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géopolitique - Page 2

  • Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !

    « Il y a un agresseur, la Russie, et un peuple agressé, l'Ukraine. Je pense que nous avons tous eu raison d'aider l'Ukraine depuis trois ans. » (Emmanuel Macron, le 28 février 2025 à Porto).



     

     
     


    Voilà de quoi remettre l'église au centre du village. Emmanuel Macron a eu raison de rappeler cet élément majeur : c'est Vladimir Poutine qui tente d'envahir l'Ukraine depuis trois ans, pas le contraire !

    Scène diplomatique sans précédent à la Maison-Blanche, à Washington, ce vendredi 28 février 2025 vers 18 heures 30, heure de Paris (midi et demi à Washington). La rencontre entre le Président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Président américain Donald Trump a tourné au fiasco. Absent de la rencontre, un homme s'est frotté les mains, et a bu du petit lait, le Président russe Vladimir Poutine.

    Ceux qui projetaient sur Donald Trump l'arrivée d'un demi-dieu en seront pour leurs frais : la clique de Trump n'est revenue au pouvoir que pour des objectifs sonnants et trébuchants. Leur seule valeur, c'est l'argent. Le pognon, le fric ! Ils s'intéressent à l'Ukraine uniquement pour ses minerais de terres rares, matériaux stratégiques pour la micro-électronique. Le reste, ils s'en moquent. Ils s'en lavent les mains.

     

     
     


    Les partisans de Trump veulent dérober la richesse de l'Europe tout en refusant la contrepartie, à savoir continuer à protéger militairement l'Europe par l'OTAN. La France, dans ce cadre, est mieux reconnue comme un acteur de défense majeur grâce à sa dissuasion nucléaire.

    Ils se moquent de la sécurité de l'Europe, et les Européens auraient dû le prévoir depuis longtemps. Le Président français Emmanuel Macron ne cesse de répéter depuis trois ans, voire depuis huit ans, qu'il faut que les Européens puissent organiser leur défense en toute indépendance des États-Unis. Depuis les élections fédérales du 23 février 2025 en Allemagne, il a désormais un nouvel allié géostratégique de poids avec Friedrich Merz, probable futur Chancelier allemand et la pire option pour Vladimir Poutine. Olaf Scholz n'avait rien compris au changement de paradigme des relations internationales.


     

     
     


    D'ailleurs, c'est ce que disait la journaliste Marion Van Renterghem le 27 février 2025 sur France 5 : « Trump, Poutine et Xi veulent diviser l’Europe pour la détruire. La bêtise des souverainistes qui les soutiennent en France et en Europe est de ne pas voir que s’il n’y a plus d’Europe, il n’y aura plus de souveraineté nationale du tout. ».

     

     
     


    On avait considéré la venue du Président Zelensky à Washington comme une marque d'estime du nouveau gouvernement américain. Erreur ! Ce n'était qu'un piège politique à usage de politique intérieure. Le dialogue filmé en direct du bureau ovale de la Présidence des États-Unis était surréaliste, mais il avait un but, influencer "l'opinion publique" américaine. Pour preuve, le tweet du désormais pseudo-ministre Elon Musk après la rencontre : « Zelensky s'est détruit aux yeux du peuple américain. ».

    Tout était prévu depuis longtemps, le lâchage du peuple ukrainien par Donald Trump. Ce dernier a laissé son Vice-Président J. D. Vance attaquer Volodymyr Zelensky avec des arguments grossiers et stupides : vous devez être reconnaissants envers les États-Unis, vous devez les remercier, etc.

     

     
     


    Le pire, c'est lorsque Donald Trump a expliqué au Président ukrainien que son pays était en difficulté, qu'il manquait de troupes, qu'il allait perdre la guerre. On aurait pu imaginer un tel dialogue avec Vladimir Poutine, mais pas venant du principal soutien dans la guerre. Donald Trump a donné des arguments à Vladimir Poutine pour qu'il continue la guerre d'agression contre l'Ukraine et ne lâche rien.

    C'était ce qu'anticipait l'ancien ambassadeur de France à Washington Gérard Araud, lorsqu'il expliquait le 27 février 2025 sur LCI : « Vous avez le chef d'un pays qui se bat depuis trois ans contre les envahisseurs, et son principal soutien est en train de le poignarder dans le dos tout en le rackettant. ».

    Donald Trump est non seulement le roi de l'individualisme et de l'égoïsme, en bon vautour, mais aussi le roi de la prétention. Volodymyr Zelensky a expliqué qu'il était inutile de vouloir négocier des accords avec Vladimir Poutine parce qu'il les violait allègrement depuis 2014. Alors Donald Trump lui a dit que le Président russe les violait quand c'était Barack Obama ou Joe Biden, mais avec lui, impossible ! Quel atout il a pour empêcher Vladimir Poutine de gruger l'Amérique de Trump ? Mystère ! Un vieillard de presque 79 ans qui se croit plus malin que les autres.

     

     
     


    Certains éditorialistes outre-atlantiques considèrent que la volonté de Donald Trump pour conclure un accord de paix avec Vladimir Poutine est un peu comme celle de Neuville Chamberlain pour faire la paix à Munich. Mais il y a une grande différence : Neuville Chamberlain (pour les Britanniques) et Édouard Daladier (pour les Français) ont eu honte de leur lâcheté d'abandonner la Tchécoslovaquie aux mains de Hitler dans l'objectif de préserver la paix, ce qui fut un soulagement très illusoire et de très courte durée.

    Lisons ce que dit Wikipédia de cet épisode du 30 septembre 1938 à Munich des relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et l'Allemagne de Hitler : « Chamberlain lui lit un document de trois paragraphes intitulé "accord anglo-allemand", dans lequel les deux nations considèrent les accords de Munich comme "un symbole de la volonté de nos deux peuples de ne plus jamais entrer en guerre". Les deux hommes signent le document immédiatement. Par la suite, lorsque le Ministre des Affaires étrangères du Reich, Joachim von Ribbentrop, reproche à Hitler la signature de ce document, le Führer lui répond qu’il est "inutile de le prendre au sérieux. Ce morceau de papier n’a absolument aucune valeur". À l’inverse, lorsqu’il retourne à son hôtel pour le déjeuner, Chamberlain tapote sa poche de poitrine en disant : "Je l’ai118 !". Les nouvelles précèdent son retour à Londres et y sont accueillies avec joie, hormis par Churchill et ses partisans. ». Churchill, comme Chamberlain, étaient des conservateurs. Le premier a succédé au second le 10 mai 1940, lors de l'avancée rapide des nazis sur le front ouest.

     

     
     


    Il y a effectivement une grande différence avec la situation actuelle. Donald Trump, lui, pense pouvoir obliger Vladimir Poutine à respecter un éventuel accord de paix, mais de toute façon, il ne se sentira pas du tout lâche en interrompant le soutien inconditionnel à l'Ukraine et il l'assumera : il n'a rien à faire de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et de son indépendance. Elle n'est qu'un magasin à matériaux, qu'on peut piocher tant qu'il est encore temps.

    De plus en plus de Français, et même d'Européens, commencent à se rendre compte que l'action diplomatique d'Emmanuel Macron depuis 2022 est très pertinente. Il est toujours terrible d'avoir raison avant tout le monde. La haine développée par certains contre Emmanuel Macron a fait l'effet d'un aveuglément ou d'une surdité devant les graves enjeux du bouleversement des relations internationales depuis une dizaine d'années. Heureusement, Emmanuel Macron assure ! Sa réunion européenne à l'Élysée le 17 février 2025 l'a démontré.

