes âgées, et pas seulement à Noël : « Puissent nos communautés grandir dans leur capacité d’accompagner tout le monde, en particulier les jeunes (…) ; et, d’une manière particulière, les personnes âgées, les anciens. Les personnes âgées sont la sagesse d’un peuple. Ne l’oublions pas ! Et chacun d’entre nous peut se demander : comment je me comporte face aux personnes âgées ? Est-ce que je vais les chercher ? Est-ce que je perds du temps avec elles ? Est-ce que je les écoute ? Oh non, ils sont ennuyeux, avec leurs histoires ! Est-ce que je les abandonne ? Combien d’enfants abandonnent leurs parents dans les maisons de retraite. Je me souviens qu’une fois, dans un autre diocèse, je me suis rendu dans une maison de retraite pour visiter les gens. Il y avait là une dame qui avait trois ou quatre enfants. Je lui ai demandé : "Comment vont vos enfants ?" – "Ils vont très bien ! J’ai beaucoup de petits-enfants" – "Et ils viennent vous rendre visite ?" – "Oui, ils viennent toujours". Quand je suis sorti, l’infirmière a dit : "Ils viennent une fois par an". Mais la mère couvrait les défauts de ses enfants. Beaucoup laissent les personnes âgées seules. Ils leur souhaitent Noël ou Pâques au téléphone ! Prenez soin des personnes âgées, qui sont la sagesse d’un peuple ! ». Est-ce le sens de la famille en Corse qui a fait tant applaudir ?

    En tout cas, c'est certainement le sens de la famille qui a rendu fiers ces Corses remerciés, félicités d'avoir fait participer tant d'enfants à la messe. Certains ont même chanter ou lu un texte : « En Corse, Dieu merci, ils sont nombreux ! Et félicitations ! Je n’ai jamais vu autant d’enfants qu’ici ! C’est une grâce de Dieu ! Et je n’ai vu que deux petits chiens. Chers frères, ayez des enfants, ayez des enfants, qui seront votre joie, votre consolation dans l’avenir. C’est la vérité : je n’ai jamais vu autant d’enfants. Il n’y a qu’au Timor oriental qu’il y en avait autant, mais dans les autres villes, il n’y en avait pas autant. C’est votre joie et votre gloire. ». On pourrait croire à une sortie un peu populiste, mais le pape n'est pas de ce genre-là, il a simplement été étonné de cette jeunesse et de ces enfants si fervents et si vivants.
     

     
     


    S'il n'a fait aucun commentaire politique, le pape a néanmoins évoqué la souffrance d'enfants ukrainiens : « Nous savons malheureusement bien que de grands motifs de souffrance ne manquent pas parmi les nations : la misère, les guerres, la corruption, la violence. Je vais vous dire une chose : il arrive que des enfants ukrainiens, qui ont été amenés ici à cause de la guerre, viennent aux audiences. Vous savez quoi ? Ces enfants ne sourient pas ! Ils ont oublié le sourire. S’il vous plaît, pensons à ces enfants dans le pays en guerres, à la douleur de tant d’enfants. ».

    La citation que j'ai placée en tête de l'article sur la joie était la conclusion de l'homélie du François. Il ne faut pas croire que prêcher la joie est une béatitude un peu candide. C'est plutôt prêcher une puissante force. Le pape a ainsi affirmé très lucidement : « Il n’est pas facile d’avoir de la joie. La joie chrétienne n’est en aucun cas une joie insouciante, superficielle, une joie de carnaval. Non. Elle n’est pas ainsi. Il s’agit au contraire d’une joie du cœur reposant sur un fondement très solide que le prophète Sophonie, en s’adressant au peuple, exprime ainsi : réjouis-toi, car "le Seigneur ton Dieu est un puissant Sauveur au milieu de toi" (So 3, 17). Cette confiance dans le Seigneur qui est au milieu de nous. Bien souvent, nous ne nous en souvenons pas : il est au milieu de nous lorsque nous faisons une œuvre bonne, lorsque nous éduquons nos enfants, lorsque nous prenons soin des personnes âgées. Au contraire il n’est pas au milieu de nous quand nous faisons des bavardages, en parlant toujours mal des autres. Là, il n’y a pas de Seigneur, il n’y a que nous. La venue du Seigneur nous apporte le salut : elle est donc un motif de réjouissance. Dieu est "puissant", dit l’Écriture : Il peut racheter nos vies car Il est capable de réaliser ce qu’Il dit ! Notre joie n’est donc pas une consolation illusoire pour nous faire oublier les tristesses de la vie. Non, elle n’est pas une consolation illusoire. Notre joie est le fruit de l’Esprit Saint par la foi en Christ Sauveur qui frappe à notre cœur, le libérant de la tristesse et de l’ennui. ».





    La célébration eucharistique a duré plus de deux heures. Le soleil a laissé place à la nuit, sur une foule enchantée par un pape qui a montré, tout au long de son voyage apostolique, une grande simplicité et un contact facile.
     

     
     


    Le pape François a terminé sa journée corse en rencontrant le Président de la République Emmanuel Macron qui l'attendait à l'aéroport d'Ajaccio. Ce dernier a accompagné le souverain pontife jusqu'à son avion.

     

     
     


    Ceux qui ont pensé que le pape était en froid avec le Président français en seront pour leurs frais. Seuls les caricaturistes ont pu s'amuser à bon escient, car dans tous les cas, l'humour a toujours été libre pour les chrétiens, et aucun pape n'a jamais condamné à mort un seul dessinateur pour manque de respect ou impertinence. Le sens de l'humour, lui aussi, est ...d'origine divine !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (15 décembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Le pape François en Corse : la vie en rose !
    Le voyage du pape François en Corse (Ajaccio) en direct live ce dimanche 15 décembre 2024 (vidéo).
    Autonomie de la Corse : y a-t-il un risque de séparatisme ?
    Notre-Dame de Paris, capitale du monde !
    Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?
    Les 98 ans de Sœur Marguerite.
    Le scandale bouleversant de l'abbé Pierre.
    Assomption : pourquoi le 15 août est-il férié ?
    Le pape François à Marseille (1) : ne pas légiférer sur l'euthanasie.
    Le voyage du pape François à Marseille (22 et 23 septembre 2023).
    Mgr Jacques Gaillot.
    Mgr Albert Decourtray.

