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Allemagne 2025 : victoire de Friedrich Merz (CDU)

« Nous avons besoin d’un changement de politique, notre main est tendue, on doit juste la prendre. » (Alice Weidel, de l'AfD, le 23 février 2025).




 

 
 


Comme prévu, la coalition sortante composée du SPD (sociaux-démocrates), des Verts (écologistes) et des libéraux démocrates (FDP), s'est effondrée aux élections fédérales allemandes anticipées de ce dimanche 23 février 2025. Il faut dire que cette convocation précipitée des électeurs provenait justement de l'éclatement de cette coalition feu tricolore.

La première information est que ces élections fédérales ont été très suivies par le peuple allemand. Alors qu'aux précédentes élections fédérales du 26 septembre 2021, la participation était à 76,4% des inscrits, celle des élections de ce 23 février 2025 a été de 83,0%, ce qui est très important.


Selon les projections en pourcentages à 21 heures 46, le SPD n'est arrivé qu'en troisième position avec seulement 16,5% des voix (perte de 9,2 points), les Verts ont perdu 3,0 points avec 11,7% des voix, et, c'est sûr, les libéraux démocrates du FDP n'auront plus de représentation au Bundestag puisqu'ils n'ont pas atteint le seuil de 5% (ils n'ont eu que 4,4% des voix, soit une perte de 7,0 points). En gros, la coalition qui dirigeait l'Allemagne depuis décembre 2021 a perdu près de 20% de l'électorat en trois ans.
 

 
 


Le Chancelier sortant Olaf Scholz a donc de quoi... chanceler ! Il n'a jamais réussi à asseoir son autorité, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Allemagne. Il a dû assumer la politique énergétique catastrophique de sa prédécesseure, Angela Merkel, qui a arrêté le nucléaire pour se mettre sous la protection du ...gaz russe au moment où la Russie devenait menaçante. L'industrie, en particulier l'industrie automobile, a montré des signes inquiétants de faiblesse et un réorientation de la politique industrielle s'avère indispensable. Quant aux nouveaux enjeux géopolitiques de l'Europe, Olaf Scholz n'a pas su faire évoluer radicalement la réflexion sur l'Europe depuis la guerre en Ukraine.

Mais c'est bien évidemment la perte de repère, l'insécurité et l'immigration qui ont dominé la campagne électorale, d'autant plus que des attentats ont eu lieu, dont à voiture bélier à Munich, à quelques jours du scrutin (et aussi celui de Magdebourg).


 

 
 


La CDU a incontestablement gagné ces élections et son leader Friedrich Merz peut être à peu près certain qu'il sera le prochain Chancelier allemand. Son retour est presque une divine surprise pour lui. Rival récurrent d'Angela Merkel au sein de la CDU depuis le début des années 2000, il avait fini par quitter la vie politique et faire des affaires (et faire fortune) dans les milieux économiques. Son retour était pourtant attendu car il a durci son discours sur l'immigration, regrettant la politique d'accueil des réfugiés d'Angela Merkel des années 2010. Et il est aussi un fervent défenseur de l'énergie nucléaire et en a beaucoup voulu à Angela Merkel d'avoir rendu l'Allemagne économiquement dépendante de la Russie.

Toujours selon les premiers résultats du dimanche soir, la CDU/CSU (que je résume en CDU) aurait 28,5% des voix, soit 4,4 points de plus qu'en 2021. Cependant, ce sera très insuffisant pour gouverner seul et la CDU ne pourra pas compter sur son allié traditionnel qui lui a fait faux bond en 2021, à savoir le FDP, grand perdant de ces élections(et dont le chef de file, à l'origine de l'éclatement de la coalition sur le budget 2025, vient de démissionner).

Comme en France, parallèlement à la forte audience électorale en faveur de l'extrême droite (j'y reviens juste après), il y a aussi une forte fièvre de l'extrême gauche populiste : Die Linke a amélioré son score de 3,8 points avec 8,7% des voix et la BSW atteindrait le seuil de 5% des voix (parti issu de Die Linke créé il y a un an). Le total de l'extrême gauche n'est pas loin du score du SPD.
 

