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géopolitique - Page 2

  • Canada, Groenland, Panama : Donald Trump est-il fou ou cynique ?

    « Je ne peux pas vous l’assurer. Vous parlez du Panama et du Groenland. Non, je ne peux vous assurer ni l’un ni l’autre. Mais je peux vous dire ceci. Nous en avons besoin pour notre sécurité économique. » (Donald Trump le 7 janvier 2025 à Mar-a-Lago, à propos d'une intervention militaire américaine).



     

     
     


    La réponse à la question pourrait être : Donald Trump est visionnaire... mais dans l'intérêt des Américains, évidemment ! Il faut exclure la folie. Il faut toujours prendre le cynisme avec Donald Trump, qui a porté à la puissance extrême l'égoïsme, l'égocentrisme et les intérêts bien compris (les siens et ceux de ses copains). Les partisans de Donald Trump disent que le futur nouveau Président des États-Unis met juste en tension les relations pour aborder des négociations économiques en position de force. Néanmoins, il faut comprendre ses motivations profondes.

    Depuis quelques jours, le Président élu, comme on l'appelle encore jusqu'au 20 janvier 2025, c'est-à-dire qui ne représente pas encore les États-Unis mais qui va les représenter dans dix jours, a fait une série de déclarations (notamment sa longue conférence de presse tenue le 7 janvier 2025 à sa résidence de Mar-a-Lago en Floride) et de tweets (ou autres) dans les réseaux sociaux qui ont de quoi inquiéter.

    En gros, il souhaite trois choses pour les États-Unis : reprendre la souveraineté du Canal de Panama, fusionner avec le Canada et annexer Groenland. Rien que ça ! Les visées expansionnistes de Donald Trump ont de quoi effrayer la "communauté internationale", comme on l'appelle, d'autant plus qu'il n'a pas exclu de recourir à la force armée pour recourir à ses fins.

    Les États-Unis attaquant militairement le Groenland voire le Panama, est-ce imaginable ? Il ne faut pas oublier l'épisode de la guerre des Malouines au début des années 1980 (2 avril 1982 au 14 juin 1982), entre le Royaume-Uni et l'Argentine qui voulait reprendre le contrôle des îles Falkland. Dans cette guerre, certains y ont perdu la vie (au moins 910 personnes, ce n'est pas négligeable).
     

     
     


    Actuellement, Donald Trump ne représente pas les Américains et ses déclarations sont comme des slogans de campagne, sans la responsabilité d'État. En quelque sorte, c'est du teasing, ou plutôt, ce sont des menaces voilées, sans conséquence tout en secouant bien les acteurs concernés en insinuant qu'il faudra bien prendre au sérieux les demandes de Donald Trump. (La période de transition entre l'élection et l'investiture du nouveau Président des États-Unis est toujours un moment particulier). Ce qui est clair, c'est que Donald Trump a une vision claire de ce qu'il veut faire pour les États-Unis et qu'il reste encore et toujours imprévisible.
     

     
     


    Le Canal du Panama a été construit par les Français et par les Américains. Il est un point stratégique essentiel des Américains pour naviguer de la la côte est à la côte ouest et inversement. L'utilisation de ce passage par les Chinois pose problème à Donald Trump qui souhaite réorienter économiquement ces flux. Le Panama n'a pas d'armée et c'est une obligation constitutionnelle qui rend la reconquête du Canal par les États-Unis sans vraiment de risques militaires. L'objectif de Donald Trump, c'est la baisse des droits de péage pour les navires américains. Et, dans la foulée, renommer le Golfe du Mexique par Golfe de l'Amérique.