    Maurice Bellet.
    Lucile Randon (Sœur André).
    François : les 10 ans de pontificat du pape du bout du monde.
    Santé et Amour.
    Le testament de Benoît XVI.
    Célébration des obsèques du pape émérite Benoît XVI le 5 janvier 2023 (vidéo).

    L’encyclique "Caritas in veritate" du 29 juin 2009.
    Sainte Jeanne d'Arc.
    Sainte Thérèse de Lisieux.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    Saint François de Sales.
    Le pape François et les étiquettes.
    Saint  Jean-Paul II.
    Pierre Teilhard de Chardin.
    La vérité nous rendra libres.
    Il est venu parmi les siens...
    Pourquoi m’as-tu abandonné ?
    Dis seulement une parole et je serai guéri.
    Le ralliement des catholiques français à la République.
    L’abbé Bernard Remy.

     

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241215-pape-francois.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-pape-francois-en-corse-la-vie-258183

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/15/article-sr-20241215-pape-francois.html



     

  • Notre-Dame de Paris, capitale du monde !

    « Vertige de découvrir que Notre-Dame de Paris pouvait disparaître et que nos cathédrales aussi sont mortelles. Alors, nous avons choisi le sursaut, la volonté, le cap de l'espérance. Nous avons décidé de rebâtir Notre-Dame de Paris, plus belle encore, en cinq années. Le sursaut, la volonté, et pour rendre cela possible, une fraternité inédite. » (Emmanuel Macron, le 7 décembre 2024 à Notre-Dame de Paris).



     

     
     


    Le Président de la République de poursuivre : « Fraternité de ceux qui ont donné, de tous les continents, de toutes les religions, de toutes les fortunes, unis par l'espérance et réunis dans ces murs. Fraternité des compagnons, apprentis et de tous les métiers ici réunis sous la conduite du général Georgelin pour qui j'ai ce soir une pensée émue. ». J'aurais pu titrer cet article "Impossible n'est pas français !" et même "Paris vaut bien une messe !".

    Le provincial enfant que j'étais avait été étonné en apprenant que dans les calculs de distances kilométriques pour Paris, on prenait comme point de référence Notre-Dame de Paris. Le centre de Paris. Elle est devenue le centre du monde pour quelques heures ce samedi 7 décembre 2024. Si le temps (météo) n'était pas clément, mais le temps (durée), le moment était toutefois absolument exceptionnel.

     

     
     


    Encore une fois, la France se retrouve au centre de la culture, de la religion, de la politique, de la diplomatie, de l'économie, autant dire, de la civilisation du monde aujourd'hui. Et précisons qu'il n'existe véritablement qu'une seule civilisation de nos jours, celle qui relie des peuples différents, des cultures distinctes par des moyens technologiques de communication et de transports sans précédent.
     

     
     


    L'année 2024 sera doublement étonnante. D'abord, cet été, avec un pays célébré et félicité pour son organisation des Jeux olympiques et paralympiques mémorables alors qu'il n'y avait plus de gouvernement. Et cette fin d'automne qui, là encore, a vu le pays sans gouvernement pour l'une de ses rares cérémonies mondiales, elle aussi mémorable. François Mitterrand avec son Bicentenaire de la Révolution, le 14 juillet 1989, n'a plus qu'à se rhabiller, il a trouvé son maître ès cérémonies, Emmanuel Macron ! Je plaisante, mais c'est un peu vrai. Pas étonnant que le pape François ne soit pas venu, il a adressé un message aux Français à cette occasion, lu dans la soirée, pour les remercier (et demander de ne pas rendre payante l'entrée de la cathédrale), mais il ne souhaitait sans doute pas se mêler aux fastes des invités d'honneur. Lui, c'est l'humilité et on ne le lui reprochera pas.

     

     
     


    Une quarantaine de chefs d'État, de gouvernement étaient présents pour fêter, car il s'agit bien de fête ici, de célébrer la réouverture de Notre-Dame de Paris, d'honorer les pompiers et tous les compagnons artisans qui ont rebâti en cinq ans la cathédrale. Ce n'est pas sans précédent de réunir des dizaines de chefs d'État et de gouvernement à Notre-Dame ; depuis l'assassinat de Sadi Carnot, la plupart des Présidents de la République française ont été enterré à Notre-Dame de Paris, en particulier De Gaulle, Georges Pompidou, mais aussi François Mitterrand (le vrai enterrement a eu lieu à Jarnac) et Jacques Chirac (en fait, il aurait dû y être enterré, mais à cause de l'incendie, ce fut à l'église Saint-Sulpice), et de nombreux homologues étrangers, anciens ou en fonction, les ont accompagnés à ces ultimes hommages.
     

     
     


    Ce samedi soir, et le lendemain, puisque les personnalités invitées ce soir sont aussi conviées, pour certaines, à participer à la messe du dimanche matin, sur le plan religieux, c'est la fête de l'Immaculée conception, appelée aussi la fête des Lumières à Lyon. La fête de la Vierge Marie, la fête de Notre-Dame. Cette cérémonie a eu de nombreuses facettes nationales et internationales. C'est la fête d'Emmanuel Macron et il ne pourra pas cacher sa satisfaction d'avoir réussi à mettre la France et Paris au centre du monde pendant quelques heures. Mais aussi d'avoir réussi ce pari audacieux, ce défi au temps et aux choses de vouloir reconstruire la cathédrale en cinq ans, un peu comme saint Pierre qui allait bâtir l'Église ! Évangile selon saint Matthieu : « Et moi, je te déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emporetera pas sur elle ! » (chapitre 16, versets 18).
     

     
     


    La principale facette, c'est l'aspect diplomatique. Emmanuel Macron n'est pas seul au monde et a gardé un indéniable leadership. La meilleure reconnaissance a été la venue du Président élu Donald Trump, au-delà de Jill Biden, représentant son mari Joe Biden. Donald Trump, bien avant l'incendie, avait visité Notre-Dame de Paris (en tant que Président des États-Unis) et en était ressorti enchanté, comme lorsqu'on visite Disneyland !