     

     
     


    Cet épisode du 28 février 2025 restera dans les mémoires comme le triste exemple d'un retournement complet d'alliance, et disons-le, d'une trahison. Dans l'une des vidéos sur Youtube, il y a des réactions assez saines. Ainsi, un internaute parlait déjà au futur antérieur : « Cette rencontre entre Trump, Zelensky et J. D. Vance restera dans l'histoire et inspirera certains enseignements en sciences politiques. ». Un autre se désolait : « Sûr ! La plus grande honte de l'exécutif américain depuis la fondation de ce pays. ».

    Le Président Zelensky a claqué la porte et a quitté prématurément la Maison-Blanche sans tenir de conférence de presse commune et sans convenir d'un accord. Pour autant, rien n'est encore figé. Les discussions pourraient reprendre. Le Président ukrainien a même envoyé un tweet encourageant : « Merci l'Amérique, merci pour votre soutien, merci pour cette visite. Merci POYUS, le Congrès et le peuple américain. L'Ukraine a besoin d'une paix juste et durable, et c'est précisément dans ce but que nous travaillons. » [POTUS, c'est Donald Trump, President Of The United States].

    Mais aujourd'hui, incontestablement, Vladimir Poutine peut se réjouir de la situation : ses trolls et ses désinformateurs en Europe et en Amérique ont été efficaces. Certains y ont même pris le pouvoir.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (28 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !










    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250228-ukraine.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/ukraine-trump-porte-parole-de-259598

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/28/article-sr-20250228-ukraine.html



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  • 3 ans de guerre en Ukraine

    « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. (…) Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. (…) Ce n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore. (…) Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ? » (Paul Valéry, 1919).



     

     
     


    Le lundi 24 février 2025, cela fera trois ans que l'Ukraine est en guerre. Il faut bien comprendre que l'Ukraine est un pays similaire à d'autres pays en Europe, Kiev est comme Bucarest, Varsovie, Prague, Berlin, Madrid ou Paris, une grande capitale européenne avec beaucoup d'activité économique, culturelle, touristique.

    Il faut imaginer que l'Ukraine ressemble aujourd'hui, dans sa partie est, au même enfer que le front du nord-est de la France pendant la Première Guerre mondiale. On peut faire le même parallèle. Les soldats russes, en envahissant l'Ukraine par le nord, depuis la frontière biélorusse, étaient comme nos Poilus d'août 1914 ; ils pensaient que leur expédition durerait quelques semaines, peut-être deux ou trois mois, et qu'ils reviendraient victorieux dans leur chaumière, la guerre finie. Pour l'Ukraine, c'est sans doute pire, car l'autocrate de Moscou comptait remporter la victoire en quelques jours, comme les troupes soviétiques avaient réussi à mettre sous contrôle la Tchécoslovaquie en 1968 ou la Hongrie en 1956. C'est-à-dire sans combat réel.

    Les centaines de milliers de morts du côté russe comme du côté ukrainien sont de la responsabilité unique d'un homme, Vladimir Poutine, va-t-en-guerre nationaliste qui, pour réaliser la Grande Russie, n'a pas hésité tant à tuer cette multitude de personnes qu'à remettre en cause les règles élémentaires du droit international, et cela dès mars 2014 et l'annexion de la Crimée.


     

     
     


    Ni l'Ukraine qui ne demandait qu'à être libre de décider son destin comme elle l'entend, ni l'OTAN qui n'était pas présente en Ukraine, ne constituaient une menace pour la Russie sauf dans le cerveau paranoïaque de Vladimir Poutine. Du reste, on a bien vu que la situation de la Russie est moins favorable aujourd'hui qu'hier car la tentative d'invasion de l'Ukraine a poussé la Finlande et la Suède à adhérer immédiatement à l'OTAN, alors que ces deux pays voulaient rester neutres (mais ils ont maintenant peur d'être envahis par la Russie). Si la prétendue opération militaire spéciale avait pour but de réduire les menaces avec l'OTAN, elle a été fortement contre-productive, d'autant plus qu'elle a fait exploser le patient travail de crédibilité internationale qu'avait pourtant réalisé Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000 pour la Russie.

    Il faut saluer la résistance extraordinaire des Ukrainiens qui ont refusé de subir la décision de Vladimir Poutine, et en particulier de leur Président de la République Volodymyr Zelensky qui, par son courage et sa détermination, a maintenu la continuité de la nation ukrainienne. Contrairement à ce qui est proclamé par les désinformateurs professionnels qui n'abusent personne, même en fin de mandat, Volodymyr Zelensky est légitime car l'état de guerre du pays empêche constitutionnellement l'organisation d'élections libres et sincères. D'ailleurs, la question se poserait de définir correctement la liste électorale, si les habitants par exemple d'une zone annexée unilatéralement par la Russie mais encore sous contrôle militaire de l'Ukraine pourraient voter ou pas, etc.

    Ce que certains courants politiques en Europe refusent volontairement de comprendre, c'est que la guerre en Ukraine concerne toute l'Europe, nous concerne, et le risque d'extension de la guerre par Vladimir Poutine est réel dès lors qu'il a évoqué la Grande Russie : les États baltes, la Roumanie, la Pologne, et bien sûr la Moldavie et la Géorgie dont le malheur commun est de ne pas appartenir à l'Union Européenne, sont sous la menace de nouvelles invasions poutiniennes.


    Jusqu'à maintenant, l'allié américain était au rendez-vous de l'histoire et a aidé l'Europe dans sa défense, trop conscient de l'intérêt stratégique à protéger ses alliés les plus fidèles. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche il y a juste un mois a considérablement changé la donne du continent européen.

     

     
     


    D'une part, Donald Trump ne connaît que le langage de l'argent : si à court terme, il en fera profiter le peuple américain, ce qui reste à démontrer (l'augmentation des taxes douanières, c'est les consommateurs américains qui paieront !), à long terme, c'est une hérésie stratégique de se mettre à dos ses alliés les plus proches en valeurs. La dernière sortie de Donald Trump contre Volodymyr Zelensky sous prétexte qu'il a refusé de brader ses minerais précieux est particulièrement inquiétante dans la mesure où le Président américain serait prêt à aller jusqu'au bout de son chantage pécuniaire et à pactiser avec le tyran russe.

    D'autre part, ce retournement des États-Unis qui voudraient négocier avec la Russie sans l'Ukraine et sans l'Europe est également très inquiétant. Il nous rappelle que rien n'est jamais immuable et que rien n'est jamais acquis dans les relations internationales, et ce sont les naïfs les premières victimes.
     

     
     


    Cette instabilité internationale pourrait, je l'espère, provoquer une réaction salutaire, une sorte d'électrochoc dont seulement deux issues sont possibles : ou la mort, ou le réveil vers une Europe totalement indépendante des États-Unis, c'est-à-dire avant tout militairement indépendante des États-Unis.

    Cela signifierait que la France est un pays crucial dans cette optique. Seul pays à disposer d''armes de dissuasion nucléaire à l'intérieur de l'Union Européenne, il est bien sûr la cible privilégiée de Vladimir Poutine qui n'a jamais cessé d'inonder la France de manipulateurs, désinformateurs, etc.

    Et la France, consciente de cet état de fait, a su prendre ses responsabilités. On avait ironisé sur Emmanuel Macron lorsqu'il avait cherché à négocier, avant la guerre, avec Vladimir Poutine jusqu'à être reçu au Kremlin autour d'une immense table, tellement caricaturale qu'un auteur de romans aurait été incapable d'imaginer une telle situation. Aujourd'hui, on commence à se dire qu'Emmanuel Macron avait eu raison de quand même tenter la méthode diplomatique avant l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. À l'instar de Jacques Chirac cherchant à dissuader les Américains d'envahir l'Irak en 2003-2004. En vain.

