Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

union européenne - Page 3

  • Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste

    « Mort, je me serais relevé je crois pour lui dégueuler sur ses phrases. On se refait pas. Pousser son couic encore ça peut se faire, c'est tout ce qui précède qui vous épuise la poésie, toutes les charcuteries, les baveries, les torturations qui précèdent le hoquet du bout. » (Céline, "Guerre", éd. Gallimard).



     

     
     


    Soirée de désolation. Ce vendredi 20 décembre 2024 vers 20 heures, en plein centre-ville de Magdebourg (240 000 habitants), la capitale du Land de Saxe-Anhalt, en ex-Allemagne de l'Est, au marché de Noël, un attentat terroriste s'est produit à la voiture bélier. 2 personnes sont mortes, un adulte et un enfant, et 68 autres personnes ont été blessées (dont 17 graves), selon un bilan provisoire. Une BMW (qui a été louée) a foncé dans la foule et son conducteur, un médecin d'origine saoudienne d'une cinquantaine d'années, a été arrêté. Solidarité totale au peuple allemand touché très durement la veille des fêtes. Pensée aux victimes et à leurs proches.

    Le marché de Noël d'Erfurt a été évacué comme celui de Magdebourg, mais celui de Halle (la plus grande ville de Saxe-Anhalt) n'aurait pas vu sa sécurité renforcée.


    Selon les premiers éléments, le conducteur se serait installé en Allemagne en mars 2006, reconnu réfugié politique en juillet 2006, et serait psychiatre et psychologue dans une clinique à Bernbourg où il vivrait. Il était membre d'un réseau aidant les Saoudiens à fuir leur pays et rejoindre l'Allemagne. Dans les réseaux sociaux, il aurait propagé des théories complotistes, selon lesquelles l'Allemagne persécuterait les anciens musulmans saoudiens, des théories qu'on retrouve aussi à l'extrême droite allemande. L'Allemagne aurait refusé la demande d'extradition de l'Arabie Saoudite vers Riyad en raison des droits de l'homme.
     

     
     


    Cet attentat ne va pas apaiser la situation politique intérieure en Allemagne, en pleine crise, comme en France. Après la rupture, le 6 novembre 2024, de la coalition du feu tricolore, qui gouverne le pays depuis décembre 2021 sous la houlette du Chancelier Olaf Scholz, ce dernier a perdu le vote de confiance du 16 décembre 2024 au Bundestag par 394 voix contre la confiance, 207 voix pour et 116 abstentions. Des élections fédérales anticipées vont ainsi avoir lieu le 23 février 2025 avec notamment l'immigration comme principal thème de campagne.

    Pour donner une idée de la puissance des ingérences étrangères à l'œuvre pour ces prochaines élections, quelques heures avant l'attentat de Magdebourg, Elon Musk, futur ministre du gouvernement de Donald Trump, avait tweeté : « Only the AfD can save Germany » [Seul l'AfD peut sauver l'Allemagne] (l'AfD est le parti d'extrême droite pro-Poutine qui est sorti renforcé des récentes élections locales).


     

     
     


    Le caractère islamiste de l'attentat n'est donc pas vraiment établi malgré la similitude des précédents attentats, eux islamistes. Le marché de Noël de Berlin avait lui aussi été endeuillé il y a huit ans, le 19 décembre 2016, quand un camion bélier avait tué 12 personnes et blessé 56 autres, avec un mode opératoire assez proche de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016. Cela fait aussi penser à l'attentat de Strasbourg le 11 décembre 2018, également au marché de Noël de la capitale alsacienne, qui a tué 5 personnes et blessé 11 autres.

    Les Français ne peuvent qu'être solidaires des Allemands dans cette épreuve et ce drame. C'est ce qu'a déclaré le Président Emmanuel Macron : « La France partage la douleur du peuple allemand et exprime toute sa solidarité. ». Comme à Nice, une polémique est en train de naître à Magdebourg sur la possibilité d'un véhicule à atteindre les foules. Mais le principe de la voiture bélier est avant tout de tuer. Tuer des consommateurs, tuer des citoyens dans une perspective de fête familiale et religieuse. De l'une des deux principales fêtes chrétiennes. Comme l'auteur présumé de l'attentat est encore en vie, il faudrait connaître ses motivations profondes, une haine de l'Allemagne probablement (qui l'avait pourtant accueilli).

    La Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Nancy Faeser (SPD) avait signalé en novembre 2024 qu'il n'y avait pas de menaces concrètes sur les marchés de Noël du pays, mais qu'il était sage de garder une vigilance permanente, car ce sont des lieux très fréquentés.

     

     
     


    Cet attentat a eu lieu à peu près au même moment où, en France, ce vendredi soir, la cour d'assises spéciale de Paris a livré son verdict pour le procès de l'assassinat de Samuel Paty, concluant sept semaines d'audience : les deux amis du tueur ont été condamnés à seize ans de prison pour complicité d'assassinat terroriste, le père de la collégienne à treize et le prédicateur à quinze ans de prison, reconnus coupables d'association de malfaiteurs terroriste. Les huit prévenus ont été tous condamnés, et plus sévèrement que le proposait le parquet dans ses réquisitions.

    Commentant ce verdict, l'essayiste Rachel Khan a écrit sur Twitter : « Dans son verdict sur l’attentat de Samuel Paty, la justice a mis en lumière la méthode morbide, perverse, mensongère, fourbe et dangereuse des islamistes et de leurs tristes complices. Si la République a perdu son professeur, ce soir elle rend honneur à sa mémoire. Merci. ».


    L'attentat de Magdebourg rappelle que nos sociétés sont fragiles et exposées à la haine et à la culture de la mort. Les responsables politiques français devraient s'en souvenir un peu plus souvent au lieu de jouer la stratégie du chaos. Alors que François Bayrou recherche un accord pour pouvoir gouverner dans une Assemblée éclatée, les dirigeants socialistes ne voient que leurs intérêts électoraux minables et oublient l'intérêt de la nation. Le premier objectif des terroristes, c'est d'abord de diviser les nations. En ces temps incertains, l'unité n'est plus une option.


    (Note du 21 décembre 2024 à 15 heures : le nouveau bilan est de 5 morts, dont un enfant de 9 ans, et de 200 blessés, dont 41 très graves).



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (20 décembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Strasbourg : la France, du jaune au noir.
    L’attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
    Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste.
    L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
    Friedrich Merz.
    Olaf Scholz.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Konrad Adenauer.
    Daniel Cohn-Bendit.
    Volkswagen.
    Hans Modrow.
    Dmitri Vrubel.

    Le mur de Berlin.
    La chute du mur de Berlin.
    La Réunification allemande.
    Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
    Maus.
    Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    Le testament de Benoît XVI.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
    Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
    Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
    Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
    Bonne retraite, Frau Merkel !
    Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
    L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?



    _yartiBerlin03



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241220-attentat-magdebourg.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/marche-de-noel-de-magdebourg-le-258277

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/21/article-sr-20241220-attentat-magdebourg.html


     

  • L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne

    « Trahir, qu'on dit, c'est vite dit. Faut encore saisir l'occasion. C'est comme d'ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse. » (Céline, 1932).



     

     
     


    Ce mercredi 6 novembre 2024, alors que l'actualité était monopolisée par la seconde élection de Donald Trump, un événement à mon avis aussi important dans ses conséquences pour l'Europe a eu lieu à Berlin : la coalition au pouvoir en Allemagne a éclaté. Et cela trois jours avant le trente-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin !

    Les élections fédérales du 26 septembre 2021, c'est-à-dire les élections législatives, le renouvellement du Bundestag, la Chambre basse de la République fédérale d'Allemagne, ont donné des résultats mitigés à cause du scrutin proportionnel. Premières élections en l'absence de la Chancelière sortante Angela Merkel, la CDU (parti chrétien démocrate) a perdu son pari de se maintenir au pouvoir. Mais pour autant, le SPD (parti social-démocrate) n'a pas obtenu une majorité franche et massive.

    La CDU/CSU (quand j'évoque la CDU, c'est toujours en incluant l'allié bavarois CSU) a perdu 49 sièges avec 197 sièges sur 736 sièges au total (avec 24,1% des voix), tandis que son adversaire, le SPD, a à peine gagné plus de voix que la CDU, avec 25,7% des voix, lui permettant d'avoir 206 sièges au Bundestag (soit 53 de plus), loin d'obtenir une majorité absolue (il faut pour cela 369 sièges).


    Dans ces élections, les Verts ont fait un bond en doublant leur représentation avec 118 sièges (51 en plus) avec 14,8% des voix. Les libéraux démocrates (FDP), anciens alliés traditionnels de la CDU, ont eu un gain de 12 sièges avec 92 sièges (11,5% des voix), alors que les extrêmes ont régressé : l'extrême droite AfD a perdu 11 sièges avec 83 sièges (10,3% des voix) et Die Linke (l'extrême gauche de type mélenchoniste) a perdu la moitié de sa représentation avec 39 sièges (30 de moins) pour 4,9% des voix.
     

     
     


    Après plus de deux mois d'hésitations, d'incertitudes et de négociations (ce qui est plus longtemps qu'en France cet été 2024), le 7 décembre 2021, un accord de gouvernement a été conclu entre trois partis : les sociaux-démocrates, les libéraux démocrates et les écologistes, apportant dans le panier de la mariée 416 sièges sur 736, ce qui a donné une coalition dite feu tricolore, par ses couleurs : rouge (SPD), jaune (FDP) et vert (Die Grünen), après un premier accord préliminaire annoncé le 15 octobre 2021. Olaf Scholz, Vice-Chancelier sortant et Ministre des Finances sortant d'Angela Merkel, est devenu, le 8 décembre 2021, à 63 ans, le neuvième Chancelier de l'Allemagne fédérale.

    Malgré sa bouille souriante, Olaf Scholz s'est montré le chef de gouvernement le plus inconsistant de l'histoire récente de l'Allemagne. Il faut dire que le principe de cette coalition était de conception peu stable puisque d'un côté, le SPD et les Verts voulaient miser sur une hausse du salaire minimum à 12 euros brut par heure, un rétablissement de l'impôt sur la fortune, un assouplissement des lois Hartz (votées entre 2003 et 2005, sous gouvernement SPD pourtant, qui ont permis la compétitivité de l'économie allemande en Europe), tandis que le FDP souhaitait la poursuite de l'orthodoxie budgétaire.


    Les divergences ne pouvaient apparaître qu'une saison à l'autre, et l'impopularité du gouvernement aidant, ce fut moins facile de préserver l'unité. En effet, les élections de 2024 furent catastrophiques pour le Chancelier allemand. Revoyons le film des derniers mois.

    Le 9 juin 2024, c'étaient les
    élections européennes. Ce fut un coup de semonce sévère contre le SPD. En effet, non seulement le premier rival, la CDU, a gagné haut la main la première place, avec 30,0% des voix, mais le SPD s'est fait doubler de près de deux points par l'extrême droite. En effet, l'AfD a recueilli 15,9% des voix tandis que le SPD seulement 13,9% (en 2019, le SPD, qui avait déjà dévissé aux européennes, n'avait que 15,8% des voix, à l'époque doublé par les Verts à 20,5% !). Ensuite, les Verts à 11,9%, l'extrême gauche (BSW, populistes de gauche, parti fondé le 8 janvier 2024 à partir d'une scission de Die Linke) à 6,2% et le FDP à 5,2%. La coalition du feu tricolore ne représentait donc, en juin dernier, que 31,0% de l'électorat allemand.

    Mais plus encore, les élections régionales du 1er septembre 2024 dans deux régions de l'ancienne Allemagne de l'Est ont été encore plus catastrophiques pour les sociaux-démocrates.


    En Saxe (capitale : Dresde), le SPD a été en voie de disparition confirmée avec seulement 7,3% des voix (comme aux précédentes élections), derrière le CDU (qui dirigeait la région), à 31,9% des voix, l'AfD qui a failli dépasser la CDU avec 30,6% des voix et l'extrême gauche (BSW) avec 11,8% des voix. Seuls, les Verts à 5,1% et Die Linke (extrême gauche) à 4,5% ont fait pire que le SPD. La coalition sortante (CDU, SPD, Verts) a perdu la majorité absolue (seulement 58 sièges sur 120) et va avoir du mal à se frayer un passage entre une forte extrême droite (40 sièges) et une forte extrême gauche (21 sièges).

    Configuration électorale presque équivalente en Thuringe (capitale : Erfurt) où l'AfD a même conquis la première place avec 32,8% des voix (première victoire d'un parti d'extrême droite à une élection allemande depuis la fin de la guerre), loin devant la CDU à 23,6%. La gauche a été liquéfiée : 15,8% pour l'extrême gauche BSW, 13,1% pour Die Linke et seulement 6,1% pour le SPD (en perte encore de 2 points).

    Dans ces deux régions, le président fédéral de la CDU Friedrich Merz a soutenu la poursuite du refus absolu d'alliance avec l'AfD, et a prôné une coalition avec l'extrême gauche qui s'avère très difficile. Une coalition CDU-SPD avec la BSW était en cours d'évaluation, mais la BSW est sortie définitivement des négociations le 5 novembre 2024 en raison de positions irréconciliables (notamment sur l'immigration et l'aide à l'Ukraine), ce qui devrait provoquer le 1er février 2025 probablement une dissolution du Landtag (conseil régional) et de nouvelles élections régionales.

    En revanche, les élections régionales du 22 septembre 2024 en Brandebourg (capitale : Potsdam, où vivait Olaf Scholz) sont restées favorables au SPD avec 30,9% des voix, mais de justesse devant l'AfD à 29,2% des voix, l'extrême gauche (BSW) à 13,5% des voix et a CDU à 12,1% des voix.

    Ces situations électorales, régionales (à l'Allemagne de l'Est) et fédérales (aux européennes), montrent que la classe politique allemande (comme c'est le cas en France et dans de nombreux autres pays européens) est tiraillée par des populismes d'extrême droite et parfois d'extrême gauche désormais assez fortement ancrés dans l'électorat.

     

     
     


    Parmi les désaccords internes à la coalition Rouge Jaune Vert, la politique économique, notamment dans le secteur automobile. Le FDP préconisait de réduire les dépenses publiques et les impôts sur les entreprises et la classe moyenne supérieure. Au contraire, le SPD et les Verts voulaient stimuler l'industrie en augmentant les investissements, notamment dans l'automobile (Volkswagen est en pleine crise). Mais le FDP a fait une offensive en proposant son programme et en insistant pour ne pas dépasser le déficit à 3,5% du PIB (la gauche voudrait atteindre 5%).

    Olaf Scholz a tranché (pour une fois) en limogeant le 6 novembre 2024 son Ministre des Finances Christian Lindner, également président du FDP depuis le 7 décembre 2013. Cette éviction a provoqué dès le lendemain, 7 novembre 2024, le départ des autres ministres FDP du gouvernement : le Ministre de la Justice Marco Buschmann et la Ministre de l'Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger. Seul Volker Wissing, Ministre FDP des Transports et du Numérique, a quitté le FDP pour rester au gouvernement avec ses prérogatives sortantes et en cumulant avec la Justice en tant que politiquement indépendant. Christian Lindner a été acclamé par son groupe après son départ du gouvernement.