    Il ne faut pas sous-estimer que Notre-Dame de Paris n'appartient pas qu'aux Parisiens ou qu'aux Français, mais au monde entier : elle est l'emblème international de la France, bien sûr, au même titre que la Tour Eiffel, mais pas seulement. Victor Hugo, par son œuvre littéraire, a non seulement forcé les autorités françaises à se préoccuper de cette cathédrale si haute en patrimoine, mais aussi les citoyens du monde entier. Les enfants américains connaissent tous l'existence de Notre-Dame de Paris et en rêvent comme d'autres rêvent du château de la Belle au bois dormant. Elle fait partie, au monde, de la magie des lieux exceptionnels, comme les pyramides, comme d'autres monuments intemporels. L'émotion le jour de l'incendie a été ressentie bien au-delà des frontières françaises et européennes.


     

     
     


    Mais pour la facette diplomatique, il ne s'agit pas de cette émotion internationale du symbole magique de la France. Il s'agit d'actualité brûlante, avec des événements dramatiques au même moment, la chute de Damas, en Syrie, et la fuite de Bachar El-Assad et de son cruel régime, qui bouleverse complètement le Moyen-Orient, dont les conséquences sont encore très mal analysées, et qui est immanquablement l'une des conséquences du cruel massacre du 7 octobre. Il s'agit aussi de la guerre en Ukraine.

     

     
     


    Emmanuel Macron, futur Prix Nobel de la Paix ? En tout cas, il a su réunir le Président américain élu Donald Trump et le Président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'Élysée pour une première rencontre diplomatique, et cette rencontre a été improvisée, elle n'était prévue que dans les minutes qui l'ont précédée (le retard de Donald Trump faisait télescoper son rendez-vous avec celui du Président ukrainien). Très émouvant aussi, car spontanément, Volodymyr Zelensky a été applaudi par le peuple de Paris qui était présent, et à l'intérieur de la cathédrale, par les chefs d'État et de gouvernement qui y étaient présents.

     

     
     


    La présence même de Donald Trump a été sans doute la plus grande victoire diplomatique d'Emmanuel Macron. Donald Trump a ainsi réservé à la France sa première visite internationale, c'est une belle reconnaissance de l'importance de la France dans le monde. Cela a été aussi l'occasion de rencontrer les futurs homologues de Donald Trump venus à la fête. Comme un parrain, il a salué de nombreux chefs d'État et de gouvernement très flattés de pouvoir faire une première approche avec le futur Président des États-Unis.

     

     
     


    La très courageuse Présidente géorgienne Salomé Zourabichvili est venue le saluer pour tenter d'y trouver un allié dans son combat contre Vladimir Poutine. Même le gouvernement français démissionnaire était intimidé, Michel Barnier en premier, qui regardait Donald Trump avec une certaine fascination, celle d'un enfant approchant un animal fantastique.

     

     
     


    Ce n'est pas non plus un hasard si Donald Trump est venu avec une cravate jaune sur un costume bleu, les couleurs de l'Ukraine. Elon Musk s'est invité aussi à la cérémonie, au grand dam du protocole.

     

     
     


    Il y a eu la facette culturelle, qui est celle que la culture réunit bien au-delà de la religion. La cathédrale est un patrimoine reconnu au-delà des chrétiens, au-delà des Parisiens, au-delà des Français, au-delà du religieux. C'est de l'architecture, c'est de l'histoire (dans son discours, Emmanuel Macron a rappelé l'imbrication de Notre-Dame de Paris avec l'histoire de France, depuis saint Louis jusqu'à De Gaulle), c'est aussi le symbole de l'esprit face au matériel, d'une puissance transcendante face au temporel. C'est la nation française qui transcende au-delà des passions religieuses. Il faut ainsi voir cette fraternité dans la diversité des religions. Notre-Dame de Paris fait nation. Emmanuel Macron, qui ne voulait pas prononcer son discours à l'intérieur de la cathédrale, mais les conditions météorologiques l'ont empêché de s'exprimer à l'extérieur, a réussi à ne pas provoquer de polémique sur la laïcité : la laïcité est la neutralité de l'État, pas l'opposition de l'État aux religions. Les athées, les agnostiques, les musulmans, les autres croyants ont tous communié avec les catholiques et les autres chrétiens pour cette renaissance de Notre-Dame de Paris, c'était donc une cérémonie fédératrice, fédératrice de la nation, fédératrice des religions (œcuménisme), et fédératrice des nations au pluriel. Ce n'est pas si fréquent, c'est pour cela qu'il faut le souligner. Oui, Paris vaut bien une messe !

    Et impossible n'est pas français ! Emmanuel Macron a été personnellement responsable de deux choses essentielles pour Notre-Dame de Paris. D'abord, la décision de prendre le risque d'aller sauver les cloches dans une tour. Le risque était grand, il était mortel. La décision n'a pas dû être facile à prendre, soit la vie de dizaines de pompiers, et chaque vie est aussi précieuse qu'un monument historique, soit la préservation, l'existence pure et simple de la cathédrale, car l'effondrement des tours lui aurait été fatal. Le fait qu'il n'y a pas eu de mort, heureusement, ne doit pas faire sous-estimer la folie d'une telle décision.
     

     
     


    Dans son petit discours, d'ailleurs, Emmanuel Macron a rappelé cet épisode : « Le 15 avril 2019, la nouvelle de l'incendie a couru de lèvres en lèvres. Les images de flammes dévorant le transept, la fumée noire, la flèche qui vacille puis s'effondre dans un fracas d'ossements, et ces heures de combats face au feu. La décision de lui laisser sa part et ces minutes désespérées où tout pouvait partir, où la pierre, le bois, les vitraux auraient pu disparaître. (…) Il y eut surtout de la bravoure. Celle de ces sapeurs pompiers et de leur chef, envoyés pour une dernière tentative, plus dangereuse encore que les autres, ces hommes, escaladant la façade, plongeant dans le feu afin d'empêcher les seize cloches de tomber, et avec elles, toute la cathédrale. À 22 heures 47, retentit ce message : nous sommes maîtres du feu. Les pompiers reprenaient l'avantage, et il n'y eut, cette nuit, aucun mort. ». Aucun mort, cela a dû être le principal soulagement de tous sa Présidence.
     

