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défense - Page 2

  • 3 ans de guerre en Ukraine

    « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. (…) Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. (…) Ce n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore. (…) Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ? » (Paul Valéry, 1919).



     

     
     


    Le lundi 24 février 2025, cela fera trois ans que l'Ukraine est en guerre. Il faut bien comprendre que l'Ukraine est un pays similaire à d'autres pays en Europe, Kiev est comme Bucarest, Varsovie, Prague, Berlin, Madrid ou Paris, une grande capitale européenne avec beaucoup d'activité économique, culturelle, touristique.

    Il faut imaginer que l'Ukraine ressemble aujourd'hui, dans sa partie est, au même enfer que le front du nord-est de la France pendant la Première Guerre mondiale. On peut faire le même parallèle. Les soldats russes, en envahissant l'Ukraine par le nord, depuis la frontière biélorusse, étaient comme nos Poilus d'août 1914 ; ils pensaient que leur expédition durerait quelques semaines, peut-être deux ou trois mois, et qu'ils reviendraient victorieux dans leur chaumière, la guerre finie. Pour l'Ukraine, c'est sans doute pire, car l'autocrate de Moscou comptait remporter la victoire en quelques jours, comme les troupes soviétiques avaient réussi à mettre sous contrôle la Tchécoslovaquie en 1968 ou la Hongrie en 1956. C'est-à-dire sans combat réel.

    Les centaines de milliers de morts du côté russe comme du côté ukrainien sont de la responsabilité unique d'un homme, Vladimir Poutine, va-t-en-guerre nationaliste qui, pour réaliser la Grande Russie, n'a pas hésité tant à tuer cette multitude de personnes qu'à remettre en cause les règles élémentaires du droit international, et cela dès mars 2014 et l'annexion de la Crimée.


     

     
     


    Ni l'Ukraine qui ne demandait qu'à être libre de décider son destin comme elle l'entend, ni l'OTAN qui n'était pas présente en Ukraine, ne constituaient une menace pour la Russie sauf dans le cerveau paranoïaque de Vladimir Poutine. Du reste, on a bien vu que la situation de la Russie est moins favorable aujourd'hui qu'hier car la tentative d'invasion de l'Ukraine a poussé la Finlande et la Suède à adhérer immédiatement à l'OTAN, alors que ces deux pays voulaient rester neutres (mais ils ont maintenant peur d'être envahis par la Russie). Si la prétendue opération militaire spéciale avait pour but de réduire les menaces avec l'OTAN, elle a été fortement contre-productive, d'autant plus qu'elle a fait exploser le patient travail de crédibilité internationale qu'avait pourtant réalisé Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000 pour la Russie.

    Il faut saluer la résistance extraordinaire des Ukrainiens qui ont refusé de subir la décision de Vladimir Poutine, et en particulier de leur Président de la République Volodymyr Zelensky qui, par son courage et sa détermination, a maintenu la continuité de la nation ukrainienne. Contrairement à ce qui est proclamé par les désinformateurs professionnels qui n'abusent personne, même en fin de mandat, Volodymyr Zelensky est légitime car l'état de guerre du pays empêche constitutionnellement l'organisation d'élections libres et sincères. D'ailleurs, la question se poserait de définir correctement la liste électorale, si les habitants par exemple d'une zone annexée unilatéralement par la Russie mais encore sous contrôle militaire de l'Ukraine pourraient voter ou pas, etc.

    Ce que certains courants politiques en Europe refusent volontairement de comprendre, c'est que la guerre en Ukraine concerne toute l'Europe, nous concerne, et le risque d'extension de la guerre par Vladimir Poutine est réel dès lors qu'il a évoqué la Grande Russie : les États baltes, la Roumanie, la Pologne, et bien sûr la Moldavie et la Géorgie dont le malheur commun est de ne pas appartenir à l'Union Européenne, sont sous la menace de nouvelles invasions poutiniennes.


    Jusqu'à maintenant, l'allié américain était au rendez-vous de l'histoire et a aidé l'Europe dans sa défense, trop conscient de l'intérêt stratégique à protéger ses alliés les plus fidèles. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche il y a juste un mois a considérablement changé la donne du continent européen.

     

     
     


    D'une part, Donald Trump ne connaît que le langage de l'argent : si à court terme, il en fera profiter le peuple américain, ce qui reste à démontrer (l'augmentation des taxes douanières, c'est les consommateurs américains qui paieront !), à long terme, c'est une hérésie stratégique de se mettre à dos ses alliés les plus proches en valeurs. La dernière sortie de Donald Trump contre Volodymyr Zelensky sous prétexte qu'il a refusé de brader ses minerais précieux est particulièrement inquiétante dans la mesure où le Président américain serait prêt à aller jusqu'au bout de son chantage pécuniaire et à pactiser avec le tyran russe.

    D'autre part, ce retournement des États-Unis qui voudraient négocier avec la Russie sans l'Ukraine et sans l'Europe est également très inquiétant. Il nous rappelle que rien n'est jamais immuable et que rien n'est jamais acquis dans les relations internationales, et ce sont les naïfs les premières victimes.
     

     
     


    Cette instabilité internationale pourrait, je l'espère, provoquer une réaction salutaire, une sorte d'électrochoc dont seulement deux issues sont possibles : ou la mort, ou le réveil vers une Europe totalement indépendante des États-Unis, c'est-à-dire avant tout militairement indépendante des États-Unis.