    En se retirant de la coalition, le FDP la rend minoritaire puisqu'elle ne peut plus compter sur ses 92 sièges, d'où seulement 324 sièges sur 736. Olaf Scholz a cependant choisi de continuer à gouverner jusqu'à un vote de confiance qu'il a planifié le 15 janvier 2025, date à laquelle son gouvernement sera probablement renversé et le Bundestag dissous. Qu'importe, Olaf Scholz a déjà annoncé qu'il serait candidat à sa reconduction.


    En quelque sorte, Olaf Scholz a fait le 6 novembre 2024 ce que le Président français Emmanuel Macron a fait le 9 juin 2024, c'est-à-dire prononcer la dissolution de l'Assemblée, ou plutôt, prononcer son auto-dissolution. Bref, appuyer sur le bouton rouge et faire tout exploser.

    De nouvelles élections fédérales allemandes sont donc à prévoir à brève échéance (en principe, elles auraient dû avoir lieu le 28 septembre 2025), plutôt en février ou mars 2025. Et Olaf Scholz, probablement, disparaîtra de la vie politique allemande aussi discrètement qu'il est apparu. Rien n'est vraiment prévisible avec de forts mouvements populistes (comme en France), mais la situation à concevoir la plus probable est le retour au pouvoir de la CDU, mais par l'aile dure, forte.
     

     
     


    En effet, Friedrich Merz (69 ans) attend depuis une vingtaine d'années sa consécration et il pense bien l'obtenir dans quelques mois. Il est un peu le Bruno Retailleau allemand. Avocat d'affaires, avec une ascendance maternelle française, il a été élu député européen CDU de 1989 à 1994 puis député fédéral de 1994 à 2009. Entre le 29 février 2000 et le 24 septembre 2002, il a présidé le groupe CDU au Bundestag et prévoyait de devenir l'héritier du Chancelier Helmut Kohl (en l'honneur de qui un lieu de Berlin, une avenue ou une place, sera bientôt baptisé), mais sa rivale directe Angela Merkel lui a pris la présidence du groupe en 2002 après avoir conquis la présidence fédérale de la CDU en 2000. Après l'élection d'Angela Merkel à la tête du gouvernement en 2005, Friedrich Merz s'est éloigné de la vie politique et l'a complètement quittée en 2009 pour diriger des entreprises et des fonds d'investissement. Mais après l'annonce du retrait d'Angela Merkel le 29 octobre 2018, notamment de quitter la présidence de la CDU, il est revenu immédiatement dans la bataille interne pour se présenter comme candidat à la Chancellerie en 2021.

    Battu pour la présidence de la CDU par
    Annegret Kramp-Karrenbauer le 7 décembre 2018 (au 31e congrès de la CDU) avec 48,2%, puis par Armin Laschet le 16 janvier 2021 (au 33e congrès de la CDU) avec un score aussi serré, Friedrich Merz a été finalement élu président de la CDU le 16 décembre 2021 (au 34e congrès de la CDU, après la défaite électorale de la CDU en septembre 2024) avec 62,1%. Il a pris ses fonctions de président de la CDU le 31 janvier 2022 et a pris aussi la présidence du groupe CDU au Bundestag le 15 février 2022 (il a été réélu député en septembre 2021), cumulant ainsi les pouvoirs au sein de la CDU en vue des élections fédérales de 2025.

    C'est pour cela que Friedrich Merz sera le probable prochain Chancelier allemand, dans un retour politique aussi improbable que celui de Donald Trump ou de
    Michel Barnier, avec la ferme volonté de changer la politique allemande, tant celle de la coalition du feu tricolore (la feue coalition tricolore) que celles dirigées par Angela Merkel (qui n'a dirigé seulement avec la CDU que pendant un mandat sur ses quatre mandats). En particulier, il devrait prendre des mesures très fortes contre l'immigration mais aussi pour renouer avec l'énergie nucléaire dont il était un ferme partisan (pour lui, la décision allemande de sortir du nucléaire a été une faute historique majeure). En revanche, avec le départ de Joe Biden en janvier 2025, il n'aura plus d'allié à la Maison-Blanche pour une ligne d'aide massive à l'Ukraine comme il le souhaiterait.

    Rien n'est encore écrit, mais la chute du gouvernement Scholz est une question de semaines, et sa défaite devant les électeurs une quasi-certitude. En revanche, le prochain vainqueur est moins sûr avec la forte audience électorale de l'AfD et, dans une moindre mesure, de celle de la BSW (qui prend surtout sur l'électorat du SPD, des Verts et de Die Linke). Une coalition dirigée par la CDU, avec Friedrich Merz comme chef du gouvernement, reste néanmoins la favorite.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
    Friedrich Merz.
    Olaf Scholz.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Konrad Adenauer.
    Daniel Cohn-Bendit.
    Volkswagen.
    Hans Modrow.
    Dmitri Vrubel.

    Le mur de Berlin.
    La chute du mur de Berlin.
    La Réunification allemande.
    Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
    Maus.
    Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    Le testament de Benoît XVI.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
    Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
    Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
    Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
    Bonne retraite, Frau Merkel !
    Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
    L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241106-coalition-allemagne.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-eclatement-de-la-coalition-rouge-257560

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/07/article-sr-20241106-coalition-allemagne.html




     

  • Olaf Scholz a appuyé sur le bouton rouge !

    « Trahir, qu'on dit, c'est vite dit. Faut encore saisir l'occasion. C'est comme d'ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse. » (Céline, 1932).



     

     
     


    Ce mercredi 6 novembre 2024, alors que l'actualité était monopolisée par la seconde élection de Donald Trump, un événement à mon avis aussi important dans ses conséquences pour l'Europe a eu lieu à Berlin : la coalition au pouvoir en Allemagne a éclaté. Et cela trois jours avant le trente-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin !

    Les élections fédérales du 26 septembre 2021, c'est-à-dire les élections législatives, le renouvellement du Bundestag, la Chambre basse de la République fédérale d'Allemagne, ont donné des résultats mitigés à cause du scrutin proportionnel. Premières élections en l'absence de la Chancelière sortante Angela Merkel, la CDU (parti chrétien démocrate) a perdu son pari de se maintenir au pouvoir. Mais pour autant, le SPD (parti social-démocrate) n'a pas obtenu une majorité franche et massive.

    La CDU/CSU (quand j'évoque la CDU, c'est toujours en incluant l'allié bavarois CSU) a perdu 49 sièges avec 197 sièges sur 736 sièges au total (avec 24,1% des voix), tandis que son adversaire, le SPD, a à peine gagné plus de voix que la CDU, avec 25,7% des voix, lui permettant d'avoir 206 sièges au Bundestag (soit 53 de plus), loin d'obtenir une majorité absolue (il faut pour cela 369 sièges).


    Dans ces élections, les Verts ont fait un bond en doublant leur représentation avec 118 sièges (51 en plus) avec 14,8% des voix. Les libéraux démocrates (FDP), anciens alliés traditionnels de la CDU, ont eu un gain de 12 sièges avec 92 sièges (11,5% des voix), alors que les extrêmes ont régressé : l'extrême droite AfD a perdu 11 sièges avec 83 sièges (10,3% des voix) et Die Linke (l'extrême gauche de type mélenchoniste) a perdu la moitié de sa représentation avec 39 sièges (30 de moins) pour 4,9% des voix.

     
     


    Après plus de deux mois d'hésitations, d'incertitudes et de négociations (ce qui est plus longtemps qu'en France cet été 2024), le 7 décembre 2021, un accord de gouvernement a été conclu entre trois partis : les sociaux-démocrates, les libéraux démocrates et les écologistes, apportant dans le panier de la mariée 416 sièges sur 736, ce qui a donné une coalition dite feu tricolore, par ses couleurs : rouge (SPD), jaune (FDP) et vert (Die Grünen), après un premier accord préliminaire annoncé le 15 octobre 2021. Olaf Scholz, Vice-Chancelier sortant et Ministre des Finances sortant d'Angela Merkel, est devenu, le 8 décembre 2021, à 63 ans, le neuvième Chancelier de l'Allemagne fédérale.

    Malgré sa bouille souriante, Olaf Scholz s'est montré le chef de gouvernement le plus inconsistant de l'histoire récente de l'Allemagne. Il faut dire que le principe de cette coalition était de conception peu stable puisque d'un côté, le SPD et les Verts voulaient miser sur une hausse du salaire minimum à 12 euros brut par heure, un rétablissement de l'impôt sur la fortune, un assouplissement des lois Hartz (votées entre 2003 et 2005, sous gouvernement SPD pourtant, qui ont permis la compétitivité de l'économie allemande en Europe), tandis que le FDP souhaitait la poursuite de l'orthodoxie budgétaire.


    Les divergences ne pouvaient apparaître qu'une saison à l'autre, et l'impopularité du gouvernement aidant, ce fut moins facile de préserver l'unité. En effet, les élections de 2024 furent catastrophiques pour le Chancelier allemand. Revoyons le film des derniers mois.

    Le 9 juin 2024, c'étaient les
    élections européennes. Ce fut un coup de semonce sévère contre le SPD. En effet, non seulement le premier rival, la CDU, a gagné haut la main la première place, avec 30,0% des voix, mais le SPD s'est fait doubler de près de deux points par l'extrême droite. En effet, l'AfD a recueilli 15,9% des voix tandis que le SPD seulement 13,9% (en 2019, le SPD, qui avait déjà dévissé aux européennes, n'avait que 15,8% des voix, à l'époque doublé par les Verts à 20,5% !). Ensuite, les Verts à 11,9%, l'extrême gauche (BSW, populistes de gauche, parti fondé le 8 janvier 2024 à partir d'une scission de Die Linke) à 6,2% et le FDP à 5,2%. La coalition du feu tricolore ne représentait donc, en juin dernier, que 31,0% de l'électorat allemand.

    Mais plus encore, les élections régionales du 1er septembre 2024 dans deux régions de l'ancienne Allemagne de l'Est ont été encore plus catastrophiques pour les sociaux-démocrates.


    En Saxe (capitale : Dresde), le SPD a été en voie de disparition confirmée avec seulement 7,3% des voix (comme aux précédentes élections), derrière le CDU (qui dirigeait la région), à 31,9% des voix, l'AfD qui a failli dépasser la CDU avec 30,6% des voix et l'extrême gauche (BSW) avec 11,8% des voix. Seuls, les Verts à 5,1% et Die Linke (extrême gauche) à 4,5% ont fait pire que le SPD. La coalition sortante (CDU, SPD, Verts) a perdu la majorité absolue (seulement 58 sièges sur 120) et va avoir du mal à se frayer un passage entre une forte extrême droite (40 sièges) et une forte extrême gauche (21 sièges).

    Configuration électorale presque équivalente en Thuringe (capitale : Erfurt) où l'AfD a même conquis la première place avec 32,8% des voix (première victoire d'un parti d'extrême droite à une élection allemande depuis la fin de la guerre), loin devant la CDU à 23,6%. La gauche a été liquéfiée : 15,8% pour l'extrême gauche BSW, 13,1% pour Die Linke et seulement 6,1% pour le SPD (en perte encore de 2 points).

    Dans ces deux régions, le président fédéral de la CDU Friedrich Merz a soutenu la poursuite du refus absolu d'alliance avec l'AfD, et a prôné une coalition avec l'extrême gauche qui s'avère très difficile. Une coalition CDU-SPD avec la BSW était en cours d'évaluation, mais la BSW est sortie définitivement des négociations le 5 novembre 2024 en raison de positions irréconciliables (notamment sur l'immigration et l'aide à l'Ukraine), ce qui devrait provoquer le 1er février 2025 probablement une dissolution du Landtag (conseil régional) et de nouvelles élections régionales.

    En revanche, les élections régionales du 22 septembre 2024 en Brandebourg (capitale : Potsdam, où vivait Olaf Scholz) sont restées favorables au SPD avec 30,9% des voix, mais de justesse devant l'AfD à 29,2% des voix, l'extrême gauche (BSW) à 13,5% des voix et a CDU à 12,1% des voix.

    Ces situations électorales, régionales (à l'Allemagne de l'Est) et fédérales (aux européennes), montrent que la classe politique allemande (comme c'est le cas en France et dans de nombreux autres pays européens) est tiraillée par des populismes d'extrême droite et parfois d'extrême gauche désormais assez fortement ancrés dans l'électorat.

     

     
     


    Parmi les désaccords internes à la coalition Rouge Jaune Vert, la politique économique, notamment dans le secteur automobile. Le FDP préconisait de réduire les dépenses publiques et les impôts sur les entreprises et la classe moyenne supérieure. Au contraire, le SPD et les Verts voulaient stimuler l'industrie en augmentant les investissements, notamment dans l'automobile (Volkswagen est en pleine crise). Mais le FDP a fait une offensive en proposant son programme et en insistant pour ne pas dépasser le déficit à 3,5% du PIB (la gauche voudrait atteindre 5%).

    Olaf Scholz a tranché (pour une fois) en limogeant le 6 novembre 2024 son Ministre des Finances Christian Lindner, également président du FDP depuis le 7 décembre 2013. Cette éviction a provoqué dès le lendemain, 7 novembre 2024, le départ des autres ministres FDP du gouvernement : le Ministre de la Justice Marco Buschmann et la Ministre de l'Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger. Seul Volker Wissing, Ministre FDP des Transports et du Numérique, a quitté le FDP pour rester au gouvernement avec ses prérogatives sortantes et en cumulant avec la Justice en tant que politiquement indépendant. Christian Lindner a été acclamé par son groupe après son départ du gouvernement.

    En se retirant de la coalition, le FDP la rend minoritaire puisqu'elle ne peut plus compter sur ses 92 sièges, d'où seulement 324 sièges sur 736. Olaf Scholz a cependant choisi de continuer à gouverner jusqu'à un vote de confiance qu'il a planifié le 15 janvier 2025, date à laquelle son gouvernement sera probablement renversé et le Bundestag dissous. Qu'importe, Olaf Scholz a déjà annoncé qu'il serait candidat à sa reconduction.


    En quelque sorte, Olaf Scholz a fait le 6 novembre 2024 ce que le Président français Emmanuel Macron a fait le 9 juin 2024, c'est-à-dire prononcer la dissolution de l'Assemblée, ou plutôt, prononcer son auto-dissolution. Bref, appuyer sur le bouton rouge et faire tout exploser.

    De nouvelles élections fédérales allemandes sont donc à prévoir à brève échéance (en principe, elles auraient dû avoir lieu le 28 septembre 2025), plutôt en février ou mars 2025. Et Olaf Scholz, probablement, disparaîtra de la vie politique allemande aussi discrètement qu'il est apparu. Rien n'est vraiment prévisible avec de forts mouvements populistes (comme en France), mais la situation à concevoir la plus probable est le retour au pouvoir de la CDU, mais par l'aile dure, forte.