     

     
     


    Emmanuel Macron n'a jamais failli à ses responsabilités diplomatiques et militaires et c'est l'honneur de la France. La réunion décidée très rapidement des Européens autour d'Emmanuel Macron à l'Élysée le lundi 17 février 2025 a montré une évidente réactivité européenne face à une collusion possible entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

    En France, les trolls pro-Poutine qui submergent les réseaux sociaux et le Web participatif de la parole du Kremlin depuis une vingtaine d'années, dont la motivation est anti-américaine par excellence, vont devoir changer radicalement leur mode de pensée avec la complicité d'un Donald Trump qui ne voudrait batailler que contre la Chine, si possible seulement économiquement.


    Et l'Europe dans tout ça ? Il n'y pas de mystère, il n'y a qu'une seule décision que chaque État européen doit prendre pour résister aux enragements guerriers de Vladimir Poutine et à l'abandon lâche et vénal des États-Unis : il faut que chaque nation investisse massivement dans sa défense militaire, qu'il engage au moins 5% de son PIB pour son armée et son armement. C'est la seule réponse admissible, la seule qui peut être efficace pour engager un rapport de force avec un autocrate qui ne connaît que cette logique : combien de canons ? combien de divisions ?

    Bien entendu, dépenser beaucoup plus en défense signifie réduire drastiquement d'autres budgets, et le seul budget qu'on peut réduire de manière drastique, en France, c'est celui des aides sociales, quelles qu'elles soient. Voulons-nous exister en tant que nation indépendante ou acceptons-nous de couler avec nos 35 heures, notre énième semaine de congé, avec notre retraite par répartition complètement déficitaire, etc. ? Elle est là la réforme de l'État : réaffecter les enveloppes budgétaires pour être sérieusement défendus par nos armées, tant de manière conventionnelle qu'avec la dissuasion nucléaire (qui ne suffit pas seule à défendre le pays).
     

     
     


    On aurait pu penser que la classe politique française, inquiète de la situation internationale, propose des solutions, qui pourraient se résumer à du sang et des larmes. Eh bien, pas du tout. Au contraire, depuis l'été 2024, c'est à celui qui rasera le plus gratis, c'est à celui qui promettra le plus de clientélisme, avec une solution miracle, on taxe les riches, ce qui aura pour effet de taxer tout le monde (on est toujours le riche de quelqu'un), et pour autre effet de repousser à l'extérieur de la communauté nationale les vrais riches qui créent de la valeur ajoutée et qui ont les moyens de se délocaliser.

    Il suffit de regarder le débat politique ultrapauvre de ces derniers jours. Un jour, les socialistes, en pleine perspective de congrès interne, déposent une motion de censure pour dire qu'ils sont dans l'opposition tout en faisant attention qu'elle ne soit pas vraiment adoptée car il ne faut pas exagérer, juste pour un mot prononcé par le Premier Ministre. Jeu de rôles mortifère pour un observateur étranger. Un autre jour, un potentiel candidat à l'élection présidentielle, habitué à la teinte de cheveux... mais en gris !, au lieu de présenter aux Français ses vues sur l'état du monde, sa vision géostratégique pour la France, ne cherche qu'à opposer les uns aux autres juste pour prendre un éventuel avantage sur un ministre dans la même course à l'échalote. Niveau zéro de la vie politique. Dire que ces deux partis représentaient les deux tiers de l'électorat il y a encore une dizaine d'années !

    Bref, on n'est dans une situation pire que celle du Front populaire qui imaginait des congés payés, des augmentations, des loisirs, alors que Hitler remilitarisait à outrance l'Allemagne. Il y a un côté hors-sol des Français, j'écris bien des Français et pas seulement de leur classe politique qui ne fait que répondre aux désirs des électeurs par sondages interposés.


     

     
     


    Le réveil, si réveil il y a (on peut mourir sans s'être réveillé), va être bien lourd à assumer. Tant pour les responsables politiques que pour les Français eux-mêmes. Rappelez-vous, en 1918, cela devait être la der des der.

    Dans "La Crise de l'esprit", publié en 1919, Paul Valéry poursuivait : « Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience (…). Et dans le même désordre mental, à l’appel de la même angoisse, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensées : dogmes, philosophies, idéaux hétérogènes ; les trois cents manières d’expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant d’une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiévreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d’autrefois, les moyens de se défaire des fils de fer barbelés, de déjouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, l’âme invoquait à la fois toutes les puissances transcendantes, prononçait toutes les incantations qu’elle savait, considérait sérieusement les plus bizarres prophéties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antérieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont là les produits connus de l’anxiété, les entreprises désordonnées du cerveau qui court du réel au cauchemar et retourne du cauchemar au réel, affolé comme le rat tombé dans la trappe… ».



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (21 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !


     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250223-ukraine.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/3-ans-de-guerre-en-ukraine-259373

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/17/article-sr-20250223-ukraine.html


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  • Trump II : de justiciable à justicier !

    « En quelques mois, Donald Trump est passé de justiciable à justicier, et depuis son élection le 5 novembre dernier, le milliardaire vit une sorte d'état de grâce, adoubé et craint, avant même d'avoir réellement repris le pouvoir. » (Nicolas Teillard le 17 janvier 2025 sur France Info).



     

     
     


    Le 47e Président des États-Unis Donald Trump s'apprête à prêter serment sur la Bible ce lundi 20 janvier 2025 à Washington. Il succède à celui qui lui a succédé, Joe Biden. Donald Trump a prévu des festivités à la hauteur de l'événement historique et de la valeur pécuniaire de l'action Trump II, à savoir plusieurs centaines de millions d'euros provenant de ses nombreux admirateurs... ou copains milliardaires intéressés. Village People sera au rendez-vous. L'Amérique va sacrer Trump comme Napoléon Ier s'est sacré lui-même empereur. Pour les caricaturistes, c'est génial puisque Donald Trump est désormais pire que ses caricatures.

    Pour mon titre, j'ai honteusement copié un sous-titre de France Info qui rappelait le 17 janvier 2025 que le nouveau Président américain était quand même poursuivi par la justice américaine pour avoir refusé le verdict électoral du 2 novembre 2020, fait pression sur des responsables électoraux pour manipuler les résultats (en particulier en Géorgie), et surtout, pour avoir encouragé la véritable tentative de putsch au Capitole le 6 janvier 2021.

    Il ne serait que trop long d'énumérer la liste des poursuites judiciaires dont il a fait l'objet (viol, coup d'État, etc.) avec probablement un sommet avec son incarcération très courte le 24 août 2023 par l'État de Géorgie pour trafic d'influence sur les dépouillements des élections du 2 novembre 2020.


     

     
     


    Aujourd'hui, la situation est complètement changée et les opportunistes se tournent vers le nouveau maître des États-Unis, un maître qui va avoir une toute puissance politique très rare historiquement car le 5 novembre 2024, non seulement il a été très largement (ré)élu, face à Kamala Harris, mais il a conquis le Sénat et gardé la Chambre des Représentants.

     

     
     


    Le jeudi 16 janvier 2025, le futur Président a publié son portrait officiel qui est très différent de la photographie souriante de 2016 (la dernière image de cet article). Elle représente un Donald Trump défiant, frimant, intimidant (ci-après), qui fait inévitablement penser à sa trombine lorsqu'il a été incarcéré en été 2023 (la première photographie de l'article).
     