    Cela signifierait que la France est un pays crucial dans cette optique. Seul pays à disposer d''armes de dissuasion nucléaire à l'intérieur de l'Union Européenne, il est bien sûr la cible privilégiée de Vladimir Poutine qui n'a jamais cessé d'inonder la France de manipulateurs, désinformateurs, etc.

    Et la France, consciente de cet état de fait, a su prendre ses responsabilités. On avait ironisé sur Emmanuel Macron lorsqu'il avait cherché à négocier, avant la guerre, avec Vladimir Poutine jusqu'à être reçu au Kremlin autour d'une immense table, tellement caricaturale qu'un auteur de romans aurait été incapable d'imaginer une telle situation. Aujourd'hui, on commence à se dire qu'Emmanuel Macron avait eu raison de quand même tenter la méthode diplomatique avant l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. À l'instar de Jacques Chirac cherchant à dissuader les Américains d'envahir l'Irak en 2003-2004. En vain.

     

     
     


    Emmanuel Macron n'a jamais failli à ses responsabilités diplomatiques et militaires et c'est l'honneur de la France. La réunion décidée très rapidement des Européens autour d'Emmanuel Macron à l'Élysée le lundi 17 février 2025 a montré une évidente réactivité européenne face à une collusion possible entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

    En France, les trolls pro-Poutine qui submergent les réseaux sociaux et le Web participatif de la parole du Kremlin depuis une vingtaine d'années, dont la motivation est anti-américaine par excellence, vont devoir changer radicalement leur mode de pensée avec la complicité d'un Donald Trump qui ne voudrait batailler que contre la Chine, si possible seulement économiquement.


    Et l'Europe dans tout ça ? Il n'y pas de mystère, il n'y a qu'une seule décision que chaque État européen doit prendre pour résister aux enragements guerriers de Vladimir Poutine et à l'abandon lâche et vénal des États-Unis : il faut que chaque nation investisse massivement dans sa défense militaire, qu'il engage au moins 5% de son PIB pour son armée et son armement. C'est la seule réponse admissible, la seule qui peut être efficace pour engager un rapport de force avec un autocrate qui ne connaît que cette logique : combien de canons ? combien de divisions ?

    Bien entendu, dépenser beaucoup plus en défense signifie réduire drastiquement d'autres budgets, et le seul budget qu'on peut réduire de manière drastique, en France, c'est celui des aides sociales, quelles qu'elles soient. Voulons-nous exister en tant que nation indépendante ou acceptons-nous de couler avec nos 35 heures, notre énième semaine de congé, avec notre retraite par répartition complètement déficitaire, etc. ? Elle est là la réforme de l'État : réaffecter les enveloppes budgétaires pour être sérieusement défendus par nos armées, tant de manière conventionnelle qu'avec la dissuasion nucléaire (qui ne suffit pas seule à défendre le pays).
     

     
     


    On aurait pu penser que la classe politique française, inquiète de la situation internationale, propose des solutions, qui pourraient se résumer à du sang et des larmes. Eh bien, pas du tout. Au contraire, depuis l'été 2024, c'est à celui qui rasera le plus gratis, c'est à celui qui promettra le plus de clientélisme, avec une solution miracle, on taxe les riches, ce qui aura pour effet de taxer tout le monde (on est toujours le riche de quelqu'un), et pour autre effet de repousser à l'extérieur de la communauté nationale les vrais riches qui créent de la valeur ajoutée et qui ont les moyens de se délocaliser.

    Il suffit de regarder le débat politique ultrapauvre de ces derniers jours. Un jour, les socialistes, en pleine perspective de congrès interne, déposent une motion de censure pour dire qu'ils sont dans l'opposition tout en faisant attention qu'elle ne soit pas vraiment adoptée car il ne faut pas exagérer, juste pour un mot prononcé par le Premier Ministre. Jeu de rôles mortifère pour un observateur étranger. Un autre jour, un potentiel candidat à l'élection présidentielle, habitué à la teinte de cheveux... mais en gris !, au lieu de présenter aux Français ses vues sur l'état du monde, sa vision géostratégique pour la France, ne cherche qu'à opposer les uns aux autres juste pour prendre un éventuel avantage sur un ministre dans la même course à l'échalote. Niveau zéro de la vie politique. Dire que ces deux partis représentaient les deux tiers de l'électorat il y a encore une dizaine d'années !

    Bref, on n'est dans une situation pire que celle du Front populaire qui imaginait des congés payés, des augmentations, des loisirs, alors que Hitler remilitarisait à outrance l'Allemagne. Il y a un côté hors-sol des Français, j'écris bien des Français et pas seulement de leur classe politique qui ne fait que répondre aux désirs des électeurs par sondages interposés.


     

     
     


    Le réveil, si réveil il y a (on peut mourir sans s'être réveillé), va être bien lourd à assumer. Tant pour les responsables politiques que pour les Français eux-mêmes. Rappelez-vous, en 1918, cela devait être la der des der.