 
 


L'autre grand gagnant de ces élections, et c'est historique, c'est bien sûr le parti d'extrême droite d'Alice Weidel, à savoir l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), ouvertement xénophobe et prorusse (créée en 2013), qui a doublé son score de 2021, dépassant le SPD au niveau national, et atteignant la deuxième place avec 20,5% des voix (soit 10,1 points de plus).

En fait, on le voit bien sur la courbe de l'histoire des élections, l'électorat de l'AfD empêche une victoire complète de la CDU qui, n'atteignant pas 30%, est loin de ses scores des victoires antérieures (de l'ordre de 40%). L'AfD est très présente dans l'ex-Allemagne de l'Est, avec la première place, dépassant du double le deuxième parti de l'Est, à savoir la CDU : l'AfD y a atteint 34,0% des voix (17,8% pour la CDU et 11,3% pour le SPD, moins que Die Linke avec 13,2%). L'AfD n'a eu que 17,7% dans l'ancienne Allemagne de l'Ouest.
 

 
 


Dans les projections en sièges, il semblerait à peu près certain qu'une coalition entre la CDU et l'AfD pourrait bénéficier d'une majorité absolue ; elle totaliserait à eux deux entre 338 et 358 sièges sur 630, soit plus de 316. Mais l'arithmétique n'est pas la politique. Jusqu'à maintenant, les dirigeants de la CDU ont toujours refusé une alliance (contre-nature) avec l'AfD.

Pour autant, Alice Weidel a déclaré dimanche soir qu'elle était prête à gouverner avec la CDU : « Notre main sera toujours tendue pour participer à un gouvernement et pour remplir la volonté du peuple. ». Un sondage proposé par la ZDF a cependant montré que ce n'était la coalition qui aurait la préférence du plus grand nombre des Allemands : 20% des sondés seraient favorables à une coalition CSU-AfD et 74% contre. La coalition qui a reçu le plus d'approbation (38% des sondés) reste l'alliance CDU-SPD (la grande coalition), 47% des sondés y seraient opposés.
 

 
 


Cette alliance CDU-SPD pourrait avoir la majorité absolue dans un cas ou manquer quelques sièges dans l'autre cas, et pour ce second cas, il faudrait aussi une alliance avec le Verts, mais une coalition CDU-SPD-Verts n'auraient pas plus de soutien qu'une coalition CDU-AfD parmi les sondés (20% dans les deux hypothèses).

Le choix de Friedrich Merz sera donc historique : ou il reste sur la position d'aucun accord avec l'AfD et c'est risquer l'immobilisme avec une coalition insatisfaisante CDU-SPD, et dans ce cas, la victoire de l'AfD aux prochaines élections serait une hypothèse plausible ; ou il part à l'aventure politique et morale en s'alliant avec l'AfD, au risque de s'aliéner ses électeurs modérés et de rompre la tradition politique depuis la chute du nazisme.
 

 
 


Au fond, le paysage politique de l'Allemagne est peu différent de celui de la France. Il y a trois pôles incompatibles, le bloc central qui se traduit en Allemagne par la CDU et le FDP (désormais inexistant), le pôle d'extrême droite avec l'AfD, et un pôle de gauche composé d'une gauche gouvernementale (le SPD) qui pèse quasiment le même poids électoral qu'une extrême gauche populiste multiforme représentée par Die Linke et la BSW. Un exemple supplémentaire pour refuser absolument le scrutin proportionnel en France dont la classe politique n'est pas capable de négocier des coalitions stables en cas d'absence de majorité (la démonstration par l'absurde est en train de se dérouler depuis cet été).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 février 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Allemagne 2025 : victoire de Friedrich Merz (CDU).
Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste.
L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
Friedrich Merz.
Olaf Scholz.
Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
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La chute du mur de Berlin.
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Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250223-allemagne.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/allemagne-2025-victoire-de-259481

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/23/article-sr-20250223-allemagne.html



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