     
     


    En effet, Friedrich Merz (69 ans) attend depuis une vingtaine d'années sa consécration et il pense bien l'obtenir dans quelques mois. Il est un peu le Bruno Retailleau allemand. Avocat d'affaires, avec une ascendance maternelle française, il a été élu député européen CDU de 1989 à 1994 puis député fédéral de 1994 à 2009. Entre le 29 février 2000 et le 24 septembre 2002, il a présidé le groupe CDU au Bundestag et prévoyait de devenir l'héritier du Chancelier Helmut Kohl (en l'honneur de qui un lieu de Berlin, une avenue ou une place, sera bientôt baptisé), mais sa rivale directe Angela Merkel lui a pris la présidence du groupe en 2002 après avoir conquis la présidence fédérale de la CDU en 2000. Après l'élection d'Angela Merkel à la tête du gouvernement en 2005, Friedrich Merz s'est éloigné de la vie politique et l'a complètement quittée en 2009 pour diriger des entreprises et des fonds d'investissement. Mais après l'annonce du retrait d'Angela Merkel le 29 octobre 2018, notamment de quitter la présidence de la CDU, il est revenu immédiatement dans la bataille interne pour se présenter comme candidat à la Chancellerie en 2021.

    Battu pour la présidence de la CDU par
    Annegret Kramp-Karrenbauer le 7 décembre 2018 (au 31e congrès de la CDU) avec 48,2%, puis par Armin Laschet le 16 janvier 2021 (au 33e congrès de la CDU) avec un score aussi serré, Friedrich Merz a été finalement élu président de la CDU le 16 décembre 2021 (au 34e congrès de la CDU, après la défaite électorale de la CDU en septembre 2024) avec 62,1%. Il a pris ses fonctions de président de la CDU le 31 janvier 2022 et a pris aussi la présidence du groupe CDU au Bundestag le 15 février 2022 (il a été réélu député en septembre 2021), cumulant ainsi les pouvoirs au sein de la CDU en vue des élections fédérales de 2025.

    C'est pour cela que Friedrich Merz sera le probable prochain Chancelier allemand, dans un retour politique aussi improbable que celui de Donald Trump ou de
    Michel Barnier, avec la ferme volonté de changer la politique allemande, tant celle de la coalition du feu tricolore (la feue coalition tricolore) que celles dirigées par Angela Merkel (qui n'a dirigé seulement avec la CDU que pendant un mandat sur ses quatre mandats). En particulier, il devrait prendre des mesures très fortes contre l'immigration mais aussi pour renouer avec l'énergie nucléaire dont il était un ferme partisan (pour lui, la décision allemande de sortir du nucléaire a été une faute historique majeure). En revanche, avec le départ de Joe Biden en janvier 2025, il n'aura plus d'allié à la Maison-Blanche pour une ligne d'aide massive à l'Ukraine comme il le souhaiterait.

    Rien n'est encore écrit, mais la chute du gouvernement Scholz est une question de semaines, et sa défaite devant les électeurs une quasi-certitude. En revanche, le prochain vainqueur est moins sûr avec la forte audience électorale de l'AfD et, dans une moindre mesure, de celle de la BSW (qui prend surtout sur l'électorat du SPD, des Verts et de Die Linke). Une coalition dirigée par la CDU, avec Friedrich Merz comme chef du gouvernement, reste néanmoins la favorite.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
    Friedrich Merz.
    Olaf Scholz.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Konrad Adenauer.
    Daniel Cohn-Bendit.
    Volkswagen.
    Hans Modrow.
    Dmitri Vrubel.

    Le mur de Berlin.
    La chute du mur de Berlin.
    La Réunification allemande.
    Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
    Maus.
    Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    Le testament de Benoît XVI.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
    Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
    Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
    Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
    Bonne retraite, Frau Merkel !
    Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
    L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?

     
     



     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241106-scholz.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/11/article-sr-20241106-scholz.html


     


     

  • Pogrom à Amsterdam : toujours la même musique...

    « Non, ce n'est pas une simple rixe entre supporters et cette violence n'a pas éclaté en raison de provocations d'Israéliens extrémistes. Il s'agit d'un lynchage organisé en marge d’une mobilisation pro-palestinienne. » (Simon Weinberg, le 10 novembre 2024 sur Twitter).


     

     
     


    C'est désormais avéré : le progrom qui a eu lieu le 7 novembre 2024 à Amsterdam, à savoir le lynchage de nombreux Juifs parce qu'ils étaient Juifs, a été prémédité. Ce n'était donc pas, comme certains voulaient le faire croire, une violence urbaine parmi d'autres, un échauffement des cerveaux et des émotions. C'était prémédité !

    Il y a quatre-vingt-six ans, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, il y a eu ce qu'on a appelé la nuit de Cristal, des progroms perpétrés par les nazis dans toute l'Allemagne. On ne semble pas aujourd'hui mesurer à sa juste proportion le parallèle terrible avec le climat antisémite des années 1930.

    Des événements violents se sont déroulés en marge d'un match de football entre le Maccabi Tel-Aviv et l'Ajax parallèlement à une manifestation pro-palestinienne dont les participants attendaient de pieds fermes les supporters israéliens à quelques centaines de mètres de la maison d'Anne Frank qui doit se retourner là où elle est. Le roi des Pays-Bas a d'ailleurs fait la remarque que son pays avait abandonné deux fois les Juifs, pendant la Seconde Guerre mondiale et ce triste jour du 7 novembre 2024.

    Selon la presse internationale, et notamment "The Telegraph", l'attaque contre les ressortissants israéliens était mûrement réfléchie et organisée dans un groupe WahatsApp intitulé (très clairement) "The Jew Hunt" (la chasse aux Juifs). Le caractère antisémite de ce lynchage est donc avéré, au contraire de ce que osent dire encore certains de mes compatriotes français. Ce n'est pas, contrairement à ce que certains médias semblaient indiquer, une bagarre entre supporters haineux voire ivres. Rien à voir !

    Le groupe WhatsApp avait pour objectif de coordonner les agressions contre les supporters israéliens avec des feux d'artifice pour initier le départ des hostilités et des termes insultants contre les Juifs. Des attaques étaient ciblées. La veille, des émeutes avaient déjà eu lieu et un participant du groupe du réseau social en question a affirmé : "Ils n'iront plus au casino", montrant ainsi que les déplacements des supporters israéliens étaient sous surveillance depuis un certain temps.

    Le réseau social Telegram a également était utilisé, notamment pour planifier des embuscades bien déterminés, prenant de surprise les citoyens israéliens. Des chauffeurs de taxi musulmans ont aussi joué un rôle déterminant dans ce pogrom, montrant que le complot était très organisé. Ces chauffeurs indiquaient en direct sur Telegram la position des supporters israéliens qu'ils transportaient. Selon des témoignages, certains chauffeurs auraient même obligé certains passagers israéliens à sortir pour les exposer à la violence des manifestants pro-palestiniens, c'est ce qu'on appelle des guet-apens. Sur Telegram, on pouvait lire aussi des messages comme : "Aucun endroit au monde ne devrait être sûr pour les sionistes".

    Du reste, des vidéos montrent très clairement le caractère antisémite de ces agressions. Ainsi, au-delà des insultes antisémites prononcées par des manifestants pro-palestiniens, un homme, fuyant ses agresseurs, a sauté dans un canal et a dû crier "Free Palestine" pour ne pas être noyé. D'autres vidéos montrent des scènes terrifiantes. Un supporter israélien traîné dans la rue au milieu de feux d'artifice, un autre frappé au sol, suppliant ses agresseurs de prendre son argent et qui s'est vu répondre : "Libérez la Palestine maintenant".
     

     
     


    Mona Jafarian s'est beaucoup inquiétée de ce progrom sur CNews le 10 novembre 2024 : « Quand on regarde les vidéos des assaillants, parce que, comme le 7 octobre, ils se sont filmés, puisqu'ils sont très fiers de leurs actions, on entend bien qu'ils emploient le mot "yahoud", donc on est vraiment sur le Juif. On n'est pas en train de parler d'autre chose, on ne parle pas de football, on ne parle pas de supporters. Les éléments (…) qui nous parviennent, c'est que les attaques étaient déjà organisées quarante-huit heures avant le match. Donc, on n'est pas du tout sur quelque chose qui répond par exemple à une quelconque provocation de supporters à supporters. D'ailleurs, ce ne sont pas des supporters de foot qui ont attaqué puisque, l'après-midi même, les supporters de l'Ajax, je ne sais pas si les gens le savent mais c'est l'équipe de foot qui a les supporters les plus pro-israéliens au monde, donc généralement, les supporters de l'Ajax dansent (…) avec les supporters israéliens. Donc, les gens qu'on voit attaquer le soir même, ce sont des milices, il n'y a pas d'autre mot, des milices islamistes. D'ailleurs, tous ceux qui ont été arrêtés, il n'y a pas de Hollandais, il n'y a pas de supporter. Donc, c'est très important de se rendre compte qu'on n'est pas du tout sur une attaque de hooligans comme certains voudraient le faire croire. ».

    Jérémy Benhaïm a insisté sur Twitter le même jour : « Ce qui s’est passé jeudi soir à Amsterdam n’était pas une "rixe entre supporters", comme certains élus LFI voudraient le faire croire. Tout était déjà prémédité. (…) Merci à Mona Jafarian pour ces précisions qui confirment définitivement que c’est bien un pogrom qui s’est déroulé sous nos yeux en Europe, en 2024. ».


    Beaucoup ont des questions sur la passivité des forces de l'ordre, qui ne sont pas intervenues pendant plus d'une heure alors que les violences étaient là, ce qui justifie les déclarations du roi des Pays-Bas cité plus haut. Des enquêtes probablement tenteront de répondre à ces questions.

    Dans un article publié dans le "Journal du dimanche" du 10 novembre 2024, Claude Moniquet a écrit : « Plusieurs enquêtes en cours dans le nord de l'Europe, entre autres au Danemark et en Suède, révèlent que les services de renseignement iraniens ont renoué avec une pratique qui était la leur il y a une vingtaine d'années : le recrutement de truands locaux pour commettre des attentats "sous couverture" à l'étranger. Il y a vingt ans, c'est l'opposition en exil qui était ciblée, mais depuis le 7 octobre, ce sont les communautés juives et les intérêts iraniens qui sont en première ligne. (…) Une enquête est également en cours entre Paris et Berlin, visant plusieurs individus soupçonnés d'avoir projeté l'assassinat de personnalités juives en France et en Allemagne. Un suspect a été mis en examen fin septembre, à Paris, dans le cadre de ce dossier baptisé "Marco Polo". L'affaire illustre parfaitement le rôle de Téhéran dans le "terrorisme d'État". ».

    Et de conclure : « Selon nos sources, les services iraniens ont réactivé l'opération visant à éliminer des Juifs et des diplomates israéliens lorsque les tensions ont recommencé à s'accumuler au Moyen-Orient après le progrom du 7 octobre et la
    riposte israélienne à Gaza contre le Hamas. Et des enquêteurs amstellodamois nous affirment "prendre très au sérieux" une éventuelle manipulation iranienne à l'origine du pogrom de jeudi soir. ».
     

     
     


    Quant à certains députés insoumis en France, la palme de l'incorrection et de l'indécence doit être délivrée à une élue de Rennes dont je tairai le nom (facile à lire) pour ne pas lui faire trop de promotion, si ce n'est pour indiquer que cette éducatrice spécialisée de 30 ans a été élue cet été avec 45,7% des voix grâce à une triangulaire et le maintien de la candidate RN (17,8%), ce qui montre en passant que le RN, par sa politique de maintien, a largement favorisé l'élection de nombreux députés insoumis (loin d'en être leur premier opposant).

    Oui, une députée de la République française a osé tweeter le 8 novembre 2024 : « Ces gens-là n'ont pas été lynchés parce qu'ils étaient juifs, mais bien parce qu'ils étaient racistes et qu'ils soutenaient un génocide. ». Une phrase incroyablement scandaleuse, qui montre la considération qu'elle a pour les victimes ("ces gens-là") et qui, par autojustification, révèle ainsi qu'elle justifie le principe du lynchage ! Le Ministre de l'Intérieur
    Bruno Retailleau a d'ailleurs signalé le 9 novembre 2024 à la procureure de Paris ces propos insupportable de cette députée FI au titre de l'article 40 du code de procédure pénale pour apologie de crime. Pauvres sociétés dans lesquelles nous vivons !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (10 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pogrom à Amsterdam : toujours la même musique...
    Geert Wilders sera-t-il le prochain Premier Ministre néerlandais ?
    Les élections législatives du 22 novembre 2023 au Pays-Bas.

    Audrey Hepburn.
    Maurits Cornelis Escher.
    Anne Frank.
    Wim Kok.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241107-pogrom-amsterdam.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pogrom-a-amsterdam-toujours-la-257603

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/10/article-sr-20241107-pogrom-amsterdam.html




     

  • Friedrich Merz, futur Chancelier allemand en 2025 ?

    « Trahir, qu'on dit, c'est vite dit. Faut encore saisir l'occasion. C'est comme d'ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse. » (Céline, 1932).

     

     
     


    Ce mercredi 6 novembre 2024, alors que l'actualité était monopolisée par la seconde élection de Donald Trump, un événement à mon avis aussi important dans ses conséquences pour l'Europe a eu lieu à Berlin : la coalition au pouvoir en Allemagne a éclaté. Et cela trois jours avant le trente-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin !

    Les élections fédérales du 26 septembre 2021, c'est-à-dire les élections législatives, le renouvellement du Bundestag, la Chambre basse de la République fédérale d'Allemagne, ont donné des résultats mitigés à cause du scrutin proportionnel. Premières élections en l'absence de la Chancelière sortante Angela Merkel, la CDU (parti chrétien démocrate) a perdu son pari de se maintenir au pouvoir. Mais pour autant, le SPD (parti social-démocrate) n'a pas obtenu une majorité franche et massive.

    La CDU/CSU (quand j'évoque la CDU, c'est toujours en incluant l'allié bavarois CSU) a perdu 49 sièges avec 197 sièges sur 736 sièges au total (avec 24,1% des voix), tandis que son adversaire, le SPD, a à peine gagné plus de voix que la CDU, avec 25,7% des voix, lui permettant d'avoir 206 sièges au Bundestag (soit 53 de plus), loin d'obtenir une majorité absolue (il faut pour cela 369 sièges).


    Dans ces élections, les Verts ont fait un bond en doublant leur représentation avec 118 sièges (51 en plus) avec 14,8% des voix. Les libéraux démocrates (FDP), anciens alliés traditionnels de la CDU, ont eu un gain de 12 sièges avec 92 sièges (11,5% des voix), alors que les extrêmes ont régressé : l'extrême droite AfD a perdu 11 sièges avec 83 sièges (10,3% des voix) et Die Linke (l'extrême gauche de type mélenchoniste) a perdu la moitié de sa représentation avec 39 sièges (30 de moins) pour 4,9% des voix.