    Dans "La Crise de l'esprit", publié en 1919, Paul Valéry poursuivait : « Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience (…). Et dans le même désordre mental, à l’appel de la même angoisse, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensées : dogmes, philosophies, idéaux hétérogènes ; les trois cents manières d’expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant d’une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiévreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d’autrefois, les moyens de se défaire des fils de fer barbelés, de déjouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, l’âme invoquait à la fois toutes les puissances transcendantes, prononçait toutes les incantations qu’elle savait, considérait sérieusement les plus bizarres prophéties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antérieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont là les produits connus de l’anxiété, les entreprises désordonnées du cerveau qui court du réel au cauchemar et retourne du cauchemar au réel, affolé comme le rat tombé dans la trappe… ».



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (21 février 2025)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    3 ans de guerre en Ukraine.
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
    La France Unie soutient l'Ukraine !
    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !


     

     
     



    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250223-ukraine.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/3-ans-de-guerre-en-ukraine-259373

    http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/17/article-sr-20250223-ukraine.html


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  • L'échec de la Communauté Européenne de Défense (CED), il y a 70 ans

    « L’Hémicycle est bondé, fébrile, comme dans les plus grands jours. Tous les députés sont là ou presque, même Édouard Herriot, vieux leader radical et grand ténor politique de la Troisième République, qui, arraché à sa chambre de grand malade, est venu en fauteuil roulant pour clamer que "la Communauté Européenne, c’est la fin de la France !" (…). Le Président du Conseil, Pierre Mendès France, ne veut pas engager la responsabilité de son gouvernement sur le projet. » (Marc Semo, "Le Monde" le 3 septembre 2021).



     

     
     


    C'est au cours du débat à l'Assemblée Nationale, à la séance du 30 août 1954, que la Communauté Européenne de Défense a été sabordée par les députés français. Revenons sur cet événement très important, tellement important que soixante-dix ans plus tard, on reparle encore d'une défense européenne, notamment pour compenser le désengagement des États-Unis de l'Europe (avant 2022) et prévoir une défense européenne indépendante face à l'agression de la Russie en Ukraine (depuis 2022).

    Tout d'abord, il s'agit d'une traité international. D'un point de vue institutionnel, il faut rappeler comment cela se passe : les gouvernements des États impliqués négocient un texte commun, un accord international, avec plus ou moins de précision. C'est la signature du traité. Ensuite, chaque État, de son côté, le ratifie, c'est-à-dire que le texte devient force de loi nationale selon les procédures du pays (adoption par les parlementaires, voire par référendum). Ensuite, le chef de l'État le promulgue ; c'est la ratification nécessaire pour sa mise en œuvre. Un traité doit donc être approuvé par les gouvernements des pays signataires pour sa rédaction, puis par les parlements de ces pays pour sa ratification.

    À partir d'une initiative française, le plan Pleven (issu lui-même d'une déclaration de Churchill le 11 août 1950 qui proposa une « armée européenne unifiée »), présenté par René Pleven, le Ministre de la Défense nationale, aux députés française le 24 octobre 1950, le traité instituant la CED a été signé le 27 mai 1952 à Paris par six pays : la France (Antoine Pinay), l'Allemagne fédérale (de l'Ouest ; Konrad Adenauer), l'Italie (Alcide De Gasperi), la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. À partir du 25 juin 1950, la guerre de Corée a fait craindre le même processus entre les deux Allemagne en Europe. L'OTAN (créée en 4 avril 1949) n'étant pas encore opérationnelle, les seules troupes américaines, britanniques et françaises stationnées en Allemagne de l'Ouest ne pourraient pas résister face à une éventuelle agression de l'Allemagne de l'Est aidée de l'URSS. Les États-Unis souhaitaient donc le réarmement de l'Allemagne de l'Ouest pour faire éventuellement face au bloc de l'Est. Pour cela, il fallait transgresser un interdit depuis la fin de la guerre : redonner une armée à l'Allemagne.

    C'était la France le pays le plus hostile au réarmement allemand. Jean Monnet, conseiller de Robert Schuman, a considéré le 16 septembre 1950 que les arguments américains étaient pertinents mais a proposé que le réarmement de l'Allemagne ne se fît pas à l'échelle nationale mais européenne. La déclaration de René Pleven du 24 octobre 1950 (approuvée par l'Assemblée Nationale) était assez claire en proposant la « création, pour la défense commune, d'une armée européenne rattachée à des institutions politiques de l'Europe unie, placée sous la responsabilité d'un ministre européen de la Défense, sous le contrôle d'une assemblée européenne, avec un budget militaire commun. Les contingents fournis par les pays participants seraient incorporés dans l'armée européenne, au niveau de l'unité la plus petite possible. ». Cela avait un avantage : on évitait la création d'une véritable armée allemande, indépendante, avec état-major.

    Les États-Unis étaient toutefois plutôt opposés au plan Pleven en raison du temps à le mettre en place, nécessitant d'abord la mise en place des premières institutions européennes. En effet, un peu auparavant, le 9 mai 1950, Robert Schuman avait prononcé son fameux discours qui ouvrait la voie de la construction européenne, d'abord par la création de CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, créée le 18 avril 1952), première brique de ce qui est devenu l'Union Européenne. Il faut remarquer que la CED a été le premier projet européen de grande envergure bien avant la CEE (Communauté Économique Européenne créée par le Traité de Rome du 25 mars 1957). Les Américains préféraient réarmer l'Allemagne de l'Ouest dans le cadre de l'OTAN et pas dans le cadre de la CED.

