Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !

    « Fabuleux, quel bonheur ! C'est juste génial, génial ! Bonheur total, promesse tenue ! Engagement tenu, pari tenu ! (…) C'était un pari, on s'était dit : si je deviens porte-drapeau, on nage dans la Seine ensemble. Ça y est : on l'a fait ce matin ! C'est extraordinaire. C'est vraiment hyper-émouvant ! » (Amélie Oudéa-Castéra, le 13 juillet 2024 à Paris).


     

     
     


    C'est fait ! La Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et l'un des porte-drapeau français pour les Jeux paralympiques d'été de 2024 à Paris, Alexis Hanquinquant, champion du monde de paratriathlon et médaille d'or aux Jeux paralympiques de 2021 à Tokyo, se sont baignés dans les eaux pas très transparentes (!) de la Seine à Paris, près du pont des Invalides, pas loin de l'Assemblée Nationale et avec la Tour Eiffel à l'horizon.

    Le bain a eu lieu peu après 7 heures 30 du matin le samedi 13 juillet 2024, histoire de rester discrets et de ne pas en faire non plus une montagne. Apparemment, seules les caméras de BFMTV étaient présentes pour marquer les mémoires. C'est Amélie Oudéa-Castéra, portant une combinaison de plongeur, qui est entrée la première dans l'eau, glissant sur la rive en raison probablement du sol couvert d'algues.
     

     
     


    La ministre, comme dans son habitude, était très spontanée et la petite fille sportive a refait surface au-delà de la gestionnaire rigoureuse des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui commencent treize jours plus tard, le 26 juillet 2024. Des cris de gamine, de joie sur l'eau, des mots banals, l'eau est douce, et cette énorme émotion d'être entrée dans les livres d'histoire de la ville de Paris avec l'eau du bain.
     

     
     


    En effet, la Seine était très polluée déjà en amont et se baigner à Paris était un véritable challenge, une sorte d'Arlésienne qui revenait sans arrêt dans la vie municipale, un pari souvent lancé mais jamais tenu. On se souvient que le maire de Paris, "le" maire historique de Paris, Jacques Chirac, avait lancé un tel pari en 1990 : il s'était engagé à se baigner dans l'eau de la Seine à Paris dans les trois ans. Pari non tenu par le futur Président de la République, et c'était heureux car ce qu'on risque, en plus de maladie de peau, c'est d'être infecté par diverses bactéries qui peuvent mener à la mort. On ne rigole pas avec les eaux polluées. Les sportifs olympiques sont d'ailleurs encouragés à se faire vacciner de diverses maladies (typhoïde, hépatite, etc.).
     

     
     


    Dans les relevés du vendredi 12 juillet 2024, l'eau était "baignable" en termes de pollution. En revanche, samedi matin, le débit du fleuve était encore très élevé, plus de 500 mètres cubes par seconde, ce qui est trop fort pour la cérémonie d'ouverture et pour les épreuves de natation libre et de triathlon prévues dans la Seine (la ministre a même été un peu emportée par le courant). On n'a plus qu'à espérer qu'il ne pleuve pas dans la seconde quinzaine de juillet.

    Le mois dernier, la Seine n'était pas encore "baignable" en raison de la météorologie indélicate avec les nombreuses pluies qui ont entraîné des rejets pollués dans le fleuve. Des épreuves de natation devraient se faire dans ces eaux lors des Jeux olympiques et paralympiques. Un pari donc fou quand on voit d'où l'on part et il a bien fallu une ministre pour convaincre les sportifs olympiques que l'eau serait utilisable.
     

     
     


    Pour le coup, Amélie Oudéa-Castéra a grillé la politesse à deux autres personnalités qui avaient annoncé qu'elles feraient trempette dans l'eau de la Seine : le Président de la République Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette dernière avait reporté plusieurs fois la date de sa baignade, maintenant prévue le 17 juillet 2024. Ce ne sera donc plus un exploit ni un événement mondial pour madame 1% à l'élection présidentielle de 2022. En raison de la dissolution et du futur changement de gouvernement, Amélie Oudéa-Castéra devait se dépêcher d'aller au bain si elle voulait encore le faire ès qualités, puisque dans quelques jours, elle ne sera plus ministre (elle l'est depuis le 20 mai 2022, avec également un passage éclair de moins d'un mois au Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en janvier 2024).

    Je ne sais pas si l'engagement de la maire de Paris de permettre aux Parisiens (et aux autres !), tous, pas seulement quelques sportifs, de se baigner dans la Seine à Paris pour l'année 2025 sera tenu car il est fort probable que la pollution, surveillée au jour le jour avec des seuils bien déterminés, ne donne pas forcément entière satisfaction : en effet, dépendre des conditions météorologiques pour assurer la sécurité d'une baignade serait particulièrement difficile à gérer si c'était accessible au grand public.


    Bien entendu, dans les réseaux sociaux, cet exploit a été diversement commenté : admiration pour le courage de la ministre, et, comme souvent avec des oisifs qui passent leur temps sur Internet, aigreurs et dénigrements. Cependant, il y a eu deux autres types de commentaires qui reviennent souvent et qui sont intéressants.
     

     
     


    Les premiers sont portés à se faire les vertueux du budget de l'État, et ils ont raison avec plus de 3 000 milliards d'euros de dette publique (aujourd'hui, le risque politique que la dette s'aggrave est très élevé), en rappelant que le projet pour dépolluer les eaux de la Seine coûte en argent public autour de 1,4 milliard d'euros (je n'ai pas vérifié mais cela me paraît un ordre de grandeur cohérent). Évidemment, le débat est : qu'aurait-on pu faire avec cet argent pour les hôpitaux, pour les écoles, pour la justice, pour le logement, etc. ?

    D'un point de vue théorique, ceux qui s'interrogent ont raison, et l'engagement politique, justement, à mon sens, se résume à faire des priorités budgétaires, des choix de financer tels projets plutôt que tels autres. Mais avec ce raisonnement, on ne ferait plus rien tant que demeureraient la misère humaine, la pauvreté, etc. Or, on sait bien aussi que des projets fous, qu'on penserait même issus de caprices de dirigeants, ont fait beaucoup pour l'humanité, pour les nouvelles technologies, etc. L'exemple le plus démonstratif est sans doute l'homme qui a marché sur la Lune, totalement inutile d'un point de vue scientifique pour l'objectif, mais tellement utile pour la méthode et les moyens avec de nombreuses retombées technologiques (sur l'isolation thermique par exemple). Et puis, il y a aussi un facteur difficilement quantifiable, le facteur d'émotion ou de psychologie : probablement que la victoire lunaire des Américains a contribué, ce n'est pas la seule cause bien sûr, à l'échec définitif du communisme et de l'Union Soviétique.

    Alors, faire de ces Jeux olympiques et paralympiques la devanture d'une France qui gagne, qui trouve des solutions technologiques à des problèmes qui n'ont jamais été résolus depuis des dizaines d'années, rendre la France et les Français fiers de leur pays, leur redonner confiance (malgré la pagaille parlementaire ou justement à cause de la pagaille parlementaire), une France qui donne de l'émotion, ce ne sera jamais inutile et cela peut aussi engager les investisseurs, aujourd'hui dans l'expectative depuis la dissolution et les élections législatives, à continuer à faire confiance à la France, à s'y installer et à y créer encore plus d'emplois (pour le bien des Français, et de leurs budgets publics).

     

     
     


    Les seconds types de commentaires sur lesquels je veux aussi m'arrêter, c'est évidemment l'humour. Et les réseaux sociaux sont très généreux avec l'humour. Beaucoup d'internautes proposent ainsi des photographies de la ministre avant et après son bain, bien sûr, le "après" montre une sorte de monstre avec plein de bouton, c'est selon les trouvailles des uns et des autres. Il y a aussi des jeux de mots sympathiques, comme celui-ci : « Elle est ressortie avec tellement de bactéries que Macron l'a nommée Ministre des Spores. ».
     

     
     


    Ou quelques moqueries sur la ministre elle-même (si elles sont bon enfant, pourquoi pas ?) : « On annonce son passage à Rouen, en direction du Havre... ».
     

     
     


    Et la palme, à mon avis, pour cette mise en situation, revient au conseil de cabinet à Matignon, avec Gabriel Attal qui dit : « Je vous propose de reprendre cette réunion un peu plus tard, le temps de trouver d'où vient cette odeur de vase et de rat crevé. » !
     

     
     



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pas d'Éducation nationale pour AOC.
    Amélie Oudéa-Castéra se baigne dans la Seine : Paris tenu !
    Adèle Milloz.
    Éric Tabarly.

    Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
    France-Argentine : l'important, c'est de participer !
    France-Maroc : mince, on a gagné !?
    Qatar 2022 : vive la France, vive le football (et le reste, tant pis) !
    Après la COP27, la coupe au Qatar : le double scandale...
    Vincent Lindon contre la coupe au Qatar.
    Neil Armstrong.
    John Glenn.
    Michael Collins.
    Thomas Pesquet.
    Youri Gagarine.
    Le burkini dans les piscines.
    Les seins nus dans les piscines.
    Roland Garros.
    Novak Djokovic.
    Novax Djocovid.
    Jean-Pierre Adams.
    Bernard Tapie.
    Kylian Mbappé.
    Pierre Mazeaud.
    Usain Bolt.












    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-oudea-castera.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/amelie-oudea-castera-se-baigne-255831

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/13/article-sr-20240713-oudea-castera.html







     

  • Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin

    « Dans ces conditions et soucieuse d'un accord rapide au sein du NFP, j'ai décidé de décliner sans plus attendre l'offre qui m'a été faite. » (Huguette Bello, communiqué du 14 juillet 2024).



     

     
     


    Non, vous avez bien lu : "on" aurait proposé l'offre de devenir Premier Ministre à Huguette Bello (presque 74 ans), présidente du conseil régional de La Réunion depuis 2021, mais elle a décliné l'offre ce dimanche 14 juillet 2024 à 10 heures 45, pas par modestie ou humilité, mais parce que le parti socialiste avait bien vu la manœuvre et a refusé cette idée la veille, le 13 juillet 2024.

    On est en plein surréalisme. D'un côté, un groupe ultraminoritaire (74 sièges) fait le forcing pour appliquer son programme populiste avec ses militants ; de l'autre, un Président de la République qui, ma foi, est très patient en ne faisant rien, parce qu'il aurait pu prendre une initiative pour tenter un pacte de législature entre Ensemble et LR, et de ce fait, prendre la nouvelle farce populaire (NFP) de court.

     

     
     


    Il faut que la gauche plus ou moins extrémiste se rende compte d'une chose : la temporisation du Président Emmanuel Macron leur profite, au contraire de tout ce qu'ils disent. Parce qu'ils ne sont pas capables de sortir un nom de leur chapeau depuis une semaine. Il faut dire qu'ils n'envisageaient pas être en position de gagner, et il a fallu l'habileté de Jean-Luc Mélenchon pour dire à ses partisans qu'ils avaient gagné (sinon, personne ne l'aurait su). Les médias ont fait le reste, pour amplifier l'interprétation pourtant erronée des résultats des élections législatives alors qu'aucun groupement n'a la capacité de former un gouvernement viable, c'est cela la vérité première.

    Le surréalisme, c'est d'imaginer que Jean-Luc Mélenchon serait le Président autoproclamé (le vote serait alors inutile, ici) d'une supposée sixième (selon ses rêves les plus fous) mais plutôt quatrième République et que du haut de son Olympe, sans aucun mandat du peuple, il intrigue et manœuvre, dans la plus belle tradition des poisons et délices de la Quatrième République (dans laquelle son mentor François Mitterrand nageait comme un poisson dans l'eau). Il faut bien reconnaître que l'opération Bello était bien ficelée.

    À l'origine, en effet, c'est Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui a proposé son nom vendredi 12 juillet 2024. Comme je l'ai écrit précédemment, je n'avais pas tout de suite compris. Certes, Fabien Roussel, qui a subi de lourdes pertes électorales aux élections législatives (lui-même a été battu dès le premier tour par un candidat RN), va avoir du mal à maintenir un groupe communiste à l'Assemblée Nationale (il faut 15 députés, il n'en aurait que 9), alors, comme c'est souvent habituel, le PCF tente d'attirer quelques députés ultramarins aux partis de gauche au positionnement pas très compréhensible en métropole. Huguette Bosso, qui est chef de son parti qu'elle a fondé en 2012, est "originaire" du parti communiste à La Réunion. C'était donc cohérent.

