« L’Eurovision s’affirme comme la plus ancienne manifestation d’unité culturelle européenne (…). Loin de n’être qu’un spectacle kitsch, le concours européen de la chanson pose un certain nombre de problématiques sur les frontières culturelles de l’Europe. » (Fabien Venon, le 23 janvier 2007 dans "European Journal of Geography").
Soyons clairs : les manifestations culturelles comme le concours de chansons Eurovision (créé en 1956) et les manifestations sportives comme les Jeux Olympiques et Paralympiques devraient se dévêtir de toute considération politique, mais elles sont en elles-mêmes des manifestations politiques.
En fait, toute compétition mettant en jeu les nations introduit sa dose de politique, puisque les ressortissants de chacun des pays participants auront un point de vue plus nationaliste que culturel ou sportif, en ce sens que leur soutien se portera plus aisément à leur pays qu'à l'équipe qui, selon eux, aura été la meilleure du point de vue de la compétition. C'était même le cas avec les "Jeux sans frontières" ou "Intervilles" à la télévision (quand j'étais petit), qui ne valaient pas mieux que les stupidités télévisuelles d'aujourd'hui.
Il n'est donc pas étonnant d'observer une politisation de ces manifestations culturelles ou artistiques avec des arrière-pensées qui, parfois, ne sentent pas vraiment bon. C'était le cas avec ce 68e concours d'Eurovision dont la finale s'est tenue ce samedi 11 mai 2024 à Malmö, en Suède. Pendant toute la semaine, la chanteuse Eden Golan, qui représentait son pays, Israël, a été l'objet de réactions manifestement discourtoises voire agressives de la part de militants pro-palestiniens pour qui tout devrait être politisé.
À 20 ans, Eden Golan participait à Eurovison 2024 avec la chanson "Hurricane". En 2015 déjà (elle avait 11 ans !), elle avait participé au concours Eurovision des juniors où elle était classée cinquième en finale. Précisons qu'à l'époque, elle faisait partie de la sélection russe. En 2016, elle a chantée en Crimée, alors sous occupation russe, ce qui a fait que beaucoup d'Ukrainiens la considèrent comme une ennemie de l'Ukraine. Elle-même a une mère d'origine ukrainienne et un père d'origine lettone, et a vécu à Moscou de 2009 à 2022, Russie qu'elle a quittée avec soulagement en raison de la manifestation d'un antisémitisme récurrent. Pour certains journalistes israéliens, la chanson "Hurricane" (chantée en anglais et en hébreu) fait clairement référence aux massacres du 7 octobre 2023.
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