     
     


    Après plus de deux mois d'hésitations, d'incertitudes et de négociations (ce qui est plus longtemps qu'en France cet été 2024), le 7 décembre 2021, un accord de gouvernement a été conclu entre trois partis : les sociaux-démocrates, les libéraux démocrates et les écologistes, apportant dans le panier de la mariée 416 sièges sur 736, ce qui a donné une coalition dite feu tricolore, par ses couleurs : rouge (SPD), jaune (FDP) et vert (Die Grünen), après un premier accord préliminaire annoncé le 15 octobre 2021. Olaf Scholz, Vice-Chancelier sortant et Ministre des Finances sortant d'Angela Merkel, est devenu, le 8 décembre 2021, à 63 ans, le neuvième Chancelier de l'Allemagne fédérale.

    Malgré sa bouille souriante, Olaf Scholz s'est montré le chef de gouvernement le plus inconsistant de l'histoire récente de l'Allemagne. Il faut dire que le principe de cette coalition était de conception peu stable puisque d'un côté, le SPD et les Verts voulaient miser sur une hausse du salaire minimum à 12 euros brut par heure, un rétablissement de l'impôt sur la fortune, un assouplissement des lois Hartz (votées entre 2003 et 2005, sous gouvernement SPD pourtant, qui ont permis la compétitivité de l'économie allemande en Europe), tandis que le FDP souhaitait la poursuite de l'orthodoxie budgétaire.


    Les divergences ne pouvaient apparaître qu'une saison à l'autre, et l'impopularité du gouvernement aidant, ce fut moins facile de préserver l'unité. En effet, les élections de 2024 furent catastrophiques pour le Chancelier allemand. Revoyons le film des derniers mois.

    Le 9 juin 2024, c'étaient les
    élections européennes. Ce fut un coup de semonce sévère contre le SPD. En effet, non seulement le premier rival, la CDU, a gagné haut la main la première place, avec 30,0% des voix, mais le SPD s'est fait doubler de près de deux points par l'extrême droite. En effet, l'AfD a recueilli 15,9% des voix tandis que le SPD seulement 13,9% (en 2019, le SPD, qui avait déjà dévissé aux européennes, n'avait que 15,8% des voix, à l'époque doublé par les Verts à 20,5% !). Ensuite, les Verts à 11,9%, l'extrême gauche (BSW, populistes de gauche, parti fondé le 8 janvier 2024 à partir d'une scission de Die Linke) à 6,2% et le FDP à 5,2%. La coalition du feu tricolore ne représentait donc, en juin dernier, que 31,0% de l'électorat allemand.

    Mais plus encore, les élections régionales du 1er septembre 2024 dans deux régions de l'ancienne Allemagne de l'Est ont été encore plus catastrophiques pour les sociaux-démocrates.


    En Saxe (capitale : Dresde), le SPD a été en voie de disparition confirmée avec seulement 7,3% des voix (comme aux précédentes élections), derrière le CDU (qui dirigeait la région), à 31,9% des voix, l'AfD qui a failli dépasser la CDU avec 30,6% des voix et l'extrême gauche (BSW) avec 11,8% des voix. Seuls, les Verts à 5,1% et Die Linke (extrême gauche) à 4,5% ont fait pire que le SPD. La coalition sortante (CDU, SPD, Verts) a perdu la majorité absolue (seulement 58 sièges sur 120) et va avoir du mal à se frayer un passage entre une forte extrême droite (40 sièges) et une forte extrême gauche (21 sièges).

    Configuration électorale presque équivalente en Thuringe (capitale : Erfurt) où l'AfD a même conquis la première place avec 32,8% des voix (première victoire d'un parti d'extrême droite à une élection allemande depuis la fin de la guerre), loin devant la CDU à 23,6%. La gauche a été liquéfiée : 15,8% pour l'extrême gauche BSW, 13,1% pour Die Linke et seulement 6,1% pour le SPD (en perte encore de 2 points).

    Dans ces deux régions, le président fédéral de la CDU Friedrich Merz a soutenu la poursuite du refus absolu d'alliance avec l'AfD, et a prôné une coalition avec l'extrême gauche qui s'avère très difficile. Une coalition CDU-SPD avec la BSW était en cours d'évaluation, mais la BSW est sortie définitivement des négociations le 5 novembre 2024 en raison de positions irréconciliables (notamment sur l'immigration et l'aide à l'Ukraine), ce qui devrait provoquer le 1er février 2025 probablement une dissolution du Landtag (conseil régional) et de nouvelles élections régionales.

    En revanche, les élections régionales du 22 septembre 2024 en Brandebourg (capitale : Potsdam, où vivait Olaf Scholz) sont restées favorables au SPD avec 30,9% des voix, mais de justesse devant l'AfD à 29,2% des voix, l'extrême gauche (BSW) à 13,5% des voix et a CDU à 12,1% des voix.

    Ces situations électorales, régionales (à l'Allemagne de l'Est) et fédérales (aux européennes), montrent que la classe politique allemande (comme c'est le cas en France et dans de nombreux autres pays européens) est tiraillée par des populismes d'extrême droite et parfois d'extrême gauche désormais assez fortement ancrés dans l'électorat.

     

     
     


    Parmi les désaccords internes à la coalition Rouge Jaune Vert, la politique économique, notamment dans le secteur automobile. Le FDP préconisait de réduire les dépenses publiques et les impôts sur les entreprises et la classe moyenne supérieure. Au contraire, le SPD et les Verts voulaient stimuler l'industrie en augmentant les investissements, notamment dans l'automobile (Volkswagen est en pleine crise). Mais le FDP a fait une offensive en proposant son programme et en insistant pour ne pas dépasser le déficit à 3,5% du PIB (la gauche voudrait atteindre 5%).

    Olaf Scholz a tranché (pour une fois) en limogeant le 6 novembre 2024 son Ministre des Finances Christian Lindner, également président du FDP depuis le 7 décembre 2013. Cette éviction a provoqué dès le lendemain, 7 novembre 2024, le départ des autres ministres FDP du gouvernement : le Ministre de la Justice Marco Buschmann et la Ministre de l'Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger. Seul Volker Wissing, Ministre FDP des Transports et du Numérique, a quitté le FDP pour rester au gouvernement avec ses prérogatives sortantes et en cumulant avec la Justice en tant que politiquement indépendant. Christian Lindner a été acclamé par son groupe après son départ du gouvernement.

    En se retirant de la coalition, le FDP la rend minoritaire puisqu'elle ne peut plus compter sur ses 92 sièges, d'où seulement 324 sièges sur 736. Olaf Scholz a cependant choisi de continuer à gouverner jusqu'à un vote de confiance qu'il a planifié le 15 janvier 2025, date à laquelle son gouvernement sera probablement renversé et le Bundestag dissous. Qu'importe, Olaf Scholz a déjà annoncé qu'il serait candidat à sa reconduction.


    En quelque sorte, Olaf Scholz a fait le 6 novembre 2024 ce que le Président français Emmanuel Macron a fait le 9 juin 2024, c'est-à-dire prononcer la dissolution de l'Assemblée, ou plutôt, prononcer son auto-dissolution. Bref, appuyer sur le bouton rouge et faire tout exploser.

    De nouvelles élections fédérales allemandes sont donc à prévoir à brève échéance (en principe, elles auraient dû avoir lieu le 28 septembre 2025), plutôt en février ou mars 2025. Et Olaf Scholz, probablement, disparaîtra de la vie politique allemande aussi discrètement qu'il est apparu. Rien n'est vraiment prévisible avec de forts mouvements populistes (comme en France), mais la situation à concevoir la plus probable est le retour au pouvoir de la CDU, mais par l'aile dure, forte.
     

     
     


    En effet, Friedrich Merz (69 ans) attend depuis une vingtaine d'années sa consécration et il pense bien l'obtenir dans quelques mois. Il est un peu le Bruno Retailleau allemand. Avocat d'affaires, avec une ascendance maternelle française, il a été élu député européen CDU de 1989 à 1994 puis député fédéral de 1994 à 2009. Entre le 29 février 2000 et le 24 septembre 2002, il a présidé le groupe CDU au Bundestag et prévoyait de devenir l'héritier du Chancelier Helmut Kohl (en l'honneur de qui un lieu de Berlin, une avenue ou une place, sera bientôt baptisé), mais sa rivale directe Angela Merkel lui a pris la présidence du groupe en 2002 après avoir conquis la présidence fédérale de la CDU en 2000. Après l'élection d'Angela Merkel à la tête du gouvernement en 2005, Friedrich Merz s'est éloigné de la vie politique et l'a complètement quittée en 2009 pour diriger des entreprises et des fonds d'investissement. Mais après l'annonce du retrait d'Angela Merkel le 29 octobre 2018, notamment de quitter la présidence de la CDU, il est revenu immédiatement dans la bataille interne pour se présenter comme candidat à la Chancellerie en 2021.

    Battu pour la présidence de la CDU par
    Annegret Kramp-Karrenbauer le 7 décembre 2018 (au 31e congrès de la CDU) avec 48,2%, puis par Armin Laschet le 16 janvier 2021 (au 33e congrès de la CDU) avec un score aussi serré, Friedrich Merz a été finalement élu président de la CDU le 16 décembre 2021 (au 34e congrès de la CDU, après la défaite électorale de la CDU en septembre 2024) avec 62,1%. Il a pris ses fonctions de président de la CDU le 31 janvier 2022 et a pris aussi la présidence du groupe CDU au Bundestag le 15 février 2022 (il a été réélu député en septembre 2021), cumulant ainsi les pouvoirs au sein de la CDU en vue des élections fédérales de 2025.

    C'est pour cela que Friedrich Merz sera le probable prochain Chancelier allemand, dans un retour politique aussi improbable que celui de Donald Trump ou de
    Michel Barnier, avec la ferme volonté de changer la politique allemande, tant celle de la coalition du feu tricolore (la feue coalition tricolore) que celles dirigées par Angela Merkel (qui n'a dirigé seulement avec la CDU que pendant un mandat sur ses quatre mandats). En particulier, il devrait prendre des mesures très fortes contre l'immigration mais aussi pour renouer avec l'énergie nucléaire dont il était un ferme partisan (pour lui, la décision allemande de sortir du nucléaire a été une faute historique majeure). En revanche, avec le départ de Joe Biden en janvier 2025, il n'aura plus d'allié à la Maison-Blanche pour une ligne d'aide massive à l'Ukraine comme il le souhaiterait.

    Rien n'est encore écrit, mais la chute du gouvernement Scholz est une question de semaines, et sa défaite devant les électeurs une quasi-certitude. En revanche, le prochain vainqueur est moins sûr avec la forte audience électorale de l'AfD et, dans une moindre mesure, de celle de la BSW (qui prend surtout sur l'électorat du SPD, des Verts et de Die Linke). Une coalition dirigée par la CDU, avec Friedrich Merz comme chef du gouvernement, reste néanmoins la favorite.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (09 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
    Friedrich Merz.
    Olaf Scholz.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
    Konrad Adenauer.
    Daniel Cohn-Bendit.
    Volkswagen.
    Hans Modrow.
    Dmitri Vrubel.

    Le mur de Berlin.
    La chute du mur de Berlin.
    La Réunification allemande.
    Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
    Maus.
    Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    Le testament de Benoît XVI.
    Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
    Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
    L’Église de Benoît XVI.
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
    Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
    Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
    Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
    Bonne retraite, Frau Merkel !
    Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
    L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241106-merz.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/11/article-sr-20241106-merz.html



     

  • Les victoires européennes de la Moldavie

    « Aujourd'hui, chers Moldaves, vous avez donné une leçon de démocratie digne de figurer dans les livres d'histoire ! » (Maia Sandu, le 3 novembre 2024 à Chisinau).




     

     
     


    On ne peut pas perdre à tous les coups ! La réélection de Donald Trump n'est pas une bonne nouvelle pour la sécurité de l'Europe. Mais le vieux continent européen avait enregistré deux jours auparavant une belle victoire électorale avec la réélection de Maia Sandu (52 ans) à la Présidence de la République de Moldavie. Maia Sandu a en effet obtenu 42,5% des voix au premier tour du 20 octobre 2024 et 55,4% des voix au second tour du 3 novembre 2024. C'était même une double victoire européenne.

    La Moldavie est un petit pays agricole de 2,7 millions d'habitants situé à l'est de l'Europe, coincée entre la Roumanie et l'Ukraine. La population est principalement roumaine (à très forte majorité, 82,1%) mais il y a aussi de fortes minorités ukrainienne (6,6%) et russe (4,1%), et également gagaouze, c'est-à-dire turque orthodoxe, (4,6%) et bulgare (1,9%).

    La Moldavie a acquis son indépendance le 27 août 1991. Comme l'Ukraine, la Moldavie a fait partie de
    l'URSS et à ce titre, la Russie a un œil vigilant voire influent sur son évolution politique, d'autant plus qu'une région pro-russe a fait sécession. Cette région séparatiste s'appelle la Transnistrie, au-delà du fleuve Dniestr, qui a proclamé son indépendance unilatéralement le 2 septembre 1990 (avant l'indépendance de la Moldavie). Ce petit bout de terre, coincé entre la Moldavie et l'Ukraine, représente 4 000 kilomètres carrés et environ 500 000 habitants. La Transnistrie n'est reconnue que par d'autres États sécessionnistes, l'Abkhasie et l'Ossétie du Sud (régions pro-russes de Géorgie). Jusqu'au 22 février 2023, elle n'était même pas reconnue par la Russie, mais depuis lors, Vladimir Poutine a reconnu à la fois la Transnistrie et les deux États géorgiens cités.

    La Moldavie vit donc avec des élans paradoxaux, certains voudraient l'unification avec la Roumanie, d'autres avec l'Ukraine, d'autres encore avec la Russie, mais pas plus que la Wallonie voudrait le rattachement à la France. Depuis plus de trente ans, comme les autres pays d'Europe centrale et orientale sous le joug soviétique, elle aspire à se moderniser en paix et en indépendance, à prospérer, à bénéficier des apports de l'Europe en général. La question de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne n'est pas nouvelle mais souvent remise à plus tard. Elle a obtenu le statut d'association avec l'Union Européen le 1er juillet 2016.

    La déclaration de guerre de Vladimir Poutine à l'Ukraine le 24 février 2022 a remis en cause l'ordre européen, car en cas de réussite de la tentative d'invasion de l'Ukraine (les régions séparatistes pro-russes du Donbass ont été unilatéralement annexées par la Russie comme la Crimée en mars 2014), les prochaines étapes nationales de Vladimir Poutine seront à l'évidence la Moldavie, la Géorgie et les Pays baltes. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie faisant partie de l'Union Européenne et de
    l'OTAN craignent par conséquent moins pour leur intégrité territoriale que la Moldavie et la Géorgie qui, désormais, cherchent à adhérer le plus rapidement possible à l'Union Européenne et surtout à l'OTAN afin de bénéficier de la garantie de défense réciproque (le fameux article 5 du Traité atlantique nord).

    La présence russe en Moldavie est cruciale pour la Russie puisqu'elle permet de prendre en tenaille l'Ukraine par son flanc ouest, notamment du côté d'Odessa. C'est pour cela que l'élection présidentielle moldave dont le premier tour a eu lieu le 20 octobre 2024 et le second tour le 3 novembre 2024 a subi des influences très fortes de la Russie.