     

     
     


    Ce qui était en revanche moins cohérent, c'était que le chef battu de la plus petite composante du NFP (2,4% aux dernières élections européennes) a proposé à toute sa coalition le nom d'un Premier Ministre. J'ai vite compris quand j'ai entendu Manuel Bompard le soir du même jour, sur BFMTV, annoncer qu'il ne s'opposerait pas au choix de Huguette Bello : « une proposition qui peut faire consensus » ! Le lendemain, pluie de soutiens chez les insoumis, notamment Clémence Guetté et, bien sûr, le vieux gourou Jean-Luc Mélenchon.

    En fait, Huguette Bello est avant tout une insoumise. Elle a le droit, mais autant être claire. Elle est insoumise, et pas n'importe laquelle puisque Jean-Luc Mélenchon, qui était le numéro 80 (sur 81) sur la liste des insoumis de Manon Aubry aux élections européennes de juin 2024, l'avait installée à la place numéro 81, c'est-à-dire la plus grande place d'honneur. Si elle avait été si communiste que ça, elle aurait été candidate sur la liste communiste, puisqu'il y en avait aussi une. Huguette Bello est une amie de Jean-Luc Mélenchon, qui ont, à un an près, le même âge (très avancé). La manipulation était finalement un peu grossière, quoique bien ficelée.

     

     
     


    Trêve de plaisanterie : c'était donc évidemment une manœuvre des insoumis pour imposer leur candidate aux socialistes. Très subtile puisque les insoumis ont feint que l'idée ne vienne pas d'eux. Ainsi, FI, PCF et EELV seraient favorables à Huguette Bello, et il ne restait que les socialistes pour faire les difficiles. Malgré les pressions, les socialistes n'en démordaient pas le 13 juillet 2024 en rejetant fermement la proposition d'Huguette Bello : pour eux, le Premier Ministre doit provenir du PS, et cela ne peut être que son chef au charisme d'huître et à l'autorité de moineau, Olivier Faure.

    La parenthèse Bello s'est refermée discrètement dès le 14 juillet 2024 et Fabien Roussel, désespéré, dans une sorte de sursaut d'honneur, en est venu alors à proposer le nom de sa prédécesseure au PCF, Marie-George Buffet (ancienne ministre de Lionel Jospin). Certains commencent à se dire qu'il faudrait arrêter de lire à voix haute les annuaires, et d'autant plus qu'on n'en est encore qu'à la lettre B !

     

     
     


    Je reviens sur le profil tout à fait estimable d'Huguette Bello. À part l'âge (car l'âge compte : 28 ans, 35 ans, 46 ans, ce sont des âges de grand dynamisme pour l'Élysée et Matignon ; 74 ans, un peu moins), Huguette Bello cochait beaucoup de cases et la principale, c'est une insoumise ! Femme (ça compte), issue d'une minorité (à définir ce que c'est ; en fait, à La Réunion, elle est issue de la majorité, d'où sa présidence de région), elle a été sept ans maire de Saint-Paul, trois ans présidente du conseil régional de La Réunion, et vingt-trois ans députée de La Réunion, cette expérience à la fois de parlementaire et de chef d'un exécutif important lui donnait quelques atouts pour diriger un gouvernement, en tout cas, beaucoup plus d'atouts qu'un Jordan Bardella (ou qu'un Olivier Faure). Quant à La Réunion, elle n'aurait pas été le seul Premier Ministre à y avoir vécu, Raymond Barre aussi y est né et y a grandi.
     

     
     


    Mais, dès que son nom a été jeté en pâture, très vite, on a rappelé que la députée Huguette Bello était absente de l'hémicycle lors du vote de la loi sur le mariage pour tous, qu'elle cite volontiers le Coran dans certains de ses tweets tandis que des internautes auraient préféré qu'elle cite Victor Hugo. En face, on insiste sur l'admiration qu'ont eue pour elle Emmanuel Macron et Gabriel Attal. Un argument à double tranchant car les plus ultras considèrent qu'elle est macronisée. En tout cas, le chef de l'État aurait du mal à affirmer qu'elle ne serait pas dans l'arc républicain alors qu'elle le recevait avec honneurs et compliments à La Réunion.

    Revenons à cette farce mélenchonesque : jusqu'à nouvel ordre, et révision de la Constitution qui risque d'être délicate à mener à bien alors qu'il faut une majorité des trois cinquièmes du Congrès et qu'aucune majorité n'existe à l'Assemblée, ce n'est pas au gourou des insoumis de nommer le Premier Ministre mais au Président de la République élu démocratiquement par tous les Français, et en l'occurrence, à celui qui a été réélu à 58,6% le 24 avril 2022.


    Sa vision des choses, exprimée dans sa lettre aux Français, demeure la même. Il reste ouvert à toutes les solutions, dès lors que celles-ci permettent la formation d'un gouvernement qui ne serait pas censuré deux jours après sa nomination : « C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Ve République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes, le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes. ».

    C'est exactement ceci : le gagnant de ces élections législatives, contre toute prévision des journalistes et des sondeurs, c'est le front républicain. À lui, donc, d'assumer la mise en place du gouvernement. Jean-Luc Mélenchon et ses sbires insoumis, qui voudraient préempter l'ensemble du NFP, voudraient aussi préempter l'ensemble du front républicain. Mais il n'a pas assez de sièges pour cela.


    La solution devient de plus en plus évidente pour les socialistes, et j'ai toujours pensé que la clef de cette période post-électorale se trouvait au PS : les socialistes devraient se désengager de leur lien de vassalité avec les insoumis pour reprendre leur indépendance et mener ce front républicain. Sans cela, il est assez probable qu'une personnalité venant de LR prenne le relais. Gérard Larcher a proposé une trêve politique jusqu'à début septembre, le temps des Jeux olympiques et paralympiques. Cela donnerait un peu de temps à Olivier Faure pour se rendre compte que décidément, celui dont il croyait être le dauphin a des visées hégémoniques peu compatibles avec sa propre ambition personnelle. Plus le NFP peine à se structurer, plus la perspective d'un gouvernement NFP s'éloigne, et c'est tant mieux, car leur majorité est en peau de lapin.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
    Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
    Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

     

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240714-huguette-bello.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-24-huguette-255842

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/13/article-sr-20240714-huguette-bello.html




     

  • Donald Trump victime d'une tentative d'assassinat

    « J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas quand j’ai entendu un bruit strident, des tirs, et immédiatement senti la balle me traverser la peau. » (Donald Trump, le 14 juillet 2024).



     

     
     


    Ciel bleu, visage ensanglanté, poing tendu, sur fond de drapeau américain. Donald Trump, qui a été victime d'une tentative d'assassinat lors de son meeting électoral à Butler, en Pennsylvanie, ce samedi 13 juillet 2024 à 18 heures 11 (heure locale, un peu plus de minuit à Paris), a donné aux Américains l'image américaine du tableau de la Liberté guidant le peuple de Delacroix. Un participant au meeting en est mort, deux autres gravement blessés, l'auteur de l'attentat tué à la nuque par les services de sécurité, tandis que l'ancien Président des États-Unis a été blessé à l'oreille droite.

    On peut dire qu'il a eu de la chance, il sera Reagan, pas Kennedy ni Lincoln. Situation étrange où même les plus féroces adversaires politiques de Donald Trump lui ont adressé des messages de sympathie : Joe Biden (qui était dans le Delaware, son État), Kamala Harris, Barack Obama, Nancy Pelosi, pour n'en citer que quatre. Cette dernière, ancienne Présidente de la Chambre des Représentants, est bien consciente de l'état de violence de la société américaine et de la vie politique américaine puisque son mari avait été agressé à coups de marteau en 2022.
     

     
     


    Tous, dans la classe politique américaine mais aussi les actuels ou anciens chefs d'État ou de gouvernement à l'étranger, qui furent les anciens interlocuteurs de Donald Trump lorsqu'il était à la Maison-Blanche (ou pas), en particulier Benjamin Netanyahou, Emmanuel Macron, Keir Starmer, Javier Milei, Jair Bolsonaro, Justin Trudeau, Volodymyr Zelenski, etc., ainsi que le Secrétaire Général de l'ONU Antonio Guterres, ont bien évidemment condamné cet attentat et apporté leur soutien et sympathie au candidat à l'élection présidentielle américaine.

    On pourrait, de manière un peu trop simpliste, dire comme Salomon : tu es puni par là où tu as péché, et répéter que la violence même verbale sécrète toujours la violence alors que le rôle des acteurs publics, des responsables politiques, c'est au contraire d'apaiser, de rassembler, d'apporter un peu de cohésion sociale et de réconfort moral. La justice américaine qui a reconnu le 31 mai 2024 la culpabilité de l'ancien Président américain dans diverses affaires (trente-quatre chefs d'accusation !), a décidé de ne pas le poursuivre dans l'invasion du Capitole le 6 janvier 2021 car, encore Président des États-Unis, il jouissait encore de l'immunité présidentielle.
     

     
     


    En tête dans les sondages pour la course présidentielle, Donald Trump a annoncé qu'il serait bien présent à la Convention nationale des Républicains qui se tiendra du 15 au 18 juillet 2024 à Milwaukee, dans le Wisconsin, pour désigner formellement le candidat républicain à l'élection présidentielle du 5 novembre 2024. Sa désignation ne fait aucune doute puisque ses adversaires Ron DeSantis et Nikki Haley avaient assez rapidement déclaré forfait, respectivement le 21 janvier 2024 et 6 mars 2024.

    Pour le Parti démocrate qui tiendra sa Convention nationale à Chicago du 19 au 22 août 2024, la situation est moins évidente. Certes, le Président en exercice Joe Biden a annoncé depuis longtemps sa volonté de battre une nouvelle fois Donald Trump, il s'est déclaré le seul à l'avoir fait (en 2020) et le seul à pouvoir encore le faire, mais les sondages lui donnent actuellement un retard non négligeable et ses dernières bourdes ont encouragé certains parlementaires ou responsables démocrates (et aussi financiers) à vouloir choisir un autre candidat.
     

     
     


    En particulier, son premier débat face à Donald Trump le 27 juin 2024 sur CNN a été catastrophique sur sa capacité à présider encore à 81 ans alors que son adversaire a menti 50 fois en 90 minutes ! Selon CBS News, Joe Biden a eu « une voix rauque, des expressions faciales béantes, des réponses confuses sur des questions clefs et un manque perçu de réfutation des mensonges de l'ancien Président Donald Trump ».

    De plus, au Sommet de l'OTAN à Washington le 11 juillet 2024, Joe Biden a confondu Volodymyr Zelensky avec Vladimir Poutine, puis Kamala Harris avec Donald Trump (ce dernier lui a répondu : Good job, Joe !). Même si le Président a toujours eu l'habitude de faire des bourdes depuis toujours (et même jeune), cela lui donne une mauvaise image de "présidentialité" même si l'âge de son adversaire, 78 ans, n'est pas non plus sans problème (Donald Trump aussi avait des absences lors de son procès au printemps). Pour autant, lors de son discours très combatif à Détroit le 12 juillet 2024, Joe Biden a réaffirmé son intention d'aller jusqu'au bout de son combat électoral et a assuré qu'il gagnerait : « Je suis candidat et nous allons gagner ! ».

    Ce qui est clair, c'est que Donald Trump a montré un certain courage physique au moment de l'attentat qui l'a blessé, s'est inquiété de l'état des deux personnes blessées, a présenté ses condoléances pour le participant qui est mort, et va bénéficier très logiquement d'un courant de sympathie pour ce qu'il a subi. Ce qui ne fait pas vraiment les affaires des démocrates.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (14 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Donald Trump victime d'une tentative d'assassinat.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Ronald Reagan.
    Triste Trump (hic) !
    Paul Auster.
    Standard & Poor's.
    Moody's et Fitch.
    Les 75 ans de l'OTAN.
    Lee Marvin.
    Les 20 ans de Facebook.
    Bernard Madoff.
    La crise financière mondiale de 2008.

    La boîte quantique.
    Maria Callas.
    Henry Kissinger.
    Alexander Haig.
    Katalin Kariko et Drew Weissman.
    Rosalynn Carter.
    Walter Mondale.
    Marathonman.
    Bob Kennedy.

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-trump.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/donald-trump-victime-d-une-255840

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/14/article-sr-20240713-trump.html





     

  • La nuit de Célya

    Tristesse infinie. Petite pitchounette meurtrie. Dont on a ôté la vie.


     

     
     


    Les téléspectateurs de ce vendredi 12 juillet 2024, dans la soirée, ont pu apprendre la nouvelle : une alerte enlèvement. Le nom de l'enfant disparu, Célya, son âge, 6 ans, ses vêtements, les lieux où elle pourrait être, etc. Et une photo. Rien n'est inutile pour retrouver un enfant. On sait bien que c'est aux premières heures qu'on peut retrouver un enfant et plus le temps s'allonge, plus la probabilité des retrouvailles s'écroule.

