Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

défense européenne

  • Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !

    « Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée et la Russie renforcée. Washington est devenue la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. » (Claude Malhuret, le 4 mars 2025 au Sénat).



     

     
     


    Incontestablement, Claude Malhuret y est allé assez fort dès la première phrase de son discours. Président du groupe Les Indépendants, République et Territoires au Sénat, le docteur Claude Malhuret, qui a derrière lui une très longue carrière politique (il était ministre en 1986), et qui vient d'avoir 75 ans ce samedi 8 mars 2025, est un habitué du sens de la formule. Certains aiment faire leur show pour dire n'importe quoi, et plus c'est n'importe quoi, plus c'est un show (autrement dit, plus ça buzze, pour traduire dans la langue d'aujourd'hui).

    Alors, évidemment, cela marche mieux avec les populistes, les extrémistes, avec tous ceux qui exagèrent, qui caricaturent, qui extrapolent, qui simplifient, qui falsifient la réalité et les faits, qu'avec des gens raisonnables qui veulent faire entendre le langage de la raison et de la logique. C'est pour cela que l'exercice du sénateur Claude Malhuret est précieux, car des orateurs aussi talentueux que lui sont rares, il faut le saluer.

    Il participait au débat parlementaire voulu par le gouvernement sur la situation en Ukraine, qui s'est tenu au Sénat lors de sa séance du mardi 4 mars 2025. Et évidemment, il a évoqué la position de Donald Trump, le Président des États-Unis, qui consiste en un lâchage pur et simple du peuple ukrainien sous les bombes de Vladimir Poutine : « C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis. Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, puisqu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent. Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jinping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan. ». L'art du deal à plat ventre, je souligne.

    Et Claude Malhuret d'insister sur cette singularité historique : « Jamais dans l’Histoire un Président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun d’entre eux n’a soutenu un agresseur contre un allié, jamais aucun n’a piétiné la Constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs, ou pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale ; c’est un début de confiscation de la démocratie. Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa Constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine ; d’ailleurs, le pays proteste déjà. Mais, en un mois, Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’il n’en a fait en quatre ans lors de sa précédente Présidence. ».
     

     
     


    La réalité est là. Donald Trump s'est couché devant Vladimir Poutine : « Nous étions en guerre contre un dictateur ; nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison-Blanche, les États-Unis votaient avec la Russie et la Corée du Nord à l’ONU contre les Européens réclamant le départ des troupes russes. Deux jours plus tard, dans le Bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a franchi un pas supplémentaire dans l’infamie en stoppant la livraison d’armes pourtant promise. ».

    L'enjeu de la résistance de l'Ukraine, c'est l'existence des nations européennes : « La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie figurent déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner. Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les États-Unis et leurs alliés il y a quatre-vingts ans, lequel avait pour premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, au sein de laquelle les Américains votent aujourd’hui en faveur de l’agresseur, et contre l’agressé. En effet, la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : elle défend un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. À moi, le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi, l’Ukraine, les Pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui, Taïwan et la mer de Chine… On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-a-Lago, le "réalisme diplomatique"… ».

    À cet égard, Claude Malhuret a rejoint la position de l'ancien président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Jean-Louis Bourlanges, interrogé le 3 mars 2025 sur France 5, qui remarquait quatre points communs entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Xi Jinping : d'abord, leur autocratisme, la volonté d'avoir un chef qui contrôle tout, comme un parrain clanique ; ensuite, la pratique d'un nationalisme impérial, à savoir l'idée que le monde se réduit à quelques blocs qui se laisseraient faire ce qu'ils veulent dans leur voisinage proche ; troisième tendance, le rejet de tout État de droit, tout contre-pouvoir, musellement de la presse, des réseaux sociaux, de toute opposition ; enfin, quatrième point commun, l'asservissement technologique (en particulier numérique) des peuples, leur surveillance, leur contrôle, leur neutralisation irréversible.

    Le sénateur Malhuret a alors abordé la réaction de l'Europe : « Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à ce qu’affirme la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans, la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêt à 25%, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique montrent que ce pays est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre. Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour, à Munich, que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains, et que trois impératifs s’imposent à eux. Tout d’abord, ils devront accélérer la livraison de l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain, faire en sorte que celle-ci tienne et, bien sûr, imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra donc en finir avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra aussi contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, en formant une coalition des seuls pays volontaires, avec bien sûr le Royaume-Uni. Ensuite, il faudra exiger de tout accord qu’il prévoie le retour des enfants kidnappés et des prisonniers, et qu’il comporte la garantie d’une sécurité absolue. Après Budapest, la Géorgie et Minsk, nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Cette garantie passe par une force militaire suffisante pour empêcher toute nouvelle invasion. Enfin, et c’est le plus urgent, parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faudra rebâtir la défense européenne, négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin. C’est une tâche herculéenne, mais c’est sur le fondement de la réussite ou de l’échec de cette construction que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui. ».