    La Présidente de la République sortante était Maia Sandu, économiste et ancienne haut fonctionnaire, qui a été Ministre de l'Éducation du 24 juillet 2012 au 30 juillet 2015 (elle a réduit de 50% la corruption pour acheter des diplômes en mettant des caméras dans les salles d'examen) et Première Ministre du 8 juin 2019 au 14 novembre 2019. Elle s'est présentée à l'élection présidentielle une première fois il y a huit ans après avoir fondé et présidé le Parti action et solidarité (PAS) le 15 mai 2016, un parti de centre droit, pro-européen, indépendantiste (c'est-à-dire contre l'union avec la Roumanie et pour sortir de la tutelle de la Russie).
     

     
     


    Arrivée à la deuxième place au premier tour du 30 octobre 2016 avec 38,7% des voix, elle a été battue avec 47,9% par le candidat socialiste pro-russe Igor Dodon au second tour le 13 novembre 2016. Maia Sandu a fait néanmoins alliance avec les socialistes contre les démocrates au sein d'un Parlement ingouvernable depuis les élections législatives du 24 février 2019 qui avait abouti à une assemblée tripartite : 35 sièges sur 101 au total pour les socialistes (31,2% des voix), 30 sièges pour les démocrates (23,6% des voix) et 26 sièges pour le Bloc électoral ACUM pro-européen et anti-oligarchie (dont faisait partie le PAS) mené par Maia Sandu (26,8% des voix). À ceux-ci s'ajoutaient 7 députés issus du parti conservateur pro-russe Égalité d'Ilan Sor, oligarque israélo-moldave, maire d'Orhei (une ville moldave de 21 000 habitants) entre 2015 et 2019, qui avait obtenu 8,3% des voix. Maia Sandu a été désignée Première Ministre avec l'appui des députés socialistes et des députés ACUM qui se sont accordé le 8 juin 2019, mais son gouvernement a été renversé le 12 novembre 2019 par le vote d'une motion de censure en raison d'un désaccord sur le mode de scrutin des prochaines élections législatives.

    La formation du gouvernement de Maia Sandu a été l'occasion d'une crise constitutionnelle provoquée par la Cour constitutionnelle (qui a même retiré provisoirement les pouvoirs du Président de la République) qui a finalement reculé et est revenue en arrière, justifiant sa position par de fortes pressions (le dénouement de la crise s'est soldée par la fuite à l'étranger de Vladimir Plahotniuc, le leader du parti démocrate, et du milliardaire Ilan Sor dont les biens personnels ont été saisis en raison de fraude d'un montant de 1 milliard de dollars).

    La situation politique s'est clarifiée démocratiquement un an et demi plus tard. Au premier tour de l'élection présidentielle du 1er novembre 2020, Maia Sandu, de nouveau candidate, a surpris les observateurs en obtenant la première place avec 36,2% des voix, devançant le Président sortant Igor Dodon qui sollicitait un second mandat (32,6%). Au second tour du 15 novembre 2020, Maia Sandu l'a emporté très largement avec 57,7% des voix contre Igor Dodon, en confortant nettement la participation électorale de 45,7% des inscrits au premier tour à 55,8% au second tour. Maia Sandu a commencé son premier mandat présidentiel le 24 décembre 2020. Son élection, basée sur sa réputation d'incorruptible, a marqué historiquement la perte d'influence de la Russie en Moldavie.

    Pour éviter la poursuite d'un Parlement ingouvernable, elle a nommé une ancienne collaboratrice Natalia Gavrilita le 27 janvier 2021 à la tête du gouvernement en demandant aux députés de sa coalition de ne pas voter pour elle afin de pouvoir dissoudre le Parlement (il faut un constat d'impossibilité de gouverner), tandis que les socialistes et les députés du parti Sor, qui ne souhaitaient pas d'élections anticipées, étaient prêts à soutenir ce gouvernement. La nomination de Natalia Gavrilita a été invalidée le 23 février 2021 par la Cour constitutionnelle, et après quelques autres péripéties politiciennes, Maia Sandu a prononcé la dissolution du Parlement le 28 avril 2021, en organisant de nouvelles élections législatives le 11 juillet 2021 qui lui ont apporté une large majorité absolue : son parti PAS a obtenu en effet 63 sièges sur 101 avec 52,8% des voix, ce qui lui a permis de ne plus avoir besoin de nouer de coalition pour gouverner pendant quatre ans. Les démocrates ont été laminés (aucun siège), et les socialistes et communistes ont obtenu 32 sièges. Natalia Gavrilita a alors été nommée officiellement Première Ministre le 6 août 2021 (jusqu'au 16 février 2023).

     

     
     


    Deux axes pour la politique de Maia Sandu, au-delà de la crise du covid-19 : la lutte anti-corruption et le rapprochement avec l'Union Européenne, renforcée par la tentative d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. La Moldavie a subi une crise énergétique majeure en raison de la baisse de 30% de la fourniture de Gazprom. Parmi ses premiers déplacements, a eu lieu la visite le 12 janvier 2021 à Kiev pour rencontrer son homologue Volodymyr Zelensky (alors encore en costume cravate très chic).

    Après le début de la guerre en Ukraine, Maia Sandu a annoncé ouvrir les frontières de la Moldavie pour permettre aux réfugiés ukrainiens de passer vers l'Ouest, et le 3 mars 2022, elle a signé officiellement la demande d'adhésion de son pays à l'Union Européenne. Le Conseil Européen du 23 juin 2022 a entériné le statut de candidate de la Moldavie à l'unanimité des Vingt-sept chefs d'État et de gouvernement. Les négociations d'adhésion ont été amorcées le 25 juin 2024 à Bruxelles.

    La consécration internationale de Maia Sandu et de la Moldavie a eu lieu le 1er juin 2023 où Chisinau a accueilli le 2e Sommet de la Communauté politique européenne réunissant 47 chefs d'État et de gouvernement européens (la Communauté politique européenne a été lancée le 6 octobre 2022 à Prague à l'initiative du Président français
    Emmanuel Macron ; son 5e Sommet a eu lieu ce jeudi 7 novembre 2024 à Budapest).
     

     
     


    Maia Sandu était la favorite de l'élection présidentielle de 2024 dans les sondages. Elle a gagné encore largement (55,4% des voix avec 54,3% de participation) face au candidat socialiste pro-russe Alexandr Stoianoglo (25,9% au premier tour et 44,6% au second tour), ancien procureur général de Moldavie démis de ses fonctions en septembre 2023 à cause des accusations de corruption portées contre lui.

    Cette belle réélection de Maia Sandu est le symbole de l'ancrage européen de la Moldavie, ratifié doublement par le peuple moldave, et cela malgré les nombreuses pressions, « tentatives de déstabilisation », propagandes et fraudes opérées par le camp pro-russe, notamment par Ilan Sor qui aurait acheté de nombreuses voix en faveur du candidat pro-russe (environ 150 000 voix auraient ainsi été achetées au profit du candidat pro-russe, qui a obtenu en tout 401 215 voix au premier tour et 750 370 voix au second tour).

    J'ai indiqué dès le début de l'article qu'il s'agissait d'une double victoire car Maia Sandu a réussi à mettre à l'ordre du jour des électeurs, en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle, le 20 octobre 2024, un référendum inscrivant dans la Constitution moldave l'objectif de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne. Cette inscription a été acceptée par 50,4% des voix pour une participation de 50,7%. La victoire est donc très serrée, avec seulement près de 10 600 voix d'avance du oui sur le non, dans le même contexte de propagande et d'achats de voix (Ilan Sor, réfugié à Moscou, était un ferme partisan du non, mais le Kremlin a démenti toute tentative d'ingérence de la Russie). Alors qu'en raison du scrutin serré, les pro-russes ont parlé d'un échec, la Cour constitutionnelle a au contraire validé l'approbation populaire de la réforme le 31 octobre 2024 (dans un référendum où la réponse est oui ou non, même à une voix près, la victoire est à ceux qui ont eu le plus de voix).

     

     
     


    Pour "Courrier international", le 21 octobre 2024 : « Concrètement, les Moldaves devaient décider s'ils souhaitaient ou non inscrire l'objectif européen dans la Constitution du pays, protégeant ainsi le processus d'adhésion, entamé en 2022, des aléas du pouvoir politique. ». Objectif donc atteint !
     

     
     


    La réélection de Maia Sandu a été accueillie avec satisfaction et joie par les pays de l'Union Européenne. Emmanuel Macron a salué la « démocratie [qui a] triomphé de toutes les interférences et de toutes les manœuvres » tandis que la Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie de pouvoir « continuer à travailler » avec la Présidente moldave pour un « avenir européen ».

    Le politologue moldave Andrei Curararu, cofondateur du think tank WatchDog basé en Moldavie, a déclaré pour TV5 Monde : « Malgré tout, la Moldavie a démontré à deux reprises que sa volonté d'intégrer l'Union Européenne était plus forte que la pression de Moscou. ». Il n'en demeure pas moins que le pays reste très divisé entre les tenants de l'ouverture à l'Ouest et la proximité du grand frère de l'Est, notamment en Transnistrie dont Maia Sandu voudrait régler le problème avec Moscou. Le prochain rendez-vous électoral sera également crucial puisqu'il s'agira des élections législatives qui auront lieu au plus tard en juillet 2025.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Maia Sandu.
    Les victoires européennes de la Moldavie.
    Ukraine.
    Russie.
    Roumanie.
     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241103-moldavie.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/les-victoires-europeennes-de-la-257510

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/04/article-sr-20241103-moldavie.html



     

  • Maia Sandu réélue Présidente de la République de Moldavie avec 55,4% des voix

    « Aujourd'hui, chers Moldaves, vous avez donné une leçon de démocratie digne de figurer dans les livres d'histoire ! » (Maia Sandu, le 3 novembre 2024 à Chisinau).


     

     
     


    On ne peut pas perdre à tous les coups ! La réélection de Donald Trump n'est pas une bonne nouvelle pour la sécurité de l'Europe. Mais le vieux continent européen avait enregistré deux jours auparavant une belle victoire électorale avec la réélection de Maia Sandu (52 ans) à la Présidence de la République de Moldavie. Maia Sandu a en effet obtenu 42,5% des voix au premier tour du 20 octobre 2024 et 55,4% des voix au second tour du 3 novembre 2024. C'était même une double victoire européenne.

    La Moldavie est un petit pays agricole de 2,7 millions d'habitants situé à l'est de l'Europe, coincée entre la Roumanie et l'Ukraine. La population est principalement roumaine (à très forte majorité, 82,1%) mais il y a aussi de fortes minorités ukrainienne (6,6%) et russe (4,1%), et également gagaouze, c'est-à-dire turque orthodoxe, (4,6%) et bulgare (1,9%).

    La Moldavie a acquis son indépendance le 27 août 1991. Comme l'Ukraine, la Moldavie a fait partie de
    l'URSS et à ce titre, la Russie a un œil vigilant voire influent sur son évolution politique, d'autant plus qu'une région pro-russe a fait sécession. Cette région séparatiste s'appelle la Transnistrie, au-delà du fleuve Dniestr, qui a proclamé son indépendance unilatéralement le 2 septembre 1990 (avant l'indépendance de la Moldavie). Ce petit bout de terre, coincé entre la Moldavie et l'Ukraine, représente 4 000 kilomètres carrés et environ 500 000 habitants. La Transnistrie n'est reconnue que par d'autres États sécessionnistes, l'Abkhasie et l'Ossétie du Sud (régions pro-russes de Géorgie). Jusqu'au 22 février 2023, elle n'était même pas reconnue par la Russie, mais depuis lors, Vladimir Poutine a reconnu à la fois la Transnistrie et les deux États géorgiens cités.

    La Moldavie vit donc avec des élans paradoxaux, certains voudraient l'unification avec la Roumanie, d'autres avec l'Ukraine, d'autres encore avec la Russie, mais pas plus que la Wallonie voudrait le rattachement à la France. Depuis plus de trente ans, comme les autres pays d'Europe centrale et orientale sous le joug soviétique, elle aspire à se moderniser en paix et en indépendance, à prospérer, à bénéficier des apports de l'Europe en général. La question de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne n'est pas nouvelle mais souvent remise à plus tard. Elle a obtenu le statut d'association avec l'Union Européen le 1er juillet 2016.

    La déclaration de guerre de Vladimir Poutine à l'Ukraine le 24 février 2022 a remis en cause l'ordre européen, car en cas de réussite de la tentative d'invasion de l'Ukraine (les régions séparatistes pro-russes du Donbass ont été unilatéralement annexées par la Russie comme la Crimée en mars 2014), les prochaines étapes nationales de Vladimir Poutine seront à l'évidence la Moldavie, la Géorgie et les Pays baltes. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie faisant partie de l'Union Européenne et de
    l'OTAN craignent par conséquent moins pour leur intégrité territoriale que la Moldavie et la Géorgie qui, désormais, cherchent à adhérer le plus rapidement possible à l'Union Européenne et surtout à l'OTAN afin de bénéficier de la garantie de défense réciproque (le fameux article 5 du Traité atlantique nord).

    La présence russe en Moldavie est cruciale pour la Russie puisqu'elle permet de prendre en tenaille l'Ukraine par son flanc ouest, notamment du côté d'Odessa. C'est pour cela que l'élection présidentielle moldave dont le premier tour a eu lieu le 20 octobre 2024 et le second tour le 3 novembre 2024 a subi des influences très fortes de la Russie.


    La Présidente de la République sortante était Maia Sandu, économiste et ancienne haut fonctionnaire, qui a été Ministre de l'Éducation du 24 juillet 2012 au 30 juillet 2015 (elle a réduit de 50% la corruption pour acheter des diplômes en mettant des caméras dans les salles d'examen) et Première Ministre du 8 juin 2019 au 14 novembre 2019. Elle s'est présentée à l'élection présidentielle une première fois il y a huit ans après avoir fondé et présidé le Parti action et solidarité (PAS) le 15 mai 2016, un parti de centre droit, pro-européen, indépendantiste (c'est-à-dire contre l'union avec la Roumanie et pour sortir de la tutelle de la Russie).

     
     


    Arrivée à la deuxième place au premier tour du 30 octobre 2016 avec 38,7% des voix, elle a été battue avec 47,9% par le candidat socialiste pro-russe Igor Dodon au second tour le 13 novembre 2016. Maia Sandu a fait néanmoins alliance avec les socialistes contre les démocrates au sein d'un Parlement ingouvernable depuis les élections législatives du 24 février 2019 qui avait abouti à une assemblée tripartite : 35 sièges sur 101 au total pour les socialistes (31,2% des voix), 30 sièges pour les démocrates (23,6% des voix) et 26 sièges pour le Bloc électoral ACUM pro-européen et anti-oligarchie (dont faisait partie le PAS) mené par Maia Sandu (26,8% des voix). À ceux-ci s'ajoutaient 7 députés issus du parti conservateur pro-russe Égalité d'Ilan Sor, oligarque israélo-moldave, maire d'Orhei (une ville moldave de 21 000 habitants) entre 2015 et 2019, qui avait obtenu 8,3% des voix. Maia Sandu a été désignée Première Ministre avec l'appui des députés socialistes et des députés ACUM qui se sont accordé le 8 juin 2019, mais son gouvernement a été renversé le 12 novembre 2019 par le vote d'une motion de censure en raison d'un désaccord sur le mode de scrutin des prochaines élections législatives.

