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débarquement

  • 80e anniversaire du Débarquement : merci, les vétérans !

    « Les Français sont là parce qu'ils tiennent à ce moment de l'histoire. Quatre-vingts ans après, ce sont sans doute les dernières grandes célébrations où nous pouvons avoir des anciens combattants, des vétérans qui sont encore là, qu'on doit célébrer et chérir. C'est ça pour moi le premier objectif. » (Emmanuel Macron, le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2).



     

     
     


    C'est exactement là l'enjeu de ces nombreuses cérémonies de commémoration du Débarquement en Normandie les 5 à 7 juin 2024 : Saint-Lô, Cherbourg, Caen, Bayeux, etc. Elles ne seront pas les dernières, bien sûr, car la mémoire de la Seconde Guerre mondiale restera ancrée comme pour la Première Guerre mondiale, mais les prochaines ne se feront sans doute plus avec les acteurs ou même les témoins.

    Pour Emmanuel Macron, ce passage obligé était nécessaire. Il est sans doute le Président de la République qui commémore le plus. On se rappelle ainsi le centenaire du 11 novembre 1918. Mais encore heureux qu'il l'a fait, car beaucoup semblent avoir la mémoire un peu courte de l'histoire récente. Dans ce domaine, on n'en fait jamais trop, on ne martèle jamais assez. Comment ne pas prendre la volonté expansionniste russe de Vladimir Poutine au sérieux quand on connaît l'histoire des années 1930 ? La Crimée en guise d'Anschluss (annexion de l'Autriche)... le Donbass en guise des Sudètes... et puis quoi encore ? L'Ukraine pour la Tchécoslovaquie ? Les Pays baltes, la Moldavie, la Géorgie pour la Pologne ? Ou la Pologne elle-même dans son précédent rôle ? La Roumanie ? C'est parce que les démocraties déclinantes ont baissé les bras (et la culotte) à Munich que l'impérialisme totalitaire est sorti victorieux et il a fallu des millions de morts pour en venir à bout. Comment donc ne pas avoir cette histoire à l'esprit quand on analyse les faits d'aujourd'hui ?

    L'Ukraine était un pays libre comme les autres pays européens, et c'est devenu un enfer de bombes, de désolation, voulu par la seule folie expansionniste. On pouvait sérieusement penser qu'on avait suffisamment évolué, en Europe du moins, champ de batailles millénaire, pour ne plus voir cela. C'est pour cela que la France a réagi avec raison et soulagement : dire stop avec des mots ne sert à rien quand seuls les rapports de force sont pris en compte. Il faut arrêter Poutine tant qu'il est encore temps.

    Dans ces cérémonies, bien sûr, il y a des chefs d'État et de gouvernement, leur cortège de discours, d'honneurs, de devanture médiatique, mais aussi les gens qui sont venus sur place, des gens du peuple qui ont voulu être là pour participer, hors VIP, à ces manifestations mémorielles, ils ne sont pas venus honorer les officiels mais les vétérans. Oui, ces anciens combattants à qui on doit tant depuis quatre-vingts ans.
     

     
     


    Quand on parle d'anciens combattants, on peut être tenté de retomber dans les clichés des années 1970, aidé par Coluche, Reiser et d'autres humoristes qui ne faisaient pas dans la dentelle (et qui ne manquaient pas de talent). Des vieux schnoques rabat-joie, chiants disons-le clairement, la poitrine couverte de médailles quand ils sortent en ville, à la voix chevrotante. Et obsédés par la guerre.

    Cela fait longtemps que j'ai dépassé ce stade de réflexion : on l'oublie trop, mais les anciens combattants, ce ne sont pas des vieux, c'étaient d'abord des jeunes, voire des très jeunes hommes qui ont, par courage, par devoir, combattu, et qui ont, par chance, il n'y a pas d'autre mot, survécu. Ils avaient 18 ans, 20 ans... Il faut les imaginer. Ils ont perdu dix, vingt, cent de leurs camarades, de leurs meilleurs amis, ils ont été traumatisés à vie. Ils ont vu des horreurs, des petites lâchetés, de la grande bravoure (bravitude), mais ils étaient aussi immatures que nos gosses adolescents d'aujourd'hui, il ne faut pas croire, mais dans un contexte de guerre infernale. Ce sont toujours les jeunes qui façonnent l'histoire.