     

     
     


    En outre, il a constaté avec joie que même l'Allemagne commence à dire que la France avait raison : « Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe avait besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire. Il faudra investir massivement et renforcer le Fonds européen de défense, hors critères de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’Union de l’Ukraine, laquelle possède aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, et relancer les projets de bouclier antimissile et de satellite européens. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ. Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi, et pour de bon. ».

    Au-delà de la stratégie, des investissements, de la réindustrialisation, il y a l'aspect moral : « Le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion face à la lassitude et à la peur de la guerre, et, surtout, face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême gauche. Ces derniers ont encore plaidé hier, à l’Assemblée Nationale, devant vous, monsieur le Premier Ministre, contre l’unité européenne et la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux ni Trump ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de "De Gaulle-Zelensky" par un "Pétain ukrainien" à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux Ukrainiens ! Le risque est grand, mais l’humiliation publique de Zelensky et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les Américains. Les sondages sont en chute libre, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique ! Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent certes l’exécutif, le Parlement, la Cour suprême et les réseaux sociaux, mais, dans l’histoire américaine, les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête… ».

     

     
     


    Enfin, la conclusion, sans ambiguïté, de cet éloquent exercice de géopolitique et d'histoire des relations internationales : « Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées, mais il dépend aussi de ceux qui, aux États-Unis, veulent défendre la démocratie et, ici, de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIe siècle. Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ! ».

    Faut-il alors s'étonner que cet excellent exposé ait été rediffusé aux États-Unis, sur des chaînes comme CNN, et que les vidéos de cette intervention orale aient parfois obtenu plus de 3 millions de vues ? Claude Malhuret, qui a présidé Médecin sans frontières il y a quelque temps, va devenir la coqueluche des citoyens américains sidérés par les premières semaines du mandat de Donald Trump. Il est temps que l'opposition démocrate se réveille et défende, un peu plus vaillamment qu'aujourd'hui, les valeurs fondamentales de la démocratie et de l'État de droit.

    À court terme, la vie des Ukrainiens en dépend. Le journaliste Jean Quatremer disait à juste titre ce vendredi 7 mars 2025 sur LCI que chaque mort de civil ukrainien depuis le début de la semaine était de la responsabilité de Donald Trump qui a retiré brutalement l'aide des renseignements américains pour les antimissiles : « Chaque mort supplémentaire est imputable à Donald Trump ! (…) Il faut dire les choses clairement. L'Ukraine se fait pilonner aujourd'hui avec l'aide des Américains, puisqu'ils ont coupé le robinet des renseignements qui permettaient d'intercepter les missiles. ».

    À plus long terme, c'est la défense et la protection de l'Europe qui sont en jeu. Merci Claude Malhuret d'avoir exprimé aussi clairement et synthétiquement ce qu'il fallait analyser dans cette situation internationale devenue de plus en plus compliquée. Au fait, vous savez qui est le bouffon de Néron ? Selon certains, il aurait bloqué le compte Twitter du sénateur Malhuret, mais ce dernier aurait lui-même démenti l'information.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (08 mars 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
    Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
    Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
    Ukraine : Claude Malhuret se gausse de Jordan Selfie !
    Claude Malhuret sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution le 4 mars 2024 à Versailles.
    Claude Malhuret s'en prend à "la pression permanente et déprimante des extrêmes" !
    Claude Malhuret dénonce la "mauvaise république" du guide suprême !
    L'Iran et les femmes : Claude Malhuret contre la mollarchie.
    Passe vaccinal : Claude Malhuret charge lourdement les antivax.
    Covid-19 : les trois inepties du docteur Claude Malhuret.



     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250304-malhuret.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/claude-malhuret-s-en-prend-a-neron-259682

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/04/article-sr-20250304-malhuret.html


    .

  • Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !

    « L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou. Et oui, la menace revient à l’est et l’innocence en quelque sorte des trente dernières années depuis la chute du mur de Berlin est désormais révolue. » (Emmanuel Macron, le 5 mars 2025 à Paris).