    Pour le Canada, la situation est à la fois pareille et différente et il l'a réaffirmé après la démission du Premier Ministre canadien Justin Trudeau le 6 janvier 2025 : Donald Trump souhaite la fusion du Canada dans les États-Unis, en faire son 51e État. Il y a des raisons économiques très fortes puisque Donald Trump voudrait pouvoir profiter des gisements de gaz de schiste nombreux au Canada pour renforcer l'indépendance énergétique des États-Unis. Sur le plan géopolitique, un ensemble États-Unis-Canada représenterait plus de 19 millions de kilomètres carré et serait le premier pays du monde en superficie, dépassant le premier actuel, la Russie avec 17 millions de kilomètres carré. Après tout, ses prédécesseurs ont déjà acheté (pour un poignée de lentilles à l'échelle de l'histoire) la Louisiane et la Floride à la France et l'Alaska à la Russie. On s'amusera... ou pas d'un tweet d'un fils Trump présentant son père faisant ses achats de territoires sur Amazon (à la fin de l'année dernière, déjà).

     

     
     


    Donald Trump, dans un renouveau de la méthode Coué, prétend que beaucoup de Canadiens souhaiteraient devenir citoyens américains (c'est-à-dire, citoyens des États-Unis), et expose les avantages d'une telle fusion : moins d'impôts pour les Canadiens, moins d'immigrés, plus de protection militaire. La réalité, c'est que la plupart des Canadiens n'apprécient pas du tout la vision politique de Donald Trump et sont très jaloux de leur indépendance.

    De plus, les républicains devraient se méfier de cette idée trumpienne car avec une telle fusion (absolument improbable), les républicains risqueraient d'être privés de la Maison-Blanche pendant longtemps. En effet, avec 35 millions d'habitants, le Canada représenterait la même importance que la Californie et aurait une cinquantaine de grands électeurs aux élections présidentielles, probablement démocrates car c'est la sociologie du Canada.

    Enfin, troisième annexion voulue, prendre au Danemark la souveraineté du territoire autonome (depuis 1979) du Groenland (des élections importantes y ont d'ailleurs lieu dans les prochaines semaines). L'île arctique fait 2,2 millions de kilomètres carré et compte 55 000 habitants (nettement moins que Mayotte). Là aussi, les raisons économiques motivent Donald Trump, à la fois pour sa richesse minière qui pourrait lui permettre de se passer économiquement de Taïwan (ce qui serait grave pour les Taïwanais qui ne doivent leur autonomie/indépendance qu'à la seule protection de leur allié américain) et cela permettrait aussi de tracer une route maritime par le pôle Nord qui sera de plus en plus incontournable (car plus courte) avec le réchauffement climatique (que Donald Trump nie parallèlement !). Ce n'est d'ailleurs pas nouveau ; déjà le 18 août 2019, alors qu'il était Président en exercice, Donald Trump avait confirmé les rumeurs du 15 août 2019 sur son intérêt pour le Groenland : « Le concept a surgi et j'ai dit que stratégiquement, c'était certainement intéressant. » en évoquant une « grosse transaction immobilière ». Dans leur compétition avec la Chine et la Russie, les États-Unis ont toujours considéré le Groenland comme d'un intérêt géostratégique majeur pour leur sécurité nationale.

     

     
     


    Les Français devraient se sentir concernés par le Canada (leurs amis québécois) et par le Groenland. En n'excluant pas de recourir à la force, Donald Trump a fait en effet carrément une déclaration de guerre au Danemark, et donc à l'Union Européenne, et donc à la France par incidence. Ce qui est stupide, c'est que les États-Unis auraient intérêt à au contraire ménager ses alliés européens qui sont à peu près les seuls fiables du monde multipolaire actuel. Et les objectifs économiques des États-Unis (en gros, pouvoir exploiter sans taxe) seraient tout aussi bien atteints sans un tel rapport de force qui va inquiéter inutilement ses alliés.

    Cela a aussi, plus généralement, une conséquence désastreuse dans le monde entier. Cet expansionnisme territorial, qui fait retomber le monde au XIXe siècle (Donald Trump serait-il l'empereur Smith des albums de Lucky Luke ?) casse tout le droit international d'après-guerre et replonge la planète dans la loi du plus fort. Ce qui donne a posteriori raison à Vladimir Poutine dans sa tentative d'invasion de l'Ukraine, ou du moins, le conforte sur le fond, et confortera inévitablement la Chine communiste à reprendre la souveraineté de Taïwan.