    Dans une sorte d'insensé espoir, on se dit que c'est une erreur, l'enfant s'est perdue, on va vite la retrouver et on en sera pour une bonne peur, qu'on racontera plus tard, comme souvenir d'un été particulièrement stressant. Peut-être en rigolant. Et puis l'optimisme s'écroule, s'effondre, lorsqu'on lit un macabre communiqué, comme un couperet de guillotine, cette nuit, du parquet de Rouen : « Le corps sans vie de Célya a été retrouvé. ».

    Des dizaines, peut-être des centaines de personnes ont communié à cette disparition, ont aidé, ont cherché à s'informer, à avoir des nouvelles de la petite, se sont mis à la place de sa mère, se sont inquiétés pour elle. Incontestablement, même si c'est très anecdotique, il y a encore des pistes de progression pour le Ministère de la Justice dans la communication avec le grand public. Sans ménagement. Sans ambages, on apprend que le pire est arrivé. Effondrement infini.

    Un peu plus tard, on apprend que l'alerte enlèvement a été très utile, et il faut s'en féliciter car la procédure est maintenant bien rodée et peut sauver des vies. Hélas, ici, cela n'a pas suffi. Un témoin a pu informer la police qu'il avait vu le véhicule du beau-père de Célya.
     

     
     


    C'est à partir de cette information que la brigade des recherches de la gendarmerie nationale d'Yvetot, en Seine-Maritime, a pu faire des investigations dans les environs et a trouvé le corps sans vie de Célya dans un bois, pas loin du véhicule. Le propriétaire du véhicule et auteur présumé du meurtre de la petite fille de 6 ans est encore en fuite et peut d'ailleurs être dangereux (des conseils de prudence et de vigilance sont donnés).

    Dans le communiqué du procureur de la République de Rouen publié au milieu de la nuit (lire en fin d'article), il est précisé que la mère de Célya a d'abord été victime de coups de son compagnon et a été hospitalisée, sans que ses jours, heureusement, ne soient en danger. Enfin, c'est une façon de parler, car lorsqu'elle s'apercevra de la situation, sa vie sera foutue, elle aura une blessure indélébile, incicatrisable, le monde s'est écroulé pour elle. Perdre un enfant. Toujours innocent. Insurmontable.

    Beaucoup de réactions affluent, en particulier sur Twitter, même des politiques, dont le député FI Carlos Martens Bilongo. Soit les internautes s'adressent à l'enfant pour lui souhaiter la paix, un monde doux dans le ciel, soit ils pensent à la famille, à sa mère (qui est hospitalisée). Compassion. Certains se demandent si la mort remonte à avant ou après l'alerte enlèvement, d'autres évoquent la peine de mort, se lâchent même sur leur propre idéologie qui y voit matière à récupération politique, mais heureusement, ils sont très peu nombreux. Face à l'amour d'une vie, au départ d'un enfant, la décence reste relativement bien partagée. Quelques-uns enfin ont publié la photographie du suspect, le compagnon de la mère, comme pour inciter au lynchage, alors qu'il faut rappeler que la sanction doit être prononcée par la justice et tant qu'un suspect n'est pas jugé, il est présumé innocent. Je sais, c'est dur de l'écrire, mais qui est-on pour condamner alors qu'on ne connaît rien de rien ?

    Entre les statistiques des homicides volontaires et la photo de la petite Célya, entre les arguments nauséeux de gros bourrins qui se nourrissent, comme des vampires, des victimes, et l'innocence de cette âme assassinée, il y a effectivement un immense fossé. La violence, celle de la maison d'à-côté, la guerre, lointaine ou proche, dans les cœurs, les arguments de force, de brutalité, hélas, font partie inhérente de cette humanité qui peut le meilleur et le pire, et parfois en même temps.


    Est-ce un féminicide d'avoir voulu assassiner sa mère, d'avoir assassiné sa belle-fillette ? On pourrait aussi appeler un célyacide, tellement chaque victime, chaque meurtre est une histoire entière, spécifique, singulière et doit prendre un nom différent. Quelles qu'en soient ses raisons, ou ses déraisons, l'auteur de cette horreur définitive, suprême, de prendre la vie d'un enfant a nécessairement tort, mérite jugement, condamnation et châtiment. Mais de grâce, nous, hommes et femmes libres et éclairés de la société des Lumières, endeuillés, enlarmés par cette tragique, par les autres et par les suivantes hélas, restons humains et n'imitons pas les bourreaux. Ce serait assassiner une seconde fois l'enfance.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (13 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    La nuit de Célya.
    La nuit d'Émile Soleil.
    Affaire Grégory : la vérité sans la boue ?

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240713-celya.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/la-nuit-de-celya-255815

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/13/article-sr-20240713-celya.html



     

  • Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement

    « Le Président a le devoir d’appeler le nouveau front populaire à gouverner (…). Le nouveau front populaire appliquera son programme, rien que son programme, mais tout son programme. » (Jean-Luc Mélenchon, à Paris le dimanche 7 juillet 2024 à 20 heures 02).




     

     
     


    Eh voilà ! La réécriture de l'histoire s'est installée avec les médias complaisants dès la deuxième minute de la clôture des bureaux de vote pour le second tour des élections législatives. Habile manœuvrier, le gourou des insoumis a bien compris qu'il y avait le vote et il y avait "l'opinion publique". Or, ce que le vote n'a pas permis, il pouvait se le permettre avec "l'opinion publique" en hurlant la victoire de la nouvelle farce populaire (NFP) malgré le faible nombre de sièges gagnés, 182, insuffisant pour atteindre la majorité absolue, 289. C'est la magie de Jean-Luc Mélenchon : transformer tout ce qu'il touche en mouise.

    À l'évidence, ce postulat de départ, repris ad nauseam par de nombreux journalistes eux-mêmes rêvant d'un nouveau grand soir, a fait perdre à la France une bonne semaine. Le pire, c'est que malgré cela, le NFP a été incapable, en une semaine, de proposer un nom de Premier Ministre. Alors, il est un peu risible d'entendre chaque jour des députés NFP répéter avec la méthode Coué que le Président de la République n'a pas proposé Matignon au NFP : le voudrait-il qu'il serait incapable de savoir à qui il devrait s'adresser.

    L'objectif du che mélenvera, c'est aussi de cibler tous les membres téméraires du NFP qui tenterait de négocier un projet de gouvernement avec d'autres forces politiques afin de rechercher une majorité à l'Assemblée, ou, du moins, une indulgente neutralité, en les traitant de traîtres vis-à-vis de leurs électeurs. C'est un argument très efficace à gauche dont les marquages et les postures sont plus importants que les actes (pour eux, le pire est d'être considérés comme de la fausse gauche). Cela interdit alors tout compromis.

     

     
     


    Pour ajouter à la tension politique, l'irresponsable secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a appelé le 11 juillet 2024 à mettre l'Assemblée « sous surveillance » (on croit rêver : bravo le respect de la démocratie et des institutions !) et voudrait une grève et une manifestation devant l'Assemblée à l'ouverture de la législature, le 18 juillet 2024. Mettre la pression sur des représentants du peuple, cela s'appelle coup d'État.

    Ce vendredi 12 juillet 2024, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, battu dès le premier tour dans sa circonscription (la vingtième circonscription du Nord) par un candidat FN, non content du climat de confusion qui règne déjà, a proposé un nouveau nom de Premier Ministre, en l'occurrence de Première Ministre, Huguette Bello, 74 ans le mois prochain, présidente du conseil régional de La Réunion depuis 2021, ancienne députée-maire PCF de Saint-Paul, qui a bondi en notoriété nationale ces dernières heures.

    Il faut dire que cette femme politique réunionnaise très expérimentée et très estimable (à part l'âge, elle cocherait toutes les cases du cahier des charges) a apporté son parrainage présidentiel à Jean-Luc Mélenchon en 2022, qu'elle était candidate aux élections européennes de 2024 en dernière place (juste derrière Jean-Luc Mélenchon) sur la liste insoumise de Manon Aubry et qu'elle est nécessairement mélencho-compatible (Manuel Bompard a déjà annoncé sur BFMTV vendredi soir que si cette candidature s'imposait, il la soutiendrait). L'initiative de Fabien Roussel paraît donc n'être qu'une manœuvre téléguidée par les insoumis.

     

     
     


    Mais en vérité, il n'y a pas de fumée blanche dans les conclaves du NFP depuis une semaine parce qu'ils ne sont d'accord sur rien. Personne de ses créateurs, avant le second tour, n'imaginait pouvoir revendiquer la victoire, ils avaient concocté une alliance électorale commode et efficace pour ne pas s'effondrer et combattre les macronistes et l'extrême droite, ils l'avaient agrémenté d'un programme démagogique, sorte de liste à la Prévert attrape-tout qui n'avait pas d'autre finalité que la campagne électorale. Voici les réalistes du NFP dans de beaux draps, piégés par eux-mêmes et leur électoralisme populiste !
     

     
     


    Le problème est insoluble : Jean-Luc Mélenchon veut Matignon et tout le programme du NFP, il veut Matignon selon la règle que les insoumis sont les plus nombreux du NFP, la coalition la plus nombreuse de l'Assemblée, mais ne représentant que 32% des sièges. Pas de quoi être capable de gouverner. Surtout que les insoums, c'est 73 sièges, soit même pas 13% des sièges, quel esprit démocratique ! C'est la démocratie dans le sens "démocratie populaire" ("populaire" dont est fagoté le NFP).

    Pourtant, les insoumis (pour brûler tout sur leur passage et hurler à la dictature), mais aussi les écologistes et les socialistes, pour d'autres raisons (naïveté ?) se comportent comme s'ils avaient obtenu 350 sièges au lieu des 182 ! Arrogance, mépris, menaces... les députés insoumis et même écologistes multiplient les invectives directes contre le Président de la République (qui, je l'espère, en gardera mémoire), avec des mots dénués de toute signification malgré leurs connotations historiques évidentes, comme cet Aurélien Saintoul qui a répété au moins cinq fois le mot "forfaiture". Comment ces gens-là comptent-ils se convaincre que le Président les nommera ministres alors qu'ils ne respectent même pas les institutions et encore moins la personne du Président de la République qui présidera les conseils des ministres ?
     

     
     


    Alors, bien sûr, les journalistes et probablement à leur suite, la plupart des députés NFP vont devoir remiser leurs rêves éveillés dans le tiroir de leur table de nuit. 182 ne fera jamais 289. Arithmétique simple (pas besoin de calculatrice) pour comprendre que vous ne gouvernez pas avec les deux tiers de l'Assemblée qui sont contre vous.

    Car c'est cela, la prise de conscience : les autres groupes qui pensaient qu'il n'y avait pas à argumenter sur la non-victoire du NFP ont dû expliciter lourdement. Emmanuel Macron l'avait déjà écrit aux Français le 10 juillet 2024 : « Personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. ». Et en écrivant cela, il a reconnu la défaite de son camp (contrairement à ce qui est habituellement commenté), défaite qu'il a confirmée à la suite en insistant sur « ces élections marquées par une demande claire de changement ».

    C'est ainsi qu'il a fallu aux autres groupes mettre les points sur les i. Cette clarification était nécessaire même si elle était pourtant évidente. Laurent Wauquiez, président du groupe des députés LR, a commencé le 10 juillet 2024 en proclamant qu'il déposerait et voterait immédiatement une motion de censure en cas de nomination d'un gouvernement comportant ne serait-ce qu'un seul ministre insoumis. Le 11 juillet 2024, le Président du Sénat Gérard Larcher a élargi la fatwa en disant que LR voterait une motion de censure si le gouvernement émanait du NFP. Le même jour, Marine Le Pen, réélue présidente du groupe RN, a confirmé que son groupe voterait la censure contre un gouvernement ayant des ministres insoumis ...ou écologiste. Le lendemain, le Premier Ministre Gabriel Attal, futur président du groupe Renaissance (le deuxième de l'Assemblée), mais aussi la ministre Aurore Bergé, ancienne présidente du groupe Renaissance, ont affirmé que les macronistes voteraient aussi la censure d'un gouvernement comportant des ministres insoumis, et Gérald Darmanin a même évoqué la censure s'il y a aussi des ministres écologistes.
     

     
     


    Bref, pour ceux qui n'auraient pas compris, 61+143+168 égalent 372, soit largement au-dessus des 289 nécessaires à l'adoption d'une motion de censure. En résumé, un gouvernement NFP pour faire un programme NFP n'aura pas trois jours de durée de vie (il faut quarante-huit heures entre le dépôt et l'examen d'une motion de censure).

    Certains, au NFP, voudraient que le Président de la République nomme celui qui sera nommé par le NFP (grand mystère car ça négocie sec) et que l'heureux nommé se fasse bananer trois jours plus tard. À part enrichir furtivement sa carte de visite (et son CV), je ne vois pas l'intérêt dans l'affaire, du moins l'intérêt national, bien sûr.