    En Allemagne, la ratification du traité n'a pas été aisée. Le Chancelier chrétien démocrate Konrad Adenauer l'a soutenu dans un discours au Bundestag le 8 novembre 1950 mais a dû batailler contre les sociaux-démocrates allemands qui craignaient que ce projet compromît les perspectives d'une future réunification. La condition d'Adenauer était ferme : « Si la République fédérale doit y participer, elle doit avoir les mêmes devoirs mais aussi les mêmes droits que les autres pays. ».

    En France, à l'initiative du Président du Conseil radical Edgar Faure, le principe de la CED a été approuvée par l'Assemblée Nationale le 19 février 1952 (avant la signature du texte définitif). Certains partis étaient opposés à la CED (les gaullistes et les communistes, au nom de l'indépendance nationale, au point de créer un front commun anti-CED) et les autres partis étaient très divisés (en particulier, les radicaux et la SFIO, mais même le MRP, très majoritairement favorable, comptait en son sein des opposants à la CED, notamment l'abbé Pierre, Robert Buron, Léo Hamon, etc.).

    Entre mai 1952 et juillet 1954, aucun gouvernement français n'a eu le courage de mettre à l'ordre du jour la ratification du traité du 27 mai 1952, tant ce sujet était très polémique, comme la France aime bien en avoir (à l'instar de l'Affaire Dreyfus), trouvant toujours des prétextes politiques ou institutionnels pour reporter le débat. Raymond Aron a commenté plus tard, en 1956 : « Sur la CED se déchaîna la plus grande querelle idéologico-politique que la France ait connue depuis l'Affaire Dreyfus. ».

    Chez les socialistes (SFIO), étaient opposés à la CED des personnalités comme Daniel Mayer, Jules Moch, Vincent Auriol, Robert Verdier, Alain Savary, Marcel-Edmond Naegelen, Max Lejeune, tandis que Guy Mollet (secrétaire général de la SFIO), Christian Pineau y était favorables (on retrouve le clivage du PS lors du référendum sur le TCE en 2005). Chez les radicaux, deux personnalités historiques Édouard Herriot et Édouard Daladier se sont opposés à la CED, alors qu'Edgar Faure et René Mayer y étaient favorables. Chez les indépendants, Paul Reynaud, Joseph Laniel et Antoine Pinay aussi y étaient favorables.

    La querelle a renversé plusieurs gouvernements. Ainsi, les députés MRP ont renversé le 23 décembre 1952 le gouvernement dirigé par Antoine Pinay pour n'avoir pas voulu faire ratifier la CED. Au contraire, les députés gaullistes ont renversé le gouvernement de René Mayer le 28 juin 1953 parce qu'il avait l'intention de procéder au débat sur le sujet alors qu'il demandait les pleins pouvoirs financiers et que sa conception était : « La vocation de la France est triple : européenne, atlantique et mondiale. » (René Mayer allait devenir le Président de la Haute Autorité de le CECA du 3 juin 1955 au 13 janvier 1958, succédant à Jean Monnet qui a démissionné après l'échec de la CED).


    Pour l'anecdote, la succession de Vincent Auriol en décembre 1953 fut très compliquée à cause du sujet de la CED. En effet, il a fallu treize tours pour élire le nouveau Président de la République. À l'origine, l'élection devait partager deux candidats, un de centre droit, Joseph Laniel, Président du Conseil en exercice, favorable à la CED, et un socialiste, Marcel-Edmond Naegelen, opposé à la CED. Finalement, ce fut un vice-président du Sénat qui fut élu par les parlementaires, René Coty avait eu la bonne idée d'être hospitalisé au moment du débat sur la CED au Sénat et avait ainsi eu la chance de ne pas avoir donné son avis, ne mécontentant personne.

    Alors que le débat intérieur était au point mort en France, le contexte international a évolué avec la mort de Staline, la fin de la guerre de Corée, et l'essor de l'atlantisme. Les partisans de la CED perdaient leur principal argument, la peur des Soviétiques, et les opposants moulinaient à fond sur l'indépendance nationale et le risque que la France se fondât dans l'atlantisme (on voit que les arguments d'aujourd'hui sont assez vieux et datent de cette époque). La guerre en Indochine avec des échecs militaires de l'armée française, n'aidait pas à convaincre les hésitants.

    En été 1954, la France, qui en était l'initiatrice, restait donc paradoxalement le seul pays à ne pas avoir ratifié ce traité international d'une importance de politique intérieure fondamentale. Pierre Mendès France, investi Président du Conseil le 18 juin 1954, a décidé de crever l'abcès et de « sortir le cadavre du placard » en procédant à l'examen de la ratification du traité instituant la CED qui a commencé le 29 août 1954 à l'Assemblée Nationale, mais sans engager la responsabilité de son gouvernement.

    Dans le gouvernement Mendès France, les gaullistes y étaient opposés (dont Jacques Chaban-Delmas, le général Pierre Koenig et Christian Fouchet, le seul gaulliste à ne pas avoir démissionné). François Mitterrand et René Pleven y étaient favorables, le premier sans grand empressement. Quant à Pierre Mendès France, il était un partisan assez mou de la CED dont il aurait voulu modifier les modalités (en vain) à Bruxelles.