     

     
     


    Le Président de la République Emmanuel Macron a prononcé une allocution télévisée de quatorze minutes ce mercredi 5 mars 2025 à 20 heures, à la veille d'un Conseil Européen extraordinaire à Bruxelles. Quinze millions de Français l'ont écouté. Ce n'est peut-être pas la plus importante (il y a eu l'annonce du premier confinement le 16 mars 2020, ou encore l'annonce de la dissolution de l'Assemblée, le 9 juin 2024), mais c'est sans aucun doute l'une des plus importantes allocutions télévisées des deux mandats d'Emmanuel Macron depuis 2017.

     

     
     


    Cette allocution est une sorte d'annonce d'une page qui se tourne dans les relations internationales, telles qu'elles étaient organisées depuis la fin de la guerre. Si Emmanuel Macron a beaucoup critiqué la Russie de Vladimir Poutine, il s'est bien gardé d'en faire de même avec les États-Unis de Donald Trump, même si aujourd'hui, la différence semble ténue, notamment sur le sort de l'Ukraine, mais Emmanuel Macron reste toujours dans l'espoir de convaincre Donald Trump, tant sur l'Ukraine que sur les tarifs douaniers : « Nous continuerons comme je l’ai fait voilà quinze jours à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous. Et j’espère, oui, convaincre et en dissuader le Président des États-Unis d’Amérique. ».

     

     
     


    Il fallait que les Français soient informés directement par le chef de l'État des derniers rebondissements, nombreux, rapides, dans les relations internationales. En ce sens, l'allocution d'Emmanuel Macron a été excellente : excellente sur la forme, avec un cadre neutre qui s'accommode bien de la gravité du sujet ; excellente sur le fond, sans tenter de dramatiser, en disant les choses simplement, calmement mais fermement, avec lucidité mais aussi avec optimisme. L'idée générale, c'est la fameuse phrase de Pierre Mendès France : gouverner, c'est prévoir. Anticiper, toujours anticiper, c'est que ce fait Emmanuel Macron depuis qu'il a été élu Président de la République.

     

     
     


    Le tableau a de quoi inquiéter : « Les États-Unis d’Amérique, notre allié, ont changé leurs positions sur cette guerre, soutiennent moins l’Ukraine et laissent planer le doute sur la suite. Dans le même temps, les mêmes États-Unis d’Amérique entendent imposer des tarifs douaniers aux produits venant d’Europe. Enfin, le monde continue d’être sans cesse plus brutal, et la menace terroriste ne faiblit pas. Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines. Il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère. ».

    L'abandon de l'Ukraine par les États-Unis montre à l'évidence que l'Europe n'est plus protégée par son allié historique. En fait, on le savait depuis longtemps, cela fait au moins une quinzaine d'années que les États-Unis veulent se tourner vers le Pacifique et que l'Alliance atlantique leur coûte cher. Mais on n'a pas voulu en tirer toutes les leçons, par paresse mais aussi par manque d'argent. Ce qui est nouveau, c'est la brutalité inédite de Donald Trump et de J. D. Vance qui bousculent toutes les convenances.
     

     
     


    Le premier message d'Emmanuel Macron, dit par lui depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, la guerre en Ukraine, concerne notre sécurité directe, la sécurité de l'Europe et la sécurité de la France : « C’est non seulement le peuple ukrainien qui lutte avec courage pour sa liberté, mais c’est aussi notre sécurité qui est menacée. En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe alors personne ne peut plus être sûr de rien, et c’est la loi du plus fort qui s’applique et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même. L’Histoire nous l’a enseigné. ».

    Et au-delà de l'Ukraine, c'est la menace de la Russie de Vladimir Poutine qui est pointée du doigt : « La menace russe est là et touche les pays d’Europe. Nous touche. ».

     

     
     


    D'une part, Vladimir Poutine a internationalisé le conflit et se bat aussi contre l'Europe et la France au moyen de cyberattaques, mais aussi de nombreuses tentatives d'intimidation dans les airs : « Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens et des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s’armer davantage. La Russie du Président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie et en Moldavie. Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux, pour en bloquer le fonctionnement. La Russie tente de manipuler nos opinions, avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux. Et au fond, elle teste nos limites et elle le fait dans les airs, en mer, dans l’espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières. ».
     