    Alors, aujourd'hui, évidemment, quatre-vingts années plus tard, il en ont quatre-vingts de plus, ceux qui sont venus, des États-Unis, de Grande-Bretagne, etc., ont maintenant entre 98 ans et 103 ans. Ce sont des centenaires, certains encore en bon état, souriants, debout ou à fauteuil roulant, et elle est là, l'émotion. Chaque vétéran est un roman complet. Parfois au moment de la guerre, parfois plus tard, des histoires de mort, des histoire d'amour aussi, des rencontres, des retours... Certains vétérans sont revenus pour la première fois depuis si longtemps, revenir sur les lieux de leurs combats. L'un a été submergé d'émotion : il se demandait si tant de pertes valait la peine et il a vu sur la plage où il avait débarqué des gens en maillot de bain pique-niquer, touristes, baigneurs, joyeux, libres, légers. Oui, ça valait le coup. En Croatie, en Crimée, c'étaient des zones de tourisme, c'étaient des territoires de légèreté, pas de guerre, pas d'horreur. L'humain est terrible, il réussit à faire un enfer d'un paradis. Heureusement, l'inverse est vrai aussi. C'est un choix. Un choix de vie, un choix de conviction. Choisis ton camp !
     

     
     


    Ce sont donc uniquement les vétérans qui sont à l'honneur. Tous ces jeunes, parfois ces enfants qui les ont accueillis chaleureusement, ces derniers jours, c'était justice et gratitude. Ils leur disaient la seule chose qu'on dit dans ce cas-là : merci, les gars ! Merci d'avoir sauvé nos vies en sacrifiant la vôtre ! D'origine lorraine (eh oui !), je suis plus habitué aux cimetières militaires de la Première Guerre mondiales, j'ai vécu mon enfance avec ce sentiment de l'enfer de Verdun, des ossuaires, ces lignes de front qui évoluent aussi lentement que dans le Donbass au prix de milliers de vies humaines, des bouts d'os humain que certains agriculteurs trouvent encore dans leur champ un siècle plus tard, tant la boucherie a été horrible. J'ai peu de liens personnels avec la Normandie, j'ai une culture plus intellectuelle de ces cimetières militaires en Normandie mais le concept est le même : partir à des milliers de kilomètres, avoir peu de chance d'en revenir, la famille n'a même pas pu récupérer le corps de leur enfant, tant il y en avait. Beaucoup de disparus d'ailleurs. Comment imaginer cette boucherie ? Il suffit de regarder vers l'Est, vers l'Ukraine aujourd'hui, hélas. Et ce n'est pas le seul encore enfer, il y en a beaucoup d'autres en Afrique, à Gaza et en Israël, en Syrie, au Moyen-Orient, etc.

    Ce qui est rassurant, c'est que la jeunesse est prête à assurer la relève. Il n'y aura bientôt plus de témoins, plus d'acteurs, parce que la biologie humaine est ce qu'elle est, mais les enfants sont désormais éduqués, instruits, sensibilisés comme on dit. Chaque 8 mai, chaque 11 novembre, dans ma commune, il y a au moins une quinzaines d'enfants du primaire qui participent aux cérémonies du souvenir, ce sont eux qui déposent les gerbes, celle du conseil municipal, celle des anciens combattants, celle du conseil municipal des enfants, parfois celle du député de la circonscription (avant une élection importante). Ils lisent leurs propres discours. Parfois bien mieux que les adultes.

    L'émotion est à double sens. Ce vétéran qui est revenu sur les lieux du drame. Il a été accueilli comme s'il était un enfant de la famille. Les habitants lui ont fait la fête. Lui, le vieillard, s'est senti chez lui, comme s'il faisait partie de la famille. Il oubliait de comprendre que ce n'était plus lui le gosse, le jeune, c'est maintenant le patriarche, un patriarche qui a survécu à ces horreurs et qui a eu de la chance, mais à qui le reste de sa "nouvelle" famille doit une fière chandelle. Parfois, j'ai l'impression que le fait d'avoir été ancien combattant conservait le corps et l'âme, quand on voit certains vétérans centenaires en si bonne forme au moins morale, le sourire aux lèvres et plein de souvenirs dans la bouche... et les yeux.