     
     


    Du reste, avant ce discours et avant l'interprétation des talentueux frères Capuçon d'une œuvre de Haendel, les pompiers ont été vivement honorés en défilant dans l'allée principale de la cathédrale.

     

     
     


    Cet épisode a notamment ému Donald Trump car il a dû repenser à l'effondrement des Twin Towers du World Trade Center le 11 septembre 2001 et à la mort des pompiers qui ont tenté de sauver les personnes travaillant à l'intérieur, qui ont représenté 10% des milliers de victimes. L'effondrement de la flèche de Notre-Dame a aussi rappelé chez les Américains cette tragédie.

    Le second point, c'est le choix de rebâtir Notre-Dame de Paris à l'identique, c'est-à-dire selon les choix de Viollet-le-Duc. Emmanuel Macron était plutôt favorable à un élément d'architecture moderne (moi aussi, pas forcément pour la flèche), mais il a finalement été convaincu par l'architecte en chef de Notre-Dame, Philippe Villeneuve, que le choix de l'identique semblait plus adéquat. Comme quoi, le Président est aussi capable d'écouter ce qu'on lui dit. Tous ceux, surtout parisiens, qui considéraient Notre-Dame comme faisant partie de leur paysage quotidien depuis leur enfance ou leur jeunesse ont dû le remercier de ce choix.

    En fait, Emmanuel Macron est le responsable de trois et pas de deux éléments majeurs dans la reconstruction, la premier, c'est évidemment d'avoir fixé le délai de cinq ans pour terminer les travaux, là où dix ou vingt auraient dû être nécessaires selon les plus connaisseurs. C'est cette folie des objectifs qui a permis de faire des miracles. La première chose qu'il faut rappeler, une règle managériale, c'est que même si on ne connaît pas le temps pour un projet, il faut se donner un agenda, des repères, des objectifs de calendrier, quitte à les repousser ensuite, mais il faut se fixer des objectifs. La seconde chose, c'est que le volontarisme fait des miracles, en organisant tout un mouvement pour aller jusqu'au bout de l'action.

     

     
     


    D'ailleurs, au-delà de la volonté politique, il y a bien sûr l'aspect financier dans une époque budgétaire pourtant désastreuse, mais même cette considération a été au-delà des espérances : 340 000 donateurs venus du monde entier, et, certes, quelques grosses fortunes ont contribué massivement, ce qui a apporté 800 millions d'euros très rapidement... un budget en bénéfices qui pourra aussi servir aux rénovations prévues avant l'incendie de Notre-Dame. C'est probablement l'une des raisons de la réussite sur le délai : il n'y avait pas de limite financière au projet. Dans la vie réelle (par exemple, dans les gros chantiers publics, comme le désamiantage de Jussieu), il y a toujours une sous-évaluation du coût du gros chantier public (pour une raison simple : l'État est surendetté et ne prend la décision que si le coût est "raisonnable").

    Dans la facette culturelle, il faut aussi souligner l'extraordinaire choix du couturier Jean-Charles de Castelbajac d'avoir choisi de concevoir de très belles chasubles avec des couleurs vives, ce qui a donné des allures de joie et de modernité à une liturgie qui aurait pu sembler vieillotte et ennuyeuse (d'autant plus que l'archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich, qui a ouvert la grande porte de Notre-Dame, n'est pas ce qu'on appelle un homme très charismatique).
     

     
     


    Bien sûr, il y a eu aussi la facette économique du génie français, de l'excellence française, reconnue par le monde entier. Encore une nouvelle fois, après les JOP. C'est la grande fierté d'Emmanuel Macron, celle d'avoir su atteindre son objectif ô combien ambitieux et périlleux. Le volontarisme fait des miracles. Emmanuel Macron s'est hissé au rang de De Gaulle en termes de volontarisme. Il y a aussi un autre Président qui a cultivé le volontarisme, Nicolas Sarkozy, mais sans doute son volontarisme tournait à vide, par manque de culture, manque d'horizons.

    Emmanuel Macron a su mener à merveilles ce projet de reconstruction de la cathédrale, en particulier en nommant Jean-Louis Georgelin dont la mémoire a été honorée au cours de la cérémonie (il est mort dans une randonnée en montagne en 2023 ; il expliquait qu'il était un militaire, qu'il obéissait et quand on lui a dit cinq ans, il a agi pour atteindre ces cinq ans). C'est la démonstration de l'excellence française, de la capacité des Français à s'unir, à remonter leurs manches et à faire excellent, reconnus par tous dans le monde. Avec cette reconstruction, il y a de quoi être fier d'être Français.

    Incontestablement, il y a bien deux France. La France de l'excellence, du rayonnement culturel, du phare intellectuel, qui éblouit toutes les nations, et, en même temps, cette classe politique pourrie par la haine et l'arrivisme, par l'irresponsabilité et le cynisme, par le populisme et la démagogie, qui a adopté une motion de censure pour d'obscures raisons d'intérêts particuliers en oubliant l'objectif principal d'un engagement politique, servir les Français, servir la Nation. En clair, être patriote ! Heureusement, Emmanuel Macron est là et résistera à ces forces du déclin et de la division. Nos amis étrangers ont, eux aussi, déjà choisi. Et les Français lui en rendront crédit.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 décembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Notre-Dame de Paris, capitale du monde !
    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Jean-Louis Georgelin.
    Eugène Viollet-le-Duc.
    Notre-Dame de Paris : la flèche ne sera pas remplacée par une pyramide !
    La Renaissance de Notre-Dame de Paris : humour et polémiques autour d’une cathédrale.
    Allocution du Président Emmanuel Macron du 16 avril 2019 (texte intégral).
    Notre-Dame de Paris, double symbole identitaire.
    Maurice Bellet, cruauté et tendresse.











    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241207-notre-dame-de-paris.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/notre-dame-de-paris-capitale-du-258043

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/07/article-sr-20241207-notre-dame-de-paris.html




     

  • 5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?