     
     


    D'autre part, il poursuit dangereusement la militarisation de la Russie : « La Russie dans le même temps continue de se réarmer, dépensant plus de 40% de son budget à cette fin. D’ici à 2030, elle prévoit encore d’accroître son armée, d’avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars et 300 avions de chasse de plus. ».

    D'où la question cruciale, que le Président français pose depuis mars 2022 : « Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ? La Russie est devenue au même ou je vous parle et pour les années à venir une menace pour la France et pour l’Europe. Je le regrette très profondément et je suis convaincu qu’à long-terme la paix se fera sur notre continent avec une Russie redevenue apaisée et pacifique, mais la situation que je vous décris et celle-là et nous devons faire avec. ».

    Avec le désengagement américain, Emmanuel Macron est enfin écouté par nos amis européens, notamment allemands, britanniques et italiens.

    La réaction de la France et de l'Europe doit donc être en rapport avec la menace que la situation a provoquée : « Face à ce monde de dangers, rester spectateurs serait une folie. Il s’agit sans plus tarder de prendre des décisions pour l’Ukraine, pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens. ».
     

     
     


    Concernant l'Ukraine, Emmanuel Macron redit ce que le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit à Donald Trump le 28 février 2025 : on ne peut pas faire confiance à la signature de Vladimir Poutine. Il faut donc se donner les conditions d'une paix durable : « Le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l’abandon de l’Ukraine, bien au contraire. La paix ne peut pas être conclue à n’importe quel prix et sous le diktat russe. La paix ne peut être la capitulation de l’Ukraine. Elle ne peut pas être son effondrement. Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu qui serait trop fragile. Et pourquoi ? Parce que là aussi nous avons l’expérience du passé. Nous ne pouvons oublier que la Russie a commencé à envahir l’Ukraine en 2014, que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk et la même Russie n’a pas respecté ce cessez-le-feu et que nous n’avons pas été capable de les maintenir faute de garanties solides. Aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole. ».

    Le respect de la paix sera donc l'affaire de tous, et en particulier du continent européen : « Cela passera à coup sûr par un soutien à l’armée ukrainienne dans la durée. Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n’iraient pas se battre aujourd’hui, elle n’irai pas se battre sur la ligne de front, mais seraient là au contraire une fois la paix signée pour en garantir le plein respect. (…) Et je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés : mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas. ».


    Il n'y a pas que la guerre en Ukraine, il y a la sécurité de l'Europe en général : « Les États européens doivent, compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression. Oui, quoi qu’il advienne, il nous faut nous équiper davantage, hausser notre position de défense et cela pour la paix même, pour dissuader. À ce titre, nous restons attachés à l’OTAN et à notre partenariat avec les États-Unis d’Amérique, mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance, en matière de défense et de sécurité. ».

    Ainsi, le chef de l'État a évoqué le prochain Conseil Européen du 6 mars 2025 : « Plusieurs décisions seront prises, que la France proposait depuis des années. Les États-membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants. J’ai demandé au gouvernement d’être mobilisé pour que d’une part cela renforce nos armées le plus rapidement possible, et d’autre part que cela accélère la réindustrialisation dans toutes nos régions. Je réunirai avec les ministres compétents les industriels du secteur dans les prochains jours. L’Europe de la défense que nous défendons depuis huit ans devient donc une réalité. Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger, qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin sur leur sol, qui sont prêts à davantage coopérer et à réduire leurs dépendances à l’égard du reste du monde et c’est une bonne chose. ».

     

     
     


    C'est toute l'action européenne d'Emmanuel Macron, dont il a exposé la vision lors de son premier discours de la Sorbonne, le 26 septembre 2017, qui se trouve ainsi confortée par les événements. Il a fallu du temps, mais avoir raison trop tôt permet aussi de se préparer plus tôt. C'est ce qui s'est passé avec les deux dernières lois de programmation militaire. Dès l'été 2017, Emmanuel Macron avait annoncé une accroissement du budget de la défense, et en huit ans, le budget a doublé.

     

     
     


    Mais cela ne suffira pas : « Compte tenu de l’évolution des menaces, de cette accélération que je viens de décrire, nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables. J’ai demandé au gouvernement d’y travailler le plus vite possible. Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage. ».

    Augmentation du budget et aucune augmentation de la fiscalité, cela signifie réduction d'autres dépenses publiques. Et pourtant, depuis quarante ans, nous sommes incapables de réduire la voilure. Le défi est donc majeur.
     