     

     
     


    On le voit, la vision que Donald Trump a du monde, elle n'est pas folle, elle est juste cynique. C'est celle des intérêts des États-Unis mais aussi de ses propres intérêts particuliers et de ceux de ses amis, comme Elon Musk. Une vision du seul contre tous, du rapport de force permanent, de l'affrontement comme mode de dialogue, du coup d'État permanent, pour paraphraser François Mitterrand. La plus grosse erreur que pourraient faire les alliés traditionnels des États-Unis, dont font partie la France et l'Europe, c'est de ne pas prendre au sérieux Donald Trump. En visite au Quai d'Orsay à Paris ce mercredi 8 janvier 2025, le Secrétaire d'État américain (Ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken a assuré la France des considérations cordiales que son pays nourrissait avec la France et le monde, et a considéré que les relations se sont améliorées depuis 2020. Malheureusement, les démocrates quittent le pouvoir (c'est la loi de la démocratie) et les Européens en particulier vont devoir subir un mandat de quatre ans qui ne va pas leur être de tout repos.

    Pendant ce temps, en France, on hésite à censurer le gouvernement parce qu'il hésite lui-même à abaisser l'âge légal de la retraite alors que ses voisins (dont la Belgique) l'ont augmenté. Pourquoi est-ce que je me sens comme en 1936-1937, à l'époque où les Français étaient déjà complètement hors-sol malgré la situation internationale très grave ? Réveillons-nous ! Nous ne sommes pas dans un monde de bisounours. Il faut renforcer notre défense européenne.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 janvier 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Canada, Groenland, Panama : Donald Trump est-il fou ou cynique ?
    Attentat à La Nouvelle-Orléans : les États-Unis durement endeuillés.
    Jimmy Carter, patriarche de l'humanitaire.
    Shirley Chisholm.
    Katalin Kariko et Drew Weissman.
    Rosalynn Carter.
    Walter Mondale.
    Marathonman.
    Bob Kennedy.

     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250107-trump.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/canada-groenland-panama-donald-258536

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/01/07/article-sr-20250107-trump.html


     

  • Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !

    « France, je vous remercie pour défendre la vie ! » (Volodymyr Zelensky, le 7 juin 2024 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale à Paris).


     

     
     


    C'est en français (uniquement pour ces quelques mots) que le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié la France et les Français de soutenir la résistance ukrainienne contre l'agression des armées de Vladimir Poutine. Il était invité à s'exprimer devant la représentation nationale au Palais-Bourbon, à Paris, ce vendredi 7 juin 2024 vers 10 heures du matin.

    Le 23 mars 2022, moins d'un mois après le début de l'invasion russe, Volodymyr Zelensky s'était déjà adressé à tous les députés français, comme aux autres parlementaires étrangers, mais en visioconférence, à distance. Sa présence physique ce jour est donc une étape supplémentaire des relations entre l'Ukraine et la France depuis le sinistre 24 février 2022. D'ailleurs, les parlementaires des deux pays ont noué des relations très fortes : la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet s'était exprimé à la tribune de la Rada, la chambre basse ukrainienne à Kiev le 28 mars 2024, tandis que Ruslan Stefanchuk, le Président de la Rada, était venu s'exprimer à la tribune de la l'Assemblée Nationale à Paris le 31 janvier 2023.

    Accueilli par Yaël Braun-Pivet à l'Hôtel de Lassay, le Président Zelensky a été salué dans l'hémicycle par une ovation des députés, en présence également du Premier Ministre Gabriel Attal, des anciens Premiers Ministres Alain Juppé et Manuel Valls, ainsi que des anciens Présidents de l'Assemblée Nationale Jean-Louis Debré et Patrick Ollier.