    La formation du gouvernement de Maia Sandu a été l'occasion d'une crise constitutionnelle provoquée par la Cour constitutionnelle (qui a même retiré provisoirement les pouvoirs du Président de la République) qui a finalement reculé et est revenue en arrière, justifiant sa position par de fortes pressions (le dénouement de la crise s'est soldée par la fuite à l'étranger de Vladimir Plahotniuc, le leader du parti démocrate, et du milliardaire Ilan Sor dont les biens personnels ont été saisis en raison de fraude d'un montant de 1 milliard de dollars).

    La situation politique s'est clarifiée démocratiquement un an et demi plus tard. Au premier tour de l'élection présidentielle du 1er novembre 2020, Maia Sandu, de nouveau candidate, a surpris les observateurs en obtenant la première place avec 36,2% des voix, devançant le Président sortant Igor Dodon qui sollicitait un second mandat (32,6%). Au second tour du 15 novembre 2020, Maia Sandu l'a emporté très largement avec 57,7% des voix contre Igor Dodon, en confortant nettement la participation électorale de 45,7% des inscrits au premier tour à 55,8% au second tour. Maia Sandu a commencé son premier mandat présidentiel le 24 décembre 2020. Son élection, basée sur sa réputation d'incorruptible, a marqué historiquement la perte d'influence de la Russie en Moldavie.

    Pour éviter la poursuite d'un Parlement ingouvernable, elle a nommé une ancienne collaboratrice Natalia Gavrilita le 27 janvier 2021 à la tête du gouvernement en demandant aux députés de sa coalition de ne pas voter pour elle afin de pouvoir dissoudre le Parlement (il faut un constat d'impossibilité de gouverner), tandis que les socialistes et les députés du parti Sor, qui ne souhaitaient pas d'élections anticipées, étaient prêts à soutenir ce gouvernement. La nomination de Natalia Gavrilita a été invalidée le 23 février 2021 par la Cour constitutionnelle, et après quelques autres péripéties politiciennes, Maia Sandu a prononcé la dissolution du Parlement le 28 avril 2021, en organisant de nouvelles élections législatives le 11 juillet 2021 qui lui ont apporté une large majorité absolue : son parti PAS a obtenu en effet 63 sièges sur 101 avec 52,8% des voix, ce qui lui a permis de ne plus avoir besoin de nouer de coalition pour gouverner pendant quatre ans. Les démocrates ont été laminés (aucun siège), et les socialistes et communistes ont obtenu 32 sièges. Natalia Gavrilita a alors été nommée officiellement Première Ministre le 6 août 2021 (jusqu'au 16 février 2023).

     
     


    Deux axes pour la politique de Maia Sandu, au-delà de la crise du covid-19 : la lutte anti-corruption et le rapprochement avec l'Union Européenne, renforcée par la tentative d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. La Moldavie a subi une crise énergétique majeure en raison de la baisse de 30% de la fourniture de Gazprom. Parmi ses premiers déplacements, a eu lieu la visite le 12 janvier 2021 à Kiev pour rencontrer son homologue Volodymyr Zelensky (alors encore en costume cravate très chic).

    Après le début de la guerre en Ukraine, Maia Sandu a annoncé ouvrir les frontières de la Moldavie pour permettre aux réfugiés ukrainiens de passer vers l'Ouest, et le 3 mars 2022, elle a signé officiellement la demande d'adhésion de son pays à l'Union Européenne. Le Conseil Européen du 23 juin 2022 a entériné le statut de candidate de la Moldavie à l'unanimité des Vingt-sept chefs d'État et de gouvernement. Les négociations d'adhésion ont été amorcées le 25 juin 2024 à Bruxelles.

    La consécration internationale de Maia Sandu et de la Moldavie a eu lieu le 1er juin 2023 où Chisinau a accueilli le 2e Sommet de la Communauté politique européenne réunissant 47 chefs d'État et de gouvernement européens (la Communauté politique européenne a été lancée le 6 octobre 2022 à Prague à l'initiative du Président français
    Emmanuel Macron ; son 5e Sommet a eu lieu ce jeudi 7 novembre 2024 à Budapest).
     

     
     


    Maia Sandu était la favorite de l'élection présidentielle de 2024 dans les sondages. Elle a gagné encore largement (55,4% des voix avec 54,3% de participation) face au candidat socialiste pro-russe Alexandr Stoianoglo (25,9% au premier tour et 44,6% au second tour), ancien procureur général de Moldavie démis de ses fonctions en septembre 2023 à cause des accusations de corruption portées contre lui.

    Cette belle réélection de Maia Sandu est le symbole de l'ancrage européen de la Moldavie, ratifié doublement par le peuple moldave, et cela malgré les nombreuses pressions, « tentatives de déstabilisation », propagandes et fraudes opérées par le camp pro-russe, notamment par Ilan Sor qui aurait acheté de nombreuses voix en faveur du candidat pro-russe (environ 150 000 voix auraient ainsi été achetées au profit du candidat pro-russe, qui a obtenu en tout 401 215 voix au premier tour et 750 370 voix au second tour).

    J'ai indiqué dès le début de l'article qu'il s'agissait d'une double victoire car Maia Sandu a réussi à mettre à l'ordre du jour des électeurs, en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle, le 20 octobre 2024, un référendum inscrivant dans la Constitution moldave l'objectif de l'adhésion de la Moldavie à l'Union Européenne. Cette inscription a été acceptée par 50,4% des voix pour une participation de 50,7%. La victoire est donc très serrée, avec seulement près de 10 600 voix d'avance du oui sur le non, dans le même contexte de propagande et d'achats de voix (Ilan Sor, réfugié à Moscou, était un ferme partisan du non, mais le Kremlin a démenti toute tentative d'ingérence de la Russie). Alors qu'en raison du scrutin serré, les pro-russes ont parlé d'un échec, la Cour constitutionnelle a au contraire validé l'approbation populaire de la réforme le 31 octobre 2024 (dans un référendum où la réponse est oui ou non, même à une voix près, la victoire est à ceux qui ont eu le plus de voix).

     

     
     


    Pour "Courrier international", le 21 octobre 2024 : « Concrètement, les Moldaves devaient décider s'ils souhaitaient ou non inscrire l'objectif européen dans la Constitution du pays, protégeant ainsi le processus d'adhésion, entamé en 2022, des aléas du pouvoir politique. ». Objectif donc atteint !
     

     
     


    La réélection de Maia Sandu a été accueillie avec satisfaction et joie par les pays de l'Union Européenne. Emmanuel Macron a salué la « démocratie [qui a] triomphé de toutes les interférences et de toutes les manœuvres » tandis que la Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie de pouvoir « continuer à travailler » avec la Présidente moldave pour un « avenir européen ».

    Le politologue moldave Andrei Curararu, cofondateur du think tank WatchDog basé en Moldavie, a déclaré pour TV5 Monde : « Malgré tout, la Moldavie a démontré à deux reprises que sa volonté d'intégrer l'Union Européenne était plus forte que la pression de Moscou. ». Il n'en demeure pas moins que le pays reste très divisé entre les tenants de l'ouverture à l'Ouest et la proximité du grand frère de l'Est, notamment en Transnistrie dont Maia Sandu voudrait régler le problème avec Moscou. Le prochain rendez-vous électoral sera également crucial puisqu'il s'agira des élections législatives qui auront lieu au plus tard en juillet 2025.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 novembre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Maia Sandu.
    Les victoires européennes de la Moldavie.
    Ukraine.
    Russie.
    Roumanie.

     
     






    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241103-maia-sandu.html

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/08/article-sr-20241103-maia-sandu.html





     

  • Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?

    « Je voudrais rappeler une autre figure : celle du père Jerzy Popieluszko, prêtre et martyr, qui a été proclamé bienheureux dimanche dernier précisément, à Varsovie. Il a exercé son ministère généreux et courageux aux côtés de ceux qui s'engageaient pour la liberté, pour la défense de la vie et sa dignité. Son œuvre au service du bien et de la vérité était un signe de contradiction pour le régime qui gouvernait alors en Pologne. (…) Si nous considérons l'histoire, nous voyons combien de pages d'authentique renouveau spirituel et social ont été écrites avec l'apport décisif de prêtres catholiques, animés uniquement par la passion pour l'Évangile et pour l'homme, pour sa véritable liberté, religieuse et civile. Combien d'initiatives de promotion humaine intégrale sont parties de l'intuition d'un cœur sacerdotal ! » (Benoît XVI, le 13 juin 2010 à Saint-Pierre de Rome).




     

     
     


    Il y a quarante ans, le 19 octobre 1984, il a été enlevé et assassiné. Quelques jours plus tard, le peuple polonais découvrait avec horreur le corps torturé et assassiné du père Jerzy Popieluszko à Wloclawek. Il venait d'avoir 37 ans (il est né le 14 septembre 1947 à Okopy d'une modeste famille de paysans).

    Après des études au grand séminaire de Varsovie et un service militaire très difficile à cause des persécutions contre les prêtres, Jerzy Popieluszko a été ordonné prêtre le 28 mai 1972 par le cardinal Stefan Wyszynski, archevêque de Varsovie qu'il admirait beaucoup (et qui a failli être élu pape en 1978 à la place de l'archevêque de Cracovie, finalement préféré parce que beaucoup plus jeune).

    Après avoir eu beaucoup d'activités comme prêtre, notamment aumônier dans le secteur des personnels médicaux, le père Popieluszko, à sa demande (acceptée par Mgr Wyszynski), est parti le 31 août 1980 auprès d'ouvriers en grève et a dit la messe pour les contestataires de Solidarnosc. Après
    l'état de siège décrété le 13 décembre 1981 par le général Jaruzelski, le père Popieluszko est venu en aide auprès des personnes emprisonnées membre de Solidarnosc. Il est devenu très rapidement l'une des personnalités qui défiaient le pouvoir communiste en place. Il a organisé tout un réseau de financement d'aides qui permettaient de soigner les opposants internés.
     

     
     


    Ses homélies, ses messes entre 1981 et 1984 ont été des façons de s'opposer à la dictature. Il faisait en sorte que ses homélies puissent être comprises de tout le monde et, avant de les prononcer, les faisait relire par des ouvriers pour savoir si elles étaient compréhensibles. Avec sa notoriété nationale, il a participé au renouveau de la foi en Pologne (beaucoup de conversions et de nouvelles vocations sacerdotales). Beaucoup de gens voyaient dans l'Église catholique la seule institution capable de résister à la dictature communiste. Le 19 mai 1983, il a dit la messe très suivie de l'enterrement de l'étudiant Grzegorz Przemyk, assassiné par la milice.

    À partir de 1982, le père Popieluszko était surveillé, et aussi diffamé, persécuté, sa famille également. On demandait à sa hiérarchie catholique de le faire taire, qu'il arrêtât ses activités de soutien à l'opposition, il a été plusieurs fois interrogé par la police pour abus de la liberté du culte en période de loi martiale. Il y a eu parfois des événements graves contre lui, comme l'envoi d'engins explosifs dans son appartement, etc.

    Jerzy Popieluszko était soutenu discrètement par le pape
    Jean-Paul II par l'intermédiaire de Mgr Zbigniew Kraszewski, évêque auxiliaire de Varsovie et confesseur de Lech Walesa. Mais cela devenait de plus en plus dangereux pour lui. Ses amis ont demandé en juillet 1984 au cardinal Jozef Glemp, nouvel archevêque de Varsovie, de l'envoyer faire des études à Rome afin de l'écarter de la Pologne, mais Jerzy Popieluszko ne voulait pas quitter la Pologne et les Polonaiss et Mgr Jozef Glemp a expliqué a posteriori qu'il ne voulait pas le forcer à aller à Rome.
     

     
     


    Suivi dès le 7 octobre 1984, le père Popieluszko a failli être assassiné le 14 octobre 1984. Ce fut lors de la seconde tentative le 19 octobre 1984 qu'il a perdu la vie : sa voiture a été arrêtée par la police, son chauffeur (ancien parachutiste) a réussi à s'enfuir mais le prêtre résistant a été enlevé, placé de force dans un coffre, et amené à Wloclamek. Torturé jusqu'à la mort, Jerzy Popieluszko a été jeté dans la Vistule.

    Son corps a été retrouvé un peu plus tard, le 30 octobre 1984, grâce aux indications des trois officiers de la police politique qui ont avoué l'assassinat. L'annonce de son assassinat a provoqué une forte émotion bien au-delà des frontières polonaises. Jerzy Popieluszko a été enterré le 3 novembre 1984 à l'église Saint-Stanislas de Varsovie en présence de plus de 500 000 personnes, renforçant ainsi l'audience de Solidarnosc. Depuis lors, plus de 18 millions de Polonais ont prié devant sa tombe installé dans la même église, y compris le pape Jean-Paul II qui s'est recueilli le 14 juin 1987 lors d'une visite pastorale.
     

     
     


    L'enquête judiciaire sur l'assassinat du prêtre a été bâclée. N'ont été mis en cause que les trois officiers des services secrets qui ont participé à l'opération et leur chef, mais pas les véritables commanditaires, dont probablement Czeslaw Kiszczak, le Ministre de l'Intérieur en fonction du 31 juillet 1981 au 6 juillet 1990. Le procès s'est déroulé du 27 décembre 1984 au 7 février 1985 et a été l'occasion surtout de faire le procès politique de la victime. Le procès a quand même abouti à la condamnation des quatre agents des services secrets (à vingt-cinq, quinze et quatorze années de réclusion criminelle) qui ont toutefois été libérés très tôt, entre 1990 et 2001. On a évoqué également la responsabilité du général Jaruzelski, qui souhaitait peut-être seulement faire de l'intimidation contre le prêtre. On ne saura probablement jamais qui a eu l'idée de cet assassinat.

    Le père Popieluszko n'a pas été le seul prêtre victime de la barbarie communiste. Un autre prêtre, de 39 ans, Sylvestre Zych, lui aussi sympathisant de Solidarnosc, a été retrouvé assassiné près de Gdansk le 12 juillet 1989 (peu avant
    l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement libre). On aurait retrouvé de l'alcool dans son sang comme ce fut le cas pour Jerzy Popieluszko, ainsi que des traces de piqûres par seringue. En 1982, il avait été condamné à six ans de prison pour complicité supposée dans le meurtre d'un policier et avait été libéré en 1986 au titre d'une mesure de clémence qui avait aussi réduit la peine de trois des quatre assassins du père Popieluszko.
     

     
     


    Faisant suite au procès en béatification ouvert en 1997 par Jean-Paul II, son successeur Benoît XVI a donné son accord le 19 décembre 2009 à la béatification de Jerzy Popieluszko, considéré comme un martyr de la foi, qui a été célébrée le 6 juin 2010 à Varsovie par l'archevêque Angelo Amato au cours d'une grand-messe concélébrée par cent vingt évêques et plus de mille prêtres, en présence de 150 000 fidèles dont la mère du prêtre (90 ans), ses frères et sœur, et l'ancien Président de la République Lech Walesa.