    Le débat de la ratification a tourné court assez rapidement. Une question préalable, repoussée la vieille, a été déposée à nouveau le 30 août 1954 (pour répondre au dépôt d'une mention préjudicielle). La question préalable, si elle était adoptée, signifiait que les députés rejetaient l'idée même de discuter du sujet ! Or, c'est ce qui s'est passé ce 30 août : 319 députés ont voté pour la question préalable et 264 contre. Parmi les opposants à la CED : la totalité des députés gaullistes, la totalité des députés communistes, 53 députés SFIO sur 105, 34 députés radicaux sur 67, 10 députés UDSR sur 18 (parti de René Pleven et François Mitterrand), et même 9 députés MRP (pourtant très majoritairement pro-européens). Des sanctions ont eu lieu après ce vote (exclusion de certains députés anti-CED de la SFIO et du MRP).

     

     
     


    Deux avis parlementaires ont sans doute déterminé cet échec historique : celui du vieux radical Édouard Herriot, maire de Lyon, ancien Président du Conseil et ancien Président de l'Assemblée, et celui du résistant socialiste Daniel Mayer, alors président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée.

    Pour Daniel Mayer, au moins cinq arguments s'opposaient à la CED, exposés dès le 10 août 1951 dans "Paris-Presse". 1° « Une fois son embryon récréé, nul ne saurait réduire l'importance et la puissance de la nouvelle armée allemande. ». 2° « Les Allemands ne se battraient pas les uns contre les autres. En face d'une Allemagne de l'Est agresseur et triomphant par surprise, les Allemands de l'Ouest se rendraient au nom de la fraternité germanique et de l'unité nationale à reconstruire. ». 3° « Rappello ou un nouveau parce germano-soviétique ne sont pas à exclure, qui regrouperaient contre les démocraties le totalitarisme stalinien et ses anciens alliés. ». 4° « Dans l'état d'instabilité des forces intérieures allemandes, recréer la Wehrmacht, c'est armer les chefs nazis d'hier contre les dirigeants de la démocratie allemande. ». 5° « La création d'une armée autonome allemande aurait pour conséquence quasi-immédiate le retour à égalité des droites, le départ des troupes d'occupation et l'établissement d'une situation analogue à celle de la Corée durant le premier semestre de 1950. ».

    Trois plus tard à la tête de la commission des affaires étrangères, Daniel Mayer a imposé une suspension de séance pour permettre à sa commission de prendre position sur la question préalable (24 pour et 20 contre). L'adoption de la question préalable de la commission rappelait l'importance de répondre rapidement à une question majeure : « Est-ce que la passagère dégradation de l'influence française ne vient justement pas de l'impuissance de la France à répondre nettement aux questions qui lui sont posées ? Il a été aussi refusé de se laisser enfermer dans ce dilemme CED ou Wehrmacht, qui est le type même des faux dilemmes. Il y a sans doute au problème posé du réarmement de l'Allemagne d'autres solutions, mais que l'on ne peut examiner que lorsqu'il aura été préalablement dit non à la Communauté Européenne de Défense. (…) Je suis convaincu qu'il convient, sur un autre plan, de faire cesser au plus tôt la controverse intérieure, les rivalités entre partis et à l'intérieur même des partis. Je suis convaincu que, pour le fonctionnement normal et sain de la démocratie française, il faut revenir rapidement au classement normal des hommes et des groupes, et non dans les deux camps, à des alliances artificielles comme à des divisions meurtrières dont la France, seule, fait, en définitive, les frais. Je souhaite que, désormais, l'effort commun, l'unité et la grandeur recouvrée soient la seule querelle de la France. Je voudrais formuler le vœu ardent que, quel que soit le verdict de l'Assemblée Nationale, il ne reste rien plus tard entre nous que le souvenir d'une époque où les patriotes étaient divisés, non sur le but à atteindre, qui est le même pour tous, mais sur le seul moyen pour l'atteindre. ».

    Pierre Mendès France a pris la parole pour dire : « Dans l'Union française, au dedans et au dehors, c'est aux problèmes les plus difficiles, mais aussi les plus dramatiques, que nous avons essayé de trouver les premières solutions. Le problème posé par la Communauté Européenne de Défense était de ceux-là. J'aurais pu tenter d'esquiver, d'éluder, d'ajourner. Après tout, ce gouvernement s'est constitué le 20 juin, à la veille de la date qui est ordinairement celle des vacances parlementaires. Comme il aurait été tentant, lorsqu'on évoquait les difficultés que nous connaissons aujourd'hui, et qu'il était bien facile de prévoir, d'essayer tant bien que mal d'atteindre cette date, généralement bénie par les chefs de gouvernement, des vacances parlementaires, d'atermoyer une fois de plus et d'ajourner le problème qui, depuis si longtemps, se trouve devant notre route et auquel, jusqu'à présent, nous n'avions pas pu donner de solution ! ».

    Puis, il a reconnu : « Ce n'est un secret pour personne que, dans son sein même, des nuances existaient et existent encore. Dans la mesure même où ce gouvernement représente la réunion d'hommes de bonne volonté venus d'horizons divers, il n'est pas surprenant qu'il puisse y avoir entre eux telle ou telle divergence. C'était une raison de plus pour nous d'essayer de réaliser un rapprochement, d'essayer d'opérer une conciliation. Ce rapprochement, cette conciliation, j'ai dit franchement hier à cette tribune, je l'ai dit avec beaucoup de peine, je n'ai pas pu les réaliser. (…) Le gouvernement refuse de participer à un vote qui divise profondément l'Assemblée et l'opinion, sur une question qui aurait dû recevoir, à son avis, une solution de compromis. ».