     

     
     


    Évidemment, on ne peut ressentir qu'une grande émotion à l'écouter au sein même de l'hémicycle. Une émotion continue car elle était aussi très forte la veille, le 6 juin 2024 lors des cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Sa présence montrait qu'il tenait à rester debout, faisant partie d'un pays normal qui commémore normalement un fait de notre histoire récente. Les Français venant assister à ces cérémonies lui ont d'ailleurs offert un accueil très chaleureux.

    Célébrer une victoire d'il y a quatre-vingts ans et revenir à la guerre bien réelle, bien actuelle, hélas, en Ukraine. Ce parallélisme est pourtant imposant : sans soutien extérieur, l'Ukraine ne pourra pas résister aux troupes russes.


    Le message de Volodymyr Zelensky était simple. Vladimir Poutine, au mépris du droit international, a voulu annexer l'Ukraine et n'a aucune considération pour les vies humaines qu'il a détruites par millions, mais ce peu de considération, c'est également le cas pour le peuple russe. Ce qui lui a fait dire que le Président de la Fédération de Russie était la négation même des valeurs de l'Europe, la protection de la vie, la liberté, l'égalité et la fraternité.
     

     
     


    Émotion donc, mais aussi fierté d'être Français, d'être ce pays qui a su soutenir, parfois maladroitement au début mais très clairement aujourd'hui, l'Ukraine dans son combat pour sa survie, pour son existence même, pour sa liberté. Tous les trolls poutinolatres qui réclament la paix au prix de la capitulation de l'Ukraine mais jamais l'arrêt de l'agression russe préfèrent la paix à la liberté, mais que vaut la paix si le peuple n'est pas libre ? pas grand-chose parce que le peuple voudra se libérer un jour ou l'autre.

    Le Président Zelensky s'est appliqué à remercier très longuement les autorités françaises et en particulier Emmnauel Macron avec ces mots très forts : « Emmanuel, Monsieur le Président, je voulais te remercier de ne pas avoir laissé l'Europe sans leader et l'Ukraine sans la France au moment décisif ! ».

    Dans chaque intervention auprès des officiels étrangers, le Président ukrainien avait toujours deux messages à délivrer : merci de votre aide, mais aidez-nous plus ! Il l'a redit à la fin de son intervention, mais de façon beaucoup plus douce et discrète que d'habitude, parce qu'il sait que la France a décidé désormais d'y mettre les moyens : « Je vous suis reconnaissant pour ce que vous faites déjà, et c'est déjà beaucoup. Mais pour la paix juste, il faut plus. Et ce n'est pas un reproche. C'est juste comment vaincre le mal. Faire plus aujourd'hui qu'hier pour demain être plus près de la paix que jamais. Nous devons et nous réussissons tout cela. Merci pour votre alliance ! ».

     

     
     


    Il n'a pas du tout évoqué les Mirages 2000 qu'avait annoncés le Président de la République française dans son intervention télévisée de la veille, mais ce sujet est prévu d'être abordé au cours de la conférence de presse commune que Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron vont tenir ce 7 juin 2024 vers 19 heures à l'Élysée.

    Au-delà de cette émotion, de cette fierté, et de cet espoir que l'aide alliée puisse aider efficacement l'Ukraine, parlons aussi de la honte ressentie envers les nombreux députés absents ce matin lors de cette séance pourtant historique. On a dit que le vendredi, c'était le jour de la circo (circonscription) pour les députés, et qu'ils peuvent être en campagne pour les élections européennes. Ils auraient quand même pu faire le déplacement pour cette journée historique.


    Mais c'est manifestement plutôt un boycott, un signe de mauvaise humeur politicienne pour ces députés absents et l'ancien grand reporter Vincent Hugueux, très sollicité pour son expertise depuis la guerre en Ukraine, se demandait sur LCP ce que répondraient ces députés absents lorsque dans dix ou vingt ans, leurs enfants ou petits-enfants leur demanderaient : tu étais où, pendant cette journée historique ? Car les bancs clairsemés provenaient plutôt des groupes de la Nupes et du groupe d'extrême droite, même s'il faut noter la présence de Marine Le Pen, Éric Coquerel et Fabien Roussel, entre autres.
     