    La clef est sans doute dans ce qu'a proposé Laurent Wauquiez : aucune participation mais un pacte de non-censure (en quelque sorte) afin de proposer des textes qui auraient l'accord (implicite) d'une grande partie de l'Assemblée. C'est là le paradoxe : peuple comme députés sont majoritairement... à droite ! Donc, pour éviter à tout prix un gouvernement 100% NFP (d'ultragauche), LR et sans doute aussi le RN (à voir) sont prêts à ne pas censurer un gouvernement qui ne serait pas l'émanation directe du NFP et qui penserait un peu aux préoccupations des gens, comme la sécurité.
     

     
     


    Pour l'heure, Emmanuel Macron semble décidé, ce vendredi, à faire démissionner le gouvernement Attal le mardi 16 juillet 2024, à l'issue d'un ultime conseil des ministres : pas le mercredi car le Président est en visite en Grande-Bretagne les 17 et 18 juillet 2024. Il y a urgence que le gouvernement démissionne pour une raison simple : un ministre élu (ou réélu) député ne peut siéger le 18 juillet 2024 s'il reste ministre. En tant que démissionnaire, il n'est plus ministre de droit et peut donc participer aux scrutins dans l'hémicycle où chaque voix va compter, notamment pour l'élection du prochain Président de l'Assemblée Nationale.

    Et puis, indépendamment de l'esprit démocratique, il y a aussi un intérêt à ce que le gouvernement soit démissionnaire : l'opposition ne pourra pas voter une motion de censure, puisqu'on ne peut pas tuer un mort ! Le gouvernement gérera alors les affaires courantes jusqu'à la survenue, probablement après un long temps de maturation, d'une solution viable d'un gouvernement qui ne sera pas censuré dès ses premiers jours d'exercice. Pour cela, il faudra d'abord lever une fois pour tout l'hypothèque NFP.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    (Illustrations : Astérix de Goscinny et Uderzo chez Dargaud, Les Schtroumpfs de Peyo chez Dupuis, Xavier Gorce dans "Le Point" et Kak dans "L'Opinion").


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
    Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240712-futur-gouvernement.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-23-grand-pays-255804

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/12/article-sr-20240712-futur-gouvernement.html




     

  • Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?

    « Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de coalition et de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux. » (Emmanuel Macron, le 10 juillet 2024).



     

     
     


    La situation politique est particulièrement désordonnée : les électeurs ont refusé de donner une majorité à l'un des trois grands pôles de la vite politique, mais la plupart des partis politiques refusent de l'admettre. Ainsi, les uns pensent qu'ils ont gagné alors qu'ils ne représentent que 32% de la représentation nationale, les autres se croient confortés dans l'objectif de ne pas se mettre au travail et d'attendre tranquillement les mains dans les poches un an de désordre et de blocage dans l'optique d'une élection présidentielle qui, pourtant, les sanctionnerait sévèrement pour leur manque d'esprit de responsabilité.

    Heureusement que le Président Emmanuel Macron a recadré un peu les choses. On ne peut pas dire qu'il a voulu influencer les parlementaires, vu qu'il a attendu quatre jours avant de rappeler que, d'une part, la volonté populaire s'est exprimée pour s'opposer très clairement à un gouvernement d'extrême droite, et d'autre part, qu'on le veuille ou pas, qu'on le déplore ou pas, aucun bloc actuel (ni le NFP ni le bloc macroniste) n'est en mesure, aujourd'hui, de diriger le gouvernement de la France.

    Le Président de la République a donc choisi de prendre son temps, ce qu'a également souhaité le Président du Sénat Gérard Larcher qui, en passant, a confirmé qu'il n'était absolument pas candidat à Matignon, passer les Jeux olympiques et paralympiques, se donner un horizon de quelques semaines, avec une obligation de résultat pour la rentrée parlementaire du début octobre 2024 (ouverture de la prochaine session ordinaire).

    En fait, il n'a pas choisi de prendre son temps, mais il a laissé aux groupes parlementaires le temps nécessaire pour trouver une solution viable pour gouverner le pays. Après tout, sans évoquer l'expérience des pays voisins dont certains mettent six mois voire quinze mois à trouver une introuvable coalition, c'est bien normal que cette situation inédite demande un peu de temps de maturation auprès des acteur politiques.


    Certes, Emmanuel Macron aurait pu jouer au plus stupide avec la nouvelle farce populaire (NFP) : nommer un membre du NFP pour faire le programme du NFP. Déjà, le premier problème : qui ? Peut-être que nous aurons un nom ce vendredi 12 juillet 2024, ou à la fin du week-end ? Les cardinaux sont plus efficaces : enfermez-les jusqu'à ce qu'ils trouvent une solution ! Mais même uni, même avec un nom de chef, le NFP est voué, dans sa tentative de déni démocratique particulièrement criant, à l'échec : seuls 32% des députés le soutiendraient et une motion de censure serait immédiatement votée. Un gouvernement exclusivement NFP ne tiendrait pas plus de deux jours. La question est donc : faut-il qu'Emmanuel Macron nomme un gouvernement qui n'aurait aucune chance ou préfère-t-il attendre, dans l'intérêt des Français, qu'un vrai gouvernement, appuyé sur une vraie majorité, même relative, puisse gouverner ?

    Ce jeudi, le site Atlantico a titré ainsi sa une : « La France atteinte de la maladie de la gauche folle ». Avec ce chapeau : « Irréalisme économique, déni de réalité régalienne, complaisance pour les décoloniaux et l’islamisme, radicalité préférée à la culture de gouvernement… la gauche française donne sans doute dans le romantisme mais elle accumule les contre performances électorales tout en parvenant à le nier grâce à sa domination médiatique. » (article politique de Jean Petaux et Virginie Martin). Même Jean Quatremer a trouvé, sur LCI, que les journalistes en faisaient un peu trop dans le récit mélenchonesque d'une supposée victoire électorale du NFP.


    Après la lettre aux Français, les dirigeants du NFP, en particulier Olivier Faure, n'ont pas bougé d'un iota leur position indéfendable : il faudrait proposer aux députés des cours d'arithmétique. On sait très bien que plus on attend, plus l'extrême droite en fera ses choux gras. Le déni est une phase du deuil, le deuil de n'avoir pas gagné, et même pire, que personne n'a gagné : après viendra le temps de l'action. C'est, je l'espère, par une maturation rapide pour que les dirigeants du NFP mais aussi de LR puissent prendre pleinement conscience qu'aucun bloc ne peut gouverner seul. Les faits sont têtus.

    Toutefois, les choses peuvent aller plus vite par nécessité. D'une part, d'ici au 20 juillet 2024, nous aurons la répartition exacte des députés dans leur groupe politique repectif. À partir de là, les rapports de force seront actés. Mais d'autre part, les nouveaux députés vont devoir s'installer, installer le bureau, les commissions, etc. Généralement, cela se fait à la proportionnelle, la majorité (quand elle est vraiment majorité) prend le perchoir (la Présidence de l'Assemblée Nationale), les présidences des commissions sauf la présidence de la commission des finance laissée à l'opposition. En 2022, il était déjà difficile de définir l'opposition : était-ce la gauche ou le RN ? Le RN considérait qu'il était le groupe d'opposition le plus important mais les insoumis considéraient que la Nupes était plus nombreuse. Résultat, Éric Coquerel a été élu président de la commission des finances.

    Certains à gauche, notamment parmi les élus écologistes, voudraient faire un barrage à l'extrême droite dans les postes au sein de l'Assemblée. Ce n'est pas très responsable. En 2022, il y a eu une vice-présidente FI et deux vice-présidents RN de l'Assemblée. Avec un groupe plus imposant, le RN devrait au moins retrouver le même nombre de postes à responsabilité (qui n'ont pas grand-chose à être politisés, sauf le perchoir, puisqu'il s'agit de faire fonctionner l'Assemblée).


    Bien sûr, le premier acte des nouveaux députés, à l'ouverture de la nouvelle législature, le jeudi 18 juillet 2024 dans l'après-midi, ce sera l'élection du Président de l'Assemblée Nationale. La séance sera présidée par le doyen d'âge, José Gonzalez, député RN réélu de 81 ans dans la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône, qui était déjà le doyen en 2022.

    Au contraire des autres postes, le perchoir est d'une responsabilité extrêmement politique et cruciale, surtout dans une Assemblée aussi confuse que celle-ci : d'une part, le futur Président (ou la future Présidente) reste maître, avec le gouvernement, de l'ordre du jour, d'autre part, la manière de mener les débats sera très importante dans la nouvelle Assemblée, et aussi la capacité ou non à sanctionner des députés qui promettent, pour certains d'entre eux, de dépasser largement le respect qu'on pourrait être en droit d'attendre pour leurs collègues (c'était déjà assez irrespectueux dans la précédente législature et cela risque d'être pire aujourd'hui).


    Le mode de scrutin est assez simple : pour les deux premiers tours, il faut être élu à la majorité absolue, au troisième tour, la majorité relative est suffisante. Ce signifie qu'il faudra sans doute trois tours pour élire le successeur de Yaël Braun-Pivet. Si chaque bloc, y compris le quatrième, plus petit, celui des députés LR (appelé Droite républicaine), présentait un candidat à chaque tour, le NFP pourrait remporter le perchoir au troisième tour. Mais je doute que, justement, les députés LR puissent accepter, par passivité, de laisser un député NFP présider l'Assemblée. On pourrait alors imaginer, du moins au troisième tour, un accord implicite bloc central et LR pour faire passer un député qui serait équilibré et modéré dans l'animation de l'Assemblée. On peut aussi imaginer (cela s'est fait) que le groupe RN, dès le deuxième tour, se retire du scrutin, sachant qu'il ne gagnerait pas, et laisse la situation se décanter avec les autres groupes politiques. Auquel cas un accord bloc central et LR (autour de 220-230 députés) pourrait faire obtenir la majorité absolue des voix dès le deuxième tour.

    On voit bien sur un vote très concret l'intérêt qu'auraient les députés LR de se mettre d'accord avec le pôle central. Il y a d'ailleurs une forte probabilité pour que la Présidente sortante, Yaël Braun-Pivet, se présente pour sa succession et comme elle n'a pas démérité, ce qui n'était pas évident dans la situation de 2022 (et sera encore moins évident en 2024), il serait judicieux de profiter de son expérience. Probablement d'ailleurs qu'elle aura le soutien de Gérard Larcher, qui l'avait déjà soutenue dès le premier tour dans la cinquième circonscription des Yvelines (aucun candidat LR ne s'était présenté, mais il y avait eu un ex-LR soutenu par le RN, Jacques Myard qui a été qualifié pour le second tour dans une triangulaire).


    Beaucoup de candidatures se sont plus ou moins déclarées. La difficulté des potentiels candidats, c'est de se présenter assez tôt pour s'imposer et convaincre leurs collègues que leur candidature est naturelle et évidente, mais pas trop tôt pour ne pas être carbonisés trop vite. Dans les starting-blocks, on peut citer l'écologiste doctrinaire Sandrine Rousseau (a priori, il vaudrait quand même mieux une personnalité moins clivante et acceptée de tous), le journal "L'Opinion" citait aussi la présidente du groupe EELV Cyrielle Chatelain, mais je suppose que les deux ne seraient pas candidates à la fois. À gauche, on peut aussi citer Éric Coquerel (la présidence de commission incite à une candidature au perchoir, c'était le cas de Yaël Braun-Pivet qui a été présidente de la commission des lois de 2017 à 2022), et l'ancien Président de la République François Hollande. Si ce dernier était élu, ce serait un retour éclatant dans la vie politique et en même temps, une situation très étrange, un peu Troisième République. Même Valéry Giscard d'Estaing n'aurait pas réussi un tel retour sur la scène nationale.

    Si on peut imaginer Sébastien Chenu briguer le perchoir pour le compte du RN, chez les LR, Annie Genevard, vice-présidente sortante de l'Assemblée, serait apparemment intéressée, et Charles de Courson, le doyen d'ancienneté des députés (élu depuis 1993, il y a trente et un ans), malgré son élection très serrée cette fois-ci (je dirais même miraculeuse), aurait des raisons de prétendre au perchoir, lui qui a su agréger une convergence des oppositions à l'occasion d'une motion de censure contre la réforme des retraites.