    L'intervention d'Édouard Herriot était beaucoup plus claire puisqu'il soutenait la question préalable avec des arguments de fond et pas de procédure (il considérait que c'était là le seul moyen pour que les opposants à la CED puissent présenter leurs arguments de fond) : « Si je relis le traité de la communauté et le discours si noble, si sérieux, qu'a prononcé hier M. le Président du Conseil, voici les conclusions auxquelles j'arrive. Quelles sont pour la France les diminutions de souveraineté ? Pour ne citer que les principales, les voici, je crois. Premièrement, son armée est coupée en deux. Cela, personne ne peut le nier. Deuxièmement, la durée du service militaire n'est pas fixée par le Parlement national. Troisièmement, le budget général des armées est arrêté par le conseil unanime, puis réparti. Un quart des dépenses françaises est soustrait au contrôle du Parlement. Je crois que ce que je dis est exact. Quatrièmement, les soldes seront fixées par la commission. Cinquièmement, les généraux ne seront plus nommés par le Président de la République. D'autre part, la mobilisation nous échappe en partie. Je pose enfin une question : quand un peuple n'a plus la direction de son armée, a-t-il encore la direction de sa diplomatie ? Je réponds : non, il ne l'a plus. Et, je vous livre cette réflexion, ceci est spécialement grave dans une époque comme la nôtre, où les questions diplomatiques ont un caractère si aigu. Car, si idéaliste qu'on soit, on ne peut pas ignorer que la force d'un pays est un élément d'action, sinon de solution, dans tous les pays où la diplomatie est en jeu. Voilà donc les restrictions de la France. Et si l'on doutait de ces restrictions, si l'on voulait nier ce qu'elles ont pour notre pays d'humiliant d'abord, et de grave ensuite, je vous prie de vous reporter à l'article 20 du Traité de Paris qui consacre tous ces renoncements, toutes ces restrictions puisqu'il dispose : "Dans l'accomplissement de leurs devoirs, les membres du Commissariat ne sollicitent ni n'acceptent d 'instructions d'aucun gouvernement. Ils s'abstiennent de tout acte incompatible avec le caractère supranational de leurs fonctions". Voilà donc des commissaires complètement coupés, le texte est très net, de toutes relations avec leur pays. Eh bien ! Je dis que c'est un texte à la fois monstrueux et ridicule. Quel Français de cœur accepterait ainsi de représenter son pays ? Cela est monstrueux et ridicule, parce que c'est accorder une prime à ceux qui ne seront pas loyaux. (…) Voilà ce que je pense. (…) Je dis que cet article 20 est encore la consécration d'un abaissement de la France et, pour ma part, je ne l'accepte pas. ».

    Le débat s'est poursuivi avec Pierre-Henri Teitgen (ancien ministre et président du MRP) qui proposait de rejeter la question préalable pour soutenir le Président du Conseil à la conférence de Bruxelles pour modifier les modalités du Traité de Paris de 1952. Ce à quoi Édouard Herriot a répondu : « Je dis que renvoyer M. le Président du Conseil, à l'heure actuelle, à Bruxelles, ce serait le désavouer. Pour ma part, je m'y refuse. En disant cela, j'aurai répondu clairement à M. Teitgen qui m'a dit : Pourquoi n'acceptez-vous pas l'idée d'une nouvelle négociation, d'amendements, de protocole ? Je réponds à notre collègue : Parce qu'il vaut mieux dire la vérité. Le conflit qui nous divise n'est pas un conflit de forme, ce n'est pas un conflit de détail, c'est un conflit de fond. Pour nous, la Communauté Européenne, laissez-moi vous le dire comme je le pense au seuil de ma vie, en résumant dans cette conviction tous les efforts que j'ai pu faire : pour moi, pour nous, la Communauté Européenne, c'est la fin de la France. ».

    Un peu plus tard, toujours dans sa très longue intervention, Édouard Herriot a fait part de sa grande expérience : « Voyez-vous, mes chers collègues, je suis très frappé de la similitude qui existe entre l'époque que nous vivons et celle que nous avons connue entre les deux guerres. Au lendemain de la guerre mondiale, les Américains ont refusé d'appliquer un traité pour lequel, cependant, Clemenceau et Foch leur avaient fait beaucoup de concessions. En même temps que ce traité, nous avions été saisis de traités annexes les uns franco-anglais, d'autre franco-américains. Ils n'ont eu aucune suite. Puis est arrivée la conférence de Londres. Là, bien que non partie au traité, les Américains sont venus et ont fait sur nous la pression qu'il fallait faire pour obtenir le vote du plan Dawes et l'évacuation de la Ruhr. (…) Je me rappelle et je vous rappelle une phrase que Clemenceau a prononcée peu de temps avant de mourir : "N'oubliez pas, Français, qu'un grand pays lui-même peut disparaître". Avec la situation actuelle, nous savons ce que nous avons et ce que nous n'avons pas. (…) Je ne veux pas, pour ma part, la Communauté Européenne de Défense. Je veux un rapprochement avec l'Allemagne, avec tous les pays d'Europe fondé sur d'autres principes, fondé sur d'autres intentions. ».