     
     


    Comment en effet reprocher au Président Zelensky de venir s'exprimer devant les députés français ? De nous faire l'honneur de venir s'exprimer au cœur de notre démocratie française, sous prétexte que c'est trois jours avant les élections européennes ? Si Volodymyr Zelensky s'est exprimé le 7 juin 2024, ce n'est pas pour des raisons de calcul électoraliste (et à qui cela profiterait-il, puisque tous les groupes politiques soutiennent l'Ukraine ? certes, plus ou moins sincèrement !), mais simplement parce qu'il était venu aux cérémonies la veille pour le Débarquement du 6 juin 1944 et qu'il repassait par Paris où il a vu également ce vendredi matin le Président américain Joe Biden puis verra le Président français Emmanuel Macron dans l'après-midi.

    Je suis fier et ému que la France, par la voix d'Emmanuel Macron mais aussi de la représentation nationale en accueillant Zelensky, a choisi de soutenir activement l'Ukraine, et pas seulement sur le plan militaire, également sur le plan humanitaire et d'accueil spontané des réfugiés ukrainiens par les familles françaises. La solidarité n'est pas un vain mot, mais elle doit être déclinée aussi par le peuple, pas seulement par ses dirigeants, elle est décisive pour construire un monde plus sûr de paix et de libertés.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240607-zelensky.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/zelensky-poutine-c-est-l-anti-255089

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/07/article-sr-20240607-zelensky.html



     

  • Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne

    « Pour tous nos pays, appartenir aujourd’hui à l’Europe, c’est refuser de se laisser appartenir à la Chine, à la Russie ou même de s’aligner docilement sur les États-Unis. C’est refuser que notre continent de nouveau se divise et laisse son destin lui échapper. » (Jacques Delors, le 6 décembre 2021).



     

     
     


    Il y a vingt ans, le 1er mai 2004, l'Union Européenne, qui comptait quinze États membres, s'est élargie de dix États membres supplémentaires : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, Chypre et Malte. Le 1er janvier 2007, ce cinquième élargissement a été complété par l'adhésion également de la Roumanie et de la Bulgarie.

    Ce n'était pas le premier élargissement, ni le dernier, puisqu'il y a eu un 28e État membre qui a rejoint l'Union Européenne, la Croatie le 1er juillet 2013, mais celui de 2004 était l'élargissement le plus politique, et même, qui a revêtu la plus grande importance géopolitique. Sans même compter Chypre dans une partie est occupée par les Turcs depuis 1974.

    Avant d'évoquer cet élargissement très important, rappelons très rapidement les différentes dates des précédents élargissements. Les dates entre parenthèses correspondent à la ratification dans chaque pays du traité en question (pour que l'adhésion soit effective, il faut que tous les États membres et candidats à l'adhésion signent le traité correspondant, puisque ce traité soit ratifié par eux-mêmes, en particulier les futurs membres, selon les procédures constitutionnelles propres à chaque nation, par leur parlement ou par référendum).


    1er janvier 1958 (Europe des Six) : Création de la Communauté Économique Européenne (CEE) avec la France (23 juillet 1957), l'Allemagne (19 juillet 1957), l'Italie (9 octobre 1957), la Belgique (28 novembre 1957), les Pays-Bas (4 décembre 1957) et le Luxembourg (26 mars 1957), par le Traité de Rome signé le 25 mars 1957).

    1er janvier 1973 (Europe des Neuf) : Adhésion du Royaume-Uni (16 octobre 1972), de l'Irlande (10 mai 1972) et du Danemark (2 octobre 1972), par le Traité de Bruxelles signé le 22 janvier 1972.


    1er janvier 1981 (Europe des Dix) : Adhésion de la Grèce (28 juin 1979), par le Traité d'Athènes signé le 28 mai 1979.

    1er février 1985 : Retrait du Groenland après le référendum du 23 février 1982 (pourtant territoire du Danemark).