     
     


    Depuis le 5 novembre 2024, la résistance anti-trumpienne s'est effondrée et tout le monde a retourné sa veste s'il ne l'avait pas fait auparavant comme Elon Musk. L'hebdomadaire très réputé "Time" a fait sa une du 30 décembre 2024 avec Donald Trump sacré l'homme de l'année 2024 alors qu'il n'a encore rien fait au pouvoir. Je rappelle qu'il avait failli perdre la vie le 13 juillet 2024 lors d'une tentative d'assassinat (qui a coûté la vie d'un sympathisant de 50 ans).

     

     
     


    Au moment où les Français rendait hommage aux victimes de l'attentat de "Charlie Hebdo" tués il y a dix ans, la dessinatrice de presse Ann Telnaes a été victime d'une véritable censure de la part de son employeur, le "Washington Post" (originellement pro-démocrate), auquel elle collaborait depuis 2008 sans aucune restriction de sa liberté d'expression. Le dessin en cause, qu'elle a publié sur son blog le 4 janvier 2025, représente Mark Zuckerberg (FaceBook), Sam Altman (OpenAI), Patrick Soon-Shiong ("Los AngelesTimes"), Walt Disney Company et Jeff Bezos (Amazon), qui est le propriétaire du "Washington Post", se prosternant devant le nouveau grand maître Trump.

     

     
     


    Membre du conseil consultatif de la Freedom Cartoonists Foundation (basée à Genève) et ancien membre du conseil d'administration de Cartoonistes Rights, Ann Telnaes constatait : « Au fil des ans, j’ai vu mes collègues étrangers risquer leur gagne-pain et parfois même leur vie pour dénoncer les injustices et demander des comptes aux dirigeants de leur pays. ». Désormais, son pays serait aussi à inscrire sur la longue liste des pays qui prennent des libertés avec la liberté d'expression (contrairement à ce que prône Elon Musk).

    En effet, dans son blog, elle a expliqué : « En tant que dessinatrice éditorialiste, mon travail consiste à demander des comptes aux personnes et aux institutions puissantes. Pour la première fois, mon rédacteur-en-chef m’a empêché de faire ce travail essentiel. J’ai donc décidé de quitter le Post. Je doute que ma décision fasse beaucoup de bruit et qu’elle soit rejetée parce que je ne suis qu’une dessinatrice. Mais je ne cesserai pas de faire connaître la vérité au pouvoir par mes dessins, car comme on dit, "la démocratie meurt dans l’obscurité". ».

    La période de transition de deux mois et demi, toujours un peu exceptionnelle, a été particulièrement mise à profit par Donald Trump : en s'octroyant l'allégeance de tous les géants de la technologie, habituellement démocrates, et en faisant preuve de son imprévisibilité désormais prévisible. Ainsi, sa position sur l'Ukraine est loin d'être molle face à Vladimir Poutine et la paix en 24 heures qu'il avait promise pendant sa campagne présidentielle est maintenant oubliée (on parle aujourd'hui de six mois).

     

     
     


    Les déclarations déconcertantes et agressives sur les menaces d'annexion armée du Groenland, du canal de Panama, voire du Canada ont montré surtout un égoïsme probablement majoritaire au sein du peuple américain, prêt à perdre des alliés sûrs pour leurs affaires économiques. Car l'objectif de Donald Trump, d'abord un homme d'affaires milliardaire, c'est de faire des affaires et l'augmentation probable et énorme des taxes douanières risquent de coûter très cher à l'Europe.

     

     
     


    De même, la paix à Gaza a franchi une étape décisive ce samedi 18 janvier 2025 avec l'accord de Benyamin Netanyahou, un accord proposé par le Président Joe Biden depuis le printemps 2024 qui impose un cessez-le-feu à Gaza en contre-partie de la libération des otages israéliens (on parle des deux otages franco-isréaliens dans la liste) et de libération de prisonniers palestiniens (certains condamnés pour des actes criminels). Même si Donald Trump a été impliqué dans cet accord, il intervient avant la prise de fonction, ce qui sauve l'honneur de Joe Biden qui n'aura pas à supporter un Donald Trump annonçant la paix à Gaza le jour même de son investiture.

     

     
     


    Son investiture fait elle-même l'objet de toutes les convoitises. Les places d'invitation sont rares et chères. On y côtoiera les chefs d'État et de gouvernement populistes et, pour certains, illibéraux, comme Javier Milei, Giorgia Meloni, Viktor Orban, etc. Pour la France, Éric Zemmour, sa compagne (élue députée européenne) et Marion Maréchal ont été invités, en revanche, pas Marine Le Pen ni Jordan Bardella qui, pourtant, en mouraient d'envie et qui se sont vus ainsi méprisés par le futur Président des États-Unis (je persiste à croire que ce serait plutôt un avantage électoral en France puisqu'on soupçonne justement le RN d'être trumpiste). Aucune délégation russe ne serait présente, tandis que la Chine communiste serait représentée par son Vice-Président.

     

     
     


    Donald Trump a annoncé l'arrestation massive de migrants illégaux dès le lendemain de son investiture. On imagine aussi l'accélération des exécutions, comme il l'avait fait lors des six derniers mois de son premier mandat où treize personnes condamnées à mort par l'État fédéral ont été exécutées alors qu'ils étaient en tout seize depuis cinquante ans...
     

     
     


    Au-delà des Européens, des citoyens américains auront des raisons de s'inquiéter du retour de Donald Trump dont la politique est tournée vers ceux qui veulent faire des affaires. Il y aura beaucoup de laissés-pour-compte. Ils pourront dire à leurs petits-enfants, plus tard, à l'instar de Céline dans "Mort à crédit" : « C'était encore lui le plus vicelard !... On était dans de jolis draps !... Je ressentais toute la mouscaille, toute l'avalanche des machetagouines qui me rafluaient sur mes talons... C'était mochement compromis l'avenir et nos jolis rêves !... Y avait plus beaucoup d'illusions !... ». Rideau !


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (18 janvier 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Trump II : de justiciable à justicier !
    Canada, Groenland, Panama : Donald Trump est-il fou ou cynique ?
    Attentat à La Nouvelle-Orléans : les États-Unis durement endeuillés.
    Jimmy Carter, patriarche de l'humanitaire.
    Shirley Chisholm.
    Katalin Kariko et Drew Weissman.
    Rosalynn Carter.
    Walter Mondale.
    Marathonman.
    Bob Kennedy.
     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250118-trump.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/trump-ii-de-justiciable-a-258670

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/01/18/article-sr-20250118-trump.html




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  • Canada, Groenland, Panama : Donald Trump est-il fou ou cynique ?

    « Je ne peux pas vous l’assurer. Vous parlez du Panama et du Groenland. Non, je ne peux vous assurer ni l’un ni l’autre. Mais je peux vous dire ceci. Nous en avons besoin pour notre sécurité économique. » (Donald Trump le 7 janvier 2025 à Mar-a-Lago, à propos d'une intervention militaire américaine).



     

     
     


    La réponse à la question pourrait être : Donald Trump est visionnaire... mais dans l'intérêt des Américains, évidemment ! Il faut exclure la folie. Il faut toujours prendre le cynisme avec Donald Trump, qui a porté à la puissance extrême l'égoïsme, l'égocentrisme et les intérêts bien compris (les siens et ceux de ses copains). Les partisans de Donald Trump disent que le futur nouveau Président des États-Unis met juste en tension les relations pour aborder des négociations économiques en position de force. Néanmoins, il faut comprendre ses motivations profondes.