    Ces cérémonies des 80 ans seront certainement les dernières où nous, les jeunes, les jeunes gens de 0 à 95 ans, nous pouvons leur dire merci. Petit à petit, ils vont disparaître, définitivement. Le dernier combattant du Commando Kieffer, Léon Gautier, est mort en juillet de l'an dernier. Ce dernier a pourtant répété toute sa vie : « Nous ne sommes pas des héros, nous n'avons fait que notre devoir ! ». Cela reprend la conception de De Gaulle dans l'engagement dans la France libre à Londres, racontée par Daniel Cordier : passant en revue tous ces jeunes volontaires qui venaient d'arriver, le Général ne leur a jamais dit un seul merci d'être venus ; pour lui, encore heureux ! ils avaient fait simplement leur devoir en le rejoignant, c'était tout, le minimum. Ce n'est pas vrai, ce sont des héros, de humbles héros qui ont été essentiels dans la victoire. Nos générations leur doivent tout et d'abord la liberté de dire n'importe quoi et de dénigrer sa patrie comme le font de beaucoup trop nombreux commentateurs de l'actualité.

     

     
     


    Pendant ces trois jours, Emmanuel Macron leur a rendu hommage, en particulier à Colleville-sur-Mer, aux côtés de Joe Biden : « Vous avez tout quitté et pris tous les risques pour notre liberté. Nous ne l'oublierons pas ! » (9:400 sépultures dans le cimetière militaire américain). Sur la plage d'Omaha Beach, 2 500 des 34 000 soldats ont péri dès le première jour. Le Président français leur a rendu hommage : « Ils ne parlaient pas la même langue. Ils n’avaient pas le même drapeau. Ils ne portaient pas le même uniforme. Et pourtant, ils partageaient une certaine vision de l’Homme, digne et libre. Ils portaient la liberté réinventée, au péril de leur vie. ». 22 442 militaires britanniques sont morts dans la Bataille de Normandie en été 1944. Hommage du Président de la République française aux côtés du roi Charles III : « They gave their tomorrow for our today. We will never forget. » [Ils ont donné leur lendemain pour notre aujourd'hui. Nous n'oublierons jamais].

    Le 5 juin 2024, Emmanuel Macron a rendu aussi hommages aux maquisards bretons à Plumelec : « Tous ensemble, honorons et transmettons. Nous le devons à nos héros. Nous le devons aux générations futures. ». À Saint-Lô : « La "Capitale des Ruines", selon la belle expression forgée par Samuel Beckett, nous honorerons les victimes des bombardements, ainsi que le courage de tous leurs sauveteurs. Saint-Lô est le symbole de toutes nos cités qui, à cette époque, ont connu la destruction. Leur souffrance, l’héroïsme des secouristes et l’abnégation de ceux qui les ont rebâties doivent trouver toute leur place dans notre mémoire collective. ».


    Plus généralement, le chef de l'État a remercié les combattants de la liberté : « La gratitude de la France leur est assurée pour toujours, et nous l’exprimerons aux vétérans qui, immense honneur pour notre pays, seront encore avec nous ce jour-là. (…) Partout en France, des milliers d’événements et de projets scolaires animeront l’indispensable travail de transmission. C’est le sens de la grande collecte d’archives et de souvenirs lancée en mars dernier, qui permettra à l’intime de rejoindre le collectif dans la construction de notre mémoire. Il est en effet essentiel d’aider les jeunes générations à s’approprier cette période dont nous avons su nous relever et tirer des leçons, et à réfléchir au poids des choix individuels dans les périodes de tourments. ». Et de s'interroger : « Elle nous pousse à nous demander le prix que nous sommes prêts à payer pour notre liberté et la défense de nos valeurs. Elle nous rappelle l’importance d’une Europe unie, de la solidité de nos alliances, dans un monde à nouveau plein de risques et d’incertitudes. Puisse l’exemple de ces héroïnes et héros renforcer notre détermination et notre confiance dans un avenir de paix et de sécurité. ». Dans son discours devant le mémorial des SAS, Emmanuel Macron a déclaré : « Je sais notre pays fort d'une jeunesse audacieuse, vaillante, prête au même esprit de sacrifice que ses aînés. ».