    Ancien résistant et ancien déporté à Buchenwald, le député socialiste Christian Pineau (ancien ministre), favorable à la CED, a répondu à Édouard Herriot : « Il y a, d'abord, ceux qui ont conservé dans leur cœur de la haine et, sinon un désir de revanche, du moins une répulsion profonde pour toute collaboration ultérieure avec l'Allemagne. Je les comprends, car la souffrance peut engendrer des sentiments de cette nature. Pour ma part, la leçon de ces épreuves a été tout autre. Ce que je souhaite, ce n'est pas une revanche sous une forme quelconque, c'est que nous n'ayons jamais plus l'occasion, dans notre histoire, de connaître de nouveau ces camps de déportation. ».


    Le vote de la question préalable, qui a clos l'examen de la ratification de la CED, a estomaqué Paul Reynaud qui a déclaré après l'annonce du scrutin : « Pour la première fois depuis qu'il y a un Parlement en France, un traité aura été repoussé sans que l'auteur de ce traité ni son signataire aient eu la parole pour le défendre. ».

    L'enterrement de la CED n'a pas eu de conséquences immédiates sur la guerre froide, car l'Allemagne fédérale a adhéré dès 1955 à l'OTAN. Après cet échec historique, la construction européenne s'est poursuivie sur les bases économiques avec la CEE. Quant à la défense européenne, elle reste l'Arlésienne du chef, on en parle depuis soixante-dix ans et on ne la fait toujours pas. Il ne s'agit pourtant pas de délaisser la souveraineté nationale, d'autant plus qu'elle est renforcée par la dissuasion nucléaire, mais de la compléter par une souveraineté européenne. D'ailleurs, dès 1961, De Gaulle, au pouvoir, a cherché à la remettre à l'ordre du jour avec le plan Fouchet qui fut un nouvel échec. Au-delà d'une défense commune, la CED était une tentative française pour construire une Europe très politique. L'échec du référendum sur le TCE a constitué le second échec historique dans la construction européenne, celui d'un texte lui aussi très français dont la rédaction fut supervisée par Valéry Giscard d'Estaing.


    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (24 août 2024)
    http://www.rakotoarison.eu

    Pour aller plus loin :
    L'échec de la CED il y a 70 ans.
    Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
    Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
    Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
    Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
    Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
    Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
    Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
    Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
    L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
    Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
    Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
    Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
    L'hymne à l'Europe.
    Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
    Le Tunnel sous la Manche.
    Les 120 ans de l'Entente cordiale.
    Eurovision 2024.
    La vision européenne d'Édouard Balladur.
    Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
    Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
    La convergence des centres ?
    Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
    Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
    Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
    Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
    Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
    La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
    Le 8 mai, l'émotion et la politique.
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
    De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
    L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
    Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
    Enfin, une vision européenne !
    Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !


     

     
     





    https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240830-ced.html

    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-echec-de-la-communaute-256345

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  • Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !

    « France, je vous remercie pour défendre la vie ! » (Volodymyr Zelensky, le 7 juin 2024 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale à Paris).


     

     
     


    C'est en français (uniquement pour ces quelques mots) que le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié la France et les Français de soutenir la résistance ukrainienne contre l'agression des armées de Vladimir Poutine. Il était invité à s'exprimer devant la représentation nationale au Palais-Bourbon, à Paris, ce vendredi 7 juin 2024 vers 10 heures du matin.

    Le 23 mars 2022, moins d'un mois après le début de l'invasion russe, Volodymyr Zelensky s'était déjà adressé à tous les députés français, comme aux autres parlementaires étrangers, mais en visioconférence, à distance. Sa présence physique ce jour est donc une étape supplémentaire des relations entre l'Ukraine et la France depuis le sinistre 24 février 2022. D'ailleurs, les parlementaires des deux pays ont noué des relations très fortes : la Présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet s'était exprimé à la tribune de la Rada, la chambre basse ukrainienne à Kiev le 28 mars 2024, tandis que Ruslan Stefanchuk, le Président de la Rada, était venu s'exprimer à la tribune de la l'Assemblée Nationale à Paris le 31 janvier 2023.

    Accueilli par Yaël Braun-Pivet à l'Hôtel de Lassay, le Président Zelensky a été salué dans l'hémicycle par une ovation des députés, en présence également du Premier Ministre Gabriel Attal, des anciens Premiers Ministres Alain Juppé et Manuel Valls, ainsi que des anciens Présidents de l'Assemblée Nationale Jean-Louis Debré et Patrick Ollier.

     

     
     


    Évidemment, on ne peut ressentir qu'une grande émotion à l'écouter au sein même de l'hémicycle. Une émotion continue car elle était aussi très forte la veille, le 6 juin 2024 lors des cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Sa présence montrait qu'il tenait à rester debout, faisant partie d'un pays normal qui commémore normalement un fait de notre histoire récente. Les Français venant assister à ces cérémonies lui ont d'ailleurs offert un accueil très chaleureux.

    Célébrer une victoire d'il y a quatre-vingts ans et revenir à la guerre bien réelle, bien actuelle, hélas, en Ukraine. Ce parallélisme est pourtant imposant : sans soutien extérieur, l'Ukraine ne pourra pas résister aux troupes russes.


    Le message de Volodymyr Zelensky était simple. Vladimir Poutine, au mépris du droit international, a voulu annexer l'Ukraine et n'a aucune considération pour les vies humaines qu'il a détruites par millions, mais ce peu de considération, c'est également le cas pour le peuple russe. Ce qui lui a fait dire que le Président de la Fédération de Russie était la négation même des valeurs de l'Europe, la protection de la vie, la liberté, l'égalité et la fraternité.
     