    Depuis quelques jours, le Président élu, comme on l'appelle encore jusqu'au 20 janvier 2025, c'est-à-dire qui ne représente pas encore les États-Unis mais qui va les représenter dans dix jours, a fait une série de déclarations (notamment sa longue conférence de presse tenue le 7 janvier 2025 à sa résidence de Mar-a-Lago en Floride) et de tweets (ou autres) dans les réseaux sociaux qui ont de quoi inquiéter.

    En gros, il souhaite trois choses pour les États-Unis : reprendre la souveraineté du Canal de Panama, fusionner avec le Canada et annexer Groenland. Rien que ça ! Les visées expansionnistes de Donald Trump ont de quoi effrayer la "communauté internationale", comme on l'appelle, d'autant plus qu'il n'a pas exclu de recourir à la force armée pour recourir à ses fins.

    Les États-Unis attaquant militairement le Groenland voire le Panama, est-ce imaginable ? Il ne faut pas oublier l'épisode de la guerre des Malouines au début des années 1980 (2 avril 1982 au 14 juin 1982), entre le Royaume-Uni et l'Argentine qui voulait reprendre le contrôle des îles Falkland. Dans cette guerre, certains y ont perdu la vie (au moins 910 personnes, ce n'est pas négligeable).
     

     
     


    Actuellement, Donald Trump ne représente pas les Américains et ses déclarations sont comme des slogans de campagne, sans la responsabilité d'État. En quelque sorte, c'est du teasing, ou plutôt, ce sont des menaces voilées, sans conséquence tout en secouant bien les acteurs concernés en insinuant qu'il faudra bien prendre au sérieux les demandes de Donald Trump. (La période de transition entre l'élection et l'investiture du nouveau Président des États-Unis est toujours un moment particulier). Ce qui est clair, c'est que Donald Trump a une vision claire de ce qu'il veut faire pour les États-Unis et qu'il reste encore et toujours imprévisible.
     

     
     


    Le Canal du Panama a été construit par les Français et par les Américains. Il est un point stratégique essentiel des Américains pour naviguer de la la côte est à la côte ouest et inversement. L'utilisation de ce passage par les Chinois pose problème à Donald Trump qui souhaite réorienter économiquement ces flux. Le Panama n'a pas d'armée et c'est une obligation constitutionnelle qui rend la reconquête du Canal par les États-Unis sans vraiment de risques militaires. L'objectif de Donald Trump, c'est la baisse des droits de péage pour les navires américains. Et, dans la foulée, renommer le Golfe du Mexique par Golfe de l'Amérique.

    Pour le Canada, la situation est à la fois pareille et différente et il l'a réaffirmé après la démission du Premier Ministre canadien Justin Trudeau le 6 janvier 2025 : Donald Trump souhaite la fusion du Canada dans les États-Unis, en faire son 51e État. Il y a des raisons économiques très fortes puisque Donald Trump voudrait pouvoir profiter des gisements de gaz de schiste nombreux au Canada pour renforcer l'indépendance énergétique des États-Unis. Sur le plan géopolitique, un ensemble États-Unis-Canada représenterait plus de 19 millions de kilomètres carré et serait le premier pays du monde en superficie, dépassant le premier actuel, la Russie avec 17 millions de kilomètres carré. Après tout, ses prédécesseurs ont déjà acheté (pour un poignée de lentilles à l'échelle de l'histoire) la Louisiane et la Floride à la France et l'Alaska à la Russie. On s'amusera... ou pas d'un tweet d'un fils Trump présentant son père faisant ses achats de territoires sur Amazon (à la fin de l'année dernière, déjà).

     

     
     


    Donald Trump, dans un renouveau de la méthode Coué, prétend que beaucoup de Canadiens souhaiteraient devenir citoyens américains (c'est-à-dire, citoyens des États-Unis), et expose les avantages d'une telle fusion : moins d'impôts pour les Canadiens, moins d'immigrés, plus de protection militaire. La réalité, c'est que la plupart des Canadiens n'apprécient pas du tout la vision politique de Donald Trump et sont très jaloux de leur indépendance.

    De plus, les républicains devraient se méfier de cette idée trumpienne car avec une telle fusion (absolument improbable), les républicains risqueraient d'être privés de la Maison-Blanche pendant longtemps. En effet, avec 35 millions d'habitants, le Canada représenterait la même importance que la Californie et aurait une cinquantaine de grands électeurs aux élections présidentielles, probablement démocrates car c'est la sociologie du Canada.

    Enfin, troisième annexion voulue, prendre au Danemark la souveraineté du territoire autonome (depuis 1979) du Groenland (des élections importantes y ont d'ailleurs lieu dans les prochaines semaines). L'île arctique fait 2,2 millions de kilomètres carré et compte 55 000 habitants (nettement moins que Mayotte). Là aussi, les raisons économiques motivent Donald Trump, à la fois pour sa richesse minière qui pourrait lui permettre de se passer économiquement de Taïwan (ce qui serait grave pour les Taïwanais qui ne doivent leur autonomie/indépendance qu'à la seule protection de leur allié américain) et cela permettrait aussi de tracer une route maritime par le pôle Nord qui sera de plus en plus incontournable (car plus courte) avec le réchauffement climatique (que Donald Trump nie parallèlement !). Ce n'est d'ailleurs pas nouveau ; déjà le 18 août 2019, alors qu'il était Président en exercice, Donald Trump avait confirmé les rumeurs du 15 août 2019 sur son intérêt pour le Groenland : « Le concept a surgi et j'ai dit que stratégiquement, c'était certainement intéressant. » en évoquant une « grosse transaction immobilière ». Dans leur compétition avec la Chine et la Russie, les États-Unis ont toujours considéré le Groenland comme d'un intérêt géostratégique majeur pour leur sécurité nationale.

     

     
     


    Les Français devraient se sentir concernés par le Canada (leurs amis québécois) et par le Groenland. En n'excluant pas de recourir à la force, Donald Trump a fait en effet carrément une déclaration de guerre au Danemark, et donc à l'Union Européenne, et donc à la France par incidence. Ce qui est stupide, c'est que les États-Unis auraient intérêt à au contraire ménager ses alliés européens qui sont à peu près les seuls fiables du monde multipolaire actuel. Et les objectifs économiques des États-Unis (en gros, pouvoir exploiter sans taxe) seraient tout aussi bien atteints sans un tel rapport de force qui va inquiéter inutilement ses alliés.

    Cela a aussi, plus généralement, une conséquence désastreuse dans le monde entier. Cet expansionnisme territorial, qui fait retomber le monde au XIXe siècle (Donald Trump serait-il l'empereur Smith des albums de Lucky Luke ?) casse tout le droit international d'après-guerre et replonge la planète dans la loi du plus fort. Ce qui donne a posteriori raison à Vladimir Poutine dans sa tentative d'invasion de l'Ukraine, ou du moins, le conforte sur le fond, et confortera inévitablement la Chine communiste à reprendre la souveraineté de Taïwan.

     

     
     


    On le voit, la vision que Donald Trump a du monde, elle n'est pas folle, elle est juste cynique. C'est celle des intérêts des États-Unis mais aussi de ses propres intérêts particuliers et de ceux de ses amis, comme Elon Musk. Une vision du seul contre tous, du rapport de force permanent, de l'affrontement comme mode de dialogue, du coup d'État permanent, pour paraphraser François Mitterrand. La plus grosse erreur que pourraient faire les alliés traditionnels des États-Unis, dont font partie la France et l'Europe, c'est de ne pas prendre au sérieux Donald Trump. En visite au Quai d'Orsay à Paris ce mercredi 8 janvier 2025, le Secrétaire d'État américain (Ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken a assuré la France des considérations cordiales que son pays nourrissait avec la France et le monde, et a considéré que les relations se sont améliorées depuis 2020. Malheureusement, les démocrates quittent le pouvoir (c'est la loi de la démocratie) et les Européens en particulier vont devoir subir un mandat de quatre ans qui ne va pas leur être de tout repos.