    Au fait, pourquoi a-t-il été assassiné ? Simplement parce qu'il refusait de se soumettre à la dictature communiste. Mais on ne saura probablement jamais les conditions exactes de son assassinat. Le père Popieluszko aura été l'un des rares "héros" emblématiques qui ont soutenu activement la résistance pacifique qui a permis la libéralisation de la Pologne du joug communiste (et par là même, la libéralisation de l'Europe centrale et orientale), avec le leader du syndicat Solidarnosc Lech Walesa, le pape Jean-Paul II, le premier Premier Ministre non communiste de la Pologne d'après-guerre
    Tadeusz Masowiecki et l'intellectuel Bronislaw Geremek. Les dernières paroles publiques du père Popieluszko furent : « Prions pour être libérés de la peur, de l’intimidation, mais surtout de la soif de vengeance et de violence. ». Cette prière reste encore valable de nos jours dans beaucoup d'endroits du monde.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (12 octobre 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Pourquoi a-t-on assassiné le père Popieluszko ?
    Le proeuropéen Donald Tusk redevient chef du gouvernement polonais.
    Législatives en Pologne du 15 octobre 2023 : grande victoire de l'Europe !
    Législatives en Pologne du 18 juin 1989.
    Lech Walesa.
    Donald Tusk.
    Tragique accident d’avion près de Katyn.
    Wojciech Jaruzelski.

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241019-popieluszko.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/pourquoi-a-t-on-assassine-le-pere-256346

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/10/18/article-sr-20241019-popieluszko.html




     

  • L'échec de la Communauté Européenne de Défense (CED), il y a 70 ans

    « L’Hémicycle est bondé, fébrile, comme dans les plus grands jours. Tous les députés sont là ou presque, même Édouard Herriot, vieux leader radical et grand ténor politique de la Troisième République, qui, arraché à sa chambre de grand malade, est venu en fauteuil roulant pour clamer que "la Communauté Européenne, c’est la fin de la France !" (…). Le Président du Conseil, Pierre Mendès France, ne veut pas engager la responsabilité de son gouvernement sur le projet. » (Marc Semo, "Le Monde" le 3 septembre 2021).



     

     
     


    C'est au cours du débat à l'Assemblée Nationale, à la séance du 30 août 1954, que la Communauté Européenne de Défense a été sabordée par les députés français. Revenons sur cet événement très important, tellement important que soixante-dix ans plus tard, on reparle encore d'une défense européenne, notamment pour compenser le désengagement des États-Unis de l'Europe (avant 2022) et prévoir une défense européenne indépendante face à l'agression de la Russie en Ukraine (depuis 2022).

    Tout d'abord, il s'agit d'une traité international. D'un point de vue institutionnel, il faut rappeler comment cela se passe : les gouvernements des États impliqués négocient un texte commun, un accord international, avec plus ou moins de précision. C'est la signature du traité. Ensuite, chaque État, de son côté, le ratifie, c'est-à-dire que le texte devient force de loi nationale selon les procédures du pays (adoption par les parlementaires, voire par référendum). Ensuite, le chef de l'État le promulgue ; c'est la ratification nécessaire pour sa mise en œuvre. Un traité doit donc être approuvé par les gouvernements des pays signataires pour sa rédaction, puis par les parlements de ces pays pour sa ratification.

    À partir d'une initiative française, le plan Pleven (issu lui-même d'une déclaration de Churchill le 11 août 1950 qui proposa une « armée européenne unifiée »), présenté par René Pleven, le Ministre de la Défense nationale, aux députés française le 24 octobre 1950, le traité instituant la CED a été signé le 27 mai 1952 à Paris par six pays : la France (Antoine Pinay), l'Allemagne fédérale (de l'Ouest ; Konrad Adenauer), l'Italie (Alcide De Gasperi), la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. À partir du 25 juin 1950, la guerre de Corée a fait craindre le même processus entre les deux Allemagne en Europe. L'OTAN (créée en 4 avril 1949) n'étant pas encore opérationnelle, les seules troupes américaines, britanniques et françaises stationnées en Allemagne de l'Ouest ne pourraient pas résister face à une éventuelle agression de l'Allemagne de l'Est aidée de l'URSS. Les États-Unis souhaitaient donc le réarmement de l'Allemagne de l'Ouest pour faire éventuellement face au bloc de l'Est. Pour cela, il fallait transgresser un interdit depuis la fin de la guerre : redonner une armée à l'Allemagne.

    C'était la France le pays le plus hostile au réarmement allemand. Jean Monnet, conseiller de Robert Schuman, a considéré le 16 septembre 1950 que les arguments américains étaient pertinents mais a proposé que le réarmement de l'Allemagne ne se fît pas à l'échelle nationale mais européenne. La déclaration de René Pleven du 24 octobre 1950 (approuvée par l'Assemblée Nationale) était assez claire en proposant la « création, pour la défense commune, d'une armée européenne rattachée à des institutions politiques de l'Europe unie, placée sous la responsabilité d'un ministre européen de la Défense, sous le contrôle d'une assemblée européenne, avec un budget militaire commun. Les contingents fournis par les pays participants seraient incorporés dans l'armée européenne, au niveau de l'unité la plus petite possible. ». Cela avait un avantage : on évitait la création d'une véritable armée allemande, indépendante, avec état-major.

    Les États-Unis étaient toutefois plutôt opposés au plan Pleven en raison du temps à le mettre en place, nécessitant d'abord la mise en place des premières institutions européennes. En effet, un peu auparavant, le 9 mai 1950, Robert Schuman avait prononcé son fameux discours qui ouvrait la voie de la construction européenne, d'abord par la création de CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, créée le 18 avril 1952), première brique de ce qui est devenu l'Union Européenne. Il faut remarquer que la CED a été le premier projet européen de grande envergure bien avant la CEE (Communauté Économique Européenne créée par le Traité de Rome du 25 mars 1957). Les Américains préféraient réarmer l'Allemagne de l'Ouest dans le cadre de l'OTAN et pas dans le cadre de la CED.

    En Allemagne, la ratification du traité n'a pas été aisée. Le Chancelier chrétien démocrate Konrad Adenauer l'a soutenu dans un discours au Bundestag le 8 novembre 1950 mais a dû batailler contre les sociaux-démocrates allemands qui craignaient que ce projet compromît les perspectives d'une future réunification. La condition d'Adenauer était ferme : « Si la République fédérale doit y participer, elle doit avoir les mêmes devoirs mais aussi les mêmes droits que les autres pays. ».

    En France, à l'initiative du Président du Conseil radical Edgar Faure, le principe de la CED a été approuvée par l'Assemblée Nationale le 19 février 1952 (avant la signature du texte définitif). Certains partis étaient opposés à la CED (les gaullistes et les communistes, au nom de l'indépendance nationale, au point de créer un front commun anti-CED) et les autres partis étaient très divisés (en particulier, les radicaux et la SFIO, mais même le MRP, très majoritairement favorable, comptait en son sein des opposants à la CED, notamment l'abbé Pierre, Robert Buron, Léo Hamon, etc.).

    Entre mai 1952 et juillet 1954, aucun gouvernement français n'a eu le courage de mettre à l'ordre du jour la ratification du traité du 27 mai 1952, tant ce sujet était très polémique, comme la France aime bien en avoir (à l'instar de l'Affaire Dreyfus), trouvant toujours des prétextes politiques ou institutionnels pour reporter le débat. Raymond Aron a commenté plus tard, en 1956 : « Sur la CED se déchaîna la plus grande querelle idéologico-politique que la France ait connue depuis l'Affaire Dreyfus. ».

    Chez les socialistes (SFIO), étaient opposés à la CED des personnalités comme Daniel Mayer, Jules Moch, Vincent Auriol, Robert Verdier, Alain Savary, Marcel-Edmond Naegelen, Max Lejeune, tandis que Guy Mollet (secrétaire général de la SFIO), Christian Pineau y était favorables (on retrouve le clivage du PS lors du référendum sur le TCE en 2005). Chez les radicaux, deux personnalités historiques Édouard Herriot et Édouard Daladier se sont opposés à la CED, alors qu'Edgar Faure et René Mayer y étaient favorables. Chez les indépendants, Paul Reynaud, Joseph Laniel et Antoine Pinay aussi y étaient favorables.

    La querelle a renversé plusieurs gouvernements. Ainsi, les députés MRP ont renversé le 23 décembre 1952 le gouvernement dirigé par Antoine Pinay pour n'avoir pas voulu faire ratifier la CED. Au contraire, les députés gaullistes ont renversé le gouvernement de René Mayer le 28 juin 1953 parce qu'il avait l'intention de procéder au débat sur le sujet alors qu'il demandait les pleins pouvoirs financiers et que sa conception était : « La vocation de la France est triple : européenne, atlantique et mondiale. » (René Mayer allait devenir le Président de la Haute Autorité de le CECA du 3 juin 1955 au 13 janvier 1958, succédant à Jean Monnet qui a démissionné après l'échec de la CED).


    Pour l'anecdote, la succession de Vincent Auriol en décembre 1953 fut très compliquée à cause du sujet de la CED. En effet, il a fallu treize tours pour élire le nouveau Président de la République. À l'origine, l'élection devait partager deux candidats, un de centre droit, Joseph Laniel, Président du Conseil en exercice, favorable à la CED, et un socialiste, Marcel-Edmond Naegelen, opposé à la CED. Finalement, ce fut un vice-président du Sénat qui fut élu par les parlementaires, René Coty avait eu la bonne idée d'être hospitalisé au moment du débat sur la CED au Sénat et avait ainsi eu la chance de ne pas avoir donné son avis, ne mécontentant personne.

    Alors que le débat intérieur était au point mort en France, le contexte international a évolué avec la mort de Staline, la fin de la guerre de Corée, et l'essor de l'atlantisme. Les partisans de la CED perdaient leur principal argument, la peur des Soviétiques, et les opposants moulinaient à fond sur l'indépendance nationale et le risque que la France se fondât dans l'atlantisme (on voit que les arguments d'aujourd'hui sont assez vieux et datent de cette époque). La guerre en Indochine avec des échecs militaires de l'armée française, n'aidait pas à convaincre les hésitants.

    En été 1954, la France, qui en était l'initiatrice, restait donc paradoxalement le seul pays à ne pas avoir ratifié ce traité international d'une importance de politique intérieure fondamentale. Pierre Mendès France, investi Président du Conseil le 18 juin 1954, a décidé de crever l'abcès et de « sortir le cadavre du placard » en procédant à l'examen de la ratification du traité instituant la CED qui a commencé le 29 août 1954 à l'Assemblée Nationale, mais sans engager la responsabilité de son gouvernement.

    Dans le gouvernement Mendès France, les gaullistes y étaient opposés (dont Jacques Chaban-Delmas, le général Pierre Koenig et Christian Fouchet, le seul gaulliste à ne pas avoir démissionné). François Mitterrand et René Pleven y étaient favorables, le premier sans grand empressement. Quant à Pierre Mendès France, il était un partisan assez mou de la CED dont il aurait voulu modifier les modalités (en vain) à Bruxelles.

    Le débat de la ratification a tourné court assez rapidement. Une question préalable, repoussée la vieille, a été déposée à nouveau le 30 août 1954 (pour répondre au dépôt d'une mention préjudicielle). La question préalable, si elle était adoptée, signifiait que les députés rejetaient l'idée même de discuter du sujet ! Or, c'est ce qui s'est passé ce 30 août : 319 députés ont voté pour la question préalable et 264 contre. Parmi les opposants à la CED : la totalité des députés gaullistes, la totalité des députés communistes, 53 députés SFIO sur 105, 34 députés radicaux sur 67, 10 députés UDSR sur 18 (parti de René Pleven et François Mitterrand), et même 9 députés MRP (pourtant très majoritairement pro-européens). Des sanctions ont eu lieu après ce vote (exclusion de certains députés anti-CED de la SFIO et du MRP).

     

     
     


    Deux avis parlementaires ont sans doute déterminé cet échec historique : celui du vieux radical Édouard Herriot, maire de Lyon, ancien Président du Conseil et ancien Président de l'Assemblée, et celui du résistant socialiste Daniel Mayer, alors président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée.

    Pour Daniel Mayer, au moins cinq arguments s'opposaient à la CED, exposés dès le 10 août 1951 dans "Paris-Presse". 1° « Une fois son embryon récréé, nul ne saurait réduire l'importance et la puissance de la nouvelle armée allemande. ». 2° « Les Allemands ne se battraient pas les uns contre les autres. En face d'une Allemagne de l'Est agresseur et triomphant par surprise, les Allemands de l'Ouest se rendraient au nom de la fraternité germanique et de l'unité nationale à reconstruire. ». 3° « Rappello ou un nouveau parce germano-soviétique ne sont pas à exclure, qui regrouperaient contre les démocraties le totalitarisme stalinien et ses anciens alliés. ». 4° « Dans l'état d'instabilité des forces intérieures allemandes, recréer la Wehrmacht, c'est armer les chefs nazis d'hier contre les dirigeants de la démocratie allemande. ». 5° « La création d'une armée autonome allemande aurait pour conséquence quasi-immédiate le retour à égalité des droites, le départ des troupes d'occupation et l'établissement d'une situation analogue à celle de la Corée durant le premier semestre de 1950. ».

    Trois plus tard à la tête de la commission des affaires étrangères, Daniel Mayer a imposé une suspension de séance pour permettre à sa commission de prendre position sur la question préalable (24 pour et 20 contre). L'adoption de la question préalable de la commission rappelait l'importance de répondre rapidement à une question majeure : « Est-ce que la passagère dégradation de l'influence française ne vient justement pas de l'impuissance de la France à répondre nettement aux questions qui lui sont posées ? Il a été aussi refusé de se laisser enfermer dans ce dilemme CED ou Wehrmacht, qui est le type même des faux dilemmes. Il y a sans doute au problème posé du réarmement de l'Allemagne d'autres solutions, mais que l'on ne peut examiner que lorsqu'il aura été préalablement dit non à la Communauté Européenne de Défense. (…) Je suis convaincu qu'il convient, sur un autre plan, de faire cesser au plus tôt la controverse intérieure, les rivalités entre partis et à l'intérieur même des partis. Je suis convaincu que, pour le fonctionnement normal et sain de la démocratie française, il faut revenir rapidement au classement normal des hommes et des groupes, et non dans les deux camps, à des alliances artificielles comme à des divisions meurtrières dont la France, seule, fait, en définitive, les frais. Je souhaite que, désormais, l'effort commun, l'unité et la grandeur recouvrée soient la seule querelle de la France. Je voudrais formuler le vœu ardent que, quel que soit le verdict de l'Assemblée Nationale, il ne reste rien plus tard entre nous que le souvenir d'une époque où les patriotes étaient divisés, non sur le but à atteindre, qui est le même pour tous, mais sur le seul moyen pour l'atteindre. ».