    La rencontre d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement n'a pas été vaine et passive durant ces commémorations. Elle a été l'occasion de publier le 6 juin 2024 une déclaration commune très forte signée par dix-neuf États dont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, le Canada, l'Ukraine, etc. pour réaffirmer un certain nombre de valeurs fondamentales :

    « Premièrement, nous soutenons l’intégrité territoriale des États souverains. Les frontières ne peuvent être modifiées par la force.

    Deuxièmement, nous rejetons tout recours à la force comme moyen de régler les différends. Notre Alliance et nos partenariats sont de nature strictement défensive et ne représentent en aucun cas une menace à la sécurité d’un autre État. Notre objectif commun est de préserver et de maintenir la paix.

    Troisièmement, nous respectons la liberté de tous les États de définir les relations qu’ils souhaitent entretenir en matière de sécurité ainsi que leur droit de faire partie ou non d’alliances. Il s’agit là d’une expression de la souveraineté nationale et du désir de sécurité et de stabilité que nous partageons tous.

    Quatrièmement, nous nous engageons à respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales pour tous, sans distinction, notamment la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de croyance.

    Cinquièmement, nous défendons le droit de tous les peuples à définir librement leur statut politique en vertu de leur droit à l’autodétermination, conformément au droit international.

    Sixièmement, nous prônons l’accès de tous à des nouvelles et à des informations fiables, ainsi qu’à un environnement de l’information numérique ouvert, sûr et sécurisé. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de garantir un journalisme et une presse libres, indépendants et pluralistes.

    Septièmement, nous plaidons en faveur d’échanges économiques pacifiques, des liens entre les peuples et de la coopération internationale afin de promouvoir la sécurité et la prospérité en Europe et dans le reste du monde.


    Ces principes universels se trouvent au cœur de notre engagement collectif en faveur de la paix et de la sécurité. Ils sont depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale la pierre angulaire de l’alliance nouée entre les États-Unis, le Canada et les pays européens, ainsi que des partenariats mondiaux établis de longue date. Aujourd’hui, ils demeurent au cœur de notre action dans le monde, alors que nous nous efforçons de favoriser l’établissement de normes mondiales, de promouvoir des valeurs et de soutenir le développement durable pour tous. Ils nous guident dans la détermination sans faille que nous déployons pour aider l’Ukraine à se défendre contre la guerre d’agression russe, et que nous continuerons de déployer aussi longtemps que nécessaire pour rétablir la paix en Europe. ».

    C'est la raison pour laquelle Vladimir Poutine n'a pas été invité à ces commémorations, parce qu'ils ne partagent pas ces valeurs fondamentales. Il ne s'agit pas d'un fossé civilisationnel, mais seulement individuel. Le peuple russe, comme tous les grands peuples, doit pouvoir nous rejoindre sur ces valeurs. Aujourd'hui, il ne le peut pas encore, mais il le fera un jour prochain. Le plus vite sera le meilleur pour la paix et les libertés.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    75e anniversaire du Débarquement en Normandie : encore une commémoration ?
    Débarquement : honneur aux soldats américains morts pour la France et pour l’Europe !
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon : pluie et émotion !
    Michel Cherrier.
    Léon Gautier.
    Claude Bloch, passeur de mémoire.

     

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240606-debarquement.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/80e-anniversaire-du-debarquement-255054

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/05/article-sr-20240606-debarquement.html



     

  • Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français

    « Parler un 6 juin est important pour ne pas confondre la mémoire et la vie de la Nation. » (Emmanuel Macron, le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2).