    Pendant ce temps, en France, on hésite à censurer le gouvernement parce qu'il hésite lui-même à abaisser l'âge légal de la retraite alors que ses voisins (dont la Belgique) l'ont augmenté. Pourquoi est-ce que je me sens comme en 1936-1937, à l'époque où les Français étaient déjà complètement hors-sol malgré la situation internationale très grave ? Réveillons-nous ! Nous ne sommes pas dans un monde de bisounours. Il faut renforcer notre défense européenne.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 janvier 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Canada, Groenland, Panama : Donald Trump est-il fou ou cynique ?
    Attentat à La Nouvelle-Orléans : les États-Unis durement endeuillés.
    Jimmy Carter, patriarche de l'humanitaire.
    Shirley Chisholm.
    Katalin Kariko et Drew Weissman.
    Rosalynn Carter.
    Walter Mondale.
    Marathonman.
    Bob Kennedy.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250107-trump.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/canada-groenland-panama-donald-258536

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  • Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !

    « France, je vous remercie pour défendre la vie ! » (Volodymyr Zelensky, le 7 juin 2024 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale à Paris).


     

     
     


    C'est en français (uniquement pour ces quelques mots) que le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié la France et les Français de soutenir la résistance ukrainienne contre l'agression des armées de Vladimir Poutine. Il était invité à s'exprimer devant la représentation nationale au Palais-Bourbon, à Paris, ce vendredi 7 juin 2024 vers 10 heures du matin.

    Le 23 mars 2022, moins d'un mois après le début de l'invasion russe, Volodymyr Zelensky s'était déjà adressé à tous les députés français, comme aux autres parlementaires étrangers, mais en visioconférence, à distance. Sa présence physique ce jour est donc une étape supplémentaire des relations entre l'Ukraine et la France depuis le sinistre 24 février 2022. D'ailleurs, les parlementaires des deux pays ont noué des relations très fortes : la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet s'était exprimé à la tribune de la Rada, la chambre basse ukrainienne à Kiev le 28 mars 2024, tandis que Ruslan Stefanchuk, le Président de la Rada, était venu s'exprimer à la tribune de la l'Assemblée Nationale à Paris le 31 janvier 2023.

    Accueilli par Yaël Braun-Pivet à l'Hôtel de Lassay, le Président Zelensky a été salué dans l'hémicycle par une ovation des députés, en présence également du Premier Ministre Gabriel Attal, des anciens Premiers Ministres Alain Juppé et Manuel Valls, ainsi que des anciens Présidents de l'Assemblée Nationale Jean-Louis Debré et Patrick Ollier.

     

     
     


    Évidemment, on ne peut ressentir qu'une grande émotion à l'écouter au sein même de l'hémicycle. Une émotion continue car elle était aussi très forte la veille, le 6 juin 2024 lors des cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Sa présence montrait qu'il tenait à rester debout, faisant partie d'un pays normal qui commémore normalement un fait de notre histoire récente. Les Français venant assister à ces cérémonies lui ont d'ailleurs offert un accueil très chaleureux.

    Célébrer une victoire d'il y a quatre-vingts ans et revenir à la guerre bien réelle, bien actuelle, hélas, en Ukraine. Ce parallélisme est pourtant imposant : sans soutien extérieur, l'Ukraine ne pourra pas résister aux troupes russes.


    Le message de Volodymyr Zelensky était simple. Vladimir Poutine, au mépris du droit international, a voulu annexer l'Ukraine et n'a aucune considération pour les vies humaines qu'il a détruites par millions, mais ce peu de considération, c'est également le cas pour le peuple russe. Ce qui lui a fait dire que le Président de la Fédération de Russie était la négation même des valeurs de l'Europe, la protection de la vie, la liberté, l'égalité et la fraternité.
     

     
     


    Émotion donc, mais aussi fierté d'être Français, d'être ce pays qui a su soutenir, parfois maladroitement au début mais très clairement aujourd'hui, l'Ukraine dans son combat pour sa survie, pour son existence même, pour sa liberté. Tous les trolls poutinolatres qui réclament la paix au prix de la capitulation de l'Ukraine mais jamais l'arrêt de l'agression russe préfèrent la paix à la liberté, mais que vaut la paix si le peuple n'est pas libre ? pas grand-chose parce que le peuple voudra se libérer un jour ou l'autre.

    Le Président Zelensky s'est appliqué à remercier très longuement les autorités françaises et en particulier Emmnauel Macron avec ces mots très forts : « Emmanuel, Monsieur le Président, je voulais te remercier de ne pas avoir laissé l'Europe sans leader et l'Ukraine sans la France au moment décisif ! ».

    Dans chaque intervention auprès des officiels étrangers, le Président ukrainien avait toujours deux messages à délivrer : merci de votre aide, mais aidez-nous plus ! Il l'a redit à la fin de son intervention, mais de façon beaucoup plus douce et discrète que d'habitude, parce qu'il sait que la France a décidé désormais d'y mettre les moyens : « Je vous suis reconnaissant pour ce que vous faites déjà, et c'est déjà beaucoup. Mais pour la paix juste, il faut plus. Et ce n'est pas un reproche. C'est juste comment vaincre le mal. Faire plus aujourd'hui qu'hier pour demain être plus près de la paix que jamais. Nous devons et nous réussissons tout cela. Merci pour votre alliance ! ».

     

     
     


    Il n'a pas du tout évoqué les Mirages 2000 qu'avait annoncés le Président de la République française dans son intervention télévisée de la veille, mais ce sujet est prévu d'être abordé au cours de la conférence de presse commune que Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron vont tenir ce 7 juin 2024 vers 19 heures à l'Élysée.

    Au-delà de cette émotion, de cette fierté, et de cet espoir que l'aide alliée puisse aider efficacement l'Ukraine, parlons aussi de la honte ressentie envers les nombreux députés absents ce matin lors de cette séance pourtant historique. On a dit que le vendredi, c'était le jour de la circo (circonscription) pour les députés, et qu'ils peuvent être en campagne pour les élections européennes. Ils auraient quand même pu faire le déplacement pour cette journée historique.


    Mais c'est manifestement plutôt un boycott, un signe de mauvaise humeur politicienne pour ces députés absents et l'ancien grand reporter Vincent Hugueux, très sollicité pour son expertise depuis la guerre en Ukraine, se demandait sur LCP ce que répondraient ces députés absents lorsque dans dix ou vingt ans, leurs enfants ou petits-enfants leur demanderaient : tu étais où, pendant cette journée historique ? Car les bancs clairsemés provenaient plutôt des groupes de la Nupes et du groupe d'extrême droite, même s'il faut noter la présence de Marine Le Pen, Éric Coquerel et Fabien Roussel, entre autres.
     

     
     


    Comment en effet reprocher au Président Zelensky de venir s'exprimer devant les députés français ? De nous faire l'honneur de venir s'exprimer au cœur de notre démocratie française, sous prétexte que c'est trois jours avant les élections européennes ? Si Volodymyr Zelensky s'est exprimé le 7 juin 2024, ce n'est pas pour des raisons de calcul électoraliste (et à qui cela profiterait-il, puisque tous les groupes politiques soutiennent l'Ukraine ? certes, plus ou moins sincèrement !), mais simplement parce qu'il était venu aux cérémonies la veille pour le Débarquement du 6 juin 1944 et qu'il repassait par Paris où il a vu également ce vendredi matin le Président américain Joe Biden puis verra le Président français Emmanuel Macron dans l'après-midi.