    1er janvier 1986 (Europe des Douze) : Adhésion de l'Espagne (26 juin 1985) et du Portugal (11 juillet 1985), par le Traité de Madrid-Lisbonne du 12 juin 1985.

    3 octobre 1990 : Réunification de l'Allemagne et rattachement de l'Allemagne de l'Est aux Douze.

    1er novembre 1993 : Transformation de la CEE en Union Européenne, par le Traité de Maastricht signé le 7 février 1992.

    1er janvier 1995 (Europe des Quinze) : Adhésion de l'Autriche (12 juin 1994), de la Suède (13 novembre 1994) et de la Finlande (16 octobre 1994), par le Traité de Corfou signé le 26 juillet 1994. La Norvège a renoncé à adhérer.


    1er mai 2004 : Adhésion de la Pologne (23 juillet 2003), de la Hongrie (21 décembre 2003), de la République tchèque (30 septembre 2003), de la Slovaquie (1er juillet 2003), de la Slovénie (28 janvier 2004), de la Lituanie (16 septembre 2003), de la Lettonie (2 octobre 2003), de l'Estonie (21 janvier 2004), de Malte (14 juillet 2003) et de Chypre (14 juillet 2003), par le Traité d'Athènes signé le 16 avril 2003.

    1er janvier 2007 : Adhésion de la Roumanie (17 mai 2005) et de la Bulgarie (11 mai 2005), par le Traité de Luxembourg signé le 25 avril 2005.

    1er juillet 2013 (Europe des Vingt-huit) : Adhésion de la Croatie (4 avril 2012), par le Traité de Bruxelles signé le 9 décembre 2011.

    1er février 2020 : Retrait du Royaume-Uni après le référendum du 23 juin 2016 sur le Brexit.

    Comme on le voit, l'élargissement du 1er mais 2004 a été le plus massif et a considérablement modifié la physionomie et le point de gravité de l'Europe. Avant 2004, le dernier élargissement a eu lieu le 1er janvier 1995 et il était en quelque sorte la dernière occasion d'unifier l'Europe occidentale. Après le noyau dur des six pays fondateurs (France, Allemagne, Italie et Benelux), le rattrapage du Royaume-Uni après une dizaine d'années de veto français (à cause de De Gaulle) avec le Danemark et l'Irlande en 1973, l'exception grecque voulue par Valéry Giscard d'Estaing dès 1981, les deux États de la péninsule ibérique en 1986 malgré les protestations des viticulteurs français (et italiens), en enfin les États scandinaves (sauf la Norvège qui préfère l'indépendance totale) et l'Autriche, l'Europe est devenue un bloc continental exclusivement occidental (avec deux États neutres, la Finlande et l'Autriche).

    C'est donc pendant les années 1990 que l'évolution européenne s'est poursuivie, en réponse à la chute de l'URSS et à la libération des États de l'Europe centrale et orientale anciennement sous le joug soviétique. La question était alors la suivante : fallait-il d'abord approfondir la construction européenne (rajouter des solidarités européennes à Quinze, plus facilement qu'à Vingt-cinq, et adapter le fonctionnement institutionnel) ou d'abord élargir aux pays de l'Europe centrale et orientale ? La question était cruciale après une forte avancée de la construction européenne sous la Présidence de la Commission Européenne de Jacques Delors (1985-1995), avec l'Acte unique européen (notamment harmonisation des diplômes), les Accords de Schengen et ERASMUS (ces deux derniers hors du cadre spécifique de l'Union Européenne), l'Union économie et monétaire qui a donné la monnaie unique avec l'euro instauré en 1999, etc.

    Au milieu des années 1990, le sentiment anti-européen a commencé à se développer au sein des peuples européens, notamment à cause de la bureaucratie bruxelloise et les normes de plus en plus invasives dans la vie quotidienne afin de construire un standard normatif européen très exigeant (qui le reste encore dans le monde). Les tentatives d'approfondissement n'ont jamais vraiment abouti tandis que l'opportunité politique d'un élargissement se faisait sentir.