     

     
     


    Grande séquence diplomatique pour le Président de la République Emmanuel Macron. Après les trois jours de visite d'État en Allemagne, où le peuple allemand l'a ovationné durant ses déplacements (notamment à Berlin et à Dresde) du 26 au 28 mai 2024, il a reçu ces mercredi 5 et jeudi 6 juin 2024 plus d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement pour les cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Et cela avant la visite de Volodymyr Zelensky à Paris ce vendredi 7 juin 2024 et la visite d'État du Président américain Joe Biden ce samedi 8 juin 2024.

    Pourquoi alors s'étonner de voir le Président de la République vouloir s'adresser aux Français à cette occasion ? Certes, dans trois jours ont lieu les élections européennes, mais justement, tous ses prédécesseurs, et en particulier le plus illustre d'entre eux, De Gaulle, ne s'étaient pas embarrassés de ces considérations en prenant les ondes quand ils le voulaient, parfois même entre la fin de la campagne officielle et le début du scrutin. Du reste, dans le cas de maintenant, ce n'est plus le gouvernement qui régule les temps de parole mais l'Arcom (l'héritière du CSA) qui a décidé de prendre en compte son temps de parole, et donc, dans cette affaire, c'est surtout Valérie Hayer qui est la plus pénalisée !

    Donc, effectivement, Emmanuel Macron a répondu aux questions de Gille Bouleau de TF1 et d'Anne-Sophie Lapix de France 2 ce 6 juin 2024 entre 20 heures 10 et 20 heures 45, dans un des très beaux cloîtres de Caen (je suis un peu jaloux, lorsque j'y suis allé, je n'ai pas pu le visiter car c'était fermé !). Évidemment, le Président a défendu son droit à parler aux Français, cela fait d'ailleurs partie de sa prérogative constitutionnelle, l'article 5 de la Constitution dit explicitement qu'il est l'arbitre des élégances(« Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. »).

    Les messages d'Emmanuel Macron sont assez clairs et simples.

    Le premier, c'est en rapport avec les festivités du Débarquement. Il a souligné la grande participation populaire, beaucoup de Français, bien au-delà des invités, étaient présents à ces cérémonies et ce n'était pas par curiosité pour voir les officiels mais surtout pour rendre hommage aux vétérans venus spécialement des États-Unis et de Grande-Bretagne. Ces hommes-là étaient de très jeunes soldats, 18 ans, 20 ans, et ils ont perdu beaucoup d'amis, de camarades dans les combats, ils sont traumatisés à vie, ils sont maintenant centenaires ou pas loin de l'être. C'est grâce à eux que nous sommes une nation libre. Comment ne pas mettre le parallèle avec les élections européennes ? Emmanuel Macron a exhorté les Français à aller voter ce dimanche. Comment ne pas voter alors que des Américains et des Britanniques ont sacrifié leurs vies pour que nous puissions avoir ce droit ?

     

     
     


    Mais ce message est double. S'abstenir, c'est laisser les autres décider de l'Europe à sa place. Le Président a pris en exemple des électeurs britanniques qui n'avaient pas voté au référendum sur le Brexit et qui se sont retrouvés hors de l'Union ; ils s'en mordent encore les doigt. Emmanuel Macron craint un blocage de l'Europe avec l'arrivée massive de l'extrême droite, tant de France que d'ailleurs. Il entend donc remobiliser ceux qui sont pro-Européens pour stopper cette vague de sentiment anti-européen. Pour Emmanuel Macron, l'Europe nous protège et si l'extrême droite avait eu le pouvoir de blocage des institutions, il n'y aurait pas eu de vaccin contre le covid-19 qui aurait été soigné à coups de chloroquine et de Spoutnik. Il n'y aurait pas eu non plus de plan de relance contre lequel tous ses opposants français ont voté.

    Le deuxième message est plus régalien. Il a évoqué ce qu'il annoncerait officiellement le lendemain avec la visite de Volodymyr Zelensky à Paris, à savoir que la France allait livrer des Mirage 2000 à l'Ukraine pour défendre son espace aérien avec la possibilité d'atteindre des cibles militaires russes sur territoire russe si nécessaire pour se protéger. Par ailleurs, la France formera 4 500 soldats ukrainiens (qu'il a appelés très improprement « bataillon français »).