    « Et je vous le dis ce soir avec force, nous sommes ce peuple de bâtisseurs. Nous avons tant à reconstruire. Alors oui, nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d’ici cinq années. Nous le pouvons, et là aussi, nous mobiliserons. Après le temps de l’épreuve viendra celui de la réflexion, puis celui de l’action, mais ne les mélangeons pas. » (Emmanuel Macron, allocution télévisée du 16 avril 2019).


     

     
     


    Pari tenu ! Au lendemain de l'incendie qui a détruit une grande partie de Notre-Dame de Paris, le Président de la République Emmanuel Macron avait donné un délai très court et audacieux pour tout rebâtir. La cathédrale restaurée sera en principe inaugurée en grandes pompes le 7 décembre 2024. La flèche a été reconstruite et redevenue visible le 19 février 2024, et les huit cloches réinstallées le 12 septembre 2024. La réouverture au grand public de la cathédrale monumentale dans six semaines, après sa fermeture et restauration depuis cinq ans, attise bien des convoitises.

    Dans l'interview accordée à Claire Bommelaer et Yves Thréard pour "Le Figaro" du 23 octobre 2024, la Ministre de la Culture Rachida Dati, également chef de l'opposition municipale à la Ville de Paris, a jeté un pavé dans la mare avec cette proposition de rendre payante l'entrée de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'un des joyaux de Paris et de la France : « Faire payer l'entrée de Notre-Dame sauverait toutes les églises de France. ». Son premier objectif étant d'en discuter, elle l'a largement atteint en provoquant la polémique (ce qui a de triste dans ce genre de sujet, c'est que tout le monde a son avis, les uns pour, les autres contre, et ça conduit à faire un monde clivé à un moment où nous aurions bien besoin de rassemblement). Le second objectif, celui de tous les ministres, à savoir trouver des sous, c'est moins sûr de l'atteindre !

    Tout est bon pour rassembler des sous, évidemment. Mais attention ! À mon sens, cette proposition est assez inquiétante de l'état de la société actuelle et plus encore de l'état de la classe politique qui semble être en perte de valeurs fondamentales.

    Rappelons d'abord les arguments de la ministre et les avantages d'une telle proposition, puis insistons sur sa difficile mise en œuvre et enfin, expliquons pourquoi cela me paraît complètement scandaleux.

    L'argument principal de Rachida Dati, c'est de dégager 75 millions d'euros par an pour restaurer les églises, parfois petites, de France. Sur les 50 000 lieux de culte catholiques que compte la France, 5 000 sont dans un état très grave qui nécessite une restauration pour ne pas mettre en danger ses visiteurs. Avant 2019, il y avait 12 millions de visiteurs de Notre-Dame chaque année. Rachida Dati voudrait ainsi faire porter le chapeau à ces visiteurs de la cathédrale de Paris pour sauver les églises de tout le territoire français, à la fois l'idée d'apporter des fonds et l'idée aussi d'une solidarité territoriale : « Avec 5 euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d’euros par an. Ainsi, Notre-Dame de Paris sauverait toutes les églises de Paris et de France (…) Ce serait un magnifique symbole. ».

    Soyons clairs, 5 euros, c'est vrai, c'est symbolique, avec probablement l'exonération pour les enfants (pour une famille nombreuse, ça peut monter très vite pour le porte-monnaie). D'où mon problème avec la calcul de la ministre : 5 x 12 millions moins les enfants (admettons un enfant pour trois adultes), je ne trouve que 45 millions d'euros et pas 75, mais je me tais, sinon, le tarif va augmenter ! Qu'importe, l'idée à discuter pour moi est plus de faire payer que de savoir combien. Il faudrait 700 millions d'euros pour restaurer les 5 000 églises vétustes, en dix ou quinze ans, ou vingt ans, ce programme serait totalement financé : intéressant donc, pour les responsables de la conservation du patrimoine. Rappelons aussi que le loto du patrimoine (organisé par Stéphane Bern) apporte chaque année entre 25 et 30 millions d'euros, soit 118 projets de restauration (de monuments historiques, pas seulement des édifices religieux).

    Après tout, le principe de l'usager payeur est meilleur que le principe du tout gratuit pour les services publics, par exemple, pour les transports en commun. Qui dit gratuits dit en fait payants pour les contribuables, y compris les non usagers. C'est vrai pour les écoles (ceux qui n'ont pas d'enfants les financent aussi), mais il s'agit de solidarité comme de payer la sécurité sociale lorsqu'on n'est pas malade (le coût d'une maladie étant monstrueux). Mais dans l'exemple de la cathédrale, ce principe s'entrechoque avec le principe de la laïcité et de la neutralité de l'État.

    "À cause" de la liberté du culte, seuls les visiteurs, c'est-à-dire les touristes devraient payer, et pas les fidèles, ceux qui voudraient venir prier ou assister aux messes. Déjà, rien que cette dernière phrase est bancale tant d'un point de vue théorique (inégalité face à la taxe, qu'en dit la Constitution ?) que d'un point de vue pratique (comment faire la différence ?). Et puis, je me regarde moi : j'ai visité des milliers d'églises pendant mes voyages à travers la France, et chaque fois, je m'y suis recueilli, mais aussi, je m'y suis cultivé, j'ai parfois admiré un beau vitrail, ou un autre truc. D'ailleurs, une des rares fois où je suis entré à Notre-Dame de Paris, il y avait une messe à laquelle je n'allais pas assister, prenant résolument ma casquette de touriste (bien que francilien). De toute façon, c'est tellement bruyant Notre-Dame qu'il est bien difficile de se recueillir en silence. Mais ce bruit est aussi joyeux, une église, ça vit, c'est l'animation du village. L'église est toujours vivante, par définition.

    Rachida Dati a pris aussi exemple sur l'étranger : « Partout en Europe, l’accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant. J’ai proposé à l’archevêque de Paris une idée simple : mettre en place un tarif symbolique pour toutes les visites touristiques de Notre-Dame et consacrer totalement cet argent à un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux. ».