    Le problème était le suivant : une organisation (quelle qu'elle soit) ne se structure pas de la même manière lorsqu'elle réunit vingt-cinq membres que lorsqu'elle réunit six membres. En 1958, la règle de l'unanimité, qui rassure sur la souveraineté nationale de chaque État membre, pouvait se pratiquer, car il n'y avait que six partenaires. À vingt-cinq, la règle de l'unanimité est quasi-impossible. Or, ne plus pouvoir prendre de décision, c'est se paralyser. L'approfondissement avait donc ces deux rôles : modification des institutions européennes pour un fonctionnement à plus de vingt, avec, dans certains domaines, des décisions prises à la majorité qualifiée (nombre d'États et population que cela regroupe) au lieu de l'unanimité. C'était l'objet du Traité d'Amsterdam signé le 2 octobre 1997 après la Conférence intergouvernementale de Turin, puis du Traité de Nice signé le 26 février 2001.

    L'autre rôle de l'approfondissement, c'est d'agrandir les domaines de coopération européenne, en particulier la politique étrangère et la défense (on voit aujourd'hui à quel point ces domaines sont essentiels et même vitaux). Cet agrandissement des compétences européennes n'a eu lieu qu'avec le Traité de Lisbonne signé le 13 décembre 2007 à la suite de l'échec du référendum du 29 mai 2005 en France qui a rejeté le Traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) signé le 29 octobre 2004 après l'élargissement du 1er mai 2004 et les travaux de la Convention pour l'Avenir de l'Europe présidée par Valéry Giscard d'Estaing.

    Dans ces années 1990, le débat était sur la capacité de rajouter des compétences européennes, mais pas pour tout le monde, un peu à la carte, comme c'était le cas pour la zone euro mais aussi les Accords de Schengen, etc. (les pays membres ne sont pas tous dans la zone euro mais peuvent tous y prétendre). C'était admettre que certains pays étaient plus européens que d'autres. Une notion, soutenue notamment par Édouard Balladur, alors Premier Ministre français, était d'imaginer une Europe à plusieurs cercles concentriques, avec des États plus intégrés que d'autres dans la construction européenne, mais avec le risque d'une Europe à deux voire trois vitesses.

     

     
     


    Pourtant, politiquement, il y avait une urgence à intégrer les États de l'Europe centrale et orientale, afin de réunifier le continent européen. Après la chute du mur de Berlin, le Rideau de fer aurait pu paradoxalement se maintenir par le fait des démocraties d'Europe occidentale si elles refusaient d'intégrer les anciens pays du bloc soviétique. Cette adhésion a été massive puisque, en moins de trois ans, douze pays ont adhéré à l'Union Européenne. Il aura fallu quinze à dix-huit ans pour permettre aux anciens régimes communistes de s'intégrer, ce qui, historiquement, est très long (pratiquement une génération). La Grèce a mis sept ans pour adhérer après la chute de la dictature des colonels. Le Portugal a mis douze ans, et l'Espagne, dix ans après la chute de leur dictature respective (issue de Salazar et de Franco).

    Le risque d'un trop grand nombre d'États membres est bien sûr une sorte de paralysie institutionnelle et l'impression d'avoir fabriqué un monstre institutionnel, avec jusqu'à vingt-huit membres, quasiment autant de langues, etc. Les affaires européennes sont devenues alors des affaires ultracompliquées pour plein de raisons, structurelles bien sûr, mais aussi politiques, car chaque État a son propre calendrier électoral, ses propres populismes, son propre électorat et donc, les décisions prises au niveau européen sont dépendantes souvent de considérations de politique intérieure de chaque État.

    À mon sens, l'une des conséquences a été le Brexit : la tenue du référendum était le fruit absolu de considérations électoralistes (de David Cameron), et d'un courant eurosceptique résultant d'un risque d'enlisement technocratique. À partir des années 2000, d'ailleurs, et jusqu'à maintenant, l'Europe a surtout cherché à répondre aux urgences du moment, des crises des dettes souveraines à la crise du covid-19, de la crise inflationniste et énergétique à la guerre en Ukraine.