    Emmanuel Macron a expliqué que le Président ukrainien lui avait adressé la veille une lettre lui demandant officiellement cette aide. Il considère qu'il n'y a pas d'escalade et que la France ne fait pas la guerre à la Russie mais veut défendre l'Ukraine. Cette position rationnelle, ferme et nécessaire ennuie évidemment fortement Vladimir Poutine qui s'en prend aujourd'hui plus particulièrement à la France. Contrairement à tout ce qui avait été dit avant son intervention télévisée, le Président de la République n'a pas dit que les formateurs français formeraient sur le territoire ukrainien, mais il n'a pas dit non plus le contraire, laissant cette information dans le flou stratégique.

    Emmanuel Macron veut surtout rappeler que c'est Vladimir Poutine l'agresseur et que la réponse de la France dépend de lui, de ses propres évolutions tactiques. Lorsque les tirs russes proviennent de bases sur territoire russe, ne pas autoriser l'Ukraine à viser ces bases l'obligerait à accepter d'être bombardée sans réagir.

     

     
     


    Le troisième message concerne la situation à Gaza. Pour le Président français, la solution à deux États est la seule voie possible pour la paix. Mais la reconnaissance de l'État palestinien ne doit pas se faire dans l'émotion de la situation à Gaza. Cette émotion n'est pas seulement au Proche-Orient mais aussi en France, entre autres. S'il a loué l'absence de violence dans les manifestations pro-palestiniennes en France, au contraire d'autres pays, il a toutefois souligné la recrudescence très inquiétante des actes d'antisémitisme.

    À ceux qui le dénigrent parce qu'il personnaliserait la campagne des européennes, Emmanuel Macron a répondu très clairement : ce sont d'abord toutes les oppositions qui personnalisent la campagne, puisque matin midi et soir, leurs seuls arguments, c'est de s'en prendre à lui en le caricaturant, en s'en prenant d'ailleurs plus à sa personne qu'à sa politique.


    Le message européen d'Emmanuel Macron est donc clair et déterminé, mais il était aussi prévisible. Rejetant les sondages (il n'est pas un commentateur de sondages), pour lui, ce qui importe sera le résultat des élections dimanche soir, et il verra ensuite ce qu'il devra faire. Il a rappelé qu'en 2017 et en 2022, les Français ont élu le candidat qui a fait de la construction européenne son identité politique bien marquée, ce qui veut dire que son rôle ici n'est pas de contrer un peu stérilement les ennemis de l'Europe, mais plutôt de motiver les partisans de la construction européenne qui seraient déçus ou déconcertés par son action depuis le début de son second quinquennat de regarder l'essentiel, à savoir l'Europe au regard de l'histoire. C'est un discours qui se tient et qui, je l'espère, aura une incidence dans l'esprit des candidats à l'abstention.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (06 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    Emmanuel Macron, haut et fort dans l'intérêt de la France et des Français.
    Interview du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 sur TF1 et France 2 (vidéo intégrale).
    Discours du Président Emmanuel Macron le 6 juin 2024 en Normandie.
    Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    Discours du Président Emmanuel Macron sur l'Europe le 25 avril 2024 à la Sorbonne à Paris (texte intégral et vidéo).
    Emmanuel Macron et son plan de relance de l’Europe (le26 septembre 2017 à la Sorbonne).
    Texte intégral du discours d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2017 à la Sorbonne.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Pour que la France reste la France !
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 à 20 heures 15 à l'Élysée (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Macron.
    Tribune du Président Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

    Le gouvernement de Gabriel Attal sarkozysé.
    Liste complète des membres du premier gouvernement de Gabriel Attal.
    Cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon le 9 janvier 2024 (texte intégral et vidéo).
    Gabriel Attal plongé dans l'enfer de Matignon.
    Élisabeth Borne remerciée !
    Macron 2024 : bientôt le grand remplacement ...à Matignon ?
    Vœux 2024 d'Emmanuel Macron : mes chers compatriotes, l’action n’est pas une option !

     
     




    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240606-macron.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/emmanuel-macron-haut-et-fort-dans-255052

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/06/06/article-sr-20240606-macron.html