    Je suis fier et ému que la France, par la voix d'Emmanuel Macron mais aussi de la représentation nationale en accueillant Zelensky, a choisi de soutenir activement l'Ukraine, et pas seulement sur le plan militaire, également sur le plan humanitaire et d'accueil spontané des réfugiés ukrainiens par les familles françaises. La solidarité n'est pas un vain mot, mais elle doit être déclinée aussi par le peuple, pas seulement par ses dirigeants, elle est décisive pour construire un monde plus sûr de paix et de libertés.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240607-zelensky.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/zelensky-poutine-c-est-l-anti-255089

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  • Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne

    « Pour tous nos pays, appartenir aujourd’hui à l’Europe, c’est refuser de se laisser appartenir à la Chine, à la Russie ou même de s’aligner docilement sur les États-Unis. C’est refuser que notre continent de nouveau se divise et laisse son destin lui échapper. » (Jacques Delors, le 6 décembre 2021).



     

     
     


    Il y a vingt ans, le 1er mai 2004, l'Union Européenne, qui comptait quinze États membres, s'est élargie de dix États membres supplémentaires : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, Chypre et Malte. Le 1er janvier 2007, ce cinquième élargissement a été complété par l'adhésion également de la Roumanie et de la Bulgarie.

    Ce n'était pas le premier élargissement, ni le dernier, puisqu'il y a eu un 28e État membre qui a rejoint l'Union Européenne, la Croatie le 1er juillet 2013, mais celui de 2004 était l'élargissement le plus politique, et même, qui a revêtu la plus grande importance géopolitique. Sans même compter Chypre dans une partie est occupée par les Turcs depuis 1974.

    Avant d'évoquer cet élargissement très important, rappelons très rapidement les différentes dates des précédents élargissements. Les dates entre parenthèses correspondent à la ratification dans chaque pays du traité en question (pour que l'adhésion soit effective, il faut que tous les États membres et candidats à l'adhésion signent le traité correspondant, puisque ce traité soit ratifié par eux-mêmes, en particulier les futurs membres, selon les procédures constitutionnelles propres à chaque nation, par leur parlement ou par référendum).


    1er janvier 1958 (Europe des Six) : Création de la Communauté Économique Européenne (CEE) avec la France (23 juillet 1957), l'Allemagne (19 juillet 1957), l'Italie (9 octobre 1957), la Belgique (28 novembre 1957), les Pays-Bas (4 décembre 1957) et le Luxembourg (26 mars 1957), par le Traité de Rome signé le 25 mars 1957).

    1er janvier 1973 (Europe des Neuf) : Adhésion du Royaume-Uni (16 octobre 1972), de l'Irlande (10 mai 1972) et du Danemark (2 octobre 1972), par le Traité de Bruxelles signé le 22 janvier 1972.


    1er janvier 1981 (Europe des Dix) : Adhésion de la Grèce (28 juin 1979), par le Traité d'Athènes signé le 28 mai 1979.

    1er février 1985 : Retrait du Groenland après le référendum du 23 février 1982 (pourtant territoire du Danemark).

    1er janvier 1986 (Europe des Douze) : Adhésion de l'Espagne (26 juin 1985) et du Portugal (11 juillet 1985), par le Traité de Madrid-Lisbonne du 12 juin 1985.

    3 octobre 1990 : Réunification de l'Allemagne et rattachement de l'Allemagne de l'Est aux Douze.

    1er novembre 1993 : Transformation de la CEE en Union Européenne, par le Traité de Maastricht signé le 7 février 1992.

    1er janvier 1995 (Europe des Quinze) : Adhésion de l'Autriche (12 juin 1994), de la Suède (13 novembre 1994) et de la Finlande (16 octobre 1994), par le Traité de Corfou signé le 26 juillet 1994. La Norvège a renoncé à adhérer.


    1er mai 2004 : Adhésion de la Pologne (23 juillet 2003), de la Hongrie (21 décembre 2003), de la République tchèque (30 septembre 2003), de la Slovaquie (1er juillet 2003), de la Slovénie (28 janvier 2004), de la Lituanie (16 septembre 2003), de la Lettonie (2 octobre 2003), de l'Estonie (21 janvier 2004), de Malte (14 juillet 2003) et de Chypre (14 juillet 2003), par le Traité d'Athènes signé le 16 avril 2003.

    1er janvier 2007 : Adhésion de la Roumanie (17 mai 2005) et de la Bulgarie (11 mai 2005), par le Traité de Luxembourg signé le 25 avril 2005.

    1er juillet 2013 (Europe des Vingt-huit) : Adhésion de la Croatie (4 avril 2012), par le Traité de Bruxelles signé le 9 décembre 2011.

    1er février 2020 : Retrait du Royaume-Uni après le référendum du 23 juin 2016 sur le Brexit.

    Comme on le voit, l'élargissement du 1er mais 2004 a été le plus massif et a considérablement modifié la physionomie et le point de gravité de l'Europe. Avant 2004, le dernier élargissement a eu lieu le 1er janvier 1995 et il était en quelque sorte la dernière occasion d'unifier l'Europe occidentale. Après le noyau dur des six pays fondateurs (France, Allemagne, Italie et Benelux), le rattrapage du Royaume-Uni après une dizaine d'années de veto français (à cause de De Gaulle) avec le Danemark et l'Irlande en 1973, l'exception grecque voulue par Valéry Giscard d'Estaing dès 1981, les deux États de la péninsule ibérique en 1986 malgré les protestations des viticulteurs français (et italiens), en enfin les États scandinaves (sauf la Norvège qui préfère l'indépendance totale) et l'Autriche, l'Europe est devenue un bloc continental exclusivement occidental (avec deux États neutres, la Finlande et l'Autriche).

    C'est donc pendant les années 1990 que l'évolution européenne s'est poursuivie, en réponse à la chute de l'URSS et à la libération des États de l'Europe centrale et orientale anciennement sous le joug soviétique. La question était alors la suivante : fallait-il d'abord approfondir la construction européenne (rajouter des solidarités européennes à Quinze, plus facilement qu'à Vingt-cinq, et adapter le fonctionnement institutionnel) ou d'abord élargir aux pays de l'Europe centrale et orientale ? La question était cruciale après une forte avancée de la construction européenne sous la Présidence de la Commission Européenne de Jacques Delors (1985-1995), avec l'Acte unique européen (notamment harmonisation des diplômes), les Accords de Schengen et ERASMUS (ces deux derniers hors du cadre spécifique de l'Union Européenne), l'Union économie et monétaire qui a donné la monnaie unique avec l'euro instauré en 1999, etc.

    Au milieu des années 1990, le sentiment anti-européen a commencé à se développer au sein des peuples européens, notamment à cause de la bureaucratie bruxelloise et les normes de plus en plus invasives dans la vie quotidienne afin de construire un standard normatif européen très exigeant (qui le reste encore dans le monde). Les tentatives d'approfondissement n'ont jamais vraiment abouti tandis que l'opportunité politique d'un élargissement se faisait sentir.