    Les perspectives actuelles de l'Union Européenne sont contrastées. D'une part, jamais le courant populiste anti-européen n'a été aussi fort dans la plupart des États membres, avec des victoires électorales en Hongrie, en République tchèque, en Slovaquie, en Italie, aux Pays-Bas (mais aussi des échecs comme en Pologne). D'autre part, la position belliqueuse de Vladimir Poutine et le risque d'un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche obligent les Européens à renforcer leur coopération dans le domaine militaire pour assurer une défense autonome sans les États-Unis (ce qui devraient réjouir tous les contempteurs de l'OTAN).

    Après Jacques Delors, l'Union Européenne a aussi péché par manque de leadership européen, dans le sens de personnalités charismatiques qui puissent pousser la construction européenne. La plupart des dirigeants européens pendant ces vingt dernières années ont été des européens par raison et pas par passion, adeptes d'une liberté économique qui refuse de voir les atteintes extérieures à une concurrence loyale (sans protectionnisme). La chance aujourd'hui d'avoir Emmanuel Macron à l'Élysée, c'est la même que lorsque Valéry Giscard d'Estaing y était : il est Européen par passion et est capable, aujourd'hui, d'impulser une véritable relance de la construction européenne, dans le domaine de la souveraineté économique et industrielle et surtout dans le domaine de la défense. Même l'Allemagne a compris qu'il fallait évoluer dans la conjoncture actuelle, celle de tous les dangers.

     

     
     


    Bien sûr, il reste à répondre à l'épineuse question des futurs élargissements. Actuellement, neuf pays sont candidats reconnus à l'adhésion, principalement des anciens pays de l'ex-Yougoslavie (Serbie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro), l'Albanie, mais aussi l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et la Turquie. Le Kosovo n'est pas encore reconnu officiellement comme candidat à l'adhésion. Quant aux trois autres États européens, l'Islande, la Norvège et la Suisse, elles ont renoncé à adhérer respectivement le 12 mars 2015, le 28 novembre 1994 et le 27 juillet 2016, pour certains après trois tentatives (pour la Norvège, par exemple, en 1962, en 1972 et en 1994).

    Comme pour la Grèce en 1981, et pour l'Europe centrale et orientale en 2004-2007, l'intégration de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie, dont les candidatures ont été reconnues officiellement par les Conseils Européens du 23 juin 2022 et du 14 décembre 2023, les considérations politiques et de solidarités devraient l'emporter sur des considérations purement économiques ou même institutionnelles.

    L'enjeu de l'Union Européen reste historique et est une construction originale et inédite dans l'histoire des nations car elle se fait à la fois selon la volonté de chaque peuple qui la compose et avec la force d'une unité qui en fait un bloc incontournable dans la planète, avec cette devise très significative : unis dans la diversité. L'Union Européenne du 1er mai 2024 est un bloc humain peuplé de 450 millions d'habitants sur une superficie de 4,2 millions de kilomètres carrés, troisième puissance mondiale en PIB nominal après les États-Unis et la Chine.

    Elle n'est pas parfaite, elle a beaucoup de défauts, mais c'est parce que cette construction s'est toujours faite avec la volonté des peuples qu'elle se réalise très lentement. Elle est l'anti-modèle des autocrates au pouvoir de toute obédience, et à ce titre, elle est dénigrée par tous ceux qui refusent les principes de démocratie, liberté, égalité, laïcité. C'est pour cela qu'il faut précieusement conserver cette organisation et la faire vivre avec le plus de démocratie possible. Car on l'oublie un peu trop souvent : le citoyen européen a la chance et le privilège de pouvoir voter dans les conditions normales d'une véritable démocratie, à savoir que son vote puisse être secret, libre, et sincère, sans pression de personne ou de groupe.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (27 avril 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !

     

     
     







    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240501-elargissement-europe.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/il-y-a-20-ans-l-elargissement-de-l-254213

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/04/27/article-sr-20240501-elargissement-europe.html