    Le partout est exagéré, mais c'est vrai en partie. Pour visiter la Sagrada Familia, c'est 26 euros l'entrée (qui vaut le coût !), l'Abbaye du Mont-Saint-Michel, c'est 13 euros, l'Abbaye de Westminster, c'est 36 euros (selon le cours de la livre sterling). J'ai payé aussi pour entrer à la cathédrale de Cracovie, celle de Jean-Paul II. Et en France, même si l'entrée est gratuite, certaines visites sont payantes : les dômes, les tours, les cryptes, les baptistères, les salles du trésor, etc. sont parfois à entrée payante. En revanche, les plus belles églises, celles de Rome, sont gratuites.

    Entre parenthèses, la Ministre de la Culture a mis aussi sur le chantier l'idée de faire payer plus cher les touristes hors Union Européenne que les autres : « Est-il par exemple normal qu’un visiteur français paie son entrée au Louvre le même prix qu’un visiteur brésilien ou chinois ? (…) [Les] Français n’ont pas vocation à payer tout, tout seuls. (…) C’est une vraie rupture dans la politique tarifaire de nos établissements culturels. Nous sommes en train d’y travailler, pour une mise en place au 1er janvier 2026. ». Remarquons que la Russie a déjà adopté depuis longtemps cette politique tarifaire : les Russes paient beaucoup moins cher leurs musées que les étrangers. Mais revenons à Notre-Dame.

    Dans cette controverse, la position est relativement simple : les croyants sont scandalisés par l'idée de faire payer l'entrée dans une cathédrale, car cela entrave la liberté du culte et empêche les plus pauvres à aller à Notre-Dame ; ceux qui ne sont pas croyants, n'y voient que les vieilles pierres et trouvent logique de faire payer comme on fait payer pour entrer dans n'importe quel monument "païen". En somme, la question est de savoir si Notre-Dame de Paris est un monument, auquel cas elle s'insère dans le patrimoine de la France sous la responsabilité du Ministère de la Culture, ou si Notre-Dame de Paris est une cathédrale, lieu de culte par excellence des catholiques français, auquel cas elle doit être en libre service et sa gestion dépend du ministère du culte, à savoir le Ministère de l'Intérieur. J'aimerais donc connaître l'avis de
    Bruno Retailleau sur le sujet. Mgr Michel Aupetit, l'ancien archevêque de Paris, avait en effet bien rappelé la destination de Notre-Dame juste après son incendie : « C’est un lieu de culte qui doit être rendu au culte. Notre-Dame n’est pas un musée. ». Cela a le mérite de la clarté.

    La mise en pratique de proposition de Rachida Dati est en outre très difficile car comment seront choisies les églises à restaurer une fois que les sommes seront acquises ? Où ira l'argent ? Comment sera-t-il géré et avec quels frais de gestion ? La journaliste spécialiste du Vatican Caroline Pigozzi est très pessimiste sur la manière de gérer ce nouvel argent. Pour Alexandre Giuglaris, directeur général de la Fondation du Patrimoine, au contraire, ce n'est pas un problème. La Fondation du Patrimoine est prêt à s'en occuper et elle est même très alléchée par la proposition, car, évidemment, elle ne s'occupe que du matériel et pas du spirituel. Elle gère déjà l'argent obtenu par le loto du patrimoine.

    En tant que croyant, je serais très choqué de voir un péage à l'entrée d'une église et plus encore d'une cathédrale. Déjà, la différence avec il y a trente ans, c'est que les églises sont souvent fermées car faute de bonnes âmes de permanence, elles ne peuvent plus rester ouvertes sans surveillance à cause des vols (ce qui n'était pas le cas dans mon jeune temps). J'ai déjà eu ce sentiment quand je voulais visiter la cathédrale de Brou, à l'entrée de Bourg-en-Bresse, dont l'entrée est payante (mais justement, l'église ou plus précisément l'abbatiale n'est plus consacrée et cet ensemble est un musée et pas un édifice religieux même s'il l'a été).


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    La reconstruction de Notre-Dame de Paris n'a pas eu de problème de fonds : les nombreux dons, en particulier des familles les plus riches de France, ont permis de rassembler près de 900 millions d'euros (selon les promesses de 2019, je ne sais pas si cette somme a été effectivement recueillie : selon certaines sources, 840 millions d'euros auraient été collectées et le coût des travaux auraient été de 700 millions d'euros, d'où un surplus de 140 millions d'euros qui va servir à... ?). Ce grave incendie a montré que les Français (les plus riches) pouvaient rapidement mobiliser beaucoup d'argent quand le cœur leur parlait. Inciter aux dons et ne pas taxer, ne pas imposer, c'est peut-être la clef du problème. On critique les niches fiscales mais celle qui permet d'avoir moins d'impôts parce qu'on donne à des associations caritatives ou d'intérêt public me paraît une bonne niche fiscale, peut-être faudrait-il en inventer une spécifiquement pour les dons destinés à restaurer le patrimoine religieux de la France ?

    Cette collecte de dons (au final bénéficiaire) montre aussi que faire payer l'entrée de Notre-Dame alors que sa reconstruction a été totalement financée par des dons serait une grosse arnaque intellectuelle. Pour ne pas être trop polémique, la destination du surplus de 140 millions d'euros a fait beaucoup réfléchir au sommet de l'État et le Président de la République a choisi de ne pas les consacrer à la restauration d'autres églises (car ce n'était pas la destination de ces dons) et cette somme resterait toujours consacrée à l'entretien de Notre-Dame de Paris, hors travaux dus à l'incendie.


    C'est cela qui est important : Jésus-Christ avait viré les marchands du temple et on voudrait les y réinstaller ? On payait déjà pour monter dans les tours, et il va y avoir un musée de Notre-Dame qui sera naturellement payant. Faire payer un lieu de culte est d'ailleurs contraire à l'article 17 de notre loi si chérie du 9 décembre 1905 : « La visite des édifices et l'exposition des objets mobiliers classés seront publiques : elles ne pourront donner lieu à aucune taxe ni redevance. » (ce qu'a rappelé avec pertinence sur Twitter un internaute bien documenté).
     

     
     


    Le débat de rendre payante l'entrée de Notre-Dame de Paris semble de toute façon mort-né car l'État doit impliquer une institution essentielle, le diocèse de Paris, qui a déjà réagi ainsi le 24 octobre 2024 : « Nous souhaitons rappeler la position inchangée de l'Église catholique en France s'agissant de la gratuité du droit d'entrée dans les églises et les cathédrales. ».