    L'enjeu de cette désignation est important. Le Président de l'Assemblée Nationale est élu pour cinq ans, ou plutôt, pour la durée de la législature, c'est-à-dire jusqu'aux prochaines élections législatives, dissolution ou pas dissolution. Cela signifie qu'il sera un acteur stable de la vie politique dans une période où l'instabilité risque de pointer son nez. Par ailleurs, c'est une fonction qui a beaucoup de responsabilités (par exemple, la nomination d'un prochain membre du Conseil Constitutionnel en février 2025, là encore instance cruciale avec une Assemblée si morcelée), et qui a beaucoup aussi d'avantages matériels et honorifiques : siégeant à l'hôtel de Lassay, le Président de l'Assemblée peut multiplier les conciliabules pour arriver à la construction d'une majorité d'action.


    Personne, aujourd'hui, ne peut raisonnablement dire quelles sont les chances des uns et des autres. On peut imaginer que le RN, et LR, par exemple, n'ont aucune chance pour le perchoir, et que cela va se décider entre le NFP et le pôle central (dont ferait partie Charles de Courson, bien qu'anti-macroniste). Mais il y a encore une chance et de multiples occasions pour que cela évolue, surtout du côté de la gauche selon les personnalités vaguement pressenties dans un gouvernement hypothétique du NFP. Ce sera la première épreuve de nos amis députés élus ces 30 juin et 7 juillet 2024.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (11 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

     
     


     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240711-perchoir.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-22-qui-au-255756

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/11/article-sr-20240711-perchoir.html



     

  • Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?

    « En plein déni, la droite rêve éveillée. Mais elle n'est pas la seule, me semble-t-il. Soit ils rêvent, soit nous rêvons. L'un des deux rêve. Il est aussi possible que tous deux rêvent en même temps. » (Daniel Schneidermann, le 10 juillet 2024).



     

     
     


    L'éditorialiste mélenchonisé depuis des mois (que j'appréciais parfois auparavant) Daniel Schneidermann a eu cette petite lueur de lucidité : oui, il rêve. Et la marche sur Matignon hurlée par Adrien Quatennens, ancien député FI, qui ferait mieux de rester discret, manque un peu ...d'esprit de responsabilité. Je ne cite pas certains députés insoumis qui parlent du "forcené de l'Élysée" et d'autres expressions qui montrent à l'évidence que ce groupe de quelque 75 députés, dont une petite moitié élue dès le premier tour (félicitation), n'a aucune intention de gouverner la France. Même la venue de Jean-Luc Mélenchon, ex-député, au Palais-Bourbon le 9 juillet 2024 prouve que sa seule obsession est l'élection présidentielle de 2027. Alors, dans ces conditions, qui pourrait donc devenir Premier Ministre ?

    Le déni est généralisé : ce sont des nuls en arithmétiques qui voudraient gouverner la France. Pas étonnant puisqu'ils sont aussi nuls en économie avec l'objectif de faire des dizaines de milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires alors qu'il faudrait plutôt faire 65 milliards d'euros d'économie en 2025 si on veut commencer à réduire notre dette sérieusement. C'est le problème historique de la gauche : ils ne savent pas compter. Ni à l'Assemblée, ni pour les finances publiques.

    Alors, les mathématiques sont implacables et on peut d'ailleurs dire que c'est un sale coup des électeurs : 182 (le nombre approximatif de députés NFP) ne feront jamais 289 (la majorité absolue à l'Assemblée Nationale). La majorité macroniste avait pu survivre tant bien que mal (plutôt mal) avec une majorité relative de seulement 250 députés, mais c'est parce qu'elle bénéficiait, entre 2022 et 2024, de la clémence du groupe LR tandis que le total Nupes + RN ne faisait pas les 289 sièges nécessaires au vote d'une motion de censure. Laurent Wauquiez, élu président du nouveau groupe LR (rebaptisé Droite républicaine), a averti calmement : si le gouvernement comportait un seul ministre insoumis, le groupe LR déposerait immédiatement une motion de censure. Et on sait qu'elle serait adoptée puisque Renaissance et le RN s'y rallieraient.

    Alors, il est faux de dire que la nouvelle farce populaire (NFP) a gagné les élections législatives. C'est pourtant ce qu'on entend depuis trois jours sur les plateaux de télévision avec quelques journalistes complaisants. Eh bien, non ! Le NFP n'a pas gagné les élections, et c'est même le bordel. En revanche, ses dirigeants n'ont pas beaucoup de respect pour le Président de la République qu'ils accusent de manquement démocratique, et c'est très paradoxal, car même si Emmanuel Macron interprétait de la même manière la situation, qui devrait-il appeler ? Ils ne sont pas capables, pour l'instant, non seulement de choisir leur potentiel Premier Ministre, mais même de se mettre d'accord sur son mode de désignation !

     

     
     


    Ainsi, tous les noms affluent : Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, Mathilde Panot, Clémence Guetté, Olivier Faure, François Hollande, Jérôme Guedj, Boris Vallaud, Marine Tondelier, François Ruffin, Clémentine Autain... qui d'autres encore ? Dure tâche du Président de la République qui n'est pas en mesure d'avoir un seul interlocuteur de cette union bâclée et hypocrite puisqu'ils ne sont d'accord sur pas grand-chose (nucléaire, Ukraine, Israël, etc.). Cela donne d'ailleurs un arrière-goût d'arrière-boutique particulièrement nauséabond. C'est le problème quand leurs électeurs ont pris leur imposture au sérieux.
     

     
     


    Rappelons l'époque des cohabitations, des "vraies" cohabitations, quand l'opposition remportait la majorité absolue des sièges face à un Président de la République défait. En 1986 avec Jacques Chirac, en 1993 avec Édouard Balladur, en 1997 avec Lionel Jospin, tout était clair pour les électeurs : on savait qui était le prétendant à Matignon en cas de victoire de l'opposition et le Président de la République n'avait d'autre choix que de le nommer. Il y avait aussi le syndrome d'Iznogoud, selon l'évocation de Benjamin Morel : tous ces Premiers Ministres voulaient devenir, à l'issue de la cohabitation, Présidents de la République, si bien qu'ils ont exercé leurs pouvoirs à Matignon prudemment en respectant les prérogatives du Président de la République qui pourraient devenir les leurs quelques années plus tard. C'est pour cela que les sorties de Marine Le Pen sur le "chef des armées à titre honorifique" ou le "coup d'État administratif" étaient malvenues pour une prétendante au trône. Cela a contribué à la défaite du RN.

    Avant les élections législatives de 2024, en cas de victoire du NFP, on ne savait pas qui sortirait du chapeau. C'est même bien pire : dans les meilleurs scénarios, il était impensable que la gauche puisse gagner (et d'ailleurs, elle n'a pas gagné). C'était même l'argument phare d'un revenant, Dominique Strauss-Kahn qui exhortait les électeurs du centre et de droite de voter même pour un candidat insoumis face à un candidat RN, puisque de toute façon, le NFP ne gagnerait pas et son programme ne serait jamais appliqué. Une véritable tromperie quand on voit aujourd'hui Jean-Luc Mélenchon et ses sbires imposer le programme du NFP à l'ensemble de ses supposés partenaires, tous élus en partie grâce aux désistements du bloc modéré et à ses électeurs, alors qu'en plus, aucune majorité n'est possible dans une telle configuration.

    À droite de l'échiquier, il n'y a pas la prétention de diriger le gouvernement, ou plutôt, pas vraiment. À l'extrême droite, ce que Jordan Bardella, aimant l'hypocrisie, nomme "victoire différée" pour "défaite", empêche les députés RN de prétendre gouverner la France (au contraire de ce qu'ils répétaient matin midi et soir pendant quatre semaines). Du côté LR, Laurent Wauquiez a évacué l'idée d'une grande coalition, et on le comprend un peu, les députés LR auraient tout à y perdre. Néanmoins, il y a d'autres petites musiques au sein de LR, en particulier l'ancien président du groupe LR Olivier Marleix, ou encore Xavier Bertrand (qui y croit dur comme fer), poussés par l'ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin (qui leur dit : mettez-vous au travail !), qui évoquent la possibilité d'un gouvernement incluant des LR.

    Il faut également reconnaître que Renaissance n'a pas non plus gagné les élections, les macronistes ont perdu des dizaines de circonscriptions et ne sont pas en mesure, seuls, de continuer à gouverner la France. Alors que faire ? La première chose est politique et pas personnelle. Il faut une grande coalition, ce qui signifie aussi que, sans se renier, les partis doivent quitter leur programme initial pour réfléchir sur un certain nombre de mesures avec lesquelles ils seraient d'accord dans l'intérêt du pays et qui constitueraient l'ossature politique d'une grande coalition. C'est difficile à faire car c'est nouveau, c'est inédit institutionnellement.

    Finalement, c'est ce que le Président Emmanuel Macron a rappelé le 10 juillet 2024 dans sa lettre aux Français juste avant son départ pour le Sommet de l'OTAN : s'il y a un vainqueur, qui a soulagé plus de 60% des électeurs le dimanche soir, c'est bien le front républicain. Et c'est bien un gouvernement de front républicain qu'il faut constituer car il n'y en aura pas d'autre viable pendant un an.

     

     
     


    Sa enseignement, c'est : « Si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu'elle accède au gouvernement. ». Cela, tout le monde l'admet, y compris le RN. La suite : « Personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige d’ailleurs à bâtir un large rassemblement. ». Avec cette expression, il n'y a pas de déni démocratique : Emmanuel Macron reconnaît clairement une "demande claire de changement". Chaque mot a été pesé.

    Remarquons en passant que quoi que fasse Emmanuel Macron, ce n'est pas bien. Il parle : pas bien. Il reste silencieux : pas bien. Il donne la parole au peuple : pas bien. Il propose une méthode pour former le gouvernement, vu que personne n'est capable de le faire : pas bien. Je rappelle que les candidats aux gouvernements de cohabitation étaient relativement prudents dans le respect qu'ils doivent au Président de la République qui, dans le passé, que ce soit François Mitterrand ou Jacques Chirac, ont mis des veto pour la nomination de personnalités qui leur ont manqué de respect. Il y a un minimum d'éducation à respecter dans la pratique des institutions.

    Cette "demande claire de changement" doit donner une piste pour Matignon : la personnalité qui devrait être nommée ne doit pas appartenir à l'ancienne majorité macroniste et à sa proche "banlieue". Cela exclut ainsi tant François Bayrou (qui aurait été assez crédible) que Jean-Louis Borloo dont l'hypothèse un peu farfelue avait germé dans les réseaux sociaux. Il n'y a donc pas trente-six mille possibilités. Cela signifie donc qu'elle devrait émaner soit de LR, soit du PS. Donc, pas d'électron libre (comme Raphaël Glucksmann dont la candeur et l'inexpérience des joutes parlementaires le disqualifieraient assurément) ni des personnalités comme Gabriel Attal, qui, bien que très populaire, ne peut absolument pas se maintenir très longtemps à Matignon, sinon le temps de trouver son successeur.

     

     
     


    À mon sens, vu la configuration de l'Assemblée, le PS a une position cruciale dans cette grande coalition de front républicain. Avec Olivier Faure sur la même ligne que Jean-Luc Mélenchon, le PS est en train de se griller stupidement : aucune solution viable ne peut naître en voulant conserver obstinément et exclusivement le programme du NFP. Aucun député macroniste ne pourrait accepter de défaire ce qu'il avait fait dans les législatures précédentes. La grande coalition ne peut naître et vivre que sur le tombeau du NFP.

    S'il devait perdurer, le dogmatisme de la gauche aboutirait à un déplacement fort du barycentre : seul le bloc modéré pourrait gouverner, et il serait plus nombreux que le bloc de gauche (autour de 220-230). Pour certains, comme Xavier Bertrand qui meurt d'envie d'être le chef d'un "gouvernement provisoire", il serait plus logique que la grande coalition se fasse vers la droite que vers la gauche du bloc central, puisqu'il y a une grande majorité des électeurs qui ont voté à droite voire extrême droite (47% pour la droite et l'extrême droite contre 27% pour la gauche et extrême gauche). En fait, le raisonnement a un défaut, c'est que le RN serait exclu de cette grande coalition, si bien que le front républicain est effectivement plus à gauche et pas plus à droite que le bloc central.

    Mais avant toute chose, il y a les électeurs. Au moins un tiers est meurtri de ne pas voir ses idées au gouvernement, les électeurs du RN, et un autre tiers risque d'être frustré ne pas voir ses idées non plus au gouvernement, du moins dans leur globalité. Ce gouvernement de front républicain doit donc être un gouvernement de large rassemblement qui se focalise d'abord sur les Français, leurs conditions. Son accouchement sera très douloureux, sa viabilité très aléatoire, mais l'enjeu est énorme : avec autour de 140 députés, le RN va recevoir près de 30 millions d'euros par an (un peu moins), ce sera le parti le plus riche de France, avec ses collaborateurs parlementaires, il pourra les envoyer dans les centaines de circonscriptions aux prochaines élections législatives, là où ses candidats étaient un peu pauvrets en CV (dirons-nous), et la déception, le découragement et la colère des Français seraient redoutables si les acteurs politiques actuels en restaient, comme ces trois premiers jours, dans des considérations de combines politiciennes et de carrières personnelles.