    Le problème était le suivant : une organisation (quelle qu'elle soit) ne se structure pas de la même manière lorsqu'elle réunit vingt-cinq membres que lorsqu'elle réunit six membres. En 1958, la règle de l'unanimité, qui rassure sur la souveraineté nationale de chaque État membre, pouvait se pratiquer, car il n'y avait que six partenaires. À vingt-cinq, la règle de l'unanimité est quasi-impossible. Or, ne plus pouvoir prendre de décision, c'est se paralyser. L'approfondissement avait donc ces deux rôles : modification des institutions européennes pour un fonctionnement à plus de vingt, avec, dans certains domaines, des décisions prises à la majorité qualifiée (nombre d'États et population que cela regroupe) au lieu de l'unanimité. C'était l'objet du Traité d'Amsterdam signé le 2 octobre 1997 après la Conférence intergouvernementale de Turin, puis du Traité de Nice signé le 26 février 2001.

    L'autre rôle de l'approfondissement, c'est d'agrandir les domaines de coopération européenne, en particulier la politique étrangère et la défense (on voit aujourd'hui à quel point ces domaines sont essentiels et même vitaux). Cet agrandissement des compétences européennes n'a eu lieu qu'avec le Traité de Lisbonne signé le 13 décembre 2007 à la suite de l'échec du référendum du 29 mai 2005 en France qui a rejeté le Traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) signé le 29 octobre 2004 après l'élargissement du 1er mai 2004 et les travaux de la Convention pour l'Avenir de l'Europe présidée par Valéry Giscard d'Estaing.

    Dans ces années 1990, le débat était sur la capacité de rajouter des compétences européennes, mais pas pour tout le monde, un peu à la carte, comme c'était le cas pour la zone euro mais aussi les Accords de Schengen, etc. (les pays membres ne sont pas tous dans la zone euro mais peuvent tous y prétendre). C'était admettre que certains pays étaient plus européens que d'autres. Une notion, soutenue notamment par Édouard Balladur, alors Premier Ministre français, était d'imaginer une Europe à plusieurs cercles concentriques, avec des États plus intégrés que d'autres dans la construction européenne, mais avec le risque d'une Europe à deux voire trois vitesses.

     

     
     


    Pourtant, politiquement, il y avait une urgence à intégrer les États de l'Europe centrale et orientale, afin de réunifier le continent européen. Après la chute du mur de Berlin, le Rideau de fer aurait pu paradoxalement se maintenir par le fait des démocraties d'Europe occidentale si elles refusaient d'intégrer les anciens pays du bloc soviétique. Cette adhésion a été massive puisque, en moins de trois ans, douze pays ont adhéré à l'Union Européenne. Il aura fallu quinze à dix-huit ans pour permettre aux anciens régimes communistes de s'intégrer, ce qui, historiquement, est très long (pratiquement une génération). La Grèce a mis sept ans pour adhérer après la chute de la dictature des colonels. Le Portugal a mis douze ans, et l'Espagne, dix ans après la chute de leur dictature respective (issue de Salazar et de Franco).

    Le risque d'un trop grand nombre d'États membres est bien sûr une sorte de paralysie institutionnelle et l'impression d'avoir fabriqué un monstre institutionnel, avec jusqu'à vingt-huit membres, quasiment autant de langues, etc. Les affaires européennes sont devenues alors des affaires ultracompliquées pour plein de raisons, structurelles bien sûr, mais aussi politiques, car chaque État a son propre calendrier électoral, ses propres populismes, son propre électorat et donc, les décisions prises au niveau européen sont dépendantes souvent de considérations de politique intérieure de chaque État.

    À mon sens, l'une des conséquences a été le Brexit : la tenue du référendum était le fruit absolu de considérations électoralistes (de David Cameron), et d'un courant eurosceptique résultant d'un risque d'enlisement technocratique. À partir des années 2000, d'ailleurs, et jusqu'à maintenant, l'Europe a surtout cherché à répondre aux urgences du moment, des crises des dettes souveraines à la crise du covid-19, de la crise inflationniste et énergétique à la guerre en Ukraine.

    Les perspectives actuelles de l'Union Européenne sont contrastées. D'une part, jamais le courant populiste anti-européen n'a été aussi fort dans la plupart des États membres, avec des victoires électorales en Hongrie, en République tchèque, en Slovaquie, en Italie, aux Pays-Bas (mais aussi des échecs comme en Pologne). D'autre part, la position belliqueuse de Vladimir Poutine et le risque d'un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche obligent les Européens à renforcer leur coopération dans le domaine militaire pour assurer une défense autonome sans les États-Unis (ce qui devraient réjouir tous les contempteurs de l'OTAN).

    Après Jacques Delors, l'Union Européenne a aussi péché par manque de leadership européen, dans le sens de personnalités charismatiques qui puissent pousser la construction européenne. La plupart des dirigeants européens pendant ces vingt dernières années ont été des européens par raison et pas par passion, adeptes d'une liberté économique qui refuse de voir les atteintes extérieures à une concurrence loyale (sans protectionnisme). La chance aujourd'hui d'avoir Emmanuel Macron à l'Élysée, c'est la même que lorsque Valéry Giscard d'Estaing y était : il est Européen par passion et est capable, aujourd'hui, d'impulser une véritable relance de la construction européenne, dans le domaine de la souveraineté économique et industrielle et surtout dans le domaine de la défense. Même l'Allemagne a compris qu'il fallait évoluer dans la conjoncture actuelle, celle de tous les dangers.

     

     
     


    Bien sûr, il reste à répondre à l'épineuse question des futurs élargissements. Actuellement, neuf pays sont candidats reconnus à l'adhésion, principalement des anciens pays de l'ex-Yougoslavie (Serbie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro), l'Albanie, mais aussi l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et la Turquie. Le Kosovo n'est pas encore reconnu officiellement comme candidat à l'adhésion. Quant aux trois autres États européens, l'Islande, la Norvège et la Suisse, elles ont renoncé à adhérer respectivement le 12 mars 2015, le 28 novembre 1994 et le 27 juillet 2016, pour certains après trois tentatives (pour la Norvège, par exemple, en 1962, en 1972 et en 1994).

    Comme pour la Grèce en 1981, et pour l'Europe centrale et orientale en 2004-2007, l'intégration de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie, dont les candidatures ont été reconnues officiellement par les Conseils Européens du 23 juin 2022 et du 14 décembre 2023, les considérations politiques et de solidarités devraient l'emporter sur des considérations purement économiques ou même institutionnelles.

    L'enjeu de l'Union Européen reste historique et est une construction originale et inédite dans l'histoire des nations car elle se fait à la fois selon la volonté de chaque peuple qui la compose et avec la force d'une unité qui en fait un bloc incontournable dans la planète, avec cette devise très significative : unis dans la diversité. L'Union Européenne du 1er mai 2024 est un bloc humain peuplé de 450 millions d'habitants sur une superficie de 4,2 millions de kilomètres carrés, troisième puissance mondiale en PIB nominal après les États-Unis et la Chine.

    Elle n'est pas parfaite, elle a beaucoup de défauts, mais c'est parce que cette construction s'est toujours faite avec la volonté des peuples qu'elle se réalise très lentement. Elle est l'anti-modèle des autocrates au pouvoir de toute obédience, et à ce titre, elle est dénigrée par tous ceux qui refusent les principes de démocratie, liberté, égalité, laïcité. C'est pour cela qu'il faut précieusement conserver cette organisation et la faire vivre avec le plus de démocratie possible. Car on l'oublie un peu trop souvent : le citoyen européen a la chance et le privilège de pouvoir voter dans les conditions normales d'une véritable démocratie, à savoir que son vote puisse être secret, libre, et sincère, sans pression de personne ou de groupe.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (27 avril 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
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    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
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    Enfin, une vision européenne !
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    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240501-elargissement-europe.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/il-y-a-20-ans-l-elargissement-de-l-254213

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/04/27/article-sr-20240501-elargissement-europe.html