« Je ne comprendrai jamais pourquoi ceux prêts à s'allier avec l'extrême gauche sont jugés moins sévèrement que ceux qui seraient prêts à le faire avec l'extrême droite. S'allier avec un parti considéré par 92% des Français juifs comme le principal responsable de l'augmentation de l'antisémitisme, qui a trahi la gauche républicaine et qui souhaite le chaos pour favoriser l'extrême droite, devrait être inacceptable pour tout républicain. » (Simone Rodan-Benzaquen, directrice générale de l'American Jewish Committee Europe depuis 2015 et fondatrice de SOS Darfour).
L'ancien Président de la République François Hollande, qui fut premier secrétaire du PS de 1997 à 2008, était l'invité du journal de 20 heures sur TF1 ce jeudi 13 juin 2024. Et ses propos étaient d'une irresponsabilité totale : « Ce qui est essentiel, c’est que l’union ait pu se faire. (…) Il y a un moment où il faut aller au-delà de nos divergences. ».
Comme Carole Delga, il a annoncé en effet qu'il soutenait le Nouveau front populaire (NFP), en signant un chèque en blanc puisqu'il ne connaissait pas encore le programme de gouvernement qui accroîtrait de 250 milliards d'euros par an le déficit public en France. Il y a une véritable contradiction alors qu'il venait de critiquer Emmanuel Macron pour avoir laissé filer le déficit ! Autre contradiction, François Hollande s'était opposé à la Nupes en 2022, alors que le NFP a inclus beaucoup plus de gauchistes avec le NPA, etc. et que les discours de haine de FI sont particulièrement graves pour la cohésion nationale.
Je ne suis pas psychologue de bazar, mais on peut sans doute chercher du côté du fils-qui-tue-le-père pour imaginer que lorsque le père bouge encore, son esprit de revanche est viscéral. Il reste que l'actuel Président de la République est avant tout une de ses créatures, parmi les meilleures de ses castings d'ailleurs, et que le reniement paternel a toujours un effet étrange. Jalousie ? Jalousie d'un si jeune âge, jalousie car unique Président à quinquennat qui a été réélu par le peuple français ? Le seul Président qui a fait réellement baisser le chômage en France et redémarrer le secteur industriel ?
François Hollande, qui avait rencontré le chef de l'État le 10 juin 2024 à Tulle par les hasards du calendrier, n'a pas le sens de l'honneur ni de la dignité puisque le voilà en train de se déculotter devant le gourou de l'extrême gauche qui considère le Hamas comme un mouvement de résistance, j'ai nommé Jean-Luc Mélenchon, prochain futur ex-Premier Ministre autoproclamé (petit astérisque : sous réserve de gagner les élections). La moindre des choses qu'on peut dire, c'est que Flanby n'est pas ingrat car Méluche n'a jamais cessé de le harceler depuis mai 2012, lui-même regrettant amèrement son vote inconditionnel au second tour de 2012 en faveur du pire Président de toutes les Républiques confondues.
Ce qui est certain, c'est que ses deux derniers Premiers Ministres, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, sont absolument contre cette union de dupes à la sauce mélenchonienne appelée Nouveau front populaire (NFP), on n'a peur de rien, mais ils sont terriblement seuls au sein des socialistes. Même Raphaël Glucksmann a viré sa cuti pour rejoindre les troupes d'extrême gauche dans lesquelles se trouvent le NPA, et même le Parti ouvrier indépendant (POI) et le Parti pirate !
Car il faut le dire haut et fort : non seulement ils ont conclu un accord électoral (un seul candidat dans chaque circonscription), mais aussi un accord de gouvernement où on rase gratis, avec les écologistes, avec le NPA, avec FI, avec le PCF, qui ne sont pourtant d'accord sur rien et d'abord sur le nom d'un éventuel futur Premier Ministre. Mais les rapports de force sont ce qu'ils sont : le Premier Ministre est toujours issu du parti de la majorité le plus nombreux à l'Assemblée Nationale. Or, en investissant 229 candidats FI et seulement 175 candidats PS, le rapport de forces au sein du NFP est déjà plié avant les élections : FI sera dominant, comme en juin 2022.
C'est même un « programme de rupture », rien que ça, pondu en quarante-huit heures ! François Mitterrand était un blaireau ; lui, il a mis dix ans à sortir son programme commun. Certes, en 2024, on lui a piqué le mot rupture puisque ces caciques de la politique politicienne ne savent que recycler les vieilleries historiques. Ainsi, le nouveau premier secrétaire du PS proclamait à qui voulait l'entendre le 13 juin 1971 (au congrès d'Épinay) : « Violente ou pacifique, la révolution, c’est d’abord une rupture. Celui qui n’accepte pas la rupture, la méthode, cela passe ensuite, celui qui ne consent pas à la rupture de l’ordre établi, politique, cela va de soi, c’est secondaire…, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du parti socialiste. (…) À compter du moment où nous adoptons une stratégie de rupture, il importe de savoir quelle est la définition hors de laquelle il n’y a pas de marche possible vers le socialisme. Eh bien je dis, aussi clairement que je le pense, après quelques réflexions et quelques temps mis à cette réflexion, que notre terrain est celui-là : il n’y a pas, il n’y aura jamais de société socialiste sans propriété collective des grands moyens de production, d’échange et de recherche. » (déclaration très connue et passée en boucle chez les mitterrandiens historiques malgré cette odeur de naphtaline).
En campagne dans le Loiret, le président du RN Jordan Bardella, lui aussi candidat autoproclamé à Matignon, a considéré que son principal adversaire était le NFP et plus la majorité présidentielle. On sait que François Hollande aime bien faire du gauchisme en pleine campagne (mon ennemi, c'est la finance !), mais l'énumération des nombreuses mesures très démagogiques fait froid dans le dos : abrogation de la réforme des retraites, de la réforme de l'assurance-chômage, augmentation du SMIC, rétablissement de l'ISF pour faire fuir les investisseurs étrangers, etc. Où est la cohérence quand on critiquait il y a une ou deux semaines le niveau record de la dette publique ?
Manifestement, François Hollande a désappris à gouverner, et pour lui, l'intérêt de son petit parti socialiste (le parti de Jérôme Cahuzac) passe avant l'intérêt de la France. Quelques sièges supplémentaires (et l'argent qui va avec, du financement public des partis politiques). Un plat de lentilles. Un peu plus copieux en 2024 qu'en 2022 grâce au chef Méluche. Les socialistes républicains sont ulcérés, mais ils se comptent sur les doigts d'une seule main, à peine. Il est temps de se réveiller, messieurs et mesdames les socialistes, les électeurs français ne peuvent se retrouver dans ce cauchemar de ne devoir choisir qu'entre une extrême droite lisse et arrogante et une extrême gauche de boutiquiers. Car un tel clivage, dans la société d'aujourd'hui, ne peut que favoriser l'extrême droite qui arrive masquée et calme, prête même à rassurer les milieux des affaires, un comble !
Honte à vous, François Hollande d'avoir donné votre accord à de la cuisine d'état-major de parti ! Votre avis n'est pas déterminant dans le cours des événements, mais il salit les institutions républicaines, parce que vous avez été l'arbitre suprême de la cohésion nationale pendant cinq ans. Votre retraite sera aussi misérable que l'a été votre Présidence. Ce n'est pas une surprise.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 juin 2024)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240613-hollande.html
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