    C'est le sens de cette lettre présentielle : députés, réveillez-vous ! Le peuple vous attend ! Soyez enfin responsables et à la hauteur des enjeux !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (10 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
    Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240710-matignon.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-21-marche-sur-255753

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/10/article-sr-20240710-matignon.html



     

  • Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel

    « Croyez-vous que [le peuple] préfère que l'on divise le pays en trois ? Pourquoi ne voulez-vous pas faire confiance au peuple ? Je suis persuadé qu'automatiquement, dès le début de la campagne, il se produira une concentration instinctive ! Je n'arrive pas à croire que le pays, dans sa masse, ne soit pas guidé, le moment venu, par une sorte d'instinct. Il élira quelqu'un qui ne soit pas un extrémiste. » (De Gaulle au conseil des ministres du 26 septembre 1962 à l'Élysée, retranscrit par Alain Peyrefitte dans "C'était De Gaulle", éd. Gallimard).




     

     
     


    La situation parlementaire est on ne peut pas plus difficile pour la constitution du nouveau gouvernement. Avec trois blocs aux effectifs à peu près égaux, du moins, dont aucun n'est capable de rassembler sur son programme une majorité absolue de députés, la situation politique est inédite sous la Cinquième République, et donc, particulièrement intéressante sur le plan intellectuel mais inquiétante sur le plan économique et social car on ne peut pas laisser la France sans gouvernement (l'agence de notation Moody's a déjà exprimé sa préoccupation sur la fiabilité de la France pour les investisseurs, ceux qui financent notre dette et nos déficits ; chaque pourcent de taux d'intérêt supplémentaire, c'est 30 milliards d'euros par an en plus à payer pour la France).

    Alors, il y a une petite musique très malsaine qui émerge depuis deux jours : puisque c'est le bordel aujourd'hui, faisons en sorte que ce le soit tout le temps ! Non, c'est une traduction purement personnelle, mais en gros, certains disent : puisque c'est ingouvernable, changeons de mode de scrutin et adoptons le scrutin proportionnel pour les élections législatives. C'est d'une logique shadok imparable : nous fonçons dans le mur, alors accélérons !

    D'abord, en préliminaire, rappelons que cela ne résoudrait en rien le problème d'aujourd'hui puisque dans tous les cas, y compris la démission du Président de la République, cette Chambre ingouvernable restera en fonction au moins jusqu'au 7 juillet 2025. De plus, vouloir réformer les institutions serait ouvrir une boîte de Pandore et amorcer un nouveau chantier bien inutile quand on n'est même plus sûr que pouvoir payer les fonctionnaires au mois de janvier prochain, en absence de gouvernement et en absence de lois de finances. D'autant plus que nos institutions, au contraire, sont solides et c'est à peu près le seul socle qui nous garantit encore aujourd'hui la stabilité face aux risques de guerre civile.

    Ensuite, il faut admettre que cette situation parlementaire ne provient absolument pas du mode de scrutin majoritaire, au contraire, puisqu'en général, l'effet majoritaire donne la majorité absolue à une formation qui n'aurait qu'un tiers des voix, mais elle provient du peuple. Dit comme cela, j'ai l'air d'accuser le peuple, mais je peux dire aussi que c'est grâce au peuple que nous sommes dans cette situation : c'est le peuple qui a choisi cette Assemblée. Et le peuple est très divisé. Mais plus politiquement, cette situation improbable provient d'une tripolarisation étonnante de la vie politique depuis 2017 avec un bloc central divisé (Ensemble et LR) et deux blocs malheureusement extrémistes ou, du moins, radicalisés, à gauche (NFP), radicalisé par les insoumis qui contrôlent pour l'instant cette alliance, et à droite (RN).


    Si les appareils ont effectivement choisi le désistement des candidats arrivés les moins bien placés au second tour contre un candidat RN, ce sont bien les électeurs qui ont donné l'ordre d'arrivée au premier tour. C'est parce que celui-ci est assez diversifié que les résultats du second tour sont contrastés. Le second tour est toujours la conséquence du premier tour, avec un effet, celui du front républicain, qui n'est pas seulement un effet d'appareils politiques, par les désistements, mais aussi un effet populaire, électoral, par les électeurs qui étaient plus de 60% vraiment opposés à un gouvernement RN dirigé par Jordan Bardella.

    Pour une fois, on ne peut pas mettre la responsabilité des acteurs politiques dans l'ingouvernabilité actuelle du pays. Il s'agit bien d'un situation de fait voulue par les électeurs. Changer les institutions ne changerait pas cet état de fait, on ne peut pas changer le peuple avec les institutions (même si parfois, ce serait bien pratique !).

    Maintenant, voyons le mode de scrutin qui n'y peut rien dans cette situation politique et électorale. Certains aiment bien comparer avec des pays étrangers.

    Alors, prenons le cas du Royaume-Uni dont l'éclatant victoire du parti travailliste ne s'est fait qu'avec seulement quelques pourcents supplémentaires en voix des travaillistes par rapport à 2019. Évidemment, le mode de scrutin y est pour quelque chose et le scrutin britannique est majoritaire uninominal à un tour : cela signifie que l'élu, c'est le candidat arrivé en tête dès le premier tour. S'il avait été appliqué en France, le RN aurait obtenu environ 350 sièges puisqu'il était en tête dans 350 circonscriptions. On voit que le mode de scrutin influe sur le résultat... mais attention : les partis et les électeurs se comportent aussi en fonction du mode de scrutin. Vu les désistements et le front républicain au second tour, nul doute que les partis auraient choisi leurs candidats différemment dans certaines circonscriptions, n'en auraient pas présenté dans des circonscriptions ingagnables, etc. au regard des résultats des élections européennes où le RN était en tête dans de nombreuses communes de France, autour de 97% des communes (c'est ce qu'Ensemble a fait dans certaines circonscriptions comme dans celle de Jérôme Guedj, de Nicolas Dupont-Aignan et de François Hollande, entre autres, en ne présentant aucun candidat dès le premier tour).

    Quant aux autres pays, effectivement, c'est le système proportionnel qui domine, parfois très complexe comme en Allemagne où le nombre total de députés change à chaque élection, les gouvernements ne peuvent être formés que par grande coalition aujourd'hui en raison de l'émiettement des "opinions publiques", mais cela nécessite , d'une part, une culture du compromis, or, les premiers jours de l'après-législatives montrent qu'en France, peu de partis l'ont, cette culture du compromis, et d'autre part, elle trahit la volonté populaire qui vote pour un programme. C'est du reste à cause de la seconde raison que la première n'existe pas en France : les électeurs du NFP, par exemple, ont voté pour le programme du NFP, donc, si le NFP était au pouvoir, il faudrait appliquer le programme du NFP, et aucun autre. Sauf que si le NFP n'a pas la majorité absolue des sièges, il ne pourra pas se maintenir très longtemps, et s'il veut gouverner durablement, il doit faire un contrat avec d'autres formations politiques sur la base d'un programme forcément édulcoré.


    Car il est là l'intérêt du scrutin majoritaire, en principe (j'écris en principe puisque ce n'est pas le cas depuis 2022) : au lieu de faire des compromis et des coalitions après les élections législatives, au mépris de la volonté des électeurs, ces accords sont fait auparavant, avant les élections, ce qui a été le cas par exemple pour la gauche avec le NFP mais aussi l'accord entre le RN et les ciottistes. J'ajoute également un élément non négligeable. J'ai écrit que le système allemand est complexe mais il reste de la proportionnelle intégrale (certains députés sont élus au scrutin majoritaire, mais au niveau national, il y a un recompensation pour que ce soit la stricte proportionnalité, ce n'a rien à voir, par exemple, avec le scrutin des régionales ou des municipales en France où il y a une prime majoritaire). La complexité pollue la démocratie. Le peuple a besoin de simplicité dans ses choix, ne serait-ce que parce que tout le monde vote et que la compréhension doit être donnée à tout le monde, y compris les moins intellos. Le scrutin majoritaire a l'avantage de la simplicité : on vote simplement pour faire le choix entre plusieurs candidats.

    Certains journalistes considèrent que l'idée du front républicain et du barrage à l'extrême droite, de voter pour un candidat qui ne correspond pas à ses idées pour éviter un gouvernement RN, n'aurait pas lieu avec un scrutin proportionnel, mais au contraire, il est démocratique que les électeurs prennent leur responsabilité (ce qui a été le cas le 7 juillet 2024, et je l'écris avec un étonnement très positif). Le peuple a pu au moins clairement exprimé sa volonté de rejeter l'idée d'un gouvernement RN. Le blocage actuel se fait non pas sur les trois blocs mais sur deux blocs : aucune coalition incluant le RN n'est aujourd'hui pensable.

    Un autre argument supposé en faveur de la proportionnelle serait d'éviter qu'un parti extrémiste gagne une majorité absolue des sièges. En fait, l'exemple d'Israël, démocratie à la proportionnelle, montre qu'au contraire, dans la nécessité de grande coalition, les extrêmes ont une influence beaucoup plus grande que la réalité du pays et font aujourd'hui la politique du pays.


    Je trouve d'autres intérêts au scrutin majoritaire à deux tours. Le premier, le principal au départ, mais qui n'a pas lieu aujourd'hui, c'est qu'il aide à trouver des majorités absolues. Ce n'est pas le cas en 2022 et en 2024, mais ce n'était pas le cas non plus en 1958 ni en 1988, et ce n'était pas le cas non plus sous la Troisième République (avec un scrutin d'arrondissement, c'est-à-dire le même qu'actuel), ce qui a conduit les constituants de 1958 à proposer quelques outils constitutionnels (indispensables !) pour permettre de gouverner avec une simple majorité relative, à condition que celle-ci ne soit pas trop faible (quelques dizaines de sièges manquants au maximum). Globalement, la vraie idée, et le seul point qui permet à un gouvernement de durer, c'est d'empêcher le vote d'une motion de censure à la majorité absolue des députés, y compris les absents (donc, il faut au moins 289 voix). Tant qu'une majorité absolue contre n'est pas formée, le gouvernement survit, c'était le cas avec Élisabeth Borne et Gabriel Attal depuis 2022 parce que les populistes irresponsables n'étaient pas majoritaires (RN + FI), comme du reste depuis le 7 juillet 2024 (ce qui est une très bonne nouvelle et devrait permettre de trouver une solution viable).

    Le deuxième intérêt, c'est qu'on vote pour ou contre des personnalités bien définies : dans un scrutin de liste sans panachage, on ne peut pas choisir son député, on accepte le diktat des appareils, les premiers de listes seront élus dans tous les cas et ceux en bout de liste ne le seront pas dans tous les cas aussi. Dans un scrutin majoritaire, des dissidents de parti, comme c'était le cas en 2024 pour François Ruffin, Alexis Corbière et Danielle Simonnet, ont pu être élus contre le diktat de leur parti car ils ont réussi à réunir une majorité d'électeurs derrière eux contre le candidat officiel de leur parti. Avec un scrutin proportionnel, ces individualités n'auraient jamais pu être élues, tu es avec le parti ou tu n'es rien.

    Ensuite, ce lien entre le député et ses électeurs est important dans la circonscription. Certains ne bossent pas et ne sont pas réélus, d'autres au contraire sont très présents auprès de leurs électeurs. On dit d'ailleurs que les députés sont des assistantes sociales, car dans leur permanence, les gens viennent surtout pour trouver un logement ou un emploi. On a parlé de réserve parlementaire, elle était intéressante car cela permettait, en dehors des obstacles administratifs, débloquer certains projets locaux (construction d'une bibliothèque, etc.), à condition, bien sûr, comme c'était le cas, que ce soit transparent puisqu'il s'agit d'argent public. Ce contact avec le peuple, le scrutin proportionnel ne le permet pas (même dans le cadre départemental) : qui aujourd'hui est capable de citer le nom des 81 députés européens français élus le 9 juin 2024, à part les quelques têtes de liste ? Et surtout, ces élus rendent-ils des comptes aux électeurs ? Quand et à qui, puisqu'ils sont élus dans un cadre national ? Impossible dans le cadre du scrutin proportionnel.


    Du reste, la limitation du cumul qui interdit notamment d'être à la fois député et maire coupe le parlementaire des réalités locales. L'élu municipal est à l'écoute des problèmes de ses concitoyens (et s'il ne l'est pas, les habitants vont le mettre rapidement au courant !). Des députés sans mandat local sont un peu hors-sol. Le fait qu'ils soient élus dans une circonscription leur permet de se plonger dans la réalité locale, au contraire de la proportionnelle qui les rendrait très éloignés du peuple et de ses problèmes.