    Cette gratuité est la garantie à tout le monde de pouvoir visiter la cathédrale. Et même si le visiteur n'est pas croyant, se moque de prier ou d'assister à une messe, le simple fait d'entrer dans la cathédrale, de s'y imprégner, d'admirer son architecture, sa lumière, son atmosphère, est déjà un rapprochement vers Dieu, que le visiteur le veuille ou pas. Lui mettre la barrière de l'argent signifierait que le Dieu honoré dans la cathédrale serait l'argent. Je sais que dans certains pays étrangers, on fait payer (il me semble, pas en Allemagne, mais quand on est croyant, on paie dans ses impôts l'équivalent du denier du culte à la religion déclarée).

    L'État a voulu confisquer les biens de l'Église avec sa loi de séparation des Églises et de l'État, et aujourd'hui, il n'est pas capable d'assumer l'entretien de ce patrimoine volé. Il faut savoir ce qu'on veut. La loi du 9 décembre 1905 s'est montrée pertinente et moderne car elle rend l'État impartial et neutre. C'est une façon de voir très rare (nos voisins s'en étonnent régulièrement), mais il faut l'assumer jusqu'au bout. Et surtout, voulue pour l'Église catholique, elle anticipait les liens entre l'islam et la République. En quelque sorte, en instaurant un péage à l'entrée de la cathédrale de Paris (d'abord symbolique, puis on l'augmenterait et on l'étendrait aux autres cathédrales, aux autres églises et chapelles de France), on remettrait en cause cette loi du 9 décembre 1905, du moins son esprit (car on peut toujours trouver un arrangement juridique), qui nous est, nous Français, si précieuse et si irrévocable pour donner des arguments face aux partisans de l'islamisation à outrance de la société.

    C'est donc philosophiquement, politiquement et surtout spirituellement que la proposition de Rachida Dati me paraît scandaleuse. Et cela n'empêche pas de faire des dons, même minimes de 5 euros, pour aider à la restauration des édifices religieux. Mais dans le seul cadre de la générosité "volontaire". Il y a trente-cinq ans environ, j'avais envoyé un don, très faible (je ne sais plus combien mais peu, et c'était en francs) pour la construction de la seule cathédrale du XXe siècle en France,
    celle d'Évry. Non seulement j'étais fier d'avoir participé (très modestement) à cette très belle cathédrale, mais j'avais en plus reçu un authentique brevet de bâtisseur de cathédrale ! (que j'ai perdu depuis longtemps). Bref, arrêtons de taxer encore et encore les Français !

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    Sylvain Rakotoarison (24 octobre 2024)
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    Pour aller plus loin :
    5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
    Jean-Louis Georgelin.
    Eugène Viollet-le-Duc.
    Notre-Dame de Paris : la flèche ne sera pas remplacée par une pyramide !
    La Renaissance de Notre-Dame de Paris : humour et polémiques autour d’une cathédrale.
    Allocution du Président Emmanuel Macron du 16 avril 2019 (texte intégral).
    Notre-Dame de Paris, double symbole identitaire.
    Maurice Bellet, cruauté et tendresse.

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    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241023-notre-dame-de-paris.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/5-euros-pour-visiter-notre-dame-de-257351

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/10/24/article-sr-20241023-notre-dame-de-paris.html




     

  • Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?

    « Je voudrais rappeler une autre figure : celle du père Jerzy Popieluszko, prêtre et martyr, qui a été proclamé bienheureux dimanche dernier précisément, à Varsovie. Il a exercé son ministère généreux et courageux aux côtés de ceux qui s'engageaient pour la liberté, pour la défense de la vie et sa dignité. Son œuvre au service du bien et de la vérité était un signe de contradiction pour le régime qui gouvernait alors en Pologne. (…) Si nous considérons l'histoire, nous voyons combien de pages d'authentique renouveau spirituel et social ont été écrites avec l'apport décisif de prêtres catholiques, animés uniquement par la passion pour l'Évangile et pour l'homme, pour sa véritable liberté, religieuse et civile. Combien d'initiatives de promotion humaine intégrale sont parties de l'intuition d'un cœur sacerdotal ! » (Benoît XVI, le 13 juin 2010 à Saint-Pierre de Rome).




     

     
     


    Il y a quarante ans, le 19 octobre 1984, il a été enlevé et assassiné. Quelques jours plus tard, le peuple polonais découvrait avec horreur le corps torturé et assassiné du père Jerzy Popieluszko à Wloclawek. Il venait d'avoir 37 ans (il est né le 14 septembre 1947 à Okopy d'une modeste famille de paysans).

    Après des études au grand séminaire de Varsovie et un service militaire très difficile à cause des persécutions contre les prêtres, Jerzy Popieluszko a été ordonné prêtre le 28 mai 1972 par le cardinal Stefan Wyszynski, archevêque de Varsovie qu'il admirait beaucoup (et qui a failli être élu pape en 1978 à la place de l'archevêque de Cracovie, finalement préféré parce que beaucoup plus jeune).

    Après avoir eu beaucoup d'activités comme prêtre, notamment aumônier dans le secteur des personnels médicaux, le père Popieluszko, à sa demande (acceptée par Mgr Wyszynski), est parti le 31 août 1980 auprès d'ouvriers en grève et a dit la messe pour les contestataires de Solidarnosc. Après
    l'état de siège décrété le 13 décembre 1981 par le général Jaruzelski, le père Popieluszko est venu en aide auprès des personnes emprisonnées membre de Solidarnosc. Il est devenu très rapidement l'une des personnalités qui défiaient le pouvoir communiste en place. Il a organisé tout un réseau de financement d'aides qui permettaient de soigner les opposants internés.
     

     
     


    Ses homélies, ses messes entre 1981 et 1984 ont été des façons de s'opposer à la dictature. Il faisait en sorte que ses homélies puissent être comprises de tout le monde et, avant de les prononcer, les faisait relire par des ouvriers pour savoir si elles étaient compréhensibles. Avec sa notoriété nationale, il a participé au renouveau de la foi en Pologne (beaucoup de conversions et de nouvelles vocations sacerdotales). Beaucoup de gens voyaient dans l'Église catholique la seule institution capable de résister à la dictature communiste. Le 19 mai 1983, il a dit la messe très suivie de l'enterrement de l'étudiant Grzegorz Przemyk, assassiné par la milice.