     
     


    Ce sera sans doute le message qui passera le plus mal à gauche, qui soupçonnera le Président de la République de vouloir réduire les budgets sociaux. C'est ce qu'avait dit le Premier Ministre François Bayrou, la veille, le 4 mars 2025, à l'Assemblée : « C’est donc un immense effort que nous devons fournir. Si je puis vous dire ce que je pense vraiment, cela va nous obliger à réfléchir à notre modèle, à nos priorités, et à voir différemment le monde que nous pensions connaître et dont nous avons découvert, par l’action de ceux que nous croyions être nos alliés, qu’il était plus dangereux que nous ne l’imaginions. ». Pendant que les États-Unis s'engageaient à défendre la sécurité de l'Europe, les pays européens avaient réduit leur budget de la défense pour profiter d'un modèle social plus avantageux. Il faut revoir cet état de fait.

    Chef des armées, Emmanuel Macron a aussi évoqué la dissuasion nucléaire, en coupant court à toutes les désinformations entendues des oppositions. Voici sa réflexion exacte et complète : « Notre dissuasion nucléaire nous protège. Elle est complète, souveraine, française de bout en bout. Elle a depuis 1964 de manière explicite toujours joué un rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité en Europe. Mais répondant à l’appel historique du futur Chancelier allemand, j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du Président de la République, chef des armées. ». C'est cette dernière phrase qui est la plus importante : jamais Emmanuel Macron n'a évoqué une seule fois un supposé partage de la décision nucléaire. Jamais !


     

     
     


    La conclusion à tout cela, c'est qu'il faut continuer à augmenter le budget de la défense pour être capable de se défendre sans les États-Unis, être prêt à riposter le cas échéant au pays agressif qui est actuellement la Russie de Vladimir Poutine. Emmanuel Macron n'a pas donné de montant, mais on dit qu'il faudrait passer de 50 à 90 milliards d'euros par an dans le budget de l'État qui est déjà très déficitaire.

     

     
     


    D'où cet appel à la classe politique (et aux milieux économiques) pour changer notre perception et imaginer de nouvelles solutions : « Au total, le moment exige des décisions sans précédent depuis bien des décennies. Sur notre agriculture, notre recherche, notre industrie, sur toutes nos politiques publiques nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que naguère. C’est pourquoi j’ai demandé au Premier Ministre et à son gouvernement et j’invite toutes les forces politiques, économiques et syndicales du pays à leurs côtés, à faire des propositions à l’aune de ce nouveau contexte. Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d’hier. ».

    Pour Emmanuel Macron, ce qui est en jeu, ce sont nos valeurs : « La France ne suivra qu’un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté, fidèle en cela à son Histoire et ses principes. Oui c’est ce en quoi nous croyons pour notre sécurité, et c’est ce en quoi nous croyons aussi pour défendre la démocratie, une certaine idée de la vérité, une certaine idée d’une recherche libre, du respect dans nos sociétés, une certaine idée de la liberté d’expression qui n’est pas autour des discours de haine, une certaine idée de l’humanisme. C’est cela que nous portons et qui se joue. Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents pour être à la hauteur de cette époque, et que nous nous comparions aux États-Unis d’Amérique et a fortiori à la Russe, nous en avons les moyens. ».

    Ce qui a expliqué également que le chef de la Nation ait fait appel à tous les citoyens, qui doivent prendre conscience que l'époque évolue à grande vitesse : « Nous devons donc agir en étant unis en européens et déterminés à nous protéger. C’est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires et les budgets sont une chose mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une Nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements. ».

    Cet appel a eu déjà des effets positifs dès cette soirée-là : beaucoup de demandes ont été faites sur Internet pour devenir réservistes. Et d'un point de vue politique, si Emmanuel Macron ne cherchait pas à convaincre ni les insoumis ni le RN, il a réussi son objectif premier : convaincre le PS qui est d'accord sur le principe d'une hausse du budget de la défense en raison de l'évolution inquiétante des derniers événements. Parfois, la stabilité s'obtient grâce aux crises. Ce sera peut-être le cas ici, la fragilité institutionnelle du gouvernement actuel pourrait paradoxalement en faire sa force première pour prendre des décisions courageuses, dans l'intérêt national.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (06 mars 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
    Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
    François Bayrou : la France avait raison !
    Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !


     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250305-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/emmanuel-macron-la-patrie-a-besoin-259716

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/05/article-sr-20250305-macron.html


    .