    Paradoxalement, puisque c'est le contraire qu'on dit, le scrutin majoritaire permet une réelle diversité politique des députés, plus grande qu'avec la proportionnelle. Par exemple, il vient d'échouer, mais Nicolas Dupont-Aignan n'aurait jamais pu avoir sa carrière de député pendant des dizaines d'années hors de son ancien parti (l'UMP) sans scrutin majoritaire. Elle aussi vient d'échouer, mais Emmanuelle Ménard n'aurait jamais été élue députée de Béziers hors du scrutin majoritaire car elle ne voulait pas être embrigadée par le FN/RN en 2017 (si bien qu'elle a été finalement battue par un candidat RN en 2024, la vague RN étant plus forte que le rayonnement personnel de certaines individualités).

    Quant à la parité homme/femme, qui me paraît saine dans une démocratie moderne (et qui est effectivement plus simple à imposer avec la proportionnelle, on le voit aux municipales, aux régionales et aux européennes), le dispositif actuel pénalise déjà beaucoup financièrement les partis qui ne la respectent pas. La preuve que c'est possible dans un scrutin majoritaire, c'est le groupe LREM en 2017, et aussi le groupe écologiste en 2024.

    Le seul intérêt du scrutin proportionnel est d'avoir une représentation plus exacte de la mosaïque politique du peuple. Mais comme il y a toujours des seuils (entre 3% et 5% dans les pays qui l'ont adopté), il restera toujours des exclus de ce système. De toute façon, dans le cas extrême, un député ne peut pas représenter moins que 1/le nombre total des sièges, en France, cela signifie au moins 0,2% des voix (ce qui signifie, dans le cas extrême d'une proportionnelle intégrale à l'échelle nationale sans seuil, que 23 partis des 38 qui se sont présentés aux élections européennes du 9 juin 2024 auraient quand même été exclus d'une représentation !).

    Le système électoral répond à des questions philosophiques essentielles. Et la question, ici, est la suivante : à quoi sert une Assemblée Nationale ? Si c'est juste pour papoter avec la représentation de toutes les opinions, oui, la proportionnelle est indiquée. Mais les plateaux de télévision existent et sont là pour cela. Les réseaux sociaux sur Internet aussi, avec l'expression parfois bruyante voire hurlante d'ultraminoritaires. Si c'est pour permettre de gouverner le pays, voter un budget, pour permettre aux fonctionnaires d'être payés, pour récolter l'impôt, etc. alors il faut un système qui augmente les chances de trouver une majorité absolue.

    Et j'en viens à l'essentiel. Aujourd'hui, la situation d'ingouvernabilité provient de la tripolarisation du paysage politique français. Dans une entreprise, on conseille souvent que le bureau exécutif (l'instance décisionnelle) soit composé de trois membres et pas deux. Deux membres, quand ils ne sont pas d'accord, c'est fatal pour une entreprise qui ne prend du coup plus aucune décision. À trois, il y a toujours, pour chaque question, 2 contre 1, donc une majorité (ou alors l'unanimité). En politique, c'est un peu différent, car le schéma évoqué signifierait qu'il faut que deux pôles sur les trois se mettent d'accord. Ils se sont mis d'accord pour faire barrage au RN avec le front républicain. Avec succès. Il faut donc que le gouvernement reprenne ce principe, c'est le message des électeurs.

    C'est ce que pense le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier qui l'a exprimé dans un chronique au "Nouvel Obs" le 8 juillet 2024 : « Plusieurs responsables politiques ont indiqué, dans la foulée des résultats, refuser toute ouverture au-delà de leur camp et de leur programme. Les électeurs, donc le peuple qui est le seul décideur dans une démocratie, ont pourtant indiqué une autre position. En effet, un nombre important de députés tant du Nouveau Front populaire que d’Ensemble a été élu non en raison d’un ralliement à leur programme, mais grâce au front républicain, c’est-à-dire au désistement d’un candidat arrivé en troisième position au soir du premier tour. Il en va ainsi d’environ quatre-vingts députés Ensemble et d’une cinquantaine de députés NFP. Démocratiquement, il est nécessaire de tenir compte d’un tel vote, en prenant en considération le choix des électeurs, lequel impose d’atténuer certaines positions programmatiques, en vue de composer un gouvernement de coalition qui dépasse un seul bloc politique. Toute prise de position inverse conduirait à l’échec. ».

    Et je mets en garde contre les tentations de changer le scrutin, de passer du scrutin majoritaire au scrutin proportionnel : ce serait une voie irréversible, dans l'état actuel de l'opinion et probablement pour longtemps. Jamais une majorité ne pourra revenir sur celle-ci, car la proportionnelle interdit, sauf dans le cas d'un pôle qui ferait plus de 40%, comme en 1986 qui était une exception, toute majorité absolue.

    En somme, sous prétexte que le scrutin majoritaire, dans une situation exceptionnelle de trois pôles, ne donne pas de majorité absolue, on voudrait généraliser définitivement ce foutoir ambiant. C'est assez stupide comme raisonnement. Méfions-nous de cette petite musique. J'avais, en son temps, combattu le quinquennat car il me paraissait peu sain que le mandat du Président de la République fût de même durée que celui des députés. Il a fallu attendre vingt-quatre ans avant qu'un Président de la République rompe ce cycle plutôt infernal, et c'est à mettre à l'actif du Président Emmanuel Macron. Il ne faudrait pas qu'une nouvelle erreur institutionnelle nous bloque dans un foutoir institutionnalisé pendant un quart voire un demi-siècle. Pensons à notre avenir, il y a d'autres réformes à faire que les mauvaises comme celle-ci. Gardons-nous d'abîmer nos précieuses institutions de la Cinquième République qui n'étaient pas, dans leurs objectifs, destinées à De Gaulle, car il avait conquis une légitimité historique qui l'autorisait à tout faire, mais faites
    au contraire pour répondre à l'impuissance politique de la Quatrième République, quel que soit le personnel politique du moment.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240709-proportionnelle.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-20-le-poison-du-255740

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/09/article-sr-20240709-proportionnelle.html




     

  • Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?

    « Je tiens à féliciter les 577 députés nouvellement élus. Tous réunis représentent notre Nation. Cette dissolution, je ne l’ai pas choisie, mais j’ai refusé de la subir et avec nos candidats Ensemble, nous avons décidé de nous battre! » (Gabriel Attal, le 7 juillet 2024 à Matignon).




     

     
     


    Un cauchemar succède à un cauchemar. Jean-Luc Mélenchon fait du forcing pour s'imposer à Matignon. Il l'avait déjà fait en juin 2022 (voir l'affiche). La journée du lundi 8 juillet 2024 s'apparente à une sorte de journée nationale du déni démocratique. Le lendemain du second tour des élections législatives est assez étonnant. Après tout, les trois pôles politiques qui constituent le paysage politique ne sont pas mécontents des résultats. Les quatre même, avec LR.

    En effet, la nouvelle farce populaire (NFP), dont principalement les insoumis, est heureuse de se positionner en tête de ces trois pôles, même s'elle lui manque une centaine de députés pour former une majorité. Le pôle central autour d'Ensemble pour la République a sauvé les meubles et même s'il a perdu beaucoup de sièges, il reste dans une position centrale sans laquelle aucune majorité ne pourra se constituer. Quant au pôle d'extrême droite, certes, le RN est très déçu de l'absence, et de loin, de majorité, absolue ou relative, prophétisée à tort et à travers par les sondages, mais peut se féliciter toutefois d'une augmentation d'environ 60% de son groupe à l'Assemblée ainsi que du début d'une alliance avec une partie (très faible) de LR (Éric Ciotti et ses copains). On peut même rajouter dans ce feu de joie le quatrième pôle, nettement plus petit, LR, qui, non seulement a sauvé les meubles mais s'est accru (hors Ciotti) avec ces élections bien particulières.

    Le principal pôle, le NFP, a des raisons d'être content d'avoir obtenu le meilleur score en sièges, mais des raisons d'être tristes d'être dans l'impossibilité de constituer seul une majorité. Cette seconde partie de la phrase est complètement oubliée dans l'esprit des dirigeants du NFP, et c'est grave ! Jean-Luc Mélenchon, très malin, s'est exprimé dès 20 heures 02 pour annoncer ou plutôt imposer le programme du NFP, rien que le programme, tout le programme, rejetant tout compromis avec d'autres formations extérieures au NFP.

    C'est même pire : en proclamant urbi et orbi son credo inviolable, il empêche toute sortie institutionnelle acceptable de cette situation impossible que les électeurs ont pourtant voulue. Le pire, c'est qu'il est suivi par à peu près la plupart des socialistes et des écologistes.

    Confirmée par Mathilde Panot le 8 juillet 2024, l'hypothèse de Jean-Luc Mélenchon à Matignon est dans les tuyaux et cela va aboutir à une impasse : les Français ont voté très majoritairement à droite et il vont se retrouver avec un gouvernement Mélenchon ! Certes, il peut transiger sur le nom du Premier Ministre mais il ne transigera pas sur son appartenance au groupe des insoumis qui devrait être le plus nombreux (par exemple, pas question de François Ruffin !). On parle donc aussi de Mathilde Panot, de Manuel Bompard, et surtout, ces derniers temps, de Clémence Guetté, la doctrinaire du lot, certes sympathique jeune femme (désolé d'être sexiste et ce n'en est pas, puisque ça fonctionne aussi sur les hommes, le look de gendre propre sur lui a évidemment aidé Jordan Bardella).

    Pendant ce temps, Marine Tondelier, la porte-parole des écologistes, multiplie ses interventions publiques dans le secret espoir d'être choisie Première Ministre, ou au moins, ministre, alors que ce groupe EELV, qui voudrait bien récupérer les quelques insoumis dissidents voire les communistes rescapés, est le plus faible de leur union à gauche.


    Tous ces responsables politiques du NFP oublient une petite chose : si leurs députés sont aussi nombreux, ils ne le doivent pas à une vague rouge d'envie de gauche, de désir de gauche, ils le doivent seulement parce que la plupart ont été élus grâce aux voix des électeurs du pôle central, du pôle macroniste et sans eux, ils auraient été, pour beaucoup d'entre eux, battus au profit d'un candidat d'extrême droite.

    Seuls, quelques socialistes, pour l'instant très minoritaires en raison de la mélenchonerie de leur chef Olivier Faure, apportent une note dissonante dans ce joyeux déni voire délire parlementaire : Raphaël Glucksmann, tête de liste aux européennes, Jérôme Guedj, réélu député de l'Essonne, par exemple, mais aussi Boris Vallaud, l'ex-président du groupe PS en 2022-2024, également quelques députés PS de base, qui sont bien conscients qu'ils ont été élus ou réélus grâce aux électeurs macronistes et que la situation parlementaire impose de trouver des compromis pour former une coalition bien plus large que le NFP pour éviter une motion de censure dès le deuxième jour de pouvoir.

    C'est la raison pour laquelle le Président de la République Emmanuel Macron se garde bien de parler, de tirer des conclusions hâtives, et de prendre une initiative sur le choix du gouvernement. Il attend de toute façon la formation des groupes politiques qui ont jusqu'au 20 juillet 2024 pour se constituer, sachant que la session extraordinaire commencera le 18 juillet 2024 par l'élection cruciale du Président de l'Assemblée Nationale (qui sera élu, un représentant du NFP ou une personnalité qui obtiendra un accord Ensemble-LR ?).

    Cette session extraordinaire durera jusqu'au 2 août 2024 le temps que les députés s'installent dans les commissions et les différents groupes, etc. Ensuite, la prochaine session ordinaire aura lieu en début octobre 2024 et seul le Président de la République peut convoquer les députés en sessions extraordinaire avant cette date.

     

     
     


    Donc, on peut comprendre qu'au point où en sont les choses, le Premier Ministre Gabriel Attal, qui a présenté sa démission au Président de la République ce lundi 8 juillet 2024 comme le veut la tradition après des élections législatives, est chargé de rester provisoirement en place pour assurer la stabilité et la continuité du pouvoir, et pourrait probablement rester en place au moins jusqu'à la fin de l'été, dès lors qu'aucune solution viable n'est trouvée pour la constitution du prochain gouvernement.

    La situation est d'autant plus compliquée qu'aucune dissolution ne sera possible avant un an, ce qui signifie que la situation actuelle est inédite dans l'histoire de la Cinquième République, jamais les députés n'auront autant de pouvoir qu'aujourd'hui et l'année qui vient.