    À partir de 1982, le père Popieluszko était surveillé, et aussi diffamé, persécuté, sa famille également. On demandait à sa hiérarchie catholique de le faire taire, qu'il arrêtât ses activités de soutien à l'opposition, il a été plusieurs fois interrogé par la police pour abus de la liberté du culte en période de loi martiale. Il y a eu parfois des événements graves contre lui, comme l'envoi d'engins explosifs dans son appartement, etc.

    Jerzy Popieluszko était soutenu discrètement par le pape
    Jean-Paul II par l'intermédiaire de Mgr Zbigniew Kraszewski, évêque auxiliaire de Varsovie et confesseur de Lech Walesa. Mais cela devenait de plus en plus dangereux pour lui. Ses amis ont demandé en juillet 1984 au cardinal Jozef Glemp, nouvel archevêque de Varsovie, de l'envoyer faire des études à Rome afin de l'écarter de la Pologne, mais Jerzy Popieluszko ne voulait pas quitter la Pologne et les Polonaiss et Mgr Jozef Glemp a expliqué a posteriori qu'il ne voulait pas le forcer à aller à Rome.
     

     
     


    Suivi dès le 7 octobre 1984, le père Popieluszko a failli être assassiné le 14 octobre 1984. Ce fut lors de la seconde tentative le 19 octobre 1984 qu'il a perdu la vie : sa voiture a été arrêtée par la police, son chauffeur (ancien parachutiste) a réussi à s'enfuir mais le prêtre résistant a été enlevé, placé de force dans un coffre, et amené à Wloclamek. Torturé jusqu'à la mort, Jerzy Popieluszko a été jeté dans la Vistule.

    Son corps a été retrouvé un peu plus tard, le 30 octobre 1984, grâce aux indications des trois officiers de la police politique qui ont avoué l'assassinat. L'annonce de son assassinat a provoqué une forte émotion bien au-delà des frontières polonaises. Jerzy Popieluszko a été enterré le 3 novembre 1984 à l'église Saint-Stanislas de Varsovie en présence de plus de 500 000 personnes, renforçant ainsi l'audience de Solidarnosc. Depuis lors, plus de 18 millions de Polonais ont prié devant sa tombe installé dans la même église, y compris le pape Jean-Paul II qui s'est recueilli le 14 juin 1987 lors d'une visite pastorale.
     

     
     


    L'enquête judiciaire sur l'assassinat du prêtre a été bâclée. N'ont été mis en cause que les trois officiers des services secrets qui ont participé à l'opération et leur chef, mais pas les véritables commanditaires, dont probablement Czeslaw Kiszczak, le Ministre de l'Intérieur en fonction du 31 juillet 1981 au 6 juillet 1990. Le procès s'est déroulé du 27 décembre 1984 au 7 février 1985 et a été l'occasion surtout de faire le procès politique de la victime. Le procès a quand même abouti à la condamnation des quatre agents des services secrets (à vingt-cinq, quinze et quatorze années de réclusion criminelle) qui ont toutefois été libérés très tôt, entre 1990 et 2001. On a évoqué également la responsabilité du général Jaruzelski, qui souhaitait peut-être seulement faire de l'intimidation contre le prêtre. On ne saura probablement jamais qui a eu l'idée de cet assassinat.

    Le père Popieluszko n'a pas été le seul prêtre victime de la barbarie communiste. Un autre prêtre, de 39 ans, Sylvestre Zych, lui aussi sympathisant de Solidarnosc, a été retrouvé assassiné près de Gdansk le 12 juillet 1989 (peu avant
    l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement libre). On aurait retrouvé de l'alcool dans son sang comme ce fut le cas pour Jerzy Popieluszko, ainsi que des traces de piqûres par seringue. En 1982, il avait été condamné à six ans de prison pour complicité supposée dans le meurtre d'un policier et avait été libéré en 1986 au titre d'une mesure de clémence qui avait aussi réduit la peine de trois des quatre assassins du père Popieluszko.
     

     
     


    Faisant suite au procès en béatification ouvert en 1997 par Jean-Paul II, son successeur Benoît XVI a donné son accord le 19 décembre 2009 à la béatification de Jerzy Popieluszko, considéré comme un martyr de la foi, qui a été célébrée le 6 juin 2010 à Varsovie par l'archevêque Angelo Amato au cours d'une grand-messe concélébrée par cent vingt évêques et plus de mille prêtres, en présence de 150 000 fidèles dont la mère du prêtre (90 ans), ses frères et sœur, et l'ancien Président de la République Lech Walesa.

    Au fait, pourquoi a-t-il été assassiné ? Simplement parce qu'il refusait de se soumettre à la dictature communiste. Mais on ne saura probablement jamais les conditions exactes de son assassinat. Le père Popieluszko aura été l'un des rares "héros" emblématiques qui ont soutenu activement la résistance pacifique qui a permis la libéralisation de la Pologne du joug communiste (et par là même, la libéralisation de l'Europe centrale et orientale), avec le leader du syndicat Solidarnosc Lech Walesa, le pape Jean-Paul II, le premier Premier Ministre non communiste de la Pologne d'après-guerre
    Tadeusz Masowiecki et l'intellectuel Bronislaw Geremek. Les dernières paroles publiques du père Popieluszko furent : « Prions pour être libérés de la peur, de l’intimidation, mais surtout de la soif de vengeance et de violence. ». Cette prière reste encore valable de nos jours dans beaucoup d'endroits du monde.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 octobre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?
    Le proeuropéen Donald Tusk redevient chef du gouvernement polonais.
    Législatives en Pologne du 15 octobre 2023 : grande victoire de l'Europe !
    Législatives en Pologne du 18 juin 1989.
    Lech Walesa.
    Donald Tusk.
    Tragique accident d’avion près de Katyn.
    Wojciech Jaruzelski.

     
     




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    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/pourquoi-a-t-on-assassine-le-pere-256346

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