    Pierre Mendès France a pris la parole pour dire : « Dans l'Union française, au dedans et au dehors, c'est aux problèmes les plus difficiles, mais aussi les plus dramatiques, que nous avons essayé de trouver les premières solutions. Le problème posé par la Communauté Européenne de Défense était de ceux-là. J'aurais pu tenter d'esquiver, d'éluder, d'ajourner. Après tout, ce gouvernement s'est constitué le 20 juin, à la veille de la date qui est ordinairement celle des vacances parlementaires. Comme il aurait été tentant, lorsqu'on évoquait les difficultés que nous connaissons aujourd'hui, et qu'il était bien facile de prévoir, d'essayer tant bien que mal d'atteindre cette date, généralement bénie par les chefs de gouvernement, des vacances parlementaires, d'atermoyer une fois de plus et d'ajourner le problème qui, depuis si longtemps, se trouve devant notre route et auquel, jusqu'à présent, nous n'avions pas pu donner de solution ! ».

    Puis, il a reconnu : « Ce n'est un secret pour personne que, dans son sein même, des nuances existaient et existent encore. Dans la mesure même où ce gouvernement représente la réunion d'hommes de bonne volonté venus d'horizons divers, il n'est pas surprenant qu'il puisse y avoir entre eux telle ou telle divergence. C'était une raison de plus pour nous d'essayer de réaliser un rapprochement, d'essayer d'opérer une conciliation. Ce rapprochement, cette conciliation, j'ai dit franchement hier à cette tribune, je l'ai dit avec beaucoup de peine, je n'ai pas pu les réaliser. (…) Le gouvernement refuse de participer à un vote qui divise profondément l'Assemblée et l'opinion, sur une question qui aurait dû recevoir, à son avis, une solution de compromis. ».

    L'intervention d'Édouard Herriot était beaucoup plus claire puisqu'il soutenait la question préalable avec des arguments de fond et pas de procédure (il considérait que c'était là le seul moyen pour que les opposants à la CED puissent présenter leurs arguments de fond) : « Si je relis le traité de la communauté et le discours si noble, si sérieux, qu'a prononcé hier M. le Président du Conseil, voici les conclusions auxquelles j'arrive. Quelles sont pour la France les diminutions de souveraineté ? Pour ne citer que les principales, les voici, je crois. Premièrement, son armée est coupée en deux. Cela, personne ne peut le nier. Deuxièmement, la durée du service militaire n'est pas fixée par le Parlement national. Troisièmement, le budget général des armées est arrêté par le conseil unanime, puis réparti. Un quart des dépenses françaises est soustrait au contrôle du Parlement. Je crois que ce que je dis est exact. Quatrièmement, les soldes seront fixées par la commission. Cinquièmement, les généraux ne seront plus nommés par le Président de la République. D'autre part, la mobilisation nous échappe en partie. Je pose enfin une question : quand un peuple n'a plus la direction de son armée, a-t-il encore la direction de sa diplomatie ? Je réponds : non, il ne l'a plus. Et, je vous livre cette réflexion, ceci est spécialement grave dans une époque comme la nôtre, où les questions diplomatiques ont un caractère si aigu. Car, si idéaliste qu'on soit, on ne peut pas ignorer que la force d'un pays est un élément d'action, sinon de solution, dans tous les pays où la diplomatie est en jeu. Voilà donc les restrictions de la France. Et si l'on doutait de ces restrictions, si l'on voulait nier ce qu'elles ont pour notre pays d'humiliant d'abord, et de grave ensuite, je vous prie de vous reporter à l'article 20 du Traité de Paris qui consacre tous ces renoncements, toutes ces restrictions puisqu'il dispose : "Dans l'accomplissement de leurs devoirs, les membres du Commissariat ne sollicitent ni n'acceptent d 'instructions d'aucun gouvernement. Ils s'abstiennent de tout acte incompatible avec le caractère supranational de leurs fonctions". Voilà donc des commissaires complètement coupés, le texte est très net, de toutes relations avec leur pays. Eh bien ! Je dis que c'est un texte à la fois monstrueux et ridicule. Quel Français de cœur accepterait ainsi de représenter son pays ? Cela est monstrueux et ridicule, parce que c'est accorder une prime à ceux qui ne seront pas loyaux. (…) Voilà ce que je pense. (…) Je dis que cet article 20 est encore la consécration d'un abaissement de la France et, pour ma part, je ne l'accepte pas. ».

    Le débat s'est poursuivi avec Pierre-Henri Teitgen (ancien ministre et président du MRP) qui proposait de rejeter la question préalable pour soutenir le Président du Conseil à la conférence de Bruxelles pour modifier les modalités du Traité de Paris de 1952. Ce à quoi Édouard Herriot a répondu : « Je dis que renvoyer M. le Président du Conseil, à l'heure actuelle, à Bruxelles, ce serait le désavouer. Pour ma part, je m'y refuse. En disant cela, j'aurai répondu clairement à M. Teitgen qui m'a dit : Pourquoi n'acceptez-vous pas l'idée d'une nouvelle négociation, d'amendements, de protocole ? Je réponds à notre collègue : Parce qu'il vaut mieux dire la vérité. Le conflit qui nous divise n'est pas un conflit de forme, ce n'est pas un conflit de détail, c'est un conflit de fond. Pour nous, la Communauté Européenne, laissez-moi vous le dire comme je le pense au seuil de ma vie, en résumant dans cette conviction tous les efforts que j'ai pu faire : pour moi, pour nous, la Communauté Européenne, c'est la fin de la France. ».

    Un peu plus tard, toujours dans sa très longue intervention, Édouard Herriot a fait part de sa grande expérience : « Voyez-vous, mes chers collègues, je suis très frappé de la similitude qui existe entre l'époque que nous vivons et celle que nous avons connue entre les deux guerres. Au lendemain de la guerre mondiale, les Américains ont refusé d'appliquer un traité pour lequel, cependant, Clemenceau et Foch leur avaient fait beaucoup de concessions. En même temps que ce traité, nous avions été saisis de traités annexes les uns franco-anglais, d'autre franco-américains. Ils n'ont eu aucune suite. Puis est arrivée la conférence de Londres. Là, bien que non partie au traité, les Américains sont venus et ont fait sur nous la pression qu'il fallait faire pour obtenir le vote du plan Dawes et l'évacuation de la Ruhr. (…) Je me rappelle et je vous rappelle une phrase que Clemenceau a prononcée peu de temps avant de mourir : "N'oubliez pas, Français, qu'un grand pays lui-même peut disparaître". Avec la situation actuelle, nous savons ce que nous avons et ce que nous n'avons pas. (…) Je ne veux pas, pour ma part, la Communauté Européenne de Défense. Je veux un rapprochement avec l'Allemagne, avec tous les pays d'Europe fondé sur d'autres principes, fondé sur d'autres intentions. ».

    Ancien résistant et ancien déporté à Buchenwald, le député socialiste Christian Pineau (ancien ministre), favorable à la CED, a répondu à Édouard Herriot : « Il y a, d'abord, ceux qui ont conservé dans leur cœur de la haine et, sinon un désir de revanche, du moins une répulsion profonde pour toute collaboration ultérieure avec l'Allemagne. Je les comprends, car la souffrance peut engendrer des sentiments de cette nature. Pour ma part, la leçon de ces épreuves a été tout autre. Ce que je souhaite, ce n'est pas une revanche sous une forme quelconque, c'est que nous n'ayons jamais plus l'occasion, dans notre histoire, de connaître de nouveau ces camps de déportation. ».


    Le vote de la question préalable, qui a clos l'examen de la ratification de la CED, a estomaqué Paul Reynaud qui a déclaré après l'annonce du scrutin : « Pour la première fois depuis qu'il y a un Parlement en France, un traité aura été repoussé sans que l'auteur de ce traité ni son signataire aient eu la parole pour le défendre. ».

    L'enterrement de la CED n'a pas eu de conséquences immédiates sur la guerre froide, car l'Allemagne fédérale a adhéré dès 1955 à l'OTAN. Après cet échec historique, la construction européenne s'est poursuivie sur les bases économiques avec la CEE. Quant à la défense européenne, elle reste l'Arlésienne du chef, on en parle depuis soixante-dix ans et on ne la fait toujours pas. Il ne s'agit pourtant pas de délaisser la souveraineté nationale, d'autant plus qu'elle est renforcée par la dissuasion nucléaire, mais de la compléter par une souveraineté européenne. D'ailleurs, dès 1961, De Gaulle, au pouvoir, a cherché à la remettre à l'ordre du jour avec le plan Fouchet qui fut un nouvel échec. Au-delà d'une défense commune, la CED était une tentative française pour construire une Europe très politique. L'échec du référendum sur le TCE a constitué le second échec historique dans la construction européenne, celui d'un texte lui aussi très français dont la rédaction fut supervisée par Valéry Giscard d'Estaing.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (24 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    L'échec de la CED il y a 70 ans.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240830-ced.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-echec-de-la-communaute-256345

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/20/article-sr-20240830-ced.html



     

  • Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité

    « Les cinq dernières années ont montré ce que nous pouvions faire ensemble. Faisons-le à nouveau. Faisons le choix de la force. Faisons le choix du leadership. » (Ursula von der Leyen, le 18 juillet 2024 à Strasbourg).



     

     
     


    La journée du jeudi 18 juillet 2024 a été importante pour l'Union Européenne (et parallèlement, aussi pour la France). Le Parlement Européen s'est réuni à Strasbourg pour une session d'ouverture de sa dixième législature du 16 au 19 juillet 2024. Les députés européens ont réélu le mardi 16 juillet 2024 l'actuelle Présidente du Parlement Européen, la députée européenne maltaire PPE Roberta Metsola pour un nouveau mandat de trente mois (dès le premier tour avec 562 voix). Deux jours plus tard, c'était le vote des députés européens pour valider, ou invalider, le choix du Conseil Européen du 27 juin 2024 de reconduire l'Allemande Ursula von der Leyen à un second mandat de cinq ans de Présidente de la Commission Européenne, conformément au Traité de Lisbonne (article 14 du Traité sur l'Union Européenne).

    Son second mandat a été validé au milieu de l'après-midi par 401 voix pour et 284 voix contre, 15 votes blancs et 7 votes nuls. Il y a actuellement 719 députés européens (en principe, il doit y en avoir 720), ce qui fait que la majorité absolue est de 360. C'est bien mieux que la précédente fois. Choisie par le Conseil Européen le 2 juillet 2019, Ursula von der Leyen avait été à la peine pour convaincre le Parlement Européen. Son premier mandat à la tête de la Commission de Bruxelles avait été en effet approuvé le 16 juillet 2019 par les députés européens avec seulement 383 voix sur 747, alors que sa majorité (groupes PPE, S&D et Renew) comptait 444 membres. Au congrès du Parti populaire européen (PPE), la candidature d'Ursula von der Leyen à un second mandat avait été approuvée le 7 mars 2024 par seulement 401 voix pour, sur 801 délégués, et 89 voix contre (en particulier, la délégation française, le parti LR, s'était opposée à cette reconduction).


    Ursula von der Leyen va donc pouvoir envoyer des lettres officielles aux chefs d'État et de gouvernement des États membres pour leur demander de lui présenter les candidats aux postes de commissaires européens. Le Parlement Européen devra les auditionner et approuver leur candidature, ce qui permettra à Ursula von der Leyen de former la Commission Européenne avec les différentes attributions, et l'ensemble de la Commission sera approuvée par les députés européens avant sa prise de fonction officielle le 1er décembre 2024.

    Ce vote concluait un débat avec Ursula von der Leyen et les différents présidents des groupes parlementaires. Dans son discours prononcé le matin, Ursula von der Leyen a présenté ses priorités devant les députés européens : nouveau pacte pour l'industrie propre pour renforcer la décarbonation et la croissance industrielle (le Clean Industrial Deal), création d'un fonds européen pour la compétitivité (pour soutenir l'innovation), doublement des effectifs d'Europol (sécurité), triplement des garde-frontières et garde-côtes pour atteindre 30 000 personnes (immigration), bouclier européen pour se prémunir des désinformations et manipulations de l'information et des ingérences étrangères, plan pour un logement à prix modéré (création d'un commissaire chargé du logement), plan pour aider les agriculteurs dans la transition énergétique, renforcement du programme Erasmus, plan de protection sur le temps passé devant les écrans et sur les pratiques addictives, parité hommes et femmes, conditionnement du respect des droits fondamentaux pour octroyer les subventions européennes, etc.

     
     


    Un de points cruciaux de son mandat sera la défense européenne, avec la création d'un commissaire européen spécialement chargé de ce sujet, avec plusieurs programmes dont le bouclier aérien de l'Union Européenne qui sera un « symbole fort de l'unité européenne en matière de défense » et le soutien militaire indéfectible à l'Ukraine. D'autres commissaires européens seront créés, sur la coopération régionale avec la Méditerranée, sur l'équité intergénérationnelle, etc. Il y aura aussi un Vice-Président chargé de la compétitivité et des PME.

    Dans ce discours, il y en avait pour les trois grands groupes (PPE, S&D et Renew) qui constituent la majorité de soutien de la Commission Européenne. Pour le PPE (centre droit) : compétitivité, lutte contre la bureaucratie, soutien à l'industrie de défense et à l'agriculture. Pour les sociaux-démocrates (centre gauche) : accompagnement de la crise du logement, droits des femmes ; pour Renew (centre) : pas de fonds européens aux États qui ne respectent pas les droits fondamentaux, compétitivité, soutien à l'Ukraine (les engagements de Valérie Hayer, présidente du groupe Renew, pendant la campagne européenne).

     

     
     


    Pour la Présidente de la Commission : « L'Europe ne peut pas arrêter le changement, mais elle peut choisir de l'embrasser en investissant dans une nouvelle ère de prospérité et en améliorant notre qualité de vie. ». Parmi les autres engagements, Ursula von der Leyen souhaiterait refondre le budget de l'Union Européenne et mieux l'adapter aux États membres.

    Elle a aussi condamné très sévèrement la prétendue mission de paix du Premier Ministre hongrois Viktor Orban, devenu Président du Conseil de l'Union pour ce dernier semestre 2024, en constatant : « Deux jours plus tard, les avions de Poutine ont pointé leurs missiles sur un hôpital pour enfants et une maternité à Kyiv (…). Cette frappe n'était pas une erreur. C'était un message. Un message glaçant du Kremlin à chacun d'entre nous. ».

    De même, elle a clarifié sa position sur Gaza : « Je veux être claire : l'effusion de sang à Gaza doit cesser maintenant. Trop d'enfants, de femmes et de civils ont perdu la vie à cause de la réponse d'Israël à la terreur brutale du Hamas. La population de Gaza ne peut en supporter davantage (…). Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat et durable. Nous avons besoin de la libération des otages israéliens. Et nous devons préparer le jour suivant. ».



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 juillet 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !


     

     


     

     

     

     


    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240718-ursula-von-der-leyen.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/elections-europeennes-2024-7-255915

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/07/19/article-sr-20240718-ursula-von-der-leyen.html