    Dans la majorité présidentielle, les réactions aux résultats sont prudentes. Beaucoup de conciliabules de part et d'autre, mais aussi beaucoup de silence. Tout ce qui est sûr, c'est que la solution passera nécessairement par la participation du pôle central dans le futur gouvernement. La question, et il y a des divergences chez les macronistes, c'est : faut-il que la grande coalition penche à droite (parce que les Français ont voté très à droite cet été, veulent réduire l'immigration, être plus fermes pour la sécurité, etc.) ou penche à gauche, là où il y a une plus grande réserve de parlementaires au-delà du pôle central ?

    Pour l'instant, François Bayrou tente timidement de poser quelques points de méthode pour aboutir à une vraie grande coalition qui ne serait pas du débauchage. Il est effectivement bien placé pour la proposer puisque c'était son dessein présidentiel depuis 2002, c'était aussi l'héritage de Valéry Giscard d'Estaing qui, en 1983, souhaitait réunir deux Français sur trois (il en a fait un bouquin), et il est bien placé aussi parce qu'il s'est abstenu au second tour de l'élection présidentielle de 2007, il a voté François Hollande au second tour de l'élection présidentielle de 2012, et il vient du centre droit.

    Troisième groupe crucial dans une éventuelle grande coalition, Les Républicains. L'affaire est pourtant claire, avec Geoffroy Didier, Laurent Wauquiez et quelques autres : pas question de se compromettre avec les macronistes. Ils continuent, même après les élections, le Macron bashing, préférant attendre tranquillement dans leur fauteuil d'opposition de reprendre la main à l'élection présidentielle de 2027 (même pas 5% en 2022, rappel grinçant). Là encore, cette position d'irresponsabilité totale, la même que le NFP, pire car c'est la politique du pire, ces dirigeants de LR préfèrent l'application du programme ultragauchiste du NFP ou alors, en cas de blocage, la victoire en 2027 du RN sur les ruines d'une législature bloquée.

    Là encore, les députés LR n'ont pas encore pris acte que, pour la plupart d'entre eux, ils ont été élus grâce aux voix des électeurs macronistes voire des électeurs de gauche pour certains d'entre eux. Cela les obligerait à plus de responsabilité dans une situation où l'intérêt national doit l'emporter sur le confort boutiquier des appareils.


    Les députés RN, au moins, seront forcément dans l'opposition, mais quelle attitude adopteront-ils ? Voteront-ils des motions de censure de l'ultragauche ou pas ? Marine Le Pen a déjà déclaré qu'elle attendait le prochain scrutin et Jordan Bardella a avoué le 8 juillet 2024 qu'ils avaient fait des erreurs. En fait, et il faut le répéter, ce RN n'est qu'un appareil de produire du bluff.
     

     
     


    Pendant deux ans, ils n'ont pas arrêté de dire matin midi et soir qu'ils étaient prêts, qu'ils réclamaient la dissolution et qu'ils voulaient Matignon. Vu la nature de leurs candidats, près d'une centaine particulièrement "craignos", avec des déclarations ou expressions racistes, voire nazies, des incompétences béantes (comme l'incapacité à débattre, ou même à poser un argument), et cette impréparation montre que tout le discours du RN pendant deux ans n'était qu'une énorme tromperie. Et une paresse ! Encore ce 8 juillet 2024, Jordan Bardella a été élu président d'un nouveau groupe d'extrême droite au Parlement Européen réunissant notamment les députés européens de Viktor Orban et ceux de Matteo Salvini, et pourtant, comme d'habitude, il était absent !

    Les dirigeants du RN n'osent pourtant pas reconnaître que ce n'est pas l'impréparation qui a été la cause de leur défaite, car dans d'autres partis, dans le passé, il y a aussi eu des députés élus et très "impréparés" (dirons-nous), mais la cause profonde, c'est la volonté urgente de ne pas mettre l'extrême droite au pouvoir et le succès, improbable pourtant, du front républicain contre eux. La baudruche RN s'est donc dégonflée et cela a soulagé de nombreux Français, un peu comme après un orage et le retour du beau temps, ou après un examen au baccalauréat difficile et que le résultat a finalement été positif.


    Comme prévu, le RN a déploré le fait d'être arrivé en tête par le nombre de voix et en dernier en nombre de sièges. Ses dirigeants ont quand même du mal à parler de vol d'élection. Certes, au second tour, le RN a reçu 8,7 millions de voix, avec ses alliés, 10,1 millions de voix, devant les 7,0 millions de voix pour le NFP, les 6,3 millions de voix pour Ensemble et les 2,5 millions de voix pour LR et divers droite. Mais il faut regarder les choses autrement, car c'était un second tour : cela signifie avant tout que, face aux 10,1 millions de Français qui ont choisi un candidat RN ou allié, 15,8 millions de Français (61,0% !) ont déclaré qu'ils n'en voulaient à aucun prix, dussent-ils pour cela voter pour un candidat de gauche quand on est de droite ou inversement. Dans cette perspective, le RN a fait moins bien qu'au second tour de l'élection présidentielle de 2022 où Marine Le Pen avait réuni plus de 13 millions de voix.

    Je termine par cette remarque institutionnelle importante. Les dirigeants du NFP sont en complète contradiction avec leur programme. Dans leur programme, ils veulent supprimer la possibilité de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, et pourtant, ils le proposent pour faire adopter l'abrogation de la réforme des retraites, pensant d'ailleurs que les députés RN accepteraient d'être leurs tacites alliés. C'était justement dans le cas où aucune majorité absolue se dégage que l'article 49 alinéa 3 s'est imposé aux constituants de 1958. Ils ne voulaient pas revivre les poisons de la Quatrième République.

    Par ailleurs, ils voudraient mettre le scrutin proportionnel. Mais la proportionnelle ferait de l'Assemblée Nationale une mosaïque comme celle que nous connaissons depuis 2022, mais de manière définitive et irréversible, car il n'y aura aucun retour en arrière. L'élection d'une majorité absolue UDF-RPR le 16 mars 1986 malgré le scrutin proportionnel s'explique parce que le pôle de centre droit valait au moins 40% des suffrages exprimés (en 1984, il avait fait 43,0% aux élections européennes). Aujourd'hui, aucune coalition ne sera capable d'attendre de tels sommets, et la proportionnelle transformerait les institutions en Quatrième République sans possibilité de revenir en arrière.

     

     
     


    De plus, et c'est cela le plus paradoxal, c'est que les dirigeants du NFP (ainsi que de LR, mais ils ne prônent pas la proportionnelle) ont démontré qu'ils étaient incapables de se comporter en responsabilité dans le cas d'un scrutin proportionnel puisque, même aujourd'hui, ils refusent d'admettre qu'il faille négocier le principe d'une grande coalition qui irait au-delà du NFP. Dans leur comportement, dans leur pratique, dans leur positionnement, ils sont au contraire totalement dans une pratique du scrutin majoritaire qui veut, en gros, tout ou rien, ça passe ou ça casse. À dix mille lieues du scrutin proportionnel (contre lequel je me bats depuis toujours !) qui impose des compromis à chaque lendemain d'élections pour constituer une grande coalition et gouverner de manière durable (comme en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie, etc.). Ce dimanche 7 juillet 2024, l'ayatollah Jean-Luc Mélenchon, l'imam du 93, a déjà décrété une fatwa contre tous les imprudents du NFP qui se prendraient à négocier une ouverture avec le pôle central.

    La situation est donc loin de se clarifie sur le plan parlementaire. Vous pouvez certainement partir en vacances l'esprit léger. Il ne se passera rien pendant que vous bronzerez sur les plages ou marcherez dans les sentiers de montagne. En revanche, la rentré promet d'être chaude !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
    Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
    Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
    Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
    Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
    Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
    Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
    Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
    Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
    Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
    Appel aux sociaux-démocrates.
    Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
    Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
    Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
    Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
    Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
    Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
    Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
    Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
    Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
    Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
    Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
    Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
    Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
    Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
    Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
    Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
    Sidération institutionnelle.
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240708-legislatives.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-19-quel-possible-255706

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/08/article-sr-20240708-legislatives.html




     

  • L'espiègle poète Pierre Perret

    « Pierrot est un grand enfant. Ce n'est pas de la provocation, c'est de l'espièglerie. Et c'est surtout du texte ! Il écrit bien, le bougre, il l'a tellement prouvé tout au long de son immense carrière. » (Un internaute sur Youtube en juin 2024).



     

     
     


    L'auteur-compositeur-interprète français Pierre Perret fête son 90e anniversaire ce mardi 9 juillet 2024. Il chante depuis... 1956 ! (à l'âge de 22 ans).

    Pendant longtemps, j'ai cru que ce chanteur populaire était fait pour les enfants, s'adressant à eux, parfois avec des chœurs d'enfants, avec des chansons très connues comme "Les joyeuses colonies de vacances", "La cage aux oiseaux" et bien sûr, l'incontournable et rigolote chanson pour l'éducation sexuelle, "Le Zizi" !

    En fait, avec son air naïf et ses expressions parfois simplettes, ce saltimbanque joue avec les mots et avec les idées, il est capable de chanter sur l'actualité, un peu à l'instar de Michel Sardou (il l'a encore fait récemment sur les poubelles de Paris et sur le covid-19), mais il est plus que cela. Parfois, il peut faire penser à Georges Brassens, juste une guitare, une mélodie pas très travaillée, des phrases beaucoup plus travaillées, un peu de malice avec les mots et les idées, de la malice aux yeux brillants et un coin de sourire ensoleillé. Et il utilise même l'argot, puisque fils de cafetier, il connaissait bien le parler populaire.

    Quand on lit sa bio, d'ailleurs, il est dit justement qu'au début de sa carrière, Pierre Perret a rencontré Georges Brassens et qu'il a été souvent comparé à lui. Difficile de ne pas imiter ceux qu'on aime. Il a été très vite remarqué par un directeur de cabaret, par quelques artistes dont Boris Vian, et aussi Eddie Barclay. Il a aussi rencontré Jacques Brel aux Marquises.

     

     
     


    Très tôt, Pierre Perret a mis en garde contre le racisme, dès 1977 avec "Lily", il a continué à contrer les idées de l'extrême droite avec "La bête est revenue" en 1998.

    Grivois ou engagé, selon les cas. Poète, toujours. Ami de Michel Rocard et de Lionel Jospin, il a soutenu ce dernier aux élections présidentielles de 1995 et 2002, il a soutenu aussi le mouvement des gilets jaunes (c'est son côté un peu anarchiste), mais il a fustigé la politique municipale d'Anne Hidalgo à Paris. Son dernier disque ("Ma vieille carcasse") est sorti le 14 avril 2023 et sa dernière tournée en 2020 ("Mes adieux provisoires") a été interrompue par la crise sanitaire.


    Magnéto, Pierre !



    1. "Le tord boyaux" (1964)






    2. "Les jolies colonies de vacances" (1966)






    3. "Pépé la Jactance" (1966)






    4. "Cuisse de mouche" (1968)






    5. "La cage aux oiseaux" (1971)






    6. "Le représentant en confiture" (1971)






    7. "Le Zizi" (1974)






    8."Ça y est les mecs" (1974)






    9. "Ne partez pas en vacances" (1974)






    10. "À poil" (1974)






    11. "Ma p'tite Julia" (1974)






    12. "Mon nouvelle adresse" (1976)






    13. "Lily" (1977)









    14. "Mon p'tit loup" (1979)






    15. "Bernard Pivot" (1986)






    16. "La Corinne" (1995)









    17. "La bête est revenue" (1998)






    18. "La vie du Pape" (2010)






    19. Concert à l'Olympia de Paris le 29 octobre 2006



     

    Son hommage à Bernard Pivot est particulièrement poignant cette année...

    « Car le soir de diffusion d'Apostrophes
    Plus un chat dehors

    Pour les prolos commerçants philosophes
    L'émission d'abord
    Et même ceux qui font l'amour sur la table
    Arrêtent leurs ébats coupables

    Ils prennent le pied en regardant le show ».


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Les poubelles de Paris.
    Pierre Perret.
    Michel Polnareff.
    Françoise Hardy.
    Charles Aznavour.
    Alain Souchon.
    Patrick Bruel.
    Eden Golan.
    ABBA.
    Toomaj Salehi.
    Sophia Aram.
    Fanny Ardant.
    Alain Bashung.
    Alain Chamfort.
    Micheline Presle.
    Plastic Bertrand.
    Jacques Dutronc.

    Guy Marchand.
    Maria Callas.
    Catherine Deneuve.
    Gérard Depardieu.
    Stéphanie de Monaco.
    Jane Birkin.
    Fernand Raynaud.
    Marcel Zanini.
    Patricia Kaas.
    Kim Wilde.

    _yartiPerretPierre01



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240709-pierre-perret.html

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/l-espiegle-poete-pierre-perret-255607

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/08/article-sr-20240709-pierre-perret.html