     
     


    Émotion donc, mais aussi fierté d'être Français, d'être ce pays qui a su soutenir, parfois maladroitement au début mais très clairement aujourd'hui, l'Ukraine dans son combat pour sa survie, pour son existence même, pour sa liberté. Tous les trolls poutinolatres qui réclament la paix au prix de la capitulation de l'Ukraine mais jamais l'arrêt de l'agression russe préfèrent la paix à la liberté, mais que vaut la paix si le peuple n'est pas libre ? pas grand-chose parce que le peuple voudra se libérer un jour ou l'autre.

    Le Président Zelensky s'est appliqué à remercier très longuement les autorités françaises et en particulier Emmnauel Macron avec ces mots très forts : « Emmanuel, Monsieur le Président, je voulais te remercier de ne pas avoir laissé l'Europe sans leader et l'Ukraine sans la France au moment décisif ! ».

    Dans chaque intervention auprès des officiels étrangers, le Président ukrainien avait toujours deux messages à délivrer : merci de votre aide, mais aidez-nous plus ! Il l'a redit à la fin de son intervention, mais de façon beaucoup plus douce et discrète que d'habitude, parce qu'il sait que la France a décidé désormais d'y mettre les moyens : « Je vous suis reconnaissant pour ce que vous faites déjà, et c'est déjà beaucoup. Mais pour la paix juste, il faut plus. Et ce n'est pas un reproche. C'est juste comment vaincre le mal. Faire plus aujourd'hui qu'hier pour demain être plus près de la paix que jamais. Nous devons et nous réussissons tout cela. Merci pour votre alliance ! ».

     

     
     


    Il n'a pas du tout évoqué les Mirages 2000 qu'avait annoncés le Président de la République française dans son intervention télévisée de la veille, mais ce sujet est prévu d'être abordé au cours de la conférence de presse commune que Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron vont tenir ce 7 juin 2024 vers 19 heures à l'Élysée.

    Au-delà de cette émotion, de cette fierté, et de cet espoir que l'aide alliée puisse aider efficacement l'Ukraine, parlons aussi de la honte ressentie envers les nombreux députés absents ce matin lors de cette séance pourtant historique. On a dit que le vendredi, c'était le jour de la circo (circonscription) pour les députés, et qu'ils peuvent être en campagne pour les élections européennes. Ils auraient quand même pu faire le déplacement pour cette journée historique.


    Mais c'est manifestement plutôt un boycott, un signe de mauvaise humeur politicienne pour ces députés absents et l'ancien grand reporter Vincent Hugueux, très sollicité pour son expertise depuis la guerre en Ukraine, se demandait sur LCP ce que répondraient ces députés absents lorsque dans dix ou vingt ans, leurs enfants ou petits-enfants leur demanderaient : tu étais où, pendant cette journée historique ? Car les bancs clairsemés provenaient plutôt des groupes de la Nupes et du groupe d'extrême droite, même s'il faut noter la présence de Marine Le Pen, Éric Coquerel et Fabien Roussel, entre autres.
     

     
     


    Comment en effet reprocher au Président Zelensky de venir s'exprimer devant les députés français ? De nous faire l'honneur de venir s'exprimer au cœur de notre démocratie française, sous prétexte que c'est trois jours avant les élections européennes ? Si Volodymyr Zelensky s'est exprimé le 7 juin 2024, ce n'est pas pour des raisons de calcul électoraliste (et à qui cela profiterait-il, puisque tous les groupes politiques soutiennent l'Ukraine ? certes, plus ou moins sincèrement !), mais simplement parce qu'il était venu aux cérémonies la veille pour le Débarquement du 6 juin 1944 et qu'il repassait par Paris où il a vu également ce vendredi matin le Président américain Joe Biden puis verra le Président français Emmanuel Macron dans l'après-midi.

    Je suis fier et ému que la France, par la voix d'Emmanuel Macron mais aussi de la représentation nationale en accueillant Zelensky, a choisi de soutenir activement l'Ukraine, et pas seulement sur le plan militaire, également sur le plan humanitaire et d'accueil spontané des réfugiés ukrainiens par les familles françaises. La solidarité n'est pas un vain mot, mais elle doit être déclinée aussi par le peuple, pas seulement par ses dirigeants, elle est décisive pour construire un monde plus sûr de paix et de libertés.



    Aussi sur le blog.

    Sylvain Rakotoarison (07 juin 2024)
    http://www.rakotoarison.eu


    Pour aller plus loin :
    Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
    L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
    Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
    Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
    Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
    L'Europe face à Poutine.
    Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
    Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
    Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
    François Fillon et ses relations avec la Russie.
    Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
    Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
    Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
    2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
    Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
    Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
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    Condoléances cyniques.
    Mort d'Evgueni Prigojine.

    Sergueï Kirienko.
    Victoria Amelina.

    L'effondrement du pouvoir de Poutine.
    Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
    Poutine en état d'arrestation !
    Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
    L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
    Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

    Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
    6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
    Les massacres de Boutcha.
    Le naufrage du croiseur russe Moskva.
    L’assassinat de Daria Douguina.
    Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
    L'avis de François Hollande.
    Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
    Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
    Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
    Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
    Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
    Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !







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    https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/zelensky-poutine-c-est-